21-06-2004, 04:17 PM
LES FRONTIERES D'INCHU
Par petites étapes, nos samuraï voyagèrent de Inchu à la Cité de la Grenouille Riche.
Ils quittèrent le lendemain de l'affrontement la ferme de Yoko-san. Elle et son frère s'inclinèrent devant nos samuraï pour leur aide : ils ne manqueraient pas de faire connaître leur dévouement à Matsu Matasaka, quelle que soit la colère que cela puisse provoquer. Officiellement, le clan du Lion reconnaîtrait sa dette envers la Licorne. Akira-san leur apprit de plus que le magistrat Ide Soshu avait été retrouvé par les rônins de Toturi : en attaquant les crapules au nord, ils avaient découvert le magistrat, enlevé et séquestré depuis deux jours.
Les enfants partirent comme prévu chez Akira-san. Le Shinjo tué fut ramené à la cité du fleuve d'Inchu. Nos samuraï quittèrent donc les terres du Lion, passèrent par le temple d'Inchu pour y retrouver Shiba Ikky. Celle-ci était presque entièrement remise de ses blessures. Kakachi le rônin était reparti déjà la veille. Sans doute avait-il retrouvé Toturi à côté de la demeure de la vieille Kitabakate.
Une cérémonie de méditation et de prière fut organisée avec Isawa Ayame. A l'issue de celle-ci, Shinjo Kohei fit une donation de 2 kokus au temple pour leurs bons services. Puis, la troupe passa une journée à voyager vers la cité d'Inchu. Chez Shinjo Egawa, elle fit halte un soir. Le daymio du Bois d'Argent réitéra son invitation aux célébrations de la chasse. Puis nos samuraï remontèrent vers la Cité de la Grenouille Riche. Là, ils furent reçus en comité restreint par le daymio Shinjo Bunjiro et son conseiller, Iuchi Kumanosuke. Ils voulaient entendre les conclusions de nos héros sur leur enquête dans la vallée d'Inchu.
Selon Mirumoto Ryu, à l'évidence, un tiers parti, ni Lion ni Licorne, essayait de pousser à la guerre civile. Mais on ne connaissait ni leurs motivations ni leur chef.
Isawa Ayame s'accordait sur cette conclusion. Pour ce qui était de la querelle des deux villages, la shugenja avait le sentiment que les deux étaient en partie de bonne foi, mais qu'ils essayaient parfois de défendre au-delà du raisonnable leurs intérêts. Le plus important était surtout que leur conflit les dépassait en grande partie. Ils n'étaient pas responsables de ce qui leur arrivait. De plus, Ayame instita sur son sentiment selon lequel son enquête n'était pas terminée. En effet, si plusieurs serviteurs des conspirateurs étaient morts, les instigateurs eux-mêmes n'avaient pas été appréhendés. Le shugenja Kumanosuke remercia alors Ayame de son dévouement, mais il lui opposa qu'elle avait rempli sa mission, à savoir juger de la querelle des deux villages.
Les négociations pour le tracé des frontières aurait lieu avant peu, Shinjo Bunjiro l'exigeait : on ne pouvait plus laisser la situation dans le flou où elle se trouvait. On tracerait au cordeau la démarcation de territoire. Les autres samurai présents ne voyaient rien à ajouter à ce qui avait été dit. Le magistrat Ide Soshu était là, mais il adoptait un profil bas : il avait été durement réprimancé pour ses erreurs et ses égarements. Il ressortait abaissé de cette affaire.
Ayame-san se permit encore d'insister. Peut-être était-il bon de prolonger l'enquête, afin de découvrir les vraies menaces dans la région. Kumanosuke refusa encore poliment, expliquant que sa raison était politique : nos héros avaient recouvré la dette contractée auprès du clan de la Licorne. Si la Grenouille Riche exigeait plus d'eux à présent, c'est le clan de la Licorne qui se mettrait en dette vis-à-vis de leurs clans. Intérieurement, le vieux shugenja souriait devant l'insistance de la jeune Ayame.
Celle-ci tenta une dernière chose, ne serait-ce que pour contrarier légalement le shugenja Iuchi : elle demanda à rencontrer la vieille Kitabakate. Kumanosuke s'en remit à Bunjiro-sama, qui accepta. Le shugenja approuva cette décision. Ayame marquait un coup contre l'habile Iuchi.
Sur ce, Shinjo Bunjiro libéra officiellement Ayame, Ikky, Ryu et Hiruya de leur attachement à la Licorne. Il les retrouverait chez Shinjo Egawa pour la célébration de la chasse et de leur réussite à Inchu. Shinjo Kohei encourrait un léger blâme pour avoir mal défendu Isawa Ayame dans les bois. A ce moment-là, il aurait dû se comporter comme un vrai yojimbo. Sans doute aurait-il une dette à payer au clan du Phénix.
Le lendemain, Isawa Ayame eut la surprise d'être convoquée à une entrevue avec Iuchi Kumanosuke. Ils avaient rendez-vous dans les jardins exubérant, exotiques et luxuriants de couleurs automnales du palais de la Grenouille Riche. Les yojimbo respectifs des deux shugenja avaient été priés de rester à l'entrée des jardins, attendant stoïquement la fin de l'entrevue.
Kumanosuke-sama accueillit poliment, un petit sourire de vieux singe au coin de la lèvre. Il fumait une longue pipe, semblable à celle d'Ayame-san -mais lui ne fumait que du tabac...
Ayame-san s'inclina poliment devant le respectable Iuchi.
Kumanosuke-san ne passa par par quatre chemins pour parler à la shugenja. Il ne fut aucunement impoli, mais ne s'embarrassa plus de scrupule ni de dissimulations. Puisque nos héros avaient si bien réussi que le clan du Lion avait une dette importante envers la Licorne, les Lions payeraient cette dette avec le nouveau tracé des frontières. C'était bien là ce que voulait depuis le début le shugenja, et Ayame l'avait bien compris. Kumanosuke-san profitait de cette dette pour renforcer les frontières Licorne vers l'est. A la shugenja qui souhaitait scrupuleusement continuer son enquête, non pas pour l'honneur de son clan, mais parce que telle était la volonté de l'Empereur, de rétablir la justice partout, Kumanosuke répliqua en souriant qu'il ne fallait pas trop vouloir en ce monde. Ayame-san serait récompensée pour son discernement et sa perspicacité. L'honneur et la gloire étaient les deux choses les plus précieuses qu'elle pourrait acquérir dans cette vie.
Si en sus elle voulait la vérité, elle devrait atteindre sa prochaine vie... Le vieux shugenja tira sur sa pipe, regardant avec bienveillance la jeune Phénix : elle connaissait le souci de la vérité : il était pour elle d'apprendre la vie... et la politique. A compter tous les morts chez les crapules d'Inchu, on pouvait inférer que leurs forces avaient été réduites comme une peau de chagrin. Collectivement, ils avaient été dangereux. Mais saignés par les attaques de nos héros et celles de Toturi, ils ne pouvaient plus grand'chose. Une importante victoire venait d'être remportée pour le clan de la Licorne : il fallait en profiter et en tirer le meilleur avantage.
Iuchi Kumanosuke dit alors d'un ton plus solennel, et plus sincère aussi, que ce qu'il faisait, il le faisait pour le bien de son clan.
- Ce ne sont que les paroles d'un vieux shugenja qui a fait bien des erreurs au cours de sa vie, déclara t-il, et qui en a tiré certains enseignements. Plus tard, quand j'aurai quitté ce monde, vous vous souviendrez de ce que je vous ai dit, Ayame-san. Alors, vous comprendrez que j'avais raison. Et si je me trompe, mon erreur vous servira de contre-exemple, et vous aurez quand même appris quelque chose. Vous aussi vous finirez par commettre des erreurs, comme nous tous, et vous aurez à en assumer les conséquences.
- J'espère que je n'entrainerai personne avec moi dans mes erreurs, dit la shugenja.
- Je l'espère pour vous. Vous êtes encore jeune et pleine d'entrain. Puisse cet entrain de la jeunesse ne pas vous quitter. Car l'enthousiasme est une lame qui s'émousse très facilement. Ne l'oubliez pas, Ayame-san.
La shugenja promit de méditer ces conseils. Elle ne doutait pas de la sagesse des paroles du respectable Iuchi Kumanosuke.
FORCE ET HONNEUR, SAMURAI !
Par petites étapes, nos samuraï voyagèrent de Inchu à la Cité de la Grenouille Riche.
Ils quittèrent le lendemain de l'affrontement la ferme de Yoko-san. Elle et son frère s'inclinèrent devant nos samuraï pour leur aide : ils ne manqueraient pas de faire connaître leur dévouement à Matsu Matasaka, quelle que soit la colère que cela puisse provoquer. Officiellement, le clan du Lion reconnaîtrait sa dette envers la Licorne. Akira-san leur apprit de plus que le magistrat Ide Soshu avait été retrouvé par les rônins de Toturi : en attaquant les crapules au nord, ils avaient découvert le magistrat, enlevé et séquestré depuis deux jours.
Les enfants partirent comme prévu chez Akira-san. Le Shinjo tué fut ramené à la cité du fleuve d'Inchu. Nos samuraï quittèrent donc les terres du Lion, passèrent par le temple d'Inchu pour y retrouver Shiba Ikky. Celle-ci était presque entièrement remise de ses blessures. Kakachi le rônin était reparti déjà la veille. Sans doute avait-il retrouvé Toturi à côté de la demeure de la vieille Kitabakate.
Une cérémonie de méditation et de prière fut organisée avec Isawa Ayame. A l'issue de celle-ci, Shinjo Kohei fit une donation de 2 kokus au temple pour leurs bons services. Puis, la troupe passa une journée à voyager vers la cité d'Inchu. Chez Shinjo Egawa, elle fit halte un soir. Le daymio du Bois d'Argent réitéra son invitation aux célébrations de la chasse. Puis nos samuraï remontèrent vers la Cité de la Grenouille Riche. Là, ils furent reçus en comité restreint par le daymio Shinjo Bunjiro et son conseiller, Iuchi Kumanosuke. Ils voulaient entendre les conclusions de nos héros sur leur enquête dans la vallée d'Inchu.
Selon Mirumoto Ryu, à l'évidence, un tiers parti, ni Lion ni Licorne, essayait de pousser à la guerre civile. Mais on ne connaissait ni leurs motivations ni leur chef.
Isawa Ayame s'accordait sur cette conclusion. Pour ce qui était de la querelle des deux villages, la shugenja avait le sentiment que les deux étaient en partie de bonne foi, mais qu'ils essayaient parfois de défendre au-delà du raisonnable leurs intérêts. Le plus important était surtout que leur conflit les dépassait en grande partie. Ils n'étaient pas responsables de ce qui leur arrivait. De plus, Ayame instita sur son sentiment selon lequel son enquête n'était pas terminée. En effet, si plusieurs serviteurs des conspirateurs étaient morts, les instigateurs eux-mêmes n'avaient pas été appréhendés. Le shugenja Kumanosuke remercia alors Ayame de son dévouement, mais il lui opposa qu'elle avait rempli sa mission, à savoir juger de la querelle des deux villages.
Les négociations pour le tracé des frontières aurait lieu avant peu, Shinjo Bunjiro l'exigeait : on ne pouvait plus laisser la situation dans le flou où elle se trouvait. On tracerait au cordeau la démarcation de territoire. Les autres samurai présents ne voyaient rien à ajouter à ce qui avait été dit. Le magistrat Ide Soshu était là, mais il adoptait un profil bas : il avait été durement réprimancé pour ses erreurs et ses égarements. Il ressortait abaissé de cette affaire.
Ayame-san se permit encore d'insister. Peut-être était-il bon de prolonger l'enquête, afin de découvrir les vraies menaces dans la région. Kumanosuke refusa encore poliment, expliquant que sa raison était politique : nos héros avaient recouvré la dette contractée auprès du clan de la Licorne. Si la Grenouille Riche exigeait plus d'eux à présent, c'est le clan de la Licorne qui se mettrait en dette vis-à-vis de leurs clans. Intérieurement, le vieux shugenja souriait devant l'insistance de la jeune Ayame.
Celle-ci tenta une dernière chose, ne serait-ce que pour contrarier légalement le shugenja Iuchi : elle demanda à rencontrer la vieille Kitabakate. Kumanosuke s'en remit à Bunjiro-sama, qui accepta. Le shugenja approuva cette décision. Ayame marquait un coup contre l'habile Iuchi.
Sur ce, Shinjo Bunjiro libéra officiellement Ayame, Ikky, Ryu et Hiruya de leur attachement à la Licorne. Il les retrouverait chez Shinjo Egawa pour la célébration de la chasse et de leur réussite à Inchu. Shinjo Kohei encourrait un léger blâme pour avoir mal défendu Isawa Ayame dans les bois. A ce moment-là, il aurait dû se comporter comme un vrai yojimbo. Sans doute aurait-il une dette à payer au clan du Phénix.
Le lendemain, Isawa Ayame eut la surprise d'être convoquée à une entrevue avec Iuchi Kumanosuke. Ils avaient rendez-vous dans les jardins exubérant, exotiques et luxuriants de couleurs automnales du palais de la Grenouille Riche. Les yojimbo respectifs des deux shugenja avaient été priés de rester à l'entrée des jardins, attendant stoïquement la fin de l'entrevue.
Kumanosuke-sama accueillit poliment, un petit sourire de vieux singe au coin de la lèvre. Il fumait une longue pipe, semblable à celle d'Ayame-san -mais lui ne fumait que du tabac...
Ayame-san s'inclina poliment devant le respectable Iuchi.
Kumanosuke-san ne passa par par quatre chemins pour parler à la shugenja. Il ne fut aucunement impoli, mais ne s'embarrassa plus de scrupule ni de dissimulations. Puisque nos héros avaient si bien réussi que le clan du Lion avait une dette importante envers la Licorne, les Lions payeraient cette dette avec le nouveau tracé des frontières. C'était bien là ce que voulait depuis le début le shugenja, et Ayame l'avait bien compris. Kumanosuke-san profitait de cette dette pour renforcer les frontières Licorne vers l'est. A la shugenja qui souhaitait scrupuleusement continuer son enquête, non pas pour l'honneur de son clan, mais parce que telle était la volonté de l'Empereur, de rétablir la justice partout, Kumanosuke répliqua en souriant qu'il ne fallait pas trop vouloir en ce monde. Ayame-san serait récompensée pour son discernement et sa perspicacité. L'honneur et la gloire étaient les deux choses les plus précieuses qu'elle pourrait acquérir dans cette vie.
Si en sus elle voulait la vérité, elle devrait atteindre sa prochaine vie... Le vieux shugenja tira sur sa pipe, regardant avec bienveillance la jeune Phénix : elle connaissait le souci de la vérité : il était pour elle d'apprendre la vie... et la politique. A compter tous les morts chez les crapules d'Inchu, on pouvait inférer que leurs forces avaient été réduites comme une peau de chagrin. Collectivement, ils avaient été dangereux. Mais saignés par les attaques de nos héros et celles de Toturi, ils ne pouvaient plus grand'chose. Une importante victoire venait d'être remportée pour le clan de la Licorne : il fallait en profiter et en tirer le meilleur avantage.
Iuchi Kumanosuke dit alors d'un ton plus solennel, et plus sincère aussi, que ce qu'il faisait, il le faisait pour le bien de son clan.
- Ce ne sont que les paroles d'un vieux shugenja qui a fait bien des erreurs au cours de sa vie, déclara t-il, et qui en a tiré certains enseignements. Plus tard, quand j'aurai quitté ce monde, vous vous souviendrez de ce que je vous ai dit, Ayame-san. Alors, vous comprendrez que j'avais raison. Et si je me trompe, mon erreur vous servira de contre-exemple, et vous aurez quand même appris quelque chose. Vous aussi vous finirez par commettre des erreurs, comme nous tous, et vous aurez à en assumer les conséquences.
- J'espère que je n'entrainerai personne avec moi dans mes erreurs, dit la shugenja.
- Je l'espère pour vous. Vous êtes encore jeune et pleine d'entrain. Puisse cet entrain de la jeunesse ne pas vous quitter. Car l'enthousiasme est une lame qui s'émousse très facilement. Ne l'oubliez pas, Ayame-san.
La shugenja promit de méditer ces conseils. Elle ne doutait pas de la sagesse des paroles du respectable Iuchi Kumanosuke.

