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Mon topic récit 3 (partie 16)
#1
29/06

Alors que le soleil se levait à peine au dessus du nuage de gob qui recouvrait une bonne partie de la ville, les premiers embouteillages ralentissaient déjà les livreurs, les taxis et le reste de la faune matinale de la ville. Les bulletins d'information du matin reprenaient en boucle le message du président Ross et chaque network y allait de son émission de débat avec son quota d'expert, d'homme politique et d'appel d'auditeur rivalisant d'ignorance ou de démagogie. Au quatre coin de la ville les COPS entamaient la journée, chacun à leur rythme. William Costigan à moitié endormi s'évertuait à préparer le petit déjeuner pour Maria avant qu'elle ne s'éveille. Charlie Swagger appréciait depuis le lit la lumière rasante jouer sur les formes de sa compagne qui s'habillait. Jet Allen dormait encore, son colt et une bouteille de Jack Daniel's à moitié vide sur la table de nuit. Jen Yu au volant de sa voiture électrique roulait en direction de l'hôpital St Vincent pour se rendre au chevet de son amie. Enfin Shimazu Kogoro Columbo se réveillait dans sa chambre au LAC-USC et sonnait l'infirmière pour demander à ce qu'on lui apporte ses affaires sur le champ.

La Japonaise ne consentit d'ailleurs à garder le lit que sous la menace d'une piqure de sédatif proférée par un interne excédé. Mais même lui ne put rien faire pour la retenir lorsque plus tard dans la matinée Charlie passa pour lui dire que leur suspect était dans le même hôpital qu'elle et qu'il venait de reprendre connaissance après une intervention chirurgicale qui lui avait sauvé la vie. Les deux détectives se présentèrent aux agents de la Metro en faction devant la chambre et, après une dernière vérification de l'état du patient par un médecin, purent rentrer pour l'interroger. La tache se révéla vite laborieuse, l'homme s'exprimait difficilement et menaçait régulièrement de sombrer dans l'inconscience. Tout ce que purent obtenir les policiers était qu'il prétendait s'appeler Léon Toper, et qu'il se vengeait des personnes qui lui avaient fait du mal. Ces déclarations ne faisaient que renforcer le mystère qui entourait le suspect et laissèrent les agents dubitatifs à la sortie de la chambre.
- Sa façon de répondre m'a paru louche.
- Ben il était encore dans le brouillard de l'anesthésie.
- Hmm non pas seulement, il faudra que je repasse pour lui faire le test des associations de mots.
Charlie soupira discrètement, les lubies psychologiques de Kogoro Columbo étaient célèbres.
- La scientifique travaille à l'identification ADN mais tu sais ce que c'est, ils sont toujours débordés. Dit-il pour changer de sujet.
- Il faudra que la patronne leur dise que c'est prioritaire.
- Ah et ils étudient le téléphone qu'on a trouvé sur lui également. Apparemment il a reçu des messages.
- Intéressant...

Pendant la matinée, à l'hôpital St Vincent Anita avait ouvert les yeux pour la première fois depuis son attaque. Jen lui avait expliqué la situation, faisant de son mieux pour la rassurer. Peu après midi elle la laissa se reposer et partit prendre son service quelques blocs plus loin. Après la lecture des rapports de la veille et des notes de services de la matinée, elle distribua les affectations au cours du briefing de 15h00.
- Reito, Acheki, bon boulot pour l'arrestation du peacemaker, vous continuez l'enquête pour savoir qui il était, pourquoi il a fait ça et s'il a agit seul. Vous continuez également l'enquête de DNA et Terminator sur l'approvisionnement en arme du Djihad Noir. Apparemment le journaliste que vous avez vu hier n'est pas passé à son bureau depuis. Ce n'est pas normal d'après sa secrétaire, retrouvez-le.
- Pour l'affaire du peacemaker il faudrait que la scientifique accélère les analyses. Indiqua Shimazu.
- Je vais voir ce que je peux faire. Black Dog et Alecto, vous vous mettez sur la brèche du Djihad Noir également. Faites le tour des indics et ramenez-nous de quoi leur mettre la main dessus.
- Ok, je pense que je connais un type qui pourra nous aider.
- Bien, allez-y c'est notre priorité pour le moment. Gardez quand même un oeil sur Watts et si vous apprenez quelque chose sur Dibala, contactez moi tout de suite.

Tous les agents se mirent en action provoquant pendant un moment un brouhaha qui s'estompa au fur et à mesure des départs. Jen retourna dans son bureau pour s'accorder un moment de réflexion.
Elle avait tellement de sujet d'inquiétude qu'elle devait prendre soin de les organiser pour ne pas se laisser déborder. Elle décida de consacré l'heure suivante à son sujet de recherche le plus personnel, le projet Darwin. Elle lança depuis son poste des recherches sur les réseaux publiques au sujet de deux personnes qui apparaissaient dans le dossier : le professeur Alaheim et le sénateur Hoakwood.
Sur le sénateur la chasse n'apporta rien qui ne put l'aider. L'homme était décédé, il avait mené une carrière politique longue et bien remplie, fréquentant pendant des décennies les couloirs du congrès. Elle vit dans les archives des journaux de l'époque qu'à cette période il était bien à la tête de la commission pour le programme IVV du département de la santé.
La piste du professeur Alaheim s'avéra plus complexe à retrouver mais plus riche également. En passant par des voies détournées et des moteurs de recherche à la limite de la clandestinité elle finit par obtenir des résultats sur ce nom. Elle trouva un vieux texte anonyme de la fin des années 90 sur un forum d'un obscur site de conspirationnistes, le genre de personne qui élevait la paranoïa au rang de doctrine. Quelqu'un s'enthousiasmait pour les travaux du professeur Josh Alaheim qu'il qualifiait de génie et perdu au milieu du bruit de fond des autres discussions du site, un intervenant lui répondait d'un simple commentaire lapidaire affirmant qu'il était un héritier de l'expérience Lietchfield. La conversation s'arrêtait là sur ce site mais après de longues recherches Jen mit la main sur un article concernant cette expérience. L'auteur s'y plaisait à utiliser des sous-entendus comme s'il s'adressait à des lecteurs déjà dans la confidence, ou plus probablement pour masquer son absence complète de preuve ou de source. Jen put comprendre cependant entre les lignes que l'expérience Lietchfield avait été menée pour le compte des services secrets américain par le scientifique éponyme au début des années 70 alors que la guerre du Vietnam battait son plein. L'auteur affirmait que le but de l'expérience était d'étudier les possibilités de clonage à des fins militaires et que le professeur était parvenu à réaliser l'opération sur lui-même. Jen hésitait à croire la suite de l'article car cela impliquait que ce scientifique aurait eu une génération d'avance sur ses collègues qui ne parvinrent à ce résultat que 20 ans plus tard sur des animaux. L'auteur ajoutait cependant des détails sur la méthode, dans un semblant de mécanisme de reproduction, Lietchfield aurait forcé l'appariement de deux noyaux de ses propres cellules souches, engendrant de fait une descendance tétraploïde. Dans les dernières lignes l'auteur glissait presque comme une menace que la plupart des sujets issus de cette expérience étaient mort-nés mais que certains auraient bel et bien survécus, affligés de terribles troubles psychologiques.

De leur côté Shimazu et Charlie décidèrent de creuser la piste de Léon Toper pour comprendre qui était le peacemaker. Une des affirmations du suspect les avait interpellé il disait avoir agit par vengeance, il leur fallait donc découvrir la nature du lien entre ce Toper et l'ensemble des victimes.
La recherche informatique n'ayant rien donné, les deux détectives se résolurent à aller consulter les archives papiers du Palais de Justice. Lors de l'indépendance de nombreuses bases de données avaient été perdues et des pans entiers de l'histoire judiciaire de l'état de Californie se trouvaient dans des cartons. Heureusement pour eux ils avaient déjà une idée de départ, l'affaire Clearwater qui était liée par les signes cabalistiques et par les photos trouvées dans l'appartement de la 3ème victime semblait un bon point de départ. Après avoir trouvé leur chemin dans les rayonnages de boites qui s'élevaient jusqu'au plafond, ils découvrirent dans le dossier judiciaire de cette affaire que Léon Toper était le nom de la victime du meurtre qui avait déclenché la descente du FBI. Et plus intéressant encore, parmi les témoins qui avaient été entendus à l'époque se trouvaient les noms de toutes les victimes du peacemaker. D'après les compte-rendus d'audition, tous travaillaient à l'institut à l'époque des faits, comme médecins ou personnels administratif.
- L'histoire de vengeance serait cohérente... Commença Shimazu.
- Si Léon Toper n'était pas mort et enterré. Conclut Charlie pour elle.
Le doute n'était en effet pas permis, deux rapports d'autopsie complets et inattaquables confirmaient que la victime était bien Léon Toper et qu'il était aussi mort que l'on puisse l'être.
Après avoir scanné les documents et rangé la boite à sa place, les deux policiers se dirigèrent vers la sortie. Par réflexe, ou trouble obsessionnel, Shimazu demanda au vieil homme qui complétait sa maigre retraite en travaillant à l'accueil des archives si quelqu'un avait consulté ce dossier récemment. L'homme consulta ses papiers.
- Oui...oui j'ai quelque chose, allée 16 - rangée 9 - étagère 12, dossier Clearwater... un certain M. White a demandé l'accès à ce dossier, il y a environ un an et demi.
Charlie et Shimazu échangèrent un regard, M. White... autant dire monsieur personne.
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#2
Alors la.
bravo
Je kiffe.
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#3
Pendant les recherches feutrées des deux détectives, le tandem Black Dog Alecto avait dû négocier une intervention bien différente. Sur l'highway qui les conduisait à Compton pour interroger un de leur indic, ils avaient pris en charge un 10-18 sur une tentative d'attentat en cours à la station de métro San Pedro non loin de leur position. Depuis l'instauration de la zone de la quarantaine et l'apparition du groupe Djihad Noir dans les médias, les tensions communautaires étaient montées en flèche dans la ville. Il n'était pas rare de voir des boutiques tenues par des personnes d'origine moyen-orientale saccagées par des groupes de jeune. Dans tous les quartiers pauvres les commissariats croulaient sous les plaintes pour des agressions racistes envers des musulmans. Comme la police de ces quartiers ne pouvait mettre fin à ces violences faute de moyen, une part de plus en plus importante de cette communauté soutenait ou au moins cautionnait les actes de terrorisme revendiqués ou même attribués au Djihad Noir. A San Pedro c'était une jeune femme qui avait prétendu porter des explosifs et menacé de se faire exploser avec le reste des voyageurs d'un wagon immobilisé. Les deux COPS avait pris le commandement des opérations et tenté de calmer le jeu en attendant le négociateur mais il était arrivé trop tard. La jeune femme s'était montré trop agitée, trop dangereuse, et alors qu'elle avait menacé de mettre à exécution sa menace d'un mouvement brusque, Jet avait donné l'ordre aux snipers de l'abattre. Il était ensuite parti sans attendre les rapports de situation. Il savait que dans ce genre de cas, la réalité de la menace n'est qu'un paramètre imprévisible et donc inutile pour la prise de décision.

Enfin arrivés à Compton, les deux policiers finirent par repérer leur informateur et lui firent signe de monter à l'arrière de leur voiture banalisée. L'homme s'appelait Ray Rico et aimait se surnommer le Chacal, ils l'avaient croisé dans une enquête quelques mois plus tôt, c'était un petit recéleur qui trempait dans tout ce qui pouvait se voler, mais généralement assez discrètement pour ne pas attirer l'attention des autres sections du LAPD. Jet se retourna pendant que William roulait vers un coin tranquille.
- Bon, on est pressé alors on va pas jouer au petit jeu habituel des questions pour faire monter les enchères, on cherche des infos sur les terroristes de Watts.
Jet plia un billet de 100 dans la poche de l'indic.
- Les Arabes ?
- Ouais, ces types paradent avec des tas d'armes et pas des ingram de merde comme les premiers connard de gang venus alors on veut savoir qui les fournit.
- Je sais pas d'où viennent leurs armes mais j'ai une info qui vaut bien ton billet. La rumeur veut que les russes s'apprêteraient à leur vendre du yellow cake.
Il y eut un silence dans la voiture, l'information dépassait tout ce que Jet et William avait imaginé.
- Tu es sûr de ça ?!
- Bah putain c'est le bruit qui court, ça fout la frousse à tout le monde ici !
- Et qui chez les russes ? Tu as un nom ?
- Ben tu sais ce que c'est, des rumeurs seulement, j'ai entendu un type dire qu'il avait vu les Arabes discuter avec un type qui bosse pour Viktor Valamenko, un caïd des Baba Yagas. Mais j'en sais pas plus, j't'assure, tu peux me croire je te le dirais, personne a envie de cette merde ici.
- Ok, très bien, je veux que tu gardes les yeux et les oreilles ouvertes, et que tu m'appelles si tu entends la moindre info sur le sujet, et passe le mot dans le milieu, on prend les infos d'où qu'elles viennent et on sera pas regardant sur le livreur. Comprendo ?
- Si.
La voiture s'arrêta pour laisser descendre l'homme puis repartit en trombe vers le central. Jet se chargeant de communiquer l'information brulante à Skripnik.

Arrivés à destination après avoir subi les bouchons de la soirée aux abords de Downtown, ils se hâtèrent vers les ascenseurs et filèrent droit dans le bureau du capitaine. Ils croisèrent dans le couloir un groupe de militaire qui en sortait. Il accueillit les deux agents le visage plus fermé encore qu'à l'habitude.
- Vous avez fait du bon boulot détectives.
- Capitaine vous avez appelé les militaires ? demanda William surpris.
- Non, ce sont eux qui nous ont contacté, ils avaient des rapports inquiétants de leurs agents de renseignement dans la zone de quarantaine et voulaient partager l'information.
- Pour une fois...
- Oui et vous avez confirmé ces craintes. Maintenant on est sur le pied de guerre, Lane est au courant, Firmani également. J'ai transmis à tous les lieutenants leurs nouvelles consignes.
- Nous on va chercher ce qu'on a sur ce Valamenko, annonça Jet.
- Bien, commencez par les bases de données de l'ORGDIV, c'est leur champ d'action. Je vous laisse nous avons notre première réunion de crise à la mairie.
Les deux détectives saluèrent rapidement et montèrent à l'étage des COPS où régnait une intense agitation.

Aussitôt installé dans la voiture Shimazu avait lancé une recherche informatique sur Shil, le seul nom impliqué dans l'affaire Clearwater à l'époque et qui avait échappé à la vengeance du faux Léon Toper. En attendant les résultats de la demande, Charlie et elle décidèrent de s'occuper de la deuxième enquête que leur avait confiée le lieutenant, retrouver le journaliste Cubler. N'ayant trouvé personne à son appartement les deux détectives se rendirent à la rédaction de son journal. Les deux termes semblaient exagérés pour qualifier la production famélique de ce qui n'était guère plus qu'une boutique dont la devanture, couverte de une criant leurs gros titres, donnait directement sur une rue mal famée de South Central. Là encore la secrétaire et les quelques employés confirmèrent qu'ils n'avaient pas vu le journaliste depuis la veille et qu'il était injoignable. Pendant que Shimazu posait les questions d'usage sur le disparu, ses amis (rares), ses ennemis (innombrables) et ses relations intimes (inexistantes), Charlie nota dans la rue en face une voiture qui s'approchait nettement plus vite que la législation ne l'y autorisait. Quand il ne la vit pas amorcer son virage il comprit immédiatement ce qui allait se passer.
- Attention, écartez-vous ! cria-t-il en entrainant sa collègue.
L'instant d'après la voiture traversait la vitrine dans un fracas et alla s'écraser sur le mur.

Charlie se releva en poussant l'armoire qui lui était tombé dessus dans le choc.
- Tout le monde va bien ?
- Oui, je vais voir dehors, répondit Shimazu en se relevant, aussi lapidaire qu'à son habitude.
- Oui, je crois que ça va... fit la secrétaire.
Quelques grognements dans le fond de la pièce semblaient indiquer que le reste des occupants de la rédaction avait échappé au pire.
Dehors Shimazu vit une bagarre éclater dans la rue dont venait la voiture. Elle ne savait pas si les incidents étaient liés mais trois hommes s'en prenaient violemment à un personne d'origine arabe. Elle se précipita pour mettre fin au lynchage mais oublia en chemin le code de procédure du LAPD. Elle leur intima l'ordre d'arrêter mais en omettant sa qualité d'officier de police, les trois hommes furieux d'être interrompus dans leur petite fête se retournèrent naturellement vers elle. Là elle oublia une seconde fois le code de procédure, elle tenta d'engager le combat à mains nues avec les brutes. Shimazu pratiquait un karate d'un bon niveau mais face à trois adversaires et gênée par son kimono elle dut rapidement battre en retraite, une main sur le foie et l'autre essuyant le sang qui coulait de sa lèvre fendue. Les trois hommes souriaient maintenant, passer à tabac un arabe était une perspective réjouissante mais la belle asiatique qui venait jouer les héroïnes recelait des promesses bien plus alléchantes. Comprenant ce qui l'attendait si elle ne réagissait pas, elle se décida enfin à sortir son arme et crier la sommation d'usage :
- COPS ! Ne bougez plus !
Les hommes s'immobilisèrent immédiatement.
- Pardon madame, on savait pas que vous étiez fl.. policier, le type là il était louche et...
- Bon ça suffit, tirez-vous, fit-elle en oubliant pour la troisième fois le code de procédure.
Les trois se regardèrent, hésitants, craignant un piège. Enfin le premier se retourna et parti en courant, bientôt suivi de ses deux camarades qui n'en revenaient toujours pas.
Charlie sortait de la rédaction sinistrée à ce moment, il vit sa collègue à côté d'un homme à terre et plus loin trois silhouettes qui s'enfuyaient à toutes jambes. Il se hâta de rejoindre la scène.
- Ca va Akechi ?
- Oui ça ira.
Il voyait l'homme à terre et Shimazu blessée, les trois silhouettes avaient disparu à un carrefour. A ce moment il aurait dû demander « Que s'est-il passé ? » mais son instinct de préservation sonna à tout rompre dans sa tête. S'il lui demandait cela il apprendrait la vérité et logiquement, il en était certain, il aurait à mentir au SAD pour couvrir ce qui ne pouvait qu'être énorme bévue de sa collègue. Il préféra sagement se contenter d'appeler une ambulance et rester dans l'ignorance des bienheureux.
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#4
Haha, oui, avec Akechi, le bonheur c'est l'ignorancebiggrin

3 fautes de procédure en quelques minutespasmal
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#5

Rentrés au Central ils apprirent la découverte de leurs collègues et oublièrent vite cet incident. Les trois lieutenant des groupes présents à cette heure réunirent leurs équipes. C'est Hawkins qui pris la parole pour donner les grandes lignes des jours à venir. Presser les indics, battre le pavé, et surtout, ne rien dire à la presse. Pour ne pas faire naitre de rumeur et pour continuer à assurer le service, la moitié de chaque groupe continuerait les enquêtes prioritaires en cours. Jen prit la parole pour répartir les rôles au sein de son groupe. Charlie et Shimazu continuaient sur la piste du peacemaker car l'affaire avait un grand retentissement dans les médias. Jet et William faisaient eux naturellement parti de l'équipe dévolue à cette nouvelle affaire. Il était déjà tard quand la réunion se termina et la relève commençait à arriver. Ceux qui avaient été de service l'après midi leur laissèrent la place de bonne grâce et quittèrent le bâtiment en ordre dispersé, certains rentraient chez eux voir leur famille déjà couchée, d'autres s'arrêtaient dans des bars crasseux ou bien allaient oublier leur anxiété dans les boites d'Hollywood. Cependant deux d'entre eux avaient ce soir des rendez-vous plus professionnels.

Le coupé à la ligne racée avançait au pas sur la route qui longeait la plage de Santa Monica. Charlie aimait l'endroit pour sa vue magnifique sur l'océan et parce qu'il pouvait passer inaperçu tant les voitures de luxe était la norme dans ce quartier. Il était un peu en avance sur l'horaire fixé. Il s'arrêta et coupa le moteur ne laissant plus que le son de la radio qui jouait un vieux rock parlant de compassion pour le Diable. A 23h30 précises une berline noire silencieuse fit son apparition au carrefour devant lui et tourna dans sa direction. Elle ralentit puis s'immobilisa à sa hauteur. La vitre teintée descendit dans un murmure mécanique. La jolie jeune femme au volant se tourna vers lui et lui tendit une enveloppe kraft.
- C'est un dossier brulant Charlie, fais bien attention.
- Comment le bureau prend l'affaire ?
- C'est l'effervescence, je n'arrive pas à y voir clair. C'est pour ça que tu dois faire gaffe, je ne suis pas sûr que tout le monde tire dans le même sens.
- C'est noté, de toute façon je vous laisse en dehors de ça, le lieutenant me fait assez confiance pour ne pas chercher à savoir d'où vient l'info.
- Très bien. Je te laisse je suis encore de service cette nuit.
- Tu vas me manquer.
- Sale baratineur.
Ils échangèrent un sourire de connivence puis la vitre de la berline remonta et le véhicule reprit sa route dans un bruissement feutré. Charlie resta un moment perdu dans ses pensées puis baissa la tête vers les papiers qu'il avait extrait de l'enveloppe. Des photos, des papiers marqués confidentiels, et partout le tampon de la CISA.

Jen n'eut pas à aller jusqu'à la côte pour rejoindre son rendez-vous nocturne, Patricia Rimbauldt avait réservée une table au Mélisse un restaurant chic de downtown qui se trouvait à seulement quelques blocs du Central. La conseillère en communication de la mairie lui avait indiqué au téléphone que la maire souhaitait lui parler sans donner plus de détails. Jen avait accepté du bout des lèvres, elle gardait une rancune pour la mort de son agent et se promit de bien le faire sentir à Lane pendant le diner. L'endroit méritait sa réputation, dehors un voiturier s'avança pour offrir ses services et à l'intérieur un maître d'hôtel en livrée l'accompagna à la table isolée où se trouvaient déjà, outre la maire et Mlle Rimbauldt, un autre conseiller de la mairie que Jen avait vu dans les campagnes électorales des Compagnons. Tous se levèrent poliment pour saluer la dernière arrivée.
- Bonsoir, j'espère que je ne vous ai pas fait trop attendre.
- Non nous venons d'arriver, répondit Lane. Permettez-moi de vous présenter Mlle Rimbauldt que vous connaissez déjà et M. Patterson notre responsable à la politique sociale, qui s'occupe également des associations de quartier.
- Enchantée, fit Jen en se demandant ce que ce M. Patterson pouvait bien faire ici.
Tous s'installèrent et un serveur vint prendre les commandes. Une fois celui-ci reparti, Lane se tourna vers Jen et pendant un instant le lieutenant fut subjugué par la force qui émanait de son regard. Elle l'avait déjà rencontré régulièrement bien sûr mais jamais dans un cadre informel, presque en tête à tête comme ce soir. Et malgré ses réticences et ses interrogations à son sujet, Jen ne pouvait s'empêcher de respecter la carrière de cette femme qui s'imposait presque seule dans un univers politique encore marqué par la misogynie. Lane rompit le silence qui menaçait de s'installer :
- Tout d'abord laissez-moi vous exprimer une nouvelle fois toute ma tristesse pour la mort de votre homme lors de la visite de la clinique à Watts. La mort d'un policier en service est toujours un drame qui nous confronte à notre place dans la société et à ce que nous sommes prêts à sacrifier pour elle. Je comprends tout à fait que vous jugiez cette opération inconsidérée, c'est là votre rôle de policier et je sais qu'il vous tient particulièrement à coeur, je vous demande juste de croire qu'elle ne l'était pas de mon point du vue.
- Je... j'imagine que vous aviez vos raisons, répondit Jen qui sentait se déployer toute l'efficacité de la rhétorique politicienne pour émousser la colère.
- J'ai appris également qu'une autre membre de COPS, Mlle Garcia a été grièvement blessée ce jour là, j'espère qu'elle s'en remettra rapidement.
- Nous l'espérons tous, fit-elle en se demandant si la maire connaissait leur relation.
- Comme vous le savez j'ai énormément de respect pour le LAPD et pour le COPS en particulier. Je crois que cette unité est une chance pour la ville et un modèle à suivre pour les autres municipalités. Et c'est précisément parce que j'ai confiance dans le COPS, et en votre sens de la justice en particulier Lieutenant, que je viens faire appel à vous ce soir, fit Lane en la fixant droit dans les yeux.
Jen avait beau voir s'activer les rouages du discours, elle n'avait aucun moyen de s'opposer au tour que prenait la conversation sans être ridiculement grossière.
- Merci de votre confiance, mais je ne vois pas bien ce que...
- Prendre les militaires de vitesse, voilà ce que j'attends de vous.
Jen sourit, c'était une corde sensible tant elle ne portait pas Trump et ses hommes dans son coeur.
- Je vous écoute.
- Bien, j'ai appris que l'homme que vous soupçonnez d'être le peacemaker se faisait appeler Léon Toper.
- Les nouvelles vont vites.
- Je vais vous faire gagner un temps précieux lieutenant, avant de faire des recherches et demander des mandats, jetez un oeil sur ce papier.
Patterson lui tendit une feuille qu'il venait de sortir de sa sacoche et prit la parole :
- C'est un formulaire de demande d'aide à une des associations de quartier que nous supervisons. Celle-ci se trouve dans le quartier de Watts et sert à fournir un toit temporaire à des gens qui sont à la rue. Mais regardez le nom de bénéficiaire, il vous intéressera j'en suis sûr.
Jen avait écouté d'une oreille distraite l'explication, elle avait compris au premier coup d'oeil qu'elle tenait là l'adresse de Léon Toper alias peut-être Ali Ben Ouassali alias le peacemaker. Lane reprit la parole :
- Comme vous le savez, depuis hier le quartier est sous loi martiale, les militaires vont se comporter en terrain conquis et exiger d'être présents si vous passez par les canaux habituels. Alors allez là-bas vous même et trouvez ce qu'il y a à trouver.
Jen n'hésita pas longtemps, la proposition n'offrait que des avantages, faire avancer l'enquête, rendre un service à la maire et se jouer des militaires.
- Très bien, c'est d'accord, je m'en occupe personnellement dès demain.
- J'étais sûr que nous étions faites pour nous entendre lieutenant Yu, fit Lane dans un sourire.
Les affaires réglées, le repas prit un tour plus conventionnel. Les discussions culturelles s'enchainaient naturellement et Jen qui ne détestait pas à l'occasion briller en société y participait avec élégance.
Elle était donc de bonne humeur et légèrement grisée par le champagne dans sa voiture sur le chemin du retour à une heure avancée de la nuit. Elle entendit à un moment la voix du détective Swagger à la radio et elle monta le son « … oui nous avons arrêté le suspect Ali Ben Ouassali après qu'il a tenté de se soustraite à nos injonctions et qu'il... » elle en avait assez entendu et coupa la radio. Elle savait pertinemment qu'elle allait recevoir demain dès son arrivée au bureau une réprimande de la hiérarchie pour cette déclaration largement prématurée...
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#6
P'tit bout par p'tit boutredaface2
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