Forum du Mamarland
26e Episode : Dharmic Blues - Printable Version

+- Forum du Mamarland (http://forum.chezseb.ovh)
+-- Forum: Jeux de rôles (http://forum.chezseb.ovh/forumdisplay.php?fid=3)
+--- Forum: Le Livre des Cinq Anneaux (http://forum.chezseb.ovh/forumdisplay.php?fid=11)
+--- Thread: 26e Episode : Dharmic Blues (/showthread.php?tid=222)

Pages: 1 2 3 4


26e Episode : Dharmic Blues - Darth Nico - 06-11-2007

Chacun son Illumination, quoi.Spamafote
Certains vont bêtement au paradis céleste (où on se fait bien chier, vu que ya plus de secrets), d'autres, au contraire, descendent (mais c'est plus animé).


26e Episode : Dharmic Blues - sdm - 06-11-2007

En bas en plus on peut se moquer de ceux d'en haut qui sont très laÿdsredaface2


26e Episode : Dharmic Blues - Darth Nico - 06-11-2007

Descendre plus pour se moquer plus...Mwe


26e Episode : Dharmic Blues - sdm - 06-11-2007

Et puis on peut les mordreayame


26e Episode : Dharmic Blues - Darth Nico - 06-11-2007

Ayame va créer son propre royaume pour rebelles. Après le Monde des Vivants, des Morts, des Rêves, des Dieux... le Royaume de la Rage.Punk

- Salut à toi le Naga ! salut à toi le Phénix ! salut à toi le Licorne ! salut à toi le Goju ! salut à tous les Kolat !...


26e Episode : Dharmic Blues - sdm - 06-11-2007

Pour rester dans la zik, je zonnais et j'ai trouvé ça :

The light of the full moon shines down,
illuminating the world with its divine light
When my lover sneaks in to visit me,
I wish that the clouds would hide that light just a little.


C'est (d'après monsieur internet) un des couplets de notre hymne de l'Ombre, j'ai nommé la musique du 14ème épisode de Champloo.
Bon le reste a l'air trop joyeux pour convenir mais j'ai bien aimé ce passagesmile


26e Episode : Dharmic Blues - Darth Nico - 06-11-2007

Pas mal.smile

...

La gueule du lover d'Ayame .OrnithorynqueUn beau kimono, un peu tout noir. Un beau visage, un peu effacé...

Par contre, c'est Ayame qui claque des doigts pour cacher la lune, et elle obéit direct !biggrin


26e Episode : Dharmic Blues - sdm - 06-11-2007

Lol ta description me fait penser à un négatif photo d'Hiruya-Samasmile


26e Episode : Dharmic Blues - Gaeriel - 06-11-2007

hanredaface2en fait c hiruyaLa_classequi connaît les secrets du Kolat, pas la méchante Ayamebiggrin

Ayameayamene connait que la maison du Cristal^^ gnark


26e Episode : Dharmic Blues - Darth Nico - 06-11-2007

Ryu menait sa troupe.
Après la frontière Phénix gardée par les Moto, ils descendirent les montagnes du Tonnerre Lointain, et arrivèrent dans la plaine du Chêne Pâle. L'arrivée de cette troupe fut vite remarquée par les différents postes de surveillance de la région, et l'information remonta bien vite jusqu'à Isawa Masanaga, dans la Cité du Chêne Pâle :
- Seigneur ! Une troupe de Dragons traverse nos terres ! Elle est conduite par une Magistrate d'Emeraude Mirumoto. Et elle est accompagnée d'un Scorpion.
- Mirumoto Ryu ! s'exclama aussitôt Masanaga.
- Seigneur, comment avez-vous deviné ?
- Voyons, qui arrive sans prévenir de ses montagnes et appartient à la Magistrature d'Emeraude ?...
Un second coursier arriva :
- Seigneur, il semble que la troupe ait bifurqué. Elle ne s'arrêtera pas dans notre Cité.
Masanaga leva les yeux au ciel :
- S'il fallait encore une preuve que c'est bien Ryu...

Une demi-journée plus tard, Ryu et ses hommes passaient au large de la Cité du Repos Confiant.
- C'est bien Ryu, dit Isawa Akitoki qui regardait dans une lunette de visée gaijin offerte par Iuchi Kumanosuke. Mais que fait-elle donc ?
- Les Dieux seuls le savent, dit Isawa Kogin.
- Les Dieux ont à supporter un bien pénible savoir, maugréa Akitoki.

La troupe marchait maintenant plein sud, vers Nikesaki. Régulièrement, on croisait des villages calcinés, des chemins ravagés par les combats.
Spontanément, des gens se joignaient à la troupe : des paysans, qui commençaient à connaître Ryu, des yorikis, quelques samuraï, des bandits.. Ryu ne semblait pas s'apercevoir de ces renforts : elle continuait son chemin imperturbable, avec en tête une seule idée : retrouver son oncle.
Au bout de quelques jours sur les terres du Phénix, elle était à la tête d'une bande de taille respectable. Bayushi Kishidayu n'en revenait pas !
Au milieu de ces terres piétinées par les montures des Gardes Noirs, dans ce monde qui avait connu, pour la première fois de son histoire, des souffrances inimaginables, l'avancée résolue, inébranlable, de Ryu était un signe d'espoir. Il y avait donc encore des samuraï qui savaient où se trouvait leur devoir !
A Nikesaki, le chef de la corporation des marchands voulut accueillir cette grande dame, dont la réputation traversait les régions Phénix aussi vite qu'une traînée de poudre gaijin !
- Silence, drôle ! dit Kishidayu devant les gesticulations du gros négociant. Nous n'avons pas de temps à perdre ! Alors fais place !... Si tu veux aider Mirumoto Ryu dans sa quête, apporte-nous donc des vivres !
- Oui seigneur !
Le petit potentat local courut avertir les différents corps de métier. C'est ainsi qu'après une brève étape à Nikesaki, la troupe désordonnée de Ryu en repartit encore plus bigarrée : on leur avait fourni des armes, des vivres, des armures, des montures, des lapins, cages à oiseaux, étendards, colifichets, porte-bonheur, et un couple de buffles.
Kishidayu avait dû fermement refuser un couple de gorilles des montagnes.
La légende raconte même, mais sur ce point les historiens ne sont pas d'accord, que le fameux Mirumoto Sarutobi, alias le samuraï-panda, se joignit à cette troupe, ainsi qu'un Nezumi et que l'invincible duelliste Mugen !

Toujours est-il que, du matin au soir, avançait la petite troupe de Ryu, qui tenait de la bande de vagabonds, du guntai d'éclaireurs et de la secte d'illuminés.
Tout le monde connaissant qui Ryu cherchait, les nouvelles allèrent vite.
- Vous n'avez pas vu Osamu ?
- Qui ??
- L'oncle de Ryu, voyons !
- Ryu qui ?
- Imbécile !

Les coursiers allaient et venaient, comme des abeilles autour du miel. Bayushi Kishidayu réunissait les renseignements et les rapportait à Ryu chaque soir, quand on faisait le point sur la carte :
- Bifurquons vers le sud-ouest. Nos éclaireurs nous rapportent que votre oncle est passé par là.
- D'accord, allons-y.

On avait passé sur la route à l'est de la Cité des Apparences, et on approchait de Zumiki-mihari, au nord du château du Champion d'Emeraude.
C'est une journée avant d'arriver à cette étape qu'une forte troupe de rônins s'interposa au milieu du chemin. Dans la mâtinée, on était venu rapporter à Ryu que des pillards avaient mis à sac plusieurs villages.
- Ryu-sama ! Ils nous ont tout pris.
La bushi avait tapoté le manche de son sabre :
- On va voir ça...
La troupe avait continué, sentant le danger approcher.
Face à la troupe de pillards, Ryu avança d'un pas, et dit ces mots, restés gravés dans la légende :
- Alors, les p'tits, on se plaint de vous ?
- Partez, Magistrate ! répondit le chef des bandits. Ou vous finirez écorchés comme la plupart des gens de ce village.
- Il fait vilain pour vous. Rendez ce que vous avez pris aux paysans.
- Je ne leur rendrai pas, s'esclaffa l'une de ces brutes, la virginité de leurs filles.
Contrariée, Ryu avança vers le chef, dégaina et lui fracassa le crâne.
Un immense cri partit de son armée :
- Bravo !...
Le bras droit du chef répliqua et blessa Ryu. Ce fut la terreur dans sa troupe, et l'instant d'après, la colère aveugle. Menés par Bayushi Kishidayu, l'armée hétéroclite se jeta sur les bandits, et les tailla en pièce, avant de mener une entrée fracassante dans le village.
- Bravo ! Ryu avec nous ! cria-t-on, une fois le village libéré.

On en avait gardé un en vie.
- Toi, là, tu n'as pas vu mon oncle ?
- Non, gémit-il.
- Bon...
- Un instant, dit Kishidayu. Je n'en suis pas convaincu. Il ment.
- T-t-t-t, dit Ryu, contrariée, tu vas parler !
Sinon elle allait le rendre "disponible" à coups de katanas !
- Pitié, Ryu-sama ! C'est lui qui nous a recrutés !
- Où est-il ? gronda notre héroïne.
- Il se trouve au Village Stratégique de l'Est !
Ryu n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que tout le monde cria :
- Allons-y !...

Contrairement à ce que son nom pouvait laisser entendre, le Village de l'Est était situé, non seulement le plus à l'est, incontestablement, mais surtout le plus au nord, de l'autre côté de la Baie d'Otosan Uchi.

Deux jours avant l'arrivée de l'armée Ryu, tout le Village était au courant. Donc l'enquête sur place pour dénicher l'oncle fut rapide.
- Ryu-sama ! Ryu-sama ! Moi je sais ! disait un respectacle yakuza. Votre oncle a réuni une véritable meute de tueurs sanguinaires ! Et ils ont établi leur campement non loin d'ici ! Ils comptaient piller notre village, qui a été tant outragé par la guerre !
Cette fois, on laissa parler le chef :
- Allons-y.Doom

Samurai

Au Village Stratégique de l'Ouest, Hiruya venait de recevoir l'invitation officielle de Daidoji Yajinden : il lui donnait rendez-vous sur son navire.
- Je me réjouis que cette affaire-ci, au moins, prenne bonne tournure, dit Miya Katsu.
- Moi aussi, fit Hiruya.
- J'ai confiance en vous.
- Je serai digne de l'honneur que vous me faites, dit Hiruya. Je reviendrai avec le titre de Kenshinzen.

Samurai

L'armée Ryu ressortit du Village Stratégique de l'Est, en ordre de bataille.
Le soleil descendait. Quand ils partirent, c'était une troupe multicolore, bigarrée. Quand ils arrivèrent, le soleil était bas sur l'horizon, et c'était une masse de silhouettes noires, inquiétantes.
Ils approchèrent du petit village où Mirumoto Osamu s'était réfugié.
Le vent soufflait sur la route.
Ryu avança seule sur la route. Son oncle approcha à une trentaine de pas.
Ryu, les mains sur sa ceinture, dit :
- Tu as tué l'homme de ma vie, est-ce vrai ?
- Il en savait trop, Ryu...
- J'ai passé cinq ans à savoir si cela en valait la peine de devenir samuraï.
- Tu aurais mieux fait de rester au foyer, Ryu. Ou bien te contenter de tuer Kishidayu, puisque c'était le coupable idéal ! Un Scorpion !

L'oncle se retira dans le village. Ryu revint vers ses hommes.
- Nous n'avons pas le choix, dit Kishidayu. Il a avoué.
- Je sais
- Il reste encore une demi-heure de jour.
- C'est peu...
- Mais suffisant.
- D'accord, allons-y.

Les hommes allumèrent les torches, comme on avait fait dans le village. Ryu mit au point une stratégie d'encerclement, grâce à l'expérience acquise sur les champs de bataille. Circoncenir un village gardé par des rônins expérimentés n'était pas chose facile.
Mais ce fut rapide, violent, comme dans un cauchemar dont on peine à se souvenir au réveil.

Fanatiques, beaucoup de pauvres gens qui composait sa troupe se lancèrent à corps perdu dans le combat, voulant gagner par là la voie de l'extinction plus rapidement ! Mourir pour Ryu !
Ils se firent massacrer, mais pendant ce temps, les soldats Mirumoto avaient pris position, et après des combats féroces dans la nuit de plus en plus épaisse, ils entrèrent dans la place. Le feu se propageait aux bâtisses en bois et en chaume. Les flammes se tordaient atrocement, agonisantes et renaissantes sans cesse.
Ryu avança, tranchant les ennemis qui se présentait à elle.
Elle vit son oncle et cria :
- Tu as tué l'homme de ma vie !

Osamu attaqua et blessa sa nièce. Celle-ci recula, évita un second coup et attaqua : elle taillada le ventre de son oncle.
Il tomba à la renverse. Ryu s'approcha en élevant son sabre :
- C'est Isamu qui a guidé mon sabre !
- Trop tard, Ryu... D'immenses malheurs vont s'abattre sur l'Empire...
Ryu abattit sa lame. Son oncle gargouilla, et rendit un dernier hoquet.

Ryu rengaina son sabre, pour la dernière fois.

C'était fini.

Ses hommes achevaient les derniers rônins d'Osamu et on quittait rapidement le village, qui s'écroula bien vite, dévoré par les flammes, emporté dans les cieux en une fumée plus noire que la nuit.

C'était fini !
Fini !...

Ryu retira son casque, le laissa tomber à terre, et s'assit, à quelques centaines de pas du Village Stratégique.
- C'est terminé, Kishidayu, dit-elle.
Elle respira, émue.
- C'est fini, oui... Il est temps pour moi de déposer les armes. Je dois élever ma fille.
- Il ne faut pas, énonça le Scorpion, pousser son destin plus loin que ne le veulent les Ancêtres.
Ryu se releva, soudain épuisée.
On entra au Village, acclamé par la population en liesse. On voulait porter Ryu en triomphe, mais celle-ci se retira dans une auberge, protégée de la populace par ses fidèles Mirumoto. Elle se fit amener du papier et écrivit à Kakita Hiruya qu'elle en avait fini avec l'assassin de son mari.
Elle se retirait de la voie du samuraï.
Elle ajoutait que son oncle était le coupable. Elle ne savait pas pourquoi il avait tué son mari, mais il nourrissait de bien noirs desseins.
Elle fit envoyer la missive au château du Champion d'Emeraude, et elle s'endormit.

Samurai

Riobe attendait son heure. ll entendit des pas.
- Je reprends trois sacs pour les Otomo, d'accord.
Le rônin se glissa alors dans un des sacs, en le vidant dans un coin de la pièce. ll laissa juste ce qu'il fallait de charbon pour qu'il n'ait pas trop forme humaine. Plusieurs serviteur vinrent et emmenèrent le chargement.
- Ouh, qu'il est lourd celui-là !
- Da, faut bien que la p'tite famille impériale soit bien chauffée !

Bayushi Bokkaï patientait dans une anti-chambre, fermée par deux rideaux, l'un ouvrant vers le domaine des Otomo, l'autre vers les appartements de la famille Hanteï. Il progressait à pas de tortue, dans cet univers ultra-codifié, où chaque pas était réglé, chaque déplacement prévu, chaque pièce composant un royaume à part. Le Scorpion entendit que, dans la pièce à côté, des serviteurs livraient un chargement.
- Voilà le charbon pour cette nuit, seigneur...
- Vous pouvez le mettre dans la cheminée et vous retirer. Vous en mettrez aussi pour la famille Hanteï.
- Oui, seigneur.
Deux serviteurs poussèrent de concert un soupir en soulevant un sac. Ils passèrent devant Bokkaï, qui s'inquiétait toujours de savoir ce que Riobe faisait dans la Cité Interdite.
On porta devant lui quatre sacs. Bokkaï entendit même une voix au langage raffiné, qui remerciait les serviteurs.
- Laissez-les là. Ce sont nos domestiques qui allumeront le feu.
Ces pièces étaient vraiment petites, basses de plafond souvent, et imbriquées les unes dans les autres selon un plan complexe. C'était l'endroit idéal pour les querelles minuscules ou encore pour espionner son voisin. Pour monter des intrigues de couloir, d'une pièce ou d'un couloir à l'autre.

Bokkaï attendit encore longtemps. Un seigneur Otomo vint à passer devant lui, suivit de plusieurs gardes du corps.
- Seigneur, osa Bokkaï, je dois parler à la famille du divin empereur !
- Patience, patience...
Et on ne s'en occupa plus. Combien de temps allait-il patienter dans cette antichambre étroite, assis pour ainsi dire au milieu du passage ? La nuit était déjà tombée.
Enfin, un serviteur vint le chercher :
- Si vous voulez me suivre...
On ouvrit le rideau des Hantei, et on le fit passer rapidement dans une chambre réservée aux servantes, puis on l'amena dans un long couloir mal éclairée.
- Si vous voulez patienter ici, la famille Hantei est au courant de votre venue.
Etape après étape...
Bokkaï attendit. Il en avait pour la nuit, à cette allure !
Il attendait maintenant devant un rideau cramoisi, donnant sur une pièce bien éclairée, où il entendait des rires feutrés et un air de biwa. On s'amusait bien, pendant qu'il restait immobile, dans son couloir froid et sombre !
Assis dans son coin il attendit. Tout à coup, le rideau s'ouvrit : entra silencieusement l'Empereur appuyé sur le bras du Venin, Hanteï Sotorii marchant soutenu par l'Impératrice Kashiko. La vision infernale passa lentement devant lui, ouvrit un panneau de bois et disparut. L'Impératrice déjà empoisonnait son divin époux, et bientôt elle planterait les éclats d'une épée dans les yeux de cet empereur devenu démon.

Bokkaï resta seul encore longtemps, son coeur palpitant d'avoir aperçu la plus belle et la plus dangereuse des femmes. Et l'Empereur lui était apparu comme un jeune homme frêle, maladif.

Tard dans la nuit, un petit homme chauve, grave, au front bas, aux traits tirés, portant un kimono Hanteï lui apparut :
- Vous désirez nous parler, Magistrat ?
Bokkaï mit front à terre devant lui.
- Seigneur...
- Nous apprécions votre venue. Nous savons que Miya Katsu est un digne représentant du divin Fils du Ciel.
- Seigneur, on m'a demandé de vous escorter jusqu'à Toturi...
Le vieil homme hocha la tête, désolé, tellement désolé... Il y avait en lui un fatalisme, un accablement qui pénétrait l'esprit de ceux qu'il regardait. Bokkaï le sentit dès qu'il croisa son regard.
- Seigneur, je me permets de le dire... Vous êtes peut-être en danger, ici...
Le vieil homme ne nia pas. On aurait dit qu'il le savait.
- La famille Hanteï ne peut pas quitter la Cité Interdite, Magistrat. Pas plus qu'un Rokugani n'accepterait de vivre chez les barbares. Nous vivons ici. Nous sommes les maîtres et les prisonniers de cette Cité.
Bokkaï, le coeur battant, se releva et joua le tout pour le tout :
- Seigneur, au nom des Dieux, je vous en prie ! Toturi est prêt...
Il avala, balbutia, se reprit :
- Toturi est prêt à... l'Empereur !...
- Ne dites plus un mot, Magistrat. Je comprends votre démarche. Il est bon de voir que certains hommes ont encore le sens de l'honneur dans notre Empire. Mais il est trop tard.
- Trop tard pour quoi ?
- Vous ne pouvez comprendre, Magistrat. Vous n'êtes pas un Hanteï.
Et ce n'était pas du mépris qu'il avait dans la voix. Il avait plutôt l'air d'envier Bokkaï.
- Comprenez-nous, Magistrat. Un Hanteï est fidèle à l'Empereur, jusqu'au bout, quoi qu'il advienne. C'est notre fardeau. Nous sommes seuls obligés de le porter.
- Que voulez-vous dire ?...
- Vous y réfléchirez, Magistrat. Sayonara.

Le Magistrat resta seul dans le couloir. Le rideau cramoisi s'était refermé.
Il repartit vers le domaine Otomo.
- Vous avez eu une réponse ? lui demanda-t-on.
- Oui, fit Bokkaï, amer. Vous saviez ?...
- Magistrat, l'homme à qui vous avez parlé est l'oncle de l'Empereur, le frère de feu l'Empereur Hanteï XXXVIII. C'est lui qui prend les décisions. Nous n'avons qu'à obéir.
- Pardonnez-moi, dit Bokkaï, qui avait une agressivité à défouler contre ces gens qui lui faisaient perdre son temps, mais que faites-vous tous là, dans votre corps de garde ? J'avais entendu dire que l'Empereur avait sans cesse autour de lui une garde secrête ? Or, j'ai l'impression de l'avoir face à moi cette garde...
- Il vaut mieux que vous partiez, Magistrat. Si la famille Hanteï a décliné votre aide, vous êtes déchargé de votre mission. Ces ordres passent avant ceux de votre propre supérieur.
- J'aurai tout tenté, dit le Scorpion.
- C'est ce que l'on attendait de vous.

Bokkaï, lentement, revint vers l'extérieur du palais, sortant de ce mini-labyrinthe exigu, étouffant. Il retournait vers le territoire protégé par la garde impériale. Les couloirs redevenaient plus larges, les pièces spacieuses, alors qu'on avait l'impression de progresser dans une spirale à mesure qu'on allait vers le coeur de la Cité, l'espace s'enroulant lentement sur lui-même, forçant ses occupants à vivre dans des niches, des recoins, des repaires, de plus en plus petits...

Dans la cour, Ikoma Soko faisait un tour de garde.
Bayushi Bokkaï alla saluer le capitaine.
- Vous aussi, vous étiez au courant ?
- Magistrat, je n'ai pas à me mêler de ce qui ne me regarde pas...
- Malheur à moi, qui suis venu sans parler le langage de cette Cité !
- J'en suis désolée pour vous, dit Ikoma Soko. Si vous voulez m'excuser, je dois aller faire un tour de ronde dans les couloirs.
- Bonne nuit, capitaine.

Bokkaï se dirigea vers la porte, impatient de reprendre contact avec le monde hors de ces murs.
Le pesant silence fut alors déchiré par un cri d'enfant.

Samurai

Le vieil Hanteï était retourné dans ses appartements. Les femmes riaient, jouaient de la guitare. Les enfants dormaient déjà. On l'avait invité à venir jouer à la divination, mais le vieil oncle, gentiment, avait refusé. La cheminée tirait bien, diffusant une douce chaleur dans ce palais de pierre.
Il passa ensuite dans ses appartements, mit le saya hérité de son grand-père et le kimono brodé par sa mère. Puis il repassa devant sa famille. "Comme vous êtes bien habillé ! quelle élégance !"
A peine s'il les entendait encore. Il alla dans la pièce où les serviteurs avaient entreposé le charbon. Une seule torche éclairait les lieux.
Debout devant lui, noir des pieds à la tête, ses seuls yeux brillant dans la pénombre, l'homme lui pointait son sabre sur la gorge.
- Le Magistrat est parti, rônin...
- Pourquoi faites-vous cela ?
- J'ignore qui vous envoie, rônin. Mais je sais que notre race est maudite. Les femmes qui jouent à lire l'avenir en ce moment ne voient même plus le moment présent. L'Empereur est corrompu jusquà' la moelle. C'est la fin, comprenez-vous. Les dieux sont à l'agonie...
- Toute la famille est là ?
- Oui, sauf l'Empereur.
- L'Empereur n'est pas mon affaire, seigneur.
Le vieil Hanteï se mit à genoux.
Riobe lui trancha la tête.
ll inspira profondément.

- Oncle ! venez jouer avec nous ! Regardez ce que disent les cartes ! Bonheur et santé pour nous tous !
Une des filles se précipita pour aller tirer son oncle par la manche, et l'obliger à rentrer dans le jeu.
Elle s'arrêta devant la silhouette noire.
Sa tête vint rouler dans la chambre, jusqu'aux pieds des autres femmes.
Riobe apparut face à elles. Elles n'eurent pas le temps de comprendre. Le rônin poussa un cri de rage et les abattit aveuglément. Il les regarda tomber, et leur sang divin couler par terre. Elles avaient à peine eu le temps de pousser un cri.
Il restait la chambre des enfants.
L'un d'eux s'était réveillé et venait demander un câlin.
Riobe évita de le regarder et continua d'accomplir sa mission, sans faillir.

La garde Otomo, tenue à l'écart par l'oncle, arriva enfin. Riobe les regarda, jeta son sabre et se mit à genoux. Il ne bougea plus, tandis que les gardes du corps découvraient le massacre de la famille impériale.