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Le prix à payer - Philou - 17-01-2004

Tiens, m'ennuyant un peu aujourd'hui, j'ai décidé de commencer à écrire un roman.


Le prix à payer - Philou - 17-01-2004

Chapitre premier

Un nouveau dimanche commençait dans une ville de la banlieue parisienne. Cette ville était, et reste semblable à de nombreuses autres villes. C’est sans doute car cette ville possédait tout ce qu’une ville pouvait posséder. Le Nord était riche. Il était constitué de gratte-ciel. Ces gratte-ciel était occupés par de riches habitations et de luxueux bureaux. Ils étaient le gratin des gens fortunées et des hommes d’affaires influents. De nombreuses multinationales avaient investi certain immeuble pour en faire leur siège social. De plus, le Nord de cette ville, desservie par une multitude de bus et métro, accueillait de riches avocats et des docteurs. Monsieur le maire avait contribué à dynamiser le quartier. Le moindre mètre carré était à bétonner. Le Nord de la ville représentait pratiquement toute la fortune de cette ville. Mais Monsieur le maire ne se contentait pas que de bureaux et de luxueux appartements. Il avait grandement contribué au bien être de ses administrés. Ainsi, le Nord possédait un musée d’art moderne. Il avait fait bâtir un hôpital moderne dirigé par un ancien médecin qui était l’un des plus compétent du pays. Le Nord possédait une école où se trouvaient les meilleurs instituteurs, un lycée, faisant également collège et classe préparatoire où se trouvaient les professeurs les plus motivés par des élèves cultivés et attentifs. Il y avait également une université réputée ou l’on y enseignait le droit et l’économie. Le Nord possédait aussi un riche centre commercial avec un cinéma jouant les films à la mode, une piscine et de grandes enseignes. Un théâtre présentait les grandes œuvres de Racine, Molière, et bien d’autres. Les arbres étaient d’une verdure pure et naturelle, les bons restaurants permettaient d’apprendre toutes les subtilités de la gastronomie. Le Nord possédait également un stade et un gymnase où les équipes sportives, comme celle de football, de rugby, de tennis faisait la fierté de la ville. Le Nord avait aussi un brillant club d’échec ainsi un brillant club de bridge. Un observateur étranger aurait dit des habitants du Nord qu’ils vivaient dans un conte de fée. Il n’aurait pas eu tort. Les habitants du Nord étaient heureux. Ils croyaient à leur bonne étoile. Les habitants du Nord ne pouvaient craindre la misère et le malheur, car ils avaient un guide et un bienfaiteur : Monsieur le maire. D’ailleurs, les habitants du Nord étaient reconnaissants envers leur bienfaiteur Monsieur le maire et lui avait aussi donné un mandat de député. A chaque élection, ils se déplaçaient massivement pour remercier leur divinité, Monsieur le maire. Un observateur étranger pourrait croire que la ville est une république bananière mais depuis de nombreuses années, Monsieur le maire était vénéré par les habitants du Nord.

Puis il y avait le Sud. Une personne extérieure penserait que le Sud appartient à une autre ville. Mais le Sud appartenait bien à cette même ville. Dans le Sud poussait des HLM et des immeubles hideux. Certain étaient en ruine. Le Sud accueillait les ASSEIC et l’ANPE ainsi que un fast-food. Il y avait aussi un commissariat. Les habitants du Sud étaient des immigrants d’Algérie et de pays musulmans. Leurs occupations étaient la télévision de masse. Parler le Français était pour les habitants du Sud un acte héroïque. Le lire et l’écrire était un luxe. C’est à peine si on savait qu’ils existaient. Les vieux se massifiait devant la télévision de masse. Les plus jeunes brûlaient les voitures, les bus et tout ce qui pouvait être brûlé. C’était comme un sport ou un défi. La morale n’existait pas. C’était chacun pour soi. Le travailleur honnête était le dernier des imbéciles. Les gens du Sud gagnaient plus avec la drogue, le racket et le vol. Toutes les combines existaient dans le Sud. Le Sud était divisé en bandes rivales qui se livraient une guerre sans merci. Les habitants du Sud croyaient en rien, excepté si c’était intéressant et rentable. Les femmes avaient un sort peut enviable. Les filles n’étaient que des produits de consommation. Elles étaient vendues à leur plus jeune age et jeté une fois vielle. Il y avait pourtant une école dans le Sud où il y échouait les enfants de la population. Les instituteurs étaient malheureusement dépassés et faisaient aussi assistants sociaux. Le collège, qui éliminait tous les élèves, qui ne savait à peine lire à leur entrée, regroupaient des professeurs qui méprisait leur consommateur. Chaque élève était présent pour justifier la paye du professeur. Chaque professeur se sentait comme l’agrégé en CAP. Les professeurs de mathématiques ne savaient plus intégrer ou dériver. Les professeurs de physiques voyaient leur matière comme une langue dont ils en ont oublié les significations profondes. Dans ce collège, Molière, Corneille, Racine n’existaient pas. Les cours étaient un mauvais produit de consommation. Après le collège, la majorité des élèves allaient s’échouer au CAP local qu’ils rataient brillamment. Un observateur étranger aurait pris le Sud pour une ville d’Amérique. En tout cas, c’est vrai que le Sud était une zone franche.

C’est dans cette ville, entre le Nord et le Sud que vivait l’inspecteur Robert Durand. Il habitait un modeste appartement et subvenait sans problème à ses besoins. Dans sa jeunesse, Robert était un jeune comme tant d’autre. Il était un sportif mais n’avait pas un sport de prédilection. Il aimait dans sa jeunesse les héros. Il a dévoré les aventures de d’Artagnan, du capitaine fracasse et autre grand héros. Mais ce qui le fascinait le plus, c’était les justiciers. A son sens, c’étaient les plus nobles des héros. Ils volaient au secours de la veuve et de l’orphelin. Ils étaient généreux et leurs buts des plus nobles. Les justiciers étaient généralement que des humains qui luttait dans une situation défavorable. Il avait une admiration pour Zorro. Son héros de bandes dessiné préféré était Batman. Mais il avait aussi un intérêt pour le mystère. Dans sa jeunesse, il avait dévoré les aventures de grands détectives comme Sherlock Holmes, Hercules Poirot ou Nestor Burma. Il avait un intérêt pour la géométrie, notamment les démonstrations. C’était également un bon joueur d’échec. Néanmoins, c’était un élève comme les autres. Il avait fait des études de droit avant de devenir inspecteur de police. Il croyait profondément à sa mission et son devoir.

Mais quarante ans passés en tant qu’inspecteur au commissariat de police du Sud l’avait vieillit. L’adjectif qui le résumait était blasé. Robert était blasé. Ses cheveux blancs accentuaient son désarroi. Il donnait l’impression de toujours faire la même chose, sans savoir si cela avait un intérêt. Il avait une barbe, si cela pouvait être appelé une barbe, mal rasé et désordonné. Il était généralement habillé d’une façon simple. Il portait généralement un pantalon quelconque, une chemise quelconque et un pull quelconque. Il ne savait plus ce qu’était une cravate. Son appartement était rarement rangé. Robert n’avait pas vraiment de passion. Il collectionnait les armes à feu mais ne savait pas pourquoi. Il ne lisait pratiquement plus les livres. Il lisait les journaux. Il lisait aussi bien le Monde, le Figaro, Libération et le Parisien. Il jouait encore aux échecs, où il pratiquait un style de jeu étrange mais élégant. Et c’est vers huit heures du matin qu’il se leva. C’était dimanche, et Robert détestait le dimanche. Le dimanche, en général, à part des tournois d’échec, il n’y avait rien. Robert vivait seul et n’avait pas d’amis. Il était solitaire et il ne lui restait que son travail. Et il se levait sur un nouveau dimanche. Heureusement, il avait une compétition d’échec l’après midi. Il prit son habituel café et ses habituelles tartines. Il aurait bien voulu lire la presse, car c’était l’une de ses seules passions, mais la presse ne paraissait pas le dimanche. Il était hors de question de regarder la télévision. Il la trouvait inintéressante. D’ailleurs, avec la télé réalité, la télé lui était devenue encore plus insupportable. Par-dessus tout, il haïssait les émissions qui idéalisaient la police car il ne se sentait qu’humain. Il avait également une piètre opinion de son ministre qui ne demandait que du chiffre. Il savait que pour éliminer les mauvaises herbes, il fallait les déraciner.
Ne sachant pas quoi faire, il fit du rangement. Il était vers les dix heures. Robert ne savait toujours pas quoi faire. Il prit son blouson et se décidât à aller faire un tour. Il prit son téléphone portable, au cas où le service eut besoin de lui. Il se mit à marcher au Nord, car le Sud était vraiment trop moche. Il erra dans les rues du Nord. C’était vide. Le dimanche, il ne se passe pas grand chose. Les magasins sont fermés. Robert n’avait plus d’intérêt pour le théâtre et aller au cinéma voir un navet américain ne l’enchantait guère. L’art lui était une langue inconnue. Il était vers onze heures. Pendant une heure, Robert flâna sans but précis. Il se limita à sentir l’air pur du Nord. A midi, il se décida à aller au restaurant. Il prit le premier restaurant venu. C’était un restaurant assez chic, et qui aurait été luxueux pour le Sud. Les prix étaient assez élevés, mais au-dessous de la moyenne de ce qui est pratiqué dans le Nord. Robert entra dans le restaurant. Un serveur, habillé d’un riche uniforme, s’inclina et le salua.
« Que pouvons-nous pour votre service, monsieur ? »
Sa voix cachait mal le mépris que le serveur avait à l’égard de son futur client. Le serveur était surtout habitué à voir des gens habillé de costard. Il est vrai que généralement, les habitués du restaurant faisait partie de la population du Nord. Si le restaurant avait pratiqué des prix plus élevés, il aurait été un club privé. Robert était toléré car il n’appartenait pas à la population du Sud. Il aurait été accueillit plus chaleureusement s’il faisait partie du Nord.
Robert répondit indifféremment :
- Je souhaiterais une table pour une personne.
- Mais bien entendu monsieur.

Robert prit une omelette avec des lardons, un coq au vin et du fromage. Quand il eut fini, il alla au club d’échec. Robert ne s’intéressait pas à la vie du club d’échec. Il était accepté car il avait un réel talent pour les échecs. Il était le meilleur joueur d’échec du club. Mais les autres partenaires le méprisaient car il n’habitait pas le Nord. Il était considéré car il contribuait grandement à la renommée du club d’échec. Il avait gagné jusqu’à quinze simultanées. Le style de jeu de Robert était étrange mais élégant. Il n’aimait pas les parties classiques comme l’espagnol ou l’italienne, mais préférait les gambits. Robert ne jouait pas pour son club, ni pour gagner. Il jouait pour la beauté du jeu. D’ailleurs, les échecs était la seule passion qui lui restait de sa jeunesse.

Comme d’habitude, Robert eut un adversaire classique. L’ouverture était classique, et le milieu de partie monotone. Puis Robert se dit qu’il avait un adversaire qui ne pouvait pas jouer sur une surprise. Robert sacrifia sa dame. C’était inattendu. Son adversaire ne comprenait pas et se demanda s’il n’était pas face à un fou. Robert continua la partie amputée d’une dame. Mais Robert n’avait pas agit à la légère. Il avait prévu la suite sur dix ou vingt coups. L’adversaire de Robert relâcha son attention persuadée que la victoire lui était acquise. Mais il ne voyait pas qu’en réalité, Robert avait prévu une réorganisation des pièces et du jeu. Au bout de quinze coups, la situation était largement en faveur de Robert. Au bout de vingt coups, l’adversaire de Robert abandonna évitant le plus que probable échec et mat.
« Magnifique façon de jouer, votre style est élégant et brillant, mais il est également agressif.»
Robert et son adversaire se serrèrent la main.

Robert rentra chez lui vers dix huit heures. Il ne savait pas quoi faire. Il se décida à nettoyer ses armes. Effectivement, Robert collectionnait les armes à feu. Il ne savait pas pourquoi il collectionnait les armes à feu. Dans son travail, il n’était pas considéré comme une personne sortant à toutes les occasions son arme. Peut-être était-il resté trop longtemps dans la police. Il démonta et nettoya ses revolvers. Sa collection d’armes à feu était impressionnante. Robert possédait des pistolets et des carabines. Il avait également les cartouches qui allaient avec. Mais bizarrement, il utilisait que très rarement ses armes. Son arme préférée était un police python. C’était également son arme de service. Les autres armes servaient plus à la décoration. Vers vingt deux heures, il avait démonté, nettoyé et remonté trois pistolets. Il décida de se coucher pour être en forme demain. Demain, c’était lundi. Il allait travailler. Il ne savait plus pourquoi il travaillait. A son avis, il travaillait pour s’occuper et vider le temps. Il était loin du jeune homme idéaliste prêt à défendre la veuve et l’orphelin. Mais au moins, lundi, il travaillerait. Le lundi serait loin des longs dimanches calmes et monotones. Demain, il y aurait le travail.


Le prix à payer - Darth Nico - 18-01-2004

Gne

Sacré Philou, en voilà une surprise ! biggrin

Pas le temps de lire maintenant, mais demain j'imprime et je m'y mets. Wink


Le prix à payer - Philou - 18-01-2004

Chapitre deux
Le lundi, Robert arriva au travail vers neuf heures. Enfin, son repos inutile était terminé. Le dimanche était passé. Il commença à descendre au sous-sol afin de s’entraîner, comme chaque matin, au tir. Là se trouvait également Oscar. Robert méprisait Oscar. Oscar était policier. Il n’avait pas le grade d’inspecteur. Il était juste gardien de la paix. Mais il avait plus la dégaine d’un héros de western que d’un bon policier. Oscar était gros. Il est certain qu’Oscar avait des aptitudes physiques mais ses aptitudes physiques étaient inversement proportionnelles à son intelligence et sa capacité à la pitié ou la solidarité. Oscar avait une opinion tranché. Il était sans doute incapable de repenser les problèmes. Par ailleurs, Oscar était raciste et misogyne.

Oscar sera la main de Robert :
« Comment vas-tu vieux ? »
Robert répondit poliment :
- Assez bien. J’ai passé un très bon week-end.
- Alors, on essaie de garder la forme ?
- Oui, faut bien. Et toi, ce week-end ? Tu étais de service, non ?
- Oui, et j’ai bien travaillé. J’ai arrêté deux arabes qui vendaient de la drogue, et j’ai interpellé deux putes, des bicots aussi. Un peuple sous développé.
Pour Robert, c’était insupportable. La logique simpliste d’Oscar l’écœurait.
Oscar rajouta :
« Décidément, il est malheureux que Charles Martel n’est pas réussit à arrêter les arabes à Poitiers, maintenant, la France est malheureusement envahit par les beurs. »
Robert ne savait pas quoi dire. Devant lui, il avait la manifestation de la bêtise suprême. Il prit son calme et déclara de la façon la plus neutre possible :
« Tu te trompe. Tu catalogues trop facilement les musulmans. Fut une époque, les musulmans ont été un grand peuple. Ils avaient sur l’Europe du moyen age obscurantiste une avance réelle sur les sciences. De même, ils ont laissé des œuvres littéraires comme les contes des milles et une nuits. De plus, l’écriture des mathématiques se faisait, avant, avec les chiffres romains. C’était peu commode. Les chiffres actuels, utilisé par la planète entière, ont été inventés par les Arabes. »

Oscar était impressionné. Il dit d’un ton admiratif :
« Si c’était quelqu’un d’autre qui me l’avait dit, je ne l’aurais jamais cru. »

La séance de tir dura une demi-heure. La façon de tirer d’Oscar était rapide, peu précise. Il appuyait rapidement sur la gâchette et crachait le plus rapidement possible les balles. Robert avait un style plus raffiné. Il donnait l’impression de comprendre son arme, d’être son arme. Il prenait le temps de viser. La balle se logeait là où Robert le désirait. Son coup de feu était précis.
Au bout d’une demi-heure, Robert rangea son arme et alla s’installer à son bureau. Son coéquipier, George Gérard, était déjà arrivé. Robert avait énormément de respect pour son coéquipier. Il était pour lui plus que un simple collègue : c’était peut-être même un ami. Il était lui-même habillé de façon simple mais élégante. Il portait un pantalon, un gilet et une chemise. Il était bien peigné et était rasé d’une manière précise. George était une personne agréable. Ses dix années passées dans la police ne l’avait pas usé. Il est certain que le fait de ne pas habiter dans la ville l’empêchait de vieillir. George ne traversait pas la vie seul. Il avait une charmante et belle épouse du même age qu’il avait connu au lycée. Elle était devenue médecin. Il avait la joie d’avoir deux enfants. Sa fille aînée allait rentrer l’année suivante en cours moyen. Son fils cadet commençait l’école élémentaire. George espérait une promotion. Il pensait soit à devenir commissaire, soit à aller dans la brigade de lutte contre le grand banditisme. Il avait été un étudiant de droit brillant et Robert lui avait appris tous les aspects pratique du métier. George respectait énormément Robert et se demandait pourquoi celui-ci n’avait pas l’intention de monter en grade. Il est vrai que Robert n’était pas ambitieux.
George savait très bien que Robert était blasé. Il espérait que rien ne lui arriverait. George était très inquiet pour Robert, mais il savait le cacher.
Lorsque Robert rentra dans le bureau, George le salua :
- Salut veille branche, ça va ?
- Très bien. As-tu passé un bon week-end ?
- Splendide. J’ai montré le château de Vincennes à mes enfants. Ils s’imaginaient être chevaliers.
Robert eut une pensé pour l’enfant qu’il a été. Petit, il aimait être un héros. Maintenant, il se sentait pris dans une guerre qui ne le concernait pas, ou plutôt qui le dépassait.
George repris :
- Et ta compétition d’échec ?
- J’ai gagné. Ce fut une partie passionnante.
Robert consulta sa montre. Il était neuf heures passées.
« Je crois que c’est l’heure de faire notre tournée, qu’en penses-tu ? »
George regarda la pendule qui était au-dessus de la porte.
« Tu as raison. »
George pris son blouson. Les deux coéquipiers inspectèrent leurs armes et les rangèrent dans leurs holsters. Ils sortirent de leur commissariat et rentrèrent dans leur voiture de fonction. C’était une voiture quelconque, peinte en noir pour éviter de « sentir le poulet » comme on disait dans le coin.

George conduisait la voiture dans le Sud. Il faut dire que pour faire du chiffre, il fallait rouler dans le Sud, cela en était devenu trop habituel pour Robert.
Il n’y avait pas de spectacle dans la ville. Aucun chat ne circulait. Personne n’était dehors. Le Sud ressemblait, comme d’habitude, à un désert. En passant dans une cité, Robert observait les voitures carbonisées. Elle avait du brûler durant la nuit. De toute façon, cela était devenu normal de brûler les voitures. C’était une déclaration de guerre entre les jeunes, et l’état représenté par la police dont Robert faisait parti. Au bas d’un immeuble, trois jeunes discutaient.
Robert déclara :
- George, on s’arrête, car on doit faire un contrôle d’identité.
- T’es sur, Robert ?
- Tout à fait, ça sert à rien mais on doit le faire quand même. C’est les ordres. Surtout n’oubli pas de prendre les clefs de la voiture.

Robert et George s’approchèrent du groupe de jeune. Il y avait un noir et deux d’origine musulmane. Le noir portait un pantalon bleu marine, un pull-over bleu marine et un bonnet de sport d’hiver noir. Le premier musulman portait un survêtement blanc. Le second portait un jeans, un tee-shirt blanc et une casquette.
Robert déclara d’une voix neutre qui cachait son ennui :
« Police, Contrôle d’identité, veuillez montrer vos papiers. »
Le jeune à casquette répondit :
« Et, z’y va, j’ai rien fait, sale poulet ! »
Calme et froid, Robert coupa la parole à George et déclara sur un ton solennel :
« Dans ce cas, ça sera vite fait. »
Les trois jeunes prirent leurs papiers et les remirent à George.
Le noir dit :
« Décidément, vous n’avez rien à foutre de vos journées. Vous devez vous faire chier grave. »
Robert sourit et dit :
« C’est le lot de toutes personnes vivant ou travaillant dans le Sud. Au moins, nous tuons le temps comme on peut. »
La situation était surréaliste. Robert savait délibérément que les papiers étaient en règle. Peut-être ces trois jeunes étaient-ils des délinquants. Dans le Sud, c’était très probable. Mais Robert savait qu’il ne pourrait pas le prouver durant le contrôle.
George avait fini d’étudier les papiers.
« Tout est en règle » déclara-t-il en rendant les documents.
En souriant, Le jeune à casquette déclara :
« Tu vois, nous sommes des mecs clean »
Robert rendit le sourire :
« J’en suis persuadé. »

George et Robert continuèrent leur patrouille. Au carrefour de quatre rues, Robert remarqua un enfant d’environ douze ans qui attendait devant une épicerie. Il était d’origine musulmane. Il portait une paire de baskets d’une marque réputée. Son Jeans donnait l’impression d’avoir été acheté ce matin. Il avait un magnifique blouson noir d’une propreté parfaite.
Robert déclara :
« Gare la voiture quelques mètres plus loin. »
George obéit
- As-tu vu ce gosse devant l’épicerie ? Demanda Robert.
- Oui, bien sur.
- Qu’en penses-tu ?
- Je ne sais pas.
- Il est onze heures et quart.
- Il devrait être à l’école.
- Oui.
- Donc il sèche.
- C’est tout à fait exact.
- Il faut le ramener à ses parents !
- Mais ce n’est pas tout, c’est un drôle de lieu pour sécher. A priori, je serais avec des camarades, et plutôt chez moi ou devant mon immeuble.
- Tu veux dire que…
- Qu’on est en train de dévaliser l’épicerie et que ce gamin fait le guet !

George sortit de la voiture. Discrètement, Robert retira une balle de son chargeur. Il suivit George. Discrètement, George et Robert s’approchèrent du gamin.
Par derrière, Robert posa sa main sur l’épaule du gamin.
« N’as-tu pas école ? »
La conscience non tranquille, le gamin répondit :
« Non, mon prof de latin n’est pas là. Je te jure que c’est vrai sur la vie de ma sœur. »
Robert sourit. Il est peut probable que ce gamin suit des cours de latin. Puis le latin, en général, c’est une option peu populaire dans le Sud. C’est pour ça que les cours sont en début ou en fin de journée.
Robert sourit :
« Tu iras l’expliquer au commissariat»
George prit les bras du gamin, lui passa les menottes et accrocha l’autre extrémité à un panneau de signalisation.
Robert se tourna en direction du gamin :
« Et surtout, chut »
Robert et Georges sortirent leurs pistolets. Il avancèrent vers l’épicerie. La porte était fermée. George donna un coup de pied dans la porte pour l’ouvrir. En moins d’une seconde, George et Robert rentrèrent dans le magasin.
Robert déclara :
« Police, jetez vos armes ! »

L’épicerie était assez petite. Elle possédait un comptoir à l’entrée derrière lequel se tenait une vielle femme effrayée. Elle était sans doute d’origine musulmane. Elle était habillée en noir, comme si elle portait un deuil. La pièce était rectangulaire et possédait deux étagères parallèles à la longueur contenant diverses denrées. Entre la première étagère et le comptoir se tenait un homme d’origine européenne. Il était très grand. Il était habillé de vêtements simples et tenait une arme qui braquait la gérante. Derrière la première étagère se tenait un noir. Il tenait dans sa main droite un revolver. Sa main gauche contenait un sac de riz destiné à remplir un sac se trouvant à ses pieds. Il lâcha son sac de riz à terre et pointa son arme en direction de Robert.
Le noir déclara :
- Ce con de Rachid devait nous prévenir. Décidément, c’est vraiment un boulet.
- Il s’est fait avoir. A votre place, je jetterai mon arme et j’irais gentiment au poste répondit Robert.
Robert braquait le noir. Le noir braquait Robert. George braquait l’Européen et l’Européen braquait la vielle. L’Européen dit :
« Notre situation ne semble pas fameuse. Sans doute allez-vous nous descendre en légitime défense. Mais avant que nous nous fassions descendre, mon pote t’aura descendu, mec. Et moi, j’aurais descendu la vielle »
Robert garda son calme et déclara :
- C’est vrai que nous ne sommes pas en position de force. George, lâche ton arme.
- Mais… essaya de répondre George.
- C’est un ordre, je ne veux pas avoir la mort de cette femme sur la conscience. Nous sommes là pour protéger les personnes, pas les biens.

A contre cœur, George déposa son arme à ses pieds. Robert en fit de même et le fit glisser en direction de l’Européen.
Le noir déclara :
« De toute façon, vous ne serez pas perdant, on vous laisse ce con de Rachid. »
L’Européen rangea dans son pantalon son arme et ramassa le police python de Robert. Cette arme était tellement belle et bien entretenue qu’elle séduisait l’Européen.
« Eh bien, tu as un super flingue, mec. »
Mais brutalement, Robert se dirigea vers l’étagère et la fit tomber. Celle-ci s’écrasa sur le noir. Il fut assommé et tomba à terre.
Surpris, l’Européen tira un coup de feu avec police python sur George, mais Robert avait enlevé une balle.
Robert bondit sur l’Européen. Celui-ci donna un coup de poing à Robert dans le ventre. Celui-ci se tordit de douleur. Son ventre lui faisait mal. George en profita pour ramasser son arme et avant que l’Européen redonne un coup à Robert, déclara :
« Pas un geste, lâche ton arme. »
L’Européen déposa le police python de Robert.
« L’autre arme que tu as rangée » insistât George, et tu la feras glisser vers moi.
L’Européen obéit.
George se tourna vers Robert :
- Ca vas, vieux.
- Oui, je me sens mieux, répondit Robert, merci.
Robert ramassa son arme et jeta devant l’Européen une paire de menotte.
- Maintenant, dit Robert, tu réveilles ton copain et tu t’accroche à lui. Tu es en état d’arrestation.
- Bien joué, Mec, tu m’as bien eu en déchargeant ton arme.
- Je n’en ai enlevé qu’une balle.
- Et ben, total respect, mec. Tu as vraiment la classe.
Robert et son coéquipier avaient aidé une vielle femme et arrêté deux braqueurs. Dans sa jeunesse, il aurait été heureux et se sentirait récompensé par les remerciements de la vielle dame. Mais maintenant, il se disait que ça ne servait à rien car il le faisait tous les jours. Tous les jours, il arrêtait dealers ou voleur d’autoradio. Il ne faisait que son travail et faisait du chiffre. C’était vraiment lassant pour Robert.


Le prix à payer - sdm - 18-01-2004

Pas encore lu mais c'est sans doute l'activité la plus intéressante que tu aies fait depuis longtemps.
C'est un loisir royal d'écrire 8) On ne peut en retirer que du bon. Applause


Le prix à payer - sdm - 18-01-2004

Quelques reflexions sur le 1er chapitre (pas encore eu le temps de lire le 2ème).
Pour le sondage, je vois mal tout cela nous mener autre part que dans un roman policier ou dans un roman de science-fiction.
Le coté policier est évident c'est le personnage de flic blasé, pour le côté SF c'est le cadre qui y fait penser. Il est tellement caricatural qu'on a une nette impression d'irréalité de cette fameuse ville. D'ailleurs ne t'avise pas de pencher vers le roman politique contemporain avec un tel postulat sociologico-économico-géographique, ça ne pourrait pas marcher. Mais bon la SF c'est bien pratique pour s'affranchir de certaine barrière.

Ensuite sur le style, il y a encore un peu de boulot, sur un point en particulier qui est désagréable à la lecture : les répétitions. Il faut vraiment faire attention avec ça car autant certaines peuvent passer et même avoir un sens, l'apparition de 4 "dimanche" en 2 lignes et demie peut renforcer le caractère répétitif et dénué de sens de cette journée pour le personnage, autant le "ville" (5 en 2 lignes Arg ) ou le "arme" à la fin (9 en 5 lignes) (me) saute aux yeux désagréablement.

Il y un point que j'ai particulièrement bien aimé :

Quote:...Et c’est vers huit heures du matin qu’il se leva...

L'irruption du présent dans la description est joli biggrin



Dans l'ensemble je suis surtout surpris que tu écrives quelque chose comme ça, pas sur le ton désabusé, on sait que c'est pas la grosse forme en ce moment et tu perds jamais une occasion de nous le faire savoir, non c'est juste que la seule fois où je t'ai vu écrire c'était pour parler de soeurs de bataille, je ne m'attendais vraiment pas à ça. smile
Je suis curieux de voir où tout ça vas nous mener.


Le prix à payer - sdm - 19-01-2004

...j'suis le seul à l'avoir lu ou le seul à commenter Whistle


Le prix à payer - Darth Nico - 19-01-2004

Pas encore lu : je m'y mets ce soir. :LeLudwig:


Le prix à payer - CROM - 19-01-2004

Trop de boulot, mais c'est bien que Philoo se soit mis à un truc constructif. Wink

Bon courage!


Le prix à payer - sdm - 19-01-2004

Quote:Trop de boulot

Puisqu'on en parle, vous faites quoi là m'sieur, allez zou retournez bosser Fouet

Trip