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Scud Wars - Prologue : La Salamandre et le Vampire
#15
V°/ Les sortilèges de la salamandre

La nécropole était protégée par un mur d’enceinte du monde extérieur.
Ptoh El Daoud venait de pénétrer dans un vaste cimetière, dont la plupart des tombes se couvraient de mousses ruisselante de pluie et de champignons. Ces dernières demeures étaient désolées, en ruine pour certaines. Des caveaux familiaux, des statues d’hommes-animaux, des croix de religions barbares, des piliers gravés, des buissons de ronces, de mauvaises herbes qui griffaient les murs. Près de cinq cent tombes se désolaient en ces lieux.
El Daoud savait que le côté obscur pétrifiait toutes choses à l’intérieur de la nécropole. Il semblait que certaines tombes laissaient échapper des vapeurs noirâtres. Le sage savait à quoi s’en tenir. A côté d’une tombe anonyme se tenaient deux momies, hideuses, au sourire éclatant. Elles empestaient le formol. Ces deux trompe-la-mort tenaient leur poste depuis longtemps, à en juger par l’usure des vêtements dont on les avait accoutrés.
Ptoh ne pénétra pas plus avant dans le cimetière de suite. Il avait avec lui un sac en bandoulière. Il enleva ses habits de voyage, une robe de tissu épais, à mi chemin de celle d’un Jedi et de celle d’un mendiant ainsi que des vêtements rudes, pour se protéger du climat humide, malsain de Sissieg-B.
Il revêtit une fine chemise de soie, aux tâches orange et noir, comme une peau de salamandre. Il passa un fin collier, ainsi que divers bracelets qui tintaient en se choquant. Il sortit enfin de son sac des cordelettes auxquelles étaient accrochés de petites clochettes métalliques. Il se passa une de ces cordes à chaque doigt de la main et de l’avant-bras gauche, plusieurs au cou, et en attacha enfin à sa chemise. Maintenant, quand il avançait, ses dizaines de clochettes tintinnabulaient, s’animant d’un frisson cristallin.
Il ramassa un grossier morceau de bois, une racine pourrie à force d’être détrempée par la pluie aigre, qui bruinait en permanence en ces lieux. Il émit un faible halo de sa main droite, la passa sur le bois, qui sécha et se durcit. Il s’approcha d’une des momies et la jeta bas.
Elle tomba à terre comme un pantin, se brisa, ses membres allant rouler sur la terre bourbeuse. El Daoud ramassa le crâne, qui avait comme pour couvre-chef devant l’éternité un linge de coutil enroulé et pendant jusqu’aux épaules. Le sage planta le crâne sur la racine, et l’enflamma. Il brandit devant lui cette torche fantastique, avec ce crâne aux orbites vides, qui souriait de toutes ses dents tandis que le feu brûlait et s’élevait comme une aura. Le sage fixa d’un regard intense le feu, qui redoubla de force, jaillissant en une flamme dansante d’un mètre de haut.

Puis Ptoh El Daoud entreprit de traverser le cimetière, sa torche projetant une vive flamme et des ombres tortueuses sur les arbres noueux, les alignements de tombes et les murs mangés par l’érosion et les ronces ; il prenait soin de faire tinter ses clochettes.
Il fit bien : des tombes s’ouvraient doucement sur son passage, des mains squelettiques commençaient à sortir de terre, des crânes remontaient du sous-sol comme d’affreux légumes, des chauves-souris venaient voleter dans l’air pesant de la nuit ; des spectres, des ectoplasmes apparaissaient en relief sur des murs de caveaux, s’apprêtant à sortir pour de bon. L’armée des morts ne faisait pas bon accueil au visiteur. D’affreux rats noirs, carnassiers certains sans yeux, sortaient de trous dans les murs, avec une sanguinaire envie d’ouvrir la tête de ce visiteur lumineux.
Mais le crâne de momie brûlant repoussait les animaux. Quand aux clochettes, elles produisaient un tintement qui repoussait les morts-vivants. L’un d’eux, plus téméraire, un squelette d’allure débonnaire lol , voulut s’approcher : El Daoud agita plus fortement les clochettes. Le squelette s’enfuit en sifflant comme une harpie, boitant de façon saugrenu, avec de grands élancements de jambe, sa tête tombant, la ramassant sous le bras et reprenant sa course, côtes à terre !
D’autres suivaient notre héros à bonne distance. Ils composaient maintenant une belle assemblée de zombies, goules, lupins, fantômes, revenants et autres créatures communes de nos tombes !
En arrivant à la grille de sorTIE du cimetière, le sage se mit face aux hideux et déliquescents non-morts. Un instant fasciné par leurs gueules d’immondices, de dégoûtants personnages de cauchemars, il ne vit pas une créature lui sauter dessus. Il ne vit rien un moment : des bras poilus lui enserrèrent le visage, il se sentit délesté de son sac. Il se débattit, trébucha, se cogna contre la grille, tomba à terre, la créature toujours agrippée fermement à lui. Elle serrait fort, poussant des cris de chimpanzés. Quand El Daoud tomba, les clochettes tintèrent : les morts réanimés s’enfuirent en poussant des hurlements gutturaux, suraigus ou rauques, stridents, comme s’il s’agissait d’un concerts de cornes d’os, de sifflets, de trompes baryons et autres instruments de fanfare de nécropole !
Mais l’agresseur d’El Daoud était toujours là : le sage se releva, ses cris étouffés par l’espèce de chimpanzé. Il parvint à appuyer ses mains contre un mur, même si la créature le troublait en poussant ses cris et en lui tapant dessus avec férocité. El Daoud sentit qu’il étoufferait bientôt. Il fit affluer la Force dans ses muscles, et se projeta la tête la première contre le mur.
Le choc produisit un coup sourd résonna dans le cimetière. La créature fut heurtée de plein fouet, de dos, par le mur en pierre. Elle tomba à terre. Ptoh, suffoqué, se courba en deux, reprit son souffle. Son agresseur, étendu à terre, était une chimère de chimpanzé et de chauve-souris : un mongbat. Il avait des canines de vampires et des ongles acérés. Il avait la gueule pleine de sang : le coup lui avait brisé la nuque, sans doute aussi la colonne vertébrale.
El Daoud regarda alentour. Les ectoplasmes et animaux maudits qui avaient reflué en désordre s’approchaient de nouveau. Dans la bagarre, le sage avait perdu plusieurs clochettes, qui s’étaient répandues à terre, comme des larmes brillantes. Il ne lui en restait plus assez pour effrayer les morts. Il agita celles qu’il avait aux doigts. Les affreux habitants des lieux s’arrêtèrent, puis avancèrent à nouveau, plus lentement.
El Daoud comprit qu’il faudrait combattre, car ils ne reculeraient plus. D’un coup d’œil, El Daoud avait repéré son deuxième agresseur : un autre mongbat, qui s’était emparé de son sac. Et à l’intérieur du sac, son sabrelaser. L’animal s’était réfugié sur les branches haute d’un arbre aux formes torturées, à l’autre bout du cimetière.
Ptoh tendit le bras vers sa torche à crâne, restée à terre, qui vola vers lui. De l’autre main, il agitait les clochettes : les monstres de l’au-delà n’étaient plus qu’à quelques mètres de lui. El Daoud fit quelques gestes amples avec la torche. Les monstres reculèrent, mais leur férocité s’était aiguisée. Leurs gestes trahissaient sans peine leur désir d’aller boire le cerveau et le sang de l’intrus, puis de l’emmener dans leurs limbes moisies avec eux ! Notre héros attrapa à distance un autre bout de bois, y enroula une parTIE du tissu de la première torche, et y mit le feu semblablement.
Puis, brandissant les deux torches d’où s’élevaient des lames de feu, il se mit en position de défense face aux créatures rampantes, louvoyantes, trébuchantes, qui approchaient, assoiffés d’organes vitaux.

VI°/ Les horreurs de l'au-delà

Il était dos à la grille, et la cortège des trompe-la-mort ne pourrait être à plus de trois de face. Deux squelettes, bardés de métal, de pointes et de casques, bondirent sur lui comme deux loups. El Daoud les reçut en leur fracassant le crâne d’un coup de torche à chacun. Les deux compères s’effondrèrent, sans émettre plus qu’un grognement désagréable. El Daoud se lança sur les suivants : les deux torches fendirent l’air, et percutèrent deux autres squelettes, dont les crânes furent projetés au loin. Ce fut alors l’hallali : grognements, hurlements, soupirs, cris, entrechoques de griffes, de métal, de dents, de chaînes, sifflements montèrent de l’armée des morts ! La mêlée fut d’une violence à la mesure de l’appétit morbide des loqueteux morts-vivants.
Le mongbat, réfugié dans son nid, s’était pendu la tête en bas à une branche. Il jouait avec le sabrelaser trouvé dans le sac. Effrayé, il fixait le combat. Il avait vu un paquet d’os, d’ectoplasmes éructants, d’animaux bouillants de rage, se jeter sur la créature à peau de salamandre.
Le fracas du combat fut à réveiller les morts, ceux qui seraient restés dans leur sommeil malgré tout !
Les torches d’El Daoud décrivaient des arcs de cercles meurtriers, pour qui se trouvait sur la trajectoire. Les flammes dansaient comme des bayadères en transe, comme des langues et des mâchoires de dragon. Les dégoulinants ectoplasmes prenaient feu ainsi que de la poix, les rats grillaient en dégageant une odeur et une fumée méphitiques. Des dizaines de bras d’os, des lames rouillées, denses comme des épines de hérisson, s’élevaient et s’abattaient sur El Daoud, qui les esquivaient, ou les paraient dans la mesure du possible. Son habit était magique : la peau de salamandre ne pouvait être percé que par un sabrelaser. A chaque coup reçu, les tâches rougissaient comme des charbons.

Les cercles et arabesques enflammées continuaient à faire merveille, mais les attaquants avaient pour eux le nombre. Toutes les tombes vomissaient leurs occupants, les trous leurs rats, les caveaux leurs esprits torturés. Les morceaux d’os et de vomi répugnant tombaient drus aux pieds de Ptoh, qui tremblait, rendu fébrile par l’ardeur du combat. Il ne ménageait pas son souffle, non plus que la souple puissance de ses muscles, à détruire ses adversaires de terreur.
Au bout de quelques minutes, il en avait abattu plusieurs douzaines. Il s’était battu comme un lion bicéphale : ses deux torches semblaient des crinières d’or, leur puissance celle de griffes ardentes. Plusieurs assaillants reculèrent ; des rats s’enfuirent, retournant dans les tunnels creusés sous les murs, dans leur noirceur. Dans le froid qui devenait glacial, une odeur de mort montait. La pourriture et la décomposition, la gangrène et la déréliction entraient dans leur heure de gloire.
El Daoud s’était remis en garde, ses adversaires reformant leurs rangs à trois mètres de lui. Le froid l’étreignait maintenant. La vapeur de son haleine, alors qu’il haletait, formait comme un fantôme éphémère et rieur. A son grand effroi, Ptoh vit d’autres fissures apparaître sur les tombes et la terre : les sous-sols faisaient refluer de nouveaux occupants, poussés à l’air libre par les forces telluriques. La terre tremblait, alors que d’autres morts-vivants s’arrachaient péniblement, lentement du sol. Ils venaient encore plus nombreux qu’ils ne l’étaient avant, comme si le combat précédent avait réveillé les morts des couches plus profondes. Il en sortait des dizaines !
Les deux torches étaient presque consumées. Le crâne de l’une des deux était parti en morceau. La Force ne pourrait plus maintenir longtemps la magie de ses deux armes.
Ptoh voulut tenter sa dernière chance : il devait récupérer son sabre, qui lui permettrait d’en finir avec les habitants du cimetière. Il serra fortement les deux morceaux de bois, qui partirent d’un bouquet de flammes vivaces. Puis il avança vers ses ennemis. Ceux-ci reculèrent. Ce nouveau feu ne durerait pas longtemps. Il brûlait véritablement la chandelle par les deux bouts !
El Daoud avançait lentement vers l’arbre où le mongbat recommençait à fouiller dans le sac, s’amusant d’un databloc, d’une tige lumineuse… Les deux flammes écartaient les ennemis. El Daoud avançait les deux bras devant lui ou sur les côtés, selon la position de ses ennemis. Ceux-ci laissaient le passage, mais refermaient le cercle derrière lui. Ils frétillaient comme des poissons. Il y en avait près d’une cinquantaine. Ils n’étaient qu’à deux doigts de se jeter ensemble, comme une meute, sur leur proie.

Fatalement, la vigilance d’El Daoud finit par être prise en défaut : un squelette lui agrippa le bras, lui mordit jusqu’au sang et lui plaqua sur le dos. Notre héros tomba à genoux en hurlant : la morsure le glaçait jusqu’à l’épaule. Il ne sentit plus son membre, qui était comme anesthésié.
L’instant d’après, les fauves de l’au-delà se jetaient sur lui pour le dévorer, jusqu’à la moelle des os !… Le plus enragé de tous fut encore El Daoud. La flamme magique des deux torches, que Ptoh laissa tomber à terre quand il fut agrippé, prit aux haillons et morceaux d’armure de plusieurs squelettes, qui s’enfuirent en hurlant abominablement, avant de finir quelques mètres plus loin, à l’état de cendre rougie. El Daoud étant tombé à plat ventre, plusieurs créatures s’étaient jetées sur lui, dans le but de le dévorer sans plus de préavis. Les trop intrépides guerriers morts furent en quelques secondes attrapés par les flammes de la Force. Ils reculèrent à nouveau en désordre, s’entrechoquant leurs os dans une sarabande qui avait tout d’une débandade ridicule. Ils cliquetaient tant et plus que les flammes les dévoraient rapidement, et exécutaient comme des pitres une furieuse danse de Saint Guy ! Les autres animaux reculèrent dans les allées, pendant que les squelettes tombaient à terre ou sur les tombes.
El Daoud suffoqué se releva encore. Il avait mordu la terre grasse et froide. Il était couvert des sucs dégoulinants, de la bave et du sang verdâtre des occupants du cimetière. Il se releva péniblement, sentant dans son dos les flammes croître et multiplier, emportant dans leur fureur des dizaines de morts-vivants. Le sage sentait une colère noire, une colère sourde montait en lui, comme une source bouillante prête à jaillir. Ses mains et son visage se crispaient sous le coup d’une irrépressible haine.
Les monstres allaient regretter leur folle escapade hors de leurs souterrains de désespoir ! El Daoud se releva puis, d’un bond aidé par la Force, arriva au pied de l’arbre noueux où vivait le mongbat. La créature, effrayée, remonta de plusieurs branches, en emportant avec elle le sac de notre héros. Celui-ci regarda la créature, puis à l’aide du langage des bêtes, manipulation de la Force propre aux chamans comme lui, ordonna avec dureté au mongbat de lui rendre ses biens. Le singe chauve-souris, apeuré par cet ordre, lâcha le sac et le sabrelaser.
Il n’était que temps : le feu magique finissait de s’éteindre, à cause d’un souffle de vent mauvais, qui balaya le cimetière des cendres et des déchets répugnants laissés par la crémation des squelettes. Les autres bêtes resserraient maintenant les rangs, dans l’allée qui menait au pied de l’arbre.
Il restait plusieurs lupins, des mongbats puissants, plusieurs squelettes de fauves énormes, des ectoplasmes, des goules. El Daoud posa son sac, s’accroupit pour un instant de méditation, tandis que les bêtes approchaient lentement, toutes animées d’un frisson de haine. El Daoud sentit la colère et la fureur en lui se dissiper légèrement. Il était au pied du mur : il allait combattre en parTIE sous le coup de l’agressivité animale, signe infaillible du côté obscur.
Il devait accepter ce compromis, car les morts-vivants ne lui laissaient pas le temps de calmer le fauve en lui. Il inspira profondément.
Ses ennemis, en groupe compact, n’étaient qu’à quelques mètres de lui, prêts à bondir une fois encore. El Daoud rouvrit les yeux : il tendit la main vers son sac. Son sabrelaser vint à lui. El Daoud se releva, prit son arme à deux mains. Une lame d’argent et de blanc lunaire en jaillit, prête à infliger des morsures glacées à ses ennemis.

Le mongbat était monté vers les sommets de l’arbre. Dans son ascension, il entendit soudain la fureur repartir de plus belle. Il cria, effrayée et monta en courant. Du sommet, il vit l’homme à peau de salamandre manier à grands traits son sabre et projeter des éclairs argentés sur la meute de ses ennemis. Le cimetière finissait de vomir les dernières horreurs qu’il conservait en son sein.
El Daoud se battit avec acharnement. Il taillait, coupait, brisait, fracassait, flagellait, abattait avec l’énergie soudaine et brutale d’un démon. Il se battait seul contre une trentaine de monstres qui s’animaient que pour dévorer les êtres vivants. Soit il les détruisait jusqu’au dernier, soit il ferait parTIE de l’assemblée des ombres. El Daoud ne s’épargna pas des efforts : il abattit sa lame sans plus d’hésitation, renvoyant vers leurs sous-sols infâmes tous les monstres hideux. Ils formaient un groupe serré, une sorte de chimère aux trente têtes et centaine de membre, une horreur innommable. El Daoud fondit sur eux, implacablement, comme un bulldozer met à bat un bâtiment, pour qu’il n’en reste pierre sur pierre.
Sa lame vibrante et étincelante traversa les rangs des bêtes, les séparant puis les tranchant chacun leur tour. Le cimetière résonna de bruits inhumains, de cris d’outre-tombe et de gémissements à glacer le sang d’un Rancor !
Au bout de quelques minutes, El Daoud éteignait la lame de son sabre. L’abattage était terminé. Toutes les créatures des ténèbres gisaient, démembrées ou éventrées.
Poth se détourna de ce spectacle ignoble. Il ramassa son sac, puis sortit du cimetière, respirer un air moins putride, plus loin. Du haut de l’arbre, le mongbat poussait des hurlements suraigus, tandis que les cadavres refroidissaient déjà de la bataille, dans un nuage de vapeur pestilentielle.
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Scud Wars - Prologue : La Salamandre et le Vampire - by Darth Nico - 24-06-2003, 05:54 PM

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