Forum du Mamarland
1er Episode : Sur les routes - Printable Version

+- Forum du Mamarland (http://forum.chezseb.ovh)
+-- Forum: Jeux de rôles (http://forum.chezseb.ovh/forumdisplay.php?fid=3)
+--- Forum: Le Livre des Cinq Anneaux - Gozoku (http://forum.chezseb.ovh/forumdisplay.php?fid=14)
+--- Thread: 1er Episode : Sur les routes (/showthread.php?tid=198)

Pages: 1 2 3


1er Episode : Sur les routes - Darth Nico - 28-01-2008

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

<span style="color:darkorange">Les 5 Rônins : 1er Episode</span><!--/sizec-->
Singe 401



Sur les routes<!--/sizec-->


Samurai


<span style="color:#008000">1er chapitre : Le village<!--sizec--></span><!--/sizec-->

Le lapin pointa une oreille hors du fourrée, puis passa le bout du nez et respira, alerte, l’odeur d’humus.
Il entendit une branche craquer. Il détala vers son terrier. Il allait y plonger quand une flèche le perça. Il tomba mort.
- Je l’ai eu, cria un samuraï aux longs cheveux noirs.
- Bien joué, Manji, lança un second, juste derrière lui, l’air encore jeune, fier, presque arrogant.
Le dénommé Manji attrapa sa prise par les oreilles :
- Il nous nourrira bien jusqu’à demain.
- Sauf que Yojiro a un gros appétit !

Deux autres personnages arrivaient : une jeune femme, d’une grande beauté, presque dévêtue, un tatouage de campanule sur les épaules, et un troisième samuraï sans marque de clan, l’air sombre, presque sinistre.
- Voilà le repas de ce soir assuré, dit ce dernier.
- Ne t’inquiète pas, Yojiro, tu auras à manger.
- Je prendrai sur la part de Maya, comme elle se contente généralement d’une poignée de riz.

Les quatre voyageurs s’éloignèrent en vitesse.
- J’ai trouvé une cabane, un peu plus loin, dit Yojiro, elle paraît abandonnée. Nous y serons bien.
- Excellent, dit le jeune homme.

La nuit tombait déjà, en cette fin d’été sur Rokugan. Il y avait maintenant trois jours que la spectaculaire dégradation de trois samuraï au rang de rônin avait eu lieu, à la Cité de la Forêt des Ombres.
- Moi, je ne suis pas rônin, répétait Maya.
- C’est tout comme, lui disait invariablement le samuraï chevelu, alias Mitsurugi, alias désormais Manji. Tu n’as plus de famille et tu ne peux plus retourner sur les terres de ton clan.
- Il a raison, disait alors à l’appui le jeune homme, alias Sasuke, alias maintenant Katon. Tu seras considéré ni plus ni moins que comme un rônin, toi aussi…

Seul Yojiro n’avait pas changé de prénom.

Nos quatre voyageurs firent cuire le lapin grâce à un claquement de doigt de Katon, qui pouvait à volonté faire apparaître une flamme dans sa paume. Après ce repas plutôt consistant, le premier du genre, tous s’endormirent, fourbus, sauf Katon qui prenait le premier tour de garde.
Le voyage depuis les terres du Phénix avait été éreintant. En trois jours, ils avaient couvert une distance impensable. Aucun d’entre eux ne s’était jamais aventuré dans cette région. Ils étaient passés au large de la Cité des Apparences et entrait maintenant de plain-pied dans les terres du clan du Lion.
La nuit se passa calmement.
Mais au matin, alors que Manji prenait le dernier tour de garde, il vit, par un « jour » dans les lattes de la cabane, approcher plusieurs paysans en armure. Des ashigaru portant le mon du clan du Lion. Il donna un coup de pied à Yojiro et Katon :
- Réveillez-vous, du monde…
C’est Katon qui réveilla Maya…
Le temps de mettre tout le monde debout et maintenant, c’était des samuraï qui arrivaient !
Le groupe poussa vaillamment Manji dehors, pour qu’il aille parlementer au nom de tous. Il sortit donc le premier et se mit à genoux devant les samuraï. Derrière, les autres l’imitèrent.
Un solide Matsu s’avança, bravache :
- Qui êtes-vous donc ? Mes rabatteurs m’ont prévenu que des intrus braconnaient sur mes terres ! Mon nom est Matsu Hayato et je vous somme de vous expliquer !
- Hayato-sama, dit Manji, nous sommes des guerriers, et nous sommes contrits d’avoir pris ce lapin.
- Tiens donc !
- Nous sommes prêts à nous battre pour toi et à mourir s’il le faut !
- A mourir, vraiment ? dit le Lion, goguenard.
- Oui !
- Et pourquoi aurais-je besoin de vous ? Vous savez donc vous battre ?
- Nous connaissons aussi la sagesse, remarqua Maya.
- La sagesse, fit le Lion en ricanant de plus belle. La sagesse vous enseigne-t-elle à chasser sur mes terres ?
- Ma compagne veut juste dire, seigneur, que nous savons où est notre intérêt.
Manji s’en voulait d’avoir dit « ma compagne » !
Matsu Hayato les toisa un moment, les poings sur les hanches, l’air satisfait.
- Bien alors, puisque vous êtes si forts, j’ai peut-être une tâche à vous confier. Si vous réussissez, je renoncerai à exercer ma justice contre vous.
- Nous te remercions infiniment, Hayato-sama !
- Voici ce que vous allez faire. Vous allez partir d’ici vers le nord-ouest, dans une région aux frontières des terres de mon clan.
- Là-bas se trouve un village qui refuse de se soumettre à mon autorité. Vous allez rencontrer son chef et le ramener à moi, vivant, pour qu’il me jure fidélité et soumission.
- Bien, Hayato-sama !
- Partez sur l’heure !
- A tes ordres, seigneur !


A suivre...Samurai


1er Episode : Sur les routes - Darth Nico - 10-02-2008

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

- Je crois que nous aurions pu tomber sur pire, nota Manji.
- Somme toute, dit Yojiro, ce seigneur Lion n’est pas une mauvaise pâte. Comme tous ceux de sa race, il joue les fiers-à-bras, mais dans le fond…

Il fallut une demi-journée pour atteindre la petite région frontalière dont le Matsu avait parlé. On se trouvait à proximité des rives grand fleuve du marchand noyé, qui descend des montagnes du Phénix jusqu’aux grandes plaines de l’Ouest.
En fin de journée, nos héros arrivèrent devant le village. Ce n’était qu’une petite place, maladroitement fortifiée, gardée par quelques ashigaru qui inspiraient plutôt la pitié que la crainte.
- Nous venons voir ton chef, dit Manji au chef des gardes.
On mena, sous escorte serrée, les visiteurs dans la grande maison du village. A l’intérieur, de nombreux villageois, inquiets, veillaient un homme alité, un grand bandage sur la poitrine. L’homme était robuste, terrien, mais il avait les traits tirés par la douleur.
- C’est bien toi le chef de cette communauté ?
- Oui, par Bishamon !
- Nous venons te voir, car nous sommes au service du seigneur de cette région. Nous venons te sommer de te soumettre à lui.
- Malheur à moi, malheur à nous, gémit-il. Pourquoi donc me soumettrais-je ? Alors que cela ne nous promet que malheurs !
- Assez, répliqua Manji, tu n’as qu’à te soumettre.
- Me soumettre à lui, alors que ses hommes m’ont lâchement attaqué l’autre jour ! Alors qu’ils harcèlent mon village ! Qu’ils nous pillent !
- Suffit ! Lorsque tu te seras soumis, on te laissera en paix !... D’ailleurs, pour l’heure, tu vas nous suivre !
- Que je refuse ou que j’accepte, notre sort sera bien le même ! Vous et votre seigneur pouvez disposer de nos vies comme bon vous semblent !
- Tu as tort. Le seigneur qui nous envoie est certainement un homme juste et droit. Mais il exige ton obéissance. Allons, viens !
- Je ne suis pas en état de marcher.
Deux jeunes gens s’avancèrent :
- Laissez-le ! Vous voyez bien qu’il est blessé.
Pour toute réponse, il eut droit à un coup de poing de Katon au visage. Il tomba à terre.
- Silence ! cria Manji. Calmons-nous, Katon. Nous ne gagnerons rien à user de violence inutile. Je suis certain que ces gens sont raisonnables.
- Par les fortunes, emmenez-moi, allons, dit le chef !
- Vous, dit Manji à l’adresse de deux jeunes gens qui l’entouraient, amenez un brancard. Vous le porterez !

Les jeunes paysans obéirent aussitôt. Les samuraï attendirent dehors.
- Il est blessé, dirent avec rancœur les deux porteurs.
- Silence, en avant !

Devant le village mécontent, on passa les murs mal fortifiés. Il n’était plus permis de dire un mot. Manji et Katon comptaient bien ne plus entendre le chef et ses deux neveux jusqu’à l’arrivée chez Matsu Hayato.
- Malheur à nous, finit par dire celui-ci, nous sommes condamnés.
- Silence, répéta Manji.
- Nous pouvons aussi bien mourir sur place, dit le chef. Ils ont ravagé notre village, vos maîtres, et maintenant, ils veulent ma tête ! Malheur à nous, pour avoir cru aux paroles de ces Dragons !
Les samuraï s’arrêtèrent, interloqués.
- Qu’as-tu dit ?
- Tu as entendu, samouraï, gémit le chef. Les Dragons n’ont aucune parole.
- Mais par Osano-Wo, tu n’as rien compris, dit Yojiro.
- Nous ne sommes pas au service des Dragons, dit Manji, mais des Lions ! Le seigneur Matsu Hayato !
- Nous avions mal compris, alors, dit le chef.
- En effet ! dit Katon.
- Ce sont les Dragons qui ont attaqué votre village ? demanda Manji.
- Bien sûr ! Nous vous croyions à leur service !
- Tu as mal compris, alors ! Allons, ne perdons plus de temps !

La troupe reprit sa marche. Katon fit alors signe à Manji qu’il voulait lui parler. Les deux hommes prirent quelques pas d’avance.
- Tu as remarqué ?
- Quoi donc ?
- Nous sommes épiés.
Manji observa les fourrées : il aperçut alors, nettement, plusieurs silhouettes en armures légères qui les scrutaient.
- Des ashigaru ! On a envoyé ces paysans armés en éclaireurs, murmura Manji.
- Tu as vu ? Ils portent le mon du Dragon…
- Alors les paysans ne se sont pas trompés.
Nos samuraï firent comme s’ils n’y prêtaient pas attention. Mais plus loin sur la route, ils virent une troupe de bushi en armures vertes leur barrer le chemin. Des membres de la famille Mirumoto.
- Allons bon, dit Yojiro, nous voilà bien.
- Je vais leur parler, dit Manji.
Maya fit la grimace. Elle ne tenait pas tellement à se retrouver face à son clan. Elle ignorait même si elle en faisait encore partie. Et elle savait que les Mirumoto ne manqueraient pas de reconnaître en elle une Ize-Zumi.
Manji s’agenouilla devant l’officier et salua bien bas.
- Que faites-vous avec ces heimin ? répondit le caporal.
- Nous sommes au service de Matsu Hayato. Il exigeait la reddition du village, plus loin.
- Ce village, répondit orgueilleusement le Dragon, nous comptons bien le prendre aux Lions !
- Matsu Hayato dit que ce village lui revient.
- Y a-t-il encore du monde là-bas ?
- Nous y sommes allés pour chercher son chef. Nous en sommes repartis ensuite.
- Excellent, dit le sous-officier. Vous pouvez passer votre chemin !

Manji le remercia. Après tout, pourquoi le Mirumoto aurait-il retenu quatre rônins et deux paysans en vadrouille dans la campagne ? Ils ne le gêneraient pas quant au village.
Les Dragons reprirent leur route.
- Malheur à nos familles, dit le chef.
- Mais cesse donc de geindre, ordonna Yojiro, qui détestait ces plaintes efféminées. Si Hayato-sama veut ce village, il l’aura, et crois-moi que ce ne sont pas quelques Dragons qui l’en empêcheront !
Maya continuait à faire profil bas.
Manji ordonna une petite halte, au moment où le groupe passait devant une source. On laissa les paysans se désaltérer, et nettoyer la blessure du chef. Pendant ce temps, les samuraï tinrent un conciliabule
- Les Dragons, dit Manji, ne repartaient pas vers le village, à ce qu’il m’a semblé.
- Non, dit Katon, ils remontaient vers le nord.
- Sans doute pour prévenir leur armée que le village était libre, et toute la région.
- Bon, dit Manji, mais il ne suffit pas de ramener le chef à Hayato-sama. S’il apprend que nous avons laissé les Dragons circuler librement, nous n’aurons pas mérité sa confiance. Nous ne pouvons laisser le village.
- Je suis d’accord, dit Katon.
- Mais il faut que quelqu’un amène quand même le chef, dit Manji.
- Je suis volontaire pour cela, dit Maya.
- Entendu. Alors Maya, tu te charges de retourner chez Matsu Hayato.
- Je retourne au village moi aussi, dit Yojiro.
- Bien, alors partons au plus vite, samuraï, dit Manji.

En fin de journée, sur le chemin au crépuscule, encore brûlant de la chaleur de la journée passée, Maya et les trois paysans arrivèrent chez Hayato. A la porte de la ville, on examina les paysans avec suspicion comme s’ils étaient des bêtes sauvages. Mais la troublante beauté de Maya, ajoutée à ses habits fort léger, fut assez pour distraire les rudes soldats.
- Bon, ça va, passez, dit le gunso à la porte. Nous allons vous escorter jusqu’au palais.
C’était un solide gaillard, qui devait être fort pour les plaisanteries de corps de garde, et qui aurait bien escorté Maya jusque chez lui.

- Hayato-sama, annonça l’officier, voici le chef du village !
Le seigneur Matsu, assis sur son trône examina lui aussi rapidement les trois péquenots plein de terre. Mais lui aussi n’avait d’yeux que pour l’Ize-Zumi.
- Où sont passés tes compagnons ? tonna-t-il.
Ce devait être sa manière habituelle de s’exprimer.
- Ils sont retournés au village, puissant seigneur.
- Pourquoi donc ?
- Pour le défendre contre des samuraï du clan du Dragon.
- Tiens donc ! Ces moucherons bavards auraient donc des vues sur cette région ?
Rires gras de la petite assistance.
- Bon, s’il le faut, nous irons les écraser sous nos talons ! Quant à toi, dit-il à Maya, tu retourneras au village avec tes compagnons. Gardez-le en attendant notre arrivée.
Maya tenta, maladroitement de procurer quelques conseils de sagesse, au passage, mais le Lion ne comprit rien.
- Garde tes belles paroles et mets-toi en route !
On escorta Maya jusqu’aux remparts et on la laissa partir. Elle se souvint de la cabane dans la forêt, et alla y passer la nuit.

Samurai

En fin d’après-midi, Manji, Katon et Yojiro étaient de retour au village.
- Nous venons garder le village, dit Manji. Au nom de Hayato-sama, votre protecteur !
- Alors qu’on nous serve à manger ! dit Yojiro.
Les paysans, effrayés, coururent en cuisine, pendant qu’on préparait des chambres.

Le soir, les trois samuraï savourèrent le repas, assis à l’écart dans l’auberge.
- Il faudra préparer ces paysans à se défendre, dit Manji.
- Je les aiderai à remonter leurs fortifications, dit Yojiro.
- Si nous restons ici quelques jours, dit Katon, nous aurons le temps d’organiser la défense. Et puis n’oublions pas que nous sommes logés et nourris.

Les trois rônins, repus, replets, allèrent au lit de bonne heure.
Le lendemain, à la première heure, Manji ordonnait qu’on réunisse tous les hommes valides. Il se chargea avec Katon de former des équipes.
Il en désigna une dizaine parmi les plus robustes :
- Vous irez avec Yojiro. Vous, avec moi pour patrouiller alentours. Les autres, avec Katon, qui vous répartira les tours de surveillance.

La journée s’organisa sans difficulté. Les paysans commencèrent à réaliser que ces trois rônins ne venaient pas que pour profiter de leur nourriture.
L’aide de Yojiro permit de renforcer considérablement la défense du village. On releva des murs en brique, on creusa un fossé puis on mit en place des épieus et on renforça la petite tour de surveillance.
- Ce n’est pas encore le palais de la famille Hida, dit Yojiro en contemplant la tâche qui avançait, mais cela fera peut-être réfléchir les Dragons.
Manji s’occupait de l’entraînement de base des paysans, armés de faux, de tonfas et d’autres outils agricoles.
Le soir venu, tout le monde se retrouva dans la grande salle commune pour le repas. Les travailleurs savourèrent leur repas, pendant que les rônins profitaient des rations supplémentaires qui leur étaient servies.
- Nous avons bien avancé, dit Yojiro.
- Reste que si les Dragons attaquent vraiment, dit Manji, nous aurons du mal à contenir leur assaut.
- J’ai dans mon sac quelques tours pour les dissuader un moment, promit Katon.

Maya avait passé la moitié de la journée à revenir vers le village.
Après une courte pause, elle rencontra la même troupe de Dragons que la veille.
- Par Togashi, dit le caporal, ce sont les Dragons élémentaires qui t’envoient ! Sois la bienvenue, noble Ize-Zumi.
- Je vous remercie, dit Maya. Je suis venue vous prévenir qu’il ne serait pas bon pour vous d’attaquer ce village.
- Tiens donc ?
Le caporal affichait sa surprise.
- Comment le sais-tu ?
- Je l’ai lu dans le ciel. Je le sais.
- Précise ta pensée.
- Il y a dans le village des combattants aguerris, pour le défendre.
- Tu veux parler des trois rônins croisés hier, ricana le chef. Mes hommes n’en feront qu’une bouchée !
- Moi je vous déconseillerais d’y aller. Je ne peux faire que des prédictions néfastes pour cette attaque.
- Par Togashi, si tu vois l’avenir, dis-moi si je vais remporter la victoire !
- Oui mais il y aura beaucoup de morts. Vous y perdrez beaucoup d’hommes !
- Mais nous gagnerons ?
- Oui, mais-
- Très bien, alors il faut y aller ! Qu’importe de mourir si l’on triomphe !
- Je vous le déconseille, c’est tout.
- Tu connais ces rônins ?
- Oui, j’ai voyagé à leurs côtés.
- Pourquoi les suis-tu ?
- Sans doute parce que c’est ma voie.
On ne pouvait attendre d’autre réponse de la part d’une Ize-Zumi…
- Tu me dis qu’il est dangereux d’attaquer ce village ?
- Oui…
Le caporal réfléchit puis s’approcha de ses hommes. Ils parlèrent à voix basse un petit moment.
- C’est une Ize-Zumi, dit un soldat, il faut se méfier si elle nous déconseille cette expédition.
- Elle a dit que nous gagnerions, dit le caporal. Alors il faut y aller.
- Il faudrait qu’elle précise encore sa pensée, dit un soldat.
- Tu sais bien que c’est impossible, dit le caporal. Plus nous demanderons, moins nous comprendrons. Non, il faut prendre une décision maintenant.
- Pourquoi ne pas avertir le gunso ? Il verra ce qu’il comprend à ces prédictions.

Au bout d’un moment, le caporal se retourna pour parler à Maya :
- Ecoute-moi, mes hommes et moi avons réfléchi. Nous allons t’écouter et pour le moment, nous n’irons pas dans ce village.
- Ah, très bien, dit Maya.
- Alors nous allons te demander un service. Peux-tu porter une missive au seigneur Lion ?
- Oui.
- Bien, fais vite, c’est important !
- Entendu.
- Alors sayonara !
La troupe s’éloigna par le sentier du nord.
Maya repartit vers la cité des Lions. Elle y arriva en fin de journée. A la porte, on ne voulut pas la laisser passer. Le seigneur Hayato était lassé d’entendre sa sagesse.
- Donne-nous cette lettre et file, dit le soldat.
Maya rechigna. Elle voulait remettre la missive en mains propres au seigneur.
- Tu nous insultes, dirent les soldats, la main sur la garde, en croyant que nous ne donnerions pas cette missive !
Maya céda et s’en alla. A la nuit tombée, elle arrivait à la cabane…
Elle y passa une nuit sans histoire et repartit le lendemain matin. Enfin, elle arriva au village en fin de journée.

Du haut de la tour, quelqu’un cria qu’un inconnu approchait.
Les samuraï coururent à la porte d’entrée.
- Des Dragons ? demanda Yojiro en observant la route.
- Un seul Dragon plutôt, dit Katon. Enfin, si l’on veut... C’est Maya.
- Malheur, dit Manji.
- Nous devrions peut-être faire fermer les portes du village, suggéra Yojiro.
- Ecoutons-là. Peut-être qu’elle apporte du nouveau.

Somme toute, les samuraï découvrirent que l’Ize-Zumi apportait de bonnes nouvelles. Le danger des Dragons était écarté. Mais il n’y avait pas de Lion à l’horizon pour donner d’autres ordres.
- Donc pour le moment, on reste ici, dit Katon. Ca tombe bien, j’ai faim !

A suivre...Samurai


1er Episode : Sur les routes - Darth Nico - 10-02-2008

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

- Je crois que nous aurions pu tomber sur pire, nota Manji.
- Somme toute, dit Yojiro, ce seigneur Lion n’est pas une mauvaise pâte. Comme tous ceux de sa race, il joue les fiers-à-bras, mais dans le fond…

Il fallut une demi-journée pour atteindre la petite région frontalière dont le Matsu avait parlé. On se trouvait à proximité des rives grand fleuve du marchand noyé, qui descend des montagnes du Phénix jusqu’aux grandes plaines de l’Ouest.
En fin de journée, nos héros arrivèrent devant le village. Ce n’était qu’une petite place, maladroitement fortifiée, gardée par quelques ashigaru qui inspiraient plutôt la pitié que la crainte.
- Nous venons voir ton chef, dit Manji au chef des gardes.
On mena, sous escorte serrée, les visiteurs dans la grande maison du village. A l’intérieur, de nombreux villageois, inquiets, veillaient un homme alité, un grand bandage sur la poitrine. L’homme était robuste, terrien, mais il avait les traits tirés par la douleur.
- C’est bien toi le chef de cette communauté ?
- Oui, par Bishamon !
- Nous venons te voir, car nous sommes au service du seigneur de cette région. Nous venons te sommer de te soumettre à lui.
- Malheur à moi, malheur à nous, gémit-il. Pourquoi donc me soumettrais-je ? Alors que cela ne nous promet que malheurs !
- Assez, répliqua Manji, tu n’as qu’à te soumettre.
- Me soumettre à lui, alors que ses hommes m’ont lâchement attaqué l’autre jour ! Alors qu’ils harcèlent mon village ! Qu’ils nous pillent !
- Suffit ! Lorsque tu te seras soumis, on te laissera en paix !... D’ailleurs, pour l’heure, tu vas nous suivre !
- Que je refuse ou que j’accepte, notre sort sera bien le même ! Vous et votre seigneur pouvez disposer de nos vies comme bon vous semblent !
- Tu as tort. Le seigneur qui nous envoie est certainement un homme juste et droit. Mais il exige ton obéissance. Allons, viens !
- Je ne suis pas en état de marcher.
Deux jeunes gens s’avancèrent :
- Laissez-le ! Vous voyez bien qu’il est blessé.
Pour toute réponse, il eut droit à un coup de poing de Katon au visage. Il tomba à terre.
- Du calme ! cria Manji. Calmons-nous, Katon. Nous ne gagnerons rien à user de violence inutile. Je suis certain que ces gens sont raisonnables.
- Par les fortunes, emmenez-moi, allons, dit le chef !
- Vous, dit Manji à l’adresse de deux jeunes gens qui l’entouraient, amenez un brancard. Vous le porterez !

Les jeunes paysans obéirent aussitôt. Les samuraï attendirent dehors.
- Il est blessé, dirent avec rancœur les deux porteurs.
- Silence, en avant !

Devant le village mécontent, on passa les murs mal fortifiés. Il n’était plus permis de dire un mot. Manji et Katon comptaient bien ne plus entendre le chef et ses deux neveux jusqu’à l’arrivée chez Matsu Hayato.
- Malheur à nous, finit par dire celui-ci, nous sommes condamnés.
- Silence, répéta Manji.
- Nous pouvons aussi bien mourir sur place, dit le chef. Ils ont ravagé notre village, vos maîtres, et maintenant, ils veulent ma tête ! Malheur à nous, pour avoir cru aux paroles de ces Dragons !

Les samuraï s’arrêtèrent, interloqués.
- Qu’as-tu dit ?
-Tu as entendu, samouraï, gémit le chef. Les Dragons n’ont aucune parole.
- Mais par Osano-Wo, tu n’as rien compris, dit Yojiro.
- Nous ne sommes pas au service des Dragons, dit Manji, mais des Lions ! Le seigneur Matsu Hayato !
- Nous avions mal compris, alors, dit le chef.
- En effet ! dit Katon.
- Ce sont les Dragons qui ont attaqué votre village ? demanda Manji.
- Bien sûr ! Nous vous croyions à leur service !
- Tu as mal compris, alors ! Allons, ne perdons plus de temps !

La troupe reprit sa marche. Katon fit alors signe à Manji qu’il voulait lui parler. Les deux hommes prirent quelques pas d’avance.
- Tu as remarqué ?
- Quoi donc ?
- Nous sommes épiés.
Manji observa les fourrées : il aperçut alors, nettement, plusieurs silhouettes en armures légères qui les scrutaient.
- Des ashigaru ! On a envoyé ces paysans armés en éclaireurs, murmura Manji.
- Tu as vu ? Ils portent le mon du Dragon…
- Alors les paysans ne se sont pas trompés.
Nos samuraï firent comme s’ils n’y prêtaient pas attention. Mais plus loin sur la route, ils virent une troupe de bushi en armures vertes leur barrer le chemin. Des membres de la famille Mirumoto.
- Allons bon, dit Yojiro, nous voilà bien.
- Je vais leur parler, dit Manji.
Maya fit la grimace. Elle ne tenait pas tellement à se retrouver face à son clan. Elle ignorait même si elle en faisait encore partie. Et elle savait que les Mirumoto ne manqueraient pas de reconnaître en elle une Ize-Zumi.
Manji s’agenouilla devant l’officier et salua bien bas.
- Que faites-vous avec ces heimin ? répondit le caporal.
- Nous sommes au service de Matsu Hayato. Il exigeait la reddition du village, plus loin.
- Ce village, répondit orgueilleusement le Dragon, nous comptons bien le prendre aux Lions !
- Matsu Hayato dit que ce village lui revient.
- Y a-t-il encore du monde là-bas ?
- Nous y sommes allés pour chercher son chef. Nous en sommes repartis ensuite.
- Excellent, dit le sous-officier. Vous pouvez passer votre chemin !

Manji le remercia. Après tout, pourquoi le Mirumoto aurait-il retenu quatre rônins et deux paysans en vadrouille dans la campagne ? Ils ne le gêneraient pas quant au village.
Les Dragons reprirent leur route.
- Malheur à nos familles, dit le chef.
- Mais cesse donc de geindre, ordonna Yojiro, qui détestait ces plaintes efféminées. Si Hayato-sama veut ce village, il l’aura, et crois-moi que ce ne sont pas quelques Dragons qui l’en empêcheront !
Maya continuait à faire profil bas.
Manji ordonna une petite halte, au moment où le groupe passait devant une source. On laissa les paysans se désaltérer, et nettoyer la blessure du chef. Pendant ce temps, les samuraï tinrent un conciliabule
- Les Dragons, dit Manji, ne repartaient pas vers le village, à ce qu’il m’a semblé.
- Non, dit Katon, ils remontaient vers le nord.
- Sans doute pour prévenir leur armée que le village était libre, et toute la région.
- Bon, dit Manji, mais il ne suffit pas de ramener le chef à Hayato-sama. S’il apprend que nous avons laissé les Dragons circuler librement, nous n’aurons pas mérité sa confiance. Nous ne pouvons laisser le village.
- Je suis d’accord, dit Katon.
- Mais il faut que quelqu’un amène quand même le chef, dit Manji.
- Je suis volontaire pour cela, dit Maya.
- Entendu. Alors Maya, tu te charges de retourner chez Matsu Hayato.
- Je retourne au village moi aussi, dit Yojiro.
- Bien, alors partons au plus vite, samuraï, dit Manji.

En fin de journée, sur le chemin au crépuscule, encore brûlant de la chaleur de la journée passée, Maya et les trois paysans arrivèrent chez Hayato. A la porte de la ville, on examina les paysans avec suspicion comme s’ils étaient des bêtes sauvages. Mais la troublante beauté de Maya, ajoutée à ses habits fort léger, fut assez pour distraire les rudes soldats.
- Bon, ça va, passez, dit le gunso à la porte. Nous allons vous escorter jusqu’au palais.
C’était un solide gaillard, qui devait être fort pour les plaisanteries de corps de garde, et qui aurait bien escorté Maya jusque chez lui.

- Hayato-sama, annonça l’officier, voici le chef du village !
Le seigneur Matsu, assis sur son trône examina lui aussi rapidement les trois péquenots plein de terre. Mais lui aussi n’avait d’yeux que pour l’Ize-Zumi.
- Où sont passés tes compagnons ? tonna-t-il.
Ce devait être sa manière habituelle de s’exprimer.
- Ils sont retournés au village, puissant seigneur.
- Pourquoi donc ?
- Pour le défendre contre des samuraï du clan du Dragon.
- Tiens donc ! Ces moucherons bavards auraient donc des vues sur cette région ?
Rires gras de la petite assistance.
- Bon, s’il le faut, nous irons les écraser sous nos talons ! Quant à toi, dit-il à Maya, tu retourneras au village avec tes compagnons. Gardez-le en attendant notre arrivée.
Maya tenta, maladroitement de procurer quelques conseils de sagesse, au passage, mais le Lion ne comprit rien.
- Garde tes belles paroles et mets-toi en route !
On escorta Maya jusqu’aux remparts et on la laissa partir. Elle se souvint de la cabane dans la forêt, et alla y passer la nuit.

Samurai

En fin d’après-midi, Manji, Katon et Yojiro étaient de retour au village.
- Nous venons garder le village, dit Manji. Au nom de Hayato-sama, votre protecteur !
- Alors qu’on nous serve à manger ! dit Yojiro.
- Les paysans, effrayés, coururent en cuisine, pendant qu’on préparait des chambres.

Le soir, les trois samuraï savourèrent le repas, assis à l’écart dans l’auberge.
- Il faudra préparer ces paysans à se défendre, dit Manji.
- Je les aiderai à remonter leurs fortifications, dit Yojiro.
- Si nous restons ici quelques jours, dit Katon, nous aurons le temps d’organiser la défense. Et puis n’oublions pas que nous sommes logés et nourris.

Les trois rônins, repus, replets, allèrent au lit de bonne heure.
Le lendemain, à la première heure, Manji ordonnait qu’on réunisse tous les hommes valides. Il se chargea avec Katon de former des équipes.
Il en désigna une dizaine parmi les plus robustes :
- Vous irez avec Yojiro. Vous, avec moi pour patrouiller alentours. Les autres, avec Katon, qui vous répartira les tours de surveillance.

La journée s’organisa sans difficulté. Les paysans commencèrent à réaliser que ces trois rônins ne venaient pas que pour profiter de leur nourriture.
L’aide de Yojiro permit de renforcer considérablement la défense du village. On releva des murs en brique, on creusa un fossé puis on mit en place des épieus et on renforça la petite tour de surveillance.
- Ce n’est pas encore le palais de la famille Hida, dit Yojiro en contemplant la tâche qui avançait, mais cela fera peut-être réfléchir les Dragons.
Manji s’occupait de l’entraînement de base des paysans, armés de faux, de tonfas et d’autres outils agricoles.
Le soir venu, tout le monde se retrouva dans la grande salle commune pour le repas. Les travailleurs savourèrent leur repas, pendant que les rônins profitaient des rations supplémentaires qui leur étaient servies.
- Nous avons bien avancé, dit Yojiro.
- Reste que si les Dragons attaquent vraiment, dit Manji, nous aurons du mal à contenir leur assaut.
- J’ai dans mon sac quelques tours pour les dissuader un moment, promit Katon.

Maya avait passé la moitié de la journée à revenir vers le village.
Après une courte pause, elle rencontra la même troupe de Dragons que la veille.
- Par Togashi, dit le caporal, ce sont les Dragons élémentaires qui t’envoient ! Sois la bienvenue, noble Ize-Zumi.
- Je vous remercie, dit Maya. Je suis venue vous prévenir qu’il ne serait pas bon pour vous d’attaquer ce village.
- Tiens donc ?
Le caporal affichait sa surprise.
- Comment le sais-tu ?
- Je l’ai lu dans le ciel. Je le sais.
- Précise ta pensée.
- Il y a dans le village des combattants aguerris, pour le défendre.
- Tu veux parler des trois rônins croisés hier, ricana le chef. Mes hommes n’en feront qu’une bouchée !
- Moi je vous déconseillerais d’y aller. Je ne peux faire que des prédictions néfastes pour cette attaque.
- Par Togashi, si tu vois l’avenir, dis-moi si je vais remporter la victoire !
- Oui mais il y aura beaucoup de morts. Vous y perdrez beaucoup d’hommes !
- Mais nous gagnerons ?
- Oui, mais-
- Très bien, alors il faut y aller ! Qu’importe de mourir si l’on triomphe !
- Je vous le déconseille, c’est tout.
- Tu connais ces rônins ?
- Oui, j’ai voyagé à leurs côtés.
- Pourquoi les suis-tu ?
- Sans doute parce que c’est ma voie.
On ne pouvait attendre d’autre réponse de la part d’une Ize-Zumi…
- Tu me dis qu’il est dangereux d’attaquer ce village ?
- Oui…
Le caporal réfléchit puis s’approcha de ses hommes. Ils parlèrent à voix basse un petit moment.
- C’est une Ize-Zumi, dit un soldat, il faut se méfier si elle nous déconseille cette expédition.
E- lle a dit que nous gagnerions, dit le caporal. Alors il faut y aller.
- Il faudrait qu’elle précise encore sa pensée, dit un soldat.
- Tu sais bien que c’est impossible, dit le caporal. Plus nous demanderons, moins nous comprendrons. Non, il faut prendre une décision maintenant.
- Pourquoi ne pas avertir le gunso ? Il verra ce qu’il comprend à ces prédictions.

Au bout d’un moment, le caporal se retourna pour parler à Maya :
- Ecoute-moi, mes hommes et moi avons réfléchi. Nous allons t’écouter et pour le moment, nous n’irons pas dans ce village.
- Ah, très bien, dit Maya.
- Alors nous allons te demander un service. Peux-tu porter une missive au seigneur Lion ?
- Oui.
- Bien, fais vite, c’est important !
- Entendu.
- Alors sayonara !
La troupe s’éloigna par le sentier du nord.
Maya repartit vers la cité des Lions. Elle y arriva en fin de journée. A la porte, on ne voulut pas la laisser passer. Le seigneur Hayato était lassé d’entendre sa sagesse.
- Donne-nous cette lettre et file, dit le soldat.
Maya rechigna. Elle voulait remettre la missive en mains propres au seigneur.
- Tu nous insultes, dirent les soldats, la main sur la garde, en croyant que nous ne donnerions pas cette missive !
Maya céda et s’en alla. A la nuit tombée, elle arrivait à la cabane…
Elle y passa une nuit sans histoire et repartit le lendemain matin. Enfin, elle arriva au village en fin de journée.

Du haut de la tour, quelqu’un cria qu’un inconnu approchait.
Les samuraï coururent à la porte d’entrée.
- Des Dragons ? demanda Yojiro en observant la route.
- Un seul Dragon plutôt, dit Katon. Enfin, si l’on veut... C’est Maya.
- Malheur, dit Manji.
- Nous devrions peut-être faire fermer les portes du village, suggéra Yojiro.
- Ecoutons-là. Peut-être qu’elle apporte du nouveau.

Somme toute, les samuraï découvrirent que l’Ize-Zumi apportait de bonnes nouvelles. Le danger des Dragons était écarté. Mais il n’y avait pas de Lion à l’horizon pour donner d’autres ordres.
- Donc pour le moment, on reste ici, dit Katon. Ca tombe bien, j’ai faim !

A suivre...Samurai


1er Episode : Sur les routes - Gaeriel - 11-02-2008

Par Isawa, c'est k'heure de manger et de boire, puis une bonne nuit après pour être frais et dispo le lendemain!

Qu'on me serve un festion de kami!

lol


1er Episode : Sur les routes - Darth Nico - 19-02-2008

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

Les samuraï passèrent donc encore une nuit et toute la journée du lendemain. On travailla cette fois plus paresseusement. Yojiro veillait à ce que les travaux n’avancent pas trop vite et Manji répétait à ses soldats en herbe qu’ils ne progressaient pas.
- Tu comprends, Maya, nous ne trouverons pas deux villages comme ça dans la région, expliquait Manji, un verre de saké à la main.
Cela semblait égal pour l’Ize-Zumi. Indifférente aux biens de ce monde, elle se moquait d’avoir à sa disposition de bons plats trois fois par jour.
Une nouvelle journée passa. Nos samuraï, sentant que leur séjour ici n’allait pas s’éterniser sans que les Dragons ne reviennent, se hâtaient… de beaucoup manger !
- Il faut prendre des forces pour l’hiver, expliquait à son tour Yojiro. Comme les ours ! Sauf que nous ne dormirons pas jusqu’au printemps !

C’est le lendemain que le guetteur signala l’approche d’une troupe du Lion.
Yojiro s’allumait une pipe et maugréait :
- Ils vont nous dire que les Dragons reviennent, et nous demander de nous battre en première ligne...
- ... s’ils ne viennent pas nous annoncer qu’ils nous envoient à la guerre, dit Katon. Egalement en première ligne.

Il y avait cinq bushis de la famille Matsu, avançant d’un pas ferme malgré la chaleur. Ils arrivaient comme des vainqueurs en terrain conquis.
- Konnichi-wa, leur dit respectueusement Manji.
- Konnichi-wa, répondit leur chef, nous venons de la part du seigneur Matsu Hayato ! Il nous envoie pour défendre ce village contre le clan du Dragon. Nous sommes ici pour veiller à la sécurité de ces terres.
« Dès lors, samuraï, votre présence ici n’est plus nécessaire. Vous pouvez partir librement. Comme convenu, notre seigneur, magnanime, renonce à vous poursuivre en justice.
- Qu’il en soit grandement remercié, dit Manji.

Le samuraï firent signe aux rônins qu’il n’était plus la peine de se perdre en formules de politesse et qu’ils pouvaient aller leur chemin. Nos héros firent leur paquetage en vitesse et quittèrent le village avant la tombée de la nuit.

Samurai



<span style="color:#008000">2ème chapitre : Sur les routes<!--sizec--></span><!--/sizec-->



La température fraîchit vite, ce soir-là.
- Sale coup, le retour de ces Lions, dit Yojiro. Je me voyais passer encore la nuit au chaud.
A la sortie des terres de Hayato-sama, le groupe trouva un petit bois au bord d’une rivière. Yojiro monta une cabane, pendant que Manji et Katon allaient à la pèche.
- Nous ferions quand même bien de prendre de la distance vis-à-vis de ce seigneur Lion, dit Manji. Il m’a l’air particulièrement sûr de lui, et arrogant, donc l’envie pourrait lui prendre de nous pourchasser, rien que pour le divertissement.

Nos héros continuèrent comme cela vers l’ouest, puis le sud-ouest pendant deux jours. Ils avaient l’intention de s’enfoncer dans les terres du clan du Lion. A cette époque de l’année, ils purent encore dormir à la belle étoile, deux soirs de suite.
- L’automne ne va pas tarder, dit Yojiro. D’ici là, il faudra nous trouver un abri durable, et solide.

Quatre jours après avoir quitté les terres de Hayato, ils arrivèrent dans un petit village gardé par deux ashigarus. L’un d’eux courut vers une grande bâtisse tandis que l’autre les accueillit.
- Soyez les bienvenus chez nous, samuraï, leur dit-il.
- Nous te remercions, dit Manji. Nous ne faisons que passer, mais nous nous sommes laissé surprendre par la nuit. Nous cherchons un abri.
L’ashigaru leur fit signe de le suivre. Il les amena dans la maison du chef de la communauté. C’était une vieille femme, vivant dans une pièce unique avec sa famille : des femmes déjà âgées qui pouvaient être ses filles, puis ses petites filles, jeune mamans, et des bambins qui couraient dans les jambes des adultes. Assise, fermement campée sur ses deux pieds, elle toisa les visiteurs sans appréhension.
- On ne pourra pas vous donner le couvert plus d’un soir, déclara-t-elle. Vous pouvez aller dormir dans la grange, à la sortie du village. Nul ne viendra vous déranger.
- Nous vous remercions infiniment pour votre hospitalité.
- On viendra vous porter du riz tout à l’heure.

Nos héros allèrent s’installer dans la grange. L’endroit sentait l’humide et la paille.
- Allons, nous serons bien, fit Yojiro.
Il s’allongea contre la paille, fourbu, la tête appuyée sur son sac de voyage. Maya se mit dans un coin, en tailleur, très concentrée et passa le reste de la soirée presque immobile, à méditer -comme elle disait. Elle mangea le riz et ne fit plus d’autres mouvements ensuite. Yojiro, qui n’avait rien à lui dire, ne se força pas à meubler la conversation. Il resta à fumer... A ruminer son passé, aussi.
Katon et Manji ressortirent après le repas.
- Je vais faire un tour, affirma le shugenja.
- Moi aussi, dit Manji, très sérieux, je vais prendre l’air…

Katon avait repéré l’auberge du village. Il s’en dégageait une odeur de saké pas déplaisante. Il entra, bien content de lui, la salive à la bouche.
- Bonsoir à tous, dit-il, un rien bravache.
On le salua poliment. Il vint s’accouder au comptoir. Il lui restait de la monnaie.
- Laissez, lui dit-on en souriant, c’est la maison qui offre.
- Ah, ce n’est pas de refus !
On savait recevoir dans ce patelin !
Le patron lui servit un bon verre, que Katon avala d’une gorgée.
- Ma foi, il est fameux !
Il y avait là les deux ashigarus, qui avaient terminé leur journée. Katon bavarda avec eux un bon moment, et, les langues se déliant, il parvint, à force de belles paroles, à se faire offrir un deuxième, puis un troisième verre.
- Décidément, la maison sait contenter ses clients !
Il se buvait bien ce petit saké !
Au bout d’un moment, les ashigarus dirent qu’ils devaient retourner dans leur famille. Katon repartit en même temps, égayé. Il trébucha avant de passer la porte de la grange.

Manji avait trouvé un autre attrait au village : dans une petite maison à l’écart, il avait aperçu, sur le pas de sa porte, une fille bien en chair, très maquillée, qui l’avait toisé avec insistance. Et Manji lui avait rendu ce regard, se sentant déjà embrasé par cette vision.
Il faisait déjà noir quand il alla frapper à sa porte. Elle ouvrit, apprêtée.
- Je t’attendais, dit-elle.
Elle le fit entrer.

Elle faisait brûler de l’encens, dans une pièce éclairée seulement par une bougie.
- Entre, mets-toi à l’aise.
Aux murs, on devinait des scènes de courtisanes lascives. Par terre, un grand lit.
- Tu as soif ?
Elle lui servit un verre de saké, et s’alluma une grande pipe très fine. Elle en proposa à Manji, qui refusa poliment.
- Comment t’appelles-tu ? Tu viens de loin avec tes amis ?

A mesure que la conversation avançait, elle se blottissait de plus en plus contre lui et le déshabillait lentement. Manji, abattu par la fatigue, grisé par l’alcool, se laissait faire. Il se retrouva torse nu au bout de quelques questions. Elle le prit par la main et le fit s’allonger. Elle retira son kimono et moucha la bougie.
- Viens…

Dans la grange, Yojiro, qui bourrait une nouvelle pipe, maugréa, goguenard :
- Alors, elle était bonne, la petit goutte locale ?
- Pas mauvaise du tout ! s’exclama Katon. Je crois que nous sommes bien tombés, avec ces gens fort accueillants !
Plein comme une outre, la peau du ventre bien tendue, Katon s’allongea, encore tout excité. Puis l’alcool prit le dessus et il se mit à ronfler. Peu après, Yojiro, les paupières lourdes, qui voyait le bout de sa pipe rougeoyer encore, la vida, écrasa les cendres chaudes, se tourna et s’endormit. Maya dans son coin, avait fini par s’allonger : elle était passé sans peine de la méditation au sommeil...

Manji poussa un grand soupir, et s’allongea, vainqueur. Il sourit, encore haletant.
Il avait fait honneur à son clan ! Et à ses Ancêtres !
La pauvre fille en était encore retournée.
- Jamais un homme ne m’avait fait ça…
Elle regardait dans le vide, prise de vertige.
Manji sentait qu’elle était sincère. Elle ne le disait pas comme elle aurait pu le dire à n’importe quel client de passage, non !
Manji, satisfait de son exploit, se laissa tomber dans le sommeil. Il allait passer la nuit, au chaud dans les bras de son hôtesse, pas dans la paille humide !

Katon se réveilla après quelques heures de sommeil. Il avait le ventre qui gargouillait.
Inquiet, il regarda autour de lui. C’était le saké qui ne passait pas. Yojiro et Maya dormaient à poings fermés. Katon ne se sentait pas bien. Il savait que ça allait mal finir. Il respira à fond, pria les Fortunes. Rien n’y fit. Le saké tournait en rond dans son estomac. Et il gargouillait de plus en plus. Il était pris de hauts le cœur...
- Allons, allons, du calme… Envisageons la situation avec la sérénité nécessaire…
Il eut alors un hoquet et se leva en vitesse. Il sortit et s’emplit de l’air nocturne. A l’ouest, la campagne bleuissait timidement. Le matin n’avait pas encore passé la ligne de l’horizonn et les bêtes de nuit chantaient encore.
Katon fit quelques pas.

- Voilà, un peu de marche, de l’air frais, et tout va rentrer dans l’ordre…
Il serrait les poings, preux comme le samuraï avant la bataille. Il continuait à respirer.
- Un vrai tensaï du feu, se dit-il en son for intérieur, ne recule devant aucun adversaire... pas même le démon saké !
Nouveau hoquet, comme protestation dudit for intérieur !
Katon sentait la panique le gagnait. Il s’éloigna de la grange. Il était maintenant résigné, prêt à faire face...
Restait à trouver un endroit discret. Surtout que Yojiro et Maya ne soient pas au courant…

Dans la grange, l’ancien Crabe s’était réveillé. Il se frotta le visage et s’alluma une pipe. Il entendit soudain un bruit très suggestif d’intérieurs qui se vident, dans le petit jour naissant.
- Hé hé, par Hida, ces Phénix n’ont aucune résistance... Où va l’Empire avec une jeunesse pareille !
Penché contre un arbre, Katon en finissait avec ce saké.
- Il était trop lourd, trop « villageois », voilà tout, se dit-il.

Manji se réveilla, en entendant des bruits à côté de lui.
Des petits halètements. Non, des pleurs. Il émergea du sommeil. Il entendit la fille se lever et se diriger vers sa cuisine. Manji remua et s’assit.
- Que se passe-t-il ?
- Rien, rendors-toi.
Manji était obligé de regarder dans le noir, la silhouette à moitié nue de sa compagne d’un soir. Il attrapa son kimono et alla vers elle. Il la prit dans ses bras.
- Que t’arrive-t-il ?
- Rien, je te dis…
Elle essuya ses yeux.
- Allons, tu peux me dire…
Il n’était pas non plus le premier client venu, il l’avait prouvé !
- Ecoute, tu ferais mieux de retourner voir tes amis...
- Déjà ? Je pensais passer encore un peu de temps avec toi…
- Non, il faut que tu partes.
Elle s’accrocha à lui, mais pour le repousser. Elle pleurait de plus en plus fort.
Manji se raidit et dégagea ses bras.
- Dis-moi ce qui ne va pas, dit-il, plus fermement.
- Tais-toi, tais-toi, va-t-en avant qu’il ne soit trop tard !… Je t’aurai prévenu…
- De quoi ?
Il lui tenait les poignets.
- Lâche-moi, et je te dirai…
Il attendit un moment et la lâcha. Elle s’assit sur le lit.
- Le chef du village, Grand-mère, a demandé à ce qu’on vous retienne ici pour la nuit, exprès… Ton ami a pu boire sans payer, on m’a demandé d’attirer l’un d’entre vous…
- Pourquoi ?
- On offre une forte prime pour les gens comme toi, depuis plusieurs jours… C’est un seigneur qui vient de loin, de l’Est, qui l’a proclamé… Depuis, on fait la chasse aux… aux…
- Aux rônins, oui. Qui est-ce, ce seigneur de l’Est ?
- Je ne sais pas. Je sais juste qu’il paye cher pour vous attraper.
Manji s’habillait déjà et remettait son saya.
Il la prit une dernière fois dans ses bras. Il ne connaissait même pas son nom.
- Je te remercie pour ce que tu as fait pour mes amis et moi, dit-il tendrement, en lui caressant les cheveux. Et je n’oublierai jamais notre nuit ensemble. Je vais partir, mais je te promets de revenir un jour te voir...
- Merci, dit-elle, pleurant à chaudes larmes.
Manji partit. Il avait croisé les doigts dans le dos. Les Ancêtres avaient déjà plus grave à lui pardonner !

Il courut à la grange.
Yojiro était en train de fumer quand Manji entra.
- Alors, passé une bonne nuit ? fit le Crabe, la pipe à la bouche.
- Très bien, mais nous devons partir. Où est Katon ?
- Il n’a pas supporté le saké local.
- Il faut aller le chercher.
- Vas-y, dit Yojiro en se levant, je vais réveiller Maya.
Il s’habilla et secoua l’Ize-Zumi.
- Hé, debout…
- Où est-il ? demanda Manji, je ne le vois pas.
- Il n’a pas dû aller loin, dans l’état où il était. Mais pourquoi ce départ précipité ? Un mari jaloux ?
- Non, on nous a tendus un piège. Les Lions ont une prime sur la tête des samuraï sans clan.
Yojiro cracha. Un beau crachat épaissi par le tabac.
- La peste sur ces loqueteux !
Le Crabe ramassa le paquetage de Katon et suivit Manji et Maya dehors. On retrouva Katon, assis au pied d’un arbre, qui prenait le frais. Yojiro lui jeta son sac :
- En avant ! Le saké est plus doux au village suivant...

Manji expliqua au shugenja ce qui se passait, pendant que nos héros quittaient le village, dans la direction du sud.


A suivre...Samurai



1er Episode : Sur les routes - Gaeriel - 19-02-2008

hanredaface2, il n'y a qu'un saké empoisonné pour me rendre malade, les réserves de patron san m'en sont témoin!lol


1er Episode : Sur les routes - Darth Nico - 19-02-2008

Il te prépare une ardoise.redaface2


1er Episode : Sur les routes - Gaeriel - 19-02-2008

popoporedaface2, il n'oserait pas, il risquerait de s'attirer les foudres d'Osano Wo et patron san, en employeur intelligente et socialement accessible^^, a bien compris qu'il valait mieux, pour les finances et la santé, avoir le tonnerre d'Osana Wo avec soi que contre soi!

Sans quoi la queue du Phénix le terrasserabiggrin

Ou la boule de feu le consummera^^




1er Episode : Sur les routes - Darth Nico - 19-02-2008

C'est vrai que tous les videurs de la basse-ville n'ont pas la capacité de balancer le tonnerre sur les mauvais garçons.:sayen:


1er Episode : Sur les routes - Gaeriel - 19-02-2008

Il faudra vraiment que j'invente le pouvoir "super guerrier" avec des bonus en intimidation^^

D'ailleurs, ca reste à voir, amis je me verrai en plus en tant que ronin créer mes propres sorts plutôt qu'en apprendre. En totucas mon perso a de bonnes chances de se dire qu'il vaut mieux pour lui créer ses propres sorts dans la mesure où l'aéccès aux bibliothèques est bloqué. GN pourrais tu lire en détail comment fonctionne la création en terme de règle PP, durée, prérequis etc...

En tout cas le premier pouvoir que je créerai s'appelera "Aura of the divine Phenix"!

Je trouve que ca fait plus classe pour un ronin, qui plus est tensai de créer ses propres sorts^^

Je parle évidemment que du feu^^