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22e Episode : La menace zombie - Darth Nico - 04-11-2006

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

<span style="color:green">La 5e Réincarnation : 22e Episode</span><!--/sizec-->
Boeuf 1127



La menace zombie<!--/sizec-->

Ayame se réveilla, la tête pleine de pensées confuses, dans une aube qui ne se montrait pas comme telle, mais comme un court interlude entre deux nuits.
Fatiguée, elle fit quand même l'effort d'aller saluer Shosuro Hyobu. Ikky la suivait, elle aussi mal sortie du sommeil.
- Gouverneur, dit-elle, front à terre, j'ai besoin de savoir ce qui vous fait penser que derrière Goshiu...
- C'est très simple ma fille, coupa la vieille dame, nous connaissions bien, mes conseillers et moi cette vieille malédiction. Les Gouverneurs la connaissent. Tous l'ont redoutée, mais moi je l'ai connue ! Les astrologues du palais ont scruté les cieux depuis des temps immémoriaux, pour prévoir le retour du Gouverneur qui fonda cette ville... Récemment, les astres envoyaient des signaux sans équivoque...
- Pourquoi ne pas nous avoir prévenus ?
- Nous ne pensions pas que la malédiction se réaliserait si vite... Et nous pensions que les Fortunes nous parlaient peut-être des Crabes eux-mêmes... Peut-être que c'était de cela, dont ils voulaient parler... Peut-être que Goju est l'un des leurs...
- Non, je ne le pense pas.
Et là, c'était Ayame qui rendait un jugement sans appel. Et, par son ton, elle intimait l'ordre au Gouverneur de ne pas feindre l'ignorance. Elle savait pertinemment qu'on pouvait par le fer et par le sang contre l'Outremonde. Pas contre Goju, qui avait profité de l'affaiblissement, de la détresse de la Cité pour s'y introduire.
- Et que pensez-vous de Bayushi Korechika, demanda Ikky. Va t-il se rallier à Goshiu ?
- Korechika est dévoué au clan du Scorpion. Goshiu est son supérieur. Il lui obéira sans discuter car c'est un samuraï.
Hyobu le déplorait-elle ou bien admirait-elle l'abnégation de son ancien bras droit ? Nul n'aurait pu le dire.
- Mère, il faut vous reposer, dit Kimi.
Ayame fit un petit signe d'excuse : elle et Ikky n'avaient que trop importuné Hyobu-sama.
En sortant de la chambre, elles croisèrent un serviteur qui leur annonça que Ryu les convoquait !
Ah, être convoqué par Mirumoto Ryu ! Subtil plaisir matinal !
Plus qu'avant, elle semblait débordée par sa paperasse, la meilleure armure contre la réalité pour elle. Elle barbottait dedans, accablée, jamais assez absorbée par ces paperasses triviales... Bien sûr elle ne parvenait pas à s'y plonger. L'honneur en elle n'était pas mort, juste agonisant. Comme une aiguille, il revenait la piquer, l'exciter, l'agacer en permanence.
- Je suis... je suis dépassée par la situation, avoua t-elle enfin.
Déjà, elle semblait allégée de cet aveu.
- Je dois partir...
- Partir mais où ?
Ayame était partagée entre la stupéfaction et le soulagement. Voir Ryu partir...
- Je pars en voyage...
- Mais où ?
On sentait que ce pourrait être n'importe où sauf dans la Cité !
- Au sud... Je vais demander conseil.
- A qui ?
Il fallait vraiment lui arracher les mots de la bouche !
- Il est vrai, reconnut Ayame, que tous les conseils sont bons à prendre.
- Je vais rejoindre Mirumoto Daini-sama. L'armée de mon clan...
Elle en avait besoin comme d'un retour au pays natal.
- Je te laisse les dossiers en cours, Ayame-san... Je souhaite partir sur l'heure...
Il aurait inutile de faire des politesses pour la retenir.
Beau mouvement tactique à vrai dire : pourrir la situation jusqu'à toucher le fond du marécage du deshonneur, puis s'en aller en laissant tout en plan !
Ryu quitta la ville en fin de mâtinée.
- Maintenant nous sommes seules, soupira Ikky.
Mais c'était moins un triste constat qu'un soulagement. Il allait falloir maintenant reprendre tout depuis le début ! Au niveau d'infamie où la Magistrature en était, elle ne pouvait qu'effectuer une ascension fulgurante ! Bien sûr, le peuple ne se doutait pas de ce qui se déroulait comme vilénies entre les murs augustes des palais, mais les samuraï de la ville n'ignoraient pas la prise d'otage du Gouverneur. Personne n'aurait eu un mot contre la Magistrature d'Emeraude. Seulement, on savait que les Scorpions étaient les maîtres tout-puissants de la Cité.

Samurai

Le capitaine Kiiro, cette femme entre deux âges, borgne, qui tenait une embarcation près du pont du Dragon, fumait sa pipe en surveillant le déchargement de ses cales. Elle vit Mirumoto Ryu s'approcher d'elle, pressée. Elle n'avait plus eu affaire aux samuraï d'Emeraude depuis l'enquête (avortée) sur le meurtre de l'ancien Magistrat.
- Capitaine, dit Ryu sans manière, j'ai besoin de quitter la ville. Dans la plus grande discrétion, est-ce bien clair ?
- Tout à fait clair, Magistrate !
Avec des kokus, le capitaine Kiiro savait rendre de grands services, sans poser de questions !
Ryu embarqua donc dès que le bateau fut prêt à repartir sur le fleuve.
- Larguez les amarres ! cria le vieil Edenté, l'assistant de Kiiro, de sa voix éraillée.

Samurai

Il ne restait donc plus que les deux Phénix au palais d'Emeraude. Bayushi Bokkai avait été poliment invité à séjourner chez le Gouverneur, en tant que membre du clan du Scorpion s'étant distingué à la guerre. Hida Shigeru était le second soutien de Miya Katsu.
Ayame s'installa donc à son tour dans le bureau du Magistrat d'Emeraude. On ne s'y retrouvait plus ! Officiellement, c'était pourtant Katsu-sama qui était le maître à bord.
L'après-midi suivant le départ de Hiruya, on vint prévenir notre shugenja qu'un émissaire du Gouverneur se présentait à la porte.
- Il s'agit du porte-parole de Goshiu-sama, un nommé Yogo Jinnai.
Encore une surprise ! L'hôte forcé du temple avait trouvé comment retourner son kimono ! Ayame n'enrageait pas, mais goûtait l'ironie amère de la situation. Elle reçut donc le porte-parole.
- Konnichi wa, Ayame-san. Au nom de mon maître, je souhaiterais vous inviter dans notre palais.
Ayame frissonna. Qu'entendait-il par "inviter" ? Inviter pour un temps indéterminé ?
- La Magistrature est déjà en bonne partie l'invitée de votre maître, Jinnai-san.
Elle lui faisait durement sentir, par son regard, ce qu'elle pensait de ce ralliement opportuniste à Goshiu.
- A ce sujet, affirma sans vergogne le porte-parole, je puis vous affirmer que Katsu-sama et ses deux assistants se portent comme des charmes. Ils se disent honorés de leur séjour, si agréable...
Ayame fit un petit geste agacé : il ne fallait pas non plus en rajouter !
Jinnai se retira, après moults contorsions diplomatiques.
- Il n'a pas perdu de temps lui, lâcha Ikky.
Ayame haussa les épaules : au fond, elle concevait assez bien qu'on sache dans quel sens souffle le vent. Elle-même avait tout fait pour rater sa carrière diplomatique, à cause de son avidité irrépressible pour les aspects les moins reluisants de l'Empire, pour sa manie de fouiller dans les recoins puants. En somme, elle avait échoué là où Isawa Kogin, en acceptant d'être une élève douée, allait parfaitement réussir. Ayame aurait tout eu pour réussir, pour briller. Elle aurait eu l'intelligence nécessaire à se forger des relations, pour savoir auprès de qui se faire voir, mais, en toute conscience, elle avait refusé la voie impériale pour les sentiers de la perdition. Elle était un cas exceptionnel : une arriviste volontairement ratée !

Elle avait accepté l'invitation pour ce soir. Qu'avait-elle à perdre ?... L'honneur ? La gloire ?... Ha ! elle était bien assez capable de décider seule de ce qu'elle perdait ! On ne pouvait plus grand'chose contre elle maintenant ! C'est bien ce qui effrayait avec elle : Ayame était bien celle qui était le plus capable de se nuire, la meilleure ennemie d'elle-même !

Samurai

Mirumoto Ryu descendit la rivière et arriva en vue du grand palais Shosuro, au pied duquel campait l'armée de son clan. Aux yeux des Mirumoto, elle s'était couverte de gloire à la guerre. On ignorait les sales mésaventures qu'elle avait vécues dans la Cité. Mais en temps de guerre, on avait besoin de héros sur les champs de bataille, pas de courtisans doués.
Elle fut saluée avec respect et bientôt reçue dans la tente du général Daini. Ce dernier avait réuni autour d'une table de cartes stratégiques son état-major, la crême des officiers du Dragon, rudes, nobles, forts physiquement et moralement, endurcis par le mode de vie ascétique des montagnes et l'âpreté des combats. Ils portaient les plus magnifiques armures du clan, qui semblaient taillées dans de la peau de dragon d'émeraude et de jade.
Ryu, la voix chargée de lassitude, voulut expliquer les méfaits commis dans la Cité, l'alliance de Goshiu et Goju mais elle ne fut pas entendue. On ne voulait d'elle que comme une héroïne du clan. On ne voulait que la hisser sur un piédestal, la glorifier et glorifier la famille en même temps ! Les intrigues de couloirs, ça ne parlait pas aux généraux !
En revanche, quand elle annonça que le Gouverneur avait l'intention de traiter avec les Crabes, elle fit mouche !
- Quoi ! que me dites-vous là !
- C'est ma faute, tenta Ryu, mes compagnons sont presque tous morts face à l'Outremonde et ensuite, j'ai insulté le Gouverneur et la Magistrature...
Mais sa voix se perdit dans le tumulte de l'indignation générale.
- Les Scorpions viennent de nous poignarder dans le dos ! hurla Daini. C'est une trahison abominable !
- Oui, insensée !
- Inexplicable !
- Le fiel de ces ordures est inépuisable !
- Ils veulent nous voir crever dans la boue pour défendre leur clan d'ignomineux lâches !
C'était dit :
- Je vais demander une audience immédiate avec les dirigeants de la famille Shosuro ! Ils nous doivent des explications ! Le Gouverneur de Ryoko Owari n'a pu décider une telle chose sans leur accord !
- Oui, bravo, vive le général Daini !

Samurai

Ayame et Ikky entrèrent en grande tenue dans la salle d'audience du Gouverneur et firent leur révérence. Bayushi Goshiu, sur son trône, présenta ses salutations.
- Je suis honoré que vous ayez répondu si vite à mon invitation.
Dans soin coin, Yogo Jinnai se grattait la barbe, pas mécontent de lui. Bayushi Korechika, stoïque, approuvait d'un hochement de tête à chaque phrase du Gouverneur. Miya Katsu, entouré de Bokkai et Shigeru, produisait un grand effort pour garder sa contenance, pour ne pas montrer combien il se sentait humilié.
- Comme vous le savez, nous désirons parler avec les Crabes, afin de savoir si certains d'entre eux sont prêts à poser les armes et à discuter avec nous. Ils ne peuvent tous vouloir la destruction de l'Ordre Céleste qu'incarne notre Empereur. Ce sont les défenseurs du Mur depuis mille ans. Ils n'ont pu, du jour au lendemain, se retourner contre nous. Ecoutons ce qu'ils ont à nous dire.
- Oui, fit Katsu (dont on sentait bien que c'était son tour de parler, convenu à l'avance), il est plus honorable de discuter avec la famille Hida.
- Toutefois, fit poliment Ayame, souvenons-nous que nombre d'entre eux s'est allié à l'Outremonde. Pour ceux-là, il ne peut y avoir de pardon.
- Certainement non, dit Goshiu, les doigts tendus devant son visage, le coude posé sur le genou. Nous ne parlerons qu'à ceux qui n'ont pas oublié qu'ils ont le sang des dieux dans les veines.
Ayame allait tenter une autre objection.
- Que ceux qui sont encore honorables trouvent une chance d'écouter la voix des Ancêtres qui parle à tous les serviteurs des Hanteï !
- Une tâche honorable, fit Ayame, juste et magnanime, Goshiu-sama.
Katsu-sama venait de lui intimer par le regard l'ordre de se soumettre.
- Bien, fit le Gouverneur, satisfait, alors que tous prient les Fortunes, car je ne veux pas laisser cet Empire, que nous avons bâti durant mille ans, se scinder en deux ! Mes négociations n'échoueront pas !
C'était là son credo. Chacun devait se répéter ce petit slogan et le transmettre à ses subordonnées.

Pour ses bons et loyaux services, Miya Katsu fut autorisé à parler en privé à ses assistants.
- Quelles nouvelles ?
- Nous n'avons pas de nouvelles de Kakita Hiruya, fit Ikky. Quant à Ryu, elle a décidé de rejoindre l'armée de Mirumoto Daini.
- Ce n'est pas une mauvaise décisions, soupira Katsu.
Et il avait exactement la même réaction que les deux Phénix : plus soulagé que déçu !
- Il ne faut pas nous appuyer sur les Dragons outre-mesure, fit Katsu. Défendre la ville avant tout. C'est le devoir de la magistrature.
- Entendu.
- J'étais si impatient, fit Bokkai, rêveur, de retrouver la Cité des Histoires... Cette atmosphère si particulière, unique à Rokugan...
On le laissait dire car lui, en tant que membre d'un clan de toute façon dehonorable, pouvait bien exprimer les mauvaises pensées des autres !
- Le Gouverneur autorise Hida Shigeru à repartir avec vous, fit le Magistrat.
- Dans ce cas, vous êtes maintenant le chef, déclara Ikky.
Lourd, fatigué, le gros Crabe se leva et fit jouer ses muscles. A son tour de s'asseoir sur le siège de Magistrat de la Cité !

Samurai


22e Episode : La menace zombie - Darth Nico - 02-12-2006

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

Hiruya, Jotomon et Tsuyoshi avançaient dans la campagne des terres du Scorpion, quand ils aperçurent au loin une forte troupe du clan du Crabe. Des éclaireurs. Mais même des éclaireurs du clan du Grand Ours restaient des adversaires terriblement dangereux.
- Il y a deux choix, fit le senseï Jotomon. Soit nous prenons au plus court mais alors nous les rencontrerons. Soit nous faisons un détour.
- La Cité nous attend, déclara notre Magistrat, fermement résolu, nous prendrons au plus court !
Ses compagnons de voyage y étaient préparés.
Ils continuèrent, sans peur. Ils aperçurent alors, non loin d’eux, une troupe de grands guerriers à la peau verte, au corps de serpent. Des Nagas ! Ces êtres qui sortaient de leur sommeil et s’étaient joints au clan du Dragon.
Ils étaient cinq, des arcs autour du corps et de grands carquois bien garnis dans le dos. Ils avaient vu le groupe de Kakita Hiruya et notre héros sut qu’il était bon d’aller les rencontrer. Il les salua selon les coutumes rokuganis, pour montrer qu’ils étaient d’honorables guerriers. Les Nagas ne partageaient aucunement le code de politesse de l’Empire d’Emeraude, mais ils n’en étaient pas moins des combattants ayant leur propre sens de l’honneur.
- Salutations, samouraï, dit leur chef, qui parlait presque sans accent le langage humain, avec toutefois un léger cheveu sur la langue. Mon nom est Tauladet.
- Salutations, Tauladet. Nous sommes ennemis des samouraï qui piétinent cette campagne.
- Ce sont les serviteurs du Grand Ennemi. C’est leur trahison qui a provoqué notre réveil. Le temps est proche où les cieux vont trembler de leur menace. Nous sommes à vos côtés pour lutter contre eux.
- Nous acceptons votre aide avec reconnaissance.
Sur le champ de bataille, les Nagas avaient déjà largement fait leurs preuves. Même si les samouraï gardaient la conviction de leur être supérieurs, ils les reconnaissaient maintenant (pour ceux qui avaient affronté les Crabes du moins) comme des alliés de poids.
- Marchons vers l’étoile du Nord, dit Tauladet. Nous décocherons nos flèches dès que nous serons suffisamment prêts pour les atteindre.

Samurai

Au campement des Dragons, Ryu se sentait désemparée. Elle avait réussi à prévenir Mirumoto Daini des intentions du Gouverneur Goshiu : négocier la paix avec l’envahisseur. Mais elle connaissait de plus la menace de l’Ombre et sur ce sujet, elle n’avait pas trouvé d’oreilles attentives. Elle tenta d’en trouver auprès des shugenja Agasha qui s’étaient joints à la campagne du général Daini, mais ceux-ci ne comprirent pas. Ou bien comprirent trop et ne dirent rien. Ou bien firent semblant de comprendre vite pour cacher qu’ils ne savaient pas. Ou bien, ou bien… Ryu demanda l’autorisation de consulter certains documents précieux, mais ne l’obtint pas.
Elle se sentait perdue. Un vieux dicton de sa vallée d’Heibetsu disait que celui qui veut trouver doit commencer par tout perdre et tout oublier.
Notre héroïne végéta pendant la journée, pensive, solitaire. Autour d’elle, on s’agitait, on se préparait mais elle demeurait dans le silence de ses pensées et des remparts du grand palais de la famille Shosuro. Au loin, la Cité des Mensonges se dressait, sinistre. Et pourtant, c’était cette ville qu’elle était chargée de défendre.
Le soir venu, elle refit un tour sur les remparts, dans la nuit lunaire. Le Seigneur Onnotangu, le maître de la nuit, éclairait le monde de ses lueurs blafardes. Ryu avisa un carré de gazon sur lequel la lumière de l’astre tombait plus intensément. Elle y vit un signe des Fortunes et alla dormir.
Le lendemain, à la première heure, elle était à pied d’œuvre. Elle emmenait des ouvriers pour creuser à l’endroit désigné par la lune. Il ne fallut que peu de temps pour déterrer un bâton planté là, qui avait presque entièrement disparu sous terre. Il était gravé et décoré. Intrigué, Ryu le fit emmener dans une boîte et retourna voir les Agasha. Cette fois, ceux-ci répondirent. Le bâton, disaient-ils, était codé en langage Scorpion. On conseilla à notre héroïne d’aller voir les shugenja du clan des secrets. Sans attendre, elle s’y rendit et fut reçu au palais, dans l’officine étrange, inquiétante, pleine d’animaux empaillés et d’étranges instruments aux formes biscornues, du shugenja Yogo Veul, un vieil homme bossu aux traits tirés, aux petits gestes tordus. Il examina l’objet et rendit sa conclusion :
- Ce bâton fut enterré pour commémorer la mort de grands héros de notre clan lors d’une ancienne bataille. Il indique l’endroit où furent dispersées les cendres de l’officier qui remporta le combat. Il serait de mauvais augure de laisser plus longtemps cet objet hors de terre. Si je puis vous conseiller, je vous dirais d’aller le remettre.
Ryu remercia avec le minimum d’expression et quitta cet endroit malsain.

Samurai

Hiruya et ses alliés avançaient d'un bon pas. Dans la journée, ils parcoururent un bon tiers du chemin entre la Forêt et la Cité. Le soir, ils installèrent un campement. Tard, Hiruya et Tsuyoshi restèrent autour du feu. Les flammes luisaient sur les éclats de jade du rônin.
- Que viens-tu faire à la Cité des Histoires ? demanda enfin Hiruya.
Tsuyoshi ne tressaillit pas : cette question, il l'attendait.
- Je viens accomplir les dernières volontés de mon maître. Puis, je retournerai à Shiro Akodo pour y pratiquer le suicide rituel. Car sans mon maître, je ne suis plus rien. Pour le moment, seule la mission que je dois accomplir justifie mon existence.
- Une mission d'honneur, murmura Hiruya.
En tant que samuraï, il ne pouvait qu'approuver. En tant que Magistrat de la Cité, il s'inquiétait des dangers causés par un fanatique prêt à se tuer pour accomplir son devoir. Tsuyoshi le savait bien. Il dit :
- Bien sûr, honorable Magistrat, je vous solliciterai si l'honneur est en jeu. Je vous préviendrai avant d'entreprendre quoi que ce soit et je ne serai pas une gêne pour vous.
Hiruya savait que ce ne pouvait être des paroles en l'air. Rassuré, il alla s'endormir.

Il fut réveillé juste après s'être endormi. Des guetteurs Nagas avaient repéré l'approche de rôdeurs dans la nuit. On entendait le cliquetis caractéristiques d'armures. Tsuyoshi s'équipait déjà tandis que Hiruya sautait hors de son couchage. Kagetoki scrutait les ténèbres.
On resserra le cercle autour du feu. On y voyait pas à vingt pas dans la nuit et les silhouettes approchaient rapidement.
- Tsuyoshi, ordonna le Magistrat, organise l'attaque !
- Haï !
Le rônin lança quelques ordres brefs en direction des Nagas, qui se postèrent comme il le souhaitait. Un beuglement déchirant retentit et des cadavres décharnés sautèrent des buissons. Hiruya dégaina son sabre et en coupa un. De même Kagetoki-san et Tsuyoshi. Un des Nagas fut attrapé par ce mort-vivant, qui lui déchira la gorge de ses dents taillées en pointe. Un autre abattit sa grande faux sur ce monstre. D'autres surgissaient qui se heurtèrent aux puissants Nagas et à l'art impitoyable du sabre des samuraï. Kitsuki Jotomon en abattit une dizaine en quelques passes magistrales, dans un tourbillon d'acier stupéfiant. Ces créatures avaient été des samouraï mais l'Outremonde avait mangé leur vie et leur chair et n'en avait laissé que des pantins décharnés, assoiffés de sang. Alors qu'on croyait l'attaque repoussé, un cavalier terrifiant surgit sous la lune : sa monture était verte de peau et ses côtes ressortaient nettement, tandis toute sa tête était celle d'un cheval dément, maigre, aux yeux remplacés par des escarboucles furieuses et à la mâchoire carnassière. Le cavalier, lui, portait une lourde armure difforme, décorée de colifichets d'adeptes du sang. Sa monture se cabra et cet ennemi sans nom lança une énorme boule de feu sur nos héros. Un des Nagas s'interposa pour sauver Tauladet et fut rôti d'un coup. Le cavalier s'éloigna au galop et disparut dans un hennissement qui ressemblait à l'ouverture d'une porte vers le monde des démons !

Samurai

Ryu se rendit dans un petit temple des environs du palais Shosuro et y demeura en prière une grande partie de la journée. Elle cherchait un signe des Ancêtres, une aide dans cette situation incertaine où elle se trouvait. Le général Daini ne savait pas ce qui s'était passé à la Cité réellement.
Ryu fermait les yeux, et alors que le soleil descendait, elle ne les avait pas ouverts. Elle demandait un signe des Fortunes. Elle entendit alors d'autres samuraï approcher d'elle. Etait-ce le signe attendu ?
Elle vit alors Kakita Hiruya, Kakita Kagetoki, Kitsuki Jotomon et Tsuyoshi, debout face à elle !
- Nous ne vous dérangeons pas, Ryu-san ?
Elle n'en revenait pas de voir les quatre samuraï déjà ici. Et elle tremblait, parce qu'elle savait que l'heure d'affronter Hiruya était arrivé.
- Je désirerais vous parler, fit-elle humblement, typiquement dans la posture de la mauvaise élève qui doit avouer une grosse bêtise au maître.
- Entendu, Ryu-san, fit Hiruya (qui pressentait le pire -mais savait aussi qu'avec Ryu non seulement le pire n'est jamais sûr mais encore est bien pire que le pire qu'on peut imaginer !wink Mais avant, je dois m'entretenir avec le général Daini !
Ryu courba l'échine. Hiruya, accompagné par Kagetoki et Jotomon entra dans la tente du général, qui se dit honoré de recevoir le Magistrat.
Hiruya fut mis au courant de l'arrivée du Gouverneur Goshiu et de ses intentions. Il serra les poings de rage. Daini lui avait transmis ce sentiment de trahison qu'il avait éprouvé en apprenant que les Crabes se verraient offrir une chance de négocier.
Pendant ce temps, on montait une tente pour le Magistrat. Il ressortit de chez Daini, en l'ayant assuré de son soutien face à ce revirement de situation.
- Ryu-san, vous aviez à me parler...
Une boule remonta dans la gorge de la Dragon. Cette fois, Jotomon et Kagetoki attendirent dehors : on sentait qu'il y avait de l'orage dans l'air. Assis près du feu de camp avec d'autres rônins, Tsuyoshi avala un bol de riz.
- Tiens, camarade...
On lui passait une bouteille de saké. Du mauvais saké, mais enfin, par cette froidure, il réchauffait. Tsuyoshi croqua ensuite dans une pomme. On entendit alors de la tente un cri de colère stupéfaite de Hiruya-sama.
Bientôt, il ressortait, furieux, agité comme une grue qui vient d'échapper à un prédateur.
- Exceptionnel !
Kagetoki et Jotomon se regardèrent, surpris, effrayés eux aussi. Qu'avait donc pu apprendre le Magistrat ? Même le stoïque Tsuyoshi (encore plus stoïque depuis qu'il ne pensait plus qu'aux dernières volontés de Kage-senseï) montra des signes d'inquiétude.
- Exceptionnel... répéta Hiruya.
Il se calma car ce n'était pas une attitude digne d'un samuraï mais il aurait préféré que la foudre d'Osano-Wo lui tombe dessus plutôt que d'entendre le récit des exploits de Ryu. Il ne parvenait pas encore à y croire !... Accuser le Gouverneur de complicité avec les Crabes !... L'insulter en public !... ainsi ! sans hésitation !...
- Nous partons sur l'heure à la Cité !
Les compagnons de voyage de notre héros le suivirent sans rien oser dire. Ryu ressortit de la tente, penaude. Les autres samuraï la regardèrent avec la plus grande sévérité. A elle seule, elle valait bien les autres catastrophes s'abattant sur l'Empire !

Samurai

Flottant dans un bien-etre qui donnait un sentiment d'irréalité agréable à toutes choses, Ayame sortait de la maison de bains, dans une cité plongée dans un silence qui aurait pu être délicieux, mais qui était plutôt un silence de mort. L'air était pourtant léger, le ciel clair mais Ayame avait le sentiment d'être seule dans la Cité. Ikky la suivait mais participait du silence ambiant.
Au palais, la shugenja retrouva Shigeru qui maugréait en tournant dans les couloirs du palais pour s'occuper.
- Des troupes Licornes sont arrivées à la porte nord-ouest de la ville, fit le Crabe en reniflant. Elles ont installé leurs tentes. Elles sont commandées par le général Otaku Tetsuko, la tante du daimyo des Vierges de Bataille, Otaku Kamoko.
C'était dit parce qu'il fallait que ce soit dit mais Ayame ne voyait rien à en tirer.
En fin de journée, l'atmosphère changea brusquement.
Hiruya était de retour, et il n'était pas content !non
Branle-bas de combat !
Il ne prit pas le temps de dire un mot sur son voyage, se contentant de présenter Kakita Kagetoki (Tsuyoshi n'étant pas venu au palais). Il demanda ensuite à s'entretenir en privé avec Ayame. La shugenja regrettait déjà le calme pesant de la journée. Maintenant, c'était l'agitation, l'empressement, pour complaire aux désirs de Hiruya-sama et se conformer à ses humeurs.
La shugenja essayait d'accepter cette situation. Elle se souvint que Hiruya avait dû apprendre peu avant les nouvelles, par Ryu. Notre shugenja croisa d'ailleurs la Dragon et lui sourit poliment mais dans ce sourire entrait clairement le message suivant : "il est l'heure de payer les pots cassés, Ryu-san."
Ayame soupira encore puis tapa au panneau de la salle de réception du Magistrat.
- Entrez, Ayame.
Hiruya avait le visage fermé. Il cachait à peine à quel point il était consterné, abattu. On sentait en lui une fragilité qu'il ne laissait jamais paraître. Mais cette fois, il chancelait. Il ne pourrait pas redresser seul la situation. Il avait un poids titanesque sur les épaules. Les deux samuraï se répétèrent où ils en étaient avec Goshiu. Hiruya pour arriver à s'en persuader, Ayame pour ne pas oublier que cette situation indébourbable était bien réel !
Hiruya tapa du poing sur la table basse :
- Nous devons refuser ce chantage de Goshiu !
Il savait bien que ce n'était pas possible. Ayame le lui rappela avec des mots choisis.
- En revanche, Hiruya-sama, nous devons solliciter nos alliés potentiels. Pour contrebalancer la toute-puissance du gouverneur.
- Le général Daini n'est pas prêt à négocier. Nous n'allons pas nous battre entre nous alors que les Crabes sont à nos portes ! Nous avons eu beau les repoussé, il en vient encore !... En chemin, nous en avons aperçu une troupe, qui doit encore se cacher dans la région !
Il était excédé.
- Les Licornes dans ce cas.
- Oui, pourquoi pas... Mais le clan de Shinjo était allié aux Scorpions à Beiden... Mais les Licornes soutiennent aussi les Dragons !
Il en résultait que les Licornes étaient en position de force : engagés dans la guerre sans y être plongés totalement, ils pouvaient combattre comme bon leur semblait, sans avoir d'envahisseurs sur leurs terres.
- Attendons de savoir ce que le général Otaku Tetsuko a l'intention de faire, suggéra la shugenja. Peut-être que son arrivée n'est pas étrangère à celle de Goshiu...
- Les Licornes voudraient prendre le pouvoir ici ?
- Qui sait ?...
Les deux samouraï restèrent silencieux un moment. Puis, Hiruya reprit, un ton plus bas :
- Ryu affirme que Goshiu a pactisé avec l'Ombre...
- Oui je le pense. Du moins, l'Ombre a placé la personne qu'elle souhaitait à la tête de la ville. Il n'est pas certain que Goshiu sache de quelle manipulation il est le jouet. Cela se produit, chez ceux qui sont trop sûrs d'eux et qui se croient à l'abri, quand ils croient tenir tout le monde entre leurs mains.
- Oui mais là il s'agit quand même de l'Ombre elle-même...
- Le danger est plus que jamais présent. La Cité va inévitablement devenir le théâtre d'affrontements dévastateurs.
Hiruya se leva, soupira très fort et se rassit.
- Et toi ?...
- Ma foi, toussota la shugenja, le besoin m'est passé. Je n'ai plus touché à ces herbes depuis mon arrivée au temple. Katsu-sama m'a permis de sortir, au moment où Goshiu est arrivé. Les Moines pensent que je suis capable d'oublier cette page de mon passé.
- Tant mieux. Au moins une bonne nouvelle... Denrée précieuse par les temps qui courent...

Hiruya fit appeler le reste de l'équipe. Elle se réunit au grand complet. Le Magistrat résuma la situation, objectivement, sans plus chercher les responsables mais des solutions !
- J'attends vos propositions, samouraï !

A suivre...Samurai


22e Episode : La menace zombie - Darth Nico - 02-12-2006

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

Il y eut un bon moment de flottement. Toussotements. Bokkai se grattait un ongle. Shigeru apercevait un oiseau dehors. Ayame rangeait des parchemins dans sa besace, Ikky était agacée par un faux pli de son kimono...

- Je propose de rencontrer le gouverneur Goshiu, fit Bokkai, de sa voix la plus doucereuse, la plus assurée. Je suis certain qu'il sera facile de nous entendre avec lui.
Regard noir de Ryu.
- Est-ce que le Gouverneur a seulement demandé à nous voir ? fit Ayame.
- Nous pouvons compter sur le général Mirumoto Daini, affirma Hiruya. Et si nous pensons qu'il existe un lien entre Goshiu et l'Ombre, il faut nous en servir. Qu'il comprenne que nous savons des choses.
- Je dirais que se faire un ennemi de Goshiu-sama n'apportera rien de bon, dit Bokkai.
- Bien, dit Hiruya, décidé à prendre rapidement des mesures, voici ce que nous allons faire. Ryu-san nous servira de porte-parole auprès du général Daini. Shigeru et Bokkai tâcherons de voir s'il existe encore des Crabes fidèles à l'Empereur dans la région. Nous nous appuierons sur eux. Quant aux Phénix et au Moine Tadakune, ils enquêteront sur les liens entre Goshiu-sama et l'Ombre !
Rien que ça ! Ayame était estomaquée !
- Je suis certain qu'ils ne trouveront rien, fit Bokkai en s'inclinant.
- Je ne sais pas dans quelle mesure nous devons chercher l'Ombre autour de Goshiu, dit Ayame, gênée.
- Il faut que cette affaire soit résolue avant la fin du mois, trancha Hiruya.

Samurai

Après cette réunion, Hiruya rencontra le Moine Tadakune. Il lui dit qu'il avait trouvé l'Epée de Cristal, il raconta en quelques mots sa quête dans le monde étrange de Sakkaku.
- Cette Epée, les Ancêtres ont voulu qu'elle revienne à Rokugan pour combattre l'Ombre, Hiruya-sama.
A cette occasion, Hiruya fit les présentations entre le Moine et Kagetoki.
- De grands évènements se préparent, dit le Moine après les salutations rituelles. Cette nuit, Rukya et moi allons interroger les astres et dresser des thèmes du ciel pour comprendre les volontés des Fortunes.
Hiruya souhaita bon soir et alla dormir sans attendre. Il avait bien besoin qu'une bonne nuit passe sur cette sale journée !

Samurai

Le soir, tout le monde n'avait pas sommeil... Ayame faisait semblant de dormir. Elle commençait à savoir s'y prendre correctement. Elle utilisait cette ruse enfantine par excellence. Quand elle entendit la respiration d'Ikky devenir profonde, régulière, elle se releva pour aller à la fenêtre. Elle vit le Ninja descendre du mur et arriver sur l'appui.
- Elle dort ?...
- Oui...
Le Ninja s'assit en silence dans la pièce.
- Vous avez visité le palais ?
- Oui. Et je n'ai rien trouvé de suspect. Pas de personnes entachées par des marques de l'Ombre.
- Non, elle n'a plus intérêt à se montrer, maintenant qu'elle a Goshiu au pouvoir.
- Méfiance, Ayame. Goshiu n'a pas besoin d'aide surnaturelle pour arriver si haut dans le clan du Scorpion. C'est le plus grand intrigant de l'Empire. Il ne sera pas possible de démasquer Goshiu si l'Ombre ne commet pas d'erreur. En commettra t-elle ? C'est peu probable. Pour le moment, Goshiu veut affirmer son pouvoir et défendre la Cité en faisant le moins possible appel aux autres clans. Il défend la fierté démente de son clan. Si Goshiu parvenait à stopper les Crabes... mais c'est peu probable...
- Cette ambition peut lui être insufflée par l'Ombre elle-même...
- Rien ne le dit pour le moment... Mais nous savons que les ombres peuvent défier même les Dieux... Qui sait si Goshiu, comme vous dites, n'a pas un peu de cette ambition ?... Il faudra être patient et frapper au bon moment.
- Oui, mais saurons-nous trouver ce moment ?
- Je l'ignore, Ayame... Je vais disparaître quelques temps. J'ai pris trop de risques. Je risque de me découvrir.
- Convenons d'un signal. Si vous désirez me rencontrer, allez fleurir l'autel de Shiba Shonagon, au temple de Daikoku.
- Entendu.
Shiba Shonagon était cette célèbre femme du monde, morte d'un excès d'opium et qui avait publié, dit-on, un journal où elle narrait les dessous de la Cité. Ayame la prenait pour une sorte de modèle, comme si elle était un modèle pour elle, de femme samuraï indépendante d'esprit et prête à chercher la vérité, même la plus sale.

Samurai

Le lendemain, Hiruya parlait avec le Moine, qui avait passé une partie de la nuit à dessiner une carte du ciel.
- Pour détruire l'Ombre, disait Tadakune, il faudra bien sûr l'Epée. Mais une arme, si puissante soit-elle, n'est rien si celui qui la porte n'est pas un noble guerrier. Et pour que l'Epée déploie son pouvoir, il faudra réunir un samuraï de chaque clan issu du sang des Dieux. Ces samuraï ont été choisis depuis leur naissance. Ils sont chacun la réincarnation de samuraï qui, par le passé, ont tenté de s'allier contre l'Ombre et ont échoué. Voilà maintenant que la sixième occasion se présente. Le moment crucial de la cinquième réincarnation aura lieu bientôt.
Hiruya hochait la tête, très concentré et inquiet.
- Un samuraï de chaque clan, répéta le Moine. Je crois pouvoir dire, sans désir de vous flatter, Hiruya-sama, que vous êtes celui du clan de la Grue. Et parmi les deux Phénix, l'une d'elle sera le champion de son clan. Les astres parlent par énigme mais pour qui sait entendre, leur message devient limpide.
- Qui sera le Lion ?
- Peut-être ce rônin qui a fait partie de votre groupe...
- Riobe ? Mais c'est un rônin !
- C'est un Lion par le coeur... Mais je ne puis être formel pour l'instant.
- Si c'est Riobe, il est loin de nous.
- Il est chez Toturi.
- Toturi est à Beiden et le col est bloqué par les Licornes.
- Cela peut changer.
- Oui, fit Hiruya, peu convaincu. Mais je connais un autre rônin, qui a déchu du clan du Lion.
- Présentez-le moi. Je dresserai son thème astral. Nous verrons ce que les constellations nous enverront comme signe.
Hiruya envoya chercher Tsuyoshi. Il fut présenté au Moine et accepta de s'entretenir avec lui.

Samurai

Mirumoto Ryu retourna au campement des Dragons. Elle se présenta au général, qui fut honoré que la Magistrature d'Emeraude dépêche un porte-parole permanent.
- Excellent ! ainsi nous scellons une alliance avec Hiruya-san, qui est un homme d'honneur !
Le soir, le vieux et bossu shugenja Yogo Veul vint demander à Ryu s'il pouvait lui parler. Notre enquêtrice, toujours à la recherche d'une piste, le suivit dans ses appartements.
Elle remarqua qu'elle dut traverser un glyphe de protection tracé au sol.
- Suis-je donc si dangereuse ?
- Non, non, voyons !...
Et Veul ricana, ce qui était un tic chez lui.
Il prit un bol d'eau et y plongea le bâton trouvé par Ryu. Finalement, il n'était plus si urgent d'aller l'enterrer !
Il fit quelques passes magiques au-dessus du récipient et rendit son verdict :
- On a pratiqué un sort de maho sur cet objet...
Il l'avait dit d'une voix on ne peut plus glaçante.
- Il n'y a pas plus d'un mois...
Ryu se souvint d'un dicton de mauvaise langue, entendu à la Cité, disant : "Quand on est vieux et Yogo, c'est qu'on a fait de la maho !'
- On a pratiqué même un rituel sur les cendres qui ont été dispersés sur ce champ !
- Quelle sorte de rituel ? fit Ryu, qui tremblait d'entendre la réponse mais la devinait.
- Un rituel pour ramener les morts à la vie !
- Hmmm... (et cette expression dénotait chez Ryu une grande anxiété !wink
- Il nous faut retrouver qui furent les guerriers dont les cendres furent dispersées sur ce lieu !

Les assistants de Yogo Veul purent retrouver les noms des plus glorieux samuraï tombés à cet endroit.
- Bien, dit Ryu, je vais mener mon enquête !
Elle se rendit au village à l'entrée de la plaine de la bataille. Des rumeurs disait qu'une femme du village, morte quelques jours plus tôt, avait vu des fantômes. Mais Ryu ne se fiait guère à ces légendes paysannes, qu'on trouve dans chaque village de l'Empire. Cependant, on avait trouvé chez elle des parchemins narrant la bataille qui avait eu lieu là, trois générations auparavant. Après la mort du général pour qui l'on avait réalisé cette oeuvre, ces parchemins avaient été oubliés au fond d'une malle. La maison du samuraï avait brûlé lors d'un été très sec. La maison était tombée, mais le coffre aux parchemins avait résisté aux flammes. Les derniers samuraï occupant la maison (la mère et la nièce du samuraï) étaient partis ailleurs. Une famille de paysans s'étaient installés à cet endroit et eurent la chance de garder le coffre, car les deux femmes avaient voulu récompenser à l'époque le chef de famille, qui avait été l'un des palefreniers du samuraï.
Et voilà que maintenant ce parchemin arrivait entre les mains de Ryu. On y voyait un cavalier dans toute sa superbe. Mais certains au village le disait maudit, car on prétendait qu'à la lueur des flammes, les soirs de demi-lune, il s'animait et rendait fou celui qui le tenait.
Ce samuraï se nommait Bayushi Gorodaï. Il était tombé de cheval lors d'un combat contre la famille Matsu. A terre, blessé, il avait été décapité par le général adverse.
Ryu revint au palais et remit le dessin à Yogo Veul.

Samurai

Pendant la journée d'enquête de Ryu, un messager était parti à la Cité des Histoires. Il arriva au palais d'Emeraude pour délivrer les nouvelles au Magistrat. Hiruya lut le papier envoyé par Ryu. Il ne craignait plus le pire : il l'attendait avec un sentiment de fatalité !
"Je suis arrivée au palais Shosuro, Hiruya-sama. J'apprends que des rituels maudits ont été pratiqués ici. Il est probable que des morts-vivants attaquent bientôt. Je continue mon enquête. Ryu"
Pas un mot de trop ! Hiruya roula le parchemin et envoya Scorpions et Dragons à tous les kansen : qu'ils se débrouillent avec leurs saletés de zombies ! Lui avait d'autres chats à fouetter !

Puisqu'elle avait non seulement l'aval de Hiruya-sama mais sa demande impérieuse, Ayame courut en bibliothèque dès la fin des soins matinaux. Elle était dans son domaine, ici. Dans la bonne chaleur et l'odeur des vieux parchemins.
Elle savait que le sinistre Matsu Bashô, membre de la secte du Condor, avait vécu ici un moment et fréquenté le joli monde de l'île de la Larme. Shiba Shonagon, Shosuro Jocho, Asahina Masumi et d'autres avaient discuté avec lui, aimé ses poèmes, passé la nuit à festoyer en sa compagnie, sans soupçonner l'horreur cachée dans les tréfonds de son âme.
Ayame chercha ce que Bashô avait pu apprendre ici sur la Novice (puisqu'il s'était inspiré de ses poèmes pour composer ses propres oeuvres). La shugenja n'eut pas exactement la réponse attendue mais elle découvrit quand même un fait crucial : la Novice avait été un moment conseillère de Bayushi Tangen II, gouverneur de la Cité puis conseiller de Bayushi Atsuki, l'un des membres du Gozoku. Donc il n'était pas impensable que Tangen-sama eût emmené la Novice avec lui à la cour impériale.
Ayame eut la certitude qu'il fallait continuer à creuser cette piste. Tirer sur la corde et dévider ce qui allait venir avec, sans s'arrêter avant la fin.

Au palais Shosuro, Ryu apprit de Yogo Veul que le parchemin avait été imprégné d'une partie de l'esprit de Bayushi Gorodai, tant celui-ci avait dû apprécier cette représentation de lui. Mais depuis, cet esprit avait été perverti par la maho !
Veul était affirmatif. Ryu se demandait si le shugenja n'éprouvait pas une vilaine jubilation à découvrir de pareilles horreurs. Est-ce qu'Ayame, à force de recherches du même genre, n'allait pas finir comme lui ?Hehe
- Donc il est clair, honorable Magistrate, qu'on a pu pratiqué un rituel visant à ressusciter Bayushi Gorodaï !
- Je vais m'informer sur lui.
- Mes assistants peuvent s'en charger, honorable magistrate. Et puis, les Fortunes nous guident...
Oui mais dans quels recoins sombres, c'était bien là une question à se poser !

A la Cité, on vint annoncer au palais l'arrivée de la shugenja Iuchi Shizuka. Elle venait sur la demande de Hiruya, qui avait souhaité une seconde shugenja, après avoir conçu certains petits doutes sur la probité et la moralité d'Ayame. Il désirait quelqu'un de fiable, qui n'irait pas fourrer son nez n'importe où.
Avec Iuchi Shizuka, il pouvait être satisfait. Il la connaissait déjà, car il s'agissait de la femme de Shinjo Kohei. En société, elle était très agréable, très civilisée pour une Licorne. Trop même, aux yeux de son mariPandaà qui elle menait la vie dure au foyer ! C'était un sujet de plaisanterie constant au village du lac aux rives blanches : les malheurs domestiques de Kohei-san ! Il lui fallait âprement négocier pour obtenir l'autorisation de sortir festoyer avec ses amis et en rentrant, il devait inévitablement subir une cure de végétarisme, pour se laver de cette sale viande cuite qu'il ingurgitait au cours de plantureux banquets !
Shizuka respirait la droiture et l'honnêteté, sans être non plus une fanatique.
Une shugenja fiable, capable de discernement et de jugement, c'est ce qui manquait cruellement à cette équipe ! Une personne équilibrée, stable, sans les défauts et les excès des autres membres : Ayame trop curieuse, Ryu trop gaffeuse, Shigeru trop brutal, Bokkai trop méchant, Ikky trop inefficace, Kohei trop Licorne... Hiruya, quant à lui, se considérait certes excessif, mais excessif en qualités et équilibré dans cet excès : trop séduisant, trop habile au katana, trop clairvoyant, trop béni par les Dieux...
Shinsei avait bien dû écrire quelque part : "il faut de l'excès dans la mesure et de la mesure dans l'excès" !

Shizuka fut accueillie dignement. Elle eut la politesse de ne pas montrer qu'elle arrivait ici pour corriger les erreurs d'Ayame. Celle-ci ne put que ressentir la shugenja Licorne comme une rivale. Mais la Licorne mettait tant de fraîcheur dans ses manières qu'on avait pas envie de lui chercher querelle. Elle était, de ce point de vue, l'inverse d'Isawa Kogin.
On demanda des nouvelles de Shinjo Kohei, toujours à la guerre avec son clan. Il avait pris du grade : haussé au rang de taisa, il dirigeait des groupes de cavaleries qui montaient à l'assaut lors des affrontements contre le clan du Crabe. Il faisait honneur à Shinjo, monté sur son grand destrier plein de feu et de noblesse.
Hiruya laissa la shugenja prendre ses quartiers dans le palais.

L'après-midi, le Magistrat s'entretint avec le Moine. Celui-ci avait parlé avec Tsuyoshi.
- Je ne veux pas m'avancer inconsidérément, honorable Magistrat, mais je ne pense pas que ce Tsuyoshi soit notre samuraï.
- Bien, il fallait en être sûr.
- En revanche, je crois mieux cerner les raisons de sa présence à la Cité.
- Il doit accomplir une dernière mission pour feu son maître, Akodo Kage-senseï.
- J'ajouterais, Hiruya-sama, que cette mission consiste sûrement à tuer quelqu'un dans cette Cité.
- Par Benten, murmura notre héros, voilà qui complique la situation... Kage-senseï ne l'aurait pas envoyé ici pour le premier petit samuraï venu...
Le Moine approuva d'un hochement de tête inquiet.

En fin d'après-midi, un second messager arrivait de la part de Ryu. Elle y annonçait que le danger pouvait venir d'un général nommé Bayushi Gorodaï, revenu d'entre les morts avec ses hommes.
Cette fois, Hiruya ne pouvait plus ignorer la menace. Il fit venir Shizuka et lui dit qu'ils partiraient tous les deux le lendemain au palais Shosuro.
- Des morts-vivants menacent d'attaquer là-bas !... Et ce sera l'occasion de faire mieux connaissance avec Ryu-san ! Après, vous irez combattre l'Outremonde la joie au coeur !

A suivre...Samurai


22e Episode : La menace zombie - Darth Nico - 03-12-2006

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

Le lendemain matin, Hiruya et Shizuka prenaient le bateau sur la rivière et se firent conduire au palais Shosuro. Ouf, se dit Ayame, on peut de nouveau respirer !
Hida Shigeru reprenait sa place de maître du palais d'Emeraude. Et Miya Katsu était toujours l'invité permanent de Bayushi Goshiu, qui ne donnait aucune nouvelle. Hiruya avait donné des instructions précises à Shigeru : il était urgent d'attendre ! Pas de vagues, pas de provocation, le moins de contact avec le Gouverneur et les Scorpions. Se contenter de surveiller la calme et maintenir le calme.
Shigeru regrettait de ne plus se voir confier de tâches d'enquêtes dans les rues... et les débits de boissons ! Maintenant, il lui fallait fréquenter les administrateurs du palais. Il passait du temps au dojo pour se dégourdir les muscles. Il regrettait ses promenades, quelques mois plus tôt, dans le quartier des pêcheurs, à humer l'air du port, à regarder les gens vivre, à partager un peu de leur existence et de leurs soucis. Sa place n'était pas dans un palais mais à fouler la terre ou les rues et à parler aux gens du peuple ou au samuraï. Il pensait à sa famille, à ses quatre enfants, et se sentit pris d'une grande nostalgie.
- Par Hida, tu te ramollis Shigeru-san !...
Et il pensait à son clan, au yeux duquel il devait passer pour un renégat, lui qui avait chois la voie de l'honneur.

Isawa Ayame, suivie d'Ikky, alla au temple de Daikoku. Au passage, elle jeta un oeil sur l'autel de Shiba Shonagon, qui n'était pas fleuri. Elle fut accueillie par l'abbé Okawa. Elle prit le temps de prier longuement, le matin puis, après un déjeuner frugal, rejoignit la bibliothèque du palais. Ikky continuait ses lectures : jamais elle n'aurait cru que sa condition de yojimbo pût lui permettre de tant cultiver son esprit !
Elle lisait des récits plus ou moins parodiques de grandes batailles, des lectures populaires parmi les samuraï, qui s'en racontaient des passages pour passer le temps ou trouver le courage d'être à la hauteur des Ancêtres. Et par la lecture, Ikky vivait des aventures merveilleuses, qui la sortaient de son condition souvent terne, à protéger la shugenja la plus ambiguë de cet Empire ! Comme les autres Shiba, elle ressentait durement, en tant que guerrière, l'esprit de son clan. Il lui arrivait d'envier les samuraï du clan du Lion, élevés dans le culte de la guerre et du sacrifice. Elle n'aimait pas cette vie errante de magistrate. Elle aurait préféré vivre comme une femme au foyer, avoir une vie plus stable, ou bien se battre pour défendre ses terres natales. Pas pour découvrir de sordides secrets dans une ville étrangère, loin de la beauté simple et digne des terres ancestrales ! Que pouvait lui importer le destin de ce sale clan du Scorpion ! N'avait-on pas cruellement besoin d'elle et d'Ayame, à la Cité du Repos Confiant, ou au Chêne Pale ?...
Non, elle ne s'y faisait pas, à cette vie incertaine et changeante. Mais elle n'en montrait rien et assumait son destin. Elle se dévouait aveuglément à la protection d'Ayame, pour oublier de se poser des questions sur la justesse de cette tâche. Mais questionner, n'était-ce pas commencer à désobéir ?...

Samurai

Ayame fit cette après-midi là une découverte de très grande importante. Elle se sentait en veine ! Elle découvrit en effet rien moins que la localisation d'un temple dédiée à la Novice !
- Ikky, j'ai terminé mes recherches ici !
Surprise d'abord, la yojimbo soupira et rangea le roman qu'elle venait juste de déplier. Elle était interrompue en plein milieu d'un passage passionnant !
- Et où allons-nous ?
Ayame sifflota en rangeant ses parchemins. Elle ne répondit pas, toute guillerette.
Les deux femmes se mirent en route. Elles arrivèrent en fin d'après-midi au village de Pokau, une minuscule localité dans les contreforts des montagnes du Toit du Monde. Ayame trouva sans difficulté le temple.
C'était émouvant, en somme, d'arriver ici !
Ici la Novice était morte, tuée par un gunso Matsu. L'Ize-Zumi matérialiste était venu en pélerinage ici, triste de constater que celle qu'il avait cherchée si longtemps avait déjà péri... Ayame se sentait tellement lié à cet endroit. Depuis plus d'un an, c'est cet endroit, sans le savoir, qu'elle cherchait. De bibliothèques en temples, elle avait suivi la piste de la Novice, plus acharnée qu'un Inquisiteur Kitsuki et enfin, elle trouvait un lieu bien réel, bien présent !
Il n'y avait donc bien que notre shugenja pour considérer cet endroit perdu comme un lieu de pélerinage !

Le soir de cette journée, Kakita Hiruya arrivait avec Iuchi Shizuka au palais Shosuro. Un conseil se réunit avec Ryu et Yogo Veul. Hiruya examina le parchemin du cavalier. Notre Magistrat repensa au cavalier affronté dans la nuit, avec les Nagas, mais il ne s'agissait sans doute pas du même. Il y en avait peut-être deux au lieu d'un dans la région... On décida d'avertir le général Daini qu'il faudrait lancer des raids dans la région. Bien sûr, les Scorpions de la famille Yogo étaient déjà avertis, grâce à Veul-san.
En observant le cavalier et en écoutant Hiruya parler de celui rencontré dans la nuit, Shizuka prit un air grave... On devinait à quoi elle pensait.
- Les Motos déchus... aussi puissants que les samuraï, aussi sournois que les ruses des démons... aussi multiples que les oni...
- La menace qui pèse sur cet endroit est peut-être plus grave que nous ne pensions, déclara Hiruya. A cette fin, je vais faire appeler les deux Phénix. Nous aurons besoin d'elles pour nous débarrasser des monstres qui nous guettent !

A Pokau, le soir tombait aussi.
- Quel lieu de villégiature sympathique, dit Ikky en observant les quelques bicoques misérables exposées au vent coupant des montagnes arides. Mais enfin, il serait dommage d'être venu ici pour rien. Je suis certaine qu'il y a une bonne raison à ce voyage soudain...
Ayame riait sous cape et laissait dire. Ikky scrutait les lieux.
- Bizarre, personne... Je cherchais votre soupirant... Il n'est pas encore arrivé ?
- Je ne vois pas de qui tu parles, Ikky. Et quand bien même, je ne pense pas qu'il vienne ici...
En parlant à un homme du peuple, qui était né ici et y mourrait, Ayame apprit que la Novice était bien-aimée des gens du lieu : on la priait, on lui recommandait les femmes enceintes pour obtenir de beaux enfants qui pourraient courir, plein de vigueur, dans cette région si riche, si plaisante...
- Dis-moi, paysan, fit Ayame avec un ton où entrait un peu de mépris condescendant du peuple et le sentiment du triomphe à venir, sais-tu si d'autres personnes étrangères sont venues ici ?
- Oui, honorable et puissante shugenja, fit le vieil homme (parfaitement le genre de personne qu'un samuraï pressé aime rencontrer : humble et loquace !wink, il est venu il y a plusieurs années un important seigneur de la Cité des Histoires... un samuraï du clan du Lion, très différents des siens. Il se disait poète.
- Oui je vois, dit Ayame, qui n'était pas surprise.
- Ainsi qu'un Inquisiteur de la famille Asako, Phenix-sama.
Bashô et Nakiro !
Et derrière ses airs de paysan simplet, il était drôlement bien renseigné cet homme. Ayame le remercia et dit qu'elle allait prier au temple de la Novice. Goguenarde, Ikky aurait bien ironisé sur les méditations très pieuses d'Ayame mais elle sentait la shugenja si heureuse et si fébrile, si avide de trouver, prête à mordre, que le jeu n'en valait pas la chandelle !

Les deux femmes entrèrent dans la petite bâtisse. Ayame avait l'impression d'entrer dans le saint des saints !
- Par où commence t-on les "prières" ?
Non, Ikky n'avait pu se retenir ! Ayame, circonspecte, observait avec le plus grand sérieux. Rien ne lui échapperait de ce qui se cachait ici. Dans ces moments, elle en aurait remontré à un disciple du Nazodo en tenacité méthodique !
- Toi, Ikky, fouille. Moi, je vais m'intéresser à ces tentures. Je jurerais qu'elles contiennent un message codée... Il me semble que ces écritures...
Elle était déjà plongée dans leur lecture. Elle prit son parchemin, une plume et de l'encre et copia minutieusement les inscriptions.
Ikky trouva une cache dans un mur, une pierre étant mal scellée. L'endroit avait déjà été découvert et son contenu dérobé.
Ayame termina sa copie, regarda Ikky et, discrêtement, utilisa un sort dit de la Lumière de Seigneur Lune, qui révélait instantanément tout objet caché dans une pièce.
- Tiens, Ikky, regarde ! Tu as mal cherché ! Tu n'as pas vu la boîte qui se cachait dans ce défaut du parquet !
Ayame jubilait de sa méchanceté gratuite. A l'intérieur, des parchemins, écrits dans un style qu'Ayame reconnaissait comme celui de l'époque du Gozoku. Ses cinq doigts tremblèrent quand elle trouva un plan et des indications codées dessus. Elle tenta de les déchiffrer ainsi, rapidement, mais ce n'était pas un code habituel. Elle bouillait d'impatience !
Même Bashô et Nakiro n'avaient pas trouvé cette boîte !
Les gens du village ne reconnurent pas davantage ce qui était indiqué sur ce plan.
L'Empire ignorait que bientôt, chacun de ses habitants pourrait être interrogé par la Magistrate Isawa Ayame, afin de reconnaître ce plan !
Par des chemins détournés, Ayame arrivait à ce plan, en étant parti d'un parchemin ramené au hasard à Isawa Akitoki exprès pour l'emmerder, les mémoires de l'Ize Zumi matérialiste !
La boucle était presque refermée sur elle-même, mais Ayame ne savait pas comment finir de la boucler.

Samurai

Les deux femmes dormirent à Pokau. Le soir, Ayame entendit une voix moqueuse caractéristique la tirer de son sommeil :
- Heureux de constater que votre pélerinage vous plaît, Ayame-san...Strygger
Ayame, à moitié endormie, se rassit :
- Nakiro... où êtes-vous ?
Elle s'habituait presque à la présence, pourtant quelque peu malsaine:baton:, de l'Inquisiteur mort, et cette habitude atténuait la peur de ce mort-vivant plus vivant que mort !
- Etes-vous venue chercher la sagesse ?...
Ce soir, Nakiro n'était qu'une voix, portée par le vent nocturne.
- Pourquoi ne restez-vous pas dans le monde des morts, Nakiro ?
- D'une certaine façon, je vous suis lié, Ayame. Et j'ai encore des devoirs envers ce monde-ci.
- Des devoirs !...
Même Ayame pensait qu'il ne fallait pas exagérer ! Des devoirs !... un maho-tsukaï !
- Vous ne voyez pas où mène ce plan, Ayame ?
- Je serai opiniâtre, je trouverai...
- Moi je suis de plus en plus inquiet, Ayame...
- Pourquoi donc ? Vous êtes mort...
- Et vous, vous êtes mon seul lien avec le monde des vivants maintenant...
La voix se tut. Ayame s'endormit. Le lendemain, les deux femmes étaient de retour à la Cité des Histoires.

Samurai

Sur les terres Shosuro, Hiruya et ses assistants poursuivaient leur enquête. On retourna sur les lieux de l'attaque du premier cavalier, celui qui maniait le feu. Ryu se mit en quête d'indices. On interrogea les gens des villages voisins. Certains affirmèrent avoir vu un cavalier ce soir-là, d'autres en avoir vu deux, dont l'un muni de quatre bras terrifiants.
On trouva des traces griffues, laissées par les pattes de ces chevaux de cauchemar appelés onikage et qui constituent les montures de la garde Noire de Moto Tsume. Ryu suivit les traces, qui disparaissaient à un endroit précis, comme si les monstres s'étaient volatilisés à cet endroit.
- Ou bien comme s'ils avaient disparu sous terre, corrigea Shizuka. Les Fortunes de la Terre sont leurs alliés. Ils savent les plier à leurs sombres desseins. Ils peuvent réapparaître ici ou ailleurs. Inutile de creuser ici, nous ne trouverons rien.
Au crépuscule, nos samuraï partirent explorer le bois où, disait-on, ces cavaliers allaient et venaient. Des yorikis les suivaient, porteurs de lanternes. Un pisteur recruté au village trouva la trace des pattes griffues. Branchages secouées, taillis coupées... "Ils" étaient passés par là.
On entendit un murmure, puis un souffle. Un yoriki tomba, décapité. Une silhouette disparut entre les arbres. Ryu le poursuivit, bien imprudemment et reçut un vilain coup de katana. Elle tomba, frappée à la cuisse. Shizuka réagit promptement face à l'adversaire invisible. Elle lança dans sa direction une pluie de jade magique ! La silhouette du tueur apparut dans la lumière écarlate et s'enflamma comme une torche.
Hiruya dégaina et frappa un second samuraï déchu. Shizuka lança une seconde pluie de jade. Un autre monstre s'enflamma, dans un hurlement bref. Shizuka se pencha sur Ryu, dont elle referma rapidement la blessure par une application de ses mains et l'aide des Fortunes de l'Eau.
Hiruya avait brièvement eu le temps de reconnaitre, parmi les victimes, le cavalier qui avait tué le Naga.
Satisfait de sa nouvelle recrue, Shizuka, il ordonna le retour au campement Dragon. Le lendemain, sachant les Scorpions prévenus, il décida de rentrer à la Cité.

Quand lui et ses assistants arrivèrent, Ayame effectuait des recherches frénétiques en bibliothèque. Jamais Hiruya ne l'avait vue dans un tel état : c'était comme si un de ces tourbillons du grand océan venait de passer dedans ! Ayame était enfoncée jusqu'au cou dans les parchemins !
- Je trouverai, je trouverai !...
Elle suait abondamment et ne maîtrisait plus le tremblement de sa main. Ikky lisait dans son coin, insouciante face à cette furie !
En fin de journée, Ayame dut avouer sa défaite : le plan cherché ne se trouvait pas ici !
Epuisée, hagarde, elle partit à la maison de bain, se laver de toute cette sueur !
Le soir, elle fit un court rapport à Hiruya sur son voyage à Pokau.
Le Magistrat hocha la tête. Il ne pouvait pas la critiquer : c'est lui qui avait ordonné ces recherches. Bien sûr, Ayame les orientait à sa manière...
Elle ne tenait plus debout, ce soir-là. Elle partit dans sa chambre et s'endormit comme une souche. Et cette fois-là, Ikky put terminer sa lecture bien à son aise !

Samurai

Cette nuit, Hiruya rêva.
Il rêva qu'il retournait à l'entrée du monde des Kenkus, qu'il retrouvait celui qu'il avait désarmé, Azureus.
- Ton esprit revient dans notre monde, disait ce dernier. Ce qui est normal : tous les vivants, la nuit, voyagent dans Sakkaku. Toi, tu reviens précisément ici, grâce à ma magie et à ton attachement à ce monde.
Hiruya le salua poliment.
- La dernière fois, tu m'as désarmé, Hiruya-san.
- Je ne voulais pas te tuer...
- Tu ne m'en as pas voulu de t'avoir attaqué.
- Pourquoi, si je t'ai vaincu ?... Le duel et l'honneur sont liées pour moi. De même la gloire et la victoire...
- Pour comprendre nos techniques, Hiruya, il faut le dévouement exigé pour les samuraï. Il faut toute ta force d'âme. Puisque tu m'as vaincu, je suis en effet tenu de te rendre un service. Tu as voulu connaître nos technique.
Et Azureus ajouta malicieusement :
- Sache que tu risques d'en rêver la nuit !
- Tant mieux. Mes journées sont bien occupées mais pas mes nuits.
Les deux adversaires se mirent en garde. Azureus poussa un cri qui tue. Hiruya resta imperturbable, l'attendit. Azureus courut, sabre au clair. Hiruya fit une légère esquive et, dégainant, désarma net le Kenku !








SamuraiFORCE ET HONNEUR, SAMURAI !<!--sizec--><!--/sizec-->Samurai







22e Episode : La menace zombie - sdm - 03-12-2006

Tu as vraiment passé tout ton week-end à écrire dis-moismile
En tout cas c'est toujours un plaisir de retrouver tous nos héros et leurs petites habitudes, les conneries, les secrets, les accordagesBoidleau


22e Episode : La menace zombie - Darth Nico - 04-12-2006

C'est un peu le feuilleton quotidien de Ryoko Owari...Boidleau

Ryu dira t-elle plus de deux mots dans une phrase ? Comment Hiruya va t-il se l'accorder ? Ayame va t-elle trouver de nouveaux parchemins ?...biggrin