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3e Episode : Dans les sentiers périlleux - Darth Nico - 26-05-2008 CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
<span style="color:darkorange">Les 5 Rônins : 3ème Episode</span><!--/sizec--> Sanglier 401 Dans les sentiers périlleux<!--/sizec--> ![]() <span style="color:#008000">1er chapitre : Le grand ménage d'hiver<!--sizec--></span><!--/sizec--> - Le grand ménage d'hiver, les enfants, c'est indispensable pour éviter le capharnaüm au printemps... Rintaro s'allumait une pipe, pendant que Maya, Manji et Katon attendaient les instructions. - Alors, vous allez aider Fujio à me remplir ces gros sacs de toutes les vieilleries qui traînent dans la maison, et on va les évacuer... Il est temps que je vous mette au travail, avec ce que vous me coûtez... Si un jour je mets la clef sous le panneau, je saurai à qui en revient la faute ! - Allons, patron, dit Manji, vous exagérez toujours... - Taratata !... Je me serre la ceinture chaque jour un peu plus. Et cela pour quoi, je vous le demande ?... Pour que vous passiez votre journée à bâfrer... Les gens ne savent pas quel saint homme je suis... Vaguement ennuyés par cette corvée, nos héros se mirent au travail. Le gros Fujio fourrait sans ménagement les pots cassés et le bordel de la maison dans les sacs. Manji et Katon firent semblant d'aider. Ils n'aimaient pas se salir les mains dans des tâches bonnes pour les domestiques. Maya ramassait des petits objets et les posait délicatement. Exaspéré, Fujio arrivait les bras chargés et versaient ce qu'il trouvait. - Bon, Fujio et Maya, allez me porter ça chez les etas... Manji, tu vas à la maison de jeux voir comment ça se passe là-bas. Katon, tu prends la garde ici, à la porte de derrière. - Bien patron ! Fujio, les bras chargés, partit dans la partie la plus impure de la Cité, suivi de Maya qui ne portait que quelques petits objets fragiles. Fatigué de cette besogne, le gros Fujio entra chez les etas en ouvrant la porte d'un coup de ventre. Il posa à terre son chargement. Une famille était là, qui finissait de déjeuner. Le père se précipita pour vérifier le contenu du sac. Il examina l'ensemble et dit : - Un bu... - ...par sac ? - Pour les deux sacs. Fujio grogna et se tourna vers Maya. - Qu'en penses-tu ? - Ça me semble correct. - Un bu alors, entendu. L'eta sortit ses pièces et paya. - Allez, on y va. Maya et Fujio ressortirent et se trompèrent de chemin. Ils firent demi-tour, et repassèrent devant la même maison. Ils virent deux yakuzas y entrer. Par curiosité, Maya s'arrêta et fit semblant de s'intéresser à la boutique d'un autre eta, tout en écoutant ce qui se passait. Les deux yakuzas ressortirent, contents. - Deux bus, c'est une affaire ! Ils ne tenaient à la main qu'un petit sac. - Alors, tu viens ? dit Fujio. - Oui, oui... - Deux bus ! Rintaro écarquilla les yeux en écoutant cette histoire. - Tu me dis, Maya, qu'ils ont racheté deux bus un objet du sac, alors que vous avez vendu les deux sacs pour un seul bu ? - Oui, c'est ça ![]() - Hé bien, par Daikkoku, tu vas retourner là-bas et demander des explications ! Depuis quand est-ce que les etas se permettent de telles marges ! Et depuis quand mes vieilleries pourraient-elles valoir aussi cher ! - Bien, patron. Fujio se versait à boire, content de ne pas repartir dans ce quartier crasseux. ![]() L'automne touchait doucement à sa fin. L'hiver serait précoce et long. Les vieux le prévoyaient dans les campagnes. Mamoru et Yojiro étaient toujours au service de Horiu. Ce dernier écoutait Mamoru raconter son arrivée en ville. Et l'histoire du pot d'un million de kokus. - Un million ?... dit Horiu en se grattant la barbiche, songeur. Je me demande ce que ça peut signifier. Je pense que vous devriez retourner demander des explications dans cette auberge. Il ne coûte rien de se renseigner. Les deux rônins s'exécutèrent. - Il est temps de leur faire payer ce qu'ils t'ont fait, dit Yojiro. La BEC (Brigade d'Enquête Crabe, surnom que s'étaient trouvés les deux fins limiers), arriva dans la vilaine auberge où Mamoru avait entendu parler du pot en question. - On a quelques questions à te poser, dit d'emblée Yojiro. Le patron, surpris, proposa à ces deux sympathiques clients de s'asseoir. Il alla chercher à boire à la cuisine. Patients, Mamoru et Yojiro s'assirent. - Il en met du temps, cet aubergiste... La BEC décida d'accélérer les choses. A ce moment, il y eut un grand remue-ménage dans la rue. Des hommes armés cernaient l'auberge. - Il a rameuté toute la bande, grogna Yojiro en tirant son sabre. Tant pis pour eux. - Sortez de là-dedans ! - Je croyais qu'on en avait fini avec le gang du requin, dit Mamoru. - Mais pas avec les gens qui veulent la main sur ce pot d'un million de kokus ! Les yakuzas firent irruption dans la salle. Ils trouvèrent les deux solides rônins les armes à la main. - Retournez dans les jupes de votre mère, lança Yojiro. Il n'y a pas de place ici pour vous ! - Vous posez trop de questions... - On en a justement pour vous... - Tiens, mais c'est pas celui à qui on a mis une raclée l'autre fois ? Mamoru devint rouge de honte et de colère. - C'était le mot de trop, ça ! Les deux rônins avancèrent posément et les yakuzas se jetèrent sur eux en poussant des cris d'orfraies ! L'escarmouche qui s'ensuivit mit sens dessus dessous la taverne ! Il y eut du sang sur les murs, des bouts de bras et de jambes qui s'envolèrent et des cris d'agonie. La BEC ne fit pas de quartier. Cinq bandits y passèrent ou furent gravement mutilés. Les autres décampèrent, morts de peur. Il en restait un, qui avait juste eu la main tranchée. - Alors, où est passé ton maquillage, geisha-san ? Mamoru et Yojiro le pointaient de leurs sabres. - Tu vas nous dire ce que tu sais sur le pot d'un million de kokus... Et ensuite, tu iras dire à tes amis qu'ils ne viennent plus embêter les hommes de Horiu, compris ? - Pitié, pitié... Nos rônins obtinrent quelques renseignements et laissèrent leur informateur décamper. Ils se rendirent dans le quartier voisin, celui des potiers, qu'ils avaient déjà visité la dernière fois. - Il va falloir faire les boutiques. C'est quelle rue déjà, Mamoru ? - Euh... Mamoru se gratta le crâne. - Merde, j'ai oublié quel nom il a dit... Les deux rônins se regardèrent, embêtés, plantés au milieu de la rue. - C'est gênant, dit Yojiro. Il va falloir retourner à l'auberge et redemander. - Oui... C'est le gang de là-bas qui n'allait pas apprécier ! - Ah si, je m'en souviens, c'est bon ! - Tant mieux. - C'est rue du Rêve, à deux pas d'ici. - Bon... La BEC commença ses recherches par une grande boutique. Le patron était un cousin de Rintaro. - Que puis-je pour vous ? - On cherche un vase comme qui dirait précieux... - Regardez, regardez, j'ai tous les prix... La pièce était assez fouillis. Les deux anciens Crabes y étaient autant à leur place qu'un Matsu dans un concours d'origami. - Vous n'avez pas entendu parler d'un pot vraiment précieux ? dit Yojiro. Le patron se troubla. - Non, non... Mamoru ne l'entendait pas de cette oreille. Il passa à côté d'un beau vase et le fit tomber. Il se brisa. - Vous êtes sûr ?.. Sûr sûr ?... Le patron dit qu'il était sûr mais Mamoru cassa un autre vase. Yojiro s'approchait, menaçant. - D'accord, d'accord... Je vais vous dire... J'ai vendu un pot assez original à un vieil homme comme vous... - Vieux comme moi ?! - Non, pas vieux !... Un, un... - Un rônin ? - Un rônin, c'est ça. - Comment est-il ? - Vieux... borgne, et manchot... - Facile à reconnaître, donc. - Oui ! - Pourquoi tu lui as vendu ? - Je ne savais pas que c'était un vase si précieux. Erreur de ma part... Ce n'est qu'ensuite que des gens sont venus me voir, et j'ai commencé à comprendre mon erreur... - Qui es venu te voir ?... - Des commerçants au service de Mondô ! Ikoma Mondô, le Gouverneur de la Cité ! Yojiro dit à Mamoru qu'ils allaient se dépêcher de retrouver l'acheteur. - On va déjà aller boire un verre. J'ai vu qu'il y a une taverne en face. La BEC avait besoin de faire le point après avoir obtenu autant de renseignements d'un coup. ![]() Maya était retournée chez l'eta et l'avait pris entre quatre yeux. Elle avait appris que c'était des membres d'un gang de yakuzas qui avait racheté un vase qui venait de chez Rintaro. Ils l'avaient bien racheté deux bus, soit deux fois plus que le prix de vente des deux sacs de Rintaro. En fait, ces yakuzas avaient suivi Maya depuis La fleur du secret. Pendant ce temps, à la Divine chance, Manji apprenait par l'indic de Patron-san que des pots destinés aux nobles de la Cité avaient été livrés par erreur dans la basse-ville. Ils valaient extrêmement cher et, parmi eux, se trouvait sans doute, caché dans le lot, le fameux pot d'un million de kokus (en réalité "seulement" un millier), qui constituait le prêt des Scorpions à la famille Ikoma pour bâtir leur temple. - Ces pots vont se vendre au marché noire pour une petite fortune... Patron-san pourrait être content de mettre la main sur quelques-uns d'entre eux, voire sur LE pot, car les nobles vont les racheter à prix d'or. - Tu as raison. Je lui en parlerai. Toi, va donc boire aux frais de la maison. C'est ainsi que, après une réunion chez Patron-san, Maya, Manji et Katon partirent en ville en quête du pot d'un million de kokus. - On ne va pas perdre notre temps avec des vases précieux... Je laisse ça aux losers, dit Rintaro (qui parlait l'argot des affaires), moi ce que je veux, c'est le gros lot, le jack-pot ! - Haï, patron ! Katon connaissait un autre indic, qui fréquentait une taverne miteuse près de chez les etas. Il laissa Maya et Manji faire le tour des rues pour trouver des informations. - Salut à toi, Chi-san ! L'indic avait déjà vu, en ce milieu d'après-midi, le fond d'une bouteille. Il tenait à peine debout. - Viens, j'ai à te parler... Je t'offre un verre ? - Pas de refus, Katon... Au bout de quelques tournées, notre shugenja obtint les indications voulues. - C'est le gang du requin qui est sur la piste... - Le gang du requin ?... Je croyais que les hommes de Horiu l'avait détruit ? - En fait, ils avaient capturé le chef et l'avait amené à Horiu. Celui-ci a accepté la paix contre une très grosse somme, en dédommagement pour l'attaque de son entrepôt. - Je te remercie. ![]() Katon retrouva Maya et Manji, et leur proposa de se diriger vers la maison du Requin. Ce jour-là, le gang des yakuzas eut droit à sa seconde confrontation sanglante. Les hommes de Rintaro y firent irruption, en demandant des explications pour ce vase racheté à prix d'or. Devant le refus des "requins" de s'expliquer, nos héros se firent plus insistants. L'ambiance monta d'un cran, celui de trop, et les katanas sortirent. Deux hommes de mains y perdirent la vie, et deux autres furent projetés à grands coups de pied par Maya. Katon, katana de feu en main, entra dans la chambre du patron, mais celui-ci s'était déjà enfui. C'était un certain Ton. - Ton-san, tu ne perds rien pour attendre, dit Katon. Cette petite descente ne s'était pas faite pour rien : Manji obtint l'adresse d'un marchand qui avait possédé un des précieux pots. Sa boutique était rue du Rêve. - Parfait, allons y faire un tour, dit Katon. Lorsque la BEC entra dans l'auberge en face de chez le marchand, ils trouvèrent Maya, Manji et Katon assis à une table. - Tiens, qui voilà... Venez donc vous asseoir avec nous, dit Manji. - Ho-kay, dit Yojiro (qui parlait l'argot des rues). Manji commanda une bouteille. - Vous passiez dans le quartier ? demanda Katon. - Bah oui, comme vous... - On venait faire ses emplettes ? - Voilà... Manji souriait sous cape. Les deux Crabes étaient de piètres menteurs. Même par simple omission. - Bon, je propose, dit Manji, de lever notre verre à nos amis de chez Horiu... et par la même occasion, au vieux rônin borgne ! Mamoru et Yojiro toussotèrent : ils ne voyaient pas de quoi Manji voulait parler. Le soir, lorsqu'ils apprirent que l'autre gang était aussi sur l'affaire, Horiu et Rintaro furent aussi en colère l'un que l'autre : - Comment ce vieux sapajou a-t-il été mis au courant ? - Où est-ce que cet âne bâté est allé dégotter cette information ? Le soir, Manji et Katon allèrent dans une taverne qui passait pour un repaire de rônins. L'endroit s'appelait La gueule assoiffée. En se mêlant aux conversations, ils entendirent parler du vieux rônin mutilé. Il se faisait appeler Sazen. Il était en ville depuis quelques jours. On disait qu'il s'était retiré dans un temple, à quelques lis au sud de la Cité. - Parfait ! dit Katon. Nos deux rônins étaient d'autant plus content qu'ils étaient sûr que la BEC était déjà partie dormir. Ils prenaient de l'avance ! Le lendemain, le soleil n'était pas encore haut dans le ciel quand Manji et Katon passèrent la porte sud de la ville et s'engagèrent sur le chemin qui traversait les rizières. C'est à cette même heure que Yojiro et Mamoru arrivaient à La gueule assoiffée. Et ils quittaient cette taverne quand les deux samuraï de Rintaro arrivaient au temple. ![]() Les moines finissaient leur travail de la mâtinée au jardin et allaient s'arrêter pour le repas de milieu de journée. Les deux rônins furent invités à le partager. - Vous êtes dans le sanctuaire dédié aux fortunes de la Terre. Celui qui entre en paix ici sera toujours le bienvenu. Il arrivera trop tard et repartira trop tôt pour nous. Les deux rônins profitèrent d'un bol de riz et de la bière des moines, à l'ombre du temple, pendant que le soleil cognait dehors. Et cognait en particulier sur la tête des deux membres fondateurs de la BEC, qui avaient pris le mauvais chemin !... - Zakennayo, gémit Yojiro, nous sommes perdus. Nous allons être cuits comme des homards avant de voir les murs de ce fichu temple. Après le repas, les moines prirent le thé en commun. C'était un moment de silence et de recueillement, avant de s'occuper des tâches de l'après-midi. Katon, dans un coin de la pièce, discuta à voix basse de la sagesse indéchiffrable des Dragons, avec un moine qui avait déjà eu à faire avec eux. - Par Shinseï, celui qui a compris une de leurs paroles, il doit être bien proche de l'Illumination... ou au contraire, bien engagé pour s'en détourner complétement ! De son côté, Manji avait trouvé le vieux rônin. Il devait avoir la quarantaine passée, ce qui à Rokugan était déjà un bel âge. Il avait perdu un bras et un oeil. Il avait mangé son repas en silence et but son thé sans dire un mot. Manji s'approcha de lui et lui expliqua l'affaire du pot. Le vieux rônin confirma avoir acheté cet objet. - Je m'en suis servi pour y mettre des fleurs... - Il n'y avait rien dans ce pot ? - Ah non, c'était juste un de ces pots en terre, assez fin et long. Manji lui expliqua qu'il y avait eu un malentendu. - Vous me dites que votre patron serait prêt à me le racheter à bon prix ? - A un très bon prix, dit notre héros. De quoi vous en racheter plusieurs... Le rônin réfléchit et dit qu'il rencontrerait Rintaro pour négocier cette affaire. Il repartit avec nos deux héros en leur proposant de passer chez lui prendre le pot. En partant, Katon ne put s'empêcher de dire aux moines de se méfier de deux gros rônins susceptibles de passer les voir bientôt. Le shugenja était bien content de sa farce. Il imaginait déjà la tête des deux hommes de Horiu, se voyant refuser l'entrée dans le temple ! En ville, ils allèrent dans le quartier du port, où Sazen avait élu domicile. Ils virent que sa porte avait été défoncée ! Le vieux rônin se précipita à l'intérieur : plus de pot ! - Evidemment, soupira Manji. Cet objet attire toutes les convoitises. D'autre que nous ont dû parler au marchand... Une petite enquête de voisinage apprit à nos héros que les coupables étaient... le gang du requin ! - Encore eux, dit Katon. Cette fois-ci, ça va saigner : nous allons retrouver Ton-san et sa bande, puis leur faire payer... - Nous allons retrouver votre bien, dit Manji à Sazen, et nous vous le rendrons. - Pourquoi vous donner ce mal ? - C'est notre mission. Les deux rônins se mirent en marche vers la maison des Requins. La BEC n'atteignit pas le temple. Elle revint en ville, après avoir choisi de faire marche arrière. - La peste de ces routes, grognait Yojiro. - Nous allons nous renseigner plus précisément cette fois, dit Mamoru. Alors que les deux rônins traversaient les faubourgs mal fréquentés de la basse-ville, ils tombèrent nez à nez avec les hommes du clan du Requin. - Encore vous, fit Yojiro, les naseaux fumants. Il ne fallut pas longtemps pour que la tension monte, et les provocations, puis les insultes. - Vous allez rendre gorge pour vos paroles ! - Bande de pouilleux, nous sommes six et vous n'êtes que deux ! Vous allez bouffer la poussière, et ensuite vos tripes ! Dis comme ça... Les lames jaillirent des fourreaux. Yojiro et Mamoru réglèrent en un clin d'oeil leur compte à trois des crapules, qui s'étalèrent par terre dans la terre et leur sang. Les autres s'enfuirent à travers la ville. - On leur court après ! La colère de Yojiro criait vengeance ! Parmi les trois fuyards se trouvait Ton-san, le chef de la bande. Pas de chance pour eux : ils tombèrent nez à nez avec Katon et Manji ! - Tiens, qui voilà ?... Yojiro déboulait comme un buffle lancé. Ton-san repartit ventre à terre. Mamoru arrivait derrière. Manji et Katon se lancèrent dans la course. C'est Ton-san qui tenait le pot dérobé à Sazen. Katon allait le rattraper mais Ton lança le précieux objet à un complice, qui s'enfuit au coin d'une rue. Katon allait le rattraper mais le relai avait déjà été fait : le pot partait dans les bras d'un autre complice, qui disparut dans les rues tortueuses. Tous les samuraï s'arrêtèrent et firent le silence. L'oreille aux aguets, ils cherchaient le moindre indice de la présence du voleur... Un craquement, un grincement... Une échelle tomba. Mamoru se retourna : le fuyard venait de monter sur le toit ! Le rônin voulut l'y suivre, mais il perdit du temps : l'escarmouche contre les requins lui avait valu une éraflure au bras. Il eut du mal à monter, aussi agilement que Yojiro et Manji. Sur ces entrefaites, Maya arrivait de chez Patron-san et se lançait dans la course. Le fuyard sauta sur le toit suivant. Derrière lui, Yojiro et Manji se reçurent lourdement. Le pot changea de main : le nouveau requin passa par une planche branlante sur le bâtiment d'à côté. Maya l'attendait là ! Sans se laisser démonter, la petite frappe enroula le pot dans un gros tissu et le passa dans son dos. Il enfila un coup de poing en fer et se mit en garde devant Maya. Celle-ci allait faire la démonstration d'une de ses prises secrètes, quand elle reçut un beau direct du droit en plein nez. Déséquilibrée, elle tomba du toit et atterrit dans la rue, inconsciente. C'en était trop pour Katon, qui décida d'employer la manière forte : il fit une invocation qui déclencha un sort spectaculaire. Il fit un bond de presque vingt mètres et lança un éclair de feu qui traversa la tête du yakuza. Celui-ci resta paralysé, emporté soudain dans un univers froid et sombre. Puis il tomba, tremblant et bavant. Et Katon rattrapa le pot juste avant qu'il ne chute par terre ! Yojiro et Manji, essoufflés, la langue traînant au sol, étaient prêts à protester qu'il y avait eu triche. Mais Manji n'allait pas se plaindre. Mamoru reprenait haleine, appuyé contre un mur. - Ca va aller, lui demanda Yojiro. - C'est bon, c'est bon... Le soir, il fallut expliquer à Horiu que la bande de Rintaro avait gagné, en utilisant de la magie ! - De la magie ! Cette crapule de Rintaro engage des magiciens ! Mais il ne doute plus de rien ! Quant à Maya, elle était bonne pour rester trois jours au lit, à se remettre de sa chute. Comme promis, Manji remit le pot à Sazen. Celui-ci alla voir Rintaro, qui racheta l'objet sept kokus (il ignorait le geste de Manji, sans quoi il se serait étranglé d'avoir perdu cette somme à cause de son homme de main ! ![]() - Maintenant, file, drôle ! La reconnaissance de la famille Ikoma est la chose la plus précieuse que tu puisses avoir dans ta vie ! Estime-toi heureux qu'on ne te prenne pas pour le voleur ! Rintaro repartit en rampant, remerciant le conseiller du Gouverneur pour sa générosité infinie. A suivre... ![]() 3e Episode : Dans les sentiers périlleux - Darth Nico - 28-05-2008 Suite. ![]() 3e Episode : Dans les sentiers périlleux - sdm - 29-05-2008 Eh eh eh c'était une bonne scène cette poursuite ![]() ![]() 3e Episode : Dans les sentiers périlleux - Darth Nico - 30-05-2008 "Laissée tomber", c'est le mot. ![]() 3e Episode : Dans les sentiers périlleux - Gaeriel - 01-06-2008 tant qu'elle n'a pas été ignorée ![]() 3e Episode : Dans les sentiers périlleux - Darth Nico - 26-06-2008 CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
<span style="color:#008000">2ème chapitre : La Cité des Histoires<!--sizec--></span><!--/sizec--> Dans les jours qui suivirent, nos héros s'accordèrent un peu de repos. L'hiver s'annonçait. Quelques flocons de neige, vite fondus, firent leur apparition. Quand tout le monde fut remis de la poursuite infernale à travers la ville, Manji proposa à Yojiro de reprendre l'entraînement. - Volontiers, je suis engourdi, j'ai besoin de me remettre d'aplomb. Rintaro trouva dans ses vieux coffres des armures et des casques d'entraînement, ainsi qu'une paire de bokken, laissés jadis en gage par un rônin qui venait boire à la Fleur du secret. Manji se proposa d'initier Yojiro à l'art du iajutsu. Il dégaina le premier et frappa le Crabe à l'épaule. Yojiro dut avouer sa défaite. - Mais sur le Mur, on a rarement l'occasion de pouvoir défier en duel les monstres qui attaquent... Mamoru arriva sur ces entrefaits. Il reprit le bokken de Yojiro et défia Manji. Remis de ses blessures, le grand rônin attaqua vigoureusement et en quelques coups, mit Manji par terre ! Puis, sur sa lancée, il défia Yojiro et l'assomma à son tour ! Les deux vaincus se relevèrent, perclus de douleur, reconnaissant la supériorité de leur adversaire. - Tu uses du bokken comme d'un tetsubo ! ![]() Quelques jours après, les deux patrons rivaux, Rintaro et Horiu, recevaient une convocation du palais du Gouverneur. L'affaire était urgente. De retour dans leur repaire, ils convoquèrent leurs rônins à huis-clos. - Ecoutez bien, car il s'agit de quelque chose vous concernant personnellement. Le Gouverneur sait que vous avez été mêlés à l'histoire du pot d'un million de kokus, comme on l'appelle. Il exige de plus la plus grande discrétion sur cette affaire. Il exige que vous partiez vers le sud, prendre livraison d'un colis, et que vous le rameniez ici. - Quel colis ? - lls n'ont rien dit. Un colis, c'est tout. - Et où se trouve ce colis ? - A Ryoko Owari Toshi ! Ryoko Owari Toshi ! La Cité des Histoires, la Cité des Murs Verts ! Et surtout : la Cité des Mensonges ! Le plus grand regroupement de cartels de l'opium et de syndicats du crime de l'Empire ! Une Cité de vice, de débauche, une perte pour tous les hommes d'honneur, un paradis pour la canaille, bref : la perle des Cités du clan du Scorpion ! - Vous partirez demain. Votre transport jusqu'à la Cité a été prévu. Vous passerez par les fleuves la plupart du temps. Mais au retour, ce sera à vous de vous débrouiller... C'est ainsi que nos héros regroupés quittèrent la Cité du Cri Perdu. Katon, Maya, Yojiro, Mamoru et Manji saluèrent leurs patrons, ainsi que Tange Sazen, qui leur souhaita bon courage. Ils eurent des poneys pour se rendre dans le sud des terres Ikoma, et ils les abandonnèrent à un relai, au pied des gigantesques montagnes du toit du monde. - C'est de la folie de vouloir les traverser en cette saison, leur dit un marchand. - Nous sommes en mission. Ils eurent un guide, qui leur permit de passer rapidement au travers de cette muraille qui coupait l'Empire en deux, avec ses chutes d'eaux qui auraient pu noyer une ville en quelques instants, et ses forêts plus denses qu'une armée du Lion. Quand nos héros eurent franchis d'étroits sentiers et traversé des chemins de neige qui dissimulaient des crevasses, ils eurent une vue plongeante, depuis les sommets rocailleux, sur les terres mal famées du clan du Scorpion. Des petits villages fumaient, le long de chemins sinueux. Au fond, ce pays réputé malfaisant, démoniaque n'avait pas l'air, de loin, bien différent du reste de l'Empire. Mamoru était déjà passé par là, sans être tellement inquiété. En arrivant au pied des montagnes, le groupe de rônins prit une embarcation sur le fleuve, et finit à pied le chemin. Enfin, après deux semaines de voyage, ils arrivèrent à la Cité des Mensonges. ![]() ![]() Nos héros approchèrent de l'entrée nord-ouest de la Cité, où des caravanes de marchands et des hommes de peine se pressaient. - Où avons-nous rendez-vous exactement ? demanda Katon. - Voyons, dit Manji, en consultant un papier d'aspect anonyme remis par un conseiller du Gouverneur, nous allons au... 103, rue du Saphir. - Je me demande à quoi ressemble cet endroit, se dit Yojiro. - Hmm, fit Maya. - Allons-y, dit Mamoru. Avant de poursuivre notre récit, il convient de préciser que le 103, rue du Saphir, à Ryoko Owari Toshi, n'est pas une adresse comme une autre -pour autant qu'il existe "une adresse comme une autre" dans cette ville ! Les lecteurs qui n'ont pas suivi la campagne de la 5e Réincarnation ignorent en effet que, presque huit cents ans après cette histoire, le 103, rue du Saphir servira de repaire à une bande d'ignobles conspirateurs qui, se cachant derrière un cartel de l'opium, y séquestrera ses victimes et les torturera de la façon la plus affreuse qui soit ! Nos héros se séparèrent pour ne pas attirer l'attention de la Garde du Tonnerre, milice du gouverneur de la Cité (milice reconnaissable à la grande plume ornant leur casque). Ils entrèrent dans le quartier des pécheurs, sur la rive ouest de la baie de l'honneur noyé. Ce lac en forme d'amande était au milieu de la cité : c'était un renflement du fleuve qui coulait des montagnes du nord vers le sud des terres de la famille Bayushi. La brumeuse montait peu à peu de la baie. On entendait des cloches de pêcheurs. Sur le port, des marins portaient des chargements lourds. Des tavernes étaient emplies des hommes et de leur chaleur. Nos rônins firent le tour de ses établissements, et arpentèrent les quais, pour trouver un passeur qui accepterait de les emmener rapidement sur l'autre rive, dans le quartier marchand. - Navré, étrangers, leur répondait-on, invariablement, vous ne trouverez ici personne qui encourrait la colère des Scorpions. Vous devrez passer par le pont si vous voulez arriver sur la rive est. Nos héros se retrouvèrent pour constater leur échec : - La poisse, dit Yojiro en crachant dans l'eau, je croyais que cette ville était corrompue jusqu'à la moelle ! - Le peuple n'est pas assez fou pour défier la famille Bayushi, dit Katon. Nos héros durent passer une nuit chez les pêcheurs. Le lendemain matin, à la première heure, ils se présentèrent à l'entrée du pont où les douaniers contrôlaient avec acharnement les paquets de tous les marchands. Même à cette heure matinale, il y avait déjà du monde. Nos héros comprirent que certains avaient passé la nuit à attendre leur laisser-passer. On avait rarement vu une Cité corrompue où la milice mettait autant d'acharnement à contrôler tout le monde ! Par chance, nul ne vint demander à fouiller les affaires de nos rônins. Ils s'engagèrent sur le pont, quand un sous-officier de la Garde du Tonnerre les interpella : - Hé là, mes gaillards, où allez-vous comme ça ! Il n'avait pas dit ça qu'aussitôt, un bureau de paiement de la dîme fut monté au pied du groupe ! - Vous pensiez passer gratis, étrangers ? Il fallut verser la somme réglementaire dans le bassinet des Scorpions ! - Je vous remercie, vous pouvez y aller ! Il fallut une petite heure pour traverser le pont et pouvoir entrer dans le quartier marchand : il fallut payer un droit d'admission sur la rive ! Enfin, ils y étaient. - Rue du Saphir, ce n'est pas loin d'ici... Sur le pont, Manji avait pris des renseignements auprès des autochtones. Ils arrivèrent dans un quartier crasseux, miteux. Des petites rues étroites, sombres, avec des gens méfiants dans leurs boutiques. Le joaillier du 103 les informa qu'il était au courant de leur venue, mais que le colis n'était pas encore arrivé. - Quand arrivera-t-il, demanda Katon. - Je ne sais pas ! Le vieil homme était désagréable, et fier de l'être. Nos héros préfèrent ne pas broncher car la milice de quartier sillonnait les rues. - Il va falloir dormir ici, dit Yojiro. - Nous n'avons pas le choix ! Les rônins passèrent une nuit dans une taverne miteuse, dans ce petit coin de ville isolé, renfrogné, comme s'ils logeaient au fond d'une coquille d'escargot. Le lendemain matin, on eut l'impression que le jour s'était à peine levé. Aube sombre, brumes envahissante, odeurs de cuisines dans les logis. - Cet endroit est écœurant, dit Yojiro. - Nous n'allons pas y rester des jours, dit Katon. Et pourtant... il fallut encore patienter deux jours entiers. - Nous allons venir à bout de nos ressources, dit Manji. La vie coûte cher dans cette Cité ! - S'il le faut, dit Yojiro, nous pouvons trouver un emploi ici. Ils ont bien besoin de yojimbo, non ? - A voir le nombre de patrouilles dans les rues, dit Manji, on ne le dirait pas. C'était effrayant de penser qu'à cause d'un stupide marchand qui n'arrivait pas, nos héros allaient restés coincés dans ce quartier pendant des jours ! Et s'ils ne travaillaient pas, il faudrait emprunter de l'argent ! Et travailler pour rembourser ! Il s'en fallut de peu que nos héros se trouvent enfermés dans ce cycle infernal ! Des nouvelles leur parvinrent le troisième jour : - Le colis, dit le joaillier, est arrivé, mais pas ici comme prévu. - Où, alors ? - Plus au sud, avant le quartier noble. Dans les rues des teinturiers ! ![]() Nos héros empruntèrent au maximum les plus vilaines rues du quartier des marchands. Aucun d'entre eux n'était habitué aux grandes villes. Ils étaient à l'étroit dans ce dédales humide, avec ces gens méfiants à chaque coin de mur. Ils marchèrent chacun de leur côté pour éviter d'alerter les brigades de yakuzas qui surveillaient les quartiers. Ils étaient épiés par des yeux tapis derrière les panneaux et les fenêtres. Katon et Yojiro marchaient côte à côte. Ils ne purent éviter une grande rue encombrée de chariots. Une patrouille de la Garde du Tonnerre s'ouvrait un chemin en écartant les gêneurs à coups de hallebardes. Katon vit alors un samuraï habillé aux couleurs du clan du Phénix. Il s'écarta sur le côté, juste le temps de laisser passer la troupe de bushis. Yojiro aussi s'était mis sur le côté mais il remarqua que Katon prenait bien soin de ne pas se faire. Yojiro jeta un oeil à la troupe, au risque de paraître les défier du regard et il fixa le samuraï du Phénix : il avait à peu près l'âge de Katon. Les cheveux courts, fin sans être maigre, il avait revêtu un masque Scorpion, ce qui représentait un insigne honneur. Les deux rônins se retrouvèrent après le passage de la troupe. Yojiro ne fit pas de commentaire. Ils retrouvèrent les autres rônins, pas loin des murs du quartier noble. Katon serrait les poings. Il connaissait bien sûr ce Phénix ! Il l'avait bien connu, par le passé, à l'époque où il avait accepté une mission périlleuse à la demande de senseï du clan, quand Isawa Sasuke était encore un tensaï débutant, sûr de son avenir, sans crainte d'aucun obstacle qui pourrait se dresser sur son chemin ! Aujourd'hui, ce n'était plus la même chose. Il avait dû se renfoncer dans un coupe-gorge ! Nos héros entrèrent dans le quartier des teinturiers. Ils arrivèrent chez un gros marchand, jovial, le genre qui ne s'en fait pas dans la vie. - Votre paquet ? Ohohoh, il n'est pas encore arrivé ! Pas encore ! Voilà tout !... Il sera là demain ! Manji n'avait pas envie de rire. - Vous pouvez dormir ici, allez ! Ohohoh ! J'ai un cousin qui tient une petite auberge ! Il vous fera un prix, ohohoh... Vous voyez, tout s'arrange dans notre belle Cité ! Pour ce bon marchand, il fallait toujours être de bonne humeur ! Le lendemain, le colis leur fut enfin livré. - Vous voyez ! Qu'est-ce que je vous disais ! - Donnez ! Manji prit le colis des mains du gros marchand. Nos héros allèrent dans la chambre de Katon pour examiner le chargement : c'était une petite boîte satinée, ornée d'un scorpion en jais. - Quelque chose me dit, affirma Manji, qu'il vaudrait mieux ne pas l'ouvrir... - Si on nous a envoyés avec tant de précautions pour chercher ce paquet, on ferait peut-être mieux de prendre des précautions au retour, dit Katon. - Nous devrions nous séparer en deux groupes, dit soudain Maya (c'était une des premières fois depuis des jours qu'elle prenait la parole). Un groupe avec le vrai paquet, un autre avec un faux. Elle croisa les bras. Elle avait parlé. - Bonne idée, dit Katon. Je suggère que Manji et moi prenions le vrai paquet et que nous partions d'un air dégagé, sans nous cacher. Au contraire, vous prendriez un faux colis, semblable, en prenant vos précautions pour ressortir de la ville. - D'accord, dit Mamoru. - Nous allons faire un détour, dit Yojiro, en repartant par l'est de la ville. Comme ça, nous ne repasserons pas la baie et nous éviterons le quartier des pêcheurs. - Très bien, dit Manji. Nous, nous repasserons le pont et nous repartirons par où nous sommes venus. Si quelqu'un nous espionne, et c'est probable dans cette ville, il verra que c'est nous qui n'avons pas l'air inquiet. Nous ressortirons par la porte nord-ouest. - Pour tout le monde, dit Katon, rendez-vous au pied des montagnes. Votre détour par l'est va vous faire perdre une bonne demi-journée. Nous pouvons vous attendre un jour ou deux, pas plus. - D'accord, dit Yojiro. Sinon, rendez-vous à la Cité du Cri Perdu. Ils firent comme ils avaient dit. Maya, Yojiro et Mamoru ressortirent par l'est de la ville et entamèrent le tour, pour revenir sur la route du nord-ouest qui menait vers le fleuve. Pendant ce temps, Manji et Katon repassèrent la baie et arrivèrent à la porte. Un péage avait mis en place. - C'est gênant, dit Katon. Ils vont nous fouiller. Les deux rônins se mirent à faire la queue sur la route, en se demandant comment ils allaient couper à un contrôle. Un Garde du Tonnerre héla les deux rônins : du doigt, il pointait Katon. - Toi, viens par là ! Les deux rônins s'interrogèrent du regard. Katon sortit de la file et s'approcha des soldats. Ils l'emmenèrent vers la baraque du contrôleur du péage. On fit entrer le rônin et on le laissa dans une pièce où se trouvait un seul autre samuraï, au masque de Scorpion et au kimono de Phénix. - Tiens, fit Katon, ironique. Il s'inclina légèrement devant celui qui l'avait invité. L'autre lui rendit son salut. - Je ne pensais pas revoir un jour Isawa Sasuke en si piètre posture... - Je ne vois pas de qui tu veux parler, répondit Katon. Certainement quelqu'un de mort. - Pas tout à fait mort. - Tu dois confondre... Shiba Nobuyoshi ! - Etrange de te retrouver dans cette bonne Cité des Histoires, non ? - Tu y sembles à l'aise. - Mes amis de la famille Bayushi me font l'honneur de m'y accueillir. Mais toi ?... - Quand on est un homme de la vague comme moi, on court à droite à gauche. Il faut que je m'y habitue, même si c'est nouveau pour moi. - J'ai entendu ce qui est arrivé... Cette malencontreuse histoire, dans les îles près de l'archipel des Mantes. - Je ne sais pas si c'est malencontreux. - Allons, tu penses que ce serait prémédité ? - Tu peux t'amuser de ma situation. Le fait est que je comprendrai un jour ce qui s'est passé. - Vous avez offensé un puissant dignitaire Scorpion, voilà ce qui s'est passé. - Il a fait tuer nos hommes ! Voilà ce qui s'est passé !... Mais n'en parlons plus... - Tout n'est pas perdu pour toi, car je peux encore t'aider. - Tiens donc ! - Mais oui... Même dans la position où tu te trouves, le clan peut encore avoir besoin de toi. - Je ne suis plus tenu d'obéir. Je ne suis plus rien pour ton clan. - Je ne te perdrai pas de vue. Nous nous reverrons. - Nous n'avons plus rien à nous dire. - Que tu crois... - Je dois partir. - Je me suis arrangé pour que vous passiez le péage sans encombre... - Tu as le bras long, dis-moi. - Plus que tu ne crois... Katon ressortit retrouver Manji. - Ça va aller, murmura-t-il. Lorsque ce fut le tour des deux rônins, on ne leur posa en effet aucune question et on les laissa poursuivre leur chemin. ![]() Le groupe de la BEC et Maya, avec leur faux colis dans un sac, prirent soin de se faire voir tout en ayant l'air de se méfier. Ils prirent des chemins détournés pour retrouver la route vers le nord, et n'hésitèrent pas à raconter leur vie dans deux ou trois tavernes. Seulement, à force de détours, ils ne surent plus retrouver la vraie piste ! - Ce n'est pas possible, nous avons raté le chemin du nord ! - Mais non, dit Mamoru, nous ne l'avons pas encore passé ! - Si, nous l'avons passé, c'est obligé ! Il faut revenir en arrière ! Ils prirent la résolution de prendre le premier chemin qui irait vers les montagnes. Ils avaient déjà perdu une journée. Ils allaient vers les montagnes, mais ils ne savaient toujours pas où ils étaient. Ils ne reconnaissaient pas les villages, pas les bois. Ils étaient dans un paysage inconnu mais assez semblable à celui de la bonne route. C'était troublant. - Il va falloir entamer le chemin de la montagne maintenant, dit Yojiro. - Ce n'est pas au pied de ce chemin que Manji et Katon nous attendent... - Tant pis, nous les retrouverons à la Cité directement ! - Tu as raison. S'il fallait revenir en arrière pour trouver le bon chemin... - ... nous passerions l'hiver dans ces maudites montagnes ! Manji et Katon attendirent deux jours dans le village au pied des montagnes. - Soit ils se sont perdus, soit ils ont été attaqués, soit ils font un détour vraiment grand ! - Quoi qu'il en soit, dit Manji, nous ne pouvons plus attendre. C'est nous qui avons le bon colis, alors hâtons-nous de le ramener au gouverneur, c'est quand même notre mission. Les deux hommes partirent en direction des sommets, avec le même guide qu'à l'aller. Deux jours après, ils franchissaient le col de Beiden. Ils se renseignèrent sur ceux qui étaient passés par là. Pas de signalement de deux solides rônins avec une femme tatouée... Le ciel uniformément blanc était glacial. Le vent claquait dans les papiers à vœux accrochés à de grandes cordes. Des paquets de neige dissimulaient le sol pierreux. - Allons, repartons ! Ils laissèrent là leur guide, qui redescendrait vers son village. La nuit d'après avoir passé Beiden, ils s'arrêtèrent dans un monastère qu'on leur avait recommandé. Le grand lama les accueillit, en leur promettant qu'ils passeraient une nuit au calme. Les chambres qu'il offrait au visiteur, par devoir d'hospitalité, était propres et austères. On n'y venait que pour dormir et méditer. - Cela nous changera de l'hospitalité des cailloux et du ciel étoilé ! Manji préféra tout de même prendre un tour de garde en début de nuit. Bien lui en prit ! Alors que Katon dormait depuis deux heures, Manji, qui luttait pour garder les yeux ouverts, vit une fumée blanche s'écouler dans la pièce à travers les barreaux de la pièce ! L'ouverture donnait sur une pente très raide, avec un canyon pas loin. Manji réveilla Katon. L'air devenait irrespirable. Manji prit ses armes et passa le premier. Il y avait deux silhouettes qui rôdaient dans le couloir, et deux moines assommés. Les tueurs se jetèrent sur le rônin : ils furent reçus par l'art ancestral et mystique du kenjutsu des Shiba ! Manji les trancha vivement, d'une main sure. L'un d'eux ne mourut pas sur le coup : sa fin était pourtant proche. - Toi, parle, dit Manji. Qui t'envoie ! L'autre hésita. - C'est la fin pour toi, dis-nous ! Il cracha du sang, toussa, cracha une nouvelle fois et lâcha : - Le Lotus Noir ! - Tu nous avais repéré dans la Cité, c'est ça ? - Oui... - Qui vous a ordonné ?... qui vous a mis au courant ?... - Lotus... Noir... - Qui fait partie du Lotus Noir ? Comment s'appelle-t-il ?... Le chef ! - Il s'appelle... Horiu... - Horiu ? - Oui... L'homme mourut dans un dernier râle. Horiu ! Le patron rival de Rintaro ! Lui, le chef du Lotus Noir ! Katon en devenait fou ! - Nous n'allons plus dormir ! Repartons sur l'heure, il faut que nous revenions à la Cité ! - Tu as raison, dit Manji, fatigué. Il faut avertir le Gouverneur sans tarder... Dans le petit jour, les deux samuraï repartirent sur la longue pente qui menait aux terres du clan du Lion. A suivre... ![]() 3e Episode : Dans les sentiers périlleux - Darth Nico - 26-06-2008 CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
<span style="color:green">3ème chapitre : Dans les sentiers périlleux</span><!--/sizec--> Le groupe porteur du faux colis finit par se perdre complétement dans les montagnes ! - Misère de malheur ! grognait Yojiro. Nous nous sommes égarés ! Nous sommes sur la chaîne du toit du monde, mais où ?... Dans les villages où ils passèrent, on leur dit que s'ils continuaient, ils iraient dans le pays immense des démons, dans une vallée qui était une ouverture vers le pays des morts assoiffés de sang ! - Nous devons revenir sur les terres du clan du Lion ! A peine si ces gens connaissaient le clan du Lion ! - Vous êtes sur les terres de la famille Soshi, leur dit un vieux du village, plus clairvoyant. En montant, vous êtes bien à l'ouest de Beiden. Si vous continuez, vous vous aventurerez dans la vallée des illusions, et alors malheur à vous. Car vous n'en ressortirez que si les Soshi le veulent bien ! Les shugenja du clan Scorpion avaient en effet la réputation d'être les plus malicieux, pour ne pas dire maléfiques de Rokugan. Maniant les magies de la tromperie, ils pouvaient rendre folles leurs victimes. - De mieux en mieux ! Ou bien les démons buveurs de sang, ou ces sorciers de Soshi ! Yojiro était ravi de cette promenade ! Il n'avait encore rien vu ! Alors qu'ils arrivaient au bord d'un précipice, que ne traversait qu'un fragile pont de singe, le brouillard monta du fond du ravin, où l'on entendait sourdre un fort torrent. Nos héros passèrent le pont grinçant et craquant. Ils sentaient comme une présence derrière eux. A l'autre bout du pont, deux maigres attaches. Un sentier qui serpentait jusqu'à une bâtisse noirâtre, sorte de château délabré mangé par le brouillard. Quand nos héros posèrent pied à terre, sur la roche ferme, ce fut un soulagement. Le pont grinçait encore dans la brume. Maya scruta le ravin flou, de plus en plus inquiète. - On continue ? demanda Mamoru. Soudain, ni une ni deux, Maya s'empara du sabre de Yojiro dans son fourreau et trancha les liens du pont avec ! Le pont s'effondra d'un coup et on entendit un affreux cri, un hurlement qui chuta et disparut dans le grondement du torrent. Les deux Crabes restèrent paralysés de stupeur un bon moment. Ils n'osaient y croire ! En plein territoire Scorpion, Maya venait de trancher un pont et de précipiter quelqu'un dans le vide ! Ce n'était pas tout... Yojiro reprit son sabre des mains de Maya : - Inconsciente ! qu'as-tu fait !... qu'as-tu fait !... Mamoru s'approcha du bord : - Il n'a pas pu en réchapper ! Maya dit juste : - J'ai entendu du bruit... On nous suivait... - Mais qui était-ce ! Un démon ? Comment en être sûr ! Et si c'était juste un soldat Scorpion, hein !... Tu voudras qu'on aille l'expliquer au château, là-haut ! Château d'où l'on avait dû entendre la chute du pont et de celui qui l'utilisait à ce moment ! Château brumeux, d'où aucun son ne venait mais qui de la masse de son ombre, écrasait nos héros. - Et ce n'est pas tout, maudite que tu es ! hurla Yojiro. Ce sabre que tu as touchée sans ma permission est un sabre sacré ! C'est une lame forgé par un artisan de la famille Kaiu et consacré par nos shugenja ! Il m'a été remis comme une distinction exceptionnel !... Mais si quelqu'un le touche sans ma permission, ainsi que tu viens de le faire, alors je ne suis plus rien !... Tu as insulté mes Ancêtres en prenant ce sabre, Maya !... Mamoru pâlit affreusement. Maya se rendait un peu compte qu'elle venait de faire une boulette... - Tu vas m'en rendre raison ! Yojiro rengaina son sabre et se mit en garde devant Maya. - Défends-toi ! - Arrête ! Mamoru voulut s'interposer mais rien n'y fit ! Yojiro n'était pas le samuraï à cheval sur l'honneur, non... Mais là, c'était trop ! Il était prêt à trancher Maya en deux ! Celle-ci se mit en garde. Yojiro allait dégainer quand il reçut de la Togashi un bon coup de genou dans le ventre ! Il s'écroula, plié en deux par la douleur. C'était misérable et pathétique... Au milieu de ces montagnes perdues, dans cette solitude, ce froid, cet abandon... Mamoru s'interposa : - Allons, ça suffit. Yojiro, tu as eu ton duel, tu as perdu... Maya, tu devrais t'excuser pour cette offense... Et dans tous les cas, il faut repartir ou nous allons mourir de froid !... Les occupants du château vous nous repérer ! - J'aime encore mieux ça, dit Yojiro ! Il s'apprêtait à partir vers le château. - Allez où ça vous chante ! Mamoru le rattrapa : - Arrête, laisse-moi te parler... Tu m'as sauvé la vie, alors aujourd'hui laisse-moi t'aider. Cette fille ne savait pas... Elle n'est pas comme nous... Partons ensemble... Prenons la route. Nous allons trouver un chemin... - Un chemin ? Tu en vois un ? Moi pas !... Ou bien nous pouvons sauter dans le ravin, rejoindre la victime de cette folle ! - Allons, parle-lui, dis ce que tu as sur le coeur ! - Je l'ai dit ! Yojiro le répéta en s'adressant à Maya : - Cette lame me fut confiée pour avoir sauvé plusieurs de mes hommes lorsque le château de ma famille fut pris d'assaut par un gigantesque oni ! Et toi, tu as effacé cette dernière gloire qui me restait... J'avais perdu mon nom, j'ai maintenant perdu l'appui de mes Ancêtres... - Allons, tes Ancêtres savent qui tu es, Yojiro. Et pour le moment, il faut survivre. Il faut retourner à la Cité... Nous ne pouvons pas aller à ce château. Il faut tenter notre chance par les sentiers de la montagne. Yojiro jeta un dernier regard au château, au ravin. Maya ne disait rien. Regrettait-elle ?... Les trois aventuriers partirent dans la brume des montagnes Soshi, dans ces sentiers où seuls les esprits de l'air soufflaient et d'où nul n'était assuré de ressortir vivant ou même sain d'esprit. ![]() ![]() 3e Episode : Dans les sentiers périlleux - sdm - 28-06-2008 :ahah: 3e Episode : Dans les sentiers périlleux - Gaeriel - 30-06-2008 :ahah: RE: 3e Episode : Dans les sentiers périlleux - Gaeriel - 07-02-2022 :ahah: |