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Journal de Lucinius #14 : Le pacte de Vienne
#6
Journal de Lucinius (suite)

Pendant ces réunions, j'avais parfois du mal à garder mon attention. Les enjeux discutés, et le poids des décisions à prendre, étaient pourtant passionnats, c'est le moins qu'on puisse dire. Cependant, mes pensées voyageaient rapidement vers d'autres sujets, plus ou moins plaisants. J'avoue que me plonger dans ces occupations était un bon moyen de faire le deuil de l'année passée.
J'avais laissé à 2003 bien trop de mes proches. J'essayais maintenant de me distraire, et de recoller au moins à ma fausse vie, en me plongeant dans le monde de la mode.
Puisque j'avais pour alliée en ce domaine la très élégante Graziella de Valori (dans sa bouche, on ne pouvait entendre de jugement plus cruel et plus définitif que celui-ci : "Untel, cette personne... elle est inélégante" -cela équivalait à un pouce tourné vers le bas dans l'arène romaine !wink, je dois dire que j'eus vite fait de devenir le mètre-étalon de la mode vestimentaire, et je puis ainsi développer et assouvir bien des caprices. Je n'avais qu'à regarder de haut certaines personnes, relever tel détail qui me déplaisait, juger ringard telle marque, et je pouvais être sûr que dans la semaine suivante, une élite ultra-branchée de deux mille parisiens allaient changer leurs habitudes vestimentaires, avant que par propagation de l'onde de choc, dix mille élégants n'imitent les précédents, et que la saison suivante, les grands magasins ne répercutent mes mots d'ordres lancés au hasard.
La signora de Valori relayait et amplifiait mes fantaisies : elle faisait circuler l'information, et elle faisait honte à ceux qui ne connaissaient pas encore ce que je venais d'énoncer l'heure d'avant.
Ce soir-là, nous avions décidé de frapper un gros coup, et de bouleverser le confort vestimentaire établi depuis au moins deux bonnes semaines ! lol
Graziella à mon bras, nous arrivons à l'improviste dans un luxueux restaurant de l'île Saint-Louis. J'aperçois la chanteuse Brigitte Fontaine, qui habite non loin de là, et dont j'ai produit, indirectement, le dernier album. Je sais qu'elle n'est jamais en reste d'une originalité ou d'une excentricité inventée dans son kéké-land -mais je ne vais pas me lancer dans le name-dropping, et vous énoncer quelles vedettes du showbiz je parraine actuellement (tel vieux chanteur sur le retour, tel artiste de music-hall, tel autre qui veut percer dans le cinéma).
Bref, nous arrivons avec Graziella au milieu de ce beau monde, et tous aperçoivent qu'à présent, pour les hommes, il est seyant de s'en tenir à un costume Yves Saint-Laurent allié à une teinte des cheveux en blanc, et généreusement ébourriffés. Le dernier grand chic pour entrer en boîte.
Voilà qui va faire fureur, et j'attends de voir pousser une forêt de tignasses décolorées dans les prochaines semaines !

Depuis la fin de l'année dernière, je n'avais guère eu le temps de sortir avec Graziella, de discuter chiffons, arsenic et vieilles dentelles à une bonne table.
- Depuis six mois, je me suis plongé dans de nombreuses occupations. Hélas, je dois bien dire que j'ai beaucoup de choses à oublier. Je me suis défait du domaine de Rambouillet, qui appartenait à Lisbeth, et j'ai pris sa servante à mon service. Le Prince souhaitait attribuer le domaine à un de ses nouveaux favoris. Maintenant, je garde le manoir Tropovitch à Montmatre pour mes invitations les plus mondaines, les plus formelles, tandis qu'à "Tokyo", j'invite mes meilleures connaissances -dont vous et François Loren êtes par exemple. Nous sommes presque voisins, et nous nous voyons si peu, quel dommage ! Pourtant, par la fenêtre, je pourrais presque vous voir, accoudée à une fenêtre de Chaillot. Je m'achéterais bien un pied-à-terre au dernier étage de la Tour Eiffel, mais j'ai le vertige. En dehors de mes fonctions de Sénéchal, qui me prennent presque tout mon temps, comme vous imaginez (le Prince est très exigeant, mais j'oserais dire que j'ai toute sa confiance, et ces derniers temps, je vois défiler toutes sortes de personnalités invongrues), je me suis intéressé encore plus qu'avant au marché de l'art. Car vous savez qu'il s'agit du meilleur investissement qui soit : les grandes oeuvres ne font que gagner en valeur, même au fond du coffre-fort d'une collectionneur japonais. J'ai donc différentes participations dans des salles d'enchères, et moi-même je vends des oeuvres...
- Lucinius ! vous vous mettez à la peinture vous-même maintenant ! biggrin eek2
- Ah non, pas du tout ! lol Je ne fais que vendre des peintures que je commande à des artistes importants. Les gens aiment peu l'art contemporain, mais apprécient beaucoup, à défaut d'originaux de chefs d'oeuvres classiques, de belles copies... Clever Tant pis si parfois certains d'entre eux, gens peu avertis, confondent copies et originaux ! lol Mais qu'importe ! qu'importe ! Ils voulaient une peinture de Léonard de Vinci, ne l'ont-ils pas obtenu grâce à votre serviteur ! Et tant qu'ils regardent ce tableau comme un vrai Léonard, où est le mal ! S'ils en sont persuadés !
- Ah mais chacun n'a que l'art qu'il mérite, c'est évident. wink mdr
- Evidemment, je me souviens de cet homme manifestement peu au fait du domaine de la peinture en général, qui m'a acheté à un prix royal un magnifique Peuple à la Bastille. De Léonard de Vinci. Whistle
- mdr J'ignorais que le génial Léonard avait peint le peuple sur les barricades de la Révolution !
- Ah mais c'est une oeuvre unique, j'y insiste ! Il n'en existe aucune copie d'ailleurs ! lol

Je me frotte les yeux, et ce beau souvenir s'efface, et reste pour moi aussi précis et net qu'un beau rêve dont vous ne voudriez pas voir la fin. Je retrouve la salle sombre et les visages sévères des membres du Primogène.
Elisabeth, la future Toréador vient de sortir avec Théophile.
- Bien, dis-je, nous n'avons pas d'autres candidats à l'ordre du jour, et d'ailleurs, je ne vois rien d'autre comme sujet pour ce soir...
Je vois alors le Prince me faire signe.
- Honorables représentants Primogène, François Villon, notre Prince, désire nous parler. Prince, c'est avec respect que nous écouterons ce dont vous voulez nous entretenir.
Et là bien sûr, c'est la tuile. neutral c'est un honneur supplémentaire que me fait le Prince.

Pour le dire en quelques mots, le Prince souhaite partir en délégation à la fondation de Vienne. Chez les Tremere. neutral Il souhaiterait que son vaillant Sénéchal l'accompagnât (je l'admets, c'est moi qui ajoute "vaillant"), ainsi que le Primogène Ventrue François Loren, et deux harpies du Louvre, une certaine Mégane et Graziella de Valori.
Voilà notre équipe de choc reformée par la volonté du Prince. Dans mes souvenirs, Morgane la Sorbonnarde doit se trouver là-bas. Elle avait contacté François Loren il y a quelques temps, mais je n'ai pas eu de nouvelles de cette affaire derniérement.
Je ne sais plus trop comment c'est arrivé, mais j'ai commis une grosse bourde lors d'une discussion anodine avec Graziella et François. Je devais parler de Théophile, celui qui me prend pour la "coquelouche" de Paris, et j'ai dit : "ce ringard d'Italien !" Quel gaffeur !
Non pas tant parce qu'il est en réalité Espagnol, mais parce que je me suis attiré un regard noir de Graziella ! Le genre "oeil-révolver". :?
:baton:
Nous voici donc partis pour Vienne. Pas de fanatiques à l'aéroport, pas de missiles en route, pas de seigneur Malkavien pour nous détraquer le cerveau, le voyage se passe sans histoire.
C'est évidemment après qu'a commencée ce qu'on raconte maintenant sous l'étiquette "crise de Vienne", "pacte de Vienne" ou "colonisation des terres vierges".
Des coups durs, j'en avais déjà affronté, mais rien ne peut préparer un Sénéchal, jeune ou vieux, à affronter sereinement un coup de grain pareil.

A suivre... Terreur

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Journal de Lucinius #14 : Le pacte de Vienne - by Darth Nico - 22-11-2004, 11:04 PM

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