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10e Episode : Les subtilités de la cour - Printable Version

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10e Episode : Les subtilités de la cour - Darth Nico - 12-01-2005

La 5e Réincarnation : 10e Episode (II)

L'ENQUÊTE DES LICORNES<!--sizec--><!--/sizec-->

Ses serviteurs avec les bras chargés de cadeaux, les oreilles lui sifflant encore du babil du marchand, rapide comme les ailes du colibri, Shinjo Kohei ressortit de l'échoppe, après y avoir laissé une véritable fortune, de quoi honorer pour longtemps Daikoku.
- Mon nom est Hida Shigeru, lui avait dit ce grand Crabe, dépassant tout le monde d'une tête, et Yasuki Taka de deux. Je suis envoyé par mon clan me mettre sous vos ordres, Kohei-san.
Notre Licorne considéra un instant le personnage en se grattant la barbe. Un vrai colosse, digne guerrier du Grand Ours, déjà âgé (il pouvait approcher la quarantaine) mais on l'imaginait mal tonsuré dans quelques années. Sourcils broussailleux, maintien solide, regard qui a plongé profondément dans les antres des monstres de l'Outremonde, grosses mains... une force de la nature, des Fortunes de la Terre.
- Je suis content de te rencontrer, Shigeru-san. Avec toi et d'autres sous mes ordres, nous irons nous mettre au service de la famille Daidoji, dès la fin de la cour d'hiver. D'ici là, tu pourras loger au palais. Présente-toi à la porte bientôt, et je t'introduirai parmi les invités.
- Très bien, Kohei-san, fit Shigeru.

Les deux hommes se quittèrent après s'être ainsi rapidement jaugés.
Quelques jours après, Shinjo Kohei réunit ses compagnons de voyage dans les appartements de la Licorne. Il y avait là Kakita Hiruya, Isawa Ayame et son yojimbo Shiba Ikky, Mirumoto Ryu et Hida Shigeru.
- Je suis content que vous ayez accepté mon invitation, dit Kohei-san. Permettez-moi de vous faire servir cet excellent, qui vient de mon village natal. C'est l'un des meilleurs que l'on distille dans notre clan. J'espère qu'il sera à votre convenance.
Quand tout le monde fut servi, et qu'on eut bu quelques coupes pour goûter et apprécier l'alcool, le Licorne prit la parole :
- Je me suis permis de vous inviter car je désire parler d'un sujet important, sur lequel l'honorable magistrat Ide Soshu désirerait faire la lumière. Il s'agit de ce blessé anonyme, arrivé au palais, au moment même où Matsu Bashô-sama, le poète, aurait dû se présenter à la cour d'hiver.
Le matin même, Kohei-san était allé s'informer auprès de Riobe et Sotan de ce qui s'était passé l'autre soir, dans les quartiers ignobles de la ville. A demi-mots, et sans mettre en cause l'honneur de qui que ce soit, Riobe avait dit que des réglements de compte entre yakuzas avaient eu lieu... Parmi les attaquants, on avait vu deux rônins, et un samuraï portant l'armure du clan du Dragon...
- Bien sûr, bien sûr, avait dit Kohei en se grattant la barbe, et comme nous savons qu'il n'y a pas de légions en ville, les choses sont claires...

Mais Ryu-san refusait de parler. Elle respectait en fait le serment fait au chef des criminels avec qui elle s'était alliée... Indirectement, elle protégeait l'honneur de son clan, à commencer par celui du docteur Munetaka.
- Soshu-sama désirerait parler à Bashô-sama d'affaires importantes. Il pense que le poète pourrait l'aider à arrêter d'importants criminels, qui agissent en plusieurs lieux de l'Empire. Non pas qu'un noble seigneur comme Matsu Bashô soit mêlé à la pègre en aucune façon, mais son témoignage pourrait être précieux...
- Je comprends votre demande, dit Ayame-san, mais je vois mal comment nous pourrions vous aider. Si Soshu-sama désire rencontrer Bashô-sama, pourquoi n'en fait-il pas la demande auprès à Masanaga-sama ?
- Non, impossible, trancha Kohei. Soshu-sama a déjà tenté de parler à notre hôte du poète Bashô, mais Masanaga-sama lui a vite fait comprendre qu'il n'était pas envisageable d'aborder un tel sujet. D'ailleurs, selon les ordres de notre hôte, le blessé et Bashô n'ont rien à voir...
- Ah non ! ils n'ont rien à voir ! rien de rien ! s'exclama Ryu-san, d'un ton qui suggérait tout le contraire.
- Pourquoi ne pas directement aller voir ce Bashô et s'expliquer avec lui ?
Hida Shigeru avait parlé.Troll2
- Non, non, impossible. Ce serait contre la volonté d'Isawa Masanaga-sama... Je voudrais juste savoir si vous pouviez me dire ce que vous avez appris sur Bashô-sama pendant cette cour d'hiver. Les rumeurs disent beaucoup de choses.
Il y eut un petit moment de silence.
- Eh bien, Kohei, dit Hiruya, tu sais comme nous qu'on dit Bashô mêlé à la pègre...
- Oui, en effet... Et c'est quand Asahina Masumi-sama a commencé à suggérer de telles choses que la discussion avec Kitsu Kameko-sama s'est envenimée, et que cela a fini par le duel... Je sais bien que l'affaire est délicate. Je ne cherche qu'à aider la justice de mon clan, et celle de l'Empire, en aidant à l'arrestation d'odieux criminels.
- Nous comprenons votre volonté, dit Ayame-san, et nous espérons que nous pourrons vous aider, Kohei-san.
- Oui, dit Hiruya, si nous apprenons quelque chose, nous t'en parlerons.
- Très bien, je vous remercie.

Samurai

La réunion se poursuivit paisiblement, sans que Kohei n'aborde ce sujet. On bavarda de choses et d'autres, à l'écart des manigances des courtisans.
Quelques jours après, Kohei-san donnait rendez-vous à Sotan et Riobe dans une auberge à la sortie de la ville. Les deux rônins avaient décidé, sur conseil de Kohei-san, d'aller prendre respirer l'air de la campagne. Depuis l'affrontement sanglant entre yakuzas, les magistrats Shiba avaient effectué plusieurs descentes dans les mauvais quartiers, et il commençait à y avoir trop de kimonos écarlates dans les rues pour que nos deux rônins se sentent en sécurité. On pouvait à tout moment les arrêter et les pendre, pour l'exemple.

Shinjo Kohei, monté sur son imposante monture, était suivi de Hida Shigeru et Mirumoto Ryu. Les trois samuraï retrouvèrent donc Sotan et Riobe à la sortie de la Cité du Chêne Pâle, à l'orée de la campagne enneigée. Il faisait bon entrer dans ces auberges chauffées par les buveurs de sake, et d'en boire également, alors que l'hiver plongeait l'Empire dans la torpeur.
Shinjo Kohei prit ainsi la parole :
- Je vous ai réunis ici, tous, car vous vous trouvez à présent sous mon commandement jusqu'à ce que nous ayons accompli notre obligation envers la famille Daidoji. En attendant l'arrivée du printemps, je désirerais que vous aidiez le magistrat Ide Soshu à se remettre sur la piste des dangereux complices de Hiro. On pense qu'ils ne sont pas tous morts dans l'attaque des yakuzas, et qu'ils se sont éparpillés à travers la campagne. Il y a un grand nombre de petits villages, dans la région, isolés pendant l'hiver. Autant de caches providentielles pour ces canailles. Aidez-nous à les retrouver et vous aiderez grandement la justice du clan de la Licorne, et par conséquent de l'Empire.
"Vous voyagerez sur les terres du clan du Phénix, mais sans doute, vous rencontrerez peu de samuraï dans ces campagnes. Il vous suffira de poser les bonnes questions, et le moment venu, nous nous permettrons d'avertir l'honorable famille Shiba, qui agira en conséquence si elle apprend où se cachent ces bandits.
Kohei-san resservit les coupes pour conclure ses ordres, et passa avec Shigeru-san, Ryu-san, Riobe et Sotan la fin de la journée, à discuter, à boire et à jouer au go. Ils parlèrent et se moquèrent abondamment de Matsu Bashô, de sa réputation d'effeminé, et reparlèrent de leurs voyages.
Alors que Riobe terminait une deuxième partie de go contre Sotan, en l'ayant chaque fois vaincu sans difficulté, on entendit approcher un boîteux qui dit :
- Doshi ! viens donc te mesurer à un adversaire de ton niveau !
C'était Kakashi le rônin, qui salua tout le monde, et vint s'asseoir et participer à la bonne humeur chaleureuse de l'auberge. Le patron était content : il faisait des affaires exceptionnelles pour un hiver, et avec tous ces samuraï présents, les bandits passeraient au large.
Pendant que Kakashi affrontait Riobe au go, Ryu-san réfléchissait aux implications et complicités de Hiro et sa bande. Quel rapport avec Matsu Bashô ? Qui avait ce dernier, juste avant son arrivée à la cour d'hiver ? Etait-ce un réglement de compte criminel ? Ca y ressemblait fort...
Shigeru, qui avait depuis la première rencontre reconnu en Sotan un ancien membre de son clan, partagea ses souvenirs avec ce dernier. Sotan était trop heureux de pouvoir parler avec celui qui aurait pu être un frère d'armes. Mais dans le même temps, la honte le retenait de parler d'égal à égal.
- Avec moi, oubliez les grands mots et les belles conventions, déclara Shigeru.Troll2
Rassuré, Sotan évoqua son passé, et pourquoi il avait déchu.
- Je fus envoyé par mon clan dans les lointaines montagnes du Dragon, avec plusieurs de mes hommes, pour y combattre des bandes de pillards gaijin. J'ignore pourquoi les Dragons ont fait appel à nous. Même le clan du Blaireau aurait pu attaquer ces barbares, mais enfin... Il y avait aussi plusieurs Licorne de la famille Moto, venus pour les mêmes raisons. Nous avons compris que nous devions obéir à un homme appelé Tsuru Makkuro - la Grue Noire -, vraisemblablement un ancien duelliste, très dangereux. Il commandait avec une autorité absolue, et dirigea nos attaques. Il était sombre, inquiétant, mais nous obéissions à nos clans respectifs. J'ai fini par comprendre que c'était un homme sans honneur, qu'il ne valait pas mieux que les gaijins que nous combattions. J'ignore pourquoi mon clan m'a envoyé sous ses ordres. Toujours est-il que j'ai fini par comprendre qu'il avait manipulé une bande de rônins souillés par l'Outremonde, pour les forcer à attaquer un village du clan de la Libellule, où l'on élevait des poissons dont les oeufs permettent de combattre la Souillure. Quand j'ai compris que je servais un tel personnage, mes hommes et moi sommes allés lui parler, face à face... A quatre contre un, nous pensions l'intimider. Hélas, il n'eut aucune peur face à nous. Il se mit en garde, comme pour un duel. Nous l'avons attaqué ensemble... Son katana a jailli, et j'ai vu mes trois hommes s'effondrer comme des fêtus de paille, coupés net. Moi-même, je reçu un coup que la Grue Noire crut sans doute fatal. Il me laissa pour mort. Mais les Fortunes ont voulu me garder en vie. A mon réveil, j'ai compris que j'étais indigne de continuer à servir mon clan. Depuis, je veux retourner me battre sur la Muraille ou obtenir l'autorisation de pratiquer le seppuku.
- Je comprends, dit Shigeru. Je pense que malgré tout, vous êtes quelqu'un d'honorable, car vous avez su voir le mal là où il était. Pour ma part, j'ai commis l'erreur de vouloir attaquer trop vite, au lieu d'avertir mon unité. J'ai affronté seul l'Outremonde, et les renforts ne sont arrivés qu'après. Mon clan a donc décidé que je devais m'éloigner de la Muraille. Je ne comprends pas ce châtiment, mais je le respecte. Chacun doit avoir sa place dans l'Ordre Céleste. A d'autres de réfléchir et de me dire ce que je dois faire...
Pour sa part, Kakashi avait choisi lui aussi de prendre de la distance par rapport à la Cité du Chêne Pale, le temps que les magistrats retrouvent leur calme. Il allait loger dans cette auberge paisible. Enfin, Kohei-san devait partir d'ici peu en pélerinage avec le diplomate Ide Tadaji et le magistrat Ide Soshu au mémorial de la Ki-Rin, pour y honorer leurs Ancêtres. C'est de ce lieu sacré que le clan du Phénix avait vu revenir les descendants de Shinjo, il y a deux cent ans de cela.
A son retour, d'ici une dizaine de jours, Kohei viendrait prendre des nouvelles des samuraï.
C'est ainsi que le lendemain, par un matin frisquet, Hida Shigeru, Mirumoto Ryu, Sotan et Riobe partirent dans la campagne du Phénix, endormie sous un épais manteau de neige.

A suivre...Danse


10e Episode : Les subtilités de la cour - CROM - 12-01-2005

Ainsi le troll avait parlé Boidleau


10e Episode : Les subtilités de la cour - sdm - 12-01-2005

Le Gro-domo nous a ramené un troll déguisé en crabe Kong


10e Episode : Les subtilités de la cour - CROM - 13-01-2005

Troll2


10e Episode : Les subtilités de la cour - Gaeriel - 13-01-2005

lol la raclée qu'à dut se prendre le pauvre sotan face à riobe...

et après l'arrivée du vieil ami inattendu qui vient donner un vrai défi!!!

de la grande qualité tout cela!!!


10e Episode : Les subtilités de la cour - Darth Nico - 13-01-2005

La 5e Réincarnation : 10e Episode (II)

L'INNOCENCE DE LA NEIGE<!--sizec--><!--/sizec-->

Les quatre samuraï marchèrent une petite journée avant de trouver un village. Ils s'enfonçaient dans la neige jusqu'aux chevilles, alors qu'ils n'avaient pour compagnon que le vent qui soufflait, glacial, sur les chemins, et verglaçait la neige.
Avant son départ, Ryu-san avait obtenu l'autorisation de Munetaka-sama de s'éloigner quelques temps de la cour d'hiver. Le docteur prétendrait qu'elle était partie pour quelques jours chez les bons moines, afin de méditer et de trouver le repos en elle-même. Le médecin d'Akuma-sama n'était pas mécontent de voir son instable bushi s'éloigner un peu du monde de la cour.
Elle avait été invitée par le magistrat Ide Tadaji en personne à boire le thé avec lui. Mirumoto Munetaka avait eu du mal à en croire ses oreilles quand il l'apprit. Pour quelle raison le représentant du clan de la Licorne à la cour impériale s'intéressait-il à cette bushi sans grade ?... Il avait tâché de soutirer quelques informations à Ryu-san, une fois celle-ci sortie de son entrevue. Il en ressortait que Tadaji-sama avait simplement posé quelques questions sur les dernières aventures de Ryu, sur ses compagnons de voyage, pour savoir ce qu'elle pensait d'eux. Ryu-san avait répondu brièvement et sans détour au diplomate.
Depuis, Munetaka-sama se rongeait les sangs en imaginant ce que Tadaji-sama avait bien pu pensé de la bushi... :baton:

Une halte dans un premier village leur apprit, quand ils se rendirent pour commencer à l'auberge, que la plupart des magistrats et des soldats Shiba ne s'occupaient pas de la campagne pendant l'hiver, et d'autant moins pendant la cour d'hiver. Ils étaient tous stationnés en ville, près des palais, et surtout à Kyuden Asako. C'était donc le moment idéal pour des bandits de battre la campagne, car les heimin devaient presque s'organiser seuls pour se défendre. Le village où se trouvaient nos héros n'avait qu'une rue, et des bâtiments de chaque côté. Ils y passèrent la nuit, et le lendemain, reprirent leur marche sur la route.
Ils arrivèrent dans un petit hameau, tout semblable, où la seule attraction était une auberge à chaque bout de la route. Nos héros se scindèrent en deux groupes - les deux rônins d'un côté, les deux samuraï de clan de l'autre - et tâchèrent de ne pas montrer qu'ils se connaissaient. Dans la première auberge, Sotan et Riobe trouvèrent un patron plutôt apeuré derrière son comptoir. D'autres heimin venaient ici pour se réchauffer. A vrai dire, dans le village, on passait sa journée entre voisins, tant il n'y avait rien à faire dans cette contrée enneigée, où on ne pouvait rencontrer au-dehors que des esprits étranges et des bandits...
Les deux rônins ne mirent pas longtemps à soutirer des informations au patron, bien content en réalité de voir arriver deux rônins en ville. Ces gens-là, si on savait leur parler correctement, on pouvait attendre d'eux protection et justice. Tant de légendes couraient sur les valeureux samuraï sans clan, mais pas sans honneur, devenus des héros populaires après avoir défendu des villages contre des bandits et d'odieux démons.
Bien évidemment, Riobe et Sotan étaient prêts à rester au village pour le protéger. Le patron ne tarda pas à avouer que des pillards battaient la campagne, rançonnant les villages en l'absence des samuraï Shiba. Pire, ils enlevaient des femmes et des enfants si on ne payait pas assez vite. Le chef du village donna son accord pour que les deux rônins logent chez un habitant, et veillent à la sécurité.
Pendant ce temps, Shigeru et Ryu allèrent à la seconde auberge, à l'autre bout du patelin. Des corbeaux croassaient dans les branches dénudées des arbres. Le vent frais s'engouffraient entre les bâtiments. Shigeru étudiaient tous les bâtiments, à droite et à gauche.Troll2
Soudain, sans prévenir, Ryu-san partit au pas de course droit devant elle, les deux sabres déjà à la main. Elle courut, elle courut, trébucha, tomba dans la neige grasse et moletonnée, se releva, et s'engouffra aussitôt dans l'auberge.
Shigeru haussa les épaules, et la suivit au pas de course.Troll2

Ryu-san fit irruption avec pertes et fracas dans l'auberge. Elle venait de voir un homme s'y engouffrer rapidement après avoir vu Ryu-san avancer sur la route.
- Où est-il, lança t-elle, tous sabres dehors, gesticulant.
- Mais nous n'avons vu personne, essayèrent de mentir servilement plusieurs paysans.
- Si, il est parti par le fond ! cria soudain une femme.
- Ferme-la, toi ! rugit un solide paysan, en lui envoyant une claque retentissante.
Ryu-san se précipita vers la sortie de derrière, tandis que, se courbant en deux pour passer la porte, un Crabe massif fit son entrée dans l'auberge, le plancher craquant sous ses pas.Troll3
- Que pouvons-nous vous servir à boire, Crabe-san ?...Totoz
Décidément, pour les paisibles heimin du lieu, cela faisait beaucoup d'un coup : un immense Crabe, et une bushi du Dragon en furie, de mémoire d'ancien, on avait jamais vu ça !
Ryu-san, du simple fait d'être vue en divers endroits, faisait naître derrière elle, comme un sillage de fleurs qui poussent, tout plein de mythes, contes et légendes sur le Dragon venu de ses montagnes dans le village paysan anodin !lol
Derrière l'auberge, elle trouva des traces de cheval, et en entendit un qui s'échappait au galop. Sur la route, déjà, nos héros avaient repéré des traces de sabots plutôt nombreuses. De retour dans l'auberge, le CrabeTroll1et le DragonTzyainterrogèrent vivement les paysans.
Ceux-ci, prêts à s'uriner dessus, avouèrent que l'homme qui venait de s'enfuir appartenait à la bande de pillards. Il venait régulièrement rançonner le village. Lui ou un de ses acolytes ne tarderait à revenir...
En fin de journée, Ryu-san passa l'air de rien près des deux rônins, postés à l'autre bout du village, et apprit d'eux que les bandits arriveraient d'ici quatre jours.
Les deux rônins se mirent en faction à une entrée du hameau, tandis que Shigeru et Ryu fermaient l'autre entrée.

L'attente pendant ces quatre jours fut longue. Shigeru allait régulièrement se réchauffer à l'auberge, si bien qu'il eut vite gouté à tous les alcools locaux, et pratiqué plusieurs mélanges tonifiants. Ca lui rappelait les permissions, une fois par mois, où les virées de Crabe quittaient la grande muraille, et allaient se distraire à "l'arrière", loin des horreurs de Fu-Leng. Plusieurs villages étaient spécialement préparés pour accueillir les permissionnaires, et ramasser les énormes masses de muscle avinées, le soir tombé. Ripailles, beuveries, débordements, virées chez les filles, les grands moments de la détente chez les Hida, quand ils ne rentraient pas tout simplement chez eux, se faire crier dessus par leur femme à cause de leurs mauvaises manières, que même le rugissement d'un oni était parfois préférable à leurs épouses et à tous les gamins pullulant qu'ils trouvaient dans leurs demeures, chaque fois plus nombreux ! lol
Pendant ce temps, Ryu-san méditait, tandis que Sotan et Riobe s'entraînaient à la lutte, se projetant et s'envoyant dans la neige, pour entretenir leur vigueur et leur agilité.

Au matin du quatrième jour, Sotan fit craquer les articulations de ses doigts, resserra les fils de son armure ; Riobe fit quelques assouplissements et positionna son katana, lame vers le bas, et prit son arc ; Ryu-san sortit d'une longue méditation, tandis que Shigeru but un dernier canon, fit craquer ses doigts, et se posta à l'entrée du village.
Le Crabe et le Dragon ne tardèrent pas à voir arriver sur la route un moine itinérant, un casque en panier sur la tête, jouant de la flûte d'une main, et s'appuyant sur une canne de l'autre. Shigeru-san et Ryu-san le saluèrent, puis le laissèrent entrer dans l'auberge.
Peu après arrivèrent deux paysans portant sur leurs épaules deux gros ballots, bien rembourrés. Ils pliaient sous leur fardeau. Shigeru-san les fit poser leur charge, et tâta du bout du tetsubo, pour être sûr qu'ils n'y cachaient rien. :baton:
Il entendit alors un léger cliquetis métallique dans l'emballage, ce qui le rendit suspicieux, et rugissant...Troll3
- Que cachez-vous LA-DEDANS ??!!
C'est alors que l'un des deux paysans sortit un say de sa manche, et voulut s'attaquer au Crabe. Hélas pour lui, Ryu-san avait déjà dégaîné, et le bandit se retrouva coupé en deux proprement, étalé dans la neige, maculée d'un grand jet de sang. Venu de l'intérieur de l'auberge, le moine dégaina alors une lame cachée dans sa canne, et se précipita sur les deux samuraï. Shigeru-san sut le recevoir comme il fallait : il s'empara d'un des ballots, et l'envoya au visage du faux moine, qui repartit dans l'auberge encore plus vite, et alla rouler à terre, les quatre fers en l'air.
Pendant ce temps, l'autre malandrin essaya de s'enfuir, implorant en même temps la clémence de Ryu-san -qu'il n'obtint pas, et alla pour de bon à terre, son corps meurtri dans la grande neige qui buvait déjà son sang impur.

On entendit alors approcher, sortant de la brume enneigée, quatre cavaliers, chevauchant leurs petits poneÿs en hurlant comme des damnés. Ils brandissaient de grosses lances. Riobe et Sotan avaient déjà accourus auprès des deux samuraï, quand on entendit venir de l'autre côté trois semblables cavaliers.
De ce côté-ci, les quatre cavaliers lancèrent la charge en même temps. Leurs sabots firent un vacarme dément dans la campagne silencieuse. La neige tremblait partout, à l'approche de leur assaut impitoyable. Riobe encocha une flèche, une de celle vendue par Yasuki Taka -c'était le moment de savoir si elles allaient au bout à tous les coups ! Il tendit la corde, et la flèche partit en sifflant dans l'air glacé. Un des attaquants la reçut de plein fouet. Il parvint à se maintenir en selle, mais il chancelait. Les lances brandies en avant, les pillards foncèrent sur nos héros. Ryu-san en frappa un en se jetant de côté : le coup de katana, précis et fulgurant, atteignit grièvement le misérable, qui fut emporté plus avec son cheval, le sang giclant de son ventre, avant de s'effondrer enfin, en pleine rue. Au même moment, les deux autres cavaliers chargeaient de plein fouet sur Sotan et Shigeru. Ce dernier parvint à éviter en partie le choc, mais il fut lourdement frappé. Néanmoins, solide comme le roc, il ne montra aucune faiblesse. Enfin, Sotan ne put éviter son ennemi : il fut frappé en pleine poitrine par la lance, avant de passer sous les sabots du cheval, piétiné, roulé en tous sens par le galop de ce dernier. Pendant que Shigeru se hâtait de le sortir du chemin, les trois cavaliers encore en état étaient arrivés au milieu du village, faisaient demi-tour, et lancèrent à nouveau l'assaut.
Nos trois héros étaient prêts à le recevoir. Les coups de sabre furent simultanés, et implacables comme le souffle du froid : ils lacérèrent les cavaliers, qui se trouvèrent soit hors d'état de combattre, allant mordre la neige quelques mètres après, soit si malmenés qu'ils s'enfuir sans demander leur reste.
Il en venait encore trois autres. Riobe rencocha rapidement, et tira aussitôt. La flèche, meurtrière comme promis par Taka-sama, atteignit la cible, et la fit tomber à terre, comme frappée par la foudre. De leurs côtés, Shigeru et Ryu se portèrent en avant, vers les deux cavaliers lancés au galop, et frappèrent à l'unisson, achevant les deux pillards rapidement, une fois ceux-ci fracassés dans leur élan.
Troll1

La fureur du combat retomba aussitôt, comme un feu aspergé d'un grand seau d'eau. Il n'y eut soudain plus que la plainte du vent, le souffle haletant des guerriers, la fumée de leur haleine, et le gémissement des vaincus. Ils se dépéchèrent d'en interroger un, Shigeru le soulevant de terre par le cou. Ils apprirent de lui qu'ils étaient envoyés pour rapter des femmes et des enfants, et les ramener non loin de là, dans la forêt. Ils obéissaient à un certain Nakiro, qui n'accueillaient pas ses victimes pour les dorloter -mais ce n'était pas l'affaire du misérable en l'occurrence. Ils apprirent enfin qu'un certain Matsu Bashô, au début du mois du Rat, quelques jours avant la cour d'hiver, était allé dans ce camp de la forêt, et qu'il agissait bien de concert avec Nakiro.
Ils achevèrent le bandit.

Les paysans osèrent enfin sortir de leurs maisons, pour voir tous les pillards, morts ou pas loin de l'être, jetés à terre par le tonnerre d'Osano-Wo.
Nos héros décidèrent de s'occuper de soigner leurs blessures, car l'attaque des pillards avait fait saigner Shigeru et Ryu, même s'ils assuraient qu'il ne s'agissait de rien de grave.
Il n'en allait pas de même pour Sotan. Sauvagement frappé et piétiné, il était dans un très vilain état... Riobe s'occupa qu'il soit bien soigné. Mais hélas, il n'y avait pas de médecin ou de barbier dans ce village perdu. La fièvre gagna rapidement le corps de Sotan, qui délira pendant une bonne partie de la nuit. Il avait subi des blessures qui auraient tué net n'importe quel samuraï ordinaire. Il se tordait maintenant de douleur, à moitié inconscient, et hurlait si on le touchait.

Never seen a bluer sky
Yeah I can feel it reaching out
and moving closer
There's something 'bout blue


Riobe comprit que c'était la fin pour son compagnon. Le rônin ne reverrait jamais la grande Muraille. Il avait combattu à mort pour retrouver son honneur. Il avait été le premier à se mettre en avant face aux cavaliers, et il les avait vu arriver sans faillir, en regardant la mort au galop en face.
Toute la journée, Sotan geignit, se tordit de douleur, trembla et sua abondamment.

Asked myself what it's all for
You know the funny thing about it
I couldn't answer
No, I couldn't answer

Things have turned a deeper shade of blue
and images that might be real
may be illusion
Keep flashing off and on


Finalement, en fin de journée, Sotan parvint à retrouver sa lucidité. Il jetait ses dernières forces pour parler. Il fit signe à Riobe de s'approcher :
- C'est fini pour moi, mon vieux Riobe... j'aurai tout fait... Mais je veux mourir comme un samuraï... emmène-moi...
Riobe ordonna à deux etas d'amener une civière, sur laquelle ils chargèrent Sotan, qui ne pouvait se retenir de gémir à chaque mouvement. Il fallait faire vite, car Riobe ne voulait pas voir le Crabe déchu exprimer sa douleur. On porta Sotan derrière le village, près d'un gros buisson, au pied d'un arbre, contre lequel Riobe aida son ami à s'appuyer.

Free...
Wanna be free, Gonna be free
and move among the stars
You know they really aren't so far


Sotan avait pu se redresser tant bien que mal. Les deux etas se tenaient à distance, dos tourné à la scène. Riobe donna à Sotan son wakisahi. Celui-ci faisait de son mieux pour ne pas gémir.
- Tu vois, Riobe... c'est peut-être la chose de mieux qui m'est arrivée... de déchoir... C'est à ce moment que j'ai compris ce qu'était l'honneur... je t'ai rencontré... j'ai compris ce que c'était de vivre pour l'honneur... tu m'as montré la voie, doshi...
- Courage, doshi, je sais que tu ne failliras pas...
Sotan prit à deux mains le wakizashi, fermement, tous les muscles tendus par la douleur. La neige tombait en virevoltant, dansante dans le vent d'hiver.

Feels so free...
Gotta know free... Please...
Don't wake me from the dream
It's really everything it seemed


- Adieu Riobe, murmura Sotan...
Le Crabe vit les délicats flocons blancs venir se poser sur lui, comme des plumes brillantes.

- La neige... la neige...

Brusque, dur, Sotan se rentra le wakizashi dans le ventre. Robe était prêt. L'entaille du wakizashi fit défaillir le Crabe de douleur. Riobe mit fin à cette épreuve en coupant la tête de son ami.
Le vent d'hiver passa soudain en rafala. De gros paquets de neige tombèrent d'arbres proches.
Riobe ordonna aux etas d'emporter le corps du Crabe, dont l'âme rejoignait maintenant celle de ses ancêtres. Un lourd silence était tombé sur le village, la forêt et toute la campagne environnante, tandis que les corbeaux croassaient dans leurs branches, et que les etas s'en allaient, chargés du cadavre sur la civière...

I'm so free...
No black and white in the blue

Everything is clearer now
Life is just a dream, you know
that's never ending
I'm ascending



10e Episode : Les subtilités de la cour - Gaeriel - 13-01-2005

Lucinius,13/01/2005 à 15:27 Wrote:La 5e Réincarnation : 10e Episode (II)

L'INNOCENCE DE LA NEIGE

elle courut, elle trébucha, elle tomba....
ca c du tripling de qualité...

décidement ton art littéraire depasse de loin les actions des personnage wink


10e Episode : Les subtilités de la cour - Darth Nico - 13-01-2005

On appelle ça rythme ternaire, en section L. lol

tu imagines le ralenti soudain, et Ryu qui s'étale, en mouvements saccadés, progressivement, et là, clignotant à l'écran :

OWNED !


10e Episode : Les subtilités de la cour - Gaeriel - 13-01-2005

le gros owned de base.... effectivement...

Mais je me demande comment as tu fais pour qu'elle se casse la gueule, tu lui as quand meme pas demandé de faire un jet pour courrir ou deviendrais tu mechant toi aussi...?


10e Episode : Les subtilités de la cour - Darth Nico - 13-01-2005

Jet à 5 en Athlétisme. pour courir dans la neige. Spamafote
Faisable même sans la compétence.

Suite du récit. wink