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02-06-2021, 09:50 PM
(This post was last modified: 23-06-2021, 09:51 AM by Darth Nico.)
La passe de Beiden est la plus grande ouverture au milieu de la chaîne des montagnes du toit du monde.
Au sud, ce sont les terres Yogo, le district de Beiden. La famille Yogo est conservatrice, comme les Soshis, donc elle serait de coeur avec l'Emeraude, mais dans les faits, elle doit obéissance aux Daigotsu, ralliés sans trop le dire à l'Harmonie. A côté de la passe, le château Bayushi dit des sept Piqûres dresse ses sept tours. Sur le sommet d'en face, la tour de garde de la passe est contrôlée par les Daigotsu, qui surveillent tout le sud de la passe.
A la Cité de Beiden, les voyageurs qui se sont acquittés de leur droit de passage franchissent le monumental Torii orange, en ayant pris soin de réciter une prière aux divinités de la montagne, toujours capricieuses. De là, une montée assez raide casse les jambes des gens à pied et des bêtes qui portent les chargements. Mais il faut bienatteindre l'altitude de la passe. C'est comme un premier test que les montagnes éternelles infligent au voyageurs. Après la côte, vousêtes accueillis en toutes saisons par de grandes bourrasques de gens, si fortes qu'elles semblent vous étouffer. En été, elle sont brûlantes, comme une gueule de dragon. En cette fin d'automne, elles sont déjà chargées de froid, messagers annonçant l'arrivée du grand empereur hivernal. Vous êtes alors entre deux énormes massifs, les dieux immobiles du toit du monde. Vous avez devant vous un chemin accidenté, des éboulis, des creux qui vous prennent en traîtres, des ravines, de grosses flaques qui font presque des mares. Des choucas hurlent dans les sommets, et des bandits guettent les fous qui n'auraient pas loué les services d'une patrouille ou n'auraient pas leurs propres soldats.
Quand vous avez marché plusieurs heures dans ce décor spectaculaire, d'où toute trace de civilisation est absente, quand vous avez parcouru ce domaine des dieux, vous commencez à redescendre plus doucement, au moment où vous apercevez une immense plaine : les terres de la famille Matsu. Vous êtes en vue de l'Harmonie. Tout en bas du chemin, un édifice gigantesque, l'un des plus vénérables de l'Empire : le Temple des Ancêtres Bénis, où chaque Lion vient en pèlerinage une fois par an, et chaque samuraï si possible une fois dans sa vie. Il est plus grand et plus impressionnant que le robuste et non moins vénérable Shiro Matsu, dit le Château du Dernier Souffle, qui est à moitié dissimulé derrière un rampart naturel de montagnes.
Le soleil du matin chauffe à peine la passe, quand nos héros y parviennent au trot. Au loin, à quelques centaines de lis, ils aperçoivent une troupe de cavaliers tatoués avec des chapeaux coniques : les moines Hitomi !
Feiyan se lance au galop pour les rattraper et engager la discussion. Elle n'est pas encore près d'eux qu'une volée de flèches s'écrase devant les sabots de son cheval, qui se cabre et qu'elle maîtrise aussitôt. Mais le hennissement de la formidable bête a retenti entre les murailles et l'écho répète quatre fois ce cri sauvage.
*
Juste derrière Feiyan, Dastan a lancé aussi sa monture après les moines. Il s'apprête à sauter sur l'un d'eux mais se rate et roule dans la poussière. Les moines ont sauté au bas de leur monture et doivent faire face à la formidable monture Utaku de Feiyan qui se cabre et ressemble à un dragon aux naseaux en feu. Les moines Hitomi portent des tatouages de la la terre, qui les rendent forts comme le roc. D'un coup de poing, ils pourraient assommer un buffle. Leur peau est si solide qu'ils se prennent plusieurs coups de sabots du cheval Utaku et parviennent à rester debout. Feiyan brandit son sabre, pendant que Dastan se relève et sort son cimeterre.
Derrière, Sarutobi et Yori se mettent en position pour tirer : le Guêpe avec son arc et ses flèches perçantes, l'Araignée avec son fusil qu'elle épaule et dont elle ajuste le tir. Mais ils s'aperçoivent qu'il va être difficile d'atteindre les moines sans blesser Feiyan ou Dastan. Or, pendant ce temps, un troisième moine continue sa course et il est certain que c'est lui qui a les parchemins.
Sarutobi lance sa monture au galop et prend en chasse le fuyard. Yori rate un tir et se remet à galoper derrière Sarutobi, qui gagne du terrain et lance coup sur coup deux flèches : le moine qui commençait à gravir un sentier, où les chevaux auraient eu du mal à s'aventurer, est touché à la jambe et au bras. Le dard de la guêpe s'enfonce profondément dans sa chair. Il vacille mais continue d'invoquer le pouvoir des fortunes de la Terre pour rester debout. Implacable, Sarutobi lance une troisième flèche, qui le fait enfin tomber.
Pendant ce temps, la monture de Feiyan, redoutable comme un démon, a démobilisé les Hitomi qui s'étaient mis au coude à coude et s'encourageaient par des cris. Rien à faire face à l'assaut d'une cavalière Utaku quand elle ne fait qu'un avec sa monture, elle silencieuse et la bête hennissant. Les Hitomi, épuisés, tombent. Yori et Dastan les attachent en vitesse, pendant que Sarutobi, à l'avant, fait de même avec sa cible.
La passe résonne encore de l'écho du combat. Les voyageurs qui s'étaient cachés derrière des buissons osent enfin passer la tête.
En milieu de journée, les magistrats sont de retour au poste-frontière. Ils confient les moines à la famille Bayushi. Ils sauront les faire parler, ou s'en servir comme otages.
Le lendemain, c'est le retour en train jusqu'au château des Lièvres, puis le départ à dos de cheval sur la route de l'ouest. Le soir, les magistrats sont de retour à Hokufuu. En les voyant arriver, Genichi signale à Daigotsu Hirato qu'ils lui ont rendu un fier service et qu'il faudra que l'Araignée s'en souvienne.
Feiyan fait un récit rapide de leur mission et Genichi a de nouveau un regard appuyé à Hirato, qui fait semblant de rien.
Le manuscrit est maintenant complet : il y a les pages déjà traduites par l'amie de Dastan, et il y a celles qui restent encore, qu'elle finit de traduire le lendemain. Il aura donc fallu courir avec ce codex deux fois dans le désert, deux fois à Karoulstan et jusqu'à Beiden !
Avant de confier ce parchemin à Daigotsu Hirato, Feiyan a pris soin de les lire, pour voir à quel point l'Harmonie est conforme au projet originel de Miya Toshiro.
« Chapitre VIII : Se faire des alliés secrets
L'échec des invasions Ujik-Hai signait la fin de nos rêves de mettre un nouvel Empereur sur le trône. Cet Empereur aurait pu être Akodo Rikudo lui-même, le vainqueur de la muraille de l'Ouest !
Tandis que maître Silence et les autres restaient au temple, je partais vers les terres des barbares de l'ouest, pour chercher des appuis auprès des maisons de Dahab. Je fis étape à Karoulstan, poursuivi par les troupes du Lion menés par Akodo Rikudo. Quelle ironie !
J'avais de l'avance sur eux, mais leur armée gagnait sur nous car je devais transporter l'Oeil de l'Oni dans un chariot et tout faire pour éloigner les regards indiscrets.
Lorsque je sortais de Karoulstan, les bannières Akodo étaient en vue à l'est. Il nous restait peu de temps. C'est là que nos alliés Ujik-Hai intervinrent pour nous protéger par une tempête providentielle.
Les hommes de la maison du Roc prirent le relais et nous amenèrent dans un relais de Dahab. Le chemin fut long pour perdre nos poursuivants, que les Ujik-Hai harcelaient. Finalement, nous pûmes atteindre Medinat Al'Salaam.
A mon désespoir, je laissai mon Oeil de l'Oni auprès de maître Roc, qui se servirait de sa magie pour changer l'esprit des hommes et en faire des agents dociles.
Maître Silence m'avait ordonné de revenir ensuite à Rokugan par des chemins détournés et d'atteindre le Temple Secret.
Je dus voyager pendant des semaines sous une fausse identité et prendre le risque de traverser les terres du Lion. Enfin, quand j'atteignis la frontière Phénix, je sus que j'avais perdu mes poursuivants.
Au temple, les autres maîtres m'apprirent que sur ordre de Silence, maître Nuage avait usé d'une puissante magie sur le second Oeil et l'avait brisé en deux !
La première moitié servirait à créer les larmes, la seconde à surveiller l'Empire. Silence estimait qu'il était plus prudent de diviser notre arme en deux.
Cela faisait donc trois yeux en tout. C'est beaucoup, même pour un Oni ! Nous serions maintenant obligés d'envoyer nos agents auprès de maître Roc pour les endoctriner. »
On pouvait se demander si l'Oeil de l'Oni de Toshiro était encore à Medinat, et ce qu'il était devenu de l'autre, ou plutôt des deux moitiés de l'autre. Où étaient-elles aujourd'hui ? Lors de l'attaque du Temple Secret par Bayushi Daigotsu et Shinjo Kohei, ils avaient dû trouver ces artefacts. Mais qu'en avaient-ils fait ?
Indirectement, Toshiro donnait une indication sur la localisation du Temple Secret : dans les terres Phénix ou au-delà. Dans sa correspondance, Shinjo Kohei avait observé une discrétion complète sur ces détails.
Le chapitre était également instructif, en ce qu'il mettait les choses au clair concernant les trois yeux :
« Chapitre IX : Mesures exceptionnelles en cas de danger contre la cité
Quelques brèves notes pour mon successeur qui bâtira enfin la cité de l'Aurore :
L'Oeil de l'Esprit, possédé par maître Roc permet de subvertir l'esprit d'un individu pour le rendre parfaitement docile. Le sujet lui-même ignorera qu'il a été hypnotisé et qu'un ordre secret a été mis dans son esprit, comme une graine dans la terre. Mais un simple mot pourra réveiller cette personnalité cachée et lui faire exécuter un ordre comme une machine. Maître Roc nous a dit qu'il avait réussi à mener des exécutions par e moyen.
Au Temple Secret, nous avons l'Oeil des Larmes. Celles-ci sont faites de cristal pur et permettent de parler à distance avec les individus porteurs d'une larme.
Enfin, il y a l'Oeil du Silence, ainsi nommé car seul maître Silence peut l'utiliser, et lui seul en connaît la localisation. Cet Oeil permet de voir et d'entendre partout dans Rokugan. Ainsi, nous pouvons espionner un seigneur Grue ou des dignitaires à la cour impériale.
Le pouvoir a cependant plusieurs limites : il ne peut porter dans des endroits souillés par la marque de Fu-Leng. Il est lié aux éléments de la terre, donc il ne peut aller à plus de quelques pieds au-dessus du sol. Impossible d'écouter une conversation qui se tient au troisième étage d'un palais.
Avec cet arsenal à notre disposition, nous pouvons voir venir des menaces, espionner nos assaillants et mettre fin à leurs stratagèmes.
...
Le diagnostic du médecin est sans appel, comme celui d'un juge : je n'en ai plus que pour quelques semaines. Quand j'aurai terminé ce chapitre, j'abrégerai mes souffrances dignement.
Je songe que je serai encore prisonnier du cycle des réincarnations. Or, avec ce que j'ai fait dans cette vie-ci, j'en aurai au moins pour quatre réincarnations à ramper sous forme de cloporte !
Mais tant pis, j'ai fait ce qu'il fallait faire. Si les dieux veulent continuer à me faire tourner sur leur roue de torture, je finirai bien par revenir sous forme humaine et ce jour-là, c'est moi qui assisterai à leur défaite ! »
L'acharnement de Toshiro, jusqu'au delà de la mort, avait presque de quoi faire sourire.
Feiyan se demandait bien qui possédait aujourd'hui le pouvoir de chacun des yeux. Que savait Daigotsu Hirato à ce sujet ? Qu'en savaient les gens de l'Emeraude ?...
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26-06-2021, 09:03 PM
(This post was last modified: 27-06-2021, 10:48 PM by Darth Nico.)
Les collines pierreuses prenaient leur teint rosée à mesure que le soleil passait l'horizon. L'air frais chassait les nuages, qui semblaient fuir le jour levant. Feiyan, Sarutobi et Yori restèrent immobiles derrière un amoncellement de pierre surmonté d'une croix, tandis qu'une caravane de bergers, traînant une yourte à plat sur un chariot, passaient avec leurs chameaux. Quand ils furent partis, nos héros purent reprendre leur avancée. En montant sur la colline suivante, surmontée d'une sorte de couronne de roches orangées, ils eurent une vue parfaite sur le camp Ujik-Haï, à quelques galops de cheval.
Une palissade en bois, deux tours de guets. Des pieux tout autour, faits pour arrêter les charges à cheval. Une dizaine de tentes blanches et un mur intérieur qui protégeait le seul bâtiment central, le seul en dur. Sur le toit de celui-ci, une baliste gardée par deux soldats.
Daigotsu Hirato, l'agent d'influence Araignée, dont on cernait toujours mal le rôle, avait insisté pour que ce camp, repéré quelques semaines plus tôt par Dastan, soit détruit pour de bon. C'était de là que venaient les pillards qui avaient enlevé des femmes, en franchissant la muraille par le district de Yoake. La corruption du gouverneur était avérée, mais en même temps impossible à prouver formellement. En chassant les Ujik-Haï, on couperait déjà le gouverneur de ses complices. Hirato avait suggéré qu'il se chargerait de la suite.
Il avait de plus laissé entendre que nos héros pourraient rentrer avant l'hiver à Bakufu. A ces mots, Sarutobi avait failli bondir sur ses deux pieds : si cette récompense était bien au bout, il était prêt à faire n'importe quoi ! N'importe quoi pour retrouver la capitale, la vie civilisée et le monde flottant. Feiyan pour sa part se sentait bien dans ces terres sauvages, et elle n'aurait pas voulu partir avant de voir la plaine magnifique sous son duvet de neige automnale.
Tandis que l'on se réveillait dans le camp, Feiyan prenait un croquis des lieux et Yori observait à la lunette. Sarutobi réfléchissait à une route d'approche, tout en évaluant par quel direction arriver.
Nos héros avaient le soleil dans le dos ; mais à mesure qu'il montait, il éblouirait moins des observateurs. De plus, on sentait le commencer à tourner. Les chiens des Ujik pourraient renifler l'odeur des Rokuganis dans le vent qui virait vers l'est.
Nos héros, qui en savaient suffisamment, repartirent vers Hokufuu. En fin de journée, ils étaient au palais du dernier Rayon. Genichi écoutait leur rapport. Daigotsu Hirato était assis derrière eux, comme s'il ne pouvait pas s'empêcher de se donner des airs d'intrigant. On le sentait peu intéressé par les détails techniques de l'opération, et pressé d'en finir. Genichi écoutait posément, en lui jetant par moment un regard.
Rentrer à Bakufu pour l'hiver, cela pouvait vouloir dire définitivement. Hirato avait été évasif. Mais il était évident qu'après avoir exigé deux services de la part de nos héros (récupérer le codex de l'aurore, puis détruire ce camp barbare), il leur serait grandement redevable. Depuis qu'il était arrivé à Hokufuu, il n'avait cessé de fouiner à droite et à gauche, se renseignant sur les uns et les autres. Il devait maintenant savoir à peu près tout sur ce district, qui était tout de même le plus reculé de l'Harmonie. Qu'est-ce que cela devait être quand il constituait un dossier sur une place agitée et peuplée !
A Bakufu, nos héros n'avaient jamais entendu parler de lui. Pourtant, il était évident qu'il devait connaître tous les dessous de la capitale, ou pouvoir apprendre ce qu'il voulait d'un claquement de doigts.
Feiyan terminait son rapport en proposant de constituer une force avec les clans en présence à Hokufuu. Il faudrait une vingtaine de samouraïs pour venir à bout de ce camp, selon elle. Si les Sangliers pouvaient en fournir cinq, les Faucons autant, on arriverait à la moitié. Les Renards pourraient participer aussi, et on pourrait compléter avec quelques membres du Loup. Genichi ne tiqua pas quand Feiyan compta les rônins au même titre que les vrais samouraïs, mais il guetta la réaction de Hirato. Celui-ci s'en moquait visiblement, malgré la haine traditionnelle que vouait son clan aux guerriers sans clan. Encore une fois, tout ce qui comptait était la destruction de ce camp barbare, de cette verrue suppurante qui insultait Rokugan par sa présence !
Les Yasuki pourraient envoyer aussi un contingent d'ashigarus, enfin les Poings de Justice, qui "tournaient" actuellement comme renforts sur la muraille, formeraient une première ligne. L'ensemble ne formerait pas une redoutable armée, plutôt un groupe disparate mais bien entraîné, que Feiyan dirigerait, avec Sarutobi comme second.
Feiyan avait terminé son rapport. Yori prenait la suite :
- Nous avons demandé à nos amis du Lièvre de porter le premier coup contre ce camp. Ils partiront en avance, chargés d'explosifs, pour ouvrir une brèche dans leur défense. C'est par là que nous lancerons l'assaut.
Genichi approuva d'un hochement de tête à peine perceptible.
C'était à Sarutobi de conclure, en disant que les Guêpes qu'il avait recrutés formeraient un groupe d'archer pour le soutien de l'assaut.
Seul Genichi pouvait le voir : Hirato se contorsionnait les mains, comme pour dire "oui, très bien, partez sur-le-champ !" Un intrigant ce Hirato, mais surtout un administratif pur jus, nullement au courant des contraintes de la guerre ! Un rond-de-cuir n'ayant jamais senti le souffle de la bataille, l'excitation face à la mort qui approche, l'exultation de la victoire et la fatigue accablante du lendemain.
*
La troupe bigarrée partit trois jours plus tard en fin de journée. Elle comptait une cinquantaine d'hommes en armes. Feiyan avait fait reluire son armure et le caparaçon de sa formidable monture, et elle étincelait comme un terrible centaure dans le soleil couchant. Une telle troupe ne passerait jamais inaperçue, car on dit que le désert a des oreilles : si on ne vous entend pas arriver en collant son oreille au sol, une bête vous sentira, ou bien un brusque envol d'oiseau vous trahira, si ce n'est pas une bourrasque qui transportera votre odeur jusqu'aux narines de l'ennemi.
Mais la nuit, aux étoiles, on soupçonne moins une attaque. La marche dans l'obscurité est plus difficile, plus lente, mais l'exploration des jours précédents a permis de tracer une route sûre. Les soldats avancent en silence, les chevaux ont des tissus aux sabots. On fait halte derrière un grand amoncellement de roches, assez loin encore du camp Ujik pour faire du feu.
Alors que le désert est noir, les saboteurs Lièvres partent en mission. Ils approchent à pied du camp, leurs sacs chargés d'explosifs. L'armée a fait une pause, et va goûter à un bref sommeil. Mais elle se remet en route bien avant que l'aube ne s'annonce. Les Guêpes partent au devant, aperçoivent les Lièvres bien placés, qui vont accomplir leur mission alors que l'horizon bleuit, puis ils reviennent prévenir Feiyan, qui fait avancer la troupe jusqu'à la dernière colline avant le camp.
Les étoiles commencent à disparaître et plusieurs gradations de rose et de jaune apparaissent à l'est. Les Lièvres ont réussi à approcher furtivement le coin nord-est du camp et à y disposer les charges. Ils repartent en silence, en déroulant une très longue mèche. Pendant ce temps, les hommes s'échauffent, vérifient leurs équipements et prennent l'inspiration d'avant la bataille.
Usagi Kinbo, le jeune Lièvre que Genichi avait épargné, frotte son briquet en pierre et allume la mèche. C'est lui qui a pris les plus grands risques pour poser les explosifs et qui a réussi à en disposer trois fois assez pour faire sauter le camp !
L'étincelle part en courant le long de la mèche, comme un feu follet. On croit le voir disparaître, mais il reparaît au sommet d'un monticule, poursuivant sa course folle, parcourt les derniers lacets et soudain, c'est une explosion comme on n'en a jamais entendu dans la steppe, qui fait s'envoler des centaines d'oiseaux et détaler des rongeurs de partout. Des morceaux de pieux s'envolent, crépitants. Des cris, la panique dans le camp. Feiyan a fait avancer la troupe, qui maintenant parcourt les derniers pas en courant, alors que les Guêpes les couvre d'une volée de flèches enflammées, qui s'écrasent au pied de la brèche. Sur sa monture qui hennit encore plus fort qu'à la passe de Beiden, Feiyan mène l'assaut et surgit comme une cavalière de l'enfer. Elle a même devancé les Poings de Justice et les rônins qui accourent derrière elle en hurlant. Les Lièvres font alors sauter leur deuxième charge à l'autre extrémité du camp, par où les Guêpes s'engouffrent, suivis par les Faucons et les Renards.
Les Ujik ont à peine le temps de surgir des yourtes, à moitié habillés, que la mort est sur eux. Le destrier de Feiyan écrase une tente et se dresse face aux assaillants. Même pris par surprise, les Ujik restent des bêtes enragés dans le combat et les Poings de Justice sont mis en difficulté. Les Sangliers entrent à leur tour : plusieurs lancent des missiles de leurs canons portatifs et continuent à semer le chaos, tandis que les ashigarus Yazuki pointent leurs lances pour briser l'assaut des défenseurs. Le sabre de Feiyan tourbillonne et fait sauter plusieurs têtes, tandis que Sarutobi dirige les archers, qui délogent plusieurs défenseurs logés sur le toit du bâtiment en pierre, au centre du camp.
Alors que la victoire semble acquise, plusieurs enchanteurs Ujik, invoquant la puissance des Shin-Tien-Yen-Wang, les dix dieux de la mort, lancent sur les archers des crânes surnaturels brûlant de flammes vertes. Sarutobi ordonne de viser ces sorciers ; l'un d'eux invoque un maléfice qui engourdit les Rokuganis et menace de les plonger dans la torpeur.
Feiyan, comme emportée par la fureur de sa monture, oublie toute prudence et continue d'avancer seule, sans prendre le temps de réorganiser ses troupes. Les Sangliers et les Yasuki, déroutés, la suivent sans se réorganiser. Soudain, un cimeterre atteint le cheval de Feiyan dans le flanc. Feiyan évite de justesse d'être vidée de ses étriers. Elle reprend le contrôle et fonce vers le centre du camp, seule, pour décapiter le chef du camp. Yori, qui était en arrière et qui a abattu plusieurs défenseurs au fusil, remet son arme à l'épaule en vitesse et ordonne aux rônins de courir derrière Feiyan.
A l'autre bout, les archers ont délogé les sorciers et ont étalé la plupart au sol. Sarutobi prend le temps de regarder autour de lui et de sécuriser la position. Il n'a pas vu Feiyan partir au grand galop, puis essuyer une volée de flèches. Ce n'est qu'au dernier moment que, ne l'apercevant pas, il ordonne aux Faucons de courir vers le centre pour la soutenir.
Le vieux général Ujik, son casque à cornes, a surgi avec son cimeterre et ses meilleurs hommes. Feiyan comprend alors son erreur : elle est seule face à cinq hommes, son cheval est blessé. Elle descend à terre, plus vulnérable encore, et fait repartir sa monture en arrière. Les Ujik se lancent sur elle ; elle doit reculer pour éviter leurs coups. Peu après, les Faucons arrivent et maintiennent en respect la garde du général. Réunissant ses dernières forces, Feiyan repart à l'assaut. Mais elle reçoit un coup de cimeterre à son tour ; elle blêmit et manque de tourner de l'oeil. Seulement, elle ne peut faiblir maintenant. Poussant un grand cri, qui stupéfait tout le monde, elle abat le général d'un coup net qui tranche son casque. Rien ne résiste à l'acier rokugani !
Sarutobi avance posément avec les archers et les Renards. Les assaillants sont maîtres du camp. Les Ujik survivants sont faits prisonniers. Ils se sont battus avec honneur et, dans leur langage guttural, demandent le seul sort des perdants : rejoindre les dix dieux de la mort. Sarutobi ne se fait pas plus prier pour les satisfaire et les fait décapiter sans plus de cérémonie.
Le jour se lève sur le camp détruit, ravagé par l'assaut aussi inattendu que terrifiant lancé par Feiyan. Mais pour elle, la victoire, qui devrait être magnifique, a un arrière-goût amer, car une cavalière Utaku ne quitte pas sa monture et ne doit pas pousser le moindre cri en se lançant à l'assaut. Deux principes ancestraux que, par sa précipitation, Feiyan a trahis.
Il ne restera que des ruines calcinés du camp, car les Lièvres achèvent d'y mettre le feu. Exultant de joie et de rage, les Rokuganis repartent et font halte au loin. On s'aperçoit alors que Feiyan a reçu une entaille profonde dans la chair, et que son cheval de même.
Le soir, la troupe est de retour, épuisée mais victorieuse. Feiyan est sur une civière, et passe les deux jours qui suivent alitée.
Elle se présente ensuite devant Genichi et tous les notables du district. Le gouverneur s'apprête à la féliciter mais est coupé court dans son élan lorsqu'elle admet, posément mais fermement, s'être mal comporté par rapport aux règles de son clan. Interdit, Genichi lui rend tout de même hommage, soulignant sa bravoure et sa droiture. Daigotsu Hirato ne comprend même pas cette humilité et se frotte les mains de cette victoire.
Il tient sa promesse : deux jours plus tard, Feiyan et Sarutobi peuvent rentrer à Bakufu. Alors qu'ils partent, une très légère neige se met à tomber sur Hokufuu, le premier souffle de l'hiver.
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Excellent texte, c'est toujours un régal de te lire 
On retiendra qu'il ne faut pas énerver la cavalière et encore moins la monture ^^
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28-06-2021, 08:55 AM
(This post was last modified: 28-06-2021, 08:55 AM by Darth Nico.)
C'est pareil : tu énerves l'une, tu énerves l'autre ^^
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Le meilleur ça reste les deux dernières phrases !!!
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02-07-2021, 09:44 PM
(This post was last modified: 31-12-2021, 06:01 PM by Darth Nico.)
Depuis trois jours, l'alcool coule à flots dans le Monde Flottant et les maisons de plaisirs battent des records d'affluence. Car Sarutobi est de retour en ville ! Le jour, le quartier réservé peut à peine goûter quelques heures de repos, qu'il faut déjà tout réinstaller pour la prochaine nuit d'enfer. Les Guêpes sont tous là, y compris ceux qui ont le déplacement à Hokufuu, qui sont les premiers à boire et les derniers à tomber. Il y a aussi Mamballa le Nambiwa, ainsi que Markus Wilderbrandt le maître d'armes, contents de laisser femmes et enfants.
Des bagarres entre fêtards avinés éclatent à chaque fois avant le lever du soleil, mais on se quitte épuisés et heureux. Sarutobi oublie ces longues semaines à Hokufuu et jure de ne jamais y retourner. Plutôt se barricader dans une maison de jeux et tenir un siège contre ceux qui voudraient l'y faire retourner !
Feiyan n'a pas pu refuser une invitation un soir. Elle a croisé Shiba Handen, qui ne pouvait pas croire à son retour, et dont la conversation est toujours agréable. Mais la Licorne a ensuite repris ses sages habitudes. Elle reste à l'ambassade se faire bichonner, comme sa monture. Elle a été accueillie à bras ouverts par Moto Kohei, inquiet comme un père pour sa fille prodigue. La blessure qu'elle a reçue au bras fait l'admiration de tous, ses soeurs d'armes comme les assistants de l'ambassadeurs et les palefreniers.
Togashi Korimi l'a aussi accueillie avec joie. Elle admire les dessins que Feiyan a fait sur le vif pendant son séjour à Hokufuu : la forêt Shinomen, l'arche de la persévérance, la muraille de l'ouest, le désert, le campement barbare...
Korimi veut toutes les afficher dans sa boutique, pour satisfaire le goût de l'exotisme de sa clientèle jeune et dans le vent. Feiyan commence par refuser mais doit accepter.
Un matin, alors que Sarutobi se réveille avec le tetsubo d'Osano-Wo qui lui traverse le crâne, on lui apporte une missive cachetée avec le sigle de l'Araignée. Le premier réflexe de Saru serait de se rendormir : ce doit être un mauvais rêve. Il faut pourtant se rendre à l'évidence, et envisager de décuver rapidement. Car c'est une invitation du conseiller spécial Daigotsu Hirato, pour le soir-même. La tête dans une bassine, Sarutobi prie les ancêtres d'être vite débarrassé de cet intrigant et va manger la soupe à l'oignon du patron pour se remettre la tête et le ventre à l'endroit.
Le rendez-vous est pour lui et pour Feiyan. Il a lieu dans la maison de thé où Bayushi Ojun, le négociant en informations et services, tient table ouverte derrière un panneau de bambou, au fond de la salle. Quand nos deux héros arrivent, il est attablé avec le conseiller Hirato. S'asseoir à la table d'un Scorpion et d'une Araignée, quoi de mieux pour dessaoulé ?... Mais les deux sinistres personnages se montrent affables. Feiyan accepte du thé, et Sarutobi, pour se mettre en condition, prend un petit rhum des îles, qui lui a tant manqué.
Avec une conversation très convenue, Hirato tend deux parchemins à nos héros, qui ont un frisson semblable à celui qu'ils auraient s'ils apprenaient qu'ils vont être condamnés aux mines de cuivre.
Mais en le dépliant, ils découvrent un élégant texte réhaussé de décorations et d'un sceau de l'Harmonie : une nomination pour être décoré de l'ordre d'Amaterasu ! La récompense la plus prestigieuse, remise par le Guide en personne !
Confus, nos héros ne savent quoi dire.
- Vos exploits guerriers méritent largement cette récompense, dit posément Hirato. Ainsi, ajoute-t-il après une pause, que votre intervention aussi prompte qu'efficace à la passe de Beiden.
Et là, ils comprennent mieux ! Depuis qu'ils ont découvert le codex de l'Aurore, ils ont mis en alerte les services de surveillance des Araignées. On leur a donc envoyé Hirato dans les jambes, qui a pris le temps de les observer, de se renseigner sur eux (il doit désormais tout savoir de leur passé, jusqu'au nom de leur nourrice), puis de les faire travailler. Il a vu en eux des samuraïs volontaires, obstinés, indépendants d'esprits et juste imprudents comme il faut. Aujourd'hui, en leur offrant sur un plateau cette médaille, il veut s'attirer leur bonne grâce, et certainement continuer à se servir d'eux. C'est donc une offre gratifiante, mais intéressée. De la part d'un Daigotsu, c'est déjà énorme !
Et pourquoi refuser ? Nos héros savent ce que cela signifie : porter l'ordre d'Amaterasu, c'est entrer dans une sorte de confrérie d'élite, bénéficiant de toutes les facilités que l'Harmonie peut offrir. En acceptant, Sarutobi sait qu'il met sa fille à l'abri du besoin : il n'aura qu'à claquer des doigts pour qu'elle aille dans l'université qu'elle veut et qu'elle obtienne le poste qu'elle demandera dans l'administration. Sans parler des facilités pour voyager dans l'Harmonie, pour obtenir un crédit à la banque, pour acheter une des somptueuses résidences du bord de mer. Sarutobi sourit : avec cette médaille à la poitrine, il sera le roi du Monde Flottant. S'il se castagne, aviné, avec qui que ce soit, la milice accourra pour l'aider !
Quant à Feiyan, elle désire trop cette reconnaissance. Elle a toujours vécu dans l'ombre de sa soeur. La grande Xulian et la petite Feiyan. Mais aujourd'hui, tout a changé. Xulian est devenue Meikudo, la pirate des mers de l'est. Feiyan va prendre sa place et plus encore : la surpasser ! Alors que ces vieilles histoires de codex de l'aurore, de Kolat, de cité parfaite, tout cela reste à prendre la poussière ; il est temps de penser à l'avenir radieux que l'Harmonie promet !
Nos héros signent donc sans plus d'hésitation, à la grande satisfaction du conseiller Hirato.
- Nous assisterons dans quelques jours à la cérémonie d'automne du Guide. C'est ensuite que vous serez décorés.
Feiyan comprend que par rapport au printemps dernier, ils vont avancer de quelques rangs dans la salle !
Le soir, le Monde Flottant connait une nuit particulièrement agitée. D'aucuns racontent Sarutobi avoir voyagé à travers toute la rue, porté à bout de bras par une foule en délire. Mais cela se perd dans les légendes du quartier réservé.
A la cérémonie d'automne du Guide, nos héros assistent au discours, bien placés dans la salle. Puis ils se rendent dans une salle plus petite, où le Guide remet l'ordre d'Amaterasu. Ils sont décorés parmi d'autres. Le Guide lui-même prononce un discours pour chacun. Il loue le courage et la droiture de Sarutobi ; Feiyan écoute attentivement : au dernier moment, et comme du bout des lèvres, le Guide reconnaît la bravoure et aussi l'honneur de Feiyan. L'honneur ! Le mot est lâché, alors qu'il est si rare dans la bouche du Guide, voire inexistant !
De quoi la rassurer quelque peu.
Et maintenant, ils font partie d'une confrérie fermée qui a accès à tous les privilèges de l'Harmonie ! Des logements, une éducation garantie pour la fille de Sarutobi... Il reste maintenant à savoir quelle mission va leur confier l'inquiétant Daigotsu Hirato.
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C'est le Pass VIP absolu, tous les videurs te claquent la bise avant de rentrer dans les maisons
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Et je te raconte pas l'accès prioritaire au bar, avec consos illimitées...
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24-08-2021, 11:39 PM
(This post was last modified: 24-08-2021, 11:39 PM by Darth Nico.)
J'ai revu et complété le premier message avec les titres de chapitres et d'épisodes. La dernière partie était l'épilogue du chapitre 4. On est donc prêts à attaquer le chapitre 5 à la rentrée
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(08-11-2020, 02:41 PM)Darth Nico Wrote: CHAPITRE 1 : LA LÉGENDE DU MOINE FOU
Episode 1 : L'écurie
Un ingénieur Crabe est assassiné sur les terres de l'ambassade Licorne...
Episode 2 : Le moine fou
Découverte d'une conspiration derrière l'assassin de l'ingénieur...
Episode 3 : La toile de l'araignée
Un senseï de l'Araignée met les magistrats sur la piste du coupable...
Episode 4 : Deux propositions
... qu'on ne peut pas refuser...
Episode 5 : Le port des merveilles
Sur une île lointaine, découverte de la société secrète du Moine Fou...
Épilogue : Pire que la mort
Le senseï Yugure dévoile enfin ce qu'il sait...
*
CHAPITRE 2 : LE RETOUR DE LA MORT ROUGE
Prologue : Harmonie
Genichi veut engager nos héros dans la magistrature...
Episode 1 : Le sang de la lune
Les Poings de Justice attaquent Bakufu...
Episode 2 : Pour qui sonnera le glas
Bakufu attaque les Poings de Justice...
Episode 3 : Compassion
La défaite des Usagi contre l'Harmonie...
Episode 4 : Le prince des îles perdues
Expédition dans les sept mers...
Episode 5 : Au pays des brumes
A travers la tempête, puis séjour à Dunwall...
Epilogue : Les yeux de la lune
Guerre contre les esclavagistes Thranois...
*
CHAPITRE 3 : MENACES A L'OUEST
Prologue : L'esprit du kenshinzen
Nos héros se recueillent sur la tombe d'un magistrat d'Emeraude...
Episode 1 : Les montagnes du crépuscule
Départ vers la frontière ouest de l'Empire...
Episode 2 : La vengeance de Kohei
Il y a deux cent ans, un magistrat Licorne cherchait à venger son ami...
Episode 3 : Le désert de l'aurore
A la recherche d'un vieux manuscrit...
Episode 4 : L'appel des esprits
Les derniers doutes de nos héros sont levés...
Episode 5 : La piste des barbares
Les Ujik ont des complices dans Rokugan. Expédition dans Shinomen...
Épilogue : Le sable et le sang
Le vol du codex de l'aurore...
*
CHAPITRE 4 : LE CODEX DE L'AURORE
Prologue : Le culte du soleil
Feiyan en apprend plus sur le Guide...
Episode 1 : Les trois brigands
Le plus malin n'est pas celui qu'on croit...
Episode 2 : La piste des moines
Le trajet va plus vite en chemin de fer...
Episode 3 : Le toit du monde
Combat contre les moines qui ont enlevé les parchemins...
Episode 4 : La colère de Feiyan
L'Harmonie attaque les Ujik-Haï...
Episode 5 : Le conseiller
Nos héros sont décorés pour leurs exploits...
Epilogue : Les espions
Nos héros partent chercher des informations sur l'Emeraude...
*
CHAPITRE 5 : L'OBSERVATOIRE
Prologue : La tour astronomique
Nos héros intègrent les services du renseignement extérieur...
Episode 1 : Retraite monastique
Nos héros se retirent du monde pour réfléchir...
Episode 2...
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