![]() |
Le coeur d'Océanie - Printable Version +- Forum du Mamarland (http://forum.chezseb.ovh) +-- Forum: Jeux de rôles (http://forum.chezseb.ovh/forumdisplay.php?fid=3) +--- Forum: Vampire (http://forum.chezseb.ovh/forumdisplay.php?fid=8) +--- Thread: Le coeur d'Océanie (/showthread.php?tid=616) |
Le coeur d'Océanie - Darth Nico - 11-06-2005 Tain si Corso revient à Paris maintenant, et sort des dossiers compromettants sur le Sénéchal, c'est la fin de sa carrière ! ![]() Le coeur d'Océanie - sdm - 11-06-2005 J'espère que tu l'arrose copieusement pour qu'il garde un silence ricanant ![]() Le coeur d'Océanie - Darth Nico - 11-06-2005 sdm,11/06/2005 à 00:34 Wrote:J'espère que tu l'arrose copieusement pour qu'il garde un silence ricanantTain, gna mass-corruption si je veux qu'il ferme sa gueule de hyaÿne. :baton: ... Larsen, c'est le nom du boulay de Malkav. ![]() Le coeur d'Océanie - Riobe - 13-06-2005 Pas mal du tout ce petit passage ![]() ![]() En tout cas le tandem Corso/Lucinus marche toujours aussi bien ![]() Le coeur d'Océanie - Darth Nico - 15-07-2005 LE COEUR D'OCEANIE Résumé : D'abord, une fausse conspiration à Paris, qui s'avère être une opération montée par Lucinius pour partir en Océanie, avec l'aide de Corso, Loren et Benedict. Puis Lucinius et Corso arrivent sur l'île de la Tortue. Puis ils sont à la dérive, sur leur radeau, au beau milieu de la mer des Sargasses. Puis dans un navire, à fond de cale avec le nabot Kuei-Jin, avant que nous les retrouvions à bord d'un sous-marin piloté par un certain Tuang-Loc. Bref, après presque un an de présence sur ce topic, nos héros tournent toujours en rond. ![]() Ruissellements Il tournait en rond, il poussait ses petits grognements. Ses poings se crispaient. Il tenait pas en place dans la petite cabine du sous-marin. - Vous verrez, Lucinius, vous verrez, nous allons retrouver Krueger, nous allons le retrouver… Il poussait ses discrets glapissements, il tournait et se retournait. - A quelles profondeurs sommes-nous maintenant ? Allongé sur sa couchette, Lucinius s’inquiétait de plus en plus. Il ne parvenait pas à trouver le sommeil dans cette pénombre moite. Il se tournait d’un sens et de l’autre sur son lit. Il fixait le plafond, juste au-dessus du bout de son nez. Ou bien il regardait du coin de l’œil son compagnon de cabine se mordiller les doigts, exécuter des débuts de coup de pattes, marmotter, pousser des débuts de rires sarcastiques. Une lueur de plus en plus faible éclairait la pièce. On entendait que le bruit sourd des abysses, des martèlements métalliques, le ronronnement continu des moteurs. Trois fois déjà un soldat était venu apporter des poches de sang aux deux passagers. Et ce soldat venait toutes les six heures. - Nous sommes vraiment allés au fond des choses, Corso. - Attendez donc d’avoir rencontré Kruegger… Vous m’en reparlerez alors du fond des choses… Oui, vous m’en reparlerez… - Corso, je ne suis pas tranquille. J’ai l’impression que les murs sont humides. Ils transpirent… - Qu’est-ce que vous me racontez ? C’est étanche un sous-marin, non ? - Touchez donc : de ce côté-ci du mur, ils sont humides. - Oui, vous avez raison. Mais c’est tout l’air de cette boîte de conserve qui est humide. Et moi, je ne suis pas fait pour vivre dans un cylindre d’acier. Je ne suis pas une sardine. J’ai besoin de plus d’espace et de terre ferme. - Je n’aime pas l’idée que nous sommes à des kilomètres sous l’eau. - Qu’est-ce que vous en savez ? Si ça se trouve, nous naviguons au ras de la surface. Arrêtez donc de vous monter l’imagination à tout propos. - Non, je suis certain que nous naviguons très profonds. Nous sommes en longue croisière. - Nous ne tarderons pas à faire surface de toute façon. Ça ne prend pas des mois de voyager de la mer des Sargasses à l’Australie… - Et moi je vous dis que ces murs ruissellent… - Vous n’avez qu’à les éponger si ça vous inquiète tant que ça. Vous n’êtes pas claustrophobe quand même, non ? - Ne parlez pas de malheur… - Quoi ? non mais vous n’êtes pas claustro quand même ! - Pas à ma connaissance… - Bon eh bien, dans ce cas, arrêtez de me casser les oreilles. Nous sommes dans un sous-marin, pas une passoire… - Ça, je me le demande. Cet appareil n’es pas militaire. Nous n’avons aucune garantie de sa qualité. Le capitaine, ce Tuang-Loc, n’est qu’un mercenaire… Et son équipage une bande d’apatrides. Ils sont sans foi ni loi… - Et alors ? Même les mercenaires ne voyagent pas dans des paniers percés. ![]() Une minute après, alors que Corso s’allongeait sur sa couche, un choc violent secoua tout le sous-marin. Un bruit sourd résonna dans tout le bâtiment. - Là, nous avons heurté quelque chose ! Lucinius s’affola. Il se leva, tout comme Corso. Les lumières s’éteignirent soudain. Le Gangrel alluma les yeux de la bête : il y voyait aussi bien qu’un lupin dans le noir. Lucinius pouvait distinguer les sources de chaleur, comme un humain équipé de lunettes spéciales. Une alarme se mit à retentir. Nouveau choc. BRRROOMMM. Enorme fracas, qui renversa le Requin Bleu. Les deux Caïnites basculèrent en avant, allant cogner contre la porte de leur cabine. BROOOMMM. Nouveau fracas assourdissant, comme si un marteau géant tapait sur la coque. Le bâtiment se renversa dans l’autre sens, et nos deux héros basculèrent en arrière sur leurs couchettes. L’alarme retentissait toujours. La porte s’ouvrit : un jeune marin ordonna aux deux passagers de quitter les lieux tout de suite et de le suivre. Ils obéirent sans discuter. Le marin était effrayé, la situation était grave. Ils coururent jusqu’au poste de navigation. Le capitaine était là : il essayait de coordonner le personnel de navigation, devant ses écrans, alors que l’affolement régnait. Des voyants rouges s’allumaient partout sur les ordinateurs. Des vues caméras montraient des chambres inondées, des marins noyaient à l’intérieur, qui se débattaient encore contre l’asphyxie. Sans espoir pour eux. Le capitaine Tuang-Loc ordonna qu’on éteigne ces caméras de surveillance. Glacés d’effroi, malgré la chaleur lourde des lieux, les soldats s’exécutaient. Ils se parlaient en vietnamien, mais les deux Caïnites comprenaient que la situation empirait rapidement. Des voies d’eau s’ouvraient en plusieurs endroits : la coque avait été éventrée à l’avant et à l’arrière. Les schémas sur ordinateurs indiquaient que le gouvernail était hors d’usage, tout comme la plupart des systèmes de propulsion. Le Requin Bleu était immobilisé, en proie aux dangers des grands fonds. Corso tenta plusieurs fois, et Lucinius plus timidement, de s’informer de la situation auprès de Tuang-Loc. A la fin, le Gangrel, agacé, attrapa à la gorge le capitaine. Deux soldats sortirent aussitôt leurs pistolets et braquèrent le Gangrel. Lucinius leur lança un regard qui les plongea dans une transe hypnotique. Les autres soldats continuaient désespérément d’appeler leurs camarades, d’organiser les secours. Des équipes se précipitaient déjà à l’avant, vers le sas de sauvetage. A l’arrière, l’eau se déversait dans les soutes, emportant avec elle la vie des malheureux restés en arrière. Prisonniers de sas hermétiquement fermés, ils commençaient par lutter comme des poissons hors de l’eau, avant de succomber… Corso serrait Tuang-Loc à la gorge : - Maintenant, capitaine, vous allez me dire ce qui s’est passé, et comment vous compter nous tirer de là… - Arrêtez, vous ne m’impressionnez pas, gémissait le capitaine, qui luttait contre la poigne de Corso. Je dois sauver mes hommes. - Vous êtes chargé de notre sécurité, pas de celle de vos soudards ! - Alors, démerdez-vous pour fuir vers l’avant, et laissez-moi faire mon devoir ici ! - Non, ça ne va pas se passer comme ça ! Tu vas nous accompagner et t’assurer que nous quittons en sécurité ta coquille de noix ! Corso avait commencé à faire pousser ses griffes sur la gorge de l’Asiatique. Celui-ci donna l’ordre à son second de prendre le commandement du navire. - Voilà qui me paraît plus raisonnable. Et ne me joue pas le coup de l’honneur du capitaine : ton second fera très bien l’affaire pour quitter le dernier l’appareil ! Alors qu’ils quittaient le poste, Tuang-Loc dit : - Je le fais pour sauver ma famille. Si Lum-Khan apprend que je suis responsable de votre noyade, il exterminera sans hésitation tous ceux que je connais. - On en attendait pas moins de lui, grogna Corso. - Que s’est-il passé ? demanda Lucinius, fou d’inquiétude. - Nous avons été attaqué par des mines sous-marines. Un bâtiment de guerre léger. Nous ignorons au service de qui il est !... A suivre... ![]() Le coeur d'Océanie - sdm - 15-07-2005 Encore un rebondissement étourdissant ![]() ![]() Le coeur d'Océanie - Darth Nico - 25-07-2005 LE COEUR D'OCEANIE Résumé : L'eau coule dans le sous-marin et le sous-marin coule dans l'eau... Ruissellements (suite) Soudain, une inclination brusque du bâtiment manqua jeter les trois hommes à terre. - Nous remontons à la surface, dit le Vietnamien. Ils ont de quoi nous draguer… Des cordages, des grappins, énormes… - Vous voulez dire qu’ils vont pêcher tout ce sous-marin comme une huître ? - Les deux vampires et le capitaines se réfugièrent dans le sas avant du bâtiment. Des coups sourds portèrent sur la coque. Tuang-Loc respirait de plus en plus mal. - Ils ont dû toucher les convertisseurs d’air… Il haletait, tenait sa gorge. - Il va falloir tenir le coup, lui dit Lucinius. Par à-coups très brusques, le sous-marin remontait, de plusieurs mètres à la fois, avant de se stabiliser, puis de remonter encore. Un écran de surveillance montrait que l’ensemble du bâtiment était maintenant sur le point d’être submergé. Aucun des hommes n’en réchapperait. L’eau se déversait partout, déferlant sus à l’équipage, pour les engloutir, dans sa furie, dans le silence impénétrable de ses abysses. - C’est horrible, disait Lucinius. C’est horrible… Tuang-Loc était tombé à genoux. - Il n’a presque plus d’air pour respirer, Corso. Il faut faire quelque chose. Nouveau choc : le sous-marin remonta encore, tiré par l’arrière. - Nous sommes à l’avant, remarqua Corso. Ce qui veut dire que les torpilles ne sont pas loin. Le moindre coup là dedans… - Si on avait voulu nous faire sauter, ce serait déjà fait. Tuang-Loc haletait, couvert de sueurs. - Ca sent fort l’air vicié, dit Corso. Allez, relevez-vous maintenant ! - Vous en avez de bonnes, vous ! Ce type est en train d’étouffer… - Et il est notre seul aide… Corso réfléchit une seconde, puis dit : - Nous n’avons plus qu’à tenter le grand plongeon, en espérant que la pression ne nous écrasera pas. - Quoi ? vous ne voulez pas… Une remontée brusque interrompit le Toréador. Le sous-marin était penché presque à la verticale vers l’avant. Les trois occupants du sas furent jetés vers la paroi avant, tout contre le magasin de torpilles… Corso monta l’échelle vers l’étage supérieur, aida Lucinius, qui tenait Tuang-Loc dans ses bras à monter, puis se prépara à ouvrir l’ouverture de secours au-dessus de lui. - Prêt pour le plongeon ? - Tuang-Loc ? Vous allez tenir le coup ? Pour toute réponse, le capitaine gémit quelques mots incompréhensibles. - Il faudra bien ! dit Lucinius. Corso ouvrit le sas : l’eau se déversa en cascades dans l’appareil. Le Gangrel fut étourdi par la violence de la pression. Un humain aurait été assommé. L’eau envahit rapidement le sas, et les derniers passagers, immergés entièrement, n’eurent qu’à se laisser sortir du sous-marin. Corso passa le premier et derrière lui Lucinius qui aidait Tuang-Loc. La clarté de l’eau laissait présager que la surface était proche. Et avec la surface, la lumière du jour. Réalisant cela, Corso fut attaqué par une frénésie atavique, propre aux vampires. Il replongea de toutes ses forces, effrayé. Lucinius aussi, frappé des premières clartés du jour, lâcha Tuang-Loc, qui remonta tout seul vers la surface. Les deux Caïnites replongèrent vers le sous-marin. L’ombre d’un bâtiment de guerre glissait au-dessus d’eux, pendant que le bruit de ses moteurs tonnait dans l’eau. Les occupants du navire avaient proprement harponné le Requin Bleu à l’aide d’une énorme pince mécanique, grâce à laquelle ils le remontaient. - C’est bien ce que je disais, pensait Corso, comme une huître… ![]() Alors que Corso et Lucinius, pour échapper au puissant bâtiment inconnu, plongeaient vers les fonds noirs, et qu’ils avaient presque perdu de vue la surface, ils furent éblouis par deux projecteurs, braqués en plein sur eux. Un gros submersible s’approchait d’eux, comme un étrange prédateur : un bathyscaphe ovoïde, destiné à l’exploration des fonds. Il avançait silencieusement, se signalant seulement par un léger ronronnement. Il éteignit ses projecteurs aussitôt après les avoir braqués sur les deux vampires affolés par la lumière. A la surface, Tuang-Loc était recueilli par le navire. Un sas s’ouvrit sous le bathyscaphe, qui invitait manifestement les deux naufragés à venir à bord. - Nous ne tiendrons jamais dans cet œuf d’autruche, pensa Corso. A la suite de Lucinius, le Gangrel s’engagea pourtant sous l’appareil. Ils sortirent la tête à l’air libre, alors que le sas se refermait sous leurs pieds. Mais ils avaient de l’eau jusqu’aux épaules. Le pilote était logé dans le compartiment juste au-dessus. Le bathyscaphe plongea brusquement, tout en passant la vitesse maximale. Son vrombissement s’amplifia, comme celui d’une ruche tombée à terre. Des charges explosèrent soudain à proximité du submersible, éclairant l’eau d’éclatantes lumières. Des secousses agitèrent l’appareil. Serrés dans quelques mètres carrés inondés, leurs voix déformées, rendus métalliques, par la profondeur Lucinius et Corso ne savaient plus comment se tenir pour garder leur équilibre. Ils buvaient la tasse après chaque explosion. Le navire de guerre larguait ses mines avec de plus en plus de précision… Mais la vitesse de plongée s’accélérait. Les explosions furent de plus en plus lointaines. Le calme des profondeurs revint, solennel comme un cimetière. - C’était une belle connerie de rentrer là-dedans, grogna Corso, en fixant au-dessus de sa tête le sas qui menait au pilote. Qui sait qui est aux commandes ? - Impossible de toute façon de s’en aller maintenant… Et je pense que Tuang-Loc est sauf. - Oui, mais votre chinetoque a été recueilli par des gens qui voulaient couler son sous-marin… - Qui a pu venir à notre secours ? Corso tapa à plusieurs reprises sur le plafond. - Allez, le voisin du dessus ! Montre-nous ta bobine ! Pas de réponse. Le bathyscaphe repartait toujours plus vite vers le silence des fonds. - Allez mon gros ! Montre-toi ! Tu ne vas pas nous laisser croupir dans notre bain de siège ! Le levier du sas pivota, tandis que l’engin filait tout droit. La cloche en acier s’ouvrit. Au-dessus des deux Caïnites, les braquant d’un revolver, se tenait au poste de pilotage le nabot kuei-jin. Corso, apeuré, glissa sur le fond de l’engin et tomba à l’eau. Lucinius voulut l’imiter. - Faire silence maintenant, compris ? dit le Cathéen, en pointant du doigt le canon du revolver. Corso ressortit la tête de l’eau, en fixant d’une grimace haineuse l’asiatique. Sans y prêter attention, le kuei-jin referma le sas et le verrouilla. Lucinius baissa le regard et se prit la tête dans les mains. - Qu’allions-nous faire dans cette galère, soupirait-il. L’engin continua pendant des heures à s’enfoncer dans l’inconnu. A suivre... ![]() Le coeur d'Océanie - sdm - 25-07-2005 ![]() ![]() la suite ! ![]() Le coeur d'Océanie - Darth Nico - 26-07-2005 LE COEUR D'OCEANIE TROISIEME PARTIE : LE COEUR D'OCEANIE Résumé : Il était une fois deux Caïnites qui inventèrent le mouvement perpétuel du naufrage... Java pour Valtero En début de soirée, à bord d’un navire marchand battant pavillon chinois, qui mouillait au large d’un petit port d’Indonésie, Gianmaria Valtero, le mercenaire engagé par Loren, entouré d’une dizaine de marins asiatiques, consultait des cartes de navigation. - Avec ce typhon évité de peu, nous n’avons pas complètement perdu la route, mais nos instruments de navigation en ont pris un coup. D’où ce détour important. Et pour ce soir, pas d’autre moyen que de racheter du carburant. Il tentait d’imposer son autorité aux soudards qu’il avait embauchés. L’un d’eux parlait anglais comme Valtero et traduisait au reste de la bande. Les asiatiques étaient tous énervés. Il fallait mettre au compte de ça la lourde chaleur, les moustiques, et les fatigues du voyage. Mais Valtero sentait bien aussi qu’il se faisait difficilement accepter de l’équipage. Tous fumaient des cigarettes à la chaîne, parfois toussant de l’épaisse fumée en suspension dans la pièce. Ils portaient sur eux un ou plusieurs couteaux et savaient s’en servir. Ça pouvait vite mal finir pour l’Italien… - Ecoutez-moi, dit Valtero en fixant dans les yeux son équipage, nous mouillons ce soir au port, le temps de remplir à nouveaux les réservoirs. Et on se charge à plein. On s’alourdira, mais tant pis. Du coup, nous finissons d’une traite notre traversée ; nous avons assez de provisions pour cela : L’idée d’une si longue traversée répugnait en fait à Valtero. Il n’avait pas le pied marin, tant s’en faut, mais son métier de factotum des opérations secrètes l’obligeait souvent à affronter la vie en mer. Et étant donné le prix que payait ce Loren, il ne pouvait refuser ce sacrifice… - Regardez donc cette carte, et vous verrez comme moi, bon Dieu !, que nous pouvons encore être dans les délais au large du nord de Java ! Il y aura une prime pour tous si nous y sommes moins de quinze heures en retard ! Ce n’est pas le bout du monde pour des hommes expérimentés comme vous ! Vous affrontez les typhons comme d’autres les bouchons sur l’autoroute, alors ne me faites pas croire à votre incompétence !… Secouez-vous et la récompense en vaudra la chandelle ! Mon client paye très bien, laissez-moi vous le dire. Vous n’en trouverez pas toute votre vie des missions comme celle-ci ! - Toute notre vie, ça risque d’être court, répliqua, acerbe, l’interprète asiatique. Vous êtes bien conscients que nous bravons toutes les polices nationales, et que si nous sommes pris, nous serons rapatriés en Chine, et nous finirons avec une balle dans la nuque. - Ouais je sais, répliqua Valtero en allumant une cigarette, même que c’est vos familles qui doivent payer la balle ! Je les connais les méthodes de Pékin !… Elles n’ont pas trop changé depuis Mao, tout le monde sait ça. Mais moi je vous dis que ça vaut largement la balle dans la nuque ce que je vais vous payer au final. Et avec ça, croyez-moi que vous pourrez vous en payer des caisses de munitions ! - Ca suffit, monsieur l’Italien. Cessez vos plaisanteries de mauvais goût, car je vous signale que l’équipage peut très bien décider de vous abandonner à la mer ! De fait, tous les regards convergeaient vers Valtero, chargés d’hostilité. - Mais enfin, écoutez-moi ! Un coup pareil vaut bien de prendre des risques. Et c’est moi-même, en personne, qui irai négocier avec les autorités pour l’achat du carburant ! Vous n’aurez rien à faire qu’à m’attendre et à vous assurer du débit des pompes. Je ne vous demande rien que de me conduire à bon port rapidement… Et à me, à nous défendre ! si jamais vos collègues pirates voulaient nous aborder. - Nous n’avons rien à craindre des équipages indépendants de ces mers, monsieur Valtero, et vous le savez très bien, car nous tous, nous sommes protégés par le seigneur Lum-Khan. Si jamais nous étions attaqués, la vengeance du maître de l’Océanie s’abattrait comme la foudre sur les coupables, et sur les familles et les amis et les amis des familles des coupables… - Eh ben, on peut pas dire que ce soit un tendre votre Lum-Khan. Il est pire que mes patrons… Mais tant mieux, pas vrai ! Si votre grand Khan nous protège, alors tout va bien ! ![]() Les autres marins s’agitaient. L’interprète devait traduire au fur et à mesure sa conversation avec Valtero, et les marins répliquaient vertement à la face de l’Italien. Et celui-ci comprenait leur animosité sans qu’il ait besoin de traduire. - Vos patrons ne sont pas plus tendres que Lum-Khan, monsieur Valtero, mais ils dissimulent plus leurs méthodes. Lum-Khan, lui, n’a aucun scrupule à agir comme il le fait. - Ouais, un peu comme Attila quoi. - Non, c’est un descendant de Gengis Khan, pas des Huns. - Ecoutez, ça pourrait bien être le frère de Tarass Boulba que ça ne m’empêcherait pas de dormir, entre nous soit dit ; moi j’espère juste voyager tranquillement jusqu’à Java ! - Ce ne sont pas les équipages que nous avons à craindre, mais un contrôle inattendu de la douane, monsieur Valtero ! - Mais votre Lum-Khan ne peut pas les neutraliser eux aussi ? - Pas si simple. Nous ne payons pas assez cher le Requin Bleu pour cela. - Qu’est-ce que c’est que ça, le Requin Bleu ? L’organisation de Khan ? - Oui. Le Requin Bleu mène les opérations du maître de l’Océanie. Mais nous ne payons pas assez notre protection pour que le Requin neutralise les douanes nationales. - Sacré bonne Vierge, la prochaine fois, je m’adresserai à ceux qui payent toute la redevance !… - Ceux-là, ce sont les agents d’élite du Khan. Et eux n’accepteraient pas de traiter avec vous. - Vous êtes en train de me dire que j’ai embauché des seconds couteaux, fit l’Italien avec un haussement d’épaule. - Cessez d’être insultant, Valtero, car par politesse, je ne traduis pas tous vos propos, mais ça pourrait changer, vous comprenez ? Je dilue vos paroles pleines d’injures, mais si je décidais d’être plus fidèle, l’un des marins finirait par vous sauter à la gorge, c’est compris ? - Entendu, j’ai compris. Bon, alors parlons peu parlons bien, dans combien de temps peut-on être à Java ? L’interprète consulta la dizaine d’hommes d’équipage. Ceux-ci lancèrent plusieurs chiffres, chacun essayant d’imposer sa voix par-dessus celle des autres. - Alors, combien ? - Pas avant trente heures. - Le temps de faire le plein compris ? - Non, trente heures à partir du moment où nous levons l’ancre. - Sacré nom de nom !… Nous accumulons un retard considérable. Que va dire Loren ? Il va m’attendre pendant près de vingt heures à Java. Et il a insisté pour que nous nous rencontrions de nuit. Le temps d’arriver, le jour va se lever, et nous aurons encore toute une journée à attendre, soit encore près de douze heures perdues… Et le jour, nous risquons encore plus un contrôle de la police maritime… - Même s’ils viennent fouiller le navire, ils ne trouveront rien d’illicite dans les cales. Mais ce sera à vous d’être persuasif si vous voulez éviter que cela se termine en bain de sang. Je vous préviens que ces marins sont des guerriers de métier. Ils savent se battre, monsieur Valtero. Ils égorgeront tout le monde, vous compris, et se feront tuer plutôt que prendre. - Ca fait plaisir d’avoir affaire à des durs, croyez-moi, sourit, fatigué, l’Italien. - Que décidez-vous alors ? - Nous finissons la nuit ici. Nous prétexterons une avarie machine légère. Nous repartirons à l’aube. Le temps du voyage, nous arriverons le soir à Java. Je vais prévenir Loren que nous décalons notre rendez-vous d’une journée ; sacré bon Dieu, comment prévoir qu’un typhon nous tomberait dessus en cette saison ? Il va être furieux mais je n’ai pas le choix, pour notre sécurité à tous. L’interprète avait traduit la décision de l’Italien. - Les hommes pensent que c’est une bonne décision. Ils acceptent de continuer avec vous, mais ils veulent une prime en arrivant à Java. - Ils l’auront, mais je ne veux pas une minute de retard sur notre nouveau planning, compris ? - Nous serons demain soir au rendez-vous, monsieur Valtero. A suivre... ![]() Le coeur d'Océanie - sdm - 28-07-2005 Aaaah le petÿ personnel ![]() ![]() |