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Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - Printable Version

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Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - sdm - 06-03-2007

Loué soit ADMINISTRATION pour veiller comme ça sur noussmile


Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - Darth Nico - 06-03-2007

Qu'est-ce qu'ADMINISTRATION cache encore dans ses dossiers secrets sur l'inspecteur Maréchal ?Terreur


Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - Gaeriel - 06-03-2007

Je trouverai tout cela et alors ce sera "AU GNOUF!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"


Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - Guest - 06-03-2007


Lambert alluma un vieux cigare à l'odeur âcre.
- Ouais, une frégate militaire... Le genre de bâtiment qui part en mer, applaudi par la foule, pour passer les portes d'Airain, croiser en mer de Forge pour protéger nos convois commerciaux vers Kargarl... De celui-ci, il ne restait qu'un épave mangée par les algues et pleine de vent. On devait être les premiers à s'aventurer dans ce coin mal cartographié, après eux. Depuis combien de temps ils étaient là ?
"Les hommes, on s'est réunis, pour décider de quoi faire. Il faut savoir que l'Hippocampe était ce qu'on appelle dans notre jargon un Léviathan. C'est à dire que la machinerie est largement automatisée. A bord, on était une douzaine, pas plus. Donc on s'est concertés pour savoir s'il fallait aller y voir. Certains étaient d'avis que tous les bonhommes là-bas devaient être morts depuis longtemps. J'étais de cet avis. D'autres disaient qu'il restait peut-être des survivants.
- Mais bougre d'imbécile, je leur disais, vous croyez que nos beaux capistons et moussaillons ils ont tenu pendant des semaines dans un coin pareil ! Ils sont tous morts !
"Ils voulaient pas m'écouter. Du moins certains. Le capitaine, lui, hésitait. Il ne pouvait pas quitter le navire. Mais faut savoir que les capitaines de Leviathan ont pas tant de pouvoir comme le "pacha" d'un navire de guerre. Loin de là. C'est les machines qui font beaucoup, faut le savoir.
"Donc un groupe s'est formé, pour aller voir l'épave. Dedans, Tourville. Un autre, Desforêts, deux autres qui sont morts depuis. Et encore un autre, dont j'oublie le nom et qui n'est pas resté longtemps sur l'Hippocampe. Cinq en tout. Ils ont pris du matériel, ils sont montés dans une barque et à la force des bras, ils sont allés à l'épave. Heureusement, la mer était à peu près calme à ce moment. Mais si ça se levait, ils pouvaient rester bloqués là-bas, ils le savaient.
"Ce qui s'est passé dans l'épave, on n'a jamais trop su, nous qui étions restés à bord de notre bâtiment. Faut dire qu'on n'avait pas trop à demander, vu qu'on avait pas osé y aller. Quoi qu'il en soit, on a pensé que Desforêts avait trouvé quelque chose à bord du navire. Tourville le pensait, mais il est resté évasif. C'était pas des armes, non... Desforêts a jamais voulu s'expliquer. Bref, avec cette histoire, j'oublie de vous dire qu'il n'y avait pas de survivant parmi les militaires.
"On est rentrés, on a oublié cet incident. Le temps a passé. On a fini par arriver à l'âge de la retraite. On parlait plus de l'épave. Desforêts était parti depuis quelques années. On n'avait plus de nouvelle. Et puis, ces derniers temps, Tourville s'est remis à parler de lui. Il voulait savoir où il était. Il menait son enquête.
"Et il y a trois jours, il est venu me trouver. Il m'a dit qu'il avait retrouvé Desforêts. Il m'a montré le journal : il faisait courir des chevaux rue Verte ! Il était habillé comme un corpolitain, les journalistes l'interrogeaient et il parlait avec des députés. On en revenait pas, mais c'était bien lui !
"C'était pas avec sa retraite de marin qu'il pouvait mener un tel train de vie.
- C'est ce qu'il a trouvé dans l'Hippocampe ! m'a dit Tourville.
- Quoi ?
- Je ne sais pas quoi, mais il a trouvé quelque chose, un trésor, il l'a vendu après avoir attendu la retraite et il est devenu riche à millions.
- Un trésor, mais tu dérailles, que j'ai dit à Louis. Un trésor !
"Il était sûr de lui. Il cherchait. Il voulait savoir... Moi j'y croyais pas.

Les deux hommes remercièrent le vieil homme, qui n'en savait pas plus.
Ils allèrent marcher sur le port, pour repenser à ce que Lambert venait de leur apprendre.
- C'est bien possible qu'à bord d'un navire militaire, ce Desforêts ait trouvé un objet de valeur. En le revendant au marché noir... dit de Portzamparc.
- Ce qui explique l'intérêt soudain de Tourville pour les hippodromes. Il voulait approcher son ancien collègue.
- Et lui extorquer de l'argent ? L'obliger à partager ?
- Possible.

Les policiers firent la tournée des hôtels et bistrots de la Vague Noire. Ils finirent par apprendre que Tourville, lors de ses recherches dans ce quartier, cherchait le 5e membre qui avait fouillé l'épave. Mais, comme avait dit Lambert, il était resté peu de temps sur l'Hippocampe et on avait oublié son nom.
Ils finirent leur journée en allant saluer les collègues du commissariat.
- Nous cherchons un marin qui a travaillé ici, expliqua Maréchal. Où peut-on s'adresser ?
- Ne bougez pas,nous allons appeler la capitainerie. Et nous enverrons un courrier au syndicat des marins. Nous finirons par trouver votre homme. Comptez quand même trois ou quatre jours, surtout si le syndicat est le seul à détenir l'information. Ils vont d'abord se demander pourquoi on le recherche.
- Merci pour votre aide, commissaire. Nous attendrons votre réponse.

La nuit tombait pour de bon. Le clair de Forge, verdâtre, flottait entre de sombres nuages et donnait à la nuit un halo blafard. L'océan grondait et continuait imperturbablement à ronger la côte tandis que des gueules cauchemardesques s'ouvraient au pied des usines pour cracher leurs flots de déchets.
Le Ballon-Taxi décolla. Tard le soir, les deux policiers arrivèrent chez eux, fourbus, encore étourdis par l'air marin.

Maréchal passa la mâtinée du lendemain à faire un rapport sur son excursion à la Vague Noire. Il préparait les justificatifs de notes de frais... Il demanda l'adresse de ce Desforêts et l'obtint en milieu de journée.
Il était l'heure d'aller faire un tour au Novö-Art.

- Dimitri, tu me sers une eau minérale.
- Voici.
- Un problème, inspecteur ?
- Rien de grave, monsieur le directeur, juste quelques questions de routine.
- Tant mieux.
- Voulez-vous passer un appel dans la suite de mademoiselle Lamborghini ? Je souhaiterais lui parler.

Elle descendit, habillée d'une robe assez terne, plus si bien apprêtée. Elle avait l'air fatigué. On sentait qu'elle n'était plus si maîtresse d'elle-même. Quelque chose s'était érodé depuis sa première visite dans le bureau de l'inspecteur.
- Je suis allé à la Vague Noire, grâce à vos indications. J'ai obtenu plusieurs informations sur le passé de Tourville.
- Vous l'avez retrouvé ?
- Pas encore. Connaissez-vous un certain Desforêts ?
- Desforêts ? Ma foi, non...
- Tourville n'a pas évoqué ce nom ?
- Non je ne crois pas. Un ami à lui ?
Maréchal retint un soupir las. Il commençait à sentir qu'elle mentait. Mais maintenant, la machine policière était en marche, Ute ou pas Ute. Cette mademoiselle Lamborghini était imbriquée dans une vilaine histoire, Maréchal en avait de plus en plus la certitude. Il consentit à l'aider un peu.
- Il ne vous a jamais parlé d'un certain Desforêts, en rapport avec les courses de chevaux ?
- Ah, vous voulez dire ce Desforêts-là ?... Oui, c'est un passionné de courses. Je l'ai déjà vu, de loin.
Bien sûr, elle n'avait pas mentionné, les jours d'avant, s'y connaître en courses, même quand l'inspecteur avait dit que Tourville s'y intéressait.
- Ce Desforêts est propriétaire de chevaux, si j'ai bien compris ?
- C'est exact, inspecteur. Il est un peu... grossier. Nouveau riche, vous voyez. Il a l'argent mais pas les manières.
- C'est Tourville qui a payé votre chambre, dans cet hôtel ?
- Oui...
- Avec quel argent ? Avec sa retraite de marin ?
- Je ne sais pas bien... Avec son argent... Un coup de folie, quoi !
Elle prenait un air hautain, distant.
- L'Hippocampe, ce nom vous dit quelque chose ?
- Non.
- Bien. Pour le moment, ce que je peux vous dire, c'est que Tourville a disparu et qu'il n'a pas l'intention de se montrer.
Lamborghini lui prit la main à nouveau. L'agressivité de Maréchal retomba. Il était prisonnier de cette douceur tyrannique. Il ne demandait que ça, au fond.
- Vous avez fait plus que le nécessaire déjà...
- Je ne fais que mon devoir.
Il sourit et remit son chapeau.
- Je vous recontacterai.
Avant de venir, il avait écouté le compte-rendu du Pandore qui avait surveillé ses allées et venues.
- Rien à signaler. Elle est restée presque toute la journée à l'hôtel. Elle n'a vu personne. CONTRÔLE n'a pas enregistré d'appels.
Et CONTRÔLE n'avait pu identifier non plus le lieu de l'appel de Tourville pour dire que la police était après lui.

L'inspecteur revint dans son bureau, où il passa un appel à une connaissance, l'inspecteur Crimont, de la brigade des moeurs.
- Allô, Pierre-Marie ?
- Tiens, Antonin ! Comment va ?
- On fait aller. Et toi ?
- La routine. On a démantelé un trafic de filles forgiennes, dans le quartier des Passantes. Et à Mägott Platz, comment va la vie ?
- Je suis une affaire assez importante je pense. Disons que ça dépasse les rues alentours, quoi... Et j'aurais besoin d'un renseignement...
- Dis-moi.
- Une femme, appelée Ute Lamborghini. Elle habite en ce moment au Novö-Art. Tu peux voir si elle a des antécédents ?
- Entendu. Je t'enverrai ce que je trouve par chromato.
- Merci, Pierre-Marie, à bientôt.

Maréchal passa dans le bureau des détectives :
- Jean-François, vous pouvez venir une minute ?
- Oui.
De Portzamparc était content d'échapper à de la paperasse fastidieuse.
- Ca vous dit de repartir en voyage demain ? Il faudrait retourner rue Verte...
- Oui, d'accord.
- Alors, rappelez le commissariat. Dites à l'inspecteur Tircelan qu'on aimerait un rendez-vous avec lui.
- Entendu.
- Appuyez sur les formules de politesse.
- Très bien, sourit le détective.

Les deux policiers arrivèrent en fin de mâtinée. Le quartier était endormi. L'agitation festive avait disparu. C'était maintenant un quartier bourgeois sans charme, vide, propre et bien surveillé par la police.
L'inspecteur Tircelan, dans son bureau, en finissait avec un cambrioleur qu'on avait pris la main dans le sac chez un gros industriel.
- Vous vous rendez compte qu'aucune circonstance atténuante ne pourra vous êtes accordée.
Maréchal attendait à la porte et imaginait la même scène, avec Novembre à la place :
- Tu n'es qu'un fripouille. Maintenant, tu vas partir ramasser les savonettes au Château !
Suprêmement agacé par les dénis du voleur, Tircelan le laissa à ses détectives, comme on se débarrasse d'un paquet gênant.
Maréchal et de Portzamparc purent s'asseoir.
- Que puis-je pour vous, messieurs ?
A peine s'il se souvenait de les avoir vus au champ de course.
Maréchal dit qu'il cherchait des informations sur Desforêts. Il savait qu'il aurait pu parlophoné pour les obtenir, mais Tircelan aurait traîné, peu intéressé à divulguer des informations sur un respectable citoyen à des policiers d'un lointain quartier ouvrier !
- Vous voulez parler de Joseph Desforêts ?
- Oui, le propriétaire de canassons. Il devait être au prix de l'Arc de la Victoire.
- Bien sûr. Il avait deux bêtes qui couraient ce jour-là.
Quand il avait appris que Tourville savait la police après lui, Maréchal avait renoncé à surveiller le prix de la Haie d'Honneur ou à envoyer un homme là-bas. Mais s'il avait su qu'il fallait s'intéresser à ce Desforêts, il l'aurait fait.
- Que pouvez-vous me dire sur lui ?
- Ma foi, fit Tircelan, Joseph Desforêts a fait une entrée récente et remarquée dans le club des gens en vue dans ce quartier.
- Vous savez comment il a fait fortune ?
- Non, nous avons cherché, mais pas trouvé.
Autrement dit, il avait peu cherché.
- Ce que je puis vous dire, c'est que la brigade financière s'intéresse à lui, car il a eu des problèmes d'argent. Dettes impayées. On pense qu'il a emprunté de l'argent, mais on ignore à qui. C'est très opaque.
- Je vois. Vous avez des soupçons concernant cet argent ?
- Mes collègues commencent à en avoir. Nous savons que Desforêts ne s'est adressé à aucune grande banque. Vous savez, si on voulait chercher dans les trésoreries des familles de la rue Verte, on trouverait de ces choses...
- Vous connaissez des liaisons à ce Desforêts ?
- Des liaisons de quel ordre ?
- D'ordre féminin.
- La dernière en date est une certaine Nina Otulli, soupira Tircelan qui trouvait ces réalités bien désagréables. Danseuse de cabaret. Leur liaison a duré à peu près trois mois.

Maréchal se fit donner l'adresse du cabaret où cette Otulli avait travaillé. Il avait un goût amer dans la bouche. Il ne voulait pas y aller et en même temps, non seulement il le devait mais il avait besoin de savoir.
Il parlophona de ce commissariat à son ami Crimont.
- Rien à signaler sur ta Lamborghini, Antonin.
- Et, à tout hasard, une danseuse de cabaret appelée Nina Otulli ?
- Attends, bouge pas, le nom me dit quelque chose. Je consulte mes fiches...
Maréchal l'entendit tapoter sur un chromatographe.
- Oui, Otulli, elle a un dossier chez nous. Elle a fait un peu de prison pour stupéfiants. Tu sais où elle a travaillé ?
- Oui, merci.
Maréchal raccrocha. Il demanda à Portzamparc d'aller repérer la maison de Desforêts. Mauvais prétexte pour se rendre seul sur la piste d'Otulli.
Le cabaret était fermé, en ce début d'après-midi. Une concierge malgracieuse ouvrit à l'inspecteur, qui entra dans une pièce brumeuse, qui sentait le tabac froid. Les chaises à l'envers sur les tables, un balayeur assoupi dans un coin. De lourds rideaux cramoisis fermés.
Le patron, en robe de chambre, mal rasé accuellit le policier dans ce vilain décor.
- Otulli vous dites ?... C'est que j'en vois passer tellement... Mais celle-ci, je crois m'en souvenir... Elle a travaillé un moment ici, avant de se trouver un protecteur. Au fond, c'est ce qu'elles cherchent toutes.
- Le nom du protecteur ?
- Oh je ne sais plus...
- Desforêts, c'est ça ?
- Oui, avoua le patron.
- Et elle, à quoi elle ressemblait ?
Le type gratta ses mèches de cheveux grasses.
- Bah, comment dire ?...
Une femme apparut dans un coin de la pièce. Elle avait écouté depuis le début.
- On a encore l'affiche de son numéro. Je vais vous la sortir, inspecteur.

Maréchal ne se sentait pas bien. Comme quand, petit, il devait aller en cours sans avoir appris sa récitation.
Il suivit pourtant le patron dans son bureau. Son antre plutôt. Sa tanière de vieux mâle pas bien beau où il devait recevoir les filles qui se présentaient.
- Ah oui, tenez, la voilà, dit le patron, le nez dans un carton de son armoire.
Il la déplia devant l'inspecteur. Ce dernier s'assit sur le bureau et alluma une cigarette. Il se frotta les yeux, fatigué et remercia l'homme. Il partit sans en demander plus.
Il avait identifié sans doute possible Ute Lamborghini.

Il ne dit pas un mot dans le tramway qui le remmena avec le détective à la Platz.
Sur son bureau, un dossier posté de la Vague Noire. Les renseignements demandés sur l'Hippocampe. Il apprit le nom des membres de l'équipage. Le vieil homme maigre, Lambert, avait été interrogé par la police, disait le dossier et en voyant la liste des noms, il avait pu dire lesquels s'étaient rendus sur l'épave. Deux étaient morts. Il y avait ensuite Tourville et Desforêts. Le cinquième et dernier se nommait Landévec.

Le soir, Maréchal dînait avec Novembre.
- Alors ton enquête sur ce disparu ?
- J'ai l'impression de poursuivre un fantôme...
- Entre nous, elle est mignonne, la petite Lamborghini, hein...
Maréchal soupira. Cétait un aveu. Novembre sentait bien que son inspecteur était dépité. Il avait bien compris ce qui se passait. Il se lança dans une tirade sur les femmes...
- Mon vieux, elles nous auront toujours par les sentiments ! Et pour nous, c'est que des emmerdes ! Avec un homme, même un voyou, on sait où on va ! On est entre professionnels !... Alors qu'avec elles, on sait plus comment s'y prendre...
Maréchal approuva.
Rentré chez lui, il se servit un verre, hésita à appeler, se resservit un verre avant d'oser, hésita encore, rebut un coup... "Peut-être que c'était sa soeur jumelle". Rien que de le dire, il se trouvait dérisoire. Après quelques heures d'hésitation alcoolisé, il alla se coucher.
Il fut réveillé, après un temps de sommeil indéterminé. C'était la concierge.
- Monsieur Maréchal, parlophone pour vous !
Grognon, l'inspecteur se releva et suivit la concierge dans sa loge. Elle avait tapé comme une sourde sur la porte et il n'était d'humeur à ne voir personne !
- Allô !
Des pleurs au bout de la ligne.
- Antonin ! pardon, inspecteur !...
C'était Ute.
- Venez vite au Negresco ! Vite !...
Maréchal raccrocha.
- Vous avez déjà fini ?
La concierge ne s'était pas pressé pour sortir. A moitié comateux, à moitié saoul, Maréchal lui fit comprendre qu'il n'appréciait pas cet empressement.
- Vous irez nettoyer l'escalier la prochaine fois !
L'inspecteur remonta s'habiller. Il se sentait comme une pièce dans un rouage au fonctionnement inéluctable et lui n'avait qu'à suivre la manoeuvre.
Il cracha en sortant, boucla son manteau, tâta son révolver qu'il avait mis dans son holster, tint son chapeau contre le vent et marcha dans les rues noires et pluvieuses jusqu'au Negresco.
C'était l'un des hôtels où Tourville avait logé.
Il y avait plusieurs lumières allumées.
- On ne dort pas là-dedans !
Le concierge ne mit pas longtemps à ouvrir.
- SÛRETE ! Que se passe t-il ici !
- Mais rien...
- Ah non...
Maréchal était mauvais. Il était prêt à cogner s'il le fallait.
- Vous avez une Lamborghini dans vos locataires ! Une blonde, pulpeuse, un charme fou, ça doit bien vous dire quelque chose !
Il s'emparait déjà du registre des clients.
- Là, ce Landévec, c'est qui !...
- Mais je ne sais pas !
Le patron était paniqué, mais il l'était déjà avant l'arrivée de l'inspecteur.
- Ce Landévec, il n'était pas avec une blonde ! C'est elle qui m'a appelé ! Elle a dû appeler de votre loge ! A moins qu'il y ait un parlophone dans chaque chambre, ici, hein !... Dans vos suites ! Des blondes comme elle, il ne doit pas en passer des masses par ici !
Le patron recula, les larmes aux yeux. Il flanchait. Maréchal lui fit comprendre qu'il faisait mieux. L'inspecteur le vit sortir de ses poches des liasses de billets fourrées là en vitesse.
- Qui te les a donnés ?
- Un vieux beau, riche !... pas un gars d'ici !
- Allez, que s'est-il passé ici !
- C'est dans la chambre 32...
- Conduis-moi, dépêche-toi !
Ils montèrent à l'étage. La porte n'était pas fermée à clefs. C'était une piaule mesquine. Sur le sol, un cadavre à la gorge tranchée : la cinquantaine, des habits élimés. A côté, un homme étendu : costaud, de l'embonpoint, une grosse barbe, un costume de ville qui ne lui allait pas du tout, un couteau dans la main droite. Tourville.




Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - Gaeriel - 06-03-2007

c'était très laÿ...


Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - Guest - 06-03-2007


Tourville se réveilla, vit dans quelle situation il était. Il avait une rude voix d'homme de la mer. Il devint blanc comme un linge.
- Qui est-ce ? demanda Maréchal.
Tourville s'assit dans un fauteuil.
- C'est Landévec ! Mais ce n'est pas moi qui-
- Silence, répondez à mes questions, c'est urgent. Ute Lamborghini était ici ?...
- Oui-da ! C'est elle et Desforêts qui m'ont séquestré ! Ils ont dû m'emmener dans cette chambre, après m'avoir endormi !
Les hommes de PANDORE arrivaient au pied de l'hôtel, alertés par l'agitation qui y régnait. Des gens faisaient leurs bagages, surtout ceux qui avaient, indépendamment de ce meurtre, quelque chose sur la conscience.
Maréchal se fit raconter en vitesse ce qui s'était passé par Tourville. Il savait qu'on aurait amplement le temps de reprendre ces questions au commissariat.
Le vieux marin avait rencontré Lamborghini quelques mois plus tôt. Ce n'est qu'au dernier moment que Tourville avait compris que la fille était complice de Desforêts.
- Je suis allé le trouver hier, après avoir tant peiné à le trouver ! Et j'ai senti son parfum alors ! J'ai su qu'elle était dans cette maison ! Et ce n'était pas quelqu'un d'autre avec le même parfum !... C'est à ce moment qu'un domestique a dû m'assommer.
- Vous cherchiez à obtenir votre part du trésor ?
- Oui... Et ce salopard le savait, lui qui s'est tout gardé pour lui !
- C'était quoi, ce trésor ?
- De la poudre de selenium. Les militaires s'en servent pour certaines de leurs armes. Le navire qu'on a visité devait en avoir dans ses soutes. La plupart était partie à la flotte mais il devait en rester. C'est ça que Desforêts a trouvé. Ca vaut une fortune !
- Il a attendu la retraite pour la vendre ?
- Sans doute.
- Il aurait refusé à tous les coups de partager.
- Dans ce cas, je l'aurais accusé de vol de biens militaires.
- Mais vous n'en avez pas eu le temps...
- Non, ils m'ont étendu avant...
- Pourquoi tuer Landévec ?...
- Ce n'est pas moi ! Ils m'ont emmené dans cette piaule et m'ont mis ce couteau en main !
- Pourquoi Desforêts voudrait tuer Landévec ?
- Je ne sais pas... Ce que je sais, c'est que cette pute m'a séduit sur ordre de Desforêts...
- Comment vous avez pu payer la chambre de Lamborghini ?
- En vendant quelques assurances bidons ! Je vous assure que c'est tout ce que j'ai fait de mal ! Jamais je n'aurai tué !
Les Pandores arrivaient dans la chambre.
- Emmenez-le, dit Maréchal, mais faites-le attendre dans mon bureau.
L'inspecteur voulait croire le marin innocent et lui éviter le Dépôt. Il appela le commissariat et ordonna qu'on se rende au Novö-Art.
Il partit à pied et arriva après ses collègues. Dans sa chambre, Lamborghini avait tenté de se suicider. On venait de l'emmener à l'hôpital.
Deux heures plus tard, on appela l'inspecteur, qui était retourné chez lui. C'était le docteur Jouvet. Il avait procuré quelques soins urgent à Lamborghini, dans l'hôtel et l'avait accompagnée à l'hôpital. Ses jours n'étaient pas en danger mais elle avait perdu beaucoup de sang.
- Elle s'est réveillée et a demandé à dicter ses aveux à un policier. Je lui ai dit de se reposer pour le moment. La police est venue m'apprendre qu'un certain Desforêts a été arrêté. Elle a paru soulagée.
- Merci de votre appel, docteur.
- J'ajoute qu'elle a parlé de vous. Elle a dit qu'elle était désolée. Elle implorait même votre pardon.
- Merci docteur.
Maréchal raccrocha et retourna à sa bouteille, à l'alcool au goût de larmes.

En début d'après-midi, l'inspecteur était au commissariat. Desforêts avait passé un sale moment en compagnie des détectives, puis de l'inspecteur Novembre.
Maréchal ne voulut pas le voir. Il se contenta de lire ses aveux.
Bien qu'ayant fait fortune, il avait mal géré son argent. Ses affaires de chevaux ne marchaient pas. Il s'était retrouvé insolvable. Les banques ne lui prêteraient rien. Alors il s'était souvenu que Landévec possédait aussi une partie du sélénium. Et comme le cinquième homme de l'Hippocampe n'avait pas fait fortune, Desforêts en avait conclu qu'il n'avait pas compris la valeur de cette poudre. Ou qu'il n'avait pas voulu prendre de risque en vendant un bien militaire.
Il s'était renseigné sur les autres marins. De vivant, il restait, en plus de Landévec, que Tourville. Desforêts avait donc ordonné à Ute de séduire le vieux marin, pour savoir s'il savait quelque chose sur le sélénium. Finalement, les recherches de Tourville avaient permis à Desforêts de retrouver Landévec. Ute avait retrouvé, le jour d'avant, Tourville et ce dernier avait parlé du trésor. Il avait l'intention d'en parler à Landévec, de s'en faire un allié contre Desforêts. Ce dernier, mis au courant par l'ex-danseuse de cabaret, avait alors imaginé la mise en scène du Negresco. Il était prêt à tuer pour récupérer le selenium et se renflouer avec.
Tourville s'était jeté dans la gueule du loup en allant lui-même rue Verte. Il avait bien senti le parfum d'Ute, juste avant qu'un domestique ne l'assomme. Le soir, les deux ravisseurs s'étaient rendus au Negresco avec Tourville endormi, transporté par un domestique. C'est Desforêts qui avait tué Landévec en découvrant qu'il avait la poudre avec lui. Et il avait obligé Ute à mettre elle-même le couteau dans la main du vieux marin.
Alors que Desforêts et son domestique prenait une minute pour peaufiner la mise en scène, Ute s'était enfuie, s'était précipité dans la loge du concierge (qui n'était pas couché, inquiet du remue-ménage dans la chambre 32) et elle avait appelé en catastrophe Maréchal, avant d'être "reprise" par le domestique. Elle avait été emmenée au Novö-Art. Desforêts tentait de rentrer rue Verte, mais sur le chemin, Rampoix et Boncousin l'interceptait avec son domestique.

En fin de journée, Maréchal se rendit à l'hôpital. Encore très faible, Ute n'ouvrait pas les yeux mais était consciente.
- Vous avez fait ce qu'il fallait en m'appelant. C'était courageux... J'imagine votre desespoir.
Bien sûr, il était incapable de lui en vouloir.
- Si tu veux continuer à nous aider, je ferai de mon mieux pour alléger les peines contre toi.
- Je me suis rendue complice d'un assassinat.
- En tant qu'inspecteur, je pourrai certifier que tu as agi largement sous la contrainte. C'est toi qui nous a alertés.
- Comment va Louis ?
- Il est au commissariat. Il se remet. Je pense qu'on va le libérer. Il aura une amende pour n'avoir pas aidé SÛRETE alors qu'il savait que nous voulions l'interroger.
- C'est tout ?
- Oui.

Que se serait-il passé si je Maréchal avait retrouvé rapidement Tourville ? Car c'est bien Desforêts qui avait dit à Ute d'aller voir la police.
Si Tourville avait été retrouvé, Ute aurait dû jouer la fiancée morte d'inquiètude. Desforêts voulait savoir ce que Tourville savait sur le sélénium. Les choses seraient allées plus vite, car Desforêt se serait tourné plus vite vers Landévec. La mise en scène aurait été la même mais pas dans l'urgence et Tourville aurait été accusé à coup sûr.
- Le vieux Louis a eu raison de vous faire courir, conclut Novembre en relisant le rapport de l'inspecteur.
- Je rentre me coucher.
- Prends quelques jours, Antonin. Tu en auras besoin.
- Merci.


Joseph Desforêts eut contre lui au tribunal non seulement Ute et Tourville, pour la mort de Landévec, mais aussi des officiers de la Marine, pour vol de matériel militaire. Il fut aussi reconnu coupable de séquestration sur la personne de Tourville. Il fut pendu deux mois plus tard. Tourville eut du sursis pour entrave à l'action de la police, et une amende.
Le patron du Negresco fut envoyé au Château pour complicité d'assassinat. Il savait très bien ce qui se passait dans la chambre 32, les billets dans ses poches en témoignaient éloquemment.
De Portzamparc se remit à la recherche de celui qui avait prévenu Tourville que la police était après lui. Il découvrit que c'était bel et bien l'ouvrier Ballack. Il le mit en garde-à-vue deux jours, le temps de charger son dossier. Pour obstruction à la justice, il partit lui aussi au Château quelques temps.

Enfin, Ute, pour complicité d'assassinat sous la contrainte, fut envoyée six ans dans une prison pour femme. Maréchal avait pesé comme il avait pu pour qu'elle bénéficie de circonstances atténuantes.
Trois mois plus tard, un soir qu'il avait déjà bu avec Novembre puis seul chez lui, il vit sous sa porte une carte-postale. Elle était signée d'Ute et Tourville. Le marin avait rendu visite à la prisonnière et ils étaient tombés amoureux pour de bon.
Ils allaient se marier bientôt ! Ils invitaient Maréchal à la cérémonie, qui se déroulerait dans la cour de la prison.
L'inspecteur trouva un prétexte pour ne pas y aller. Il lut dans le journal que la cérémonie avait été émouvante.
Plusieurs détenues, prostituées, empoisonneuses, tueuses, avaient fondu en larmes.

En somme, Maréchal avait bien fait son boulot de flic : il avait aidé une femme en détresse, arrêté un assassin, permit à l'armée de retrouver son sélénium et contribué à faire naitre l'amour entre un marin retraité et une ex-danseuse de cabaret. Si c'était pas le plus beau métier du monde...







FIN DU DOCUMENT





Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - sdm - 07-03-2007

L'argent sale, l'alcool et les femmes, les 3 ingrédients indispensablestwisted


Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - Darth Nico - 07-03-2007

Pour ce début de campagne, j'ai décidé d'éliminer ce qui pouvait être merveilleux, fantastique ou épique. Pas de magie, pas de monstres, pas d'exploits ni de héros surpuissants. :o


Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - Gaeriel - 07-03-2007

oui, il faut commencer sur des bases stables et solides^^

Enfin il faudra vite passer aux stalytes comme il n'y a qu'eux qui rapportent de l'XP^^


Dossier #1 : Le cuisinier de l'Hippocampe - sdm - 07-03-2007

lolet après les dongeons de Forge:jmekiffe: