![]() |
21e Episode : Les otages du Gouverneur - Printable Version +- Forum du Mamarland (http://forum.chezseb.ovh) +-- Forum: Jeux de rôles (http://forum.chezseb.ovh/forumdisplay.php?fid=3) +--- Forum: Le Livre des Cinq Anneaux (http://forum.chezseb.ovh/forumdisplay.php?fid=11) +--- Thread: 21e Episode : Les otages du Gouverneur (/showthread.php?tid=328) Pages:
1
2
|
21e Episode : Les otages du Gouverneur - Darth Nico - 26-10-2006 CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
<span style="color:blue">La 5e Réincarnation : 21e Episode</span><!--/sizec--> Boeuf 1127 Les otages du Gouverneur<!--/sizec--> 1ere partie : La quête de l'Epée de cristal<!--sizec--><!--/sizec--> ![]() Hiruya entra, seul, dans la grande salle noire qui se trouvait au fond de la grotte. Des piliers de bois, avec des torches accrochées dessus. Un pesant silence, de recueillement, profond comme dans les grands temples des Fortunes les plus colériques de Rokugan. Un silence menaçant. Hiruya savait qu'il n'était pas seul. Il avait la main sur la garde de son katana. Et il avança vers le fond de la pièce, tandis que ses instincts de guerrier lui hurlaient de faire demi-tour. Il y avait un prédateur tapi au fond. Un être prêt à l'attaquer au moment où il s'y attendrait le moins. Un de ces monstres qui peuplent les récits d'enfance des grands-mères. Mais Hiruya savait qu'ils peuplaient aussi le monde réel. Il fit encore quelques pas. Il entendit des pas, juste à côté de lui et vit une silhouette disparaître derrière un pilier. Il n'avait pas dégainé. Mais il n'allait pas tarder. Hiruya était seul, bel et bien seul. Et il eut alors cette pensée, pensée toute simple, simple comme un enseignement de Shinsei, simple comme les proverbes immémoriaux... simple comme le mouvement de la vague éphémère sur l'océan ... pensée à la fois magique et pleine de bon sens : - De toute façon, si Ryu était là, ça irait plus mal !... ![]() Estourbi par sa chute, notre Magistrat s'était relevé au pied des falaises de granit rose, à quelques pas de la grotte. Il avait rencontré Kakita Kagetoki. Dès le début de son voyage. Et les deux hommes, après les présentations rituelles, avaient discuté. Cinq ans que Kagetoki-senseï avait quitté Rokugan ! Cinq ans d'exil !... - Où sommes-nous ? - Nous ne sommes plus dans l'Empire d'Emeraude, Magistrat-sama, c'est certain. Mais pas non plus dans le monde de Sakkaku. Nous sommes quelque part entre les deux. Hiruya peinait à comprendre. Il savait seulement que Shinomen Mori était inacessible. Mais pour le moment, il ne pensait pas au retour. Il parla à Kagatoki de sa quête. - Par Benten, l'Epée de Cristal ! Mais je ne l'ai plus, honorable Magistrat ! Je l'ai perdue... Et peu à peu, j'ai abandonné l'idée de revenir à Rokugan, fidèle à mon serment. Pour un homme qui avait habité cinq ans dans un endroit perdu, loin des cours raffinées, il n'était pas devenu trop brutal. A peine quelques négligences, quelques gestes trop rudes, quelques petits oublis de l'étiquette, mais pas la bête brute qu'on aurait pu s'attendre à rencontrer. Il y avait tant de rônins, déchus récemment qui devenaient de véritables sauvages au bout de quelques mois passés sur les routes. Ce qui prouvait que les bonnes manières Grues pouvaient aider un samuraï aux abois à lutter contre la déchéance. Non l'honneur n'était donc pas un vain mot ! Kagetoki-senseï en était la preuve. Il aurait fait honte à bien des courtisans hypocrites, mal éduqués, qui avaient néanmoins leurs entrées dans les quartiers centraux d'Otosan Uchi. - Non je n'ai plus l'Epée... Moi aussi je me suis aventuré dans Sakkaku, à la poursuite du Kenku qui me l'avait dérobée. Mais ma quête n'avait plus de fin, et j'ai cru devenir fou parmi ces créatures qui n'ont ni honneur ni langage comme nous. J'ai trouvé refuge ici, où la solitude me pèse moins que la fréquentation de ces saletés de créatures qui me prenaient pour un semblable, alors qu'elles n'appartiennent pas plus à l'Ordre Céleste que le dernier des bouchers de Rokugan ! - Kagetoki-senseï, j'ai besoin de cette Epée. Un grand danger pèse sur notre Empire... Et par ces paroles, Hiruya reprochait implicitement au senseï d'avoir abandonné sa recherche. - Je comprends, Hiruya-san. Tu es un homme d'honneur et je crois que j'ai oublié ce que signifiait ce mot depuis trop de temps. Puisque tu es venu pour moi, je ne peux pas refuser de repartir avec toi. Mais encore faut-il que tu puisses entrer dans Sakkaku... - Que faut-il faire ? Kagetoki s'était levé en soupirant. - Va au fond de cette grotte. Il s'y trouve une pièce imprégnée d'une magie dont j'ignore tout. Là-bas se trouve l'entrée du monde des Kenkus. Si tu parviens à y entrer, je le saurai et tu me retrouveras de l'autre coté... Mais si tu n'y parviens pas... - Alors quoi ?... - Alors l'Epée sera perdue pour de bon... Hiruya était parti aussitôt, pendant que Kagetoki se grattait la nuque, dubitatif. Mais déjà il sentait la vaillance et le dévouement du samuraï reprendre sens pour lui. Et si c'était sa chance ?... ![]() Hiruya distinguait nettement des pas. On courait autour de lui, entre les piliers. Il avança vers le fond de la pièce, où il vit des mannequins en bois, habillés de grands kimonos et de masques à longs becs. Ces fantôches semblaient l'observer attentivement. Notre héros s'approcha. Il sentait que ces êtres inertes pouvaient prendre vie brusquement. On continuait à trotter, à quelques pas de lui. Hiruya se posa sur ses deux pieds, fermement et attendit. Il ferma les yeux et ne se fia qu'à son ouïe. A elle et à l'intuition du guerrier, qui anticipe la frappe de son adversaire avant même qu'il ne la lance. Il entendit la lame de son ennemi sortir du fourreau : il était prêt. Il pivota sur un pied, évita le coup qui trancha un pilier et répliqua d'une attaque fulgurante : il désarma son adversaire d'un mouvement absolument parfait. Les lames tintèrent en se heurtant et le katana s'envola. Hiruya pointa le bout de sa lame sous le bec de son ennemi : le Kenku qui l'avait attiré au bord de la falaise. Le gros oiseau suait dans son kimono et vit son sabre, planté à terre à plusieurs mètres de lui. Hiruya vit une grosse boule d'inquiétude descendre dans sa gorge. - Voudrais-tu m'indiquer le chemin qui mène dans ton monde, s'il te plait, kenku-san ? Et, bizarrement, il savait qu'il serait compris, tant un sabre bien aiguisé peut délier les langues ! Timidement, le Kenku pointa de son bras - aile vers le fond de la pièce un des mannequins. - Je te remercie. Il rengaina en souriant et alla à l'endroit indiqué. Le Kenku était bien dépité. Il n'osait ramasser son sabre. Notre Magistrat approcha du mannequin. Il enfila le masque et le grand kimono par-dessus le sien. Un cercle de lumière se forma autour de lui et se mit à tourner très vite. Les autres mannequins s'animèrent, se changèrent en kenkus vivants, qui glapirent, croassèrent et forment une ronde folle, une farandole étourdissante. Hiruya sentit le sol se dérober sous ses pieds et il perdit à nouveau connaissance, entraîné dans un grand trou lumineux, éblouissant. Quand il se réveilla, il se trouvait au coeur d'une forêt d'arbres aux feuillages bleus, assis parmi les buissons. La tête lui tournait. Il entendit venir du monde sur le chemin, en contrebas. C'était une bande de kenkus, aux plumages bleu et noir, qui allaient du même pas. Ils aperçurent Hiruya et l'invitèrent à se joindre à eux. Et notre héros comprenait ce qu'ils disaient ! Ils ne remuaient pas le bec mais il les comprenait, il entendait leur voix dans sa tête ! Et il s'aperçut qu'à leurs yeux, il passait pour un vrai Kenku ! Le masque et le kimono créaient une illusion parfaite. - Comment te nommes-tu, donc ? - Hiruya ! - Tu nous sembles perdu. Nous allons au château de Heaguleus ! Je suppose que toi aussi, alors suis-nous ! - Bien sûr, répondit avec l'aplomb menteur d'un courtisan notre héros. Et le voilà parti, en cette plumesque compagnie, vers un endroit inconnu, où il espère bien retrouver Kagetoki ! ![]() Les Kenkus sont de bien sympathiques personnages, qui font des plaisanteries entre eux, qui blaguent les gros oeufs à pois que pond la femme de l'un d'eux, ou les nids carrés de la femme de l'autre ou bien encore le bec tordu d'un troisième, depuis qu'il s'est cogné à un sequoia ! Après une petite heure de marche, durant laquelle Hiruya conserve le silence en s'efforçant de rire au bon moment, tout en découvrant la campagne environnante, la troupe sort du bois et arrive en haut d'une grande falaise qui se dresse devant une grande vallée où le soleil se couche paisiblement, dans l'air paisible du soir et les nuages rêveurs, par dessus les torrents qui chantent en dégringolant des sommets. Au loin, très loin, on distingue un orgueilleux château, perché dans la montagne nu, hérissé de tours aux sommets desquels claquent des drapeaux bleu et or. Les Kenkus battent des ailes, toussotent, s'ébrouent, claquent du bec et s'élancent dans le vide ! Affolé, Hiruya n'a pas pu suivre le mouvement ! Il reste au bord du vide cette fois, sûr que s'il n'arrive pas à battre des ailes, il ne se réveillera pas ailleurs que dans le pays des Ancêtres ! Les autres, étonnés, le regardent hésiter et tournoient en l'attendant. Hiruya respire un grand coup, s'agite, prend encore une inspiration, tente quelques battements d'ailes et voit qu'il arrive à décoller timidement du sol ! Dans aucun dojo on ne l'a prévenu que l'honneur exigeait parfois d'en arriver à une telle situation ! Il n'ose pas imaginer ce qui se passerait si Ayame le découvrait dans cette situation. Toute la vallée retentirait de son rire et Hiruya ne s'en remettrait jamais ! Après un timide envol, voyant que ses compèrent s'impatientent, Hiruya décide de se lancer dans le grand saut ! Terreur : il part en chute libre, avalé par les vents tourbillonnants et il voit le sol s'approcher à la vitesse d'un cheval au galop ! Il bat des ailes, bat, bat, bat et enfin l'inespéré se produit : il se sent porté par la puissance de ses ailes et remonte joyeusement dans les airs ! Quelle euphorie ! Un des rêves des hommes se réalise ! Il pourrait s'amuser comme un gosse, dans ce monde fou, mais il n'est pas temps : il rejoint le groupe des Kenkus et tous ensemble se laissent porter, sur les ailes du vent, jusqu'au grand château. D'autres groupes, venus des quatre coins du ciel, arrivent eux aussi dans la cour. Là, c'est l'agitation des retrouvailles, une vraie basse-cour malgré la noblesse supposée des invités ! Dans les tours retentissent les cuivres chaque fois qu'une délégation atterrit. Parmi le brouhaha enjoué de la foule, Hiruya se sent bien seul. Il croit comprendre que la situation est périlleuse, malgré la bonne humeur des gens du lieu. On se serre dans les ailes, on se rentre dans les plumes, on caquète, on becquète, on volette et on se tape sur les cuisses en se racontant des farces et blagues pas croyables ! En écoutant les conversations, Hiruya tâche de se fondre entre les groupes, de s'agiter pour paraître occupé. Il comprend que les nations Kenkus s'unissent aujourd'hui, dans le château du roi Haeguleus, pour combattre les Seigneurs des Hautes Montagnes, de terribles Hommes-Bêtes menés par un démon du nom d'Hanuman. Hiruya imagine qu'ils doivent être des sortes de primates, de gros gorilles brutaux, comme des Crabes décérébrés par l'Outremonde en somme ! Des trompettes sonnent alors et des serviteurs en livrée prient les nobles seigneurs de se rendre dans la salle de réception royale. Toujours pas de Kagetoki ! On se presse pour être en bonne position dans la grande salle, pour être aperçu du roi ! Celui-ci arrive enfin, avec le retard qu'autorise sa fonction, au milieu d'une foule agitée, où les plumes volent en tous sens. Le silence se fait quand les soldats, de cérémonieux gypaètes barbus, viennent se poster dans la salle en criant le nom du roi. Entre alors Haeguleus, un bel aigle grisonnant, suivi de son chambellan faucon à l'air redoutable. Hiruya s'est mis en retrait de la foule, pour ne heurter personne et ne pas se faire remarquer. Quelqu'un lui tire alors le kimono : c'est Kagetoki ! - Il était temps que nous nous retrouvions, souffle le senseï. - Où étiez-vous passé ? - J'ai été enchanté par un mujina !... mais me voilà ! Hiruya ignore ce qu'est un mujina, ignore si Kagetoki plaisante et ne veut pas le savoir. L'essentiel est qu'il soit là ! - Où est l'Epée ? - Mais je ne l'ai plus, souffle Kagetoki. En revanche, je sais un peu où elle est : elle a été dérobée par un des lieutenants d'Hanuman, un Kenku traître ! - Alors nous irons la chercher là où il habite, ce traître ! A ce moment, le roi Haeguleus demande des volontaire pour partir en éclaireurs observer les positions de l'armée ennemie. Hiruya s'avance, fend la foule et se présente devant le roi, avec un enthousiasme de jeune homme qui ne doute de rien, et que sa vie de magistrat aux lourdes responsabilités lui avait fait un peu oublier... - Je suis volontaire, seigneur. On admire par des murmures l'audace de ce jeune seigneur que personne ne connaît. "Le seigneur Hiruya"... mais d'où vient-il avec un nom pareil ? Le roi le félicite. Kagetoki le suit de près et d'autres encore s'avancent. Au total, une dizaine de guerriers, qui vont partir en mission contre les Hommes-Bêtes de Hanuman ! ![]() Les volontaires partent dès le lendemain, avec des instructions très précises des éperviers conseillers du roi. Ils emportent des cartes des régions environnant la vallée, qu'ils devront compléter aussi précisément que possible, dès qu'ils auront surpris les infiltrations des barbares de Hanuman. Le groupe s'envole de bon matin, dans le soleil de fin d'aurore, par-dessus monts et vallées, pour un voyage au plus près des nuages. Après une demi-journée de vol, alors que le soleil commence à décliner, le chef du groupe, Hetryus, un solide gros condor au teint rougeaud, aperçoit un groupe de barbares : vêtus de peaux de bêtes et de morceaux d'armures de plates, dont des casques cornus, portant une double-hache dans leur dos et tout un attirail à la ceinture, ils sont montés sur de grosses montures à six pattes crochues. Hetryus considère que ce groupe est repéré et qu'il faut le signaler sur la carte, avant de trouver le camp d'où ils viennent. Hiruya suggère alors que ce n'est pas le tout de les repérer : ils restent des ennemis ! Un jeune faucon, vif et nerveux, approuve, pendant que Kagetoki se demande dans quoi Hiruya les emmène ! Le gros Hetryus, qui ne refuse pas la guerre quand elle se fait contre les guerriers de Hanuman, ordonne de passer à l'attaque ! - Formation en piqué ! sortez vos sabres ! Tous obéissent et plongent, mais Hiruya a gardé son katana au fourreau ! Les Hommes-Bêtes ont vu venir leurs agresseurs. Ils sont une dizaine et ont le temps de décocher quelques flèches, avant que griffes, serres et sabres ne s'abattent sur eux. Hiruya passe en rase-motte et d'un coup de iaijutsu décapite son adversaire. Kagetoki se précipite sur un autre, le désarçonne, atterrit et attend qu'il se soit relevé pour l'achever. Les autres n'obéissent pas à un tel code de l'honneur et frappent dans le dos, aux jambes et tuent les montures d'abord. En quelques instants, le combat est réglé. Les Hommes-Bêtes gisent à terre et on les achève. - C'est ce qu'on appelle une reconnaissance en force, conclut Hiruya, approuvé par tous. Au moment de repartir, Hiruya ne parvient pas à s'arracher au sol. Grâce à son art accompli de courtisan, il parvient à berner son monde (sauf Kagetoki) en disant qu'il a cru apercevoir une autre troupe approché. Mais non, ce n'est qu'un nuage de poussière sur un plateau rocheux.:P Mais l'un des leurs est morts, et ils ont dû l'enterrer rapidement. Et ils ont volontairement laissé un des Hommes-Bêtes en vie : ils se mettent à deux pour l'arracher de terre et quand ils ont bien pris de la hauteur, la brute est bien obligée de parler si elle ne veut pas aller s'écraser à terre ! - Tu vas nous dire où se trouve le gros de ton armée ! tonne le gros Hetryus. Le serviteur de Hanuman est bien obligé de parler. On le dépose et on le laisse s'enfuir, seul, au milieu de la solitude immense de la vallée. Les bêtes féroces auront bientôt raison de lui. Sur ses indications, ils retrouvent, deux cols plus loin, une armée en manoeuvre pour gravir un sentier escarpé. Une armée légère, d'éclaireurs. Peu de cavaliers et de ravitaillement : des hommes qui avancent à marche forcée. A ce moment, Kagetoki, qui est un peu connu chez les Kenkus (et qu'on prend pour un seigneur exilé de chez lui), demande la permission à Hetryus de se séparer du groupe. Il semble que le gros condor ait une petite dette envers le senseï car il lui donne l'autorisation. - Nous serons bientôt de retour, promet Kagetoki. Pendant ce temps, Hetryus va emmener son groupe survoler cette armée et repérer son arrière-garde. Et Kagetoki promet de ramener bientôt les informations au château d'Haeguleus. - Où allons-nous, demande Hiruya. - Nous allons chez une vieille connaissance, dit Kagetoki en prenant de la hauteur. Un des principaux seigneurs de ce monde, le Baron Ko-Te-Chu, qui habite au sommet de l'Impassible Montagne d'Emeraude des Nuages Eternels. - Rien que ça !... - Ah mais, ce n'est pas n'importe qui le Baron Ko-Te-Chu, tu vas t'en apercevoir, honorable Magistrat ! ![]() L'Impassible Montagne d'Emeraude des Nuages Eternels (IMENE) est la plus haute que Hiruya ait connu de sa vie ! Elle dépasse sans doute les plus hauts sommets des terres du clan du Dragon et il semble que les pics aux neiges éternelles touche le soleil et perce les étoiles qui brillent en permanence dans ce ciel qui noircit déjà, et où flotte en permanence la lune. Pour arriver au palais du Baron, il faut laisser loin en-dessous de soi les toits du monde et arriver enfin dans une région mi-terrestre, mi-céleste, où l'on ne sait plus si on marche sur des cailloux ou des chemins de poussière d'étoiles. Le palais d'ivoire, d'or, d'emeraude, de jade, de jais et de diamants du Baron est bien plus imposant qu'Otosan Uchi et ressemble à une capitale de province du ciel. Les deux samuraï se posent au pied d'un gigantesque escalier qui semble mener en haut de l'Ordre Céleste, au paradis de dame Soleil, dont les marches sont en marbre et dont l'entrée est gardée par deux gardiens haut près de quatre mètres, à quatre bras et six jambes, protégés par des armures améthystes et rubis, armés de lances assez grandes pour empaler un régiment entier ! Leur voix gronde comme le tonnerre : - Qui êtes-vous ?... Kagetoki se présente et dit qu'il souhaite pour son ami Hiruya une entrevue avec le Baron Ko-Te-Chu. Les Gardes grondent, se penchent et grincent pour examiner le petit personnage qui se présente à eux. S'ils le veulent, ils peuvent l'écraser comme un insecte et son sabre n'est pour eux qu'une épine. L'un des soldats dit alors à Hiruya de le suivre. Il déploie deux grandes paires d'ailes d'acier et s'envole dans le ciel nimbé de nuages presque invisibles, dans la lumière du soir qui brille sur les tours luisantes du palais, et déjà la nuit tombe sur le monde. En approchant du palais, qui est taillé pour abriter un géant, Hiruya entend des éclats de gros rires, des bruits digestifs, des chants paillards : on tient un plantureux banquet dans ce palais ! Effectivement, le Baron Ko-Te-Chu célèbre ce soir une petite fête entre intimes (guère plus de trois cents invités). Hiruya arrive parmi ces invités de toutes races, de toutes espèces, qui vont du plus petit au plus grand, et qui semblent venus d'une dizaine de mondes étranges et différents. Le maître des lieux lui-même mesure plus de trois mètres de haut et le tour de son ventre ne se ferait pas en moins d'une journée ! Il engloutit des quantités astronomiques de nourritures avec forces bruits de succion, déglutition, renvois, pourléchement de babines, mastiquacations forcenées, le tout se passant dans ce petit palais qu'est sa grosse bouche qui ressemble à un enfer alimentaire ! Le garde s'est posé en pleine salle de réception et tous les invités braquent leurs regards sur Hiruya qui, comme à son habitude, ne doute de rien. Simplement, désormais, il trouvera les Licornes plutôt civilisés ! - Salutations à toi, Baron Ko-Te-Chu... Mon nom est Hiruya. Je suppose que cela ne te dira rien... Et à ce moment, notre héros essaye de ne pas penser au fait qu'il pourrait finir comme énième apéritif du Baron, écrasé entre deux grosses dents jaunes et cariées ! - Je viens de la part de mon ami Kagetoki que tu connais un peu. A ce moment, les centaines de muscles énormes et puissants du visage du Baron se mettent en action, se plissent, comme une mer houleuse, et son visage se renfrogne, exprime une sombre méfiance à entendre ce nom. Les invités se sont tus, se sont même arrêtés au milieu d'une bouchée. - Et que me veut donc Kagetoki ? gronde le Baron. - Il désirerait savoir où se trouve en ce moment votre femme... Hiruya a dit cela au milieu d'un silence énorme et pesant, plus énorme et pesant que le Baron lui-même ! - Ma femme... murmure Ko-Te-Chu... Et il reprend, effaré : - Ma femme... Et la colère sourd dans sa voix. - MA FEMME ! Il éclate ! Une colère monstrueuse ! Adipeuse, grasse, obèse ! Une colère abominable ! Son rugissement renverse tous les plats de la table, mais Kagetoki a prévenu Hiruya de ne pas se laisser destabiliser. - MA FEMME, misérable avorton !... Et soudain, le Baron éclate en sanglots et s'affale sur sa table, pendant que rivières de larmes coulent de ses gros yeux exorbités sur sa bonne bouille écarlate. Les invités sont stupéfaits. - Ma femme, ah ma pauvre femme !... Elle est partie... elle est partie sur les terres des Lunes Vertes, voilà !... Et il renifle grassement pendant qu'on vient le consoler et qu'on fait gentiment mais fermement signe à Hiruya qu'il est temps de partir maintenant ! Notre héros ne se fait pas prier et s'incline poliment devant l'assistant qui a soudain perdu l'appétit ! Et nos deux samuraï quittent la Montagne du Baron, pendant que les chouinements de mômes du Baron retentissent dans tout l'espace ! - Les terres des Lunes Vertes, dit Kagetoki, je crois me souvenir où elles se trouvent... Ce n'est pas la porte à côté. Il faudra arriver reposés là-bas, car la femme de Ko-Te-Chu n'est pas précisément ce qu'on appelle une femme arrangeante... A suivre... ![]() 21e Episode : Les otages du Gouverneur - sdm - 27-10-2006 Quote:Il n'ose pas imaginer ce qui se passerait si Ayame le découvrait dans cette situation. Toute la vallée retentirait de son rire et Hiruya ne s'en remettrait jamais ! Grave comme si Dame Amaterasu elle-même lui faisait un Nelson:ahah: Sinon ![]() 21e Episode : Les otages du Gouverneur - Gaeriel - 27-10-2006 hiruya le beau ![]() 21e Episode : Les otages du Gouverneur - Darth Nico - 27-10-2006 CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
Les terres où se rendaient nos deux héros se situaient bien loin après le palais du Baron, dans un pays inconnu où il n'y avait presque plus d'étoiles dans le ciel, comme si l'on était bien proche d'atteindre ses limites et de tomber dan le grand néant. Trois lunes vertes flottaient dans le ciel en permanence et le soleil était bien lointain, seuls ses plus vigoureux rayons, mais rouges, mourants, arrivant jusque dans cette contrée reculée. Les deux Grues se posèrent sur un promontoire rocheux. En chemin, Kagetoki avait raconté en deux mots pourquoi le Baron, selon toute attente, s'était effondré en larmes à l'évocation de sa femme (un gros et grand garçon comme lui ! ![]() - Le malheureux Ko-Te-Chu a fait une fille à sa femme, la Démonne des Lunes Vertes mais celle-ci l'a peu après quitté pour élever cette fille loin des incessantes débauches du palais ! - Comment, cette femme a osé le quitter ? Pour un Rokugani, une telle chose était inconcevable, à moins que la femme en question n'entrât dans un monastère. - Les moeurs de ce monde ne sont pas les nôtres, dit Kagetoki, relativiste. De plus, le Baron et la Démonne ne sont pas des mortels à proprement parler... Enfin, ces choses-là ne nous regardent pas, elles passent l'entendement. Les deux samuraï descendirent le long d'une pente douce et arrivèrent devant une misérable cabane de rudes pierres, au toit en torchis, avec une petite basse-cour et un verger. Une petite habitation comme celle-ci semblait franchement insolite dans ce paysage fantastique, où l'on aurait attendu peut-être des trolls, des géants, des cyclopes, des titans ! Kagetoki frappa à la porte et attendit. Des poules noires caquetaient en picorant du grain et un gros chat roux baîllait sur le rebord de la fenêtre. ![]() - Puissante démonne, ouvre ! Nous venons en ami ! Un judas s'ouvrit dans la porte : - Des Kenkus, grinça une vieille voix de l'autre côté, que me voulez-vous ! - Nous sommes les seigneurs Hiruya et Kagetoki, nous venons vous voir de la part du Baron Ko-T- - Ce gros plein de soupe bon à rien !... La porte s'entrouvrit et une désagréable tête à quatre yeux passa dans l'entrebaîllement. - Entrez, mais essuyez vos pieds ! La démonne vivait dans ce réduit, mal chauffé par un vieux poele, exposé aux vents des grands déserts environnants. Vieille, courbée, elle avait une peau vert clair, deux paires d'yeux, huit bras maigrichons, une peau lisse de serpent et une grande collerette luisante. Les deux samuraï s'inclinèrent humblement. - Nous venons vous voir, puissante démonne, car nous recherchons un artefact précieux qui- - Oui je vois, vous avez besoin de mes flèches d'or en somme ! - En effet, avoua Kagetoki. - Mais mes pauvres petits piafs, je ne les ai plus, ces flèches ! C'est ma fille qui me les a chipées !... Cette donzelle, figurez-vous, est maintenant aussi rusée que sa maman et aussi vilaine que son papa, ce qui nous promet du joli pour l'avenir vous pouvez me croire ! - Sans doute que la puissante démonne des Lunes Vertes voudrait récupérer ses flèches, affirma Kagetoki et caressant sa barbe. - Et comment ! D'ailleurs, ne tournons pas autour du pot : ramenez-les moi et je vous permettrai d'en utiliser une ! - Cela me semble... honorable, sourit Kagetoki avec un regard entendu vers Hiruya. Les deux pseudo-Kenkus saluèrent et ressortirent de la cabane. - Où habite donc sa fille ? - Je crois comprendre, sourit Kagetoki. Suis-moi. D'un coup d'aile, les deux samuraï passèrent la petite colline et, de l'autre côté, découvrirent un magnifique temple de jade dédiée à des divinités reptiles. Il scintillait dans la nuit comme les yeux d'un cobra, sauvage, dangereux, envoûtant. - Il semblerait que la fille ait gardé le meilleur pour elle. Méfiance, murmura le senseï, elle doit être vraiment dangereuse, car j'ai souvenir que la Démonne-mère n'était pas tendre avec sa progéniture. Les deux samuraï approchèrent du temple, la main sur la garde du sabre. Ils entendirent un sifflement au-dessus de leur tête, et n'eurent que le temps de s'écarter : une dizaine de poignars s'écrasèrent à terre juste à côté d'eux ! Sur le toit, la démonne-fille sifflait, furieuse. - Cccccc'est ma mère qui vous envoie ! - Nous voudrions juste, tenta Kagetoki- - Sssssssssssilencccccccee ! Vous allez regretter d'être venu iccccccccciiiiiiiiii ! Elle sauta à terre, ses six bras brandissants de respectables hachoirs à viande et autres épées à double-tranchant. Souple et vive, mortellement dangereuse, elle fixait les deux Kenkus de son regard sanguinaire ! On devinait dans le temple les restes de nombreuses victimes qu'elle avait sacrifiées à son culte personnel. Mais ce soir-là, elle avait face à elle deux duellistes de génies : le coup de Kagetoki partit le premier, puis Hiruya frappa une fois, puis une seconde, dans les côtes. La démonne s'écroula par terre, passant en un éclair de l'orgueil démesurée à l'accablement parfait. A peine réalisait-elle l'ampleur de la défaite qu'elle avait subie. Mais dans son corps coulait un sang pour ainsi dire immortel : avant peu elle aurait recouvré ses forces. Nos deux samuraï rengainèrent posément leurs katanas, sans ajouter un mot. Ils trouvèrent dans le temple l'arc et le carquois qu'ils étaient venus chercher. La Démonne-Mère serra contre son coeur ses précieuses flèches. Kagetoki craignit un moment une trahison du pacte de la Démonne mais celle-ci respecta sa parole : - Je vous permets d'utiliser une de mes flèches. Dehors, Kagetoki tendit l'arc à Hiruya : - Concentre-toi sur l'objet que tu recherches, bande l'arc et la flèche te donnera la direction. Hiruya ferma les yeux, encocha la flèche et tira vers le ciel. La flèche partit dans une trainée d'or, disparut dans les hauteurs du ciel, puis retomba sur terre : un arc-en-ciel d'or la suivait. - Nous n'avons plus qu'à suivre cette direction, dit Kagetoki. Pressons, car la trace va disparaître rapidement ! La Démonne souhaita bonne route aux deux guerriers et alla retrouver sa fille, qui faisait peine à voir, à terre. C'est ainsi que la mère retrouva son temple et que la fille fut autorisée à partir se soigner dans la cabane. ![]() Le vol de la flèche conduisit nos deux héros vers l'entrée d'un désert de pierre, dans une région occupée par des barbares mangeurs de champignons. Un avant-poste en robustes pierres noires, où claquait l'étendard de l'armée de Hanuman. Nos héros s'étaient vu remettre, à leur départ du château, des flèches-signals, qui, tirées en l'air, arriveraient automatiquement chez le roi Haeguleus. Ils écrivirent un message sur l'une d'elle et l'expédièrent : dans une traînée coruscante ( ![]() - Nous n'avons plus qu'à nous reposer, en attendant les renforts. Les deux samuraï étaient restés à bonne distance du poste gardé. Des Hommes-Bêtes patrouillaient en permanence et l'on entendait des bruits barbares, des grognements, venus de l'intérieur de derrière les murs. Le lendemain matin, une dizaine de Kenkus arrivaient en renforts. A leur tête, le gros Hetryus et d'autres ayant appartenu au groupe des volontaires. - Nous avons trouvé ce poste des Hanumaniens, expliqua Kagetoki et nous avons de bonnes raisons de croire qu'un des meilleurs lieutenants du Démon-Singe se cache dedans ! - Incroyable découverte, estima Hetryus. Nous devons prendre cette place d'assaut ! Les Kenkus tinrent conciliabule, Hetryus traçant dans le sable un plan des lieux pour l'attaque. - Vous deux, vous atterrirez ici et tiendrez cette position. Hiruya et Kagetoki passeront par-là. Moi et les autres iront par-là... Tout le monde fit signe qu'il était prêt. Dans un bel ensemble, les Kenkus décollèrent et volèrent sur le poste renforcé, sabres en main. Les gardes ennemis hurlèrent et une volée de flèches partit contre les assaillants ! Deux Kenkus furent tués. Une flèche frôla l'aile de Hiruya, qui s'affola et tomba. Il ne parvenait pas à décoller et des guerriers de Hanuman passaient la porte par où il aurait dû entrer ! Kagetoki était plus loin. Le katana de Hiruya partit à la vitesse de l'éclair et coupa un des Hommes-Bêtes qui s'effondra en beuglant. Hiruya para l'attaque de l'énorme hache de l'autre attaquant et le transperça de son arme. Puis il cassa la porte et entra dans la cour. Cinq Kenkus avaient réussi à passer les remparts pendant que deux se battaient sur les chemins de garde. Les brutaux serviteurs du Démon-Singe étaient pris au dépourvu par cet assaut, au point du jour. Hiruya fit face à un gros sergent qui brandissait carrément deux haches et les maniait avec une précision meurtrière. Un de ses compagnons tomba, décapité. Hiruya évita les coups mais ne parvint pas avant longtemps à toucher son ennemi, qui n'était qu'une pure fureur de combattre, comme certains Matsu au coeur des plus terribles batailles. Kagetoki vint à son aide et les deux samuraï mirent fin à la vie de ce guerrier redoutable. Ils entrèrent dans les bâtiments. Kagetoki aida Hetryus à se relever, car il avait été vilainement blessé. - Il faut tenir l'entrée du bâtiment, ordonna le vieux condor. Kagetoki fit signe qu'il tiendrait ici mais que Hiruya avait une mission à remplir. Sans attendre, notre héros courut à la recherche de l'endroit où était cachée l'épée de cristal. Il se souvint alors que Kagetoki avait dit ceci : l'épée lui avait été dérobée par un lieutenant de Hanuman, qui était un Kenku traître. Et quand Hiruya entra dans une grande pièce qui servait de salle d'armes, il vit, à quelques pas de lui, main sur la garde, un vieux Kenku bleu, borgne, qui le regardait avec une haine profonde. Et Hiruya sentit que ce Kenku, d'un coup d'oeil, avait parfaitement deviné qui il était. Hiruya rengaina son sabre doucement et approcha du Kenku, puis se mit en garde, prêt à frapper. Les deux adversaires tournèrent en rond lentement, cherchant une ouverture dans la garde adverse. Hiruya porta ce jour-là le coup le plus rapide de sa carrière : lui-même n'avait pas senti son coup partir, comme si son katana et son sabre vivaient une existence autonome ! Mais le Kenku avait dévié la frappe ! [82 en intuition quand même, dont 50 avec 1D... ![]() Il y eut plusieurs échanges de coups, des heurts de lame, les katanas qui traversent l'air, avant que Hiruya ne place un coup dans l'épaule de son ennemi : il lui infligea une profonde déchirure qui le mit à genoux. L'oeil hagard, le Kenku le regarda, et s'écroula. Il n'était pas mort mais vaincu par la douleur. Dans un petit coffre en fer, dans un coin de la pièce, Hiruya trouva une épée gaijin, à lame droite et courte. Malgré la couche de poussière, on devinait une lame brillante, bien affûtée. C'était bien cette épée qu'il était venu chercher et il la trouvait, cachée dans ce poste à l'entrée de ce désert oublié. Elle avait l'air bien banal mais il sentait qu'avec elle, il réaliserait des prodiges ! Hiruya glissa l'arme dans son kimono et courut aider ses amis. Mais, sous le commandement de Kagetoki, les Kenkus avaient fini de prendre possession des lieux. Le vieil Hetryus, blessé, félicita ses hommes pour leur vaillance. On fabriqua une civière pour le vieux condor et deux Kenkus l'agrippèrent avec leurs pattes avant de s'envoler. Peu après, c'était le retour au château d'Haeguleus. On fêta nos héros, on célébra leur victoire. Un poète de la cour composa un poème à cette occasion : - Hé bonjours messieurs des Kenkus ! Que vous êtes jolis, que vous me semblez beaux !... Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes les phénix des hôtes de ce pays... Dans la soirée, Kagetoki annonça discrêtement au chambellan du Roi qu'il devait repartir dans son pays. Et comme il avait glorieusement combattu, cela lui fut autorisé. La guerre contre l'armée de Hanuman n'était pas terminée pour autant et bientôt, il faudrait l'union de toutes les nations Kenkus pour vaincre. Hiruya et le senseï quittèrent le château après la fin des libations, tard dans la nuit. Ils retrouvèrent le bois aux feuillages bleus, où bruissaient les animaux nocturnes, puis l'arbre au pied duquel Hiruya s'était réveillé. Le tronc était creux : à l'intérieur, une échelle de corde que nos deux samuraï, débarrassés de leurs déguisement, remontèrent, avant d'arriver dans la salle des mannequins. Ils virent alors, agenouillé, le premier Kenku que Hiruya avait combattu, celui qui l'avait attiré au bord de la falaise : - Mon nom est Azureus. Tu m'as vaincu en duel et au lieu de me tuer, tu m'as seulement désarmé. Cela prouve que tu es guerrier généreux. Je te dois un service. Hiruya resta interdit de cette demande. Il réfléchit puis dit posément : - Kenku, je sais que ce sont tes Ancêtres qui ont enseigné à Kakita l'art du sabre. Mon maître, Kakita Yobe-senseï est mort. Il serait honoré de savoir que son élève a obtenu la reconnaissance d'un Kenku. J'ai observé que toi et tes semblables vous battez avec des techniques inconnues dans Rokugan. Si je suis digne d'en apprendre les rudiments, je te considérerai déchargé de ta dette envers si tu me l'enseignes. Le Kenku releva la tête : - Nos lois l'autorisent, Hiruya, car tu m'as vaincu loyalement. - Bien, alors c'est dit. Le Kenku se releva et s'inclina encore devant Hiruya. - Par Benten, tu es béni des Fortunes d'avoir obtenu un tel priviliège, Hiruya-san, dit Kagetoki, mais cette gloire ne doit pas faire oublier que l'Empire est en danger ! Tu m'as dit quels dangers pèsent sur lui. Maintenant que nous avons l'Epée, nosu devons retourner parmi les nôtres. Moi surtout qui ai trop tardé, qui ai abandonné mon Empereur et mon clan quand ils avaient besoin de moi. Les trois guerriers sortirent de la grotte où Kagetoki avait vécu. Ils étaient au pied des falaises de granit rose. - Partez tout droit sur ce chemin, dit le Kenku. Vous retrouverez votre chemin. Hiruya, nous nous verrons bientôt pour commencer l'entraînement ! ![]() Les deux samuraï partirent sur le chemin indiqué, qui les mena au coeur d'une épaisse forêt. Ils pressèrent le pas puis se mirent à courir. Ils montèrent une forte pente. Hiruya reconnut clairière où il avait laissé Kitsuki Jotomon. Le senseï était là, parfaitement immobile, méditant dans la position du lotus. Elle ouvrit les yeux et s'inclina devant Kagetoki-senseï. Celui-ci rendit le salut et les trois samuraï prirent le chemin du retour. Après la porte d'os, ils trouvèrent Tsuyoshi, qui avait lui aussi patiemment attendu, surveillé et protégé par les Nagas. A la sortie de la forêt Shinomen, les quatre samuraï allèrent au village prendre quatre montures au seigneur Bayushi des lieux et ils piquèrent le flanc de leurs montures pour revenir au plus vite à la Cité des Histoires. <span style="color:#009900"> ![]() ![]() 21e Episode : Les otages du Gouverneur - Darth Nico - 27-10-2006 CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
2ème partie : Les otages du Gouverneur<!--sizec--><!--/sizec--> ![]() Ryu courut vers la chambre de Miya Katsu : elle ouvrit en grand le panneau. Le Magistrat d'Emeraude s'était levé, alerté par le cri déchirant qui avait été poussé depuis le palais Shosuro. - Tout va bien, Magistrat-sama ? - Oui. Ryu réveilla la garde et se chargea personnellement de la sécurité de Katsu-sama. Elle ordonna qu'on mît un mannequin dans sa chambre et pria le Magistrat de changer de pièce. Elle fit veiller les deux pièces, celle du vrai et celle du vrai Katsu, par deux samuraï de confiance. Au temple, Ikky inspectait le jardin du temple. Ayame ne quittait pas le cadavre des yeux, qui terminait de se consumer lentement. Le nom de Goju disparaissait peu à peu dans les ténèbres, puis bientôt toute la liste gravée sur le mur. <strike>Ayame hésita à looter le pyjama noir du ninja d'ombre.</strike> Ikky se renseigna sur ce qui se passait. Des moines couraient, sans savoir ni vers où ni pourquoi, mais ils couraient. La cloche sonnait. Le trésorier, du sommeil plein le corps, ordonnait que les jeunes apprentis gardent un peu d'ordre ! - Ikky-san, demanda la shugenja, est-il bien prudent de rester ici ?... Agacée par les sous-entendus (Ayame mourait d'envie de quitter le Temple), la yojimbo concéda qu'il ne serait pas mauvais d'aller rencontrer les moines. C'était l'incompréhension. Que se passait-il dans les quartiers nobles ? - Avez-vous l'intention de vous y rendre ? demanda le trésorier. - Non, fit Ikky séchement, moins à l'intention du moine que d'Ayame, bien sûr. - Nous retournons dormir, confirma la shugenja. Dans la chambre, les deux femmes découvrirent que le cadavre n'était plus qu'une grosse flaque puante. Elles se bouchèrent le nez. - Les Fortunes veulent sans doute que nous restions, dit la shugenja. - Elles ont raison. La yojimbo soupira et garda la porte pendant qu'Ayame rejoignait sa couche, en gardant son wakisashi près d'elle. Calmées, les deux femmes gardèrent le silence. Pourquoi Ikky crut-elle bon d'ajouter : - Peut-être que votre séducteur nocturne va venir ?... - Je ne vois pas de quoi tu parles, Ikky. Et la yojimbo maugréa qu'elle n'était pas dupe, que déjà avec le Moineau à la cour d'hiver... Allongée, Ayame souriait sur son oreiller. Elle ne tarda pas à s'endormir pendant qu'Ikky se promettait de veiller toute la nuit. Au matin, la shugenja s'éveilla, mal à l'aise. Ce qu'elle vit l'amusa pourtant : assise les jambes croisaient, Ikky dormait, le bras appuyé sur le fourreau de son sabre. Elle sursauta, regarda autour d'elle et vit Ayame s'habiller. - Par, par Shiba ! bailla t-elle, je viens juste de m'endormir ! - Juste au lever du soleil, Ikky-san ?... Ikky grogna et alla s'asperger de l'eau sur le visage dans le jardin. Le calme était revenu. Yogo Jinnai le confirma. Il ne savait pas ce qui s'était passé mais la nuit avait finalement été sans histoire. Au palais d'Emeraude, Shigeru avait passé la nuit à veiller. Il baîlla très fort : - Par Kaiu, allons nous coucher ! Ryu, qui était volontiers méfiante vis-à-vis de tout le monde, et la moitié du temps des mauvaises personnes, regarda Shigeru de coin regagner sa chambre. Katsu avait pu retrouver le sommeil et il n'y avait eu aucune visite déplaisante dans les deux chambres. Le Magistrat, malgré la tentative d'assassinat du Condor, gardait sa fougue habituelle, celle d'inlassable serviteur de l'Ordre Céleste. Il dit à Ryu qu'elle avait bien mérité d'aller dormir mais celle-ci déclina poliment. Elle venait de recevoir un message d'Ayame, qui signalait la déplaisante visite nocturne. L'enquêtrice Dragon fila au temple et demanda la permission de fouiller la chambre. A peine si elle avait pris le temps de saluer les deux Phénix. Même Ikky commençait à s'habituer. Ryu furetait déjà dans les coins, fouinait, reniflait, examinait... Elle ne laisserait pas le moindre objet de côté, ne manquerait pas de scruter la moindre latte de plancher. Pendant qu'elle s'affairait dans la pièce, les deux femmes lui expliquaient brièvement la nature du visiteur de la nuit. La flaque avait disparu à présent. Et comme Ryu vit le nom de Goju au mur, il fallut expliquer de quoi il s'agissait. Brièvement, Ayame résuma comme suit : - Que ce nom soit là indique assurément qu'un drame s'est joué dans la Cité cette nuit. Une malédiction a été lancée... Si ce Goju, ou un de ses serviteurs, ou qui que se soit qui lui est lié a pu pénétrer dans la Cité, il faut le démasquer ans attendre ! Paroles qui n'étaient pas faites pour apaiser la méfiance naturelle de Ryu ! Celle-ci repartit comme elle était venue, sans avoir rien trouvé. Au fond, même les deux Phénix auraient pu devenir méfiante, à force... Mais en regardant Ryu s'éloigner de son pas pressé dans les rues de la ville, Ayame eut cette pensée, pensée toute simple, simple comme un enseignement de Shinsei : - Je la crois trop bête pour trahir. ![]() Ryu, de retour au Temple, trouva Miya Katsu sur le pied de guerre. - Nous allons au palais du Gouverneur ! Une escorte de trois hommes les suivit. Ce n'était pas une (nouvelle) déclaration de guerre de la Magistrature d'Emeraude, mais c'était une approche offensive. Shosuro Jocho les reçut à la poterne du palais, encore endormi. - Je désire parler à Shosuro Hyobu. - Et lui parler vite, ajouta Ryu. Jocho refusa poliment, disant que ce n'était pas une heure pour rencontrer le Gouverneur, surtout sans rendez-vous. On le sentait mal à l'aise. Il cachait quelque chose. Plus encore que les autres jours, pourrait-on dire ! Katsu-sama, fâché, ordonna à Ryu de faire le tour du quartier et de découvrir ce qui s'était passé pendant la nuit. Notre enquêtrice s'exécuta. Il lui fallut plus que la mâtinée pour visiter les alentours du palais, interroger les voisins, recouper les témoignages, délier les langues... Il en ressortait qu'on avait entendu un cri pendant la nuit. Certains disaient une voix de femme, et deux samuraï affirmèrent que c'était la voix de Shosuro Hyobu en personne. Quelqu'un avait-il assassiné le Gouverneur ? L'après-midi, Miya Katsu vit avec plaisir un samuraï se présenter au palais d'Emeraude : c'était Bayushi Bokkai, de retour de la guerre ! Le Scorpion avait combattu au pied des montagnes du toit du monde, contre l'armée des Crabes. Il était toujours fringant, bien que son armure accusât quelques mauvais coups. Il avait fier allure, avec son grade de chui. Malgré la fatigue, il respirait la santé, plus encore que le mensonge -c'était dire quelle forme il tenait ! Katsu rédigea dans l'après-midi une lettre pour les moines : il demandait qu'on laisse sortir les deux Phénix. Le supérieur du Temple l'avait assuré que la période de sevrage d'Ayame était passée. Katsu avait besoin de tous ses effectifs sur le pont ! Ayame reçut la lettre et se serait mise à frétiller comme un petit poisson, si elle n'avait appris à dissimuler ses émotions. Mais Ikky ne s'y trompait plus. Du reste, elle même sentait combien l'inaction lui pesait. Plus d'un mois enfermée ! Maintenant, ce Goju allait tâter du katana de Magistrature ! Heiji, le solide moine qui avait soigné Ayame était réjoui : - Par Otaku, vous êtes gaillarde comme pas deux à présent, Ayame ! Regardez-vous maintenant et repensez à ce que vous étiez quand vous êtes entrée ! Le moine, ancien Licorne, se permettait de lui taper sur l'épaule, gestes rudes et sincères qu'Ayame acceptait timidement, en remerciant son bienfaiteur comme elle pouvait. Avant de partir, elle avait pris soin d'effacer les inscriptions au mur... :baton: Miya Katsu réunit tous ses assistants, y compris Bokkai qui se demandait déjà si les Fortunes l'avaient favorisé en le renvoyant à la Cité des Mensonges... - Samurai, vraisemblablement, la situation est grave ! J'ai besoin d'informations sur ce qui s'est passé au palais du Gouverneur ! Allez ! Shigeru, étant le plus gradé en l'absence de Hiruya, était donc le premier responsable du respect des ordres donnés. Il organisa aussitôt une seconde réunion en l'absence de Katsu-sama. - Nous avons besoin d'informations sur ce qui se passe au palais du Gouverneur ! martela t-il. J'attends vos propositions. Il fixa chaque assistant tour à tour. Bokkai leva timidement le doigt : - Nous pourrions en parler à Shosuro Jocho-sama. Je suis sûr qu'il trouverait - - Déjà fait, coupa Shigeru. Autre chose ? Non, décidément, Bokkai n'allait pas s'ennuyer ici ! Il avait à peine eu le temps de saluer les autres assistants que la guigne leur tombait dessus ! - J'ai des contacts auprès d'un important syndicat de la ville, affirma Ryu. Les Teinturiers. - Bonne idée. Allez-y ! On se souvient que Ryu avait accepté de débourser 50 kokus pour se garantir l'aide de ces informateurs, somme qui avait fait hurler Hiruya-sama ! Il s'agissait maintenant d'utiliser cet investissement à bon escient. Ryu partit sur le champ dans le quartier marchand. ![]() - Vous n'avez qu'à devenir les Teinturiers officiels du Gouverneur ! Ryu n'avait pas froid aux yeux... pour les autres. La solution était pourtant simple. Le chef des Teinturiers n'en était pas moins livide. - Mais, mais, mais enfin honorable Magistrate... Mais Ryu avait parlé. Elle avait mis ses indics au courant de ses exigences. Maintenant ils devaient obéir. - J'attends très vite de vos nouvelles, marchands. Sachez que mon supérieur, Shigeru-sama, peut se montrer brutal... Et elle partit, plantant là ses hôtes ! Elle retourna tourner et fouiller autour du palais Shosuro. . La situation se précisait : on parlait maintenant d'une véritable révolution entre les murs du palais. Un coup d'Etat ! Shosuro Jocho consentit à la recevoir, brièvement, dans l'une des dépendances de la sombre bâtisse. - Oui les temps sont durs, Ryu-san, je le sais bien, nous le savons tous... Il noyait le poissons dans un verbiage tièdasse. - J'ai entendu dire que vous aviez un invité, Jocho-san. Pouvez-vous me parler de lui ? - Un invité ?... En êtes-vous sûr, Ryu-san ? - Vous savez, moi je recherche d'abord l'efficacité dans mon enquête. Elle l'avait avoué, tout de go, naïvement. - Et j'aimerais savoir pourquoi votre invité ne veut pas nous voir. C'est gênant. - Ma foi, Efficacité-san, je ne sais pas quoi vous répondre... Nous aurons bientôt des invités, probablement et ils seront honorés de vous recevoir. - J'aurais plutôt tendance à croire que vous nous cachez quelque chose... Ryu partit sur ces mots, pendant que Jocho se répandait en excuses hypocrites, dans le plus pur style Scorpion. Katsu ne cacha pas sa colère en apprennant l'attitude des Scorpions. On se moquait de la Magistrature ! - Continuez votre enquête, Ryu-san. Les Scorpions ne vont pas nous cacher leurs petits secrets bien longtemps. A force de gratter, on finit toujours par mettre au jour les vilaines petites cachotteries, croyez-moi. Katsu laissa Ryu partir et convoqua ensuite Ayame. Il voulait faire le point sur son état. - J'ai retrouvé paix et sérénité. Je suis honorée d'avoir été accueillie dans ce temple. C'est un nouveau départ pour moi, une nouvelle vie. - Je le souhaite pour vous, Ayame-san. Nous allons plus que jamais avoir besoin de vous. Katsu rapporta la discussion que Ryu venait d'avoir Jocho. - Je crois que Ryu ne pourra jamais s'y prendre correctement pour mener un entretien, soupira le Magistrat. - J'ai appris à ne pas trop lui en tenir rigueur, dans les limites de l'honneur bien sûr. C'est ainsi qu'est l'art des Kitsuki, l'art de l'enquête. Ils n'y vont généralement pas par quatre chemins. - Je désire que vous alliez parler à Jocho à votre tour. Peut-être que vous aurez plus de résultats que Ryu. Ayame s'inclina et partit, accompagnée d'Ikky. Jocho consentit aussi à la recevoir. Mais il savait qu'en découdre avec la shugenja serait une autre paire de manche qu'avec Ryu. Ayame ne dissimula pas trop son jeu. Par allusions et sinuosités de discours, elle évoqua l'histoire, les anciens gouverneurs de la Cité, sans citer de noms. - Je pense qu'une menace pèse sur la Cité, dit Ayame, et ce n'est pas une menace anodine. - Mon rôle est de protéger la Cité contre les dangers qui la menacent. - Nous nous entendons, Jocho-san. - A ce propos, puis-je vous demander de me rendre un service ? C'était inattendu. - Je serais honorée d'obligé l'honorable fils du Gouverneur... Elle avait appuyé sur la fin de la phrase. - J'aimerais que ma soeur, Kimi, profite de l'hospitalité du palais d'Emeraude, quelques jours. Elle a besoin de changer d'air. Les médecins l'ont conseillé. Ayame toussota. C'était quand même trop à avaler ! La shugenja eut au moins la certitude qu'il y avait bien une menace sur le palais Shosuro ! - Quand est-ce que Kimi-san désire nous rejoindre ? Jocho ne dit rien, pour s'assurer qu'on écoutait pas aux portes. Ayame avait une relation ambiguë avec Kimi : celle-ci avait plus ou moins joué le rôle d'informatrice de la Magistrature. Mais en retour, elle se tenait informé sur les enquêtes en cours, si bien que son rôle tenait autant de celui d'indic que d'espion. Et c'était Kimi qui avait fourni à notre shugenja son opium... - Je vous serais infiniment reconnaissant si vous pouviez accueillir Kimi à partir de l'heure de Hida. Ayame toussota encore plus fort. En hiver, cela signifiait : en pleine nuit ! - Bien, si c'est cela qui est le plus commode pour vous, Jocho-san... Et elle insinuait qu'il allait devoir payer cher pour ce service ! ![]() Le soir venu, l'heure de Shinjo se terminant, la magistrature était encore debout. Miya Katsu avait accepté d'accueillir Kimi au palais. Mais pas question de se mêler de l'escorter en ville, encore moins de la faire sortir avant !... Du moins officiellement, bien entendu. Il n'était pas interdit à la Magistrature de patrouiller la nuit. Ayame était volontaire avec Ikky pour organiser la sortie. Tout le monde était trop impatient d'apprendre ce qui s'était passé dans le palais. Miya Katsu se posta donc au carrefour devant le palais d'Emeraude. La Garde du Tonnerre était inhabituellement présente dans les rues de la ville. Pour ainsi dire, samuraï d'Emeraude et Scorpions étaient face à face, chacun d'un côté de la rue. On avait déposé en fin de journée au palais une adresse. Pendant que le Miya Katsu faisait de la présence avec Ryu, Shigeru et Bokkai, Ayame et Ikky contournèrent le palais de la Magistrature et passèrent par les petites rues de la ville, pour atteindre le palais du Gouverneur. Elles s'engagèrent dans des passages sinueux, qui ne valaient guère mieux que des coupe-gorge. Ils furent arrêtés deux fois par les Gardes du Tonnerre, qui vérifièrent leurs papiers. Manifestement, ils ne craignaient pas l'incident diplomatique ! Mais les deux Phénix se prêtèrent aux contrôles. - Comprenez notre démarche, Ayame-sama. L'Outremonde est aux portes de la ville. Nous avons reçu ordre de renforcer la sécurité et- - Je vous comprends parfaitement, sourit Ayame. Puis les deux femmes hatèrent leur pas. Elles arrivèrent au pied du palais, sous les fenêtres de la chambre de Kimi. Préparait-elle une évasion romanesque, avec des draps roulés en corde ? Ils virent arriver soudain, de derrière une poterne, une forme encapuchonnée, frêle et tremblante. Elle montra brièvement son visage : c'était Kimi. Elle continua son chemin. Mais maintenant, elle comptait sur l'aide des deux Phénix. Celles-ci revinrent sur leurs pas. Elles hélèrent une patrouille du Tonnerre, en leur demandant un compte-rendu de leur garde. Ceux-ci rechignaient à rendre compte à quelqu'un d'autre que Jocho, Ayame insistait, les pressait... Et c'était du temps de gagné pour Kimi. La soeur de Jocho avait eu le temps d'avancer dans les ruelles, sans être suivie. Les deux Phénix continuèrent leur route. Bientôt, on croisa une patrouille de samuraï d'Emeraude, qui emmenèrent avec eux "l'invitée". - Du nouveau ? dit Shigeru quand il vit revenir Ayame et Ikky. - Rien de spécial, Shigeru-san. Nous pouvons rentrer. Au palais, Kimi, éprouvée, tombait de sommeil. On la mit dans une chambre surveillée. Au palais Shosuro, rien ne bougeait. Miya Katsu revint dans ses appartements. La ville était calme. L'heure de Togashi s'achevait sans incident. A suivre... ![]() 21e Episode : Les otages du Gouverneur - sdm - 28-10-2006 Quand j'y repense lol quoi, l'Ombre est venu faire un petit détour juste par ma chambre cette nuit là ![]() Enfin, pendant que l'Odieux lustrait ses plumes nous on bossait:nananere: 21e Episode : Les otages du Gouverneur - Darth Nico - 28-10-2006 CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
Le soleil se levait dans une épaisse brume qui blanchissait les rues de la Cité et transformait ses bâtiments et ses habitants en inquiétants spectres. L'humidité était glaçante, malgré les quelques rayons de chaleur qui la perçait. Les Magistrats d'Emeraude s'étaient réunis dans la grande salle du palais, autour de Miya Katsu. Shosuro Kimi fit son entrée, mit le front à terre pour écouter ce qu'on avait à lui dire : - Nous sommes honorés de recevoir la fille du Gouverneur entre nos murs. Vous pourrez rester parmi nous le temps qu'il vous plaira car l'hospitalité est une chose sacrée pour les représentants de l'Empereur. Kimi remercia et se retira. Katsu fit signe que le moment n'était pas encore venu d'aller lui parler. Ryu repartit chez les Teinturiers, qui étaient aux quatre cent coups à cause d'elle. - Pour ce soir, exigea l'enquêtrice, j'ai besoin que vous vous soyez infiltrés dans le palais Shosuro ! Au palais, Ayame alla voir le Moine et Rukya et leur confia ses inquiétudes, qu'ils partageaient. - Nous avons maintenant un allié, un allié discret, suggéra la shugenja. - Oui, il a rendu visite à Hiruya également. Ce... ce Ninja, dit le Moine avec répugnance. - Impossible de savoir où il se trouve, dit Rukya. - Pourtant, fit le Moine, nous savons que ce "Ninja" combat les créatures touchées par l'Ombre. Il l'a prouvé dans la campagne... Nous en sommes à utiliser une ombre contre les Ombres. - Nous aurons besoin de faire certains compromis, expliqua la shugenja. L'après-midi, on signala l'approche d'une forte troupe de Vierges de Batailles Otaku, qui établirent un campement à proximité des murs de la ville. Ide Baranato, le chef du clan Licorne de la Cité, se réjouissait de ses renforts, non seulement contre les Crabes mais aussi contre les manigances des Scorpions... Les guerrières Licorne étaient menées par le général Otaku Tetsuko, l'un des plus grands officiers de son clan, tante de la célèbre Otaku Kamoko, daimyo de la famille. Le soir, très tard, alors que Miya Katsu avait fait veiller ses assistants, il leur de le suivre dans une aile du palais généralement peu occupée, où l'on entreposait surtout du matériel et où logeaient les nouveaux domestiques. Le Magistrat ouvrit le panneau d'une des pièces. Kimi était là, à prendre soin d'une vieille femme malade. Et cette femme, c'était sa mère, le Gouverneur Hyobu ! Les assistants n'en croyaient pas leurs yeux. Elle avait le visage tuméfiée. Elle avait dû être rouée de coups. - Elle est arrivée avant-hier, murmura Katsu. C'est son cri que nous avons entendu. Hyobu-sama voulut se lever mais le Magistrat lui dit que c'était inutile de produire un tel effort. Il fit ressortir ses assistants dans le couloir et repartit avec eux dans leurs quartiers. - Elle a été jetée depuis la fenêtre du premier étage. Deux serviteurs ont réussi à l'amener ici mais elle m'a fait jurer de garder le secret, au moins la première nuit. Elle dit qu'elle a été chassée de son poste de Gouverneur... On a pris sa place, de force. - Mais qui ?... C'est Shigeru qui avait le premier "craqué", mais la question était sur toutes les lèvres. - Un dignitaire de la famille Bayushi et sa suite sont arrivée avant-hier, en début de nuit. Et pas n'importe quel dignitaire... Le Maître des Secrets en personne, l'accusateur de Kumanosuke... Bayushi Goshiu ! Autrement dit, le second Scorpion le plus puissant de Rokugan après l'Impératrice elle-même ! L'un des trois Bayushi ayant survécu au deshonneur de son clan ! Le pire intrigant des cours, ayant tressé un réseau de relations et de chantages inégalable ! Miya Katsu baissa d'un ton : - Shosuro Hyobu ne m'a pas donné plus de détails... Seulement, elle a fait allusion à une vieille malédiction. Une malédiction disant qu'un jour, le premier gouverneur de la ville, un maudit d'entre les maudits, reviendrait prendre sa place sur le trône. Et ce Gouverneur se nommerait Bayushi Goju !... Bien sûr, la proximité Goshiu / Goju prêtait à confusion... Etait-ce un simple délire du Gouverneur chassé ? Ayame n'était pas porté à le croire, avec ce qu'elle savait de Goju lui-même et de ses écrits impies... Ce qui était choquant dans cette histoire n'est pas tant la prise de pouvoir violente (on avait déjà vu pire) mais les manifestations de l'Ombre la nuit même de l'arrivée de Goshiu. Ce dernier était-il un masque pour le Premier Gouverneur, revenu comme le promettait la malédiction de la Cité ?... La Cité maudite par le retour de son fondateur... L'heure de Togashi s'achevait déjà. La nuit serait courte. La plupart des assistants eurent de la peine à trouver le sommeil. Bayushi Bokkai s'était bien gardé de montrer ce qu'il pensait. ![]() Le lendemain matin, une invitation était arrivée au palais : le Gouverneur invitait la Magistrature d'Emeraude à une réception officielle. "L'honorable Bayushi Goshiu sera honoré de rencontrer l'honorable Miya Katsu et ses honorables assistants afin de..." Renfrogné, Katsu ne savait quoi penser. Il ne pouvait refuser cette invitation. Mais qui emmener avec lui ? Il envoya Ikky et Ayame prendre conseil auprès de Hyobu, et s'enquérir de sa santé par la même occasion. La vieille femme était toujours veillée par sa fille, qui se refusait tout sommeil : elle lui tenait la main, elle lui mettait des chiffons frais sur le front, elle passait de la pommade sur ses blessures. Jusqu'ici, Kimi n'avait passé, aux yeux d'Ayame, que pour une petite fille gâtée, une intrigante utile, mais là, elle était admirable de dévouement. Elle ne vivait plus que pour sa pauvre mère, tabassée et jetée par les brutes de Goshiu. Comme la posture pouvait changer quelqu'un : Hyobu, si impressionnante assise sur le trône de son palais, avec sa voilette, son éventail, ses gardes autour d'elle, l'apparat du pouvoir, était maintenant une malheureuse pauvre femme, qui inspirait la pitié ! - Goshiu nous invite à le rencontrer, murmura notre shugenja à son oreille. - Le malheur est sur nous, articula t-elle d'une voix rauque. Goshiu... Goju... Goju... Pour lutter contre, il vous faut... les larmes de dame Soleil... les Licornes en ont... il vous les faut... Ayame savait de quoi elle parlait : les "larmes" en question étaient le cristal, que le clan de Shinjo avait ramené de ses voyages dans les Sables Brûlants. Le cristal, la seule matière capable de tuer les serviteurs de l'Ombre. Ayame avait toujours ses petits ciseaux... Les deux Phénix vinrent rendre compte à Katsu de leur entretien. Les autres assistants étaient là. - L'invitation est pour l'heure de Shinjo, dit le Magistrat. Nous avons donc une bonne journée devant nous. Le conseil de Hyobu paraît judicieux. Shigeru, tu iras voir les Licornes et tu achéteras à leurs marchands leurs objets en cristal, quels qu'ils soient. Passe à l'intendance prendre des kokus. Ryu, tu tâcheras de rencontrer Jocho, pour lui signaler que nous prenons soin de sa mère et de sa soeur. Quand on y repensait, Shosuro Jocho avait dû faire preuve d'une maîtrise inhumaine de lui-même, pour ne pas montrer sa détresse, sachant sa mère entre la vie et la mort. Fallait-il que les Scorpions aient poussé loin l'art de l'hypocrisie en toutes circonstances ! - Ayame, vous irez sur l'île de la Larme, chez cette gaijin là, Magda. Elle aussi doit bien posséder des bijoux en cristal. Il faut les réquisitionner. Ensuite, que ces objets soient rassemblés dans l'armurerie, où ils seront mis sous haute surveillance !... Et ce soir, nous irons ensemble au palais du Gouverneur. Bayushi Bokkai restera ici. Les assistants s'inclinèrent. Miya Katsu évita de croiser le regard du Scorpion : il ne voulait pas savoir si celui-ci était satisfait ou non d'échapper à une entrevue avec Goshiu. Et en son for intérieur, il souhaitait un retour rapide de Kakita Hiruya, dont il aurait bien eu besoin dans une telle situation... ![]() L'heure de Shinjo était déjà passée de moitié lorsque la Magistrature d'Emeraude se présenta à la porte du palais du Gouverneur. Le retard voulu par Katsu était un message clair envoyé au Gouverneur en place : "nous ne sommes pas à votre merci, nous avons les moyens de nous opposer à vous." On fit entrer le Magistrat et ses assistants dans la grande cour. La dernière fois que les représentants de l'Empereur étaient entrés ici, la famille Soshi n'y avait pas survécu... Ils entrèrent dans la salle de réception. Bayushi Goshiu était assis sur le trône du Gouverneur. A ses côtés, les dignitaires Bayushi, dont Korechika, le chef de famille, et des officiers de la Garde du Tonnerre. Les shugenjas de la famille Yogo étaient en retrait. Miya Katsu s'inclina, au moment où Goshiu se levait pour accueillir ses invités. Il était toujours aussi inquiétant que lors du procès, caché derrière son large masque qui dissimulait le haut de son visage. Les samuraï avaient posé leur daisho à l'entrée, en signe d'apaisement. Qu'ils aient accepté de venir dans ces conditions signifiaient qu'ils reconnaissaient Goshiu comme successeur de Hyobu. - Je suis honoré de vous recevoir, honorables Magistrats. Il me tardait de recevoir les envoyés du divin fils du ciel. Il leur fit un petit discours de bienvenue, mielleux à souhait que Katsu écouta sans impatience mais sans sourire. - Je connais les dangers qui pèsent sur cette ville, déclarait le Gouverneur. Je sais que l'armée du Crabe a juré de détruire notre Cité, qu'ils détestent car ils y furent naguère humiliés. Cependant, je ne suis pas prêt à les laisser piller la seconde ville de l'Empire. Toutefois, nous connaissons l'ampleur de leurs forces : si nous avions à nous battre contre eux, nous verserions le sang d'un grand nombre de nobles samuraï et l'Empereur n'y trouverait aucun contentement. Nous savons que Hida Kisada déteste notre Empereur. Il veut marcher sur la capitale et prendre le trône. Chacun sait cela. "Le col de Beiden étant fermé par les troupes Licornes, les Crabes n'auront d'autre choix que de passer par notre Cité pour atteindre le nord du Toit du Monde. Nous allons donc jouer le rôle de mur face à l'invasion des Crabes. L'unité de l'Empire repose sur nous ! "Je ne laisserai pas cet Empire, qui existe depuis mille ans, se couper en deux. J'ai l'intention d'engager des pourparlers avec les Crabes afin de les décider à se retirer pacifiquement. Mes négociations n'échoueront pas ! Ayant dit cela, il jugea de son effet. Miya Katsu ne s'attendait pas à ce genre de discours. Négocier avec les Crabes, cela ne lui serait pas venu à l'idée... Etait-ce une mauvaise idée ?... Il ne savait pas... Mais Ryu, elle, avait entendu ces paroles tout autrement. Elle repensa à la centaine d'hommes avec qui elle était partie guerroyer. Elle repensait que neuf sur dix avaient été tués. Elle repensa aux horreurs de l'Outremonde, aux crimes commis par les Crabes. A cette guerre qui n'aurait rien signifié, si jamais on négociait maintenant avec les hommes de Hida Kisada... Au milieu du silence qui suivit le discours de Goshiu, elle dit alors séchement : - Gouverneur... j'ai l'impression que vos intentions sont aussi honorables que celles des Crabes ! ![]() Le Gouverneur se leva. Même lui qui avait appris à dominer chaque trait de son visage ne put masquer sa stupeur. Et que dire du reste de l'assistance, qui n'avait pas cette maîtrise ? C'était un silence glacial, écrasant qui s'était abattu dans la salle de réception. Katsu-sama en particulier était devenu livide. Il n'avait même pas encore la force d'imaginer qu'il devrait tuer Ryu sur place. Un chef-d'oeuvre de notre enquêtrice ! la plus belle phrase de sa vie ! une perle ! Accuser le second Scorpion de l'Empire de ne pas valoir mieux que les Crabes alliés à l'Outremonde ! Goshiu put enfin esquisser un sourire et murmurer : - Qu'en pensez-vous, honorable Magistrat ? Katsu- ne put rien répondre. - Vous semblez hésiter. C'est bien naturel. Permettez-moi donc de vous inviter dans mon modeste palais, pour que vous y pensiez... Les soldats Scorpions firent cercle autour des Magistrats, qui durent se lever et les suivre docilement jusque dans les chambres des "invités". Oui, Goshiu venait de réaliser la plus belle prise de sa carrière, comme un pêcheur qui attrape d'un coup cinq gros poissons aux écailles d'Emeraude ! Une prise d'otages historique ! ![]() Nos Magistrats furent réunis dans une suite luxueuse. En dehors du fait que le palais entier les surveillait, toute la garnison et jusqu'au dernier des serviteurs, l'endroit était accueillant. Une chambre spacieuse, luxueuse, avec vue sur le jardin d'hiver. Les Scorpions ne négligeaient pas leurs hôtes. Le silence régnait, pesant, mortel. Personne n'osait dire un mot. Ryu semblait à peine prendre conscience de la gravité de ses paroles. Ce fut Bayushi Otado, déjà offensé par Ryu lors de sa descente dans la maison de jeu qu'il protégeait, qui vint porter la parole du Gouverneur. Il s'assit devant nos Magistrats puis énonça ce qui allait se passer. - Le Gouverneur serait infiniment honoré d'accueillir les Magistrats d'Emeraude pour le temps qu'il leur plaira. Toutefois, conscient de la charge infinie qui pèse sur eux, Goshiu-sama ne veut pas retenir tous les assistants du vertueux Katsu-sama. Ce dernier avait compris le message. Il fit signe que les deux Phénix et Ryu pouvaient partir. Otado-san n'y fit pas d'objection. Les Scorpions avaient le Magistrat lui-même et Shigeru, c'était suffisant. - Mais nous serions honorés si le valeureux Bayushi Bokkai pouvait nous rejoindre. Quel avantage d'accueillir un si brave chui, qui s'est distingué à la guerre. Katsu dit qu'Ayame le ferait appeler. Les trois femmes sortirent du palais. Ryu rentra de son côté au palais. Les deux Phénix ne montrèrent rien de leurs émotions dans la rue. Au palais, elles s'enfermèrent dans leurs appartements. - Mais, par Shiba, qu'allons-nous FAIRE !! Ikky se délestait enfin de cette phrase de détresse qu'elle avait retenue jusque là ! - Je ne sais pas, dit Ayame d'une voix blanche. On tapa timidement au panneau. C'était Rukya qui venait aux nouvelles. Elle vit l'air de déterrées des deux femmes. Sa lèvre trembla et elle les larmes lui montèrent aux yeux. ![]() Ryu partit voir Shosuro Hyobu et sa fille Kimi. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver là Jocho ! Supposé être le chef de la Garde du Tonnerre, il était dans ce palais au moment même où le Gouverneur réunissait tous les dirigeants de la ville ! La tête basse, les épaules, Ryu dit, sans du tout raconter ce qui s'était passé : - J'avoue, j'ai craqué... J'ai vu mourir quatre-vingt-dix de mes hommes. Je refuse qu'on puisse négocier avec les Crabes. J'ai une fille, là-haut, dans les montagnes de mon clan. Je pense souvent à elle. Je ne veux pas qu'elle grandisse dans un Empire déchiré par la guerre... Et elle ressortit, laissant la famille Scorpion parfaitement ahurie. Ce n'est que plus tard qu'un des administrateurs du palais, qui avait mené à bien certaines négociations avec les Scorpions par le passé, vint expliquer à l'ex-Gouverneur et ses enfants ce qui s'était passé. Kimi et Jocho eurent un moment envie de se blottir dans les bras de leur mère, comme de petits enfants effrayés par l'orage, mais Jocho se releva, fièrement, en homme décidé à lutter contre le destin. L'administrateur se retira, vraiment très désolé. Entre alors Ryu, ferme et décidée : - Jocho-sama, je viens vous annoncer que le Gouverneur voudrait vous inviter au palais. Un rictus de haine apparut sur le visage de Jocho. Il sortit de la pièce. Il n'eut pas à toucher Ryu mais il aurait été prêt à la bousculer si nécessaire. Des samuraï d'Emeraude voulurent s'interposer face au chef de la Garde : un coup partit, un bras craqua, un autre, une jambe plia... Jocho continua son chemin pendant que les soldats se tordaient de douleur dans couloir. Furieux, Jocho entra dans la chambre des deux Phénix. Ikky s'avança, main sur le sabre. Impérieux, terrible, fier comme le tonnerre, Jocho avança. - Jocho-sama, je comprends bien... fit Ayame, de son air le plus diplomate, la situation est très difficile... LEs Bayushi ont les moyens de ne faire aucun compromis... Elle ne voyait pas comment elle allait calmer leur invité... ELle n'avait aucun argument à lui opposer. Accepter de collaborer avec les Scorpions pour faire repartir Jocho, c'était trahir les lois sacrées de l'hospitalité. Pendant que les Magistrats se rendaient au palais, Jocho, trop inquiet pour sa mère et sa soeur, avait réussi à quitter le palais du Gouverneur, en sa qualité de chef de la garde. Maintenant, implicitement, il demandait asile à son tour, pour n'avoir pas à servir celui qui avait renversé sa mère. Certes, sa situation n'était donc pas très régulière, mais elle se défendait du point de vue de l'honneur. Ryu, qui était la plus gradée maintenant des trois assistantes, prit possession du bureau de Katsu-sama. Comme étourdie par l'ampleur de sa bêtise, elle se plongea dans une médiocre besogne de classement de papiers sans intérêt. Elle ne savait plus à quoi se raccrocher pour retrouver contenance, pour se rassurer. Un émissaire de la famille Bayushi arriva dans son bureau. - Le Gouverneur m'envoie, honorable Ryu-sama. Car le Gouverneur s'inquiète du départ de Jocho-sama et désirerait savoir quand il rentrera. - Je comprends, fit Ryu, qui tâchait de garder un air digne, maîtrisé, qui ne trompait personne. Je vais aller les chercher. Elle essayait de faire croire qu'elle agissait de son propre chef, d'autant plus qu'elle était à la merci des désirs des Scorpions. D'autant plus cruelle la vérité, d'autant plus fort le besoin de la couvrir d'illusion. - J'ira, balbutia t-elle pour se rattraper, mais je suis un peu occupée. Elle voulait quand même garder un peu d'initiative personnelle ! - Ah, que c'est dommage, soupira le Bayushi, mais le Gouverneur aimerait tant que vous allassiez les chercher immédiatement... - Très bien, fit Ryu, avec une fierté vraiment factice. Elle fit convoquer le plus mauvais samuraï du palais, qu'en desespoir de cause on avait relégué à une fonction subalterne de gratte-papiers. - Tu vas aller me chercher Shosuro Jocho, ordonna notre enquêtrice de chic et de choc. Le pauvre garçon tremblait comme une feuille. - Moi... moi ?... La scène était aussi comique que dérisoire. Ryu qui commande, un minable petit guerrier comme émissaire, les Magistrats en otage... Les choses se seraient passées d'une toute autre façon si Kakita Hiruya avait été là ! La Magistrature pouvait difficilement tomber plus bas, plus profondément dans la boue du deshonneur. Accablé du poids de la fatalité du monde, le gratte-papiers alla porter les instruction aux Phénix, devant Jocho. Celui-ci dut se sentir encore plus insulté que ce soit un pareil minable qui vienne lui signifier la fin de son séjour dans ce palais ! Ayame essaya de temporiser. Il y eut comme ça quelques allers-retour du messager entre Ryu et les deux Phénix, la Magistrature en étant réduite à négocier entre elles, pendant que l'émissaire Bayushi arbitrait l'affrontement en maintenant la pression sur Ryu, aussi préparée à des négociations diplomatiques qu'un origamiste Asahina à la chasse au troll. ![]() On finit par conclure que Hyobu et sa fille resteraient au palais, la première ayant besoin des soins de la seconde. Le Bayushi déclara que le Gouverneur serait déçu mais il ramenait le plus important : Shosuro Jocho, humilié de devoir abandonné sa famille, d'être trahi par la Magistrature d'Emeraude, de se soumettre à Goshiu !... Pour terminer cette belle journée, Ryu tâcha de s'abstraire de la réalité, en se plongeant dans les affaires courantes, pendant que les deux Phénix se sentaient dans un asile de fous, bien plus qu'au temple qui pourtant en hébergeait un certain nombre ! A suivre... :shock: 21e Episode : Les otages du Gouverneur - Gaeriel - 29-10-2006 et là c'est le gros BAN!!!!!!!! 21e Episode : Les otages du Gouverneur - Darth Nico - 29-10-2006 Plus ban que Otomo BAN ! ![]() Suite. ![]() 21e Episode : Les otages du Gouverneur - sdm - 29-10-2006 Aïe aïe aïe, la magistrature n'est pas au sommet de sa forme ce soir là ![]() |