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Mon topic récit 1 (partie 14) - sdm - 08-02-2010

Bon faute d'avoir ma ration par le gronico qui nous a abandonné, j'ai eu envi de refaire du résumé (oui refaire parce que les plus anciens se souviennent que j'ai écris 3 ou 4 textes sur vampireredaface2)

A l'origine je voulais commencer par la dernière partie et faire juste un rappel de la précédente pour situer le contexte.
En fait mon rappel m'a pris un temps monstrueux et là j'ai plus la force de continuer ce soir, alors y aura que lui, j'écrirai (peut-êtreGuu) la suite demainsmile

Pour les noms et la chrono exacte ça reste à vérifier, j'ai improvisé je me rappelai pas des détails:P


Mon topic récit 1 (partie 14) - sdm - 08-02-2010

Lundi 24 juin 2031

En sortant de la tente le général Trump pressait un mouchoir ensanglanté sur son visage qui ne laissait pas transparaitre la moindre émotion. A deux pas derrière lui son aide-de-camp, le lieutenant-colonel Amos l'imitait, sans cependant parvenir à afficher la même dignité dans l'adversité que son supérieur.
Comme depuis plusieurs heures maintenant, les militaires de la force de défense californienne allaient et venaient sans interruption dans l'hôpital de campagne monté à la hâte sur un vieux parking désaffecté de la 56ème rue. Bien sûr pas un seul n'aurait eu l'audace de sourire devant le spectacle des deux officiers marchant ainsi de conserve vers l'hélicoptère qui les attendaient. Adossée à sa voiture de patrouille, le lieutenant Jen Yu, elle, n'était pas tenu à la même réserve et ne s'en priva pas. Petite revanche par procuration.
Déconnectée de l'agitation ambiante et presque hypnotisée par bourdonnement continu des énormes groupes électrogène que les militaires avaient mis en place, elle essayait de rassembler ses esprits depuis presque une heure. Elle remontait dans sa tête le déferlement de folie qui l'avait amené jusqu'à cette ruelle du quartier de Watts.


L'affaire avait commencé par ces morts trouvés à Palos Verdes trois jours plus tôt. Un coup de hasard, sa section avait été contactée par la Nadiv pour une opération commune contre les restes du cartel Ciudad en ville. Son objectif était le point d'entrée de la drogue du cartel sur le territoire : une vaste propriété sur la côte, abandonnée par ses occupants après le grand tremblement de terre . La Nadiv avait fourni l'information et s'occupait des dépôts en ville, charge à l'équipe gamma du COPS et son lieutenant fraichement promue de prendre d'assaut la bâtisse au moment de l'arrivée de la prochaine cargaison. L'opération avait été un brillant succès, pas de blessés chez les policiers, tous les membres du cartel abattus ou arrêtés. La photo de l'équipe posant devant les stocks d'armes et de drogue saisis alimenterait le service relation publique du LAPD.

C'est en fouillant les environs que les détectives Kogoro Columbo d'abord, puis Allen, Costigan et Swagger ensuite avaient mis à jour des corps. Les causes des morts n'étaient pas évidentes à l'oeil mais les traces de morsures humaines n'avaient échappé à personne. Toutes les victimes étaient manifestement sud-américaines et semblaient venir d'une petite embarcation trouvée un peu plus loin. C'était un modèle typique des passeurs de clandestins, de ceux qui vendait à prix d'or le droit à des mexicains de croire au « rêve » californien, du moins quand ils ne se noyaient pas avant de voir les côtes ou ne finissaient pas dans les estomacs des alligators. De fait l'endroit était sauvage et les traces sur les lieux étaient presque effacées, heureusement l'équipe sur place comptait parmi les plus fins observateurs de la section. Les quatre détectives étaient arrivés à la conclusion que deux des passagers manquaient à l'appel.

L'enquête avait commencé le lendemain pour les détectives Allen et Costigan qui avaient hérité de l'affaire au briefing matinal. Après avoir en vain interrogé celui qu'ils soupçonnaient d'être le passeur et même un vieux sorcier noir et aveugle perdu dans les marais de Palos Verde, les pistes se tarissaient et tout indiquait que l'affaire se dirigeait vers le carton des dossiers froids. La donne avait changé le jour suivant, ils avaient été appelés pour la découverte d'un cadavre dans le quartier de Watts. La victime était gravement mutilée, les doigts et la tête manquaient ce qui rendait l'identification compliquée et elle présentait une grave blessure au ventre.
Le détective Costigan connaissait le quartier et avait réussi à faire parler le chef du gang de ces quelques blocs. Celui-ci leur avait révélé que la victime était récemment débarquée en fraude de l'Union et était venu leur marchander une planque dans le quartier. Pour le ganger le coupable tout désigné était l'homme qui accompagnait la femme et il avait promis au détective que l'étranger passerait un mauvais moment si lui ou ses hommes l'attrapaient. La promesse tenait plus de la fierté arrogante que du sens de la justice évidemment. Les détectives apprirent également que la femme était enceinte ce qui donnait une idée assez précise et nauséabonde de l'origine de la blessure au ventre. La scientifique avait identifié un peu plus tard les séquelles d'une opération assez spécifique à la hanche. Faisant jouer ses contacts dans le milieu médical des deux côtés de la frontière le légiste Bennet fini par obtenir l'identification de la victime qui était citoyenne de l'Union. Lors d'une nouvelle visite, le chef du gang avait consenti pour les voir partir au plus vite à indiquer aux détectives la planque que le couple avait occupée ces derniers jours.
Pressé par le temps et sachant que leur présence risquait tôt ou tard par déclencher des incidents dans ce quartier où la police n'est tolérée comme un mal nécessaire que si elle ne fait que passer, Jet Allen avait prit sur lui d'appeler le détective Kogoro Columbo pour effectuer le relevé des indices plutôt que de mettre en branle la scientifique du LAPD. La détective était en effet un des rares cops de la section à disposer d'une mallette à prélèvement et des accréditations nécessaires. Elle était arrivé peu après avec son coéquipier le détective Swagger et avait appliqué les procédures d'usage.

C'est à la sortie de l'hôtel miteux où se trouvait la chambre qu'ils venaient de fouiller que les quatre policiers avaient fait la rencontre qui allait donner le signal de départ de ce grand maelström. Là en face d'eux quatre agents en costume noir les avaient mis en joue et sommé de leur remettre la mallette d'échantillon. Comme un seul homme les quatre cops avaient dégainé leurs armes et ordonné aux nouveaux venus de jeter les leurs. L'apparence des inconnus criait leur appartenance aux services secrets jusqu'à l'excès. Leur affiliation avait été confirmée, après quelques minutes d'échanges verbaux tendus, avec l'arrivée de John Spear, transfuge des services secrets de l'Union. La température avait continué de grimper dans la rue transformée en scène de western, faisant fuir passants, dealers et même gangers avides de violence.
Spear et Costigan en avaient profité pour régler aux poings un différent personnel relatif à la tentative d'assassinat du second par le premier quelques semaines plus tôt. Le détective Allen avait interrompu d'un tir précis l'explication virile entre les deux hommes qu'un Spear battu s'était apprêté à poursuivre avec son arme de service.
Un hélicoptère de l'armée avait alors fait son apparition dans le ciel et s'était posé dans la rue à quelques dizaines de mètre du face-à-face. Un militaire relativement jeune en était descendu en courant accompagné de plusieurs hommes armés et s'était présenté comme le lieutenant-colonel Amos. Il exigea également que les policiers remettent leur mallette aux hommes en noir, indiquant que leur hiérarchie allait être contactée. Avec une synchronisation toute militaire le lieutenant Yu, qui était en ligne avec ses hommes depuis le central, avait vu à ce moment débarquer dans son bureau où se trouvait déjà le capitaine Skripnik, un haut gradé bardé de décoration, le général Trump. Il avait produit devant le lieutenant et son supérieur un papier signé par le procureur général de Californie qui déclarait officiellement cette affaire comme relevant de la juridiction spéciale des militaires. L'article de loi invoqué impliquait une menace à la sécurité de l'état et avec la signature du Department of Justice il était inattaquable.
Le lieutenant Yu avait informé ses hommes de la situation et n'ayant d'autre choix leur avait demandé de collaborer avec les militaires. Depuis son bureau elle n'avait pu qu'assister impuissante à la réquisition des ordinateurs et des dossiers des détectives impliqués. L'ambiance était à ce moment délétère à l'étage du COPS, envahi par des soldats menaçants. De leur côté Kogoro Columbo, Allen, Costigan et Swagger avaient été embarqués sans ménagement dans l'hélicoptère de l'armée et emmenés dans une base pour un debriefing.
Les entretiens avaient duré presque 48 heures et ils n'avaient été libérés que le lundi 23 aux premières heures avec ordre de garder le silence sur toute l'affaire et l'interdiction formelle de la mentionner dans un rapport. Après une courte nuit de repos ils avaient tous repris leur service au central. L'équipe Kogoro Columbo - Swagger était repartie travailler sur leur enquête en cours et l'équipe Allen - Costigan, bien décidée à ne pas se faire débarquer aussi facilement, était partie en patrouille vers le quartier de Watts avec l'accord du lieutenant.

Les choses s'étaient accélérées une fois arrivé là bas. Prévenus par un indic les deux policiers avaient appris que le gang du secteur avait trouvé la trace du compagnon de la femme morte et qu'ils s'apprêtaient à lui donner la chasse. Toutes sirènes hurlantes le détective Costigan était parvenu à arriver sur les lieux avant le gang. Seuls deux agents de la Metropolitan Division du quartier s'étaient engagés avant eux dans les égouts qui servaient de refuge à l'homme traqué. Se lançant à leur poursuite dans les conduits étroits éclairés uniquement par leurs maglites, ils avaient entendu après quelques minutes des détonations et un cri atroce. Ils avaient forcé l'allure pour porter assistance aux collègues en danger.
Ils étaient d'abord tombé sur un des agents de la metro qui s'appuyait en tremblant contre le mur, une main à la gorge pour juguler l'hémorragie que lui avait visiblement causé une morsure humaine. Après des premiers soins rudimentaires, Costigan avait pris l'homme sur ses épaules et refait le chemin en sens inverse pour le sortir de cet enfer. Allen avait continué de s'enfoncer prudemment dans les égouts à la recherche du deuxième agent de la metro et du suspect.
Un évènement frappant s'était déroulé lorsque Costigan était parvenu à son point de départ, le blessé qui s'agitait de plus en plus avait été pris d'un coup de folie et avait déchiré d'une violente morsure le visage d'un collègue de la metro qui le hissait hors des égouts. Alors que le détective maîtrisait le policier devenu fou, l'agression effrayante avait semé la panique en surface et, malheur supplémentaire, avait été filmée par une équipe de télé qui venait d'arriver sur les lieux. Sitôt le forcené sécurisé, Costigan était reparti en courant retrouver son collègue. De son côté Allen avait fini par rejoindre le second agent de la metro, celui-ci lui avait décrit brièvement le suspect et comment il s'était jeté sur son partenaire pour le mordre à la gorge comme un animal. Costigan avait rejoint les deux hommes alors qu'ils atteignaient un canal plus large. Tous les trois avaient constaté avec une certaine anxiété que leur radio comme leurs portables ne captaient plus que des parasites à cette profondeur.
Pendant ce temps, les militaires avaient fait leur réapparition au central. Une réunion d'urgence avait été déclenchée à la mairie, tous les responsables de la police jusqu'à Firmani étaient là, le maire Lane également, en face le général Trump était entouré d'autres gradés et de visages anonymes du CISA, enfin en visio conférence, le secrétaire d'état à la défense. Au milieu de tout ces hommes et femmes de pouvoir le lieutenant Yu s'était senti presque invisible. Le CISA avait expliqué à tous les participants les dessous de l'affaire.

Un virus responsable d'un comportement cannibale avait été isolé par un ethnologue français 20 ans plus tôt en afrique. Par la grâce de l'inextinguible soif des militaires ce virus avait fini par être étudié dans des laboratoires top secrets de l'Union. D'après l'intervenant des services secrets californien la femme était un sujet d'expérience et l'homme un gardien tombé amoureux, en s'échappant des laboratoires américains, le couple aurait introduit le virus à LA. Pour l'éradiquer les militaires présents à la réunion avaient exposé leur plan : sceller les égouts où se trouvait le suspect, y injecter un gaz hautement inflammable puis enfin allumer l'étincelle pour stériliser par le feu tout le secteur.
Quand elle eut compris que les militaires ne feraient aucun cas de ses hommes, le lieutenant Yu était sorti discrètement de la salle sous le regard complice de son capitaine pour essayer de les joindre et leur dire de sortir immédiatement des égouts. Voyant que la communication était impossible elle avait pris la première voiture de patrouille disponible et fait route à vive allure vers Watts. Une fois sur place elle avait pu constater que les militaires avaient déjà commencé à mettre à exécution leur plan sans même attendre la fin de la réunion.

Quelque part en dessous de la surface, les détectives Allen et Costigan du COPS et l'agent Williams de la Metropolitan Division avaient fini par retrouver le suspect. Au cours de la poursuite ils étaient entrés en contact dans un boyau avec un large essaim de mouche extrêmement compact qui avait fait complètement perdre son sang froid à l'agent Williams. Les COPS protégés par leur masque avaient eux continué la traque. Elle s'était achevée près d'un grand déversoir qui formait une chute d'eau artificielle. Le suspect avait essayé d'attaquer les détectives qui avaient riposté. Les images enregistrées par les casques ayant été effacées par les militaires et les personnes impliquées tenues au secret par la raison d'état, les circonstances exactes étaient inconnues.
C'est lorsqu'ils avaient tenté de remonter à la surface et s'étaient heurtés à une plaque d'égout scellée que les trois hommes avaient compris que quelque chose n'allait pas. De leur position plus près du sol ils avaient cependant réussi à capter les appels du lieutenant sur leurs téléphones. Entre temps elle avait réussi à se procurer le plan des égouts du quartier en un temps record grâce à un agent de la metro ami d'un membre de la brigade en charge de ces labyrinthes sous-terrains.
Une grande course poursuite s'était alors engagée entre les militaires qui injectaient le gaz inflammable, les trois policiers prisonniers des égouts courant à s'en bruler les poumons et leur guide en surface louvoyant pour éviter les premiers. Le Lieutenant Yu avait fini par trouver un puits d'accès non sécurisé par l'armée dans un terrain vague et avait annoncé précipitamment ses consignes à ses agents. Dans sa recherche elle avait fini par être repérée par les militaires qui l'avaient sommée de s'arrêter sans succès. La mise à feu avait eu lieu au moment précis où le détective Costigan, sortait en dernier du puits après avoir été au bout de ses forces pour tirer l'agent Williams qui ne parvenait plus à grimper à l'échelle. Une formidable colonne de feu avait alors jailli du trou béant, assourdissant et plaquant les trois rescapés au sol, et obligeant le lieutenant qui était à plus d'une quinzaine de mètres à se protéger derrière sa portière. L'armée était arrivée quelques instants plus tard pour placer les trois rescapés en quarantaine dans leur hôpital de campagne et leur faire subir tous les examens nécessaires pour vérifier qu'ils n'avaient pas été contaminés.

C'est après ces premiers tests que le général Trump avait fait son apparition avec son aide-de-camp en débarquant d'un hélicoptère qui avait décollé 10 minutes plus tôt de la mairie. Il s'était présenté aux détectives Jet Allen et William Costigan, les avait remercié pour leur travail, leur avait exprimé ses regrets qu'ils aient failli être incinérés et espérait qu'ils comprenaient bien que c'était la seule décision possible pour le bien de tous. Les détectives n'eurent pas besoin de se consulter pour exprimer aux deux soldats leur avis unanime.


Mon topic récit 1 (partie 14) - Gaeriel - 08-02-2010

Mon point dans ta gueule!!!


Mon topic récit 1 (partie 14) - Darth Nico - 08-02-2010

aime
Je devrais partir plus souvent autour du monde : il faut bien cela pour que Mamar se remette au resumebiggrin


Mon topic récit 1 (partie 14) - sdm - 08-02-2010

C'est le minimumredaface2


Mon topic récit 1 (partie 14) - baronpiero - 08-02-2010

"Adossée à sa <strike>voiture de patrouille</strike>Porsche CaymanLa_classe, le lieutenant Jen Yu, elle, n'était pas tenue à la même réserve et ne s'en priva pas."

[Image: Porshe_Cayman.jpg]


Mon topic récit 1 (partie 14) - sdm - 09-02-2010

Ha ha c la voiture du personnage de DtB çasmile


[Image: jade_car.jpg]

Bon vlà la suite et oui j'invente des scènes que j'ai même pas joué juste pour me rallonger la tache.
Je n'aurai clairement jamais le courage de faire des textes qd je serai plus en vacancesbiggrin


Mon topic récit 1 (partie 14) - sdm - 09-02-2010

Ramenée à la réalité par cette scène cocasse le lieutenant Yu reprit peu à peu conscience de son environnement. Il était presque 20h, cette folle journée l'avait laissée épuisée mais elle ne terminait son service que 3h plus tard et sur son bureau des piles de rapports à lire, de notes internes à assimiler ou de demande d'équipement à envoyer l'attendaient. Elle se remit au volant de la voiture de patrouille recouverte de poussière par le souffle de l'explosion, et prit à la direction du central à Downtown, ne s'arrêtant que pour acheter un repas express biofood dans une des boutiques à la mode de la marque alimentaire. Elle ne s'inquiétait pas trop pour ses deux hommes, ils avaient agi dans les règles en se lançant dans cette poursuite et ne risquaient pas grand chose des militaires. Elle espérait seulement qu'ils ne les retiendraient pas 48h au secret comme ils en avaient le droit. Elle avait découvert depuis quelques semaines les subtilités de la gestion des plannings et après la première absence de quatre agents, perdre à nouveau des hommes pour deux jours allaient désorganiser le fragile équilibre qu'elle s'efforçait de maintenir. Elle comprenait maintenant pourquoi le lieutenant Hawkins était toujours aussi intraitable sur les absences ou les petits arrangements entre collègues.

Le COPS était une unité bien particulière, fondée par Andrew Noon sur les principes de d'adaptabilité et de réactivité, elle avait attiré en son sein des profils atypiques qui faisaient tous d'excellents policiers, mais en contrepartie la discipline n'était pas une qualité très répandue chez ses membres. Jen Yu aimait et admirait cette équipe pour son travail, quand elle regardait ses collègues aller et venir au central, toujours en mouvement, incapables de rester plus d'un quart d'heure devant leur ordinateur pour la plupart, elle ressentait par moment presque physiquement toute la puissance de ce bloc tendu vers un seul objectif, la vérité. Anita Garcia avait rit de bon coeur en l'écoutant quand elle avait essayé de mettre des mots sur cette sensation, elle s'était même gentiment moquer d'elle en lui demandant si elle s'imaginait à son nouveau poste telle un cornac à donner des coups de bâton pour faire aller un éléphant borné et incoercible dans la bonne direction. Sur le moment elle avait été vexée que son amie rabaisse son envolée lyrique à une image aussi grossière mais elle avait fini par admettre en souriant que celle-ci définissait mieux qu'un long discours l'idée qu'elle se faisait de sa place au sein de la section. Elle devait canaliser leur énergie et leurs talents, et les protéger d'eux-même parfois.

Absorbée par la lecture des rapports, elle fut surprise par l'arrivée du lieutenant Maxwell qui dirigeait l 'équipe de nuit de la section.
- Lieutenant Yu, comment allez-vous ? Demanda-t-il en lui serrant la main. J'ai entendu dire que votre équipe n'avait pas chômé aujourd'hui.
- Bonsoir lieutenant Maxwell. Oui nous avons été assez occupés.
- On m'a dit que vous étiez allé à Watts ?
- Non, enfin je veux dire oui je suis allé à Watts pour voir des agents.
Epuisée, elle se perdait dans ce qu'elle avait le droit de révéler et ce qui était couvert la juridiction d'exception.
- Et vous êtes passée par une tempête de poussière en chemin, ce qui explique pourquoi j'ai entendu les types du garage se plaindre de vous pour la toute première fois je crois bien.
- Oui... enfin pas exactement, c'est juste que j'ai dû couper par un terrain vague un moment à cause d'une route bloquée par un... accident...
Jen était affligée par la faiblesse de ses mensonges. Etant la dernière arrivée et la plus jeune à ce poste, elle avait encore des réticences à traiter d'égal à égal avec les autres lieutenants. Quelques uns en profitaient pour la taquiner gentiment et Philip J. Maxwell étaient de ceux là. Il fini par lancer un grand éclat de rire.
- Pardon Jade, je plaisantais. Fit-il content de lui. Je sais que vous n'avez pas le droit de me dire à quoi jouent nos amis militaires. Allez-vous reposer vous en avez bien besoin.
Bredouillant quelques mots de remerciement elle prit ses affaires, salua les détectives présents et sorti rejoindre Anita qui répétait dans un studio trois rues plus loin en vue de son concert prochain.
Le reste de la soirée se déroula comme dans un rêve et enivrée par la musique, quelques coupes de champagne et surtout par la présence radieuse de son amie elle oublia toute la fatigue et le stress de cette journée.



Mardi 25 juin 2031

Ses préoccupations la rattrapèrent aux premières heures le lendemain matin. Le soleil faisait pourtant de son mieux quelques jours seulement après le solstice d'été mais il se levait à peine quand elle sorti de sa douche et alluma son ordinateur. Derrière elle, Anita dormirait encore plusieurs heures comme à son habitude. Là dans un fichier crypté elle avait scanné un dossier étrange qu'elle avait récupéré deux jours plus tôt à la bibliothèque générale de LA par des voies qui l'étaient tout autant. La lecture de ces pages la mettait terriblement mal à l'aise, et alors qu'elle était généralement une lectrice boulimique elle en avait même repoussé plusieurs fois l'examen. Sans être directement lié à une affaire en cours, le nom de code qui barrait la première page avait été tout de même évoqué par le docteur Booth peu de temps avant sa mort lors de l'opération sur l'agent T, mais seulement pour dire que ce projet n'existait pas. Jen n'en avait parlé à personne, pas même à son amie, ce qui contribuait à rendre cette lecture inconfortable. Rassemblant son courage elle parvint à lire en entier la cinquantaine de page aux premières lueurs du jour. Quand elle referma le fichier elle tremblait littéralement, comme si un quelqu'un venait de donner un coup de masse dans les fondations les plus profondes de son être. Les implications de ces pages étaient terribles et même si elle utilisait toute son expérience de scientifique pour rationaliser et se convaincre de ne pas sauter à des conclusions hâtives et hypothétiques, elle hiérarchisait déjà dans sa tête les actions à entreprendre pour établir la véracité du document. Durant le reste de la matinée elle fit de son mieux pour ne pas paraitre soucieuse mais Anita savait parfaitement lire sur son visage maintenant qu'elles vivaient ensembles.
- On dirait que quelque chose te tracasse, c'est au sujet de Black Dog et Alecto ?
- Oui j'espère que tout va bien se passer pour eux. Répondit-elle, trop heureuse d'avoir une perche à saisir et en même temps mortifiée de mentir ouvertement à son amie.
- Tu es une vraie mère pour eux dis-moi. Fit Anita dans un sourire. Je suis sûr que tout ira bien, ils en ont vu d'autre.
Comme une confirmation, peu de temps avant le déjeuner un message de Jet Allen s'afficha sur son téléphone lui indiquant que les militaires les avaient laissés sortir lui et Costigan, il concluait avec panache en disant qu'il était prêt à mettre son poing dans la figure de tous ces clowns de soldats. Elle répondit en leur donnant rendez-vous à la prise de service.

A l'heure dite dans la salle de réunion de l'étage du COPS elle procéda au briefing d'usage où les agents évoquaient leurs enquêtes en cours et recevaient leurs instructions. Les détectives Kogoro Columbo et Swagger apportèrent ainsi les derniers éléments qu'ils avaient trouvés sur l'affaire du tueur mystique. Trop occupée par les interventions des militaires le lieutenant n'avait suivi que de loin ce qui semblait être l'oeuvre d'un nouveau tueur en série. Il avait semé derrière lui déjà trois victimes, la dernière datait de la veille au soir et il tenait un rythme élevé d'une attaque tous les deux jours. Elle soupira en réalisant que la presse allait très rapidement s'emparer de l'affaire et en faire ses gros titres, du moins si le remue ménage des militaires se calmait. Une information à la fois, le public ne peut pas suivre deux sujets en même temps à LA. Toutes les victimes avaient été tuées selon un rituel précis, la cage thoracique ouverte et le coeur arraché. Les scènes de crimes aussi obéissaient à un schéma précis, les corps qui étaient transportés sur les lieux après avoir été tués ailleurs étaient déposés sur un symbole magique et sur un mur à proximité le tueur laissait une série de signes gravés dont les agents devinaient qu'ils devaient se combiner entre eux d'une certaine manière sans pouvoir la trouver pour le moment. Au cours de leur enquête les deux cops avaient pris contact avec un libraire qui tenait une petite boutique spécialisée dans l'occultisme à South Central. Il leur avait été d'un précieux secours pour décoder l'imagerie du tueur. Grâce à ses conseils, la toujours méticuleuse Shimazu Kogoro Columbo avait mis à jour un deuxième symbole caché, superposé à celui tracé à la craie sur les trois scènes de crimes. Toujours d'après leur informateur ces symboles remontaient à la renaissance, et on en trouvait la première trace dans un récit intitulé le « Livre des Révélations » qui tenait autant du mythe que de la réalité. Ces diagrammes combinés servaient selon lui pour une invocation d'un démon, le lieutenant se demandait en écoutant les rapports de ses agents si ce libraire croyait vraiment ces sornettes ou s'il était lucide et savait que le véritable intérêt de l'occultisme était ce qu'il révélait de la psychologie de son époque.

C'est Kogoro Columbo qui parlait le plus, Swagger se contentant d'acquiescer et d'ajouter une précision sur une déposition ou une observation. Même si elle ne regrettait pas son choix dans les affectations, Jen se demandait comment se passait la collaboration entre ceux deux-là qui étaient si différents. La belle nippo-californienne restait une énigme, tout le monde s'accordait à dire qu'elle était particulièrement douée pour étudier une scène de crime et y dénicher les éléments que tous les autres auraient raté. Mais tout le monde s'accordait aussi à dire qu'elle n'était pas tout à fait saine d'esprit. Elle portait en permanence un kimono alors que, Jen en était certaine, même au Japon les femmes qui travaillaient n'en portaient plus depuis longtemps. C'est comme si plutôt qu'être décalée dans l'espace, elle était décalée dans le temps. Sa loupe et sa pipe devaient être les seuls modèles du genre à ne pas être dans un musée et sa voiture antique était le premier sujet de plaisanterie des autres équipes quand des réunions de la section étaient organisées. Le résultat global était étrange, capable d'intuition remarquables mais rarement capable de les communiquer rationnellement à ses collègues. A ses côtés le californien bronzé, que Jen avait pris pour un acteur le jour de son arrivé au central, à l'inverse ne pourrait pas être plus en phase avec son époque. En couple avec une star de cinéma, il ressemblait à un dandy moderne et même quand il mettait un jean et des baskets il paraissait sortir d'un magazine de mode. Mais elle savait qu'il était au delà de ça un agent efficace, loyal et courageux, et elle gardait pour lui une affection particulière en mémoire de la manière dont il les avait tiré tout seul du guêpier des hommes de Genson.

Pendant ce temps Kogoro Columbo continuait inlassablement son exposé, les deux premières victimes partageaient un goût pour l'ésotérisme et la première avait même laissé un carnet rempli de notes sur lesquelles les experts de la scientifique se cassaient encore les dents. La disposition des scènes de crime répondait également à une logique, elles dessinaient à l'échelle de la ville un triangle parfait et d'après le libraire, le dessin complet visé par le tueur devait être identique à celui du schéma caché sur chaque scène. Kogoro Columbo avait fait remarqué que cela donnait une indication des quartiers potentiellement touchés par les prochaines scènes mais le lieutenant savait pertinemment qu'elle n'obtiendrait jamais les cohortes de patrouilles nécessaires à la surveillance de ce genre de périmètre.
Les deux cops avaient prévu de fouiller le domicile de la troisième victime et également de d'aller voir un vieux bâtiment de l'institut Clearwater pour malades mentaux qui était fermé depuis longtemps. C'est le libraire, toujours lui, qui les avait mis sur cette piste, il avait retrouvé dans les archives des journaux un article datant de 2009 qui mentionnait des signes cabalistiques identiques à ceux laissés par le tueur et retrouvés dans ce bâtiment. Elle n'aimait pas trop l'idée qu'un citoyen participe autant à une enquête et elle se préparait déjà à l'arrivée inévitable d'une future interview du sympathique libraire qui dévoilerait tous les éléments de l'enquête censés être couverts par le secret.

Juste après le briefing le lieutenant Yu ainsi que tout ce que le LAPD comptait d'officier furent convoqués à la mairie pour un point de situation concernant le quartier de Watts. Dans la grande salle de réunion d'ordinaire réservée au conférence de presse, une centaine de personne avaient pris place, même les officiers en congés étaient présents. Il était exceptionnel que tout le LAPD soit ainsi réuni en dehors des cérémonies de voeux de la mairie ou la désignation d'un nouveau CoP, les discussions allaient bon train sur la teneur de la réunion. Les conversations s'éteignirent lorsque le maire Kristin Lane fit son entrée accompagnée de Firmani et du général Trump. Le lieutenant nota du coin de l'oeil que des hommes discrets, sans doute des membres du CISA probablement, avaient pris place dans un coin de la salle.
- Officier du LAPD, voici les dernières informations dont nous disposons et qui seront officiellement relayées à la presse à l'issue de cette réunion. Il apparaît qu'une épidémie de grippe espagnole s'est déclarée dans le quartier de Watts. Devant le risque encouru par la population c'est le Department of Health qui est dorénavant en charge du plan d'action. Pour éviter toute propagation de l'épidémie, le secrétaire d'Etat a décrété la mise en quarantaine du quartier. L'armée coordonnera les soins apportés au habitant du quartier. Le LAPD sera responsable de l'application de la quarantaine et du maintient de l'ordre dans le quartier avec l'assistance de l'armée si nécessaire. Je laisse maintenant la parole au chef de la police M. Firmani pour l 'organisation interne des taches.
- Merci madame le maire. Nous serons tous mobilisés pour que les gens de Watts comme tout ceux de Los Angeles bénéficient de la protection et la sécurité auxquelles ils ont droit. La zone de quarantaine sera délimitée par des clôtures amovibles en cours d'installation par les militaires et les entrées sorties ne pourront se faire que dans les check points autorisés. Toutes les divisions seront mises à contribution mais devant la nature exceptionnelle de l'entreprise c'est le COPS qui en assurera la coordination et assumera la responsabilité des opérations de maintien de l'ordre.
Jen aurait pu jurer que le chef du LAPD avait martelé le mot responsabilité plus que de raison, et un rapide coup d'oeil aux autres officiers du COPS lui indiqua qu'elle n'était pas la seule à l'avoir entendu. Sur l'estrade Firmani terminait son intervention :
- Vous recevrez en rentrant au central les zones d'affectation de votre équipe qui vous seront remises par vos capitaines respectifs. N'oubliez pas, la ville compte sur nous, nous devons nous montrer à la hauteur. Merci.
Au moment de sortir de la salle, Jen se retourna pour regarder le maire discuter avec Firmani et Trump. Elle devait reconnaître qu'elle était impressionnée devant la conviction dont ils étaient capables pour assener des mensonges, fussent-ils pour raison d'état.


Mon topic récit 1 (partie 14) - baronpiero - 10-02-2010

Très bon. Peu de choses lui échappent.


Mon topic récit 1 (partie 14) - vengeur77 - 11-02-2010

Et bien, un mot, un seul : Génial.
C'est exactement le ton que j'essaie de donner aux parties.
Applause

Vraiment excellent.