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Vampire 2006 - #8 : Bienvenue en Birmanie !
#21
Vampire 2006 - #8

Graziella se laissa emmener. Elle dut monter dans une camionnette, qui partit vers un quartier excentré, et entra dans un vieux garage abandonné.

Depuis l'ambassade Ventrue, Loren et Sire Garmand avaient tout suivi :
- Elle a du cran, cette petite, dit l'ambassadeur.
- Elle est assez effrontée, oui, dit Loren, même si je trouve qu'elle n'a pas toujours mis ce courage au service des bonnes causes.
- Sinon, dit Sire Garmand avec un large sourire, elle n'aurait pas été envoyée loin de Paris !
- Comme vous dites...

Loren décrocha son téléphone :
- Haqim, où en êtes-vous ?
- Je m'envois en l'air, mon cher ami, et de là-haut, la vue est superbe !
Haqim avait pris place à bord d'un hélicoptère qui survolait en ce moment une banlieue monotone de Beijing. La puce qu'on avait mis dans l'oreille interne de Graziella envoyait son signal régulièrement.
Loren et Garmand montaient dans une petite voiture banale, tandis que Haqim se posait sur un toit et que trois soldats de la Porte Azurée le rejoignaient. Trois autres voitures de Cathéens étaient en route pour le garage.
On amenait Graziella au centre de la grande pièce poussiéreuse, sur une chaise en acier de torture réglementaire. Dans son oreillette, Graziella entendit Haqim lui dire de tenir bon jusqu'à leur arrivée. Si tout se passait bien, les cinq Soeurs seraient là les premières. C'est elles qui avaient eu l'idée de ce plan : aller faire du shopping au beau milieu du territoire de la Fraternité Pourpre, là où Latréaumont et Anatole sévissaient depuis des jours.

Les deux compères entraient. Anatole, une trousse d'outils à la main, se pourléchait les babines. Latréaumont marchait, tournait sur lui-même, regardait au plafond, ahuri par la présence d'une mouche, ou bien regardait le sol avec intérêt.
- Concentre-toi donc un peu, mon Nanard ! Tonton Lapinou va bien rigoler avec la vilaine Ritale...
Anatole agrippa Graziella par les cheveux :
- Je vais prendre mon temps. Je n'ai pas de question à te poser, rien à te faire avouer... Donc tu peux me dire tout ce que tu veux, je ne m'arrêterai pas. Si tu veux me supplier, tu pourras... On verra si ça m'attendrit !
Il ricana.
Quelques Cathéens étaient là, assis sur des canapés.
- Il y en a qui veulent s'amuser avec moi ? dit Anatole en mettant son chalumeau à chauffer.
Latréaumont se vautrait sur un canapé, s'allongeait n'importe comment, piquait une bière à un des Cathéens.
- Nanard, concentre-toi un peu, tu vas tout rater !
- Non, je sors prendre l'air, je n'ai pas envie de voir ça...
- Chochotte ! Regarde, les Cathéens, je suis sûr qu'ils vont adorer !
Latréaumont alla dans l'arrière-cour. Il observa le ciel, comme s'il était en communion avec les esprits du vent, ou de la métropole. Il vit l'hélicoptère, se concentra sur la rue et entendit les voitures de la Porte Azurée qui approchaient.
A l'intérieur, Anatole était presque prêt :
- Je prends mon temps, tu ne m'en voudras pas.
Graziella trouvait que la farce avait trop duré. Que faisait donc Loren ! Elle ne disait pas non d'habitude aux plans tordus, mais là, ce n'était plus assez tordu à son goût ! Elle allait être torturée à plaisir par ce sadique d'Anatole, ça manquait de subtilité !

Latréaumont vit trois Cathéens qui buvaient une bière près d'un pick-up. Il leur dit, dans un mandarin impeccable, que leur chef voulait les voir à l'intérieur. Ils écrasèrent leurs canettes et y allèrent. Le Malkavien se dirigea vers sa propre voiture, une petite deux-portes de mère de famille. Il caressa amoureusement le capot et l'ouvrit. Il prit avec attendrissement le lance-roquette qu'il gardait là en pièces détachées. Il le monta en vitesse.
Il entendit un hurlement quand il introduisait la roquette. C'était Graziella, à qui, pour s'échauffer, Anatole avait enfoncé un clou dans le coude.
Les Cathéens ricanaient. Certains préféraient regarder le sport à la télévision, d'autres jetaient un oeil distrait. Anatole prit son chalumeau, regarda la jolie flamme bleue.
- Maintenant, ça va chauffer...
Graziella écarquilla grand les yeux, quand elle vit une explosion de lumière du dehors qui entrait à la vitesse d'un missile. Elle fut projetée en arrière avec sa chaise, dans une chaleur qui la priva un instant de tous ses sens. Elle atterrit sous sa chaise, s'en libéra et se jeta par une verrière, tandis que les flammes proprement infernales dévoraient d'un coup le bâtiment. Tout s'écroula en quelques secondes. Graziella avait les habits qui brûlaient. Elle courut droit devant elle, évita une poutre projetée dans les airs.

- Explosion, explosion ! hurlait Haqim dans son téléphone.
Lui et ses hommes venaient d'être jetés à terre par le souffle de l'explosion.
De l'autre côté du brasier par rapport à eux, Graziella se précipita vers une borne de pompiers qu'elle trancha d'un coup de lame d'ombre. L'eau jaillit, notre héroïne s'offrit une douche rapide.
Elle vit alors la silhouette difforme, carbonisée, d'Anatole, qui sortait des flammes. Il titubait, grognait et commençait à courir vers elle. Une petite auto arriva en crissant des pneus et une rafale d'arme d'automatique lacéra le Nosfératu. Latréaumont sortit de la voiture et finit de vider son chargeur sur son complice. Celui-ci, stupéfait, fut rejeté vers les flammes. Graziella, marcha sur lui et le projeta d'un dernier coup de pied dans le brasier.
- Venez ! dit Latréaumont d'un ton impérieux.
Graziella s'attrapa le crâne. Le Malkavien devait user d'hypnose, car elle ne put résister.
Latréaumont démarra dans les ruelles et eut tôt fait de rejoindre les boulevards.
- Permettez, dit-il en tenant le volant d'une main. Il mit son doigt dans l'oreille de Graziella et lui arracha l'émetteur. La Lasombra, groggy par l'hypnose, ne tenait pas bien droite sur son siège.

Loren et Garmand avaient rejoint Haqim et ses hommes. Ils rejetèrent dans les flammes les hommes de la Fraternité qui voulaient s'échapper. Ils en attrapèrent un, qui jura ses mille dieux qu'il ne savait pas ce qui s'était passé. Agacé, Loren le jeta lui aussi au feu.
Les pompiers arrivaient. Le groupe de la Porte Azurée les laissa travailler.
Quand le feu fut un peu réduit, Tuang-Loc leur montra son insigne de la Porte et leur dit qu'ils en avaient assez fait. Les soldats du feu repartirent sans poser de questions.
Loren et les autres arpentèrent les décombres. En soulevant une poutre, Tuang-Loc poussa un cri de surprise. Loren approcha : ils reconnurent nettement le corps de Quasimodo de l'ignoble Anatole, carbonisé.
- En voilà un de moins, dit Loren, mais pas de trace de Latréaumont.
- Nous ne captons plus le signal de Graziella, dit Haqim, il n'émet plus.

Loren regarda, impuissant, le brasier, le bâtiment effondré, les ruelles, les étoiles. Si la Vénitienne était tombée entre les mains de Shrek, il n'y avait plus rien à faire. Comment chercher, dans toute la mégalopole chinoise, un homme au comportement parfaitement imprévisible ?


Virus


Latréaumont conduisait tranquillement sur les grandes artères de la ville. Il sifflotait sur la musique :
- Sweet Home Alabama... Vous aimez ? Moi j'adore !
Graziella sortait du "coltard".
- C'est pas franchement nouveau...
- Les jeunes écoutent de la merde aujourd'hui. Vous croyez que j'ai envie de supporter Kylie Minogue, Justin Timberlake et autres chanteurs pré-pubères...
- Franchement, Bernard, dit Graziella... Je peux vous appeler Bernard ?
- Mais bien sûr !
- Je voulais juste vous dire, quand on enlève une demoiselle de bonne famille, on évite de le faire avec ce genre de caisse à savons...
- Au contraire, nous allons passer inaperçu avec cette voiture ! Tout le monde a la même !
- Pas une raison...
- Avec une Roll's, on aurait un peu repérable, vous ne croyez pas...
- Qui vous parle de ces prétentieuses voitures d'Anglais ?...

Latréaumont se fondait dans le trafic.
- Je dois vous parler sérieusement, mademoiselle de Valori...
- Vous avez des remords ? Vous vous constituez prisonnier ?...
- Attendez, ce n'est pas si simple...
- Vous avez peur qu'on vous fasse passer de trop longues heures au soleil à votre retour ?
- Oui, pour commencer, mais il n'y a pas que ça.
"Ecoutez, Graziella, en un mot, il ne faut pas que vous rentriez en Europe...
- D'accord, à condition qu'on déplace Paris et Venise en Chine.
- Ces Cités sont décadentes, mademoiselle.
- Oui mais la décadence est moins vulgaire que l'arrivisme d'un pays en plein "boom" comme la Chine.
- Il ne s'agit pas de cela. Il y a, il y a que j'ai vu une malédiction planer sur nous tous...
Latréaumont s'arrêta à une station-service.
- Autre chose, Bernard, quand on annonce une malédiction, on évite de le faire devant la pompe à essence...
- Je sais, je suis ridicule... Mais la chose n'en est pas moins grave.
Un pompiste arrivait. Latréaumont lui parla dans dans son mandarin impeccable.
- Je lui ai dit que je veux le plein.
- Vous m'emmenez au bout du monde ?
- Partout où vous voudrez sauf en Europe... Prenons par exemple le Japon...
- Intéressant.
- Ou bien, je vous emmène voir les chutes d’Iguaçu ?
- Faites-moi rêver, Bernard.
Graziella s'amusait un peu à jouer la comédie. Elle espérait surtout que Loren les retrouverait vite. Latréaumont n'avait pas l'air trop mal luné, mais d'ici qu'il lui reprenne l'envie de jouer avec les explosifs...
Le plein était fait, ils repartirent.
- Vous ne m'achetez même pas un porte-clef souvenir ? Quel rustre...
- Je vous en offrirai une caisse entière, mais vous devez m'écouter.
Ils roulaient sur les boulevards.
- Qui est Shrek ? C'est vous ?
- Pas tout à fait... Shrek est une entité collective. Elle parle à tous les Malkaviens. Ce n'est pas qu'un réseau Internet, c'est un esprit immatériel...
- Pourquoi vous en êtes pris à Paris ?
- Shrek nous lance un avertissement... Un signal d'alarme pour nous réveiller de notre torpeur, avant que nous n'y tombions à jamais...
- C'est tout ce que vous avez trouvé comme justification ?
- C'est très sérieux... Je ne sais pas comment le dire, mais le sang des Caïnites est maudit. Les premiers symptômes vont bientôt apparaître et d'ici quatre ou cinq ans, nous serons peut-être rayés de la carte... C'est très sérieux.
- Rentrons à Paris, constituez-vous prisonnier, et nous vous obtiendrons une entrevue avec le Prince.
- Ils ne croiront jamais un fou. Et si c'est vous qui leur dites, ils vont croire que je vous ai rendu folle...
- Que proposez-vous alors ?
- Laisser les morts enterrer les morts.
- Mais encore ?
- Fuir, Graziella. Prévenons Loren si vous tenez à lui, et partons de notre côté.
- Si ce n'est pas Loren qui nous trouve, ce sera Lum Khan... Ce très haut dignitaire veut vous rencontrer, figurez-vous. Vu le personnage, je doute qu'il y ait quelque endroit du monde où l'on puisse se cacher de lui.
- Lum Khan, dit le Malkavien, un peu triste. Ma foi, pourquoi pas. Peut-être que lui pourrait ensuite prévenir Paris.
- On lui rira au nez, Bernard, et vous le savez bien.
La promenade dura jusqu'à l'aube. Latréaumont prit une chambre dans un grand hôtel. Graziella,se dit que le mieux était encore de dormir.

L'équipe de la Porte Azurée avait évacué les lieux avant l'arrivée de la police.
- Regardez, avait dit Tuang-Loc en désignant le corps d'Anatole. Il remue encore !
- Il remue encore ?
Loren s'était approché :
- Tu as raison... Bon, qu'on l'emmène, on va le ranimer avec une baignoire entière de vitae, s'il le faut ! Il a des choses à nous dire.
De retour à l'ambassade, Loren fit le point avec Garmand :
- Nous avons perdu Valori et Latréaumont. Impossible de savoir ce que le Malkav' a en tête.
- Il vous contactera bientôt, dit l'ambassadeur. Il a forcément une carte à jouer avec son otage.
- Ne croyez pas les Malkav' si rationnels. Avec l'avance qu'il a sur nous, il peut aussi bien égorger Graziella et disparaître dans la nature.
Loren descendit au sous-sol. On avait solidement attaché Anatole à une table, et on lui injectait du sang seringue par seringue.
- Il reprend des forces, dit Tuang-Loc.
- Ne lui en redonnez pas trop d'un coup.
Loren s'approcha du Nosfératu :
- Sale ordure, tu vas parler maintenant. Et si tu te tais, ou si tu n'as rien à me dire, je te fais passer dans la rôtissoire de la cuisine.
- C'est Latréaumont, murmura Anatole d'une voix sèche. Nous a trahis, a emmené Graziella.
- Ça ne me suffit pas, dit Loren. Je m'en doutais déjà. Alors il va falloir trouver autre chose.
- Je connais... une planque de Shrek.
- Tu m'intéresses.
Tuang-Loc s'approcha pour écouter l'adresse. Anatole dit quelques mots, d'une voix de plus en plus faible.
- Tu connais ? demanda Loren.
- Oui, répondit le Cathéen, c'est près du parc Beihai, au nord de la ville.
- Trop tard pour partir maintenant, dit le Ventrue. Nous devrons y aller demain, dès le coucher du soleil.
- Je ne sais pas si la Porte Azurée voudra encore t'aider, François Loren.
- Au pire, allons-y tous les deux. Tu es partant ?
- Bien sûr.
- Et on va l'emmener lui aussi. On va le ranimer juste ce qu'il faut. Le gros Lapin va nous servir d'appât.
- D'accord.

Anatole gémit.
- Ça me fait mal de le dire, dit Loren, mais tu peux encore me servir.


A suivre...Virus
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#22
Vampire 2006 - #8

Latréaumont se réveilla le premier. Il paya la chambre. Quand il remonta, Graziella s'était habillée.
- Vous auriez eu le temps de vous enfuir.
- Lum-Khan veut vous voir.
- Qui est ce Lum Khan ?
- Une sorte de saint Cathéen.
- Qu'est-ce qui peut l'intéresser chez moi ?
- Il doit s'intéresser aux spécimens.
- Venez, allons faire un tour.
- Où allons-nous ?
- Visiter un parc. J'ai une petite résidence discrète là-bas.

Ils reprirent la petite voiture. Au même moment, Loren et Tuang-Loc sortaient de l'ambassade et se rendaient au parc Beihai.
Graziella et le Malkavien marchèrent dans les allées et s'arrêtèrent devant une petite pagode blanche.
- C'est ma résidence privée, dit Latréaumont. La Fraternité Pourpre me la prête...
- Comment ça ? dit Graziella. Vous voulez dire qu'ils connaissent cet endroit ? Mais ils vont rappliquer ici d'un moment à l'autre !
- Pourquoi ? dit tranquillement le Malkavien.
- Dois-je vous rappeler que vous avez joué avec les allumettes hier soir ?
- Vous croyez qu'ils vont m'en vouloir pour ça ?
Il avait une petite voix naïve, il regardait dans le vague. Il s'assit, pris de vertige.
- Oh, Bernard, ce n'est pas le moment...
Il se mit en tailleur, et se mit à divaguer.
- Laissez-moi, Graziella, laissez-moi...
Elle lui mit deux gifles, ce qui l'étourdit encore plus.
- L'esprit... l'esprit de Shrek annonce l'extinction de notre race...
Il avait les yeux qui roulaient dans les orbites comme sous l'effet du tangage d'un navire.
- Ecoutez la damnation qui arrive, Graziella... Shrek me parle. Mille voix qui hurlent en silence, et puis plus rien. La race de Caïn voit arriver le jour où elle se détruit elle-même... Le sang est maudit...
Graziella entendit du monde approcher. Elle allait se changer en ombre quand elle reconnut la silhouette de Tuang-Loc, fusil à la main. Loren arrivait juste derrière.
Le Cathéen se jeta sur Latréaumont et le ligota. Il se laissa faire.
- Vous allez bien ? demanda Loren.
- Mieux que lui...
Latréaumont divaguait toujours autant.
- Tout ça me paraît bien facile, dit le Ventrue.
- C'est un Malkavien, dit Valori, il n'a pas sa tête à lui.
- Nous le tenons, c'est l'essentiel.
- Son esprit est parti en enfer, dit Tuang-Loc.
- On s'en serait douté...
- C'est plus grave que vous ne croyez. Il est aspiré vers le monde inférieur.
Ils retournèrent à la grosse Mercedes de l'ambassade. Le chauffeur attendait en lisant son journal. Une seconde goule restait à côté de la moto de Loc.
- On a mis Anatole dans le coffre, dit Loren.
- Il n'a pas péri dans les flammes ?
- Non, on l'a ranimé. On pensait se servir de lui pour approcher Latréaumont. Quand on a vu qu'il n'y avait personne, qu'on vous a entendu, on a préféré entrer nous-mêmes.
Ils démarrèrent. Loc les précédait en moto.
- Que faisons-nous ? dit Valori.
- On respecte notre part du marché. On amène Latréaumont à Lum-Khan.
- On abandonne l'idée d'atomiser le QG de la Fraternité Pourpre ?
- La Porte Azurée m'a fait comprendre qu'ils ne seraient jamais allés jusque là. Ils veulent bien des conflits locaux, mais pas une guerre ouverte. Ne pas rompre l'harmonie céleste, vous voyez...
- Et Anatole ?
- Lui, on le ramène à Paris. Cadeau pour le Fléau ! Sergio et ses amis vont s'amuser avec lui, et Jérémie le fera brûler.
- Donc pour l'heure, on repart en Birmanie ?
- Retour à la case départ.
- Je ne pensais pas que ça se terminerait comme ça, dit Valori. Je m'attendais à ce que ce soit bien plus dur.
- Nous ne sommes pas chez nous, dit Loren. En Asie, il faut faire comme les Cathéens.
- Paris ne nous en voudra pas de revenir sans Latréaumont ?
- Il faut voir ce que Lum-Khan a l'intention de faire.

Ils descendirent à l'ambassade. Ils y passèrent le reste de la nuit. Le lendemain soir, ils faisaient leurs adieux à Sire Garmand.
- Ce fut un plaisir, monsieur Loren. J'espère que votre séjour en Orient sera inoubliable.
- Oh ça oui, pas de danger que j'oublie.
On les conduisit dans un aéroport privé, où un jet les attendait. Ils atterrirent douze heures plus tard à Rangoon. Le lendemain, ils repartaient par un saut de puce dans le Triangle d'Or. Lum-Khan les attendait sur la piste de l'aérodrome en pleine jungle.
Loren et Tuang-Loc firent sortir les deux prisonniers ligotés. Les hommes de Lum-Khan, habillés en moines bouddhistes, ceinturèrent Latréaumont, qui n'avait cessé de divaguer.
Lum-Khan observa le fou et dit quelques mots.
- Il dit ce que je vous ai dit, chuchota Tuang-Loc. Il dit que son esprit voyage dans le monde des morts.
- Dites-lui que tous les Malkaviens sont comme ça, fit Loren.
- Non, non, ne plaisantez pas. C'est très sérieux.
- Cela ne me regarde plus, de toute façon.
Les Caïnites saluèrent Lum-Khan, qui s'inclina à son tour.
- Il nous invite à boire un verre, dit Tuang-Loc.
Ils entrèrent dans un petit temple où des servantes apportèrent du thé.
Tuang-Loc fit la traduction :
- Dites-lui, dit Loren, qu'on peut lui laisser en prime Anatole. C'est cadeau.
Lum-Khan eut-il un début de sourire ?
- Il n'en veut pas, dit Loc. Il ne veut que le Fou. Il croit que c'est un Illuminé à sa façon.
- Illuminé, c'est le mot, dit Valori.
- Pour Lum-Khan, c'est très important.
- On en a d'autres à Paris des illuminés, dit Loren à Valori, s'il veut on peut les envoyer.
- Lum-Khan vous remercie d'avoir respecté votre part du marché. Vous êtes quittes envers la Porte Azurée. Vous pouvez rentrer chez vous sereinement.
Latréaumont sortit de sa torpeur.
- Le sang, le sang de Caïn est maudit...
Tuang-Loc traduisit pour Lum-Khan. Ce dernier hocha la tête et dit que le Fou disait la vérité.
"Ce n'est pas normal, pensa Loren, chez nous, les fous ne disent pas la vérité, point."
- Dites à Lum-Khan que Latréaumont sera certainement bien mieux accueilli ici que chez nous.
Le Malkavien se mit à gémir, en mandarin cette fois. Lum-Khan le comprit sans traduction.
- Bon, qu'on se couche moins bête ce soir, grogna Anatole, qu'il nous dise le fond de sa pensée, le schizo !
- Pour une fois, Anatole n'a pas tort, dit Loren. Latréaumont, dites ce que vous avez à dire, et en français s'il vous plait !
Le Malkavien se redressa, reprit conscience.
- Le sang de Caïn est maudit. Bientôt, il se changera en poison mortel. Tout le monde sera frappé, sans exception, les Anciens comme les jeunes. Nul ne pourra résister. Aucun sort, aucun rituel, aucun entraînement ne permettra de résister à ce mal foudroyant.
Lum-Khan dit quelques mots. Tuang-Loc traduisit :
- Il dit que vous devriez prendre au sérieux cet avertissement. Il dit que même les Cathéens seront touchés.
- D'ici quatre à cinq ans, continuait Latréaumont, presque tous les fils de Caïn auront disparu. Il n'y a nulle part où se cacher, nulle part où le mal ne frappera pas. Si vous voulez gagner quelques années, ne rentrez pas à Paris, qui sera un des centres de l'infection.
- Que va-t-il arriver à notre sang ? dit Loren.
- Il est trop corrompu. Le sang des enfants de Caïn n'est plus celui du Fondateur de la Première Cité. C'est un sang qui va vite dégénérer, il se changera en eau, et cette eau sera le poison qui exterminera notre race. Mais n'est-ce pas une bonne chose que les fils de la nuit soient balayés de la surface de la terre ?... Nous ne sommes qu'une lèpre, des parasites des humains. Nous méritons de disparaître. Aucune engeance contre-nature comme nous ne peut durer éternellement.
Lum-Khan écoutait avec grande attention. Latréaumont continuait :
- Ne rentrez pas à Paris, et si vous êtes attachés à des gens de là-bas, prévenez-les de fuir au plus vite. Sachez juste que les plus Anciens dépériront les premiers. Il ne restera d'eux que de la poussière, des kilos et des kilos de poussières qui empesteront l'air des humains... Tous seront frappés, et mourront d'autant plus vite que le sang de Caïn est puissant en eux.
Latréaumont retomba dans un état proche du sommeil.
- Bon, nous verrons cela, dit Loren. Nous en parlerons aux gens bien informés, en espérant qu'il ne faille pas faire appel aux Tremere pour nous sauver de l'épidémie !
- Croisons les doigts, dit Anatole.
- Toi, tu n'auras pas le temps de souffrir de ce mal-là, crois-moi !

Les Caïnites saluèrent leurs hôtes et remontèrent dans le jet.
Loren prit une bonne poche de sang après le décollage.
- Franchement, je vais vous dire, Latréaumont a voulu nous faire son numéro, mais c'est du bluff. Il voulait impressionner Lum-Khan ou je ne sais quoi, mais ça ne me fait ni chaud ni froid. Terminées les légendes orientales, nous rentrons sous nos latitudes cartésiennes !
"Graziella, je témoignerai que vous avez été très utile pour chasser Latréaumont. Comme ça, nous ferons la fête en brûlant Anatole, et quand tout le monde sera calmé, on repensera à votre clan. Ibn-Azul sera clément... Santi et Camille n'en prendront pas pour plus de cinq siècles de torpeur, vous verrez. Quand on les réveillera, ce sera vous la patronne !
"Merde, j'en ai assez de leur sang dégueulasse... J'appelle James pour qu'il me prépare un sacré délice pour quand je rentre ; je vais en boire un tonneau !... Et vous, appelez-nous donc ce cher Sénéchal Lucinius, qu'il nous envoie une limousine à Orly. Essayez aussi de dire "cher Sénéchal Lucinius" sept fois de suite sans bafouiller, tiens...
"Merde, ça fait du bien de rentrer à la maison !

Loren décrocha son téléphone d'accoudoir :
- Allô James ? Comment allez-vous ! Nous sommes sur le retour !
Graziella décrocha le sien :
- Je désirerais parler au Sénéchal... Il est occupé ? Dites-lui que c'est urgent... Dites qu'une ringarde d'Italienne veut lui parler, il comprendra...

Graziella attendit que môssieur Lucinius veuille bien répondre. Elle regarda par le hublot la jungle dans la nuit, quelques lumières. Les côtes se dessinaient, des paquets de nuages errants se dissipaient.
Quatre ou cinq ans, avait dit Latréaumont. Pouvait-on imaginer cela ? La disparition des Caïnites d'ici à 2011 ?... Est-ce que ce n'était qu'une dernière farce de l'esprit malsain de Latréaumont ?
- Je vous passe le Sénéchal.
Graziella sortit de sa contemplation.
- Allô, mon cher Lucinius, je ne vous dérange pas, au moins ?... Vous dites ?... Vous partiez à un concert de cette délicieuse chanteuse ? Mais comment donc... Tout va bien, nous rentrons, oui... Une limousine à Orly, voilà... Nous vous raconterons... François Loren vous salue.
Graziella raccrocha. Ses canines sortirent toutes seules.
Cette pimbêche de chanteuse d'opéra ! La favorite de monsieur Lucinius...

L'apocalypse pour 2011 ou 2012, hein ? Allons, cinq ans, c'était bien plus qu'il n'en fallait pour ruiner la réputation de cette mijaurée de Maria Callas du pauvre !







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#23
Haha bravo pour le texte, me suis rendu compte que j'avais raté un bout avec les films de john woo d'ailleurssmile
Reply
#24
Je l'ai relu en entier car j'avais un peu oublié le débutbiggrin

Dommage qu'on est pas pu le jouer, ca aurait envoyer du lourd! zaza a finalement reconnu la force de persuasion de Loren, qui malheureusement crèvera vite à cause de la comtesseredaface2

En tout cas la lecture de ce texte m'a finalement fait choisir de manière définitive mon perso pour la prochaine campagne, plus de détails à suivre quand mon courage m'aura fait posé tout ca sur wordbiggrin
Reply
#25
Pour tromper la malédiction, Loren va prendre l'avantage Génération Apparente 14 (9)ptdr
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#26
lolC'est bien lay çabiggrin
Reply
#27
J'étais génération 6 ou 7redaface2
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