29/06
Alors que le soleil se levait à peine au dessus du nuage de gob qui recouvrait une bonne partie de la ville, les premiers embouteillages ralentissaient déjà les livreurs, les taxis et le reste de la faune matinale de la ville. Les bulletins d'information du matin reprenaient en boucle le message du président Ross et chaque network y allait de son émission de débat avec son quota d'expert, d'homme politique et d'appel d'auditeur rivalisant d'ignorance ou de démagogie. Au quatre coin de la ville les COPS entamaient la journée, chacun à leur rythme. William Costigan à moitié endormi s'évertuait à préparer le petit déjeuner pour Maria avant qu'elle ne s'éveille. Charlie Swagger appréciait depuis le lit la lumière rasante jouer sur les formes de sa compagne qui s'habillait. Jet Allen dormait encore, son colt et une bouteille de Jack Daniel's à moitié vide sur la table de nuit. Jen Yu au volant de sa voiture électrique roulait en direction de l'hôpital St Vincent pour se rendre au chevet de son amie. Enfin Shimazu Kogoro Columbo se réveillait dans sa chambre au LAC-USC et sonnait l'infirmière pour demander à ce qu'on lui apporte ses affaires sur le champ.
La Japonaise ne consentit d'ailleurs à garder le lit que sous la menace d'une piqure de sédatif proférée par un interne excédé. Mais même lui ne put rien faire pour la retenir lorsque plus tard dans la matinée Charlie passa pour lui dire que leur suspect était dans le même hôpital qu'elle et qu'il venait de reprendre connaissance après une intervention chirurgicale qui lui avait sauvé la vie. Les deux détectives se présentèrent aux agents de la Metro en faction devant la chambre et, après une dernière vérification de l'état du patient par un médecin, purent rentrer pour l'interroger. La tache se révéla vite laborieuse, l'homme s'exprimait difficilement et menaçait régulièrement de sombrer dans l'inconscience. Tout ce que purent obtenir les policiers était qu'il prétendait s'appeler Léon Toper, et qu'il se vengeait des personnes qui lui avaient fait du mal. Ces déclarations ne faisaient que renforcer le mystère qui entourait le suspect et laissèrent les agents dubitatifs à la sortie de la chambre.
- Sa façon de répondre m'a paru louche.
- Ben il était encore dans le brouillard de l'anesthésie.
- Hmm non pas seulement, il faudra que je repasse pour lui faire le test des associations de mots.
Charlie soupira discrètement, les lubies psychologiques de Kogoro Columbo étaient célèbres.
- La scientifique travaille à l'identification ADN mais tu sais ce que c'est, ils sont toujours débordés. Dit-il pour changer de sujet.
- Il faudra que la patronne leur dise que c'est prioritaire.
- Ah et ils étudient le téléphone qu'on a trouvé sur lui également. Apparemment il a reçu des messages.
- Intéressant...
Pendant la matinée, à l'hôpital St Vincent Anita avait ouvert les yeux pour la première fois depuis son attaque. Jen lui avait expliqué la situation, faisant de son mieux pour la rassurer. Peu après midi elle la laissa se reposer et partit prendre son service quelques blocs plus loin. Après la lecture des rapports de la veille et des notes de services de la matinée, elle distribua les affectations au cours du briefing de 15h00.
- Reito, Acheki, bon boulot pour l'arrestation du peacemaker, vous continuez l'enquête pour savoir qui il était, pourquoi il a fait ça et s'il a agit seul. Vous continuez également l'enquête de DNA et Terminator sur l'approvisionnement en arme du Djihad Noir. Apparemment le journaliste que vous avez vu hier n'est pas passé à son bureau depuis. Ce n'est pas normal d'après sa secrétaire, retrouvez-le.
- Pour l'affaire du peacemaker il faudrait que la scientifique accélère les analyses. Indiqua Shimazu.
- Je vais voir ce que je peux faire. Black Dog et Alecto, vous vous mettez sur la brèche du Djihad Noir également. Faites le tour des indics et ramenez-nous de quoi leur mettre la main dessus.
- Ok, je pense que je connais un type qui pourra nous aider.
- Bien, allez-y c'est notre priorité pour le moment. Gardez quand même un oeil sur Watts et si vous apprenez quelque chose sur Dibala, contactez moi tout de suite.
Tous les agents se mirent en action provoquant pendant un moment un brouhaha qui s'estompa au fur et à mesure des départs. Jen retourna dans son bureau pour s'accorder un moment de réflexion.
Elle avait tellement de sujet d'inquiétude qu'elle devait prendre soin de les organiser pour ne pas se laisser déborder. Elle décida de consacré l'heure suivante à son sujet de recherche le plus personnel, le projet Darwin. Elle lança depuis son poste des recherches sur les réseaux publiques au sujet de deux personnes qui apparaissaient dans le dossier : le professeur Alaheim et le sénateur Hoakwood.
Sur le sénateur la chasse n'apporta rien qui ne put l'aider. L'homme était décédé, il avait mené une carrière politique longue et bien remplie, fréquentant pendant des décennies les couloirs du congrès. Elle vit dans les archives des journaux de l'époque qu'à cette période il était bien à la tête de la commission pour le programme IVV du département de la santé.
La piste du professeur Alaheim s'avéra plus complexe à retrouver mais plus riche également. En passant par des voies détournées et des moteurs de recherche à la limite de la clandestinité elle finit par obtenir des résultats sur ce nom. Elle trouva un vieux texte anonyme de la fin des années 90 sur un forum d'un obscur site de conspirationnistes, le genre de personne qui élevait la paranoïa au rang de doctrine. Quelqu'un s'enthousiasmait pour les travaux du professeur Josh Alaheim qu'il qualifiait de génie et perdu au milieu du bruit de fond des autres discussions du site, un intervenant lui répondait d'un simple commentaire lapidaire affirmant qu'il était un héritier de l'expérience Lietchfield. La conversation s'arrêtait là sur ce site mais après de longues recherches Jen mit la main sur un article concernant cette expérience. L'auteur s'y plaisait à utiliser des sous-entendus comme s'il s'adressait à des lecteurs déjà dans la confidence, ou plus probablement pour masquer son absence complète de preuve ou de source. Jen put comprendre cependant entre les lignes que l'expérience Lietchfield avait été menée pour le compte des services secrets américain par le scientifique éponyme au début des années 70 alors que la guerre du Vietnam battait son plein. L'auteur affirmait que le but de l'expérience était d'étudier les possibilités de clonage à des fins militaires et que le professeur était parvenu à réaliser l'opération sur lui-même. Jen hésitait à croire la suite de l'article car cela impliquait que ce scientifique aurait eu une génération d'avance sur ses collègues qui ne parvinrent à ce résultat que 20 ans plus tard sur des animaux. L'auteur ajoutait cependant des détails sur la méthode, dans un semblant de mécanisme de reproduction, Lietchfield aurait forcé l'appariement de deux noyaux de ses propres cellules souches, engendrant de fait une descendance tétraploïde. Dans les dernières lignes l'auteur glissait presque comme une menace que la plupart des sujets issus de cette expérience étaient mort-nés mais que certains auraient bel et bien survécus, affligés de terribles troubles psychologiques.
De leur côté Shimazu et Charlie décidèrent de creuser la piste de Léon Toper pour comprendre qui était le peacemaker. Une des affirmations du suspect les avait interpellé il disait avoir agit par vengeance, il leur fallait donc découvrir la nature du lien entre ce Toper et l'ensemble des victimes.
La recherche informatique n'ayant rien donné, les deux détectives se résolurent à aller consulter les archives papiers du Palais de Justice. Lors de l'indépendance de nombreuses bases de données avaient été perdues et des pans entiers de l'histoire judiciaire de l'état de Californie se trouvaient dans des cartons. Heureusement pour eux ils avaient déjà une idée de départ, l'affaire Clearwater qui était liée par les signes cabalistiques et par les photos trouvées dans l'appartement de la 3ème victime semblait un bon point de départ. Après avoir trouvé leur chemin dans les rayonnages de boites qui s'élevaient jusqu'au plafond, ils découvrirent dans le dossier judiciaire de cette affaire que Léon Toper était le nom de la victime du meurtre qui avait déclenché la descente du FBI. Et plus intéressant encore, parmi les témoins qui avaient été entendus à l'époque se trouvaient les noms de toutes les victimes du peacemaker. D'après les compte-rendus d'audition, tous travaillaient à l'institut à l'époque des faits, comme médecins ou personnels administratif.
- L'histoire de vengeance serait cohérente... Commença Shimazu.
- Si Léon Toper n'était pas mort et enterré. Conclut Charlie pour elle.
Le doute n'était en effet pas permis, deux rapports d'autopsie complets et inattaquables confirmaient que la victime était bien Léon Toper et qu'il était aussi mort que l'on puisse l'être.
Après avoir scanné les documents et rangé la boite à sa place, les deux policiers se dirigèrent vers la sortie. Par réflexe, ou trouble obsessionnel, Shimazu demanda au vieil homme qui complétait sa maigre retraite en travaillant à l'accueil des archives si quelqu'un avait consulté ce dossier récemment. L'homme consulta ses papiers.
- Oui...oui j'ai quelque chose, allée 16 - rangée 9 - étagère 12, dossier Clearwater... un certain M. White a demandé l'accès à ce dossier, il y a environ un an et demi.
Charlie et Shimazu échangèrent un regard, M. White... autant dire monsieur personne.
Alors que le soleil se levait à peine au dessus du nuage de gob qui recouvrait une bonne partie de la ville, les premiers embouteillages ralentissaient déjà les livreurs, les taxis et le reste de la faune matinale de la ville. Les bulletins d'information du matin reprenaient en boucle le message du président Ross et chaque network y allait de son émission de débat avec son quota d'expert, d'homme politique et d'appel d'auditeur rivalisant d'ignorance ou de démagogie. Au quatre coin de la ville les COPS entamaient la journée, chacun à leur rythme. William Costigan à moitié endormi s'évertuait à préparer le petit déjeuner pour Maria avant qu'elle ne s'éveille. Charlie Swagger appréciait depuis le lit la lumière rasante jouer sur les formes de sa compagne qui s'habillait. Jet Allen dormait encore, son colt et une bouteille de Jack Daniel's à moitié vide sur la table de nuit. Jen Yu au volant de sa voiture électrique roulait en direction de l'hôpital St Vincent pour se rendre au chevet de son amie. Enfin Shimazu Kogoro Columbo se réveillait dans sa chambre au LAC-USC et sonnait l'infirmière pour demander à ce qu'on lui apporte ses affaires sur le champ.
La Japonaise ne consentit d'ailleurs à garder le lit que sous la menace d'une piqure de sédatif proférée par un interne excédé. Mais même lui ne put rien faire pour la retenir lorsque plus tard dans la matinée Charlie passa pour lui dire que leur suspect était dans le même hôpital qu'elle et qu'il venait de reprendre connaissance après une intervention chirurgicale qui lui avait sauvé la vie. Les deux détectives se présentèrent aux agents de la Metro en faction devant la chambre et, après une dernière vérification de l'état du patient par un médecin, purent rentrer pour l'interroger. La tache se révéla vite laborieuse, l'homme s'exprimait difficilement et menaçait régulièrement de sombrer dans l'inconscience. Tout ce que purent obtenir les policiers était qu'il prétendait s'appeler Léon Toper, et qu'il se vengeait des personnes qui lui avaient fait du mal. Ces déclarations ne faisaient que renforcer le mystère qui entourait le suspect et laissèrent les agents dubitatifs à la sortie de la chambre.
- Sa façon de répondre m'a paru louche.
- Ben il était encore dans le brouillard de l'anesthésie.
- Hmm non pas seulement, il faudra que je repasse pour lui faire le test des associations de mots.
Charlie soupira discrètement, les lubies psychologiques de Kogoro Columbo étaient célèbres.
- La scientifique travaille à l'identification ADN mais tu sais ce que c'est, ils sont toujours débordés. Dit-il pour changer de sujet.
- Il faudra que la patronne leur dise que c'est prioritaire.
- Ah et ils étudient le téléphone qu'on a trouvé sur lui également. Apparemment il a reçu des messages.
- Intéressant...
Pendant la matinée, à l'hôpital St Vincent Anita avait ouvert les yeux pour la première fois depuis son attaque. Jen lui avait expliqué la situation, faisant de son mieux pour la rassurer. Peu après midi elle la laissa se reposer et partit prendre son service quelques blocs plus loin. Après la lecture des rapports de la veille et des notes de services de la matinée, elle distribua les affectations au cours du briefing de 15h00.
- Reito, Acheki, bon boulot pour l'arrestation du peacemaker, vous continuez l'enquête pour savoir qui il était, pourquoi il a fait ça et s'il a agit seul. Vous continuez également l'enquête de DNA et Terminator sur l'approvisionnement en arme du Djihad Noir. Apparemment le journaliste que vous avez vu hier n'est pas passé à son bureau depuis. Ce n'est pas normal d'après sa secrétaire, retrouvez-le.
- Pour l'affaire du peacemaker il faudrait que la scientifique accélère les analyses. Indiqua Shimazu.
- Je vais voir ce que je peux faire. Black Dog et Alecto, vous vous mettez sur la brèche du Djihad Noir également. Faites le tour des indics et ramenez-nous de quoi leur mettre la main dessus.
- Ok, je pense que je connais un type qui pourra nous aider.
- Bien, allez-y c'est notre priorité pour le moment. Gardez quand même un oeil sur Watts et si vous apprenez quelque chose sur Dibala, contactez moi tout de suite.
Tous les agents se mirent en action provoquant pendant un moment un brouhaha qui s'estompa au fur et à mesure des départs. Jen retourna dans son bureau pour s'accorder un moment de réflexion.
Elle avait tellement de sujet d'inquiétude qu'elle devait prendre soin de les organiser pour ne pas se laisser déborder. Elle décida de consacré l'heure suivante à son sujet de recherche le plus personnel, le projet Darwin. Elle lança depuis son poste des recherches sur les réseaux publiques au sujet de deux personnes qui apparaissaient dans le dossier : le professeur Alaheim et le sénateur Hoakwood.
Sur le sénateur la chasse n'apporta rien qui ne put l'aider. L'homme était décédé, il avait mené une carrière politique longue et bien remplie, fréquentant pendant des décennies les couloirs du congrès. Elle vit dans les archives des journaux de l'époque qu'à cette période il était bien à la tête de la commission pour le programme IVV du département de la santé.
La piste du professeur Alaheim s'avéra plus complexe à retrouver mais plus riche également. En passant par des voies détournées et des moteurs de recherche à la limite de la clandestinité elle finit par obtenir des résultats sur ce nom. Elle trouva un vieux texte anonyme de la fin des années 90 sur un forum d'un obscur site de conspirationnistes, le genre de personne qui élevait la paranoïa au rang de doctrine. Quelqu'un s'enthousiasmait pour les travaux du professeur Josh Alaheim qu'il qualifiait de génie et perdu au milieu du bruit de fond des autres discussions du site, un intervenant lui répondait d'un simple commentaire lapidaire affirmant qu'il était un héritier de l'expérience Lietchfield. La conversation s'arrêtait là sur ce site mais après de longues recherches Jen mit la main sur un article concernant cette expérience. L'auteur s'y plaisait à utiliser des sous-entendus comme s'il s'adressait à des lecteurs déjà dans la confidence, ou plus probablement pour masquer son absence complète de preuve ou de source. Jen put comprendre cependant entre les lignes que l'expérience Lietchfield avait été menée pour le compte des services secrets américain par le scientifique éponyme au début des années 70 alors que la guerre du Vietnam battait son plein. L'auteur affirmait que le but de l'expérience était d'étudier les possibilités de clonage à des fins militaires et que le professeur était parvenu à réaliser l'opération sur lui-même. Jen hésitait à croire la suite de l'article car cela impliquait que ce scientifique aurait eu une génération d'avance sur ses collègues qui ne parvinrent à ce résultat que 20 ans plus tard sur des animaux. L'auteur ajoutait cependant des détails sur la méthode, dans un semblant de mécanisme de reproduction, Lietchfield aurait forcé l'appariement de deux noyaux de ses propres cellules souches, engendrant de fait une descendance tétraploïde. Dans les dernières lignes l'auteur glissait presque comme une menace que la plupart des sujets issus de cette expérience étaient mort-nés mais que certains auraient bel et bien survécus, affligés de terribles troubles psychologiques.
De leur côté Shimazu et Charlie décidèrent de creuser la piste de Léon Toper pour comprendre qui était le peacemaker. Une des affirmations du suspect les avait interpellé il disait avoir agit par vengeance, il leur fallait donc découvrir la nature du lien entre ce Toper et l'ensemble des victimes.
La recherche informatique n'ayant rien donné, les deux détectives se résolurent à aller consulter les archives papiers du Palais de Justice. Lors de l'indépendance de nombreuses bases de données avaient été perdues et des pans entiers de l'histoire judiciaire de l'état de Californie se trouvaient dans des cartons. Heureusement pour eux ils avaient déjà une idée de départ, l'affaire Clearwater qui était liée par les signes cabalistiques et par les photos trouvées dans l'appartement de la 3ème victime semblait un bon point de départ. Après avoir trouvé leur chemin dans les rayonnages de boites qui s'élevaient jusqu'au plafond, ils découvrirent dans le dossier judiciaire de cette affaire que Léon Toper était le nom de la victime du meurtre qui avait déclenché la descente du FBI. Et plus intéressant encore, parmi les témoins qui avaient été entendus à l'époque se trouvaient les noms de toutes les victimes du peacemaker. D'après les compte-rendus d'audition, tous travaillaient à l'institut à l'époque des faits, comme médecins ou personnels administratif.
- L'histoire de vengeance serait cohérente... Commença Shimazu.
- Si Léon Toper n'était pas mort et enterré. Conclut Charlie pour elle.
Le doute n'était en effet pas permis, deux rapports d'autopsie complets et inattaquables confirmaient que la victime était bien Léon Toper et qu'il était aussi mort que l'on puisse l'être.
Après avoir scanné les documents et rangé la boite à sa place, les deux policiers se dirigèrent vers la sortie. Par réflexe, ou trouble obsessionnel, Shimazu demanda au vieil homme qui complétait sa maigre retraite en travaillant à l'accueil des archives si quelqu'un avait consulté ce dossier récemment. L'homme consulta ses papiers.
- Oui...oui j'ai quelque chose, allée 16 - rangée 9 - étagère 12, dossier Clearwater... un certain M. White a demandé l'accès à ce dossier, il y a environ un an et demi.
Charlie et Shimazu échangèrent un regard, M. White... autant dire monsieur personne.