19-12-2004, 06:46 PM
Journal d'Aladax Lucinius
Une courte journée à dormir, puis réveil le soir. Il ne restait plus qu'une nuit à attendre avant le dernier acte de la carrière d'Orsini. Et dès après-demain, nous serions prêts à marcher sur la fondation de Saint-Germain-en-Laye, puis vers l'est. Et ainsi nous en aurions fini avec les territoires du clan Tremere.
Sire Jarrell et Dame Yvonne m'avait promis qu'ils tenaient à ma disposition pour demain soir vingt-cinq membres de leur clans respectifs, prêts à partir pour être transformés en Gargouilles par les Tremere. J'avoue que c'est cette partie de l'opération qui me faisait vraiment froid dans le dos. C'était de l'abattage industriel, allié à des procédés magiques auxquels je ne connaissais rien. Et ces cinquante Gargouilles seraient de toute façon des espions volants pour le compte des mêmes Tremere, si redoutables qu'elles soient par ailleurs comme gardiennes de la capitale...
Mais quelle idée saugrenue avait eu le Prince de prévoir un tel pacte ! :thewall: :x
Mais j'étais au pied du mur, tout comme François Loren, Merlin et Morgane. Plus moyen de revenir en arrière.
Je m'apprêtais à passer cette dernière journée dans le calme qui précède la tempête. J'avais annulé tous mes rendez-vous, pour laisser tout le champ libre à des urgences. Je m'enfermais dans mon bureau, un livre sur les genoux, en bras de chemise, les pieds croisés sur le bureau, d'humeur maussade.
J'aurais bien voulu passer une journée calme, mais l'emploi du temps fut en réalité des plus chargés...
Ca a commencé par un coup de fil de Loren : il me demandait confirmation pour le lendemain, pour savoir si l'opération aurait bien lieu. Je le rassurais sur ce point. Nous étions tous les deux sur des charbons ardents en attendant que cela se fasse. il raccrocha, car il avait rendez-vous avec ce Sire Roméo de Montaigu. La veille, au Louvre, il avait vu d'Orsini et de Valori s'agenouiller aussitôt devant lui, alors qu'il prétendait être un Ventrue. Après coup, les deux Lasombra s'étaient embrouillés dans leurs explications. Depuis, il cherchait à savoir qui était vraiment ce Caïnite, sans doute étreint vers 1300...
Peu après, ce fut Dame Yvonne qui demanda un rendez-vous. Maugréant en me resservant une coupe de sang, j'acceptais de la voir.
Il arriva avec son petit air malicieux de concierge qui en a une bien bonne à vous apprendre... Elle avait vraiment l'air sordide d'une vielle pute qui tapine à la sortie d'une zone industrielle en déréliction...
- Asseyez-vous, dame Yvonne. Vous venez m'apporter des nouvelles fraîches cette fois ?
J'appuyais sur le "cette fois", parce que je savais qu'elle venait m'emmerder exprès, la vieille. :baton:
- J'ai effectivement plusieurs choses à vous apprendre, cher Régent...
Elle fit apporter un téléviseur, et mit une cassette dans le lecteur.
- Cela vient des enregistrements d'hier. De la pièce dans laquelle vous avez discuté avec Massimo d'Orsini...
Je me renfonçais dans mon siège, très contrarié. Plus moyen de se défiler, j'étais vraiment tricard ! :?
L'image était plutôt de bonne résolution, qualité divX (on a du matériel récent à l'Elysium, faut pas croire ! Surtout depuis que je suis Sénéchal d'ailleurs...). Bref, sur ce charmant court-métrage, on voyait votre serviteur sortir les arguments griffants pour calmer d'Orsini. Hé oui, le regard terrifiant n'était pas suffisant. Alors j'avais laisser pousser mes ongles, tout comme mon ami Corso, et j'avais commencé à caresser la glotte du cher d'Orsini.
Comment ça, je ne suis pas censé savoir faire ça ? Comment ça c'est surprenant de ma part ? :baton:
Ok, j'avoue, ce n'est pas Corso qui m'a appris ça. Ok, j'ai quelques talents cachés, et alors ?
- Vous savez, dame Yvonne, au fond je comprends très bien votre surprise... Mais que voulez-vous, en situation de difficulté, de danger, hé bien on se retrouve comme stimulé, obligé de développer ses talents à fond, qui sans ça resteraient en friche. Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort. Nietzsche, vous connaissez ?... Et il fallait bien convaincre d'Orsini pas vrai ?
- J'aimerais juste savoir : qui êtes-vous vraiment ?
Elle me disait ça avec le ton de voix de la call-girl qui vous sussure : "Vous êtes un homme fascinant, Lucinius..." Elle en avait l'air, d'une call-girl, le style Miss Monde 1921 !
- Je parle dans l'intérêt de la Camarilla, vous me comprenez...
- Ecoutez, mon nom est réellement Aladax Lucinius. C'est hors de doute, et vous pourrez le vérifier à l'aise, puisque vos services de renseignement sont si performants. Par ailleurs, puisque vous étiez prês, vous et les autres Primogène, à confier le siège de Régent à un Caïnite de 4 ans, pourquoi auriez-vous peur s'il s'avérait qu'en réalité, je suis un peu plus âgé, hmm ?
- Je vois... Je vais m'informer de cela...
- Je vous remercie dame Yvonne. Vraiment je vous remercie beaucoup, sincérement. Vos services de renseignements sont très performants. Toutefois, à l'avenir, j'aimerais qu'ils soient utilisés à autre chose qu'à m'espionner. Depuis que mon téléphone était passé sur le live de Radio Nosfé, ça commence à faire long !... Je suis bien Lucinius, et je ménerai la politique exactement comme il a été décidé avec le Primogène ! Alors, allez pointer vos caméras et vos micros sur quelqu'un d'autre.
- Sachez que je ne me préocuppe pas seulement de vous, Sire Régent... D'ailleurs, je viens vous apprendre autre chose, qui va vous intéresser. Voici cette fois des enregistrements de la fondation Tzymisce. Je vous les laisse : comme vous pourrez voir, elle a été attaquée en fin de nuit dernière par des Anarch, des Gargouilles et des Lasombra !
- Quoi ??
:shock:
- Parfaitement. Tous les Tzymisce là-bas sont sans doute morts. Je n'en sais pas beaucoup plus.
- Mais ces gens sont fous ! Je ne leur ai rien demandé ! Mais qu'est-ce qu'ils font !
- Désolée, Sire, à l'heure actuelle, je ne peux pas mieux vous dire.
Cette fois, elle redevenait spontanée. Elle n'était vraiment pas plus avancée que moi.
Mais ce n'est pas possible, c'est quand même pas les Tremere qui ont lancé l'attaque avec leurs Gargouilles...
Je laissais dame Yvonne partir, et j'accusais le coup. Là, vraiment... quand Loren allait apprendre ça !...
Je téléphonais aussi sec à Sergio le Brujah.
- Prenez une force conséquente et filez à Saint-Germain-en-Laye, à la fondation ! Sécurisez le périmètre jusqu'à demain ! Nous y ferons une entrée officielle en milieu de nuit ! Assurez-vous qu'il ne reste plus aucun danger sur place ! Je compte sur vous !
Ensuite, j'avalais plusieurs coupes à la suite. Je commençais à être vraiment plein. En même temps que ma soif s'étanchait, je retrouvais toute ma mémoire. Tout était vraiment clair comme l'eau de source maintenant. J'étais devenu transparent, complétement, et invisible à moi-même, comme privé de reflet. J'étais pris dans un devenir-ombre...
A peine remis de mes émotions, mon secrétaire m'annonce que François Loren veut me parler. Maintenant.
Toujours dépenaillé, pas présentable, habillé comme pour jouer au billard, assis d'une fesse sur la table, au fond d'une salle enfumée, je reçois donc le Primogène.
- Lucinius, je ne vais pas y aller par quatre chemins pour te l'annoncer...
Il a son air contrarié des mauvais jours.
- D'Orsini est mort.
- Quoi ???
Mais c'est pas Dieu possible ! Ils se sont tous passés le mot, les Tremere, Yvonne et d'Orsini pour m'emmerder ce soir !
- Qui l'a tué ?
- Roméo de Montaigu. Il est venu me l'avouer tout à l'heure. Sur le fond, je ne peux pas désapprouver son acte. Il voulait se débarrasser de ce type...
- Mais pourquoi ?... Et d'abord, il n'a pas à se substituer à la justice de la Camarilla ! Il n'a pas à jouer les justiciers ! Je suis désolé de devoir dire que nous devrons le juger pour son crime. Même si moi non plus, je ne peux pas lui en vouloir d'avoir tué ce gêneur...
- Mais quel dommage... Nous avions tout bien préparé...
- Mais oui, c'est rageant. A quelques heures prêt... Il ne pouvait pas attendre demain ce Montaigu ! Il est bien pressé, pour quelqu'un qui vient d'arriver en ville.
- Il est avec moi. Il est venu au Louvre. Il est prêt à te rencontrer, et à s'expliquer.
- Très bien... très bien... Je vais le rencontrer dans ce cas...
C'est alors qu'entre le secrétaire, qui m'informe que Morgane et Merlin demandent à me rencontrer de toute urgence.
Mais c'est qu'on rentre chez moi comme dans un moulin !
- Très bien ! :x Je vais les recevoir !... Loren, voulez-vous m'attendre un peu ? Je ne serai pas long avec les Tremere...
Exit Loren. Entrent Sire Merlin et son infant.
Comme à son habitude depuis Vienne, Morgane me sourit quelques secondes, le temps de sonder mon aura... Je vous jure, qu'elle ouvre un cabinet de psy, les gens viendront s'allonger pour se faire triturer leurs pulsions.
En l'occurrence, mon moral ressemble à l'économie en novembre 1929, j'ai des soucis, je couve une mauvaise colère et j'ai le trouillomètre à zéro.
Bref, la voilà qui s'asseoit, et qui me dit :
- Sire Régent, nous sommes venus vous dire que ce n'est pas nous pour les Tzymisce. Ce n'était pas nos Gargouilles.
- Mais enfin, c'est vous qui les fabriquez les Gargouilles, non ?
- Oui, mais ce ne sont pas des Gargouilles récentes... Il a pu arriver par le passé que des Gargouilles échappent à leur créateur... Mais c'est du passé. Dans les temps modernes, ça n'arrive plus. Nous avons amélioré les procédés, elles sont fiables.
L'ABS, la tenue de route, le GPS, tout ça, c'est de série, en gros !

- Vous devez comprendre, Sire, reprend Merlin, que nous n'avions pas intérêt à attaquer prématurément Saint-Germain, puisque nous avions l'assurance que vous en donneriez l'ordre.
- Oui, oui évidemment... Je hoche la tête, pensif. Evidemment, le clan Tremere n'a pas intérêt à faire ça, ce serait stupide. Je vous crois... Très bien... Je me demande bien ce qui s'est passé dans ce cas...
- Nous avions autre chose à vous dire, Régent. Nous sommes venus vous donner des nouvelles de la maladie du Prince...
Je me redresse sur mon siège.
- Très bien. Où en est le Prince ?
- Le Prince n'a jamais été malade. Depuis le début il a simulé la torpeur.
Un météorite s'écrase sur ma tête. Je suis abasourdi. Je laisse Morgane continuer.
- Il a simulé la torpeur avec notre complicité, et celle des Pontifes également. Nous étions les seuls au courant. Le Prince, de toute façon, avait déjà signé le pacte de Vienne.
- Mais pourquoi a t-il fait ça ??!! :shock:
- Il voulait impulser du changement dans la Camarilla. Il voulait des réformes, mais il ne pouvait le faire lui-même. Il a voulu que ce soit vous et Loren qui vous en chargiez. Il avait senti que vous seriez à la hauteur de la situation. Depuis le début, vous n'avez fait qu'obéir sans le savoir aux désirs du Prince.
Je voudrais me lever de ma chaise, mais une gravité inhabituelle m'y cloue de force.
Quand Loren va apprendre ça !...
- Il vaudrait mieux, dit Morgane, vous le comprendrez, pour la sécurité de la Camarilla, que cela ne se sache pas. Que cela reste entre nous.
Je me sers à boire.
- Pas question. Loren sera mis au courant. Il n'est pas question de le maintenir dans l'ignorance. J'ai confiance en lui.
- Mais enfin, il en va de la sécurité de la Camarilla !
- Loren est quelqu'un de confiance. Et d'abord, qu'est-ce qui me prouve que vous parlez bien au nom du Prince ? Qui me dit que ce n'est pas une nouvelle mystification tout ça ?
Petit moment de silence. C'est Sire Merlin qui répond :
- Vous pouvez le vérifier vous-mêmes, en sondant nos esprits.
- Demain soir, première heure, se tiendra une réunion exceptionnelle du Primogène. Les plus hauts Justicars seront là. Je propose que vous répondiez devant tout le monde à mes questions, Sire Merlin, ainsi tout le monde pourra juger de la véracité de vos dires.
- Je suis tout à fait d'accord. Je répondrai à toutes les questions qu'on me posera.
Il m'a répondu avec aplomb, sans orgueil ni ton de défi. Je commence à les croire pour de bon...
- Très bien. Le Prince est parfaitement sain. Donc tout va bien. Où est-il maintenant ?
- C'est bien là le problème, dit Morgane. Il y a un imprévu. Le Prince a disparu.
- Comment ça disparu ?
- En début de nuit, il était parti. Il a quitté le laboratoire où il se trouvait depuis notre retour de Vienne.
- Nous pensons qu'il a été enlevé, Sire Régent.
- Enlevé ! Au dernier sous-sol du Louvre, dans l'endroit le mieux gardé de France ! Impossible ! Impossible !
- Nous savons par les enregistrements qu'un Caïnite lui a rendu visite en début de nuit. Nous ne savons pas si le Prince est parti volontairement avec lui. C'était un Toréador très âgé, Sire...
- ... et son aura est très semblable à la vôtre, vous comprenez ?...
Cette fois, j'accuse vraiment le coup. Je serais capable de partir d'un de ces grands rires déments, mais je suis effondré. Que faire ? Ainsi ces Tremere savent. Ils savent tout sur moi et mon Sire... Il faut que je parte, que je retrouve mon Sire, le Prince, que je leur parle. Que j'arrange la situation seule. Il faut que je parte très vite, régler ça, sans demander l'avis de personne.
- Je vais partir à la recherche du Prince, Sire, dit Morgane. Les Tremere, depuis le début, ont été parfaitement honnêtes, et ont servi le Prince avec dévouement.
Je crois que j'en ai marre de les voir, les deux apprentis-sorciers. Ah, ils ont joué avec le Prince, et maintenant, un grain de sable, en l'occurrence un vieux Toréador, rival du Prince, s'infiltre dans le Louvre, et vient mettre vider une querelle qui remonte aux débuts de la Camarilla !
Je l'avais senti, mon Sire. Il rôdait parmi les murs du Louvre, il se tapissait, il s'infiltrait, très secret, il me souriait, il s'amusait de me voir dans le fauteuil du Sénéchal Régent, il me félicitait silencieusement. Et maintenant, le temps est compté.
J'ai le moral dans les chaussettes, pour tout dire.
Je donne congé à Merlin et Morgane. Loren doit s'impatienter, et je vais en avoir de belles à lui apprendre ! La concierge du Louvre, c'est moi !
Je suis seul quelques instants. Je maudis le Prince de s'être moqué de moi, et d'avoir mis les Tremere dans la confidence. Et ces salopards de vieux croûtons de Pontifes !... Ah, ils nous ont bien roulé, Loren et moi, tous ces conspirateurs ! Et maintenant, ça risque de mal se passer pour eux ! Le Primogène ne va pas apprécier qu'on se moque de lui ainsi, il en oubliera même les quelques misères que je lui ai causé !...
C'était ta dernière connerie, Villon !
A suivre...
Une courte journée à dormir, puis réveil le soir. Il ne restait plus qu'une nuit à attendre avant le dernier acte de la carrière d'Orsini. Et dès après-demain, nous serions prêts à marcher sur la fondation de Saint-Germain-en-Laye, puis vers l'est. Et ainsi nous en aurions fini avec les territoires du clan Tremere.
Sire Jarrell et Dame Yvonne m'avait promis qu'ils tenaient à ma disposition pour demain soir vingt-cinq membres de leur clans respectifs, prêts à partir pour être transformés en Gargouilles par les Tremere. J'avoue que c'est cette partie de l'opération qui me faisait vraiment froid dans le dos. C'était de l'abattage industriel, allié à des procédés magiques auxquels je ne connaissais rien. Et ces cinquante Gargouilles seraient de toute façon des espions volants pour le compte des mêmes Tremere, si redoutables qu'elles soient par ailleurs comme gardiennes de la capitale...
Mais quelle idée saugrenue avait eu le Prince de prévoir un tel pacte ! :thewall: :x
Mais j'étais au pied du mur, tout comme François Loren, Merlin et Morgane. Plus moyen de revenir en arrière.
Je m'apprêtais à passer cette dernière journée dans le calme qui précède la tempête. J'avais annulé tous mes rendez-vous, pour laisser tout le champ libre à des urgences. Je m'enfermais dans mon bureau, un livre sur les genoux, en bras de chemise, les pieds croisés sur le bureau, d'humeur maussade.

Ca a commencé par un coup de fil de Loren : il me demandait confirmation pour le lendemain, pour savoir si l'opération aurait bien lieu. Je le rassurais sur ce point. Nous étions tous les deux sur des charbons ardents en attendant que cela se fasse. il raccrocha, car il avait rendez-vous avec ce Sire Roméo de Montaigu. La veille, au Louvre, il avait vu d'Orsini et de Valori s'agenouiller aussitôt devant lui, alors qu'il prétendait être un Ventrue. Après coup, les deux Lasombra s'étaient embrouillés dans leurs explications. Depuis, il cherchait à savoir qui était vraiment ce Caïnite, sans doute étreint vers 1300...

Peu après, ce fut Dame Yvonne qui demanda un rendez-vous. Maugréant en me resservant une coupe de sang, j'acceptais de la voir.
Il arriva avec son petit air malicieux de concierge qui en a une bien bonne à vous apprendre... Elle avait vraiment l'air sordide d'une vielle pute qui tapine à la sortie d'une zone industrielle en déréliction...
- Asseyez-vous, dame Yvonne. Vous venez m'apporter des nouvelles fraîches cette fois ?
J'appuyais sur le "cette fois", parce que je savais qu'elle venait m'emmerder exprès, la vieille. :baton:
- J'ai effectivement plusieurs choses à vous apprendre, cher Régent...
Elle fit apporter un téléviseur, et mit une cassette dans le lecteur.
- Cela vient des enregistrements d'hier. De la pièce dans laquelle vous avez discuté avec Massimo d'Orsini...
Je me renfonçais dans mon siège, très contrarié. Plus moyen de se défiler, j'étais vraiment tricard ! :?
L'image était plutôt de bonne résolution, qualité divX (on a du matériel récent à l'Elysium, faut pas croire ! Surtout depuis que je suis Sénéchal d'ailleurs...). Bref, sur ce charmant court-métrage, on voyait votre serviteur sortir les arguments griffants pour calmer d'Orsini. Hé oui, le regard terrifiant n'était pas suffisant. Alors j'avais laisser pousser mes ongles, tout comme mon ami Corso, et j'avais commencé à caresser la glotte du cher d'Orsini.
Comment ça, je ne suis pas censé savoir faire ça ? Comment ça c'est surprenant de ma part ? :baton:
Ok, j'avoue, ce n'est pas Corso qui m'a appris ça. Ok, j'ai quelques talents cachés, et alors ?
- Vous savez, dame Yvonne, au fond je comprends très bien votre surprise... Mais que voulez-vous, en situation de difficulté, de danger, hé bien on se retrouve comme stimulé, obligé de développer ses talents à fond, qui sans ça resteraient en friche. Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort. Nietzsche, vous connaissez ?... Et il fallait bien convaincre d'Orsini pas vrai ?
- J'aimerais juste savoir : qui êtes-vous vraiment ?
Elle me disait ça avec le ton de voix de la call-girl qui vous sussure : "Vous êtes un homme fascinant, Lucinius..." Elle en avait l'air, d'une call-girl, le style Miss Monde 1921 !
- Je parle dans l'intérêt de la Camarilla, vous me comprenez...
- Ecoutez, mon nom est réellement Aladax Lucinius. C'est hors de doute, et vous pourrez le vérifier à l'aise, puisque vos services de renseignement sont si performants. Par ailleurs, puisque vous étiez prês, vous et les autres Primogène, à confier le siège de Régent à un Caïnite de 4 ans, pourquoi auriez-vous peur s'il s'avérait qu'en réalité, je suis un peu plus âgé, hmm ?
- Je vois... Je vais m'informer de cela...
- Je vous remercie dame Yvonne. Vraiment je vous remercie beaucoup, sincérement. Vos services de renseignements sont très performants. Toutefois, à l'avenir, j'aimerais qu'ils soient utilisés à autre chose qu'à m'espionner. Depuis que mon téléphone était passé sur le live de Radio Nosfé, ça commence à faire long !... Je suis bien Lucinius, et je ménerai la politique exactement comme il a été décidé avec le Primogène ! Alors, allez pointer vos caméras et vos micros sur quelqu'un d'autre.
- Sachez que je ne me préocuppe pas seulement de vous, Sire Régent... D'ailleurs, je viens vous apprendre autre chose, qui va vous intéresser. Voici cette fois des enregistrements de la fondation Tzymisce. Je vous les laisse : comme vous pourrez voir, elle a été attaquée en fin de nuit dernière par des Anarch, des Gargouilles et des Lasombra !
- Quoi ??
:shock:
- Parfaitement. Tous les Tzymisce là-bas sont sans doute morts. Je n'en sais pas beaucoup plus.
- Mais ces gens sont fous ! Je ne leur ai rien demandé ! Mais qu'est-ce qu'ils font !
- Désolée, Sire, à l'heure actuelle, je ne peux pas mieux vous dire.
Cette fois, elle redevenait spontanée. Elle n'était vraiment pas plus avancée que moi.
Mais ce n'est pas possible, c'est quand même pas les Tremere qui ont lancé l'attaque avec leurs Gargouilles...
Je laissais dame Yvonne partir, et j'accusais le coup. Là, vraiment... quand Loren allait apprendre ça !...
Je téléphonais aussi sec à Sergio le Brujah.
- Prenez une force conséquente et filez à Saint-Germain-en-Laye, à la fondation ! Sécurisez le périmètre jusqu'à demain ! Nous y ferons une entrée officielle en milieu de nuit ! Assurez-vous qu'il ne reste plus aucun danger sur place ! Je compte sur vous !
Ensuite, j'avalais plusieurs coupes à la suite. Je commençais à être vraiment plein. En même temps que ma soif s'étanchait, je retrouvais toute ma mémoire. Tout était vraiment clair comme l'eau de source maintenant. J'étais devenu transparent, complétement, et invisible à moi-même, comme privé de reflet. J'étais pris dans un devenir-ombre...
A peine remis de mes émotions, mon secrétaire m'annonce que François Loren veut me parler. Maintenant.
Toujours dépenaillé, pas présentable, habillé comme pour jouer au billard, assis d'une fesse sur la table, au fond d'une salle enfumée, je reçois donc le Primogène.
- Lucinius, je ne vais pas y aller par quatre chemins pour te l'annoncer...
Il a son air contrarié des mauvais jours.
- D'Orsini est mort.

- Quoi ???


Mais c'est pas Dieu possible ! Ils se sont tous passés le mot, les Tremere, Yvonne et d'Orsini pour m'emmerder ce soir !
- Qui l'a tué ?
- Roméo de Montaigu. Il est venu me l'avouer tout à l'heure. Sur le fond, je ne peux pas désapprouver son acte. Il voulait se débarrasser de ce type...
- Mais pourquoi ?... Et d'abord, il n'a pas à se substituer à la justice de la Camarilla ! Il n'a pas à jouer les justiciers ! Je suis désolé de devoir dire que nous devrons le juger pour son crime. Même si moi non plus, je ne peux pas lui en vouloir d'avoir tué ce gêneur...
- Mais quel dommage... Nous avions tout bien préparé...
- Mais oui, c'est rageant. A quelques heures prêt... Il ne pouvait pas attendre demain ce Montaigu ! Il est bien pressé, pour quelqu'un qui vient d'arriver en ville.
- Il est avec moi. Il est venu au Louvre. Il est prêt à te rencontrer, et à s'expliquer.
- Très bien... très bien... Je vais le rencontrer dans ce cas...
C'est alors qu'entre le secrétaire, qui m'informe que Morgane et Merlin demandent à me rencontrer de toute urgence.
Mais c'est qu'on rentre chez moi comme dans un moulin !
- Très bien ! :x Je vais les recevoir !... Loren, voulez-vous m'attendre un peu ? Je ne serai pas long avec les Tremere...
Exit Loren. Entrent Sire Merlin et son infant.
Comme à son habitude depuis Vienne, Morgane me sourit quelques secondes, le temps de sonder mon aura... Je vous jure, qu'elle ouvre un cabinet de psy, les gens viendront s'allonger pour se faire triturer leurs pulsions.
En l'occurrence, mon moral ressemble à l'économie en novembre 1929, j'ai des soucis, je couve une mauvaise colère et j'ai le trouillomètre à zéro.
Bref, la voilà qui s'asseoit, et qui me dit :
- Sire Régent, nous sommes venus vous dire que ce n'est pas nous pour les Tzymisce. Ce n'était pas nos Gargouilles.
- Mais enfin, c'est vous qui les fabriquez les Gargouilles, non ?
- Oui, mais ce ne sont pas des Gargouilles récentes... Il a pu arriver par le passé que des Gargouilles échappent à leur créateur... Mais c'est du passé. Dans les temps modernes, ça n'arrive plus. Nous avons amélioré les procédés, elles sont fiables.
L'ABS, la tenue de route, le GPS, tout ça, c'est de série, en gros !

- Vous devez comprendre, Sire, reprend Merlin, que nous n'avions pas intérêt à attaquer prématurément Saint-Germain, puisque nous avions l'assurance que vous en donneriez l'ordre.
- Oui, oui évidemment... Je hoche la tête, pensif. Evidemment, le clan Tremere n'a pas intérêt à faire ça, ce serait stupide. Je vous crois... Très bien... Je me demande bien ce qui s'est passé dans ce cas...
- Nous avions autre chose à vous dire, Régent. Nous sommes venus vous donner des nouvelles de la maladie du Prince...
Je me redresse sur mon siège.
- Très bien. Où en est le Prince ?
- Le Prince n'a jamais été malade. Depuis le début il a simulé la torpeur.
Un météorite s'écrase sur ma tête. Je suis abasourdi. Je laisse Morgane continuer.
- Il a simulé la torpeur avec notre complicité, et celle des Pontifes également. Nous étions les seuls au courant. Le Prince, de toute façon, avait déjà signé le pacte de Vienne.
- Mais pourquoi a t-il fait ça ??!! :shock:
- Il voulait impulser du changement dans la Camarilla. Il voulait des réformes, mais il ne pouvait le faire lui-même. Il a voulu que ce soit vous et Loren qui vous en chargiez. Il avait senti que vous seriez à la hauteur de la situation. Depuis le début, vous n'avez fait qu'obéir sans le savoir aux désirs du Prince.
Je voudrais me lever de ma chaise, mais une gravité inhabituelle m'y cloue de force.
Quand Loren va apprendre ça !...
- Il vaudrait mieux, dit Morgane, vous le comprendrez, pour la sécurité de la Camarilla, que cela ne se sache pas. Que cela reste entre nous.
Je me sers à boire.
- Pas question. Loren sera mis au courant. Il n'est pas question de le maintenir dans l'ignorance. J'ai confiance en lui.
- Mais enfin, il en va de la sécurité de la Camarilla !
- Loren est quelqu'un de confiance. Et d'abord, qu'est-ce qui me prouve que vous parlez bien au nom du Prince ? Qui me dit que ce n'est pas une nouvelle mystification tout ça ?
Petit moment de silence. C'est Sire Merlin qui répond :
- Vous pouvez le vérifier vous-mêmes, en sondant nos esprits.
- Demain soir, première heure, se tiendra une réunion exceptionnelle du Primogène. Les plus hauts Justicars seront là. Je propose que vous répondiez devant tout le monde à mes questions, Sire Merlin, ainsi tout le monde pourra juger de la véracité de vos dires.
- Je suis tout à fait d'accord. Je répondrai à toutes les questions qu'on me posera.
Il m'a répondu avec aplomb, sans orgueil ni ton de défi. Je commence à les croire pour de bon...
- Très bien. Le Prince est parfaitement sain. Donc tout va bien. Où est-il maintenant ?
- C'est bien là le problème, dit Morgane. Il y a un imprévu. Le Prince a disparu.
- Comment ça disparu ?
- En début de nuit, il était parti. Il a quitté le laboratoire où il se trouvait depuis notre retour de Vienne.
- Nous pensons qu'il a été enlevé, Sire Régent.
- Enlevé ! Au dernier sous-sol du Louvre, dans l'endroit le mieux gardé de France ! Impossible ! Impossible !
- Nous savons par les enregistrements qu'un Caïnite lui a rendu visite en début de nuit. Nous ne savons pas si le Prince est parti volontairement avec lui. C'était un Toréador très âgé, Sire...
- ... et son aura est très semblable à la vôtre, vous comprenez ?...
Cette fois, j'accuse vraiment le coup. Je serais capable de partir d'un de ces grands rires déments, mais je suis effondré. Que faire ? Ainsi ces Tremere savent. Ils savent tout sur moi et mon Sire... Il faut que je parte, que je retrouve mon Sire, le Prince, que je leur parle. Que j'arrange la situation seule. Il faut que je parte très vite, régler ça, sans demander l'avis de personne.
- Je vais partir à la recherche du Prince, Sire, dit Morgane. Les Tremere, depuis le début, ont été parfaitement honnêtes, et ont servi le Prince avec dévouement.
Je crois que j'en ai marre de les voir, les deux apprentis-sorciers. Ah, ils ont joué avec le Prince, et maintenant, un grain de sable, en l'occurrence un vieux Toréador, rival du Prince, s'infiltre dans le Louvre, et vient mettre vider une querelle qui remonte aux débuts de la Camarilla !
Je l'avais senti, mon Sire. Il rôdait parmi les murs du Louvre, il se tapissait, il s'infiltrait, très secret, il me souriait, il s'amusait de me voir dans le fauteuil du Sénéchal Régent, il me félicitait silencieusement. Et maintenant, le temps est compté.
J'ai le moral dans les chaussettes, pour tout dire.
Je donne congé à Merlin et Morgane. Loren doit s'impatienter, et je vais en avoir de belles à lui apprendre ! La concierge du Louvre, c'est moi !
Je suis seul quelques instants. Je maudis le Prince de s'être moqué de moi, et d'avoir mis les Tremere dans la confidence. Et ces salopards de vieux croûtons de Pontifes !... Ah, ils nous ont bien roulé, Loren et moi, tous ces conspirateurs ! Et maintenant, ça risque de mal se passer pour eux ! Le Primogène ne va pas apprécier qu'on se moque de lui ainsi, il en oubliera même les quelques misères que je lui ai causé !...
C'était ta dernière connerie, Villon !

A suivre...
