CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE
Le lendemain matin, très tôt, Mitsurugi sortait du palais. Il partit à poney dans un village au sud-est, à quelques centaines de pas des remparts de la Cité, puis, de là, partit plein sud, dans la campagne.
Il y avait un vieux bâtiment, qui avait dû être une maison de samuraï. Mais elle avait brûlé et il ne restait plus que les murs debout. Les herbes avaient envahi le jardin et grimpaient sur le parquet.
L'ancienne cour intérieure était à ciel ouvert.
Tange Sazen était assis sur le parquet, à mâchouiller un brin d'herbe. Mitsurugi descendit de cheval.
- Je n'ai pas eu le temps de faire le ménage, monsieur l'ambassadeur.
Notre héros s'inclina :
- Je suis honoré que vous ayez répondu à mon invitation, senseï.
- J'irai bientôt à la Cité, régler pour de bon mes comptes...
Le vieil estropié s'étira et se gratta dans le dos :
- Quand on n'a plus qu'un bras, il doit servir à tout !
Il se leva et mit son daisho correctement à sa ceinture. Mitsurugi ne tenait plus d'impatience :
- Senseï, il faut que vous m'appreniez votre technique secrète !...
Sazen rit de bon cœur.
- Tu fais deux erreurs, Lion-san : d'abord, si je t'apprends ma technique, elle ne sera plus secrète. Ensuite, je ne plus senseï. Je ne suis plus qu'un chien sans honneur. Un vieux chien estropié et galeux. Demande à Otomo Jukeï si tu ne me crois pas.
- Senseï, dans deux jours, je vais me battre avec un duelliste Kakita !...
- Tu n'as aucune chance, abandonne tout de suite. Je ne peux rien t'apprendre.
- ... pour une femme !
Sazen cracha son brin d'herbe :
- Si c'est pour une bonne cause, c'est différent...
- Je dois empêcher ses fiançailles ! Vous seul pouvez m'aider à le vaincre ! Avec votre technique, je peux affronter n'importe qui...
Sazen ricana et fit quelques pas dans la cour. Il s'approcha de Mitsurugi et lui tapota sur le plastron :
- Ma technique secrète, comme tu dis, n'est pas faite pour toi, honorable ambassadeur. Tu sais comment j'ai appris à me battre ? En feintant. En frappant dans le dos et sous la ceinture. En rusant. C'est ça que tu veux apprendre ?...
Mitsurugi ne dit rien.
Il faisait très chaud au milieu de ces bois. Des grillons s'agitaient dans les hautes herbes. Le bois chauffait, la poussière se confondait avec la lumière.
- Non, oublie, reprit Sazen. Mes techniques ne sont pas pour toi... Toi, tu es un Lion... Tu dois en avoir la fureur. Tu as été un Loup. Tu dois en avoir la rage... Et avant, hmmm...
- Avant, j'ai appris au dojo de la famille Shiba.
- Hmmm, les Phénix, hein... Le Phénix, tu dois en avoir... l'ardeur, n'est-ce pas ?
La fureur, la rage, l'ardeur, Mitsurugi ne demandait qu'à les avoir ! Encore faudrait-il qu'il le fasse sentir au Kakita le surlendemain !
Sazen allait de long en large, agité. Il se parlait à lui-même, réfléchissait et remuait comme un orateur qui répète son discours.
Mitsurugi le regarda sans oser l'interrompre.
- Bon, je sais, finit-il par dire. Je vais t'apprendre un kata... Je ne sais pas si cela te sauvera, mais cela t'aidera à ne pas (trop) perdre la face.
- Merci, senseï !
- C'est un kata de ma spécialité... Je viens de l'inventer en fait... Spécialement pour toi !
- Ah bon ? Mais comment se nomme-t-il ?
- "Le kata de la victoire de Mitsurugi" !
- Et il consiste en quoi ? demanda notre héros, sceptique, les bras ballants.
Sazen dégaina brusquement et se jeta en criant sur lui ! Misurugi eut juste le temps de dégainer et de s'écarter.
- Déjà, à être sur tes gardes !
Sazen recula et rengaina. Mitsurugi restait avec son sabre, bien en position de défense.
- Nous n'allons pas nous étriper comme des imbéciles, fit Sazen en cueillant un autre brin d'herbe. Tu as amené des bokken ?
Notre héros les sortit de son sac de voyage.
Sazen prit l'arme en bois et la soupesa. Il frappa l'air plusieurs fois.
- Vous, les Lions, vous aimez les sabres d'entraînement lourds... Encore un peu et c'était un tetsubo !...
Les deux hommes se mirent face à face et saluèrent.
- Mon kata... Non, plutôt,
ton kata, va servir à canaliser ton énergie pour faire sentir à ton adversaire que tu as gagné le combat avant même qu'il ne commence. Mais pour ça, il va déjà falloir te convaincre que tu es capable de vaincre ce Kakita. Ce dont tu es loin d'être persuadé à l'heure actuelle.
- Vous même, senseï, vous avez dit...
- N'écoute pas l'avis d'un vieil imbécile. Écoute ton cœur qui bat et sens tes muscles prêts à frapper... Est-ce qu'un lion se demande s'il va vaincre la grue qu'il a envie de croquer ?... Non, au pire si elle ne s'envolera pas avant...
Mitsurugi fit quelques mouvements pour se détendre, respira, et se remit en garde.
- Maintenant, attaque-moi. Et montre-moi que tu vas gagner. Que tu as déjà gagné !
Le Lion courut sur Sazen et abattit une volée de coups, que le vieux senseï para sans problème. Les deux adversaires se dégagèrent et se toisèrent :
- J'ai presque failli y croire...
De rage, Mitsurugi repartit à l'attaque !
L'armée de Tadao passa près du château Hiruma et arriva en vue de la tour des Gémissements. Les samuraï Hida prirent leurs tetsubo et se mirent en ordre de marche.
Tout alla très vite. Deux groupes de vingt bushis avancèrent en rangs serrés jusqu'à l'entrée, tandis qu'un groupe d'éclaireurs Hiruma partaient vers l'entrée latérale de la tour, les shugenjas restant en soutien.
A l'avant des Hida, quelques rônins, parmi lesquels Mamoru, Yatsume et Yojiro. Ils avançaient rapidement, armes en mains. Ils n'étaient plus qu'à quelques pas de la tour quand une vingtaine de samuraï déchus jaillirent du sol : des zombies équipés de restes d'armures, avides de chair fraîche, qui se jetèrent en braillant sur leurs ennemis.
Le choc fut brutal et sanglant : Mamoru en fracassa deux mais fut blessé, de même que Maya. Les Hida chargèrent et écrasèrent ces opposants puis tout le monde entra dans la tour, où les Hiruma avaient déjà engagé le combat contre des gobelins rouges qui gardaient l'entrée de l'escalier.
Sasuke arriva, brandissant son katana de feu et fit des ravages chez les serviteurs du Dieu Maudit. Les samuraï achevèrent les gobelins agonisants et prirent l'escalier deux par deux, dans lequel il fallut se battre presque marche par marche contre des hordes de zombies affamés. L'escalier fut bientôt envahi de corps transpercés, empalés et mutilés. Sasuke prit la tête du groupe, suivi de Yatsume, Yojiro et Maya. L'Inquisiteur Tadao arrivait juste derrière, tandis que les Hida redescendirent, pour affronter une armée de morts-vivants qui cernaient maintenant la tour.
Les sentiers étaient envahis d'une armée d'êtres larvaires et démoniaques, grosse masse verdâtre hérissée de crocs et de griffes.
Mitsurugi avait passé deux jours à s'entraîner sans relâche avec Sazen. Ce matin-là, il partit du palais du Lion, seul. Il chevaucha plein est, puis descendit de monture quand il arriva en vue du temple de Megumi, la Fortune des Héros.
Il faisait toujours aussi chaud. La route était brûlante. Les cailloux, la poussière, l'herbe étaient jaunis ou blanchis par la lumière. L'air était épais, trouble, le ciel presque couleur argent, le paysage figé dans une immobilité mortelle.
Mitsurugi distinguait des kimonos bleus et blancs, des silhouettes tremblantes qui rentraient dans le temple. Leurs parures étaient éclatantes sous le soleil. Pas un nuage dans le ciel, pas un insecte qui remuait au sol. Mitsurugi tenait sa monture par les rênes. Elle avait chaud, elle avançait lentement, elle soufflait et s'ébrouait régulièrement.
Il entendit un claquement : les portes venaient de se refermer. Notre héros prit sa gourde et la vida presque d'un coup. Il s'aspergea le visage d'eau.
Le matin, Kokatsu était parti au mariage, en compagnie de nombreux dignitaires, des Scorpions, des Crabes... Le général avait lancé un regard terrible à son ambassadeur, qui avait à peine dormi de la nuit. En ce moment, ils devaient être à l'intérieur. Kokatsu avec Ikoma Noyuki, et les Scorpions qui devaient ricaner de l'aventure ratée de Mitsurugi avec la jeune fiancée.
Ikue... Elle devait être resplendissante dans sa robe. Son mari aussi. De vrais modèles pour les peintres.
Mitsurugi finit sa gourde et la rangea. Il attacha sa monture à un arbre. Il serra les poings et avança. Ses pas lui faisaient peur. Le temple l'impressionnait. Il avait déjà soif.
Il arriva sur le seuil du temple. Le soleil frappait impitoyablement. Un oiseau criait dans un arbre. Sa monture broutait l'herbe maigre.
Mitsurugi prit une inspiration et appuya ses mains sur la porte. Et il poussa.
La porte, lourde, vieille de plusieurs siècles, se mit à grincer effroyablement, et avec elle, tout le bâtiment. Le bois avait travaillé et résistait à notre héros. Alors que les larges pans s'ouvraient, les rayons dorés pénétrèrent dans le sanctuaire frais, et firent jaillir une danse folle de milliers de grains de poussière, qui tourbillonnaient très lentement. Mitsurugi put écarter les bras : la porte s'ouvrit en grand et alla frapper les murs. Le choc retentit en un écho formidable.
Toute l'assistance était tournée vers Mitsurugi, muette de stupeur.
Notre héros osa enfin respirer.
La tour des gémissements étaient devenue l'antichambre de l'enfer. Quatre formidables démons aux corps torturés avaient surgi et meuglèrent en se jetant sur nos héros. Sasuke en trancha de sa lame de feu ; l'Inquisiteur Tadao déversa sur eux une formidable vague de jade, qui les carbonisa jusqu'aux entrailles, et les bushis taillèrent à vif dans ces abominations. Deux Inquisiteurs Kuni vinrent épauler Tadao et entrèrent avec lui dans la salle du fond du dernier étage, tout en haut. Sasuke et le reste de la troupe s'attaquait aux derniers gardiens de la tour, dans un tourbillon de lame, de jade et de feu. On entendit un hurlement à fendre l'âme et les trois Inquisiteurs ressortirent avec une forme vaguement humaine, enroulée dans un tissu brodé de motifs magiques. Quatre Hida sautèrent sur le paquet et le ficelèrent de cordelettes tressées de jade. Ils ne furent pas de trop pour contenir les assauts déments de la créature, plus dangereuse qu'un buffle enragé ! A l'aide d'une corde, ils passèrent le corps par la fenêtre : il fut récupéré en bas par des assistants Kuni, qui le mirent dans un très grand sac sur lequel avaient été tracées des glyphes. Puis ils jetèrent le paquet dans un palanquin ; le monstre capturé rugissait toujours.
L'Inquisiteur lança l'ordre de repli. Nos héros redescendirent les escaliers, et sortirent avec les Hida. Quatre bushis soulevèrent le palanquin et partirent en courant, cernés par une solide garde de Crabes, qui repoussa les zombies qui tentaient de protéger leur maître, le Shuten-Doji de la Honte !
La porte tapa plusieurs fois sur le mur avant de s'immobiliser. Ikue porta sa main à la bouche pour ne pas crier. Kakita Yagyu était à ses côtés, devant l'autel. Il s'était retourné et le sang avait quitté son visage.
Mitsurugi avança de quelques pas. Tout le monde s'était retourné, sauf Matsu Kokatsu, qui restait immobile, face tournée vers le prêtre.
- Kakita Yagyu, je viens empêcher tes fiançailles ! Car je t'accuse de ne pas mériter la main de celle qui se tient près de toi !... Tu es un imposteur, qui ne mérite pas d'être le senseï d'un dojo Kakita. Tu as trompé ton clan et tes Ancêtres, et je le prouverai en montrant que tu n'es pas capable de m'affronter ! Je te défie sur-le-champ en duel !...
Deux vieilles dames poussèrent un petit cri et s'évanouirent. Suzume était terrifié. Personne ne remuait. Ikue lâcha la main de Yagyu, regarda Mitsurugi et, avant que quiconque ait fait un geste, elle courut vers lui et tomba dans ses bras. Notre héros la serra contre elle. Elle retint un sanglot et murmura :
- Emmène-moi loin d'ici.
Mitsurugi sortit avec elle du temple.
Kakita Yagyu ne dit pas un mot. Plus pâle qu'un mort, il noua son ample kimono autour de ses poignets et de ses chevilles et se précipita dehors. Au passage, un samuraï lui tendit son daisho. Il le noua à sa ceinture et approcha de Mitsurugi.
Il avait la lèvre qui tremblait.
Tout le monde sortit du temple et fit cercle autour des deux hommes.
Yagyu, le nez presque collé sur Mitsurugi, cria :
- Père, m'autorisez-vous à châtier cette brute ?
- Oui, mon fils ! Tue-le !
Le père tremblait. La mère de Yagyu aurait voulu arracher les yeux à Mitsurugi. Son jeune et beau fils allait abattre ce Lion aussi facilement qu'un épouvantail !
- Fais-lui mordre la poussière, Yagyu.
Elle s'effondra en larmes.
Mitsurugi, sans reculer d'un pas, cria :
- Seigneur Kokatsu, m'autorisez-vous à prouver devant tout le monde que cet homme est un imposteur ?
- Oui, je t'y autorise, Mitsurugi-san.
Ikue avait reculé. Doji Onegano, sa femme et Doji Suzume ne disaient rien. Suzume, surtout, était pétrifié, fasciné par la fureur de Mitsurugi. Il n'aurait jamais cru qu'un homme puisse s'autoriser à faire une telle chose !
Même les Scorpions étaient estomaqués. Là, ils en prenaient un coup ! Quant aux Crabes de la famille Hida, s'ils ne s'étaient pas retenus, ils auraient déjà applaudi !
Les convives agrandirent le cercle et les deux adversaires reculèrent d'un pas chacun.
- Il est inutile de te battre si tu n'as pas déjà gagné, avait répété Sazen. Si tu vas te battre, il n'y a que deux solutions : soit tu es le plus fort, soit tu ruses. Et toi, tu ne ruseras pas...
"Je me suis renseigné sur ton Kakita Yagyu, là... Si j'ai un conseil à te donner, c'est d'abandonner dès maintenant. Je te l'ai déjà dit, mais je le répète. C'est un Kakita. Un virtuose du sabre. Il en connaît plus à son âge sur le sabre que tu n'en connaîtras quand tu auras des cheveux blancs... Mais, bien sûr, tu ne vas pas abandonner... Bien, bien... Alors si j'ai un conseil à te donner, pour de bon, c'est de prier très fort pour que tes Ancêtres te prêtent leur adresse et que Yagyu soit abandonné par les siens... Sans quoi, tu finiras le nez dans la poussière pendant que la douce Ikue se fera passer la bague au doigt.
Yagyu aurait voulu parler mais il ne trouvait pas les mots pour qualifier ce que ce Matsu venait de faire. Il allait tellement le tuer et l'humilier que Mitsurugi ne se réincarnerait plus qu'en misérable mouche à merde pour des milliers de vies !
Quant à notre héros, il ne savait plus s'il tremblait de colère ou de peur.
Non, la vérité, c'est qu'il avait abominablement peur. Il sentait qu'il avait perdu. Il allait s'écrouler là, comme un pantin, face à Ikue, plus misérable qu'un chien.
Matsu Kokatsu dut le sentir aussi, car ses poings, très serrés, se rouvrirent tout seuls, et ses épaules tombèrent légèrement. Ikoma Noyuki sentit cela, et comprit que Mitsurugi n'avait pas l'ombre d'une chance. Mitsurugi avait désiré de toute son âme Ikue ; ensuite, il l'avait regretté amèrement. Et à présent, il avait peur.
Face à lui, Yagyu était fort, confiant, resplendissant. Il était l'homme le plus assuré du monde et il allait démontrer de manière exemplaire pourquoi il était le duelliste le plus doué de sa génération ! Kokatsu faillit détourner le regard mais il ne le pouvait pas. Lui aussi avait désiré la victoire de son soldat, et maintenant il regrettait et il avait peur. Peur car il allait perdre la face, et les Scorpions le traîneraient plus bas que terre.
Quant à Doji Onegano, il comprit qu'il venait de perdre sa fille. Elle venait de se jeter dans les bras de Mitsurugi. Il ne lui resterait plus qu'à s'ouvrir la gorge ou à partir dans un temple pour le restant de ses jours.
- Pourquoi ne m'encouragez-vous pas, senseï ? avait fini par hurler Mitsurugi. Pourquoi ne voulez-vous pas croire en moi !
- Parce que tu n'as pas une chance, avait rétorqué Sazen. Pas une ! Ne me demande pas de faire des miracles ! Je ne suis pas un dieu !
Après le départ de Mitsurugi, Sazen avait retrouvé le clan du Loup.
- Vous lui avez dit qu'il n'a pas une chance, dit Juro, parce que vous voulez l'encourager à se dépasser. En réalité, vous savez qu'il peut le vaincre.
- Non, avait répondu Sazen. Je lui ai dit qu'il ne pourrait pas le vaincre parce qu'il n'est pas de taille à le vaincre.
Un léger souffle d'air passa devant le temple. Les deux duellistes se regardaient dans le blanc des yeux.
- Ta seule chance, avait dit Sazen, c'est de frapper le premier. Là oui, peut-être que tu auras une chance. Mais frappe pour tuer. Sinon...
L'armée de l'Inquisiteur est sur le retour. Ils aperçoivent la grande Muraille et sont accueillis en vainqueurs. Le Shuten-Doji est enfermé dans la geôle la plus profonde.
Ce soir, ils ripaillent joyeusement après avoir adressé une prière à ceux qui ne sont pas revenus.
Yatsume, épuisée, s'endort.
Elle se revoit dans la nécropole, quand elle saute dans le donjon. Elle finit ainsi de reconstituer son hallucinant voyage au travers des mondes inconnus. Elle le revit comme un cauchemar. Elle voit des armées immenses, de dizaines de milliers d'hommes, qui s'affrontent sans fin.
Et elle voit, parmi eux, son mari.
Elle se réveille, haletante, et se souvient de ce que son mari lui a dit. Elle pousse un cri et se prend la tête dans les mains.
Yagyu dégaine le premier, en un éclair, et lacère l'abdomen de Mitsurugi.
Un flot de sang jaillit et tâche le visage du beau Kakita. Mitsurugi a dégainé une fraction de seconde plus tard et a frappé violemment Yagyu. Notre héros pousse un cri de douleur tandis qu'il est aspergé des pieds à la tête par un flot de sang. Il hurle à nouveau en ressortant son sabre du corps de Yagyu.
Le Kakita s'effondre, à moitié tranché en deux par le coup d'une violence inouïe que Mitsurugi lui a porté.
Notre héros, ivre de fureur et de sang, recule de quelques pas et pousse un dernier cri.
A ses pieds, Kakita Yagyu, le visage figé, se vide de son sang à gros bouillons.
Effrayant comme un démon, rouge des pieds à la tête, Mitsurugi prend Ikue par la main. Il va retrouver son poney et le détache, sans un regard pour l'assistance.
Matsu Kokatsu ose enfin déglutir. Kakita Yagyu pousse des petits gémissements. Mitsurugi fend l'air de son sabre et le nettoie de tout son sang, et ce sang se répand en une grande traînée rouge à terre, une lame de sang qui s'arrête aux pieds des invités.
Quand Mitsurugi arrive au palais d'Ivoire, recouvert de sang séché, il tient Ikue par la main. L'armée de l'Inquisiteur Tadao arrive au même moment.
C'est peut-être Mitsurugi le plus effrayant ce jour-là. Certains le reconnaissent à peine. Même Sasuke hésiterait à dire que c'est bien le Mitsurugi qu'il connaît.
Notre héros fait ouvrir en grand les portes du palais et passe le premier. Il va traverser la cour, déchiré par la douleur de sa blessure. Ikue le sent faiblir et elle lui serre la main plus fort.
FORCE ET HONNEUR, SAMURAÏ !<!--sizec--><!--/sizec-->