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17e Episode : La marque du Condor - Darth Nico - 08-05-2006

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

<span style="color:blue">La 5e Réincarnation : 17e Episode</span><!--/sizec-->
Coq 1127


La marque du Condor<!--/sizec-->

[Image: condor.gif]


Shigeru reposa sa coupelle sur le comptoir et le patron lui resservit son petit sake maison.
- Alors, finalement, c'était bien la veuve Mayo, la coupable ?
Shigeru but son sake et maugréa quelques mots. Le patron avait attendu quelques verres avant de poser la question, comme ça, au détour d'une phrase, au moment où le Crabe semblait bien disposé.
Il le resservit généreusement.
- Pas mauvais, ce petit sake, hein ?... Il vient directement de mon village natal. C'est mon oncle qui le fait, chaque année.
Shigeru s'étira et vida son verre. Il était le dernier client du soir. Même le vieux Joji, dit la Belette, était déjà parti retrouver sa femme et ses enfants.
- Je l'avais toujours dit, qu'elle était pas claire, la veuve Mayo... Je me trompais pas, hein...
Amusé, et aussi de guerre lasse, Shigeru laissa tomber :
- Oui, c'est bien elle qui a tailladé l'eta, avant de demander au cousin de foutre le feu dans la réserve.
Le patron hocha la tête, dégoûté.
- Saleté, ça... Et pourtant, vous devez en voir des pas mûres, vous, les magistrats d'Emeraude...
- Comme tu dis !...
Shigeru s'étira et se leva. La journée avait été pénible. Le soleil était déjà tombé sur la Cité des Histoires : il allait demander à deux gardes du Tonnerre de le raccompagner jusqu'au palais, avant d'entamer une bonne nuit de sommeil. Dehors, l'enseigne du Sanglier qui Rit, claquait dans la bise nocturne.
Déçu de ne pas lui avoir plus tiré les vers du nez, le patron offrit un dernier verre pour la route : un client pareil, fallait le soigner !

Samurai

Quatre jours plus tôt, alors que l'heure de Doji se terminait, les cloches des pompiers retentissaient dans le sud du quartier des pêcheurs, quartier dit des Caves des Crabes. On se pressait déjà pour former la chaîne, depuis la boucle du Chêne, pour acheminer l'eau de la baie vers la rue de la moutarde, où une échoppe avait pris feu, avant que le vent n'attise l'incendie et ne le transmette à une grande maison de samuraï.
Mais c'était trop tard, comme le comprirent les pompiers : l'échoppe et la maison du samuraï allaient y passer toutes les deux.
D'un pas plus que décidé, la magistrature d'Emeraude, emmenée par Kakita Hiruya, arriva sur les lieux, pour constater, découragée, que c'était bien la maison de Kuni Isao qui partait en fumée.
Quatre gardes du Tonnerre surveillaient les lieux, pendant que les pompiers évacuaient les alentours et organisaient la lutte contre les flammes.
- Combien de temps pour en venir à bout ? demanda Hiruya au chef du syndicat de la Pointe du Moment.
- Une bonne heure, honorable magistrat.

Nos samuraï comprirent qu'ils allaient devoir ronger leur frein.
Le patron de la maison du Sanglier qui Rit apercevait Shigeru depuis son comptoir et lui faisait des petits coucous de la main. Le Crabe avait bien envie d'aller donner l'accolade à une bouteille de sake mais la situation était trop sérieuse.
L'échoppe qui avait pris feu la première était celle d'un moutardier, à qui Hiruya posa quelques questions d'usage.
- Mon cousin y est resté ! Je lui avais demandé de vérifier ma réserve de bois, de nettoyer un peu... Et c'est là bas que ça a pris feu ! Il a brûlé vif !... Comment c'est possible une chose pareille ! Avec toutes ces pluies, ces derniers jours, tout était humide, c'est impossible que l'incendie ait pu prendre si facilement... On desespérait plutôt d'utiliser ce bois pour cet hiver. On se demandait s'il était pas moisi irrémédiablement...
- Il dit vrai, intervint un autre commerçant, la baie a débordé il y a trois jours ; elle a noyé le ponton du Cèdre et l'eau est montée jusqu'ici, à la moitié de la rue de la Moutarde !
- Silence, toi, gueula un garde du Tonnerre. Comment oses-tu t'adresser à un magistrat d'Emeraude sans permission !
Hiruya soupira. Les pompiers s'activaient, dans la fournaise, pour lancer seau après seau sur les flammes et jeter des pelletées de terre sur les cendres. Les esprits du feu finirent par rendre l'âme.
La charpente de la moutarderie craqua et s'effondra, pendant que la maison de Kuni Isao rendait aussi l'âme. Lamentable spectacle de carcasses calcinées. Spectacle qui n'était pas rare à Rokugan mais aujourd'hui, nos héros ne pouvaient pas croire à une coïncidence !
- Shigeru, Ryu, vous allez fouiller dans la maison du Crabe. Ayame, Ikky, chez le moutardier.

Nos héros allèrent arpenter les cendres encore chaudes, Ryu furetant attentivement, tandis que les autres samuraï se contentaient de coups d'oeil à droite à gauche.
Hiruya masquait mal sa contrariété.
Les narines d'Ayame ne la trompèrent toutefois pas : dans ce qui restait de la réserve de bois, ça sentait fort l'huile de roche, dont on se sert pour les lampes. Produit qui ne se trouve pas généralement chez un moutardier.
Chez Isao, Ryu fouilla et ordonna qu'on retourne les décombres. Elle avait buté contre un objet lourd.
Le vent du midi apportait la brise et l'odeur du port dans la rue encore tiède après l'incendie. On avait fait dégagé les maisons alentours, si bien qu'on avait l'impression de pénétrer dans une cité vidée par la guerre.
Les coups de pelles des hommes vinrent butter contre une grosse pierre.
Ryu et Shigeru s'approchèrent et regardèrent attentivement.
C'était une pierre rectangulaire, plate, bien polie, sur laquelle on avait gravé, en caractères dorés, un sigle que nos héros connaissaient bien : quelques traits qui représentaient un animal stylisé : un condor...
Les autres magistrats virent à leur tour l'emblème et respirèrent à fond.
- Rentrons au palais, dit Hiruya.

Samurai

Quand Miya Katsu allait apprendre cela...
Les questions se bousculaient dans la tête de nos héros, sur le chemin du retour. La pierre avait-elle été posée là pour signer l'incendie, ou bien se trouvait-elle déjà chez le Crabe quand il s'était pendu ?
- L'honorable Katsu-sama vous attend, Hiruya-sama.
- Bien, nous allons le voir dès maintenant.
Quand nos héros entrèrent dans la salle de réception du Magistrat, ils attrapèrent un coup de sang comme ils en avaient rarement eu.
Le Magistrat gisait à terre, très pâle, son sabre ensanglanté à côté de lui et un serviteur, la gorge tranchée, poignard à la main.
Et au mur, dessinés à grands traits rageurs de peinture rouge, la marque du Condor.

Ayame alla auprès du magistrat : il vivait encore mais respirait péniblement. Il s'étouffait. Notre shugenja se hâta d'invoquer des sorts de guérison, qui eurent pour effet immédiatement de faire rendre son dernier repas à Katsu-sama ; après avoir bien vomi, le magistrat hoqueta, rendit encore ses fruits et haleta, tordu de douleur. Il reprenait déjà des couleurs.
Le serviteur avait de la peinture plein sur lui ; le pinceau était tombé à côté de lui.
Ayame respira le thé : aucune odeur suspecte et de même pour les fruits.
- Je suis rentré dans la pièce... après être allé prendre un papier dans ma chambre... j'avais bu un thé ici... lui, il peignait ce signe... ensuite...
Le magistrat souffrait à chaque mot. Nos héros purent conclure pour lui : Katsu-sama rentre dans la pièce, le serviteur se jette sur lui, tanto à la main ; le magistrat est le plus rapide et d'un trait de iaijutsu tue l'assassin, mais le poison fait effet.
Hiruya, furieux, fit transporter Katsu-sama dans sa chambre, fit doubler la garde, boucler les issues du palais et interdit à quiconque de rentrer dans cette pièce. Après quoi, il finit réunir l'ensemble du personnel du palais.
Renseignements pris sur le coupable, il servait dans le palais depuis dix ans, après avoir commencé chez les Scorpions. Il avait vu passer quatre magistrats et n'avait jamais encouru le moindre reproche.
Miya Katsu se remettrait, car il avait été rapidement soigné. Mais, affaibli, il garderait le lit plusieurs jours.
La nouvelle ne tarda pas à s'ébruiter dans la Cité.
En fin d'après-midi, Shosuro Jocho se présentait au palais, escorté d'une dizaine de gardes, pour assurer Kakita Hiruya de son soutien.
- Je suis honoré par votre proposition.
- J'enverrai dès ce soir Yogo Osako, excellente shugenja et magistrat du Gouverneur. Elle pourra aider l'honorable Katsu-sama à guérir.

Samurai

Le lendemain, ce ne fut pas une mais deux shugenja qui se présentèrent à la porte du palais d'Emeraude : Yogo Osako, envoyée par le gouverneur Hyobu mais aussi Iuchi Sadako, la petite bavarde aux grands yeux clairs, qui venaient prendre soin du magistrat. Bien évidemment, Osako-san ne manquait pas de se mettre en avant, car elle n'avait pas besoin de cette gamine dans ses jambes pendant qu'elle invoquerait les esprits de l'eau pour rétablir l'harmonie dans le corps du malade !
Et Sadako-san faisait des pieds et des mains pour montrer qu'elle aussi pouvait guérir les gens !
C'était nos héros qui avaient demandé aux Licornes et aux Scorpions de leur faire cette faveur, d'envoyer leurs meilleurs shugenjas guérisseurs. L'occasion évidemment pour les deux clans de reprendre leur rivalité.
Hiruya sourit devant la comédie que lui jouait les deux femmes et les pria aimablement de s'entendre pour soigner ensemble Miya Katsu. Les deux femmes s'inclinèrent et furent conduites à la chambre du magistrat.
Hiruya avait interdit à quiconque l'accès à la chambre où le signe obscène du Condor avait été tracé. Le panneau était d'ailleurs gardé en permanence par deux soldats de la magistrature.

Ryu était partie le matin au dojo du senseï Kitsuki Jotomon. Elle s'y entraînait depuis plusieurs jours maintenant. Elle y perfectionnait l'art du sabre, mais aussi du kaze-do, le style de lutte inventé dans les montagnes du Dragon ; cet art martial était pratiqué au dojo par des hommes du peuple, auxquels Ryu fit une démonstration de ses talents en la matière. Un solide pêcheur, plus large et plus haut que notre enquêtrice, se retrouva à terre, après avoir subi deux projections et trois planchettes rokuganies. Jotomon-senseï, occupée à son jardin, à cueillir et respirer des fleurs délicates, passait de temps à autre pour surveiller ses étudiants. Elle félicitait Ryu pour ses talents.
Le senseï aimait se faire maquiller, coiffer, parfumer, ou composer des ikebana pendant que les élèves suaient, luttaient, se battaient et s'exerçaient durement. On ne la voyait que rarement sur le tatami, sauf le matin pour ses exercices rituels. Le reste du temps, elle aimait jouer les coquettes, comme si elle se préparait pour son entrée à la cour impériale.
Alors que les combattants quittaient le dojo, Ryu alla parler au senseï, le nez dans ses acacias.
- J'ai entendu parler de ce malheur qui est arrivé à Miya Katsu, Ryu-san. J'espère que ses jours ne sont pas en danger ?...
- Non, il s'en remettra.
- Si je puis vous aider en quoi que ce soit, j'en serai honorée.
- Il se trouve justement que je suis sur la piste d'un gros oiseau...
- Ah bon, fit Jotomon-senseï en humant ses massifs odoriférants.
- Oui un gros carnassier qui niche dans cette ville.
- Je pratique peu la chasse à vrai dire.
Ryu était très concentrée sur son sujet tandis que le senseï se demandait si Ryu parlait au propre ou au figuré.
- Je chasse un gros oiseau rapace.
- Un aigle peut-être ?... Ces animaux vivent dans nos montagnes, dans leurs aires, dans les sommets...
- Non, plus gros que ça. Un condor. Vous n'en avez jamais entendu parler ?
- Un condor ?
Le senseï avait vraiment l'air surpris. Ryu surveillait sa réaction car à ses yeux, n'importe qui pouvait bien être coupable !
- Je ne crois pas connaître ce genre de bestioles.
- Ah non ?
Jotomon plissa le front, plus amusée qu'agacée par l'insistance un peu balourde de Ryu.
- Si vous pensez que ce condor est dangereux, dit le senseï, je vous recommande d'aller voir le syndicat des teinturiers. C'est un groupe important, dont un des membres vient s'entraîner ici régulièrement. Vous lui avez fait une jolie clef de bras en le plaquant à terre, hier encore... Je suis sûre qu'il sera heureux de vous revoir.
- Je vous remercie de votre aide.
Ryu salua et partit sur le champ, vers la rue du topaze, dans le quartier marchand.
Le bâtiment des Teinturiers était gardé par deux solides gaillards, torses nus, tatoués du bout des doigts jusqu'au torse et dans le dos, qui gardaient l'entrée de cette honorable maison.
- Je souhaiterais parler à votre chef, dit Ryu, alors que les yakuzas tombaient à genoux devant elle.
Notre enquêtrice fut emmenée dans une grande salle circulaire, éclairée par un brasero de flammes turquoises, décorée de grandes tentures en camaïeux de bleus. Le chef du syndicat des Teinturiers était sec, les traits tirés, de petits yeux qui vous scrutent fixement.
- Je cherche à attraper un condor, dit Ryu d'entrée de jeu.
- Un condor ?
Le patron haussait un sourcil.
- Oui, il est très dangereux. Et on m'a dit que vous pourriez m'aider à l'attraper.
- Le syndicat des teinturiers peut obtenir beaucoup d'informations s'il les demande. Elles ne sont toutefois pas gratuites. Je m'excuse de souiller les oreilles d'une noble magistrate en abordant ce sujet, mais c'est ainsi.
- Peut-être que nous voudrons payer pour vos informations, mais elles doivent être bonnes.
- Elles le seront. Etes-vous d'accord ?
- Je dois en informer mes supérieurs.
- Si vous acceptez, il vous en coûtera 50 kokus.
Ryu ne fit aucune remarque et partit.

- 50 kokus !
Kakita Hiruya fut sur le point d'aller expliquer, à coups de sabres, sa façon de penser à ce yakuza !
- C'est peut-être une piste, dit Ryu.
- Elle a intérêt à être bonne cette piste, car il ne manque pas d'air de demander un prix pareil ! Laissez-moi du temps : je vous rendrai ma réponse plus tard.
Ryu s'inclina et sortit.
Hiruya alla s'enquérir de l'état de santé de Katsu-sama. Yogo Osako et Iuchi Sadako avaient fini de lui procurer leurs soins.
- Je reviendrai demain, dit la Scorpionne.
- Et moi aussi, s'empressa d'ajouter la Licorne.
- Je vous remercie toutes les deux, dit Hiruya.
Il retourna dans ses appartements, où un serviteur vint lui apporter un courrier cacheté à la cire, portant le sceau de la famille Bayushi et celui de la cité de Shutaï.
- Par Benten, la réponse de Tomaru !
Hiruya l'attendait impatiemment : il avait demandé au général disgrâcié de lui écrire ce qu'il savait sur le commerce de Matsu Bashô.

« Excellence,
C’est honoré que je reçois votre missive, étonné qu’un membre aussi éminent de l’Ordre Céleste que vous daigne s’adresser à un humble petit gouverneur comme moi.
Ma cité, Shutai, comme l’a appris votre Excellence, fut un lieu de passage pour les navires aux couleurs du noble Matsu Bashô. Ses marchands vendaient ici des herbes médicinales pour les gens de mon clan et je sais que ses navires continuaient plus au sud, pour vendre leurs produits au clan du Crabe.
Bashô-sama avait pour ami un des membres de ce clan, Kuni Isao, car ils avaient noué des accords de transports des marchandises de nuit.

Depuis la mort de Bashô-sama, les relations commerciales de Shutai avec la puissante Cité des Histoires se font par les navires de Bayushi Korechika-sama, que les Fortunes le bénissent.
Depuis quelques semaines, Shutai a l’honneur de recevoir des navires au nom de Yasuki Taka-sama, qui compte rouvrir un comptoir commercial des Crabes dans votre fastueuse Cité.

Puissent votre sagesse et votre clairvoyance vous permettre de faire justice partout où ce sera nécessaire,

Ce 17e jour du mois du Coq 1127,
Bayushi Tomaru »

Hiruya n'était qu'à moitié satisfait à la lecture de cette missive. Il découvrit alors un post-scriptum, rédigé sur une feuille à part. Bayushi Tomaru avait fait les choses bien !

« PS : Mes hommes ont plusieurs fois protégé des navires marchands de Bashô-sama, depuis Shutaï vers la Cité des Histoires. Ces navires étaient arrimés au ponton du Chêne et leurs marchandises, stockées dans l’entrepôt ouest, plus connus des gens du lieu sous le nom d’entrepôt du Condor. »

Notre Grue se leva et ordonna qu'on aille chercher ses assistants : rendez-vous sur les docks, à la boucle du Chêne !

Samurai

Shigeru dut se courber en deux pour sortir de la maison du Sanglier qui Rit, avant d'aller s'asseoir sur sa marche habituelle, en regardant la baie de l'honneur noyé, dont les motifs brillants, sans cesse changeants, où flottaient les barques de pêcheurs, le réjouissait chaque jour.
C'était aussi le jour du marché flottant. Une petite ville, colorée, fruitée, animée, s'était bâtie sur l'eau, qui disparaîtrait en fin de journée, comme elle était apparue.
Quand notre Crabe vit arriver les autres magistrats, il s'empressa de se lever et de se mettre au garde-à-vous.
- Quelles nouvelles, Shigeru-san ?
Le Crabe faisait une tête de plus que Hiruya mais c'est lui qui avait l'air d'un grand dadais face à l'energique magistrat.
- Hiruya-sama ! J'ai reparlé aux habitants de la rue de la Moutarde qui m'affirment que les inondations ont rendu le bois humide, ont rempli les caves. Il est incompréhensible qu'un incendie ait pu se déclencher ainsi.
- Sans que personne ne l'ait voulu, tu veux dire ?
- Exactement.
- Des nouvelles de ce cousin qui est mort dans l'incendie ?
- Son corps était méconnaissable, Hiruya-sama et il a été transporté au palais Shosuro, sur ordre du magistrat Yogo Osako !
- Sais-tu si quelqu'un en voulait à ce moutardier ?
- Non, magistrat ! Il disait qu'il n'avait pas d'ennemi, sinon des marchands, qui sont les rivaux naturels des pêcheurs ! Mais sa maison était bien située pour que, avec le vent, l'incendie se transmette à la maison de Kuni Isao.
- Bon, suis nous, Shigeru.
Les magistrats d'Emeraude se dirigèrent vers les quais, au ponton du Chêne. Une rue en demi-cercle, dite boucle du Chêne, cernait des hangars pour les navires, des entrepôts de marchandises et des maisons de sake. Voir la magistrature impériale arriver dans ce quartier paisible causait un remue-ménage comme on en voyait rarement ! Les pêcheurs s'empressaient d'exécuter les quatre volontés de nos samuraï.
- Ouvrez-moi cet entrepôt, dit Hiruya. A qui appartient-il ?
- A personne, seigneur !
- Il n'a jamais appartenu à personne ?
- Si, il appartenait au seigneur Matsu Bashô !
Les portes s'ouvrirent sur une grande salle vide et poussiéreuse. Les magistrats en firent le tour avec empressement.
- Regardez, dit Ryu.
Elle venait de trouver, gravée dans le bois, dans un coin de la salle, la marque du Condor.
- Mais il n'y a plus rien ici, dit Isawa Ayame.
- Ici peut-être pas, dit Hiruya mais à côté sans doute...
Etonné, nos samuraï suivirent leur supérieur dans la rue, à l'entrée d'une petite impasse.
- Ouvrez-moi cette porte.
Notre Grue avait repéré une entrée dissimulée, juste à côté de l'entrepôt.
Les pêcheurs s'exécutèrent. Ils durent forcer pour arracher une barre de fer qui bloquait la porte de l'intérieur. Un coup de tetsubo de Shigeru et de pieds de Ryu finirent le travail. C'était une petite cache, bien propre, sans poussière et qui sentait fort l'huile de roche.
Ryu avisa alors un défaut dans le parquet : des planches se soulevaient, découvrant une petite échelle qui descendait sur quelques mètres dans un puits.
- Nous sommes sur la bonne piste, fit Hiruya, satisfait.

Samurai

Nos samuraï s'engagèrent dans le passage secret, torches à la main.
D'abord Shigeru, puis Hiruya, Ryu et les deux Phénix. En bas de l'échelle se trouvait un tunnel étroit, humide, où l'on ne pouvait passer qu'à un à la fois. On entendit après quelques pas un mécanisme d'engrenage s'actionner, une corde se détendre. Shigeru, frappé en pleine poitrine, tomba à la renverse sur Hiruya, qui le reçut dans ses bras, faillit partir en arrière et entraîner dans sa chute les autres magistrats !
Le Crabe avait été frappé par des flèchettes dégoulinant d'une résine visqueuse.
Shigeru se tordait de douleur mais sur le Mur, il en avait connu d'autres. Il fallut un bout de temps, dans ce couloir, pour qu'Ayame arrive à sa hauteur et lui administre quelques soins.
- Vous là-haut, cria Ikky aux pêcheurs, aller nous chercher des cordes !
Il fallut en effet de gros bouts d'arrimage et la force de plusieurs hommes pour remonter Shigeru dans le petit entrepôt. Les deux Phénix restèrent avec lui tandis que Ryu et Hiruya repartaient en exploration.
Cette fois, Ryu-san passa devant et vit que plusieurs cordelettes très fines étaient tendues en travers du passage. En les coupant, on déclenchait le mécanisme. Elle et Hiruya se plaquèrent sur le mur et Ryu coupa du bout de son tanto les cordelletes. Les flèchettes partirent en sifflant et allèrent se ficher dans le mur derrière l'échelle.

Après avoir pataugé dans la gadoue jusqu'aux chevilles, nos deux héros arrivèrent au bout du couloir, terminé par une échelle. Ryu monta la première : une trappe fermait l'accès au niveau du sol. Hiruya se demandait où ils se trouvaient. Ryu tira sur la trappe et un gros tas de cendres en tomba ! Notre enquêtrice en fut recouverte des pieds à la tête et Hiruya en reçut à peine moins. De la suie, de la poussière, des copeaux de bois humides et de la cendre coulèrent en abondance, avant que Ryu ne puisse passer la tête.
Les manouvriers qui dégageaient les décombres dans les restes de la réserve du moutardier furent bien surpris de voir une tête de femme, noire comme du charbon, sortir de terre, suspicieuse, avant de comprendre qu'il s'agissait de la magistrate d'Emeraude !
Ryu monta à la force des bras puis aida Hiruya-sama à en sortir : chacun son tour d'aider l'autre à sortir du trou...:P

Et c'est ainsi que la magistrature d'Emeraude fit un baroud d'honneur remarqué dans la rue de la Moutarde, noire et grise de crasse, le bas de kimono trempé et boueux ! Le peuple se cachait pour rire à gorge déployée et même les inflexibles gardes du Tonnerre eurent de la peine à se retenir.
Dans l'entrepôt du Condor, Ayame se concentrait pour attirer les fortunes de l'eau dans le corps de Shigeru et le purifier. Elle sentit alors Ikky la pousser du coude : elle allait soupirer d'agacement quand elle vit arriver ce cher Hiruya et cette chère Ryu, plus sales que des ramoneurs de cheminées, et dut se mordre la lèvre pour garder son sérieux. Shigeru fut secoué par un gros rire caverneux mais il se termina en plaintes et gémissements et Ayame reprit ses soins.

- Nous retournons au palais, fit Hiruya, d'un ton raide et martial. Nous en avons assez appris. Qu'on nous amène une bassine d'eau, par Benten !

A suivre...Samurai


17e Episode : La marque du Condor - sdm - 08-05-2006

Encore un coup d'Olrik !:P


17e Episode : La marque du Condor - Darth Nico - 10-05-2006

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

La magistrature d'Emeraude comptait déjà deux victimes en deux jours. Miya Katsu se remettait lentement, tandis que Hida Shigeru en serait bon pour garder le lit jusqu'au surlendemain.
Hiruya accepta que Ryu retourne voir les yakuzas, avec l'argent qu'ils demandaient.
- Mais ils auront de mes nouvelles avant peu si les informations qu'ils ont à vous donner ne sont pas pertinentes !
Ryu s'inclina et retourna rue du Topaze. Elle se présenta devant le chef des Teinturiers en lançant une bourse pleine de beaux kokus sonnants et trébuchants, qui se répandirent à terre.
- Bien, très bien, fit le chef, pendant que ses acolytes ramassaient cette fortune. Alors sachez que nous nous sommes renseignés sur ce gros oiseau que vous cherchez. Et quand les Teinturiers cherchent, ils finissent par trouver.
- Vous m'en voyez ravie.
- Nous savons que dans la quartier du Petit Outremonde, un laveur de latrines a été assassiné, avant-hier et retrouvé le visage balafré.
- En quoi cette mort m'intéresserait-elle ? Ce n'est qu'un eta...
- Parce que ce laveur de latrines était celui qui s'occupait de la maison du cousin qui a brûlé chez le moutardier.
- Alors dans ce cas, oui. Je vais aller me renseigner. J'espère d'autres renseignements bientôt.
- Dès que nous les aurons, nous vous les donnerons, Dragon-sama.

Ryu se rendit dans ce quartier eta, situé au dehors des murs de la ville, au sud-est du quartier des pêcheurs. L'endroit sentait fort les excréments et pourtant, les bicoques n'étaient pas si misérables, pour un quartier de non-peuple. Les travailleurs du cuir, comme ils préféraient se nommer, recevaient en effet un impôt pour leur ramassage des ordures, depuis la fois où ils avaient cessé le travail suite à des actions d'un gouverneur contre eux. En quelques heures, la Cité des histoires s'était mise à puer si fort -puisqu'en cette matière, les différentes de statut dans l'Ordre Céleste n'entrent pas du tout en jeu - qu'on avait accorder des avantages princiers aux etas, par comparaison avec le sort de leurs semblables dans le reste de l'Empire.

Ryu passa voir le corps cet eta, appelé Denbe, qu'on allait brûler en fin de journée. Son corps était exposé chez lui. Notre enquêtrice vit aussitôt qu'on lui avait tranché la gorge. Mais il avait eu aussi le visage tailladé, sans doute par le même poignard. Et les entailles formaient la marque du Condor...
Ryu fit le tour du quartier, pour la procédurière enquête de voisinage. Elle apprit que Denbe, ces derniers jours, avait été suivi par un rônin appelé Mâchoire, réputé pour louer ses services comme garde du corps ou tueur à gages à quiconque pouvait payer, sans souci de son honneur. Ce Mâchoire avait forcé Denbe à boire longuement avec lui, dans un rade minable ; d'autres fois encore il l'avait simplement observé, du fond de la salle, d'un air goguenard ou bien avait tourné autour de sa maison, ou dans le quartier de la boucle du Chêne, quand Denbe allait travailler chez le cousin du moutardier.
Et depuis la mort de l'eta, Mâchoire avait disparu.

Samurai

Notre Mirumoto continua ses recherches pour mettre la main sur le rônin. A force d'écouter les uns et les autres, à patauger dans ce monde du non-peuple, de ces êtres insignifiants, sacrifiables, elle réussit à pister Mâchoire puis à le trouver, occupé à boire un mauvais alcool, au fond d'une gargote sordide, crasseuse, coincée au fond d'une impasse, dans un endroit où le soleil même se salit à venir.
Il pouvait avoir dépassé la quarantaine. Le menton balafré, tordu, les traits creusés, de grosses mains rudes auxquelles manquaient quelques phalanges, des morceaux d'armure prêts à tomber, c'était vraiment le samuraï sans maître ni honneur ni loyauté.
- Tu t'appelles Mâchoire ?
L'entrée de Ryu-san fit, une fois de plus, sensation : un magistrat d'Emeraude dans cet endroit, c'était un kami chez les Nezumi !
L'intéressé grogna quelques mots de sa voix pâteuse, alourdi par la boisson.
- Tu as entendu parler d'un nommé Denbe ?
Même réponse, par un vagissement ennuyé, vaguement agacé.
- Foutez-moi la paix !
Ryu s'approcha et posa la main sur son sabre.
- Tu l'a fréquenté de près, on m'a dit...
- Je connais pas ce type !...
- Les voisins t'ont vu boire avec lui pendant des heures...
- Et alors, quesse ça peut faire !... Je veux plus en entendre parler...
- Pourquoi tu es parti comme ça ?
- Foutez-moi la paix, j'ai rien à vous dire !
- ... Je crois que c'est parce que tu l'as tué. Lève-toi, je t'emmène au palais de la Magistrature d'Emeraude !
Machoire grogna plus fort et se leva, l'air très mauvais.
- Je vous suivrai nulle part j'ai dit !
Il avait crié.
Il avait l'air d'un vieil ours abruti par l'alcool ; la brute pas fréquentable, bornée.
- Je te conseille de me suivre gentiment.
- Je suivrai personne j'ai dit !
Il dégaina son sabre et le prit fermement en main, les genoux flageolants.
Ryu tira son katana et son wakisashi. Machoire gronda et se lança à l'attaque. Ryu para son attaque du wakisashi et répliqua de son autre sabre, mais le rônin avait vu venir le coup. Il dégagea son sabre, envoya un coup qui rata Ryu de peu. Celle-ci frappa et l'atteignit au visage, superficiellement. Machoire s'écroula tout seul, comme une barrique.
Il était ivre mort. Assommé, il se serait mis à ronfler si Ryu ne l'avait pas attrapé par le col, secoué et remis debout, en lui pointant sa lame sous le menton.
Elle fit appel à deux solides tanneurs pour ligoter le rônin.

Les deux gardes du Tonnerre en faction sur le pont du Dragon eurent la distraction de voir Mirumoto Ryu ressortir du Petit Outremonde, précédé d'un vieux samuraï crasseux.
- Tiens, mais qui voilà c'est Machoîre !
Une vieille connaissance apparemment. Le rônin grogna en passant devant les gardes, qui lui mirent un bon coup de manche de naginata sur le cassis pour lui apprendre à marcher droit et à s'incliner.
- Allez avance ! ordonna Ryu.

Samurai

Au palais, Miya Katsu avait demandé à parler à Hiruya et Ayame.
- Konnichi-wa, samuraï, toussotait le Magistrat, encore pâle, allongé sur son futon. Puisque je dois garder la chambre, j'en profite pour repenser à l'affaire qui nous occupe. Et regardez ceci...
Il se fit amener une boîte en satin, capitonnée, dans laquelle il conservait les sept poupées de Dajan et ses complices. De la plus grande à la plus petite, le serviteur les aligna :

1- La Folie pour Daidoji Unoko
2- La Lâcheté pour Kitsune Hamato
3- La Peur pour Toritaka Bonugi
4- Le Regret pour Bayushi Tomaru
5- La Haine pour Matsu Bashô
6- Le Désir pour Asako Nakiro
7- L'Orgueil pour Daidoji Dajan

- Si vous observez, samuraï, plus la poupée est petite, plus le complice à qui elle fut offerte était haut dans la hiérarchie du Condor, c'est à dire dangereux pour l'Empire.
- En effet, Katsu-sama.
- Unoko avait perdu l'esprit ; Hamato était un lâche ; Bonugi fréquentait les yoreï ; Tomaru était un général en disgrâce, mais valeureux combattant ; Bashô était le complice des démons qui ont enlevé votre senseï, Ayame, à la cour d'hiver ; Nakiro était un tsukaï et Dajan le maître Condor en personne.
Les samuraï acquiescèrent, sans comprendre où voulait en venir Katsu-sama.
- Observez plus attentivement les poupées de Bashô et Nakiro. Passez votre regard de l'une à l'autre.
Ayame et Hiruya les fixèrent quelques instants.
- Par Benten, murmura Hiruya, on dirait que... comment dire...
- On dirait bien qu'il y aurait de la place pour une autre entre les deux !
Ayame avait vu juste : Miya Katsu remboîta les poupées les unes dans les autres. Alors qu'elles entraient parfaitement dans la suivante, il y avait du jeu entre celle de Nakiro et de Bashô.
- Autrement dit, il n'y aurait pas sept mais bien huit poupées ! Et il nous manque dans ce cas la 6e poupée !
- Mais qui serait le possesseur de cette poupée !
- Le dernier membre du Condor encore en vie, dit Katsu après une violente quinte de toux. Celui qui trace sa marque dans cette ville et qui s'en est pris à la magistrature d'Emeraude !
- Un membre de la caste des samuraï de la Cité ?...
- Certainement, fit Katsu. Vous savez comme moi que Dajan a fait son temps dans cette ville, qu'il y a rencontré Bashô et Tomaru. Pourquoi pas quelqu'un d'autre ?... Le possesseur de la 6e poupée nous fait savoir qu'il ne nous craint pas et qu'il ne reculera devant rien.
- Nous le trouverons et nous le tuerons, jura Hiruya.
- Je sais que je peux compter sur vous, samuraï. Maintenant, écoutez ceci...
Nouvelle quinte de toux, puis Katsu pu parler distinctement.
- Ces poupées sont visiblement des objets gaijin. Je n'en ai jamais vu de telles à Rokugan. Et je sais qu'il existe, sur l'île de la Larme, un établissement, appelé la Maison des Histoires Etrangères, tenu par une gaijin appelée Magda. Montrez-lui ces poupées, elle pourra peut-être vous renseigner sur elles.
Les samuraï s'inclinèrent devant la sagesse et la perspicacité de Miya Katsu, puis se retirèrent pour le laisser prendre du repos.
- Continuez à vous renseigner dans les archives, Ayame-san, moi j'irai ce soir sur l'île de la Larme...
Privilège du rang, Kakita Hiruya se réservait la tâche la plus pénible : une nuit dans le monde flottant. Mais c'était pour les besoins de l'enquête...:roll:

Samurai

A la nuit tombée, Hiruya mettait pied sur la barque qui l'emmenait sur l'ïle de la Larme. L'imposant Portail, garde de l'entrée de ce monde à part, demandait avec une parfaite politesse s'il pouvait garder le sabre du magistrat. Les lumières rouges et bordeaux du monde flottant s'allumaient ; les maisons ouvraient leurs portes aux rideaux incarnats. Il y avait peu de monde ce soir. Mais cette île vivait à part : elle ignorait le rythme habituel de la Cité et du reste de l'Empire. Elle était comme un lointain pays, dédié aux plaisirs, plus lointain que les archipels tempêtueux du clan de la Mante

Et ce même soir, Ayame rejoignait la bibliothèque du palais, comme un oiseau son nid. Ikky savait qu'elle allait devoir veiller tard. Elle apportait maintenant systématiquement de la lecture : le plus souvent le Tao, ou bien des légendes épiques ou encore le Sabre de Kakita. Secrêtement, elle était jalouse des talents des membres de cette école et donc de Hiruya-sama. Elle voulait devenir maître dans l'art du iaijutsu, même si son école lui apprenait des techniques très différentes, consistant à défendre sa protégée. Ikky avait eu honte, pendant longtemps, de cette jalousie, qui la détournait de son devoir. Mais depuis qu'elle était passée à la cour d'hiver, qu'elle avait comme touché du doigt le vrai sens des mots jalousies, rivalités, vanités, orgueils, ambitions, elle avait compris qu'elle n'était pas si déviante que cela. L'art de Kakita, n'était-ce pas la pureté même, l'idéal du samuraï ? Quel mal y avait-il à suivre cette voie ?
Pendant qu'Ayame s'abandonnait aux royaumes des mystères occultes, Ikky veillait, patiente, déchiffrant patiemment la vie des samuraï et de leur art, dans le silence paisible et parfois inquiétants de la nuit.

Hiruya se fit conduire à la maison dite des histoires étrangères. Elle était en retrait de la grand'rue de l'île. Il comprenait qu'il ait pu ne pas la voir, les fois d'avant. Le bâtiment était bien dans ce style non conventionnel, en arabesques, lignes tordues, arrondis, au contraire de la pureté et de la droiture traditionnelle des bâtiments rokuganis.
L'accueil fut au moins aussi surprenant : une créature comme Hiruya n'en avait jamais vu. Grande comme un Crabe, mais fine, les cheveux dorés, la peau très blanche, les yeux bleus, un nez pointu, une poitrine généreuse ; un pantalon bouffant et une chemise fine ! D'où venait-elle !

- Bonjour, je me nomme Magda. Entrez bien vite.
Elle parlait avec moins d'accent qu'un Licorne, ce qui était encore plus bizarre. Une femme si surprenante, on se serait attendu à moins la comprendre qu'un esprit !
Hiruya s'inclina poliment, sans pouvoir cesser de la dévisager.
- Je suis honorée de recevoir le grand magistère émeraude de notre Cité.
L'intérieur était décoré à la façon Licorne, comme si on se trouvait dans la riche tente nomade d'un seigneur de la cavalerie de l'Ouest. L'illusion était parfaite : Hiruya se revoyait presque à Shiro Iuchi, dans les plaines battues par les vents sauvages.
Il s'assit sur un grand tapis, où de jolies musiciennes jouaient un air entraînant. Magda servit du saké à la mode Shinjo. Hiruya y fit honneur, surpris d'arriver dans ce pays étrange. Décidément, la Cité des mensonges était un monde à soi seul ou même plusieurs mondes ensembles !
- Que voulez-vous entendir, honorable magistère ?... Des légendes du mien pays ?
- Hé bien, oui, sourit notre héros.

A la bibliothèque, Ayame se fatiguait à chercher des documents en rapport avec Dajan. Elle baîllait, lassée de ne pas trouver. Un jour, il faudrait bien qu'elle aille voir dans les recoins cachés des étagères du palais Shosuro ! Rien qu'à penser à ce qui pouvait se cacher là-bas, elle en devenait fébrile. Par ailleurs, rien qu'à lire quelques documents cachés là-bas, on devait perdre assez d'honneur pour être méprisé par un tanneur de peau, mais le jeu en valait la chandelle !
Ayame se sentait rêveuse. Quand elle était à la cour d'hiver, elle rêvait de venir un jour à Ryoko Owari, et ça y est ! elle y était. Des trésors de secrets étaient à portée de main. C'était dit : elle ne partirait pas de la Cité avant d'avoir retourné le moindre rayonnage, découvert la date de la varicelle du gouverneur Hyobu et, si possible, s'il y avait bien une famille de ninjas à la tête du clan du Scorpion !

Ayame se frotta les yeux et reprit : allons, elle n'avait pas perdu son début de nuit. Un registre lui apprit le nom de plusieurs marchands ayant été patronné par Daidoji Dajan. L'occasion d'un interrogatoire de routine. Elle entendit alors un cri, venant des caves du palais. Oui, c'était Pitoyable, l'interrogateur eta, qui prenait soin du borné Machoire, invité à passer la nuit aux frais de la magistrature. En début de nuit, il n'avait rien voulu dire. Pas parlé à l'eta, pas touché, rien à voir dans l'histoire.
Hiruya-sama n'avait pas la patience d'entendre ça. Katsu-sama avait failli mourir empoisonné, alors des têtes allaient tomber !
- A demain matin, Machoire. Espérons que tu seras plus loquace.
Le sale ivrogne devait passer un sale moment, avec les pinces rougies de Pitoyable qui venaient lui triturer les tripes, le bout des doigts, sans parler des claques à répétition, des seaux d'eau, des coups portés par les assistants de Pitoyable, des immersions dans l'eau, des tabassages, des coups en dessous de la ceinture... Ah, le non-peuple avait le droit de s'en donner à coeur joie, en matière de cruauté et de se venger de n'être rien dans l'ordre céleste, sur ce déchu de la caste des samuraï !

- Allons dormir, finit par dire Ayame. Nous ne trouverons rien ce soir.
Ikky haussa les épaules et enroula le parchemin qu'elle lisait. Elle n'était pas mécontente de retrouver son futon, elle aussi.

Magda chanta les légendes des Sables Brûlants, au-delà de Rokugan, de ce pays brûlé par la déesse du soleil et transformé en un désert infini, où semble ne pouvoir vivre nulle créature.
- Mais qui voyage dans ce désert pendant vingt jours et vingt nuits, guidé par les étoiles et l'espoir de voir l'horizon changer enfin, trouvera la plus grande cité de l'univers, Medinat Al'Salaam la Merveilleuse, la Perle des Mille Peuples, la Cité Labyrinthique gouvernée par sa puissante Calife et ses serviteurs immortels dont le coeur fut arraché. Autour de la Cité vivent et combattent d'immenses armées, aussi nombreuses que les grains de sables, qui s'affrontent pendant des jours et des jours, sous l'oeil amusé du Calife et des nobles magiciens de sa cour. Plus loin encore, d'autres Empires se dressent, qui ont construit des temples astrals dont la pointe touche le ciel, et où dorment des divinités millénaires qui un jour se réveilleront et dévoreront leur peuple !

Magda ne manquait pas de talent pour décrire ces pays étranges, aussi imaginaires que réels. Il y avait bien longtemps que Hiruya ne s'était pas assis pour qu'on lui raconte des histoires. Après avoir bu et plaisanté, plié quelques origamis et écouté d'autres chansons, Hiruya sortit l'une des poupées de Dajan.
- Connais-tu cela Magda ?
La grande gaijin éclata d'un rire amusé. Une poupée pour enfant dans les mains d'un très sérieux magistrat d'Emeraude !
- Une poupée pour enfant ?
- Oui, on en vend dans le désertique dont je t'ai parlé par ma chanson. Les samuraï du Licorne en vendent parfois avec les leurs caravanes. J'en avais une comme celle-ça quand j'étais petite. Tu sais qu'elles sont à plusieurs ensembles et qu'elles se boîtent les unes dans les autres.
- Oui, je sais, je crois avoir les autres. Ou plutôt je pense qu'il m'en manque une. J'en ai sept mais je pense qu'il y en a une huitième.
- Huit, c'est un chiffre rare pour celles-là poupées. En généralement, on en trouve sept ou dix.
- Celui à qui elles ont appartenu avant était quelqu'un d'un peu... particulier. Tu en as déjà vu des comme ça ?
- Oui, ça c'est sûr ! Elles sont porteuses de bonheur : quand on les offre à son ami, on met un papier petit à l'intérieur pour souhaiter la Chance ou la Courage ou le Longue-Vie...
- Et tu me dis que les Licornes en vendent ?
- Oui à la porte de laquelle qui porte leur nom, en le nord-est de la Cité.
- Je vois, dis-moi, connaîtrais-tu ce poème ?

Hiruya sortit de sa manche un bout de parchemin, qu'il avait trouvé dans la dernière poupée, celle de Dajan. Magda le lut, amusée.
« Ma jolie poupée, j’ai enfermé en toi ma pensée de ce soir.
La ronde des lucioles sur l’eau
Danse, danse, danse
Danse toute la nuit
La lune veille sur nous
Tandis que le soleil dort »


- Oui, rit-elle, pendant que les autres filles riaient de la naïveté de ce petit texte mignon. C'est un comptine qu'on apprend dans les Sables Brûleurs et même chez les Yodataï, le peuple de d'où je viens.
- Sais-tu qui en est l'auteur ? demanda Hiruya, soudain aussi curieux qu'un Phénix.
- Oui, c'est la personne qui s'appelle la Novice, la célèbre Lena !
Hiruya écarquilla les yeux, ce qui fit éclater de rire les filles.
La Novice, c'était Ayame qui lui en avait parlé à la Cour d'Hiver.

- La prochaine fois que je viendrai, pourras-tu m'en chanter ?
Surprise, Magda que c'était promis, elle ferait plaisir au Magistrat en lui chantant ces berceuses pour enfants !

Hiruya but encore une coupe de sake, offrit une origami pour les chanteuses, ravies et émerveillées de ce beau cadeau puis, après avoir fait le joli coeur, notre magistrat remercia Magda pour cette inoubliable soirée. Outre qu'il en avait beaucoup appris, il avait vraiment passé un moment agréable.
La nuit n'était finie : il se rendit dans un établissement bien plus canaille, la Maison de l'Etoile du Matin, bien plus animée, où il trouva sans surprise Jocho, déjà bien imbibé, qui dansait dans une farandole titubante avec les geishas et riait aux éclats.
- Hiruya ! tu tombes à pic ! viens te joindre à nous !
Et les deux compères restèrent jusqu'à l'aube à boire, rire et danser comme des petits fous.
Quand ils repassèrent chez Portail, le matin, ils riaient encore comme des étudiants de dojo permissionnaires, s'envoyer forces tapes dans le dos et se promettaient de remettre ça bientôt.
Passé le lac et de retour dans la Cité, ils avaient repris leur visage de magistrats et se saluèrent poliment et élégamment, malgré le tetsubo d'acier qu'ils avaient dans la tête !

Samurai


De bon matin, Mirumoto Ryu avait fait ses exercices au dojo de Kitsuki Jotomon puis était repartie enquêter rue de la Moutarde, selon les instructions laissées par Hiruya-sama qui, à cette heure-ci, dormait à poings fermés.
D'ailleurs, la veille, le Magistrat avait ordonné à Ryu et à Shigeru de rendre compte désormais à Ayame, qui serait leur supérieure et qui viendrait, elle, lui rendre compte, seule. Ainsi Hiruya évitait-il de multiplier les contacts avec Ryu-san, jamais à l'abri d'une maladresse ou d'une belle gaffe en société.
Il n'allait pas regretter cette décision, et tant pis pour la pauvre Ayame !

Rue de la Moutarde, Ryu recueillit les confidences d'un délateur, qui lui signala que les entrepôts visités par la Magistrature se trouvaient à côté de la maison du cousin, pêcheur de la Coopérative du Chêne. Selon le moutardier, le cousin en question travaillai avec sa coopérative et venait donner un coup de main régulièrement dans l'échoppe. Cette fois-là, il avait eu à vérifier l'état de la réserve de bois. Or, l'incendie s'était déclaré à ce moment, si rapide qu'il y était resté. Qui plus est, l'endroit sentait encore l'huile de roche, produit hautement inflammable. Et l'entrepôt secret, qui menait par le passage souterrain directement chez le moutardier, sentait aussi l'huile de roche !

Le cousin passe par l'entrepôt, puis le passage, arrose la réserve de bois d'huile, y met le feu et se retrouve bloqué dans les flammes qui se propagent partout. Une poutre lui tombe dessus, l'assomme et il y reste. Ou bien encore il avait pour mission d'y rester... Et c'est la secte du Condor qui est derrière cet incendie : comme la maison de Kuni Isao est taboue (son propriétaire s'y est pendu et on croit que des démons y rôdent), personne ne voudra y pénétrer pour la brûler. Donc l'échoppe du moutardier est mieux indiquée, car le vent qui souffle de la baie propage à tous les coups l'incendie vers la maison du Crabe.
Ryu se rendit chez le cousin, dont la petite famille, endeuillée, vivait sur le port. Des mouettes voletaient ici et là, poussant leurs grands cris, à l'heure où les hommes revenaient de la pêche et leur jetait des morceaux de poisson. Le cousin avait une femme et deux fils et tous pleuraient sa mort. Ryu interrogea quelques pêcheurs, qui dirent combien ils regrettaient la mort de ce brave gaillard, honnête, courageux, qui allait bien manquer à la coopérative.

Notre enquêtrice passa la baie par le pont nord et, dans le quartier des marchands, retourna voir le syndicat des Teinturiers.
- Nous avons du nouveau pour vous, honorable magistrate.
- Je vous écoute.
- Nous nous sommes renseignés sur le moutardier et sa famille.
- Ah, je reviens de chez son cousin...
- Précisément, Dragon-sama. Nous savons deux choses : le corps du cousin a été emmené hier au palais Shosuro, où le magistrat Yogo Osako-sama désire l'examiner. Et deuxiémement, ce cousin avait des dettes. Il était joueur. Il avait reçu la visite, deux jours avant l'incendie, des hommes de mains du lieu.
- Il devait beaucoup d'argent ?
- Sans doute, oui.
- Où est cette maison de jeu ?

Elle se trouvait rue de l'Ambre, à deux pas de là.

Samurai

Tard dans la mâtinée, Hiruya se réveilla, à l'heure où les deux shugenja, Yogo Osako et Iuchi Sadako, quittaient Miya Katsu, qui était en bonne voie de guérison.
Hiruya fit appeler Ayame et lui parla de sa nuit à la Maison des Histoires Etrangères. Il lui montra le papier, qui intrigua Ayame, car elle avait déjà lu quelque chose de semblable, mais eut sur l'instant un trou de mémoire.
- De qui est ce poème ? dit-elle, impatiente.
- De la Novice, sourit Hiruya.
Ayame faillit se frapper le front. Mais bien sûr !
Comment avait-elle pu l'oublier !
Ayame en avait entendu parler pour la première fois à son retour chez elle, après Inchu, quand Kitsuki Hanbeï lui avait dit qu'on avait retrouvé des poèmes maudits de cette Novice. L'inquisiteur pensait que c'était la Grue Noire qui les semait là où ils passaient, sur les terres du Dragon.
A l'origine, ces textes étaient impies, blasphématoires mais avec le temps, seuls les versions épurées avaient subsisté. Des poèmes interdits dits des Hurlements de la Novice Folle n'était resté, avec le temps, que des comptines bien innocentes.
Et notre shugenja avait lu au palais du Chêne Pâle un poème similaire de cette même Novice :

« Ma jolie poupée, j’ai enfermé en toi ma pensée de ce soir.

Tant de secrets, et tant de mensonges ; un mensonge après l’autre, un secret en recouvre un autre.

Après avoir bien cherché, j’ai surpris une petite vérité, la plus vieille et la plus petite de toutes…
Il n’y a pas de vérité, juste des grands et des petits mensonges… »


Et ce poème semblait faire écho aux aphorismes sur le mensonge de Bayushi Tangen 2e du nom. Ayame jubilait intérieurement : la piste de la Novice, oubliée depuis plusieurs mois, s'ouvrait à nouveau ! Et qui disait Novice et Tangen disait aussi... Gozoku !
Il est vrai que le senseï Kanera lui avait fortement déconseillé de se lancer dans de telles recherches. Mais il l'avait interdit à la shugenja Phénix. Maintenant qu'Ayame était magistrat d'Emeraude assistant, c'était bien différent !
Elle suggéra à Hiruya, content d'en imposer à sa turbulente shugenja, qu'elle serait bien intéressée par une visite à cette Magda. Hiruya répondit que ce serait peut-être possible.
Ayame sourit poliment, pour mieux dissimuler que dans ces moments-là, elle aurait bien aimé étrangler ce Grue odieux !
- J'aimerais, dit-elle, me rendre au palais Shosuro, pour y examiner les plans de la ville. Ceux de la rue de la Moutarde en particulier. Le magistrat Yogo Osako m'a affirmé qu'elle me guiderait jusqu'à leurs registres communaux.
- Entendu, dit Hiruya.

Samurai

La maison de jeu était noire de monde. Les croupiers, torse nu, en tailleur, lançaient les dés et les recouvraient de leur godet, avant de crier qu'il fallait miser et les joueurs, agenouillés de l'autre côté de la table, braillards, énervés, passionnés, posaient leur mise. Et les cris de desespoir se mêlaient aux cris de victoires, et le coup d'après, les mêmes qui venaient de remporter la mise la perdaient à nouveau.
Mirumoto Ryu entra, jeta un oeil à la salle, puis se fit conduire chez le patron.
C'était un petit homme gras, avec une longue cicatrice dans le cou, qui avait dû faire son temps dans les combats entre bandes yakuzas.
- Je viens vous voir au sujet d'une personne qui fréquente votre établissement.
- Je ne les connais pas tous, honorable Magistrate, mais je ferai de mon mieux pour vous renseigner.
- C'était un pêcheur, quelqu'un de costaud, qui a brûlé dans l'incendie de la rue de la Moutarde.
- Quel malheur, fit le patron, d'un air qui ne cachait pas qu'il s'en fichait profondément.
- J'aimerais savoir s'il avait des dettes chez vous.
Un des acolytes murmura quelques mots à l'oreille du patron.
- Oui, il en avait, honorable magistrate.
- Pour combien ?
- Presque un demi-koku.
- C'est une forte somme.
- Oui, en effet. Et nous lui avions envoyé un avertissement hum amical. En particulier, je lui avais interdit de revenir jouer avant qu'il n'ait épongé au moins la moitié de sa dette.
- Pouvez-vous m'en dire plus sur lui ?
- A vrai dire, non, honorable magistrate. Je connais la plupart des joueurs seulement par leur niveau d'endettement. Je ne me mêle pas à eux, en règle général.
- Alors je compte sur vous pour m'en apprendre plus la prochaine fois !
Le petit homme sentit la sueur perler à son front.
- Co... comment ça, vous en apprendre plus ?
- Je tiens à en apprendre plus sur ce cousin et je requiers votre collaboration !
- Ma collaboration !
Le patron faillit s'étrangler.
- Mais je ne suis en aucun cas...
- Vous avez intérêt à m'en dire plus la prochaine fois, fit Ryu avec un ton de forte insinuation.
Elle se leva et sortit de la pièce. Le patron la suivit, suppliant, pret à se jeter à ses pieds :
- Mais enfin, Dragon-sama ! C'est un pêcheur, nous sommes dans le quartier marchand et je n'ai pas les moyens de me renseigner sur lui comme ça !
- Je reviendrai vous voir et alors...
- Mais dans combien de temps !
- Disons dans deux jours...

Et notre Dragon s'en alla, comme si de rien n'était.

Samurai

Le résultat ne se fit pas attendre.
D'abord, Ayame apprit de la bouche de Ryu les résultats de ses investigations du jour : pourquoi le cousin était peut-être bien le coupable de l'incendie, ses dettes de jeu et son cadavre que le magistrat Yogo Osako avait fait mener au palais Shosuro.
- Intéressant, dit Ayame, qui ne pouvait jamais se retenir d'être nerveuse quand elle entendait Ryu parler de ses "exploits", mais cette histoire avec le patron est un peu gênante... Il n'appartient pas à ce genre de personnes de nous assister dans notre enquête.
- Il nous donnera quelques indices, c'est tout.
Dans ces moments-là, Ryu-san affichait une certitude fière et bornée, imperméable aux critiques.
Ayame-san soupira et lui donna congé. Restée avec Ikky, elle secoua la tête, consternée, autant que sa yojimbo.
Hiruya, qui se trouvait dans la pièce à côté, séparée de celle des deux Phénix par une mince cloison, avait tout entendu. Et il jubilait à son tour : oui, il avait bien été inspiré, par Benten, de nommer Ayame supérieure directe de Ryu !
- Kakita Hiruya, tu es vraiment admirable !
Puis, l'air de rien, il retourna voir les deux Phénix :
- Venez, nous allons rendre visite à Machoire. Il doit être cuit à point maintenant.
Le rônin avait passé la nuit et la mâtinée entre les mains de Pitoyable et ses hommes. Battu, frappé, torturé pendant des heures et des heures, il en était réduit à l'état de chiffe molle.
- Alors, fit Hiruya, impatient et méprisant, je pense que tu as plus de choses à nous dire maintenant...
- Je pense qu'il sera plus loquace, fit doucement Pitoyable.
- Oh ça va hein ! grogna Machoire. C'était pas la peine de tout ce raffût pour en arriver là !... Alors je vous le dis : non c'est pas moi qui l'ai tué, cet eta de merde ! mais c'est vrai qu'on m'avait dit d'aller boire avec lui ! de le fréquenter, d'être son pote, même contre son gré !... On m'avait dit que j'aurai crédit illimité pour lui payer des coups ! Et quand il s'est fait trucider, je me suis dit Machoire tu t'es fait roulé, on va t'accuser le premier !
- Et tu ne savais pas qu'on avait l'intention de le tuer ?
- Mais pas du tout ! enfin quoi c'est qu'un laveur de chiottes !
- Ce n'est pas toi qui l'as tué ?
- Non je vous dis ! On m'a juste collé ça sur le dos parce que j'ai une sale réputation.
- Et qui t'as demandé d'aller boire avec cet eta ?
- Une certaine bonne femme, la veuve Mayo !
- "La veuve Mayo" ?
- Elle habite au sud de la ville. On la dit un peu sorcière.
- Un peu sorcière... Et tu sais où elle habite précisément ?
- Ah ça non je sais pas et je veux pas le savoir !
- Il n'a rien dit d'autre, dit Hiruya à Pitoyable.
- Non seigneur.
Le magistrat se leva.
- Ca va, tu peux t'en aller. Mais si tu te fais encore remarquer, tu finiras au bout d'une corde !
Les eta raccompagnèrent Mâchoire à la porte, pendant que Hiruya distribuait ses ordres, y compris au Crabe, remis sur pied et impatient d'aller se dégourdir les jambes.
- Ryu et Shigeru, vous vous renseignez sur cette veuve Mayo et vous me la trouvez. Ayame et Ikky, vous allez au palais Shosuro et vous vous renseignez sur les poupées. Quant à moi, je vais voir les gens de mon clan pour me renseigner sur Dajan.

Les samuraï saluèrent et, après un court repas, partirent aux quatre coins de la Cité.

A suivre...Samurai


17e Episode : La marque du Condor - sdm - 11-05-2006

On voit bien que même l'énigmatique étrangère tombe immédiatement sous le charme du radieux Hiruya-saaamaChinese


Whistle


17e Episode : La marque du Condor - Darth Nico - 11-05-2006

J'aime toucher tes Muscles©, baïllebi...
\
[Image: blonde-guya-200.jpg] - Etre Magistrat d'Emeraude, ptain c'est dur parfois, tu sais, Magda...


17e Episode : La marque du Condor - sdm - 11-05-2006

Raaaah la vieille imagelol


17e Episode : La marque du Condor - Darth Nico - 11-05-2006

Petite suite.smile




17e Episode : La marque du Condor - sdm - 11-05-2006

Bientôt un directeur de maison de jeu va prendre la crampe de sa vie:P


17e Episode : La marque du Condor - Gaeriel - 11-05-2006

un peu plus qu'une crampe même^^

Sinon juste petite indication, j'ai montré à chevelure enflammée (comprendre celle qui vient pas de chez nous^^) le poème qui était à l'intérieur de la poupée de l'ami Dajan, elle m'a dit que c'était la novice qui l'avait écrit ce qui a ravivé des souvenirs de ce que m'avait dit Ayame il a moult mois de celà. Du coup je lui ai demandé si elle en connaissait certain et elle m'a promis de m'en chanter plusieurs la prochaine fois que j'irai la voir...

J'en ai d'ailleurs parlé à Ayame l'Obscure qui s'est évidemment montré très interessée à l'idée de m'accompagner pour écouter de maÿchants poèmes...


17e Episode : La marque du Condor - sdm - 11-05-2006

Je ne fais que m'interesser aux cultures étrangères, rien d'autreredaface2