24-11-2004, 10:27 PM
Journal de Lucinius (suite)
Vues mes rocambolesques aventures depuis plus d'un an, j'aurais été le premier en droit de dire que j'en avais largement soupé, et qu'il en faudrait beaucoup pour me secouer vraiment. Depuis ma nomination en tant que Sénéchal, j'avais subi à nouveau cet effet de balançoire lancée à toute volée, et je me demandais bien jusqu'où j'allais m'envoler avant de redescendre, toucher brièvement terre et repartir de plus belle -en arrière cette fois. :?
Est-il surprenant de noter que c'est à Vienne que le choc de retour s'est produit enfin, que j'ai vraiment frôlé la terre de très près, et qu'il a fallu que je m'accroche très fort pour repartir ?
Je me souviens de ce soir lugubre, où l'avion princier est arrivé en vue du palais de la fondation Tremere. Sire Villon semblait d'excellente humeur pourtant. Il plaisantait avec les deux harpies, tandis que Loren et moi relevions tous ses bons mots. Pourtant, quand nous avons repassé la couche nuageuse et que nous avons amorcé notre descente vers la vieille Autriche, je savais que notre passage par cette terre serait pénible, et le retour encore plus.
C'est vraiment cette fois, en passant les portes de ce vieux château que nous avons comme passé la porte de l'Enfer de Rodin pour pénétrer dans un palace de H.R. Giger.. Il y avait un lugubre frisson palpable dans l'air, tout comme les gargouilles qui tournoyaient au-dessus de nos têtes, ignobles comme des hyènes, noires comme des chauves-souris, menaçantes comme des vautours. Mais on veillait à notre sécurité.
Le Prince devait rencontrer trois Pontifes Tremere, très vieux, très susceptibles, très puissants, afin de négocier avec eux de nouvelles mesures de sécurité pour Paris. Parmi la délégation qui nous accompagnait depuis notre descente d'avis, et dans le cortège des limousines de la suite princière, il se trouvait Morgane et son Sire Merlin. J'échangeais quelques mots rapides avec elle. Ce fut elle qui fut chargée de nous montrer nos chambres, de veiller que tout allait bien pour nous. Une vraie soubrette ! Elle semblait à l'étroit dans ses talons hauts et son tailleur. Il ne lui manquait que le petit tablier et le plumeau !
Le Prince, François Loren et moi avions une suite chacun à notre disposition, et les deux harpies Graziella et Mégane en avait une pour elles deux.
Ce soir-là, dans la cour du palais, le Prince admira particulièrement une fontaine dont l'eau vive murmurait dans la nuit, et dont les lumières, vivement brillantes, étaient apaisantes parmi ces pierres froides. Puisqu'il appréciait cette fontaine, je promettait aussitôt que nous en ferions exécuter une copie à Paris, et le Prince fut ravi de ma proposition.
Je dois dire que, du fait que sa sympathie pour moi ne se démentît jamais, cela me donna confiance par la suite -surtout quand je fus forcé d'abuser de cette sympathie, au moment où j'eus plus à faire que je ne l'avais jamais demandé.
Les suites étaient très bien aménagées. Je consultai quelques livres dans la bibliothèque de la mienne, espérant un jour plonger mon regard dans des ouvrages bien plus ésotériques dans des rayonnages bien plus secrets. De temps à autre, j'entendais les talons de Morgane courir dans les longs couloirs de la fondation. Elle jouait à elle toute seule le rôle du petit personnel.
La soirée fut agréable. Le réveil le lendemain soir fut bien plus... sauvage...

Nous étions tous éveillés à 18h30, et prêts à nous rendre à la réunion des Pontifes. Seul le Prince tardait à se manifester. Ce n'est que vers 20h00 que j'osais enfin aller frapper à sa porte, et m'enquérir de sa préparation. Je constatais alors qu'il n'était toujours pas réveillé. Je tournais en rond dans sa suite, tandis que la nervosité me gagnait. Moi et le reste du palais, peu à peu, par propagation.
Morgane vint frapper à la porte. Une première fois, j'ordonnai au majordome de la faire patienter, d'envoyer nos excuses aux pontifes. Elle n'arrêta pas de faire l'aller-retour, affairée, pressée. La seconde fois, je l'accueillais à la porte, et elle dût comprendre que quelque chose de grave se passait.
Le Prince ne se réveillait pas. Il était très pâle, dans un état de torpeur avancée. Je lui avais donné un peu de mon sang, avant que Loren ne vienne lui en administrer une forte dose. Et depuis qu'il avait avalé la comtesse Bathory, ce n'était pas du jus de chaussette son son hémoglobine ! Il y avait de quoi réveiller les morts dans ses veines. Le Prince émergea de sa torpeur.
Je le laissai s'habiller, mais quand il sortit de sa chambre, au moment où je renvoyai Morgane poliment, il avait l'air éteint. Au sens propre. Imaginez que vous découvriez un soir une avenue comme les Champs-Elysées plongées dans le noir, sans aucun reverbère, sans aucun bruit, comme si tout était mort entre la Concorde et la place de l'Etoile.
L'absence d'aura autour du Prince était aussi sinistre et inquiétante.
Loren dut même le soutenir pour qu'il marche. Et encore avançait-il à la manière d'un pantin, mécaniquement. Nous redoutions le pire. Il avait l'air de pouvoir tomber, désarticulé, d'un moment à l'autre.
Morgane dut bien le voir, et c'est la gorge serré que j'acceptai de lui confier le Prince. Elle devait l'amener à la salle de réunion avec les Pontifes.
Loren et moi n'avions qu'à nous ronger les sangs.
J'invitai le Primogène à venir boire une solide rasade de sang dans la chambre du Prince, il ne l'avait pas volé.
Soudain, un choc sourd retentit dans le palais. Un corps venait de s'effondrer.
Aussitôt, Loren et moi nous précipitons au-dehors, ne redoutant que trop ce que nous allions découvrir. Et je le vois, "encore plus grand allongé que debout" comme on l'a dit du duc de Guise, mon Prince, étalé de tout son long, inerte, comme frappé par la foudre, et Morgane affolée, et d'autres serviteurs qui tournent autour, comme des fourmis.
Quelle catastrophe, mais quelle catastrophe ! J'aurais vu s'écrouler la Pyramide du Louvre que je n'aurai pas ressenti un tel effroi ! C'était abominable.
Le Prince, presque mort, au milieu de ce château sinistre entre tous, c'était vraiment un avant-goût de la Géhenne ! Les Gargouilles voletaient toujours au-dessus de nous, la nuit était sans étoile, et nous étions dans un environnement aussi lugubre qu'un cirque lunaire !![[Image: icon5.gif]](http://forum.mamarland.info/style_images/set_Invi-516/icon5.gif)
J'ai vite compris ce qui nous attendait, Loren et moi...
Nous avons accompagné Sire Villon jusqu'au centre médical de Sire Merlin, nous nous sommes assurés qu'il était entre les moins bonnes mauvaises mains possibles.
C'était cauchemardesque. Je me sentais autant en sécurité ici que Sigourney Weaver à bord du Nostromo...
Morgane fit quelques allers-retours entre l'antichambre où nous allâmes attendre et la salle où siégeaient les Pontifes depuis des heures.
Enfin, appelés à entrer, comme chez le dentiste, nous nous levâmes. Je fis craquer mes doigts, Loren se repeigna et nous passâmes la porte. Désormais, le Prince de Paris, c'était moi !!!...
Assise dans un coin, Morgane assista à notre réunion avec les Pontifes, et elle aussi, ce soir-là, signa de son sang ce qui devenait vite s'appeler le Pacte de Vienne.
Etait-ce un pacte de dupe, comme l'ont aussitôt pensé nombre de gens ?
Sincérement, sur le moment, je ne l'ai pas pensé.
Avions le choix ? Etions en position de force ? Avions-nous eu le temps de la réflexion ?
Non, trois fois non.
Le Prince en passe de subir la mort ultime, nous n'avions qu'à ratifier ce pacte, et à accepter les exigences des Pontifes. Je jure bien que si ça n'avait tenu qu'à moi, je ne l'aurais jamais accepté. Jamais je ne serais allé consulter les Tremere pour renforcer la sécurité à Paris ! Jamais !
Avec des Brujah, des Gangrel, oui, pourquoi pas ! Vous me direz que ce sont des anarchistes, des terroristes, des sauvages ! Peut-être, mais leur logique a le mérité d'être simple, et denuée de toute perversité. Une fois saisi le rapport de force, vous en jouez, et ils l'accepteront après des négociations franches et limpides.
Mais qui a jamais su à quoi jouaient les Tremere ? Comment s'étonner que tout le monde ait aussitôt pensé que c'étaient eux qui avaient empoisonné le Prince ? Comment ne pas y penser ? Plus c'est gros, plus ça marche, dit-on vulgairement.
Alors, oui, ce soir-là, Loren et moi avons accepté leurs conditions.
En échange de protections magiques et de Gargouilles, nous acceptions de tripler leur territoire, nous libérions Ajantis, ce Tremere qui avait attenté à la non-vie du Prince il y a 120 ans de cela, et nous fournissions la matière première pour les Gargouilles : des Nosfératu et des Gangrel.
Le Prince désirait 50 Gargouilles. Ce soir-là, j'étais encore loin d'oser seulement remettre en question les décisions de Sire Villon. Je ne cacherai pas que moins d'une semaine après, mon scepticisme s'était grandement accrû.
Ainsi donc, le sang de Loren, le mien, celui de Morgane et de son Sire, puis celui des Pontifes fut versé sur ce Pacte. Si l'un des signataires le brisait, il pouvait s'exposer à des malédictions sans nom etc.
Nous sortîmes fébriles de cette réunion, bien contents qu'elle se termine, et un poids énorme sur les épaules. Sire Merlin ne tarda pas à nous confirmer, le surlendemain, que le Prince avait été empoisonné par une toxine puissante. Il recommandait un remède de cheval : que le Prince boive par quatre fois en deux semaines le sang d'un lupin. D'un gros lupin.
Le modèle familial, celui des films gores où il faut sortir l'attirerie militaire pour l'achever.
J'organisai quelques réunions avec François Loren, avec les harpies Graziella et Mégane, avec Morgane, mais mon instinct me hurlait de fuir Vienne. Le dernier soir, nous fîmes avec Graziella un tour en ville, dans les avenues illuminées, mais non décidément, Prague, Vienne, l'Autriche, les Carpates, tout cela n'était pas pour moi.
Accompagnés de Morgane, Merlin et le corps du Prince, nous rentrâmes à Paris. Des tâches herculéennes nous attendaient. Le conseil Primogène allait siéger presque en permanence et le sort de la Camarilla parisienne allait subir un sacré baptême du feu...
A suivre...
Vues mes rocambolesques aventures depuis plus d'un an, j'aurais été le premier en droit de dire que j'en avais largement soupé, et qu'il en faudrait beaucoup pour me secouer vraiment. Depuis ma nomination en tant que Sénéchal, j'avais subi à nouveau cet effet de balançoire lancée à toute volée, et je me demandais bien jusqu'où j'allais m'envoler avant de redescendre, toucher brièvement terre et repartir de plus belle -en arrière cette fois. :?
Est-il surprenant de noter que c'est à Vienne que le choc de retour s'est produit enfin, que j'ai vraiment frôlé la terre de très près, et qu'il a fallu que je m'accroche très fort pour repartir ?
Je me souviens de ce soir lugubre, où l'avion princier est arrivé en vue du palais de la fondation Tremere. Sire Villon semblait d'excellente humeur pourtant. Il plaisantait avec les deux harpies, tandis que Loren et moi relevions tous ses bons mots. Pourtant, quand nous avons repassé la couche nuageuse et que nous avons amorcé notre descente vers la vieille Autriche, je savais que notre passage par cette terre serait pénible, et le retour encore plus.
C'est vraiment cette fois, en passant les portes de ce vieux château que nous avons comme passé la porte de l'Enfer de Rodin pour pénétrer dans un palace de H.R. Giger.. Il y avait un lugubre frisson palpable dans l'air, tout comme les gargouilles qui tournoyaient au-dessus de nos têtes, ignobles comme des hyènes, noires comme des chauves-souris, menaçantes comme des vautours. Mais on veillait à notre sécurité.
Le Prince devait rencontrer trois Pontifes Tremere, très vieux, très susceptibles, très puissants, afin de négocier avec eux de nouvelles mesures de sécurité pour Paris. Parmi la délégation qui nous accompagnait depuis notre descente d'avis, et dans le cortège des limousines de la suite princière, il se trouvait Morgane et son Sire Merlin. J'échangeais quelques mots rapides avec elle. Ce fut elle qui fut chargée de nous montrer nos chambres, de veiller que tout allait bien pour nous. Une vraie soubrette ! Elle semblait à l'étroit dans ses talons hauts et son tailleur. Il ne lui manquait que le petit tablier et le plumeau !

Le Prince, François Loren et moi avions une suite chacun à notre disposition, et les deux harpies Graziella et Mégane en avait une pour elles deux.
Ce soir-là, dans la cour du palais, le Prince admira particulièrement une fontaine dont l'eau vive murmurait dans la nuit, et dont les lumières, vivement brillantes, étaient apaisantes parmi ces pierres froides. Puisqu'il appréciait cette fontaine, je promettait aussitôt que nous en ferions exécuter une copie à Paris, et le Prince fut ravi de ma proposition.
Je dois dire que, du fait que sa sympathie pour moi ne se démentît jamais, cela me donna confiance par la suite -surtout quand je fus forcé d'abuser de cette sympathie, au moment où j'eus plus à faire que je ne l'avais jamais demandé.
Les suites étaient très bien aménagées. Je consultai quelques livres dans la bibliothèque de la mienne, espérant un jour plonger mon regard dans des ouvrages bien plus ésotériques dans des rayonnages bien plus secrets. De temps à autre, j'entendais les talons de Morgane courir dans les longs couloirs de la fondation. Elle jouait à elle toute seule le rôle du petit personnel.
La soirée fut agréable. Le réveil le lendemain soir fut bien plus... sauvage...

Nous étions tous éveillés à 18h30, et prêts à nous rendre à la réunion des Pontifes. Seul le Prince tardait à se manifester. Ce n'est que vers 20h00 que j'osais enfin aller frapper à sa porte, et m'enquérir de sa préparation. Je constatais alors qu'il n'était toujours pas réveillé. Je tournais en rond dans sa suite, tandis que la nervosité me gagnait. Moi et le reste du palais, peu à peu, par propagation.
Morgane vint frapper à la porte. Une première fois, j'ordonnai au majordome de la faire patienter, d'envoyer nos excuses aux pontifes. Elle n'arrêta pas de faire l'aller-retour, affairée, pressée. La seconde fois, je l'accueillais à la porte, et elle dût comprendre que quelque chose de grave se passait.
Le Prince ne se réveillait pas. Il était très pâle, dans un état de torpeur avancée. Je lui avais donné un peu de mon sang, avant que Loren ne vienne lui en administrer une forte dose. Et depuis qu'il avait avalé la comtesse Bathory, ce n'était pas du jus de chaussette son son hémoglobine ! Il y avait de quoi réveiller les morts dans ses veines. Le Prince émergea de sa torpeur.
Je le laissai s'habiller, mais quand il sortit de sa chambre, au moment où je renvoyai Morgane poliment, il avait l'air éteint. Au sens propre. Imaginez que vous découvriez un soir une avenue comme les Champs-Elysées plongées dans le noir, sans aucun reverbère, sans aucun bruit, comme si tout était mort entre la Concorde et la place de l'Etoile.
L'absence d'aura autour du Prince était aussi sinistre et inquiétante.
Loren dut même le soutenir pour qu'il marche. Et encore avançait-il à la manière d'un pantin, mécaniquement. Nous redoutions le pire. Il avait l'air de pouvoir tomber, désarticulé, d'un moment à l'autre.
Morgane dut bien le voir, et c'est la gorge serré que j'acceptai de lui confier le Prince. Elle devait l'amener à la salle de réunion avec les Pontifes.
Loren et moi n'avions qu'à nous ronger les sangs.
J'invitai le Primogène à venir boire une solide rasade de sang dans la chambre du Prince, il ne l'avait pas volé.
Soudain, un choc sourd retentit dans le palais. Un corps venait de s'effondrer.
Aussitôt, Loren et moi nous précipitons au-dehors, ne redoutant que trop ce que nous allions découvrir. Et je le vois, "encore plus grand allongé que debout" comme on l'a dit du duc de Guise, mon Prince, étalé de tout son long, inerte, comme frappé par la foudre, et Morgane affolée, et d'autres serviteurs qui tournent autour, comme des fourmis.
Quelle catastrophe, mais quelle catastrophe ! J'aurais vu s'écrouler la Pyramide du Louvre que je n'aurai pas ressenti un tel effroi ! C'était abominable.
Le Prince, presque mort, au milieu de ce château sinistre entre tous, c'était vraiment un avant-goût de la Géhenne ! Les Gargouilles voletaient toujours au-dessus de nous, la nuit était sans étoile, et nous étions dans un environnement aussi lugubre qu'un cirque lunaire !
![[Image: icon5.gif]](http://forum.mamarland.info/style_images/set_Invi-516/icon5.gif)
J'ai vite compris ce qui nous attendait, Loren et moi...
Nous avons accompagné Sire Villon jusqu'au centre médical de Sire Merlin, nous nous sommes assurés qu'il était entre les moins bonnes mauvaises mains possibles.
C'était cauchemardesque. Je me sentais autant en sécurité ici que Sigourney Weaver à bord du Nostromo...
Morgane fit quelques allers-retours entre l'antichambre où nous allâmes attendre et la salle où siégeaient les Pontifes depuis des heures.
Enfin, appelés à entrer, comme chez le dentiste, nous nous levâmes. Je fis craquer mes doigts, Loren se repeigna et nous passâmes la porte. Désormais, le Prince de Paris, c'était moi !!!...
Assise dans un coin, Morgane assista à notre réunion avec les Pontifes, et elle aussi, ce soir-là, signa de son sang ce qui devenait vite s'appeler le Pacte de Vienne.
Etait-ce un pacte de dupe, comme l'ont aussitôt pensé nombre de gens ?
Sincérement, sur le moment, je ne l'ai pas pensé.
Avions le choix ? Etions en position de force ? Avions-nous eu le temps de la réflexion ?
Non, trois fois non.
Le Prince en passe de subir la mort ultime, nous n'avions qu'à ratifier ce pacte, et à accepter les exigences des Pontifes. Je jure bien que si ça n'avait tenu qu'à moi, je ne l'aurais jamais accepté. Jamais je ne serais allé consulter les Tremere pour renforcer la sécurité à Paris ! Jamais !
Avec des Brujah, des Gangrel, oui, pourquoi pas ! Vous me direz que ce sont des anarchistes, des terroristes, des sauvages ! Peut-être, mais leur logique a le mérité d'être simple, et denuée de toute perversité. Une fois saisi le rapport de force, vous en jouez, et ils l'accepteront après des négociations franches et limpides.
Mais qui a jamais su à quoi jouaient les Tremere ? Comment s'étonner que tout le monde ait aussitôt pensé que c'étaient eux qui avaient empoisonné le Prince ? Comment ne pas y penser ? Plus c'est gros, plus ça marche, dit-on vulgairement.
Alors, oui, ce soir-là, Loren et moi avons accepté leurs conditions.
En échange de protections magiques et de Gargouilles, nous acceptions de tripler leur territoire, nous libérions Ajantis, ce Tremere qui avait attenté à la non-vie du Prince il y a 120 ans de cela, et nous fournissions la matière première pour les Gargouilles : des Nosfératu et des Gangrel.
Le Prince désirait 50 Gargouilles. Ce soir-là, j'étais encore loin d'oser seulement remettre en question les décisions de Sire Villon. Je ne cacherai pas que moins d'une semaine après, mon scepticisme s'était grandement accrû.
Ainsi donc, le sang de Loren, le mien, celui de Morgane et de son Sire, puis celui des Pontifes fut versé sur ce Pacte. Si l'un des signataires le brisait, il pouvait s'exposer à des malédictions sans nom etc.
Nous sortîmes fébriles de cette réunion, bien contents qu'elle se termine, et un poids énorme sur les épaules. Sire Merlin ne tarda pas à nous confirmer, le surlendemain, que le Prince avait été empoisonné par une toxine puissante. Il recommandait un remède de cheval : que le Prince boive par quatre fois en deux semaines le sang d'un lupin. D'un gros lupin.
Le modèle familial, celui des films gores où il faut sortir l'attirerie militaire pour l'achever.
J'organisai quelques réunions avec François Loren, avec les harpies Graziella et Mégane, avec Morgane, mais mon instinct me hurlait de fuir Vienne. Le dernier soir, nous fîmes avec Graziella un tour en ville, dans les avenues illuminées, mais non décidément, Prague, Vienne, l'Autriche, les Carpates, tout cela n'était pas pour moi.
Accompagnés de Morgane, Merlin et le corps du Prince, nous rentrâmes à Paris. Des tâches herculéennes nous attendaient. Le conseil Primogène allait siéger presque en permanence et le sort de la Camarilla parisienne allait subir un sacré baptême du feu...
A suivre...
