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03-12-2023, 08:12 PM
(This post was last modified: 03-12-2023, 08:22 PM by Gaeriel.)
Le consortium Garfield® 
La Gaga Goldwyn Mayer Inc.©
Il y a longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
Le soleil se lève lentement, projetant timidement ses lumières blafardes sur les méga-usines d’assemblage le long de la baie. L’épais nuage donne l’impression d’une aube interminable qui contribue à l’ambiance anémiante, alors que les premiers ouvriers rejoignent leur poste. Dès potron-minet, les rues d’Eriadu City s’activaient pour laisser place à une nouvelle journée que rien ou presque ne différencierait de la veille ou du lendemain. Les ouvriers sortaient de chez eux l’air fermé et rabougri, alors que les marchands à la sauvette ouvraient leurs étales pour tenter d’arracher quelques crédits aux passants. Le capitaine Scholes regardait ce ménage tous les matins depuis son poste de contrôle. Il avait pour habitude d’arriver en premier au bureau, à l’ancienne, pour tancer les retardataires et assurer le recouvrement avec l’équipe de nuit.
- Tout s’est bien passé Myrkrh ? Rien de particulier à signaler ?
- Absolument rien capitaine, pas de vaisseau inattendu ni de contrôle positif.
Scholes était satisfait. En poste depuis 3 ans, il appréciait la tranquillité relative de sa position. Eriadu concentrait un fort volume d’activité mais les affaires se déroulaient quasiment toujours selon les plans. De l’ordre, peu de folies, et une paie satisfaisante !
- Bonjour Capitaine.
- Ah bonjour Sergent. Je viens de recevoir le rapport de Myrkrh, une nuit sans encombre.
- Parfait, ça nous évitera des problèmes avec le central. Ils n’auraient pas aimé des changements de plan un jour pareil.
La banalité ambiante avait en effet sorti de l’esprit de Scholes que la journée n’allait pas être tout à fait comme les autres. La quintad se réunit aujourd’hui au palais de la famille Valorum, et ça faisait plus de 5 ans que cela n’était pas arrivé. Bien qu’en apparence l’activité d’Eriadu soit parfaitement lisse et minutée, il devait certainement y avoir quelques secousses dans les hautes sphères.
- Tu as raison ça m’était complètement sorti de la tête. Déclenche le protocole Gamma à 10h heure standard, et assurons-nous que nos pontes passent un moment tranquille dans leurs riches palais !
A l’opposé de la suractivité industrielle d’Eriadu City et du spatioport de Phelar, le palais de la famille Valorum, vieux de plusieurs siècles, respire le calme et la tranquillité. Construit à l’écart des cités et à flanc de montagne, ses lignes épurées et son architecture complexe mais martiale rappelle à tous le passé militaire des fondateurs de la dynastie. Accueillir le conseil de la Quintad n’est pas une tâche habituelle, et il en va de la réputation de la famille que tout soit absolument irréprochable durant la présence des nobles d’Eriadu. Alors que domestiques et intendants s’empressent de finaliser les préparatifs de la réception, le Seigneur Vik reçoit ses plus proches conseillers pour faire le point sur la situation :
- Seigneur, la Quintad entière sera réunie demain, la dernière assemblée de cette sorte remonte à 5 années standards, cela sera pour vous l’occasion d’affirmer la puissance et le leadership de notre famille.
- Il faudra rester néanmoins prudent, ce n’est pas le genre de la famille Danthe de demander à réunir la Quintad, je ne sais même pas si c’est arrivé une fois dans l’histoire !
- Je rejoins le conseiller, Seigneur, il vous faut rester sur vos gardes, il n’est pas improbable que le Seigneur Danthe se présente avec une information importante.
Vik restait songeur. L’opportunité était évidemment belle, la famille Valorum ayant largement souffert dans le rapport de force depuis l’avènement de l’Empire. Mais il avait bien retenu la leçon d’histoire de son ancêtre Finis, destitué par le Sénat au profit de Sheev Palpatine, et il se devait de prendre des risques pour ramener sa famille à la place qui lui incombe, au sommet de la Quintad :
- Merci conseillers, mais l’heure n’est plus à nous cacher derrière notre Histoire en attendant que quelqu’un d’autre écrive notre futur. Vous savez comme moi que les rumeurs d’un retour en force de l’Empire se multiplient partout dans la Galaxie. Nous devons prendre une position forte pour la Nouvelle République et engager l’ensemble de la Quintad derrière nous !
La fin de journée approche à grands pas. Les chambres sont propres et décorées au goût de chaque famille, les salles de réception sont organisées suivant le protocole ancestral Valorum et les cuisines sont pleines des meilleurs mets que les cuisiniers prépareront toute la nuit. Le soleil se couche. Depuis son balcon, Vik aperçoit au loin une flamme pourpre écarlate que seules les usines environnantes d’Eriadu City parviennent à produire. Il entend la porte fenêtre s’ouvrir lentement
- Vik, il est tard, tu devrais venir te reposer pour être prêt.
- Tu as raison. Les prochaines journées vont être décisives, je n’échouerai pas…
Résurrection progressait rapidement dans l’Hyperespace. Vu de l’extérieur, son imposante masse, entourée d’un halo de lumières éthérées, offrait un spectacle grandiose et hypnotique. Bien que se déplaçant à une vitesse très largement supérieure aux capacités de n’importe quel moteur subluminique, la vie sur la surface ne semblait en rien impactée. En effet, le puissant bouclier opacifiant ne laissait filtrer que quelques éclairs striant le ciel, protégeant ainsi la population de la froideur du vide spatial. Steen Mitchel, ancien détective de la brigade des Dream Runners, s’était reconverti en patron de bar après la dissolution de son unité. Depuis le temps il s’était bien fait à ce changement de vie. Une fois le sentiment d’injustice digéré, il prit même plaisir à recevoir et servir ses fidèles clients. Alors que les premiers clients arrivaient pour décompresser d’une dure journée de labeur, Steen s’activait pour préparer la soirée de demain. Evénement ô combien important, car il devait célébrer et remercier toute l’équipe qui avait largement contribuée à sauver la lune et OmnIA d’une prise de pouvoir impériale !
- Maria, tu as vérifié la dernière livraison de whisky corellien ? Cette sale limace avait inversé ma livraison avec celle d’un autre la dernière fois…
- Oui chéri, j’ai contrôlé tous les stocks, nous n’avons jamais eu autant de réserves au sous-sol. J’espère que nous n’allons pas être contrôlé d’ici à demain, ils pourraient croire que tu fais dans la contrebande.
- Pas de risque, c’est OmnIA en personne qui finance cette soirée !
Tout le monde s’afférait, les droïdes scannaient chaque recoin de la pièce à la recherche du moindre grain de poussière pendant que Steen faisait l’inventaire de sa vaisselle :
- Je ne trouve plus les choppes spéciales pour nos invités à grosses pattes, tu sais où elles sont ? Satanés droïdes qui n’arrivent même pas à remettre les verres à leur place…
- Ceux que tu as prêté à Sonny la semaine dernière ?
- Merde c’est vrai… tu peux envoyer un droïde les récupérer ? Sinon Krouk va encore nous exploser la moitié de notre vaisselle.
- Oui chéri, mais il faut te détendre, nous ne recevons pas la présidence de la Nouvelle République.
- Certes mais nous allons débouler dans un nouveau système et, foi de Steen Mitchell, notre réputation arrivera devant nous !
A bord du Ronin, Kal profitait des derniers jours pour gouter à un repos bien mérité. Enchainant les bières à un rythme soutenu mais maîtrisé, il réfléchissait à leur point de chute et à ce qu’ils pourraient faire ensuite. De l’eau avait coulé sous les ponts depuis Coruscant, et il se retrouvait désormais Capitaine d’un honnête transport, embarquant à son bord quelques fines gâchettes et lames de la Guilde Intergalactique des Cautions ! Alors qu’il s’imaginait diriger sa propre guilde, distribuant les missions et récoltant les primes par dizaines, assis dans son fauteuil et à l’abri du moindre tir de blaster, accumulant ainsi une richesse à faire pâlir les seigneurs Hutts du crime qui se prosterneraient bientôt devant lui, le com’ du Ronin bipa :
- Mesdames, Messieurs, nous avons un appel de Rachel, je la passe sur la table de Dejarik.
Kal reprit une posture plus présentable puis activa la communication :
- Bonjour Rachel.
- Bonjour Kal, votre voyage se passe sans encombre ?
- Très bien merci, nous sommes en route depuis quelques jours et OmnIA nous a prévenu qu’il faudrait quasiment un mois pour atteindre notre destination. Autrement dit nous traversons la galaxie.
- Oui, en effet. Cela ne vous fera pas de mal de changer d’air, maintenant que Blackspace en a après vous.
Kal grommela. Bien que parfaitement exact, cette idée ne l’enchantait guère. Chasser des primes à travers la galaxie avait sa part de risque, mais avoir maille à partir avec la Fraternité Noire était une tout autre histoire. Dam et Vega rejoignirent Kal, suivi de près par Krouk, Fel et C3. Rachel reprit :
- Puisque vous êtes tous réunis, nous pouvons discuter de la suite des événements. Il est évident que votre situation a évolué depuis Kwalasha, et il va vous falloir réfléchir à ce que vous allez faire désormais.
- Pour ma part c’est très clair, seule la destruction totale et complète de Blackspace m’intéresse.
Krouk avait parlé avec la simplicité et l’efficacité d’un coup de griffe précis vous transperçant l’abdomen de part en part. Fel et Dam sourirent devant la rafraichissante franchise du Trandoshan.
- Avec un programme pareil, on va pouvoir faire entrée, plat, fromage, dessert et mignardises de tentatives d’assassinat c’est sûr ! Ajouta Vega amusée.
- Krouk, je comprends ton ressentiment envers Blackspace après ce qu’ils t’ont fait. Mais il faut aussi être lucide, ils sont d’une autre trempe et nous n’avons pas les armes pour lutter à armes égales avec eux.
- Pour l’instant, Kal, c’est vrai, ajouta Rachel. Mais la nouvelle république, en tout cas ses services de renseignement, sont en mesure de palier à une partie de ce problème. Comprenez-moi bien. Vous êtes libres de choisir ce que vous allez faire de votre futur. Je veux simplement vous dire qu’il existe une voie pour mener à bien ce combat, mais qu’elle nécessitera d’aller au-delà de votre carrière de simple chasseur de primes.
Simple. Cette notion de simplicité résonnait dans la tête de tous car elle convenait bien à une bonne partie de l’équipe, particulièrement attachée à ses principes d’indépendance et de liberté d’agir. Mais ils étaient aussi lucides sur l’impact de leurs derniers agissements qui, concrètement, les avaient amenés à prendre frontalement parti contre la Fraternité Noire.
- Nous allons réfléchir et en parler entre nous, ajouta Vega. De toute façon nous sommes hors d’atteinte dans l’Hyperespace alors autant en profiter pour prendre notre temps.
- Evidemment, nous n’avons pas de république que le nom, conclut Rachel.
Tous lui dirent au revoir, et décidèrent à l’unisson de remettre cette discussion à plus tard. La soirée chez Steen approchait à grand pas et il s’agirait de ne pas arriver en retard à la fête !
Le débit était élevé mais régulier. L’ambiance haletante de la soirée promettait une courte nuit au voisinage, que Steen avait pris soin de prévenir. Tous eurent moult occasions de revenir sur les événements des dernières semaines : les tentatives de sabotage avortées sur la station, la recherche de Jarek Sloane puis les assauts sur Kurogane pour éviter la prise de contrôler par V-Shape de la super intelligence artificielle de la station, OmnIA. La soirée se déroulait sans accroc, tout le monde passait un bon moment et les réserves tiendraient jusqu’au bout de la nuit s’il le fallait ! Steen était satisfait et décida de se payer le luxe d’une pause cigarette.
- Tu ne crains pas de laisser seule cette bande de soiffard à l’intérieur de ton bar Steen ?
- Ah Fel, tu veux une cigarette ?
- Avec plaisir.
Depuis que l’enquête menée par Fel avait révélée au grand jour, par dommage collatéral, sa liaison avec une fille de joie, Steen s’était lié d’une solide amitié avec elle. Il avait toujours coopéré pour l’aider dans ses recherches, et elle lui avait bien rendu en assurant un niveau de consommation certain dans son bar. Dorénavant les choses allaient changer et Steen se doutait qu’il aurait moins l’occasion de la voir dans les mois à venir.
- Vous savez ce que vous allez faire une fois que nous serons arrivés à destination ?
- Pas encore. Nous devons réfléchir à notre sécurité et à celle d’OmnIA, ce qui impliquera à un moment de séparer nos chemins pour quelques temps au moins.
- Je comprends, en tout cas vous nous manquerez ! C’est sûr que Résurrection n’a pas connu autant d’action que depuis votre arrivée.
- Allez ne sois pas si nostalgique, tu ne t’es pas encore débarrassé de nous. Fel écrasa la fin de sa cigarette contre la poubelle.
- Retournons à l’intérieur avant que Krouk ne finisse tes réserves.
- Foi de Steen, avec le stock que j’ai acquis, ça n’arrivera pas ce soir !
Les discussions allaient bon train, tous les invités étaient désormais arrivés. Steen avait repris sa place derrière le bar aux côtés de Kayla Tarn, qui préparait des merveilles de cocktail pour le plus grand plaisir des convives. Pendant ce temps, Kal, Krouk, Vega, Dam et Fel se lancèrent dans leur désormais habituel contest d’alcool – à la bière. Tradition pour certains, alcoolisme pour d’autres, Steen était habitué à ce petit jeu entre eux. Cela revenait quasiment toujours, à une exception près, à savoir contre qui Krouk serait en finale. Cette fois ci personne ne semblait vouloir lâcher, signe de la dernière ? Alors que tout le monde en finissait avec la cinquième bière, Vega entendit LudmillIA d’une voix paniquée :
- Vega tu devrais t’enfuir.
Elle eut à peine le temps de lever les yeux qu’elle vit Kal s’effondrer, com’ à la main, violemment terrassé par un coup de poing fulgurant de Krouk. Les yeux rouges, emplis d’une rage dévastatrice, le Transdoshan s’avança vers Vega, comme possédé par un démon :
- Mais enfin Krouk tu as perdu la raison ! Qu’est-ce qu’il te prend ?? Ça suffit maintenant !
Krouk marqua un temps d’arrêt mais ne répondit rien. Soudainement, il poussa un rugissement et repoussa violemment Vega en arrière, qui eut juste le temps de coller ses bras sur son torse pour amortir l’impact. Tout le monde était paniqué, Dam, à qui Liz ne répondait plus, se jeta sur Krouk pour le retenir et l’empêcher d’achever Vega. Il parvint, avec une force qu’on ne lui connaissait pas, à plaquer Krouk au sol. Néanmoins, il fut vite éjecté contre le mur, incapable de résister à la puissance démesurée du Trandoshan. Fel, à son tour, se mit en garde face à Krouk après être allée en urgence récupérer sa nanolame au vestiaire (pas folle la guêpe). Les bras du Trandoshan envoyaient de puissants coups de griffe à trancher net un camion blindé. Acculée, et nettement moins à l’aise qu’habituellement, Fel éprouvait les pires difficultés à organiser sa défense. Comme les autres, son IA MusAIshi ne répondait plus, ce qui lui fit perdre une bonne partie de ses moyens. Au bord de la rupture, alors que Krouk allait l’envoyer voir à l’autre bout de la salle s’il y était, elle vit avec plaisir son corps s’effondrer au sol, touché de plein fouet par une rafale de tir paralysant de Steen. Il déposa son BML fumant sur le comptoir :
- Bordel, désolé les p’tits gars, ça faisait des années que je ne m’en étais pas servi. Il était collé sous le bar, j’ai dû forcer un peu. Tout le monde va bien ?
Tous hochèrent la tête car légèrement touché. Tous sauf un.
- Kal va mal, il a perdu connaissance.
- Poussez-vous je vais m’occuper de lui.
Vega se rendit rapidement compte que c’était très sérieux, et que la vie de Kal ne tenait qu’à un fil. Constatant des dégâts internes lourds, certainement de multiples hémorragies internes au niveau de l’abdomen, elle demanda un brancard de fortune que Maria s’empressa de lui amener.
- Il faut l’emmener en urgence à l’hôpital sinon il va y rester.
- Prenons mon speeder Vega, je vais conduire pour que tu puisses rester avec lui à l’arrière. Novak, tu passes devant et tu m’ouvres la route. Maria, préviens OmnIA que les droïds médicaux se tiennent prêts à nous recevoir
- Entendu Steen je m’en occupe.
- Pendant ce temps on va ligoter Krouk et l’emmener chez Contrôle avec Dam, ajouta Fel. Il a forcément dû perdre la raison pour nous attaquer de la sorte. OmnIA devrait pouvoir nous aider.
Tout le monde était abasourdi par la violence et la soudaineté de cette attaque. Cela faisait peu de doutes dans l’esprit de l’équipe qu’un puissant piratage était derrière tout ça, ce que LudmillIA confirma à Vega. LudmillIA, qui était par ailleurs la seule IA à avoir réussi à résister. Vega tâcha bien de lui tirer les vers du nez mais ses réponses étaient comme à l’habitude très confuses. Steen ne lésinait pas sur le chemin. Il fonçait à tombeaux ouverts pour rejoindre l’hôpital le plus proche, bien aidé par les feux de circulation qui semblaient tous passer au vert où moment de passer ! (Merci OmnIA) Vega continua de prodiguer les premiers soins à Kal jusqu’à la prise en charge par les droïds médicaux qui opérèrent en urgence avant de le plonger dans le Bacta pour un séjour de 10 jours tout frais payé…
Pendant ce temps Fel et Dam emmenèrent Krouk à la prison de contrôle, le cœur serré de devoir infliger ça à leur ami. Mais aussi habile soient-ils, le risque était trop grand si Krouk n’avait pas repris le contrôle de son esprit à son réveil. Solidement ligoté, il était encore inconscient au moment d’être enfermé dans une cellule vitrée transparente, suffisamment résistante pour tenir en respect un rancor nourri à la salade depuis 2 semaines. Nos héros entendirent la voix synthétisée d’OmnIA.
- Il est en sécurité ici. Je vais isoler le virus et mettre en quarantaine ImperIA. En cas d’échec, et en dernier recours, j’éteindrai la puce pour qu’il puisse retrouver ses esprits.
- Tu es sûre que c’est sans risque ? demandèrent Fel et Dam légèrement inquiets.
- Je ne procéderai à aucune intervention chirurgicale. Le risque n’est pas nul mais il est très faible que cela ait un impact sur la santé de Krouk.
C’était déjà ça. Fel et Dam acquiescèrent puis Dam dit à OmnIA qu’il partait rejoindre Kal et Vega à l’hôpital pour prendre des nouvelles de leur pilote émérite. Alors qu’il franchit la porte automatique pour sortir de la salle de contrôle, OmnIA informa qu’un incident venait d’être signalé au hangar 214-BXVD… Le Ronin !
- Dépêche-toi d’aller voir Dam. Si jamais Kal apprend que le Ronin est endommagé à son réveil, il va faire un arrêt cardiaque !
Dam, rejoint par C3, courut à son speeder puis fonça en direction de l’astroport. Comme si les derniers événements ne suffisaient pas, il fallait maintenant que le Ronin soit à son tour visé. Il arriva, transpirant et haletant, à l’entrée du hangar, accompagné des droïds pompiers qui s’organisaient pour éteindre l’incendie qui menaçait de réduire le Ronin en un vulgaire tas de cendres. Ignorant les consignes de sécurité les plus élémentaires en la matière, il se jeta à l’intérieur du vaisseau et compris après quelques secondes que le feu était déclenché depuis l’intérieur, et à plusieurs endroits du vaisseau en parallèle. Dam se démena pour éteindre à l’aide de l’extincteur de bord mais il comprit vite que la situation devenait incontrôlable.
- Dam, le feu est sur le point d’atteindre les réserves de carburant, il faut sortir.
- Merde, c’est pas possible, on ne peut pas le laisser exploser !
C’était peine perdue. Frustré et excédé, il courut avec C3 hors de l’habitacle. Ils eurent à peine le temps de mettre une vingtaine de mètres entre eux et le Ronin que celui-ci explosa dans une gerbe de flammes incandescentes, retournant nos héros cul par-dessus tête. Oubliant sa douleur, les premières pensées de Dam quand il recouvrit ses pensées furent pour Kal. Le pauvre, en plus d’avoir subi les plus gros dégâts physiques dans cette affaire, venait maintenant de perdre son bien le plus précieux, son Ronin.
Quelques jours plus tard, à l’exception de Kal qui faisait encore trempette dans la cuve à bacta, tout le monde s’était remis ses blessures. OmnIA leur avait fait parvenir un message, elle aurait terminé ce soir d’isoler ImperIA, et que le temps était venu de réveiller Krouk de son coma artificiel. Tous avaient hâte de réveiller leur ami, même s’il restait une part d’appréhension… Aurait-il vraiment recouvré ses esprits ? Le risque que cet événement se reproduise était-il véritablement écarté ? Et plus important encore, comment ce piratage avait pu arriver alors que Résurrection est en Hyperespace ? Beaucoup de questions pour lesquels ils souhaitaient ardemment des réponses.
- Bonjour chers amis. Vous arrivez au bon moment, je viens de déployer le dernier programme de mise en quarantaine d’ImperIA. C3-D4, tu peux ranimer notre patient.
Vega et Dam déglutirent, la main descendant involontairement à proximité de leur blaster. Krouk geignit alors qu’il reprenait conscience.
- Bon sang, ça faisait longtemps que je n’avais pas pris une cuite pareille !
Il se frotta les yeux puis aperçut ses amis qui cachaient difficilement une mine des mauvais jours. Krouk ne se rappelait rien, si ce n’est les nombreux verres avalés avant le blackout. Il se redressa doucement sur son lit puis nota qu’il ne se trouvait pas à bord du Ronin.
- Tu te sens bien ? demanda Dam la voix inquiète.
- J’ai mal au crâne, et j’ai l’impression d’avoir dormi des jours !
- C’est exact, souligna Vega qui commençait doucement à se détendre à la vue d’un Krouk redevenu lui-même. Mais cette fois-ci ce n’est pas à cause de l’alcool, tu as été victime d’un piratage et tu t’es jeté sur nous. Tout le monde va bien désormais sauf Kal qui est toujours à l’hôpital.
- Comment ? Mais c’est impossible comment aurais-je pu perdre le contrôle comme cela ?
- Nous ne savons pas encore, dit Fel, mais j’espère qu’OmnIA a quelque chose à nous apprendre à ce sujet.
La nouvelle fit l’effet d’une bombe pour le Trandoshan. Cela faisait de nombreuses années qu’ils baroudaient ensemble et Kal était certainement la personne la plus proche de l’équipe pour lui. Savoir qu’il l’avait gravement blessé lui procurait la même sensation que de s’enfoncer doucement et délicatement une vibrolame en travers du ventre. Ces salopards de Blackspace étaient forcément derrière ça, et il se jura intérieurement de leur rendre la monnaie de leur pièce, et au centuple si possible !
- Je suis vraiment désolé, je n’ai aucun souvenir. Il va s’en sortir ?
- Oui ne t’inquiète pas. Quelques jours à faire des longueurs dans la cuve et il sera sur pied !
Les propos de Dam redonnèrent de l’espoir à Krouk. Ils avaient raté l’opportunité et il ne la laisserait pas se reproduire une seconde fois, quitte à se retirer cette satané puce de ses propres pattes. OmnIA interrompit ses pensées :
- ImperIA est hors d’état de fonctionnement, vous êtes en sécurité désormais.
- Tu es sûre à 100% ?
- Non, il va me falloir comprendre cette attaque plus précisément. Je vais devoir analyser l’ensemble de vos IAs et à l’issue j’espère pouvoir vous confirmer que le risque est définitivement écarté. Aujourd’hui l’indice de confiance frôle les 99,93% suivant mes calculs.
C’était mieux que rien, même si cela ne suffit pas à rassurer complètement nos héros.
- Par mesure de sécurité, je vais lancer un scan complet du code des dormeurs en parallèle de l’analyse de vos IAs. Cela va rallonger notre voyage de plusieurs jours car je vais dériver une partie de l’énergie de nos hyperdrive vers mon supercalculateur, mais je pense que c’est préférable.
Tous acquiescèrent et prirent congé d’OmnIA pour la laisser se concentrer sur son travail. Le départ précipité du système Taris avait été un premier avertissement, Blackspace arrivant avec quelques heures de retard pour constater leur échec et la fuite d’OmnIA. Mais cette fois-ci ils avaient touché en plein cœur, là où nos héros se pensaient inatteignables, créant un sentiment d’insécurité dont ils auraient du mal à se départir dans le futur. Dam, Fel, Vega et Krouk, à qui personne ne tenait rigueur des derniers événements, logèrent chez Steen qui les accueillit de bon cœur, meurtri du sinistre traitement administré à ses amis. Ils passèrent les prochains jours à aider Steen dans ses travaux de rénovation des caves, tuant le temps en attendant le réveil de Kal.
« De toute façon je ne t’ai jamais aimé… »
Sur le moment, Kal n’avait pas perçu la signification de ce message, pas plus que l’émetteur à l’origine de cet étrange envoi. Dans un état semi conscient, il entrevoyait difficilement au travers de la vitre des droïds médicaux, certainement en train de débattre du dosage des quantités de bacta à injecter dans la cuve. La bonne nouvelle est qu’il sentait bien la présence de tous ses membres, ankylosés de plusieurs jours d’inactivité. Il n’avait en revanche aucun souvenir de comment il s’est retrouvé à l’hôpital, il était persuadé de ne pas avoir abusé de la boisson, et de toute façon personne ne finit dans une cuve à bacta après une soirée même bien arrosée ! Il vit un des droïds s’approcher de la cuve, vérifier quelques indicateurs sur le panneau de la contrôle, puis se retourna en hochant la tête vers son collègue. Kal sentit progressivement le niveau de liquide baisser puis il fut rapidement sorti et allonger sur un brancard. Les droïds s’assuraient que tout était en ordre :
- Vos lésions sont réparées Monsieur Mandust. Je vous suggère néanmoins de suivre quelques jours de repos pour assurer votre rétablissement complet.
- Parfait, vous me ferez un arrêt de travail s’il vous plait.
- Comment ?
Le droïd n’avait pas perçu le ton ironique de Kal.
- Nous allons vous garder en observation cette nuit, vous pourrez sortir demain matin.
Kal retourna jusqu’à sa chambre en titubant, aidé par 2 droïds infirmiers. Alors que la lumière artificielle commençait à baisser, signalant que la nuit approchait, on lui servit un repas exquis : Gratin d’endives de Taris accompagné d’un steak de bantha que le cordonnier n’aurait pas refusé pour réparer une paire de botte industrielle. Il se força à manger puis reçut un appel de l’accueil :
- Monsieur Mandust ? Vous avez de la visite.
- Je ne bouge pas de mon lit.
Vega et Fel entrèrent les premières, souriantes et naturelles. Kal comprit en voyant Krouk et Dam qu’il s’était passé des choses graves pendant son séjour à la cuve. Il n’avait cependant pas encore deviné que c’était aussi quelque chose de sérieux qui était à l’origine de ses blessures mortelles. Il mit quelques heures à définir le pire dans toute cette histoire. Était-ce la perte de contrôle sanglante de Krouk ou la destruction du Ronin ? Evidemment il voyait la détresse dans le regard de Krouk qu’il peinait à croiser. La chambre relativement spacieuse de Kal semblait terriblement petite au pauvre Transdoshan qui ne savait pas où ranger sa grande carcasse, honteux d’avoir blessé son ami. Mais aussi grave fusse-t-elle, cette blessure était maintenant guérie et Kal n’en voulait pas le moindre du monde à son ami. Mais le Ronin… Lui avait définitivement rejoint le cimetière spatial et, bien qu’il soit remplaçable en tant que vaisseau, cela lui fit l’effet d’un coup de poignard.
- On peut dire qu’ils ne nous ont pas raté cette fois-ci. OmnIA a pu remonter la source du piratage ?
- Elle finit d’analyser nos IAs, qui ont toutes été éteintes par l’attaque, à l’exception de LudmillIA. Nous devons retourner la voir demain soir pour qu’elle nous explique ce qui s’est passé.
- OK Dam. Ah et merci d’avoir tenté de sauver le Ronin, ça me touche.
- Oui après il n’y avait pas de caméra à l’intérieur, il a peut-être juste essayé d’aller récupérer son matériel !
- Merci Vega pour ton soutien sans faille alors que j’ai mis ma vie en jeu pour sauver notre vaisseau !
Tous rirent un bon moment, profitant de ces quelques instants de joie après l’enchaînement malheureux des derniers jours. Ils se donnèrent rendez-vous le lendemain dans l’enceinte de contrôle, impatient d’en savoir plus sur le modus operandi de ce piratage massif.
A suivre
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03-12-2023, 08:16 PM
(This post was last modified: 03-12-2023, 08:21 PM by Gaeriel.)
Les larges allées semblaient interminables. Les colonnes de serveurs parfaitement alignées ronronnaient légèrement au rythme des signaux lumineux, seuls signes apparents qu’ils étaient en cours de fonctionnement. OmnIA était partout chez elle sur Résurrection, mais de tous les lieus hétéroclites composant la station, Contrôle était certainement l’endroit qu’elle aurait appelé Maison. Seuls quelques Dormeurs et les rares personnes disposant de l’indice de confiance maximum étaient autorisées à pénétrer dans ces lieux, sur demande directe et personnelle d’OmnIA. Elle avait installé les IA corrompues dans un recoin isolé de la salle de Contrôle, fermé hermétiquement dans un espace clos et sur un réseau isolé. Evidemment il aurait suffi de les installer sur des serveurs déconnectés du réseau principal de Résurrection, mais elle avait ressenti le besoin d’y ajouter une barrière physique. Elle avait elle-même réchapper de justesse à l’attaque de la super-IA impériale, c’était ainsi la deuxième fois que son intégrité avait été compromise en quelques jours. L’analyse des données récoltées sur MusAIshi, ImperIA, KurosawAI, Liz et LudmillIA permit de comprendre plus en détail la séquence des événements. KurosawAI avait été la première à déclencher le code corrompu qui avait entraîné sa perte de contrôle et la corruption des autres IA via leur réseau partagé. Une fois le code déployé sur ImperIA, Krouk perdit le contrôle de ses émotions et de son système cérébral qui fut soumis aux signaux nerveux dictés par ImperIA. Pendant ce temps, les autres IA se supprimaient d’elles-mêmes car elles n’étaient pas en mesure d’influer sur leur porteur étant donné la nature de leur support. Restait LudmillIA, qui réussit à échapper au piratage via une contre mesure apparue dans son code, mais qui avait semble-t-il été supprimé par la suite. Enfin, une fois toutes les infections réalisées, il ne restait plus à KurosawAI qu’à s’autodétruire, ainsi que le Ronin, en faisant surchauffer plusieurs générateurs internes. Cela entraîna une réaction en chaîne amenant à l’explosion du vaisseau, et ce en dépit de la tentative de sauvetage désespérée menée par Dam et C3. OmnIA était satisfaite d’avoir reconstruit l’enchaînement des actions ayant amenées à ces drames, et rassurée d’une certaine manière car cet enchaînement suivait une certaine logique informatique. Nos héros, en revanche, voyaient plus de questions que de réponses derrière les explications d’OmnIA. Quand et comment KurosawAI avait-il été infecté ? Pourquoi avait-t-il envoyé à Kal un message personnel avant d’infecter ImperIA ? Comment la corruption d’ImperIA avait pu faire perdre la raison à Krouk ? Quelle avait été la consigne d’ImperIA pour Krouk ? Et la plus intrigante d’entre toutes : quel avait été l’élément déclencheur qui avait activé le virus dans KurosawAI ? Kal n’était pas satisfait. Bien qu’il sût ses capacité d’analyse moins poussées que celles d’OmnIA, il connaissait très bien KurosawAI. Il demanda fermement l’autorisation d’accéder à son IA pour mener sa propre enquête, ce qu’OmnIA ne lui refusa pas, sous réserve qu’il ne la sorte pas de son réseau isolé. Kal acquiesça, puis il alla devant la console de KurosawAI pendant qu’un Dormeur lui apportait une chaise afin qu’il puisse s’installer confortablement. Il allait en avoir pour un bout de temps !
Dam, Fel, Krouk et Vega repartirent de Contrôle, laissant Kal à son travail. Vega était la seule maintenant à disposer d’une IA fonctionnelle, OmnIA ayant fermement requis que les autres restent en quarantaine dans Contrôle le temps que tout soit tiré au clair. Bien sûr LudmillIA était nettement moins performante que les autres, et elle n’avait par ailleurs jamais montré de réelle utilité en dehors de l’Holoverse. Mais elle avait été la seule à réussir à se défendre face au virus transmis par KurosawAI. Mais possédait-elle déjà ce code protecteur ? Ou l’avait-t-elle créé au moment de l’attaque ? Impossible à dire, ses réponses étaient comme à l’habitude très confuses et Vega ne put en tirer grand-chose. Le lendemain en fin de journée, nos héros furent rejoints par Kal alors qu’ils partagèrent avec Steen les dernières informations transmises par OmnIA :
- Je veux bien une bière.
- Installe toi Kal, je m’en occupe.
Steen donna sa chaise à Kal puis partit derrière le bar servir la bière habituelle de son invité.
- Alors tu as du nouveau ? demanda Krouk impatient.
- Pas grand-chose malheureusement. Mais j’ai quand même réussi à détecter une tentative d’action offensive de KurosawAI avant de déclencher son autodestruction et celle du vaisseau. Je ne sais pas s’il a tenté de briser une Glace ou autre, mais en tous cas, il a utilisé un protocole d’attaque après la contamination de toutes vos IA.
- Et tu sais ce qu’il visait ? dit Vega.
- Non, je n’ai pas réussi à remonter cette piste, je n’ai repéré ni tentative de détection d’une Glace qu’il aurait percée, ni contre-mesure visant à attaquer KurosawAI en représailles.
- Cette opération était préparée avec la plus grande minutie, j’ai du mal à croire qu’elle ait pu être déclenchée depuis l’extérieur de Résurrection alors que nous sommes en plein voyage hyperspatial…
Tous hochèrent la tête, la mine grave.
- Tu as raison Vega, l’option la plus probable à ce jour, même si rien ne doit être écarté, est que nous avons un traître sur la station avec nous, termina Kal avant d’engloutir sa bière.
Nos héros étaient dans une impasse, incapable d’aller enquêter plus loin et de remonter à l’origine de cette attaque. Le poids de la réalité s’abattit lourdement sur leurs épaules, maintenant que toutes les pistes avaient été explorées. Ils n’avaient plus ni vaisseau, ni matériel, et les ressources d’OmnIA allaient s’effondrer avec la fuite du système de Taris et l’incapacité à produire de l’Omniscience. Il restait encore plusieurs semaines de voyage et ils n’avaient plus d’os à ronger. Heureusement Steen, qui avait renvoyé une partie des ouvriers qui travaillaient sur la rénovation de sa cave, avait trouvé de la main d’œuvre bon marché pour avancer son chantier ! Par ailleurs cela permettait à nos héros de se changer les idées, tout le monde était gagnant.
Plusieurs semaines passèrent, et alors que Kal et Fel finissaient de repeindre le plafond, ils reçurent une invitation de la part d’OmnIA pour dîner le lendemain soir. C’était une invitation très particulière, eut égard évidemment à la nature d’OmnIA, qui s’expliquait par sa volonté d’introduire quelqu’un auprès de l’équipe, une certaine Tania Rich.
- Quelqu’un a déjà entendu parler d’elle ? demanda Fel.
- Inconnu au bataillon, répondit Steen
- Ça ne me dit rien non plus, ajouta Vega, mais OmnIA doit certainement avoir une bonne raison de nous la présenter.
- Je trouve qu’elle devient de plus en plus « vivante », ajouta Dam. Ça me fait quand même bizarre d’être invitée par une IA à un dîner mondain.
- En tout cas ça nous changera les idées, conclut Fel. Non pas qu’on n’apprécie pas ton hospitalité Steen, mais je ne dirai pas non à un repas gastronomique !
- Au plaisir Fel, comme toujours avec toi, sourit Steen d’un visage mi gêné.
Comme pour la plupart de ses congénères, la vie de Fel avait changé brutalement après la destruction d’Alderaan par la première Étoile de la Mort. Elle avait perdu bien plus qu’un foyer lorsque le Grand Moff Tarkin donna l’ordre de mise à feu de la station, la plupart des membres de sa famille y ayant laissé leur vie. Elle était encore jeune à l’époque. A seulement 13 ans, elle avait eu l’opportunité d’accompagner son oncle sur Coruscant pour visiter le Sénat impérial avec son frère aîné Maximus.
Ebahie par l’immensité du lieu, elle était repartie pleine d’estime pour ce haut lieu politique, vestige factice d’un système désormais dirigé d’une main de fer dans un gant de titane par l’Empereur et ses sbires. La suite n’avait été qu’un enchaînement de malheur et de détresse. Après avoir passé quelques mois chez son oncle, Fel apprit que ce dernier était accusé de trahison : il fut enfermé au fin fond d’une prison impériale d’où il ne devait jamais ressortir. Fel resta seule avec son frère et ils se débrouillèrent comme ils purent, enchaînant les petits travaux et les vols à la tire pour survivre. Son frère était obnubilé par le désir de vengeance envers l’Empire et, dès que Fel parvint à se débrouiller par elle-même, il s’engagea avec la Rébellion. La mort de l’Empereur et de son âme damnée Vador lui avait retiré un poids mais il décida de continuer sa carrière militaire au sein de la Nouvelle République, jurant de poursuivre son effort tant que la menace impériale ne serait pas définitivement écartée.
Fel n’avait pas le même ressentiment. Bien sur cette tragédie l’avait marquée au plus profond d’elle-même, mais elle ne s’est jamais senti le cœur à mener une croisade contre l’Empire. Alors, elle s’était plutôt tournée vers les mondes extérieurs, avide de découvrir des contrées qui lui offrirait l’opportunité de tourner la page et d’en apprendre plus sur la galaxie. Pour une jeune fille de 16 ans ce n’est pas sans risque, mais elle avait appris avec son frère les fondamentaux de la survie : discrétion, agilité, maniement du blaster et des armes blanches. Il ne manquait que le culot et l’escroquerie mais cela, elle en avait hérité dès sa naissance ! Elle enchaîna les petits jobs, puis par le hasard de la bonté, elle arrêta un homme qui tentait de dérober la caisse du magasin dans lequel elle travaillait. Son employeur, surpris par le courage et la dextérité de Fel, lui précisa que l’homme était activement recherché et qu’elle pouvait toucher une belle prime pour sa capture. Le travail lui sembla facile et nettement mieux rémunéré, ce qui la décida à changer de voie pour devenir une chasseuse de prime. Le métier n’allait pas sans sa part de risques, mais la liberté qu’il lui conférait en valait cent fois la peine à ses yeux.
Fel réajusta sa robe, effaçant les quelques plis persistants d’un revers de la main. Avec le recul, elle chérissait tous ces souvenirs d’une vie difficile, qui avaient fait d’elle la femme accomplie d’aujourd’hui. Les dîners et les soirées mondaines restaient un des rares plaisirs, hérité de sa jeunesse sur Alderaan, qu’elle conservait encore aujourd’hui. Alors, chaque fois que l’opportunité se présentait, elle prenait plaisir à s’habiller et se préparer pour profiter d’un moment chic et convivial, loin des endroits crasseux et malfamés que sa vie de chasseur de prime l’habituait à fréquenter. Ce soir ne ferait pas exception, même si c’était bien la première fois qu’elle allait dîner avec une intelligence artificielle ! Elle rejoignit les autres qui l’attendaient au bar depuis déjà une bonne demi-heure :
- Je suis prête, on peut y aller.
- C’est pas trop tôt ! s’exclama Dam, on était à deux doigts de s’ouvrir une bouteille de whisky pour tuer le temps.
- Ah oui ça s’est joué à un rien, feignit Krouk en refermant discrètement la bouteille cachée derrière son bras.
- Bien allons-y, conclut Kal, j’ai hâte de rencontrer cette Tania Rich qu’OmnIA souhaite nous faire rencontrer.
Le rendez-vous était fixé au « New Hope », un restaurant renommé d’Espoir, quartier historique par lequel les premiers Dormeurs étaient arrivés. En entrant, Vega remarqua une table de 6 avec 2 convives déjà attablés, une très jeune femme humaine et un Droïd. Elle ne fut pas surprise lorsque l’hôtesse indiqua à Kal cette direction. Tout le monde se présenta brièvement en parcourant les propositions du menu. Le droïd contenait une partie de la conscience d'OmnIA. Elle s'en servait souvent pour se déplacer dans le monde physique. Tania expliqua qu’elle était encore étudiante en littérature des Arts, ce qui ne manqua pas de surprendre Krouk qui peinait à trouver les sujets de discussion qu’il pourrait avoir avec cette jeune femme. Ce n’était pas le cas de Dam, qui avait joué des coudes pour s’installer proche d’elle et qui débordait d’imagination pour entamer la conversation :
- Mais c’est passionnant ! J’ai toujours rêvé de me lancer dans l’étude de l’art, et particulièrement les romans poétiques.
- Ah bon ? sourit Vega.
- Oui, il me semblait que tu étais plutôt versé dans l’art du vol de vaisseau, ajouta Krouk d’un air le plus sérieux du monde.
- Voire dans celui des les écraser, compléta Kal.
- Vous êtes des incultes de toute façon, fit Dam, vous ne comprenez rien à l’art.
- J’ai hâte que tu éclaires notre lanterne, pouffa Fel.
Tania conservait de bonnes manières, malgré son jeune âge et sa timidité apparente. OmnIA proposa à tous d’expliquer la raison de ce dîner, ce qui interrompit promptement les galéjades :
- J’ai organisé ce moment pour vous partager une décision importante concernant la gouvernance de la station. Il me semblait logique de vous dire cela avant l’annonce officielle, eut égard à votre indice de confiance et plus généralement ce que vous avez accompli pour nous.
- Nous sommes tout ouïe, dit Vega.
- J’ai constaté que ma capacité à prendre les décisions seule pouvait, par moment, mettre Résurrection en danger. Et sans votre contribution avec vos méthodes peu orthodoxes et souvent dénuées du moindre sens logiques – elle avait dit cela sans once de méchanceté – nous serions certainement passés sous le joug de la super-IA impériale. Alors j’ai soumis un questionnaire à une centaine de personnes afin de choisir un être vivant qui codéciderait avec moi… Et c’est Tania ici présente qui a été élue.
Kal et Vega restèrent scotchées par cette annonce. Lui fut surpris et vexé de ne pas avoir reçu le questionnaire, tandis que Vega estimait impossible qu’une aussi jeune femme sans expérience puisse tenir une telle position. Fel et Krouk restèrent relativement indifférents – leur plat étant servi et, dans la vie, on ne sait jamais quand arrivera le prochain. Quant à Dam, il se voyait déjà marié avec cette magnifique jeune femme, artiste et dirigeante, qui lui semblait de plus en plus à son goût.
- Eh bien… Félicitations Madame Rich, balbutia Kal. C’est une grande responsabilité qui vous incombe désormais.
- Merci Monsieur Mandust, j’en suis bien consciente et je vais faire mon possible pour aider OmnIA et Résurrection à prospérer et à lutter contre Blackspace.
- J’ai raconté l’essentiel des derniers événement à Tania avant notre dîner, ajouta OmnIA. De sorte que nous sommes parvenus à une première décision commune. Nous allons créer une nouvelle brigade des Dream Runner dans les prochaines semaines, qui viendra compléter notre offre de sécurité actuelle.
- Quelle excellente idée ! s’exclama Dam. Je serai ravi de pouvoir participer à cette initiative. Nous aurions bien sur des points réguliers avec madame Rich pour pouvoir rapporter dans le détail de nos investigations.
- Nous n’avons pas encore lancé des processus de recrutement, répondit OmnIA, mais nous ne manquerons pas d’ajouter vos profils dans nos analyses pour définir qui seront nos candidats pour ces postes.
Krouk partit d’un rire franc, sincère, honnête. Tous les autres pouffèrent plus discrètement, mais Dam n’en démordait pas
- Allez-y rigolez, mais moi j’ai envie du fond du cœur d’aider Résurrection à combattre les menaces qui pèsent sur elles
Dam en faisait trop, mais il alimentait ainsi une atmosphère chaleureuse et détendue. Le dîner s’acheva et OmnIA de conclure :
- Merci pour votre temps à tous. Nous allons bientôt arriver à notre destination et Rachel m’a dit qu’elle attendait une réponse de votre part quant à ce que vous voulez faire pour la suite. Sachez que nous allons travailler dorénavant avec la Nouvelle République car j’estime que c’est notre seule chance d’échapper de manière pérenne à la super-IA impériale, même si cela nous contraindra à faire des compromis et à perdre une partie de notre liberté d’agir.
Oui, il allait être l’heure de se décider. Tous avaient esquivé le sujet jusqu’ici, mais la sortie d’Hyperespace allait signifier la fin de la réflexion. Ils reçurent un dernier appel de Rachel qui leur apprit leur destination – la lune Iris, en orbite de Naboo. Une planète célèbre pour avoir élu Palpatine comme sénateur pendant de nombreuses années avant qu’il ne devienne Empereur. Kal demanda quelques jours le temps d’acquérir un nouveau vaisseau, et pour l’équipe de respirer un peu d’air frais après quasiment deux mois enfermés sur Résurrection. Rachel leur accorda de bon gré, et nos héros profitèrent de quelques jours de vacances sur Naboo, qu’ils mirent à profit pour trouver un nouveau vaisseau qui restait à baptiser. Vega et Krouk s’initièrent à un concours de surf que le Trandoshan perdit dans les grandes largeurs ! De retour sur Iris, toute l’équipe confirma à Rachel qu’ils acceptaient de rejoindre officiellement les rangs des services spéciaux de la Nouvelle République. Leur agent de liaison resterait Rachel, et elle allait faire le déplacement pour leur expliquer en personne leur première affectation. Elle joignit les actes à la parole, et se présenta quelques jours plus tard devant nos héros.
- Le commandant Ludwig von Ludwe, expliqua Rachel, qui dirige notre unité dans les renseignements, eux-mêmes dirigés par le général Dodonna, vous transmets ses plus sincères remerciements d’avoir accepté de travailler pour nous. Il s’excuse de ne pas avoir pu faire ce premier déplacement car il est en ce moment même de l’autre côté de la galaxie en train de tirer au flanc et ne pouvait venir dans les temps.
- Merci Rachel, c’est un plaisir également pour nous de collaborer officiellement, répondit Kal au nom du groupe. Les récents événements nous y ont évidemment incités, mais c’est aussi une volonté collective de notre part de lutter contre Blackspace avec qui nous avons quelques comptes à régler.
- Oui, je ne m’arrêterais que lorsque cette organisation sera totalement détruite, compléta Krouk.
Vega dit que pour sa part, elle souhaitait lutter contre Blackspace car elle avait perdu foi en eux depuis qu'elle les avait servis comme sniper sur Kwalasha. Elle avait alors été mêlée à une épuration ethnique, dont elle se sentait toujours coupable. Elle avait fini de perdre toute confiance dans l'Empire en général quand elle avait appris que la seconde étoile de la mort prévoyait de détruire d'autres planètes, dont Chandrilla, sa propre planète natale. Ce jour-là, Vega avait un peu compris ce que les habitants d'Alderaan avaient pu ressentir.
- Bien, l’ambition et la volonté sont deux choses critiques dans la vie d’agents opérationnels, sourit Rachel. Mais venons-en aux faits, voici votre première affectation – la planète Eriadu. Vous connaissez ?
- Rapidement, répondit Vega. Ce n'est pas très loin d’ici, une planète et même un système très industriels, essentiellement orientés sur la fabrication et le commerce de ses produits.
- Exactement. La planète Eriadu est gouverné par la Quintad, une association de 5 familles historiques qui président au destin de la planète depuis plusieurs siècles. Traditionnellement, la planète Eriadu a toujours été alignée sur le système au pouvoir : l’ancienne République, l’Empire, et maintenant nous… Un contact sur place, un certain Mark Snopps, semblait inquiet d’un revirement potentiel. Je vous laisserai en juger par vous-même, mais c’est un des membres assez jeune d’une des 5 familles dirigeantes, et je ne suis pas certaine de sa fiabilité.
- Tu souhaites donc qu’on aille enquêter sur un possible revirement de loyauté de cette Quintad ? demanda Fel.
- Oui, je pense que le risque est faible, mais si la Fraternité Noire a des opérations à cet endroit de la galaxie, alors nous faisons face à une menace plus importante que nous ne l’imaginions… Je vous laisse décider de vos couvertures, nous avons quelques sociétés écran et autres contacts pour les garantir. Faites-moi parvenir vos demandes et je vous dirai ce qu’il est possible de faire pour cette première opération.
Tout le monde acquiesça puis Rachel prit congé de l’équipe. Le dossier était assez léger, et la mission n’avait pas l’air bien complexe.
- Elle nous a dégoté une affectation pas trop dure pour commencer, souligna Dam.
- Oui, c’est compréhensible, je pense que sa hiérarchie veut nous tester sur le terrain pour voir ce qu’on donne, ajouta Krouk.
- Bon, retournons au vaisseau pour étudier ça en détail. C3, ici Kal, tu t’es occupé de l’aménagement du vaisseau ? On peut dormir dedans ce soir ?
- Oui Kal, tout est prêt, je suis en train de finir le lit de Fel.
- Tu es une vraie fée du logis C3, dit Fel, j’espère que tu as bien positionnée mes cadres où je t’ai demandé ?
- Oui Madame c’est fait, tu peux aller te faire foutre vérifier par toi-même.
La lecture du dossier ne prit pas plus de quelques minutes, les informations étant particulièrement maigres. Les cinq familles au pouvoir se nommaient Tarkin, Mosbree, Danthe, Valorum et Snopps. Les deux premiers nommés étaient idéologiquement plus proche de la mouvance impériale, là où les deux dernières partageaient les valeurs de l’Ancienne et la Nouvelle République. La famille Danthe ayant, quant à elle, toujours préféré la chaleur des coffres bien remplis de crédits, ils étaient politiquement neutres. Nos héros trouvèrent également des informations sur le protocole à utiliser pour contacter Mark Snopps, ainsi qu’une adresse d’hôtel recommandable proche du quartier des affaires à Eriadu City. Ils décidèrent assez vite des couvertures à adopter : Dam se ferait passer pour un ouvrier afin d’infiltrer des usines et le milieu prolétaire, souvent peu avare en ragots sur les changements politiques. Quant aux autres, ils seraient représentant d’une entreprise du noyau – DroïdTech NBA – qui viendrait acquérir du matériel de sécurité type droïd gardien. Kal serait Edgar Richmond, DG de l’entreprise, Vega serait Swin Cash, experte technique et spécialiste en droïds, Krouk serait Shaq, le garde du corps et enfin Fel serait Kylie Bryant, avocate et juriste de la société. Rachel confirma que les couvertures étaient solides. L’équipe se mit ainsi en route pour sa première mission officielle en tant qu’agents de la Nouvelle République. Cap sur Eriadu !
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La foule dense gênait Dam, qui peinait à progresser au milieu des badauds. Tout le monde jouait des coudes pour avancer dans les interminables files d’attente de sécurité qu’il fallait franchir avant d’accéder aux zones d’embarquement.
- La navette GT26-72A, en direction de Sluis Van, départ Hangar 17, partira avec un retard de… 4H20min. Cela fait suite à un incident d’exploitation sur le transport. Merci de votre compréhension.
Dam soupira. Par chance son transport n’était pas retardé, mais il doutait de sa capacité à atteindre la rampe d’accès dans les temps malgré l’avance confortable avec laquelle il était arrivé à l’astroport. Il trouvait de manière générale qu’il y avait bien peu de guichets ouverts au vu de la masse de personnes souhaitant prendre un transport aujourd’hui.
- Pardon, excusez-moi, ma navette est dans 1h, il faut que je me dépêche.
Il bouscula un grand Ithorien qui lui asséna un propos incompréhensible en représailles. Dam, trop pressé, ne fit même pas l’effort de répondre. Après plusieurs minutes il parvint enfin devant le portique de sécurité qu’il franchit sans difficultés.
- Enfin, j’ai cru ne jamais y arriver !
Dam n’était néanmoins pas encore au bout de ses peines. Il lui fallait passer la douane via des files d’attente maintenant plus ordonnées. Il répondit succinctement aux questions de l’agent, précisant seulement qu’il rejoignait Eriadu pour y travailler en tant qu’ouvrier spécialisé dans la fabrication de droïds. Il était un parmi des centaines chaque jour et il passa aisément, sans éveiller le moindre soupçon. Il atteignit finalement son transport 15 minutes avant le départ. Il s’installa sur un siège lui semblant plus inconfortable que le prix du billet pouvait laisser espérer. Le voyage serait néanmoins de courte durée, ce qui l’aida à rapidement faire abstraction de l’inconfort pour dormir quelques heures avant d’atteindre Eriadu.
Pendant ce temps, le reste de l’équipe profitait du confort et de la cave de son vaisseau, malgré la longue attente en orbite d’Eriadu.
- J’espère que le trajet se passe bien pour Dam, dit Vega.
- J’ai lu sur le Seswanna Daily que l’astroport de Sullust était le premier point d’entrée du secteur, et qu’à ce titre l’astroport était le plus fréquenté de ce cadran de la galaxie, souligna Fel
- Parfait, il ne manquera pas de compagnie comme ça, rigola Kal
- Tiens, je lis aussi que l’astroport a eu la palme du nombre de retards de tous le quadrants. Ah, et il semble qu’ils soient en grève en ce moment pour protester contre les conditions de travail.
- L’Empire avait au moins ça de bon, ajouta Krouk, les gens faisaient moins grève à l’époque. C’est vrai qu’avec une escouade de stormtroopers derrière l’épaule, les gens étaient moins volontaires…
- Allez trinquons donc à ce pauvre Dam qui a choisit la voie du prolétariat ! conclut Kal.
Au bout de quelques heures, le com bippa. Le contrôle d’Eriadu demanda l’identification du vaisseau, le nombre de personnes à bord et la raison de leur visite sur Eriadu. Quelques minutes après avoir envoyé les informations, Kal reçut l’instruction de quitter la file de vaisseaux et de se préparer à une fouille réglementaire du vaisseau.
- Bien reçu contrôle, nous nous positionnons aux coordonnées indiquées et attendons la venue de votre équipe.
Kal vit un vaisseau à l’effigie de la SPE – Sécurité Planétaire d’Eriadu – approcher des coordonnées indiquées par le Contrôle central. Il ralentit à l’approche du vaisseau de nos héros, puis engagea une manœuvre d’abordage.
- Nos invités arrivent, annonça Kal dans le haut-parleur. Tout le monde devant le sas pour les accueillir.
Le vaisseau fut secoué légèrement lorsque l’engin douanier se connecta au sas. Une fois l’indicateur de pressurisation au vert, Kal enclencha l’ouverture de la porte d’accès. Trois hommes firent leur entrée sur le vaisseau, certainement un gradé accompagné de deux sbires à qui reviendrait la noble tâche de fouiller chaque recoin de l’appareil.
- Capitaine Scholes de la SPE. Merci de nous accueillir à bord.
- Enchanté Capitaine, dit Kal, je suis Edgard Richmond, Président de la société DroïdTech NBA, ravi de vous avoir à notre bord.
- Parfait. Avec votre accord, mes hommes vont opérer une fouille de votre vaisseau.
- Je vous en prie, nous n’avons rien à cacher.
- Ils disent tous ça !
Les hommes de Scholes prirent une bonne demi-heure à inspecter le vaisseau de fond en comble, ne relevant rien d’irrégulier. Pendant ce temps, Kal et l’équipe s’entraînèrent à jouer leur rôle avec le capitaine, qui ne semblait pas déceler la réelle identité de nos héros. Bredouilles, l’officier et ses hommes repartirent dans leur vaisseau, donnant au passage à Kal les coordonnées du spatioport où il pourrait stationner. Moyennant évidemment les traditionnels droits de douane, taxes d’approche et de survol, et bien sûr, le prélèvement standard d’accès à la baie de stockage pour une durée supérieure à 7 jours ! Allégés de ces quelques crédits, ils posèrent le vaisseau à l’emplacement indiqué puis trouvèrent un hôtel respectable non loin de la cantina où ils devaient rencontrer Mark Snopps.
Le Droïd Alchimiste était une cantina branchée du quartier d’affaires d’Eriadu City. Bruyante et cosmopolite, elle accueillait beaucoup de cadres d’industries environnantes en fin de journée, qui venaient se réconforter après une longue journée de travail. Dam s’était installé au fond de la cantina, sirotant son Eriadu Express en toisant la salle. La boisson était de bonne qualité, même si elle ne valait pas à ses yeux les créations de Kayla. La serveuse en revanche ne manquait pas d’attrait, et il était heureux d’être arrivé en avance pour se rincer l’œil paisiblement l’œil en attendant le début des choses sérieuses. Alors qu’il allait recommander une nouvelle tournée, il vit Krouk entrer, suivi de près par le reste de l’équipe. Dam leur fit un signe, puis chacun s’assit et passa commande, en attendant l’arrivée de leur contact, Mark Snopps. Quelques instants plus tard, nos héros le virent arriver dans la cantina, l’air méfiant. Il était assez jeune, à peine plus de vingt ans, habillé comme un riche industriel. Il jeta un œil par-dessus son épaule comme pour rechercher un éventuel poursuivant, avant de se diriger vers la table de nos héros qui portaient le signe distinctif que Rachel leur avait donné. Mark s’assit puis commanda un Eriadu Fusion avant de dire à mi-voix :
- Eh bien, il en a fallu du temps pour envoyer quelqu’un.
- Bonjour Monsieur Snopps, enchanté de faire votre connaissance, commença Vega. Et désolé pour notre retard, mais nous n’avons été mis sur cette affaire que depuis peu.
- Oui bonjour. Bon écoutez, j’ai entendu de nombreuses rumeurs concernant un possible revirement d’Eriadu. Vous voyez ce que je veux dire ?
- Vous voulez dire qu’Eriadu mettrait ses capacités industrielles à destination des ennemis de la Nouvelle République c’est bien ça ?
- Pas n’importe quel ennemi, madame, sa nemesis, l’Empire.
- Nous avions compris, répliqua Fel. Qu’avez-vous vu et entendu à ce sujet ?
Snopps se renfrogna puis baissa encore d’un ton.
- Vous avez entendu parler du conseil de la Quintad qui s’est réuni il y a 3 semaines ?
- Non, nous venons juste d’arriver sur la planète, répondit Kal.
- Ce conseil ne se réunit que très rarement, le dernier datant de plus de 5 ans. Et fait encore plus rarissime, il est annoncé un nouveau conseil dans 3 mois. Cela ne peut arriver sans une raison exceptionnelle.
- Donc vous présumez que le prochain conseil va décider du changement d’orientation économique et politique des industries d’Eriadu afin de fabriquer du matériel à destination des impériaux c’est bien ça ? demanda Fel.
- Je ne vois pas de quoi il pourrait s’agir d’autre, répondit Snopps, surpris par la naïveté de la question.
- Il ne pourrait pas s’agir de guerres de pouvoir entre les familles ? Ou bien de grandes manœuvres économiques visant à développer de nouvelles industries ? Les réunions de ce conseil ont-elles toujours été le prélude à un changement d’orientation aussi drastique ? questionna Vega.
Snopps hésita quelque peu, en réalité il n’avait jamais vraiment imaginé d’autres options.
- Je n’ai pas épluché l’historique de toutes les décisions des précédents conseils, non. Mais vous avez bien entendu les rumeurs dans la galaxie autour du retour de l’Empire.
- Certes Monsieur Snopps, nous les avons entendues, dit Kal, mais entre les rumeurs d’un retour de l’Empire à l’échelle galactique et des commandes fermes à destination d’Eriadu, il y a quand même quelques pas.
- Vous n’avez pas vu passé des mouvements d’armes ou de personnel militaire qui indiquerait une arrivée de la Fraternité Noire sur la planète ? demanda Krouk.
- Non mais j’imagine qu’ils font ce genre de choses discrètement ?
- Et vous n’avez pas eu vent de réorganisations chez certains industriels qui adapteraient leur outil de production pour répondre à de nouvelles commandes ? renchérit Dam.
- Ecoutez, c’est votre boulot d’enquêter sur ce genre de choses, il me semble. Mais j’ai effectivement eu des échos par des amis que ça bougeait dans certaines entreprises familiales.
- Vous avez des noms ? ou a minima où en avez-vous entendu parler ?
- Je ne sais plus exactement, mais c’était dans des soirées étudiantes ou ce type d’événement informel, compléta Snopps de plus en plus fouillis.
Nos héros se regardèrent, circonspects, lorsque Snopps termina son verre puis quitta la cantina. Ils avaient appris le nom des 5 familles et leur affiliation idéologique : la famille Snopps était l’une des cinq familles de la Quintad dirigeant Eriadu. Ils étaient proches de la Nouvelle République, tout comme les Valorum, famille qui avait donné à l’Ancienne République son dernier chancelier avant Palpatine. A l’inverse, les Mosbree et les Tarkin étaient affiliés à l’Empire – qui ne connaissait pas le sinistre amiral Tarkin ? Entre les deux, les Danthe avaient toujours été neutres politiquement.
Mais nos héros n’avaient pas appris grand-chose de concret quant à la possible trahison d’Eriadu au profit de l’Empire.
- Le moins que l’on puisse dire, commença Dam, c’est qu’il n’a pas le début d’une preuve de ce qu’il affirme !
- Et j’ajouterai, enchaîna Vega, que même les sources de ses rumeurs me semblent plus que légères.
- Bon écoutez, il y a l’enchaînement à court terme de ces 2 conseils qui est suspect, ajouta Fel. Je me suis renseigné pendant la fin de la discussion et il semble qu’il n’y ait effectivement jamais eu deux conseils à moins d’1 an d’intervalle avant aujourd’hui, compléta Fel.
- Moi il ne m’inspire pas confiance, coupa Krouk. Je propose de commencer à enquêter par les industries de sa famille.
Tout le monde sourit à la franchise désormais habituelle du Trandoshan, et concédèrent que ce n’était finalement pas une mauvaise idée. Il n’avait qu’à être plus convaincant après tout, ce Snopps ! Aussitôt dit aussitôt fait, nos héros décidèrent d’envoyer Dam en éclaireur chez Accutronics, propriété des Snopps, et qui possédait la plus grosse méga usine d’assemblage de Droïds de la famille. Dam se fit passer aisément pour un ouvrier en quête de travail, et fut embauché le lendemain même pour travailler sur une chaîne de montage basique, ne nécessitant que des opérations répétitives mais très simples à réaliser. Il suffit de quelques quarts à Dam pour imaginer un plan permettant de récupérer des informations, via un accès qu’il avait repéré dans le bureau du contremaître en charge de sa ligne d’assemblage. Le soir, nos héros mirent au point le plan dans la chambre d’hôtel de Krouk :
- Les accès de la zone sont assez peu gardés. Logique, on ne fabrique ici que des droïds à faible valeur ajoutée. Au changement de shift à 13h30 heure standard, je vous ferai rentrer avec ces faux badges. Vous passerez inaperçus avec ces tenues qui sont portées par tous les ouvriers.
Dam remit un carton à Vega et Kal avec les documents et les habits en question.
- Je ferai diversion au moment de rentrer pour être sûr que les gardes ne vous aperçoivent pas. Ensuite, vous n’aurez plus qu’à vous planquer dans l’usine près du bureau du contremaître et attendre le moment opportun. Il y a un local technique inutilisé qui est ouvert et dans lequel personne n’est jamais allé depuis mon arrivée.
Vega et Kal acquiescèrent, le plan semblait facile. Krouk et Fel se positionneraient à l’extérieur en cas de problème, prêts à intervenir. Le plan se déroula sans encombre. Une fois Kal et Vega planqués dans le local technique, Dam cassa discrètement un cylindre à son poste qui entraîna un arrêt de la ligne quelques postes plus loin. Excédé, le contremaître alla dire sa manière de penser au pauvre Pedro qui ne comprit pas pourquoi c’était encore sur lui que la colère du contremaître tombait. Nos héros mirent à profit ce temps pour siphonner goulument la base de données accessible depuis le point d’accès du contremaître. Une fois le téléchargement terminé, ils retournèrent dans le local technique en attendant patiemment la cloche signifiant la fin du quart. Là ils rejoignirent Dam et tout le monde ressortit sans encombre.
L’analyse des données ne donna, en revanche, ne donna pas grand-chose. Ils notèrent tout de même une hausse surprenante du nombre de prototypes en cours de développement depuis quelques mois. Rien de complètement choquant néanmoins, mais c’était une piste à creuser. Dès lors Vega prit le parti d’observer depuis un toit éloigné le bâtiment dédié à la fabrication des prototypes, Dam ne possédant logiquement pas d’accréditation pour y entrer. Sans surprise, toutes les issues étaient cette fois-ci bien gardées. Plusieurs hommes armés devant chaque accès, une fouille minutieuse de tous les camions et des caméras de sécurité qui ne laissent que peu d’angles morts pour pouvoir passer discrètement.
- Une infiltration de ce bâtiment serait très risquée, confia Vega une fois retournée à l’hôtel. Tous les accès sont solidement gardés, et les véhicules fouillés. Il va nous falloir trouver un autre moyen, officiel, pour pénétrer là-bas.
- Peut-être pourrions-nous demander à visiter les lieux ? demanda Krouk. Après tout, nous pourrions être un acheteur intéressé par ce genre de prototypes.
- Oui, tu as raison, confirma Kal. Même si je ne pense pas qu’ils fassent visiter cette zone facilement à des acheteurs inconnus. Mais c’est certainement notre meilleure piste en l’état.
- Dans ce cas, je vous propose de demander un rendez-vous officiel à Accutronics pour parler affaires, conclut Fel.
Le rendez-vous était fixé en fin de semaine, ce qui laissa le temps à Kal et Vega de roder leur discours. Krouk et Fel, quant à eux, avaient moins besoin de préparation. Ils profitèrent de ces temps libres pour peaufiner leurs techniques de combat rapproché. Il s’agissait de ne pas être trop rouillé le jour où il faudrait reprendre les griffes et la vibrolame ! De son côté, Dam mettait ce temps à profit pour approcher un leader syndicaliste, Jean Fernandez, plus connu dans le milieu sous le doux sobriquet de Féfé le Fada. C’était le camarade général de la STO – Syndicat des Travailleurs Opprimés – qui était reconnu parmi les ouvriers comme le plus fervent défenseur du droit des travailleurs. Dam se doutait que ce genre de personnes ne manquerait pas d’avoir accès à des informations qui pourraient potentiellement servir à Dam plus tard. Et puis, il éprouvait de la sympathie pour ces gens qui n’avaient d’autres perspectives dans leur vie que de travailler 45 ans d’arrache-pied avant de vivre une retraite misérable dans des ghettos pollués, en touchant une pension de misère. Il était conscient que la galaxie ne pouvait être un lieu de parfaite égalité, où tout le monde profiterait de la vie au même niveau. Mais voir tous ces gens exploités par d’odieux industriels lui semblait, certains jours, insupportable, alors que les patrons amassaient des montagnes de crédits sur la sueur de ces malheureux travailleurs pour lesquels ils n’éprouvent que mépris, voire une totale indifférence. Daml participa ainsi à plusieurs réunions avant de demander officiellement d’adhérer au syndicat. Cela plu à Féfé de voir ce nouveau fraîchement arrivé et qui s’engageait tout de suite dans la lutte pour la cause ouvrière. L’éloquence de Dam finit d’en faire le nouveau chouchou du camarade général !
Les immenses gratte-ciels dépassaient très largement la couche de pollution qui pesait sur la ville d’Eriadu City, donnant l’impression de percer le ciel en de multiples endroits. Le QG d’Accutronics ne faisait pas exception. C’était une des plus grandes industries de la planète, et la numéro 1 en matière de fabrication de droïds de tout type : droïds d’assistance, de sécurité ou encore de services. Tant qu’il n’y a pas besoin d’organisme de chair, Accutronics peut répondre à n’importe lequel de vos souhaits ! Fel s’avança vers la réceptionniste, puis attendit patiemment que celle-ci termine sa communication.
- Bonjour, je m’appelle Kylie Bryant, représentante de la société DroïdTech NBA sur Coruscant. Nous avons rendez-vous avec Mr Smith pour présenter nos projets d’acquisition.
- Bonjour Madame. Entendu, je préviens Mr Smith que vous êtes arrivés. Vous pouvez monter au 113ème étage puis patienter dans la salle d’attente que l’assistante de Mr Smith vienne vous chercher.
- Très bien, merci beaucoup.
- Les ascenseurs sont sur votre gauche.
Fel fit signe à ses 3 compagnons de la rejoindre. Elle leur remit à chacun leur badge Visiteur puis ils se dirigèrent ensemble vers les ascenseurs extérieurs. Aux environs du 70ème étage, ils dépassèrent la couche de pollution et purent apprécier un ciel bleu chaleureux qui contrastait terriblement avec le gris déprimant des étages inférieurs. Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et nos héros furent accueillis par une jeune femme qui se présenta comme l’assistante de Mr Smith :
- Je vous prie de bien vouloir patienter ici, il ne va pas tarder.
Ils aperçurent sur la porte du bureau de Mr Smith qu’il en était le directeur commercial. Kal se dit que la couverture devait être une entreprise solide financièrement pour que le Directeur Commercial en personne décide de les recevoir en personne. Ils ne patientèrent que quelques minutes avant de voir l’assistante leur faire signe d’entrer. Le bureau était chic mais sans excès. Plusieurs œuvres d’art étaient discrètement disposées à divers endroits de la pièce, le mobilier semblait élégant et confortable, l’ensemble parfaitement fonctionnel et apaisant. Nos héros s’installèrent puis Kal entama la discussion :
- Je vous remercie Mr Smith de nous recevoir si promptement.
- Je vous en prie Mr Richmond, c’est un plaisir pour moi, et c’est bien la moindre des choses après un si long déplacement de votre part pour venir sur Eriadu.
- En effet, nous souhaitons passer plusieurs contrats avec de nouveaux partenaires et, à ce titre, nous nous sommes dit qu’une visite à Eriadu paraissait nécessaire.
- C’est avec plaisir que nous ferions affaire avec vous, Mr Richmond. Sil vous plait, quel genre de matériel pourrait vous intéresser ?
- Eh bien, nous distribuons essentiellement des droïds de sécurité à des acteurs très variés sur Coruscant. Comme vous pouvez l’imaginer, nous avons déjà de nombreux contrats pour couvrir nos demandes basiques. Nous sommes plutôt à la recherche de modèles plus avancés, pour nos clients les plus exigeants, voyez-vous.
Smith se renfonça dans son siège, esquissa le sourire de celui qui venait de comprendre qu’on allait parler de sujets plus sérieux que de vulgaires droïds de la fédération du commerce ! Il proposa un cigare et un verre d’un excellent whisky corellien vieilli à nos héros, que tous acceptèrent sauf Krouk pour tenir son rôle de garde du corps.
- Je vois, vous cherchez du matériel un peu plus avancé donc, du matériel de type militaire ?
- C’est cela oui, mais dans des quantités limitées, précisa Kal. Nous ne sommes pas des vendeurs d’armes de masse.
- Je comprends. Tenez, vous pouvez voir dans ce fascicule un certain nombre de nos modèles les plus avancés.
Vega prit le document qu’elle scruta attentivement. On parlait là d’un matériel effectivement performant mais qui restait dans le domaine du classique. Elle murmura à l’oreille de Kal qu’il ne s’agissait certainement pas de modèles avant-gardistes. Kal reprit :
- Mon experte technique me souffle que ce sont des modèles de haut niveau. Mais nous aimerions savoir si vous disposez de modèles plus disruptifs, avec des technologies moins répandues sur le marché.
- Je vois, vous cherchez à vous différencier de la concurrence ? Nous avons un service particulier qui permet à nos meilleurs de clients de créer leur propre modèle de droïds. Néanmoins il faut acheter pour un certain volume afin d’en bénéficier.
- Je comprends, et ce n’est honnêtement pas notre intention. Nous pensions plutôt profiter de vos recherches récentes pour acquérir des modèles novateurs, potentiellement non encore sur le marché, quitte à y mettre le prix.
Smith réfléchit quelques instants aux propos de Kal puis ajouta :
- Mr Richmond, je vous propose de vous revoir d’ici quelques jours avec une proposition, qui, je l’espère, vous satisfera.
- Très bien Mr Smith, nous attendons donc de vos nouvelles.
- Mon assistante reprendra contact avec vous rapidement.
Nos héros repartirent, confiants de ne pas avoir trahi leur couverture, même s’il allait maintenant falloir passer les vérifications plus précises que ne manqueraient pas de lancer les juristes d’Accutronics.
Dam, de son côté, continuait son travail avec sérieux à l’usine. Il saisissait chaque opportunité de discuter avec Féfé dans l’espoir de pouvoir glaner des informations via les syndicats d’ouvriers. Un soir, alors qu’il participait à une réunion syndicale classique, Féfé le prit à part pour lui demander de venir avec lui à une rencontre plus sérieuse, avec des représentants d’autres industries. Surpris de cette demande, alors qu’il ne participait que depuis quelques jours aux réunions syndicales, Dam accepta. Le lendemain soir, il se rendit à l’adresse laissé par Féfé sur un papier. C’était une petite cantina ouvrière qui ne payait pas de mine. Le barman, qui semblait aussi aimable qu’un Rancor mal luné, lui demanda ce qu’il venait faire ici. Dam avoua immédiatement qu’il était ici à la demande du Fada, ce qui dérida légèrement le barman. Il lui indiqua une porte vers l’arrière :
- Tu suis le chemin derrière cette porte et tu arriveras jusqu’à lui.
Dam s’engouffra dans l’étroit passage, puis descendit une volée de marches irrégulières qui le mena sur un chemin en terre, faiblement éclairé par de vieilles ampoules qui grésillaient sur son passage. Après quelques minutes à déambuler dans les souterrains d’Eriadu, il entrevit une lumière, passant subtilement sous une porte fermée. Il s’approcha en silence et entendit plusieurs voix derrière la porte. Inquiet, il déglutit avant de frapper à la porte.
- C’est celui dont je vous ai parlé camarades, un nouvel ouvrier arrivé récemment chez nous.
La porte s’ouvrit sur Dam, qui fit un signe timide aux quatre moustachus attablés devant lui.
- Entre mon ami, je te présente mes camarades du STO qui travaillent dans les autres méga usines d’Eriadu City.
- Enchanté Messieurs, c’est un plaisir de vous rencontrer.
L’ambiance était pesante. La faible lumière, conjuguée à l’extrême sobriété du mobilier de la pièce, donnait à cette réunion secrète des airs de conseil de la résistance ! Dam s’installa sur la chaise libre, puis écouta Féfé et ses homologues discuter des actualités récentes et des mesures à prendre :
- Nous allons mettre en grève les ouvriers du secteur de l’énergie la semaine prochaine, dit un gros moustachu à gauche de Dam. J’ai l’assurance que 50% des ouvriers devraient suivre le mouvement, ce qui suffira à arrêter l’usine le temps de mener les négociations avec le Valorum.
- Quant à moi, je vais remobiliser les troupes en vue d’un mouvement d’ampleur pour interrompre la fabrication de la nouvelle série de chasseurs pour la Nouvelle République. Cela devrait nous aider à obtenir de meilleures conditions pour les départs en retraite.
- Bien, je vois que vous êtes toujours aussi impliqué camarades, conclut Féfé. Mais il nous faut maintenant parler de Darek.
Tous baissèrent la tête à l’annonce de ce nom, qui semblait annonciateur d’un sujet difficile.
- Qui est Darek ? demanda Dam pas malheureux de pouvoir enfin en placer une.
- C’est un camarade ouvrier qui a été injustement jugé et jeté en prison par la famille Mosbree, expliqua Féfé.
- Et Féfé voudrait le faire sortir mais ses visites sont surveillées, et c’est compliqué d’organiser une évasion si on ne peut pas communiquer avec lui.
- Et vous voudriez que je sois le messager ?
Féfé parut gêné mais Dam sentit que le sujet lui tenait à cœur.
- Écoutez, je vous fais confiance, reprit Dam. Si vous me dites que son emprisonnement est injustifié, je veux bien vous aider.
Dam vit le soulagement sur le visage de Féfé.
- Merci, je savais que tu étais un vrai camarade, je l’ai senti. On en reparlera rapidement. Là, il est l’heure de nous séparer, nous ne pouvons pas prendre le risque de rester trop longtemps ensemble au même endroit.
Dam repartit rapidement, soulagé tout de même de quitter cette ambiance de conspirateurs. Il ne savait pas vraiment dans quoi il s’était embarqué mais il sentait qu’il lui fallait aider Féfé. Et puis c’était un moyen de déplacer l’enquête vers les Mosbree, une des deux familles idéologiquement proches des idées impériales. Dam eut du mal à s’endormir, tiraillé entre son travail d’agent de la Nouvelle République et ce rôle d’ouvrier syndicaliste qui lui tenait à cœur !
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