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27ème Episode : L'exil
#1
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE



Gueux, sacripants, traîne-misère, escrocs, assassins, malandrins, brigands, larrons, faux-jetons, pirates, détrousseurs, tueurs à gages, écorcheurs, vauriens, égorgeurs, frères-la-côte, monte-en-l'air, corsaires, flibustiers, naufrageurs, va-nu-pieds, débauchés, voleurs, garnements, coquins, bandits, pillards, contrebandiers, souteneurs, mercenaires, trafiquants, truands, tire-laine, forbans, pendards, fripouilles, gredins, canailles, boucaniers, voyous -pour n'en citer que quelques-uns- tel était le genre de personnages qui composaient la population de l'île de la Tortue, la plus grande de l'archipel des Grands Vents, tout au sud du territoire de la Mante.

- Vous verrez, l'endroit est fort accueillant, disait Masasue, alors que nos héros débarquaient du navire.
- On se demande surtout qui il accueille, fit Yasashiro.
Le village principal de l'île était construit en partie sur l'eau comme une cité lacustre et en partie sur la pente du volcan. Les habitations les plus basses touchaient l'eau tandis que les plus hautes se perdaient dans une jungle nuageuse.
Et l'ensemble ressemblait fort à l'antichambre du monde des démons, avec sa population de réprouvés venus des quatre continents et des dix royaumes.
Masasue fit entrer ses invités dans la taverne du port la plus crasseuse et la plus bruyante. Il commanda un tonnelet de bière au patron, un gaillard recouvert de cicatrices.
- Il cache un yari sous son comptoir, dit Yasashiro, qui avait le coup d'oeil.
Masasue leva sa chopine et trinqua à nos héros.
- Vous allez voir, cela vous fera du bien de quitter un peu le continent ! Captain L'air marin va vous requinquer ! Hein, garçon !...
Il venait de taper dans le dos de Mitsurugi, qui recracha sa bière.
- Tu n'as pas l'air dans ton assiette, toi !
Comment Mitsurugi pouvait-il expliquer au truculent capitaine qu'à l'heure actuelle, il aurait dû dormir avec les poissons, au pied de la falaise de l'oubli ?
- C'est ton départ précipité qui te perturbe, c'est ça ? Allons, allons !... Ou le mal de mer ?... Ah, non, je sais ! Tu as laissé ta belle au port ! Voilà ! Ha ha, mais mon garçon, sache que c'est notre lot à nous tous, les voyageurs de la mer ! Nous avons tous une bonne femme qui nous attend avec nos trois ou quatre lardons dans les bras ! Ah, les braves femmes, qui viennent chaque jour à la pointe observer l'horizon, dans l'espoir que notre navire revienne ! Avec nous à bord, les forçats de l'océan, couverts de sel, brûlés par le soleil des grands larges ! Elles qui chaque jour tiennent la maison comme si nous étions encore là !
- En demandant au voisin de l'aider à tenir le lit conjugal au chaud, persifla Ayame.
Masasue rit de bon coeur.
- Comment leur en vouloir en vérité ! Nous sommes absents si longtemps ! Quand nous revenons, il y a deux ou trois nouveaux chiards, et alors ?... D'après leur âge et la date de notre départ, on peut savoir grosso modo s'ils sont à nous ou pas ! Bon, bon !... Pourquoi se formaliser ?... Nous n'en faisons pas d'autres, hein ! dit Masasue, en appuyant son clin d'oeil à l'auditoire masculin. Hé, "un foyer dans chaque port", c'est notre devise !
La vulgarité du personnage et de l'ambiance consternaient Ayame. Elle ne restait là que parce qu'il y avait son aïeul ! Sans cela, elle serait repartie depuis longtemps vers cette destination qu'elle rêvait d'atteindre, la lointaine cité des anges, où une de ses cousines par alliance, une fille surnommée Jade, était à la tête d'une sorte de brigade d'élite de maintien de l'ordre.
Ikky, toujours très polie, se contentait de siroter sa bière. Elle estimait qu'en tant que visiteuse revenue chez les vivants, elle n'avait pas à se faire remarquer.
- Nous ne resterons que le temps de refaire les provisions, expliquait Masasue. Et le temps que les hommes prennent un peu de bon temps ! Croyez-moi qu'on trouve sur cette île les donzelles les plus exotiques dont on puisse rêver... De celles qui vous font découvrir de nouvelles positions que vous n'imagineriez pas dans vos rêves les plus fous.
- C'est certain qu'ils ne doivent pas avoir de bibliothèque, fit Ayame.
- Hé ! Personne ne sait écrire par ici ! Sauf peut-être le patron du bordel, qui tient le plus grand registre de clients de ce côté-ci de l'équateur !
Content de lui, Masasue vida une nouvelle chopine.
Mitsurugi avait du mal à boire. Décidément, il n'était pas dans son assiette. Il dit juste :
- Si nous restons ici quelques jours, je vais essayer de trouver un emploi.
C'était pour se donner une contenance. En réalité, il n'avait même plus une arme. Et quand il voyait la collection d'armes bizarres et/ou rouillées qui composaient l'arsenal du navire, cela ne lui remontait pas le moral. Des espèces de sabre aux lames tordues en tous sens, des outils de paysans, c'était avec cela que les Mantes se battaient...
- Tu es un dur à cuire, dit Masasue en tapant du poing sur la table à l'en faire trembler, tu n'auras pas de mal à te faire embaucher comme garde. J'ai prévu une escale de trois jours ! Gagne ta pitance si tu veux, mais n'oublie pas de t'amuser ! Cet endroit n'est l'enfer que pour les gens sérieux !...

Le soir, Ikky et Ayame se promenèrent sur le grand ponton avec Sasuke. Ce dernier avait compris que sa descendante s'inquiétait de son état de santé.
- Je vais bien physiquement, dit le tensaï, mais le sort de Masaakira a fait son effet. J'ai perdu mon contact avec les esprits du feu. Ils ne répondent plus à mes prières. Et les autres non plus d'ailleurs...
- C'est terrible. Que faire ?
- Depuis plusieurs mois, j'ai découvert la voie des arcanes spéciales des éléments. J'ai acquis la maîtrise de trois d'entre elles : les premières étant assez simples, j'ai pu les découvrir moi-même. La troisième est lié à l'Oeil de l'Oni. C'est donc indirectement par Rêve que j'ai ouvert. Il m'en reste encore deux.
- Si la troisième est liée à l'Oeil, alors les suivantes doivent être extrêmement puissantes ! fit Ayame, fascinée (alors qu'elle était habituellement peu intéressée par la magie -mais quand il s'agissait de papy...).
- Oui, la quatrième arcane est liée au feu. Le Dragon de la Lumière m'a indiqué - souviens-toi - que je devrai me trouver sur la ligne de l'équateur le jour du solstice d'été. Il faut que je demande à Masasue comment m'y rendre. J'ai un peu consulté ses cartes, j'ai vu que la ligne passe dans les Royaumes d'Ivoire.
- Et la cinquième ? murmura Ayame.
- La dernière est liée au Vide lui-même. Et pour cela, il faut que je rencontre un sage, Hafiz, qui habite dans la capitale des Sables Brûlants.
- Ces barbares ont des sages ?...
- Il faut le croire. L'information me vient du Bouffon, mais je la crois crédible, puisque ce Yoriku est loin d'être le gros imbécile qu'il voudrait paraître.
- Oui et les conspirateurs du Kolat nous ont appris aussi à ne pas nous fier aux apparences !
- Tout à fait. Il faut donc que je trouve Hafiz. J'ignore tout de lui et je ne parle même pas sa langue.
- Pas de quoi vous arrêter !
- Évidemment pas.
Ikky se retenait parfois de pouffer, en voyant à quel point Ayame était en admiration devant son Ancêtre, comment elle buvait chacune de ses paroles. Plus encore que devant le sinistre Emmon ou la vieille Kitabakate !

Arrivés au bout de la jetée, ils regardèrent les dernières lueurs orangées qui mouraient à l'ouest, au-dessus des côtes de Rokugan. A cette heure-ci, les courtisans du Gozoku devaient festoyer dans leur palais d’infamie. Sasuke enrageait à imaginer leur sale joie. Une seule chose lui redonnait espoir : de savoir que, quelque part, dans une de ses pièce secrètes, dans un temple aussi bien gardée qu'il fût, Masaakira avait conscience que Sasuke était encore en vie et que tant qu'il respirerait encore, il constituerait une menace pour lui et tous ses complices.
- Mais Nuage est le maître du Vide, dit Ayame, terrifiée. Que pouvez-vous contre lui ?
Ayame aurait bien eu une solution à proposer à son Ancêtre -solution à base de plongée dans les recoins les plus sombres de la nuit et d'invocation à une entité primordiale ayant en vue l'annihilation de tout l'Ordre Céleste !... Elle se retint néanmoins.
- Quand j'aurai ouvert la cinquième arcane, Ayame, Masaakira ne sera plus qu'un fétu de paille face à moi.
- Les Arcanes sont liées au savoir ésotérique des quêteurs d'énigmes Asako. Le Bouffon était de leur famille, il vous l'a dit. Mais aucun d'entre eux n'a ouvert la dernière... Or, on dit que celui qui atteint la cinquième entre dans un nouvel état, qu'il n'est plus tout à fait mortel, mais qu'il devient... une Fortune !
Sasuke regarda la lame de feu de l'horizon disparaître, et avec elle, la terre de Rokugan, dont il se sentait déjà immensément loin.
- N'allons pas trop vite en besogne, sourit le tensaï, laissons Masaakira trembler de mon retour pendant quelques mois !

Il ne pouvait savoir qu'il ne reviendrait pas à Rokugan avant six longues années.





Les 5 Rônins : 27ème Episode

Serpent 403




L'exil


Samurai
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#2
Mais lorsqu'il reviendrait, les fesses du Kolat et du Gozoku allaient goûter de la 5ème arcane bien fraîche en guise d'apéro !!!
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#3
Les coups de canne du petÿ vieux vont laisser des traces biggrin
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