02-05-2005, 10:02 PM
(This post was last modified: 03-05-2005, 11:40 AM by Darth Nico.)
La 5e Réincarnation : 12e Episode
Ils étaient tous alignés, dans la gigantesque cour du palais impériale, admirés par les centaines de soldats de garde, surveillés par les statues de milliers d'ancêtres ; impeccables, dans leurs tenues d'Emeraude, à quelques pas seulement de l'entrée de la Cité Interdite, réservée au divin fils du Ciel, à sa famille et ses conseillers, les couleurs chatoyant sous la lumière, sur les dalles de marbre, resplendissant sur les hauts et puissants murs millénaires.
Kakita Hiruya était parmi eux, l'un des plus jeunes, tremblant d'admiration, entouré qu'il était des hommes les plus honorables, les plus courageux, les plus nobles et les plus dévoués à l'Empereur. Il était l'un des leurs à présent, un serviteur direct de l'Empereur, un gardien de la justice éternelle, l'incarnation de l'Ordre Céleste, un membre de l'élite de l'Empire, un magistrat d'Emeraude !
Et tous encore (ils étaient une centaine) se tenaient parfaitement immobiles comme les statues, alors que passait lentement devant, les passant en revue un par un, le plus grand duelliste que l'Empire ait connu, le maître absolu de l'art du sabre, Kakita Toshimoko, le champion de l'Empereur !
Comment ne pas être transporté dans ces moments-là, et sentir que l'on touche le ciel un instant, que l'on approche du seuil mystique de l'éternité, des sphères du pouvoir, hautes comme le soleil et la lune !
Le Champion d'Emeraude était accompagné d'un dignitaire de la famille Miya, qui marchait un peu derrière lui, lui présentant chacun des magistrats, et disant une petite phrase sur chacun. Il les connaissait tous par coeur.
A chaque magistrat, Kakita Toshimoko adressait un bref signe de salutation, et approuvait ce qu'on lui disait, sans mot dire.
- L'honorable Otomo Keryu, qui a maté voici trois ans une grande révolte paysanne dans le sud, et honore nos temples de plus de 3000 kokus par an ; l'honorable Matsu Soronote, cousin germain du général Matsu Tsuko, qui a tant fait pour débarrasser nos routes de vastes bandes de pillards ; l'honorable Miya Katsu, qui a déjà déjoué trois complots contre l'Empereur ou sa famille.
C'était le tour de notre héros maintenant. Il avait 25 ans, et il sentait une grosse boule lui coincer la gorge.
- L'honorable Kakita Hiruya. Il a beaucoup voyagé déjà, et combattu de nombreux ennemis de notre Empereur.
La description que venait de faire le dignitaire était plutôt banale : elle pouvait s'appliquer à la plupart des autres magistrats.
Soudain, Toshimoko marqua l'arrêt, surprenant manifestement le Miya. Il regarda Hiruya dans les yeux, de son regard de feu et de glace.
- Tu es l'élève de Kakita Yobe ?
Toutes les têtes se tournèrent vers notre héros : Toshimoko posait une question !
Hiruya sentit toute sa fierté lui venir à la bouche ; elle lui permit de balbutier :
- Ou... oui, seigneur.
- Bientôt, il rejoindra les rangs des kenshinzen. Toi aussi, suis cette voie.
- Oui, Toshimoko-sama.
Le champion fit un petit sourire, et continua sa marche.
Déjà, le dignitaire avait repris sa récitation.
- L'honorable Shiba Gonjuko...
Hiruya ne se sentait plus. Il aurait pu s'envoler à ce moment-là, ou voir le ciel s'écrouler sur lui, rien ne l'aurait étonné. Ses voisins le regardèrent tous un moment, fascinés par ce jeune homme qui avait mérité de recevoir une parole d'encouragement du champion à rejoindre la prestigieuse école kenshinzen, autrement dit la crème de la crème des duellistes.
Il resta encore deux longues heures, le temps que la cérémonie se termine, par un retentissant discours du champion, et il flottait sur son petit nuage.
Les invités étaient réunis dans le grand jardin de la propriété de Miya Katsu, sous les ordres de qui Kakita Hiruya se mettrait dans les premiers temps, afin de devenir un parfait magistrat.
Miya Katsu, de réputation, était un fin enquêteur, qui savait flairait les mauvais coups. Il ne procédait pas du tout comme les inquisiteurs Kitsuki, par preuves méthodiques. Il marchait plutôt à l'instinct au flair, comme les chiens de chasse. Il passait pour utiliser des méthodes peu orthodoxes, mais pouvait réussir là où d'autres échouaient à force de suivre aveuglément les prescriptions des codes de lois. On le disait préocuppé depuis de nombreuses années par une sombre affaire, mettant en cause un rônin accusé de crimes graves. On disait que plusieurs fois, il avait été distrait de cette enquête par d'autres obligations plus urgentes. On disait que personne ne souhaitait vraiment le voir poursuivre cette funeste affaire, mais qu'un jour, il ferait toute la lumière dessus.
Pour l'heure, Katsu-sama accueillait ses invités. Il y avait là Kakita Yobe, celui qui avait tout appris à Hiruya, de la vie, de l'art du sabre et de la courtoisie Grue, autant un grand frère qu'un maître. La mère de Hiruya était venue également. Veuve depuis presque aussi longtemps que la naissance de son fils unique, elle sortait pour la première fois de son village depuis bien longtemps.
Hida Shigeru était là, également, accompagné de ses cinq enfants et de sa femme. Depuis quelques ennuis sur la Muraille, le Crabe vivait sur les terres de la famille Daidoji, non loin du village natal de Hiruya.
Shinjo Kohei était venu avec son frère aîné Kenzan, son père Shinjo Zenzabûro, seigneur du village du lac aux rives blanches et sa femme, la shugenja Iuchi Shizuka, qui veillait de si près à la santé de son époux en l'envoyant régulièrement en cure thermale ! :P
Isawa Ayame était venue avec sa yojimbo Ikky et la famille de cette dernière, ainsi que quelques membres de sa famille, sans oublier son daimyo, le sévère Isawa Akitoki, qui n'en revenait toujours pas que la brebis galeuse de ses élèves ait réussie à obtenir un poste si prestigieux. Il était en grande discussion avec Mirumoto Akuma, l'orageux daimyo de la vallée d'Heibetsu, très fier de cette jeune bushi, Mirumoto Ryu. Il est vrai qu'Akuma-sama ne connaissait pas Ryu, et ne découvrait d'elle que les bons côtés.
Il y avait également là, petite surprise pour nos héros, Bayushi Bokkai, rencontré par nos héros à la cour d'hiver
Riobe attendait à l'écart, poliment, car il n'osait pas s'immiscer parmi tous ses seigneurs. Mais il pouvait observer avec du recul tout le petit manège social de ces grands seigneurs parlant avec forces effets de manche, et admirer la rencontre de gens aussi dissemblables que Yobe-sama et Akuma-sama, ou encore une conversation de pure forme entre Isawa Akitoki-sama et Shinjo Zenzaburo-sama, un maître shugenja Phénix et un seigneur des lointaines plaines Licornes ayant par définition peu à partager.
Hiruya considéra ses nouveaux assistants. Etait-ce bien sérieux ? Etaient-ils à la hauteur de la tâche surhumaine qui les attendait ? Méritaient-ils bien, par leur naissance et leur bravoure, d'être ses assistants ?
Son ami de longue date, Shinjo Kohei. A moitié gaijin, bon vivant, insouciant, les jambes arquées par le cheval.
Hida Shigeru. Un foudre de guerre, mais sans aucunement la finesse Grue.
Isawa Ayame, shugenja opiomane, manchot, trop curieuse, désobéissante, attichée d'une yojimbo trop peu compétente.
Un courtisan Scorpion, traîtreux et méchant par définition. Riobe, un rônin. Mirumoto Ryu, dont on connaissait les exploits en société.
Pas brillant, tout ça. Il y allait avoir du travail.
Qu'elle était dure, la tâche du vaillant magistrat d'Emeraude, fin duelliste, amateur d'origami, de belles phrases, de sake bu modérément, de triomphes réguliers... :?
Le soir, il y eut un fantastique et plantureux repas, sous l'hospitalité de Miya Katsu. Hida Shigeru et Shinjo Kohei ne se privèrent pas de profiter de l'excellente nourriture, burent jusque tard, chantèrent le soir, avant de se faire taper par leurs femmes pour aller au lit.
Même Bayushi Bokkai avait participé à la bonne humeur du repas, en levant plusieurs fois son verre. Il n'avait même pas empoisonné le sake, ni invité ses amis en habits noirs et semelles de crêpes.
Le lendemain matin, à la première heure, alors que la plupart de nos héros avaient un tetsubo en fer forgé en travers du crâne, tous étaient convoqués par Miya Katsu.
Celui-ci avait à ses côtés l'honorable ambassadeur Ide Tadaji, lui aussi à la cour d'hiver d'Isawa Masanaga qui avait aidé nos héros à obtenir ce poste.
L'idée de Katsu-sama et Tadaji-sama était de constituer une équipe de samurai représentant tous les clans, afin de symboliser plus que jamais l'union de l'Empire, en ces temps incertains. Seul le clan du Lion avait refusé de jouer le jeu.
Après avoir expliqué à nos héros l'ampleur de leurs nouvelles responsabilités, Miya Katsu leur assigna leur première mission : débarrasser un lointain village d'une bande de dangereux pillards.
C'est ainsi que nos huit samurai quittèrent Otosan Uchi ce matin-là, après avoir dit au revoir à leurs proches, et partirent sur les grandes routes impériales, le mon d'Emeraude maintenant cousu sur leurs kimonos.

Chemin faisant à travers la riante campagne, nos samurai entreprirent un voyage qui les mena immédiatement au sud de la Chaîne du Toit du Monde, au pied des immenses montagnes.
Des nouvelles circulaient dans l'Empire que Toturi avait regroupé chez les Dragons une importante armée, et se dirigeaient vers le col de Beiden, où nos héros passèrent sans y trouver âme qui vive. On disait que les Crabes au sud étaient de plus en plus agités, et avaient commencé à prendre sous leur "protection" plusieurs territoires au nord des terres des marchands Yasuki. A la cour impériale, l'Alliance Tripartite (Moineau-Renard-Guêpe) avait protesté contre l'avancée piétinante des Crabes, et la menace qu'ils représentaient. Mais les diplomates Hida assuraient sur leur honneur que le Grand Ours n'avait nulle intention belliqueuse en tête, sinon contre les horreurs de l'Outremonde.
Leur destination était le village appelé Mimura, situé à une demi-journée de cheval au sud du château de la famille Miya, les diplomates et porte-paroles de l'Empereur (les Seppun étant les gardes du corps, les Otomo les garants de son honneur).
Nos samurai, à cheval, étaient suivis d'un important convoi, comme il sied à un magistrat impérial en déplacement. Toutefois, Kakita Hiruya avait insisté pour emmener avec lui le minimum d'escorte. Il ne venait pas en visite de prestige, mais pour découvrir et détruire des ennemis du trône d'Emeraude.
Sur son grand destrier de l'Ouest, Shinjo Kohei s'arrêtait parfois pour observer le paysage. Il avait reçu, lors de son retour printanier au dojo Shinjo, un magnifique objet venu des lointaines terres gaijin : c'était cette longue-vue qu'il avait utilisée pour observer la foule des heimin, à Otosan Uchi. Il pouvait ainsi voir au loin.
Isawa Ayame demanda si c'était magique, et Riobe dit qu'en tous cas, cela avait un grand intérêt stratégique pendant une bataille, pour observer l'ennemi.
- Nous ne devrions plus être loin de Mimura, dit Bayushi Bokkai, dont les terres de son clan n'étaient pas loin.
- Voyons cela, dit Kohei en regardant dans sa lunette.
Il observa la campagne vallonnée, sous le soleil d'été, qui ondulait devant lui.
- Ca alors... dit-il soudain. Incroyable !
- Qui y a t-il, Kohei-san, demanda Hiruya.
- Regarde plutôt ! c'est incroyable vraiment !
Le magistrat prit l'artefact, et observa à son tour.
- Ah oui ! incroyable !
Il tendit la lunette à Bokkai, qui se dit aussi stupéfait après avoir regardé ; Bokkai la passa à Shigeru, qui la donna à Ikky ; Ryu l'eut ensuite, puis Riobe.
Tous s'exclamaient pareillement : "Oh oui ! incroyable ! mais qu'est-ce que c'est que ça ?!!
"
Seule Ayame boudait : on avait oublié de lui passer la lunette.
Charitablement, Ikky tint l'objet devant l'oeil d'Ayame, qui put ainsi l'observer en le tenant de sa main.
Ce qu'elle vit -elle qui en avait pourtant vu d'autres, et des pas mûres !- la stupéfia aussi :
Au sommet d'une colline, marchant à grands pas, allégrement, presque comme s'il dansait, avançait un gros panda habillé en samurai !
Il mesurait la taille d'un humain, et ne portait aucun signe de clan. Un samurai rônin panda !
- Il se dirige vers le village, dit Ayame.
- Nous aurons donc l'occasion de parler à cette créature, dit Hiruya. En avant !
A suivre...
Ils étaient tous alignés, dans la gigantesque cour du palais impériale, admirés par les centaines de soldats de garde, surveillés par les statues de milliers d'ancêtres ; impeccables, dans leurs tenues d'Emeraude, à quelques pas seulement de l'entrée de la Cité Interdite, réservée au divin fils du Ciel, à sa famille et ses conseillers, les couleurs chatoyant sous la lumière, sur les dalles de marbre, resplendissant sur les hauts et puissants murs millénaires.
Kakita Hiruya était parmi eux, l'un des plus jeunes, tremblant d'admiration, entouré qu'il était des hommes les plus honorables, les plus courageux, les plus nobles et les plus dévoués à l'Empereur. Il était l'un des leurs à présent, un serviteur direct de l'Empereur, un gardien de la justice éternelle, l'incarnation de l'Ordre Céleste, un membre de l'élite de l'Empire, un magistrat d'Emeraude !
Et tous encore (ils étaient une centaine) se tenaient parfaitement immobiles comme les statues, alors que passait lentement devant, les passant en revue un par un, le plus grand duelliste que l'Empire ait connu, le maître absolu de l'art du sabre, Kakita Toshimoko, le champion de l'Empereur !
Comment ne pas être transporté dans ces moments-là, et sentir que l'on touche le ciel un instant, que l'on approche du seuil mystique de l'éternité, des sphères du pouvoir, hautes comme le soleil et la lune !
Le Champion d'Emeraude était accompagné d'un dignitaire de la famille Miya, qui marchait un peu derrière lui, lui présentant chacun des magistrats, et disant une petite phrase sur chacun. Il les connaissait tous par coeur.
A chaque magistrat, Kakita Toshimoko adressait un bref signe de salutation, et approuvait ce qu'on lui disait, sans mot dire.
- L'honorable Otomo Keryu, qui a maté voici trois ans une grande révolte paysanne dans le sud, et honore nos temples de plus de 3000 kokus par an ; l'honorable Matsu Soronote, cousin germain du général Matsu Tsuko, qui a tant fait pour débarrasser nos routes de vastes bandes de pillards ; l'honorable Miya Katsu, qui a déjà déjoué trois complots contre l'Empereur ou sa famille.
C'était le tour de notre héros maintenant. Il avait 25 ans, et il sentait une grosse boule lui coincer la gorge.
- L'honorable Kakita Hiruya. Il a beaucoup voyagé déjà, et combattu de nombreux ennemis de notre Empereur.
La description que venait de faire le dignitaire était plutôt banale : elle pouvait s'appliquer à la plupart des autres magistrats.
Soudain, Toshimoko marqua l'arrêt, surprenant manifestement le Miya. Il regarda Hiruya dans les yeux, de son regard de feu et de glace.
- Tu es l'élève de Kakita Yobe ?
Toutes les têtes se tournèrent vers notre héros : Toshimoko posait une question !
Hiruya sentit toute sa fierté lui venir à la bouche ; elle lui permit de balbutier :
- Ou... oui, seigneur.
- Bientôt, il rejoindra les rangs des kenshinzen. Toi aussi, suis cette voie.
- Oui, Toshimoko-sama.
Le champion fit un petit sourire, et continua sa marche.
Déjà, le dignitaire avait repris sa récitation.
- L'honorable Shiba Gonjuko...
Hiruya ne se sentait plus. Il aurait pu s'envoler à ce moment-là, ou voir le ciel s'écrouler sur lui, rien ne l'aurait étonné. Ses voisins le regardèrent tous un moment, fascinés par ce jeune homme qui avait mérité de recevoir une parole d'encouragement du champion à rejoindre la prestigieuse école kenshinzen, autrement dit la crème de la crème des duellistes.
Il resta encore deux longues heures, le temps que la cérémonie se termine, par un retentissant discours du champion, et il flottait sur son petit nuage.


Les invités étaient réunis dans le grand jardin de la propriété de Miya Katsu, sous les ordres de qui Kakita Hiruya se mettrait dans les premiers temps, afin de devenir un parfait magistrat.
Miya Katsu, de réputation, était un fin enquêteur, qui savait flairait les mauvais coups. Il ne procédait pas du tout comme les inquisiteurs Kitsuki, par preuves méthodiques. Il marchait plutôt à l'instinct au flair, comme les chiens de chasse. Il passait pour utiliser des méthodes peu orthodoxes, mais pouvait réussir là où d'autres échouaient à force de suivre aveuglément les prescriptions des codes de lois. On le disait préocuppé depuis de nombreuses années par une sombre affaire, mettant en cause un rônin accusé de crimes graves. On disait que plusieurs fois, il avait été distrait de cette enquête par d'autres obligations plus urgentes. On disait que personne ne souhaitait vraiment le voir poursuivre cette funeste affaire, mais qu'un jour, il ferait toute la lumière dessus.

Pour l'heure, Katsu-sama accueillait ses invités. Il y avait là Kakita Yobe, celui qui avait tout appris à Hiruya, de la vie, de l'art du sabre et de la courtoisie Grue, autant un grand frère qu'un maître. La mère de Hiruya était venue également. Veuve depuis presque aussi longtemps que la naissance de son fils unique, elle sortait pour la première fois de son village depuis bien longtemps.
Hida Shigeru était là, également, accompagné de ses cinq enfants et de sa femme. Depuis quelques ennuis sur la Muraille, le Crabe vivait sur les terres de la famille Daidoji, non loin du village natal de Hiruya.
Shinjo Kohei était venu avec son frère aîné Kenzan, son père Shinjo Zenzabûro, seigneur du village du lac aux rives blanches et sa femme, la shugenja Iuchi Shizuka, qui veillait de si près à la santé de son époux en l'envoyant régulièrement en cure thermale ! :P
Isawa Ayame était venue avec sa yojimbo Ikky et la famille de cette dernière, ainsi que quelques membres de sa famille, sans oublier son daimyo, le sévère Isawa Akitoki, qui n'en revenait toujours pas que la brebis galeuse de ses élèves ait réussie à obtenir un poste si prestigieux. Il était en grande discussion avec Mirumoto Akuma, l'orageux daimyo de la vallée d'Heibetsu, très fier de cette jeune bushi, Mirumoto Ryu. Il est vrai qu'Akuma-sama ne connaissait pas Ryu, et ne découvrait d'elle que les bons côtés.

Il y avait également là, petite surprise pour nos héros, Bayushi Bokkai, rencontré par nos héros à la cour d'hiver
Riobe attendait à l'écart, poliment, car il n'osait pas s'immiscer parmi tous ses seigneurs. Mais il pouvait observer avec du recul tout le petit manège social de ces grands seigneurs parlant avec forces effets de manche, et admirer la rencontre de gens aussi dissemblables que Yobe-sama et Akuma-sama, ou encore une conversation de pure forme entre Isawa Akitoki-sama et Shinjo Zenzaburo-sama, un maître shugenja Phénix et un seigneur des lointaines plaines Licornes ayant par définition peu à partager.

Hiruya considéra ses nouveaux assistants. Etait-ce bien sérieux ? Etaient-ils à la hauteur de la tâche surhumaine qui les attendait ? Méritaient-ils bien, par leur naissance et leur bravoure, d'être ses assistants ?
Son ami de longue date, Shinjo Kohei. A moitié gaijin, bon vivant, insouciant, les jambes arquées par le cheval.
Hida Shigeru. Un foudre de guerre, mais sans aucunement la finesse Grue.
Isawa Ayame, shugenja opiomane, manchot, trop curieuse, désobéissante, attichée d'une yojimbo trop peu compétente.
Un courtisan Scorpion, traîtreux et méchant par définition. Riobe, un rônin. Mirumoto Ryu, dont on connaissait les exploits en société.
Pas brillant, tout ça. Il y allait avoir du travail.

Qu'elle était dure, la tâche du vaillant magistrat d'Emeraude, fin duelliste, amateur d'origami, de belles phrases, de sake bu modérément, de triomphes réguliers... :?
Le soir, il y eut un fantastique et plantureux repas, sous l'hospitalité de Miya Katsu. Hida Shigeru et Shinjo Kohei ne se privèrent pas de profiter de l'excellente nourriture, burent jusque tard, chantèrent le soir, avant de se faire taper par leurs femmes pour aller au lit.

Le lendemain matin, à la première heure, alors que la plupart de nos héros avaient un tetsubo en fer forgé en travers du crâne, tous étaient convoqués par Miya Katsu.
Celui-ci avait à ses côtés l'honorable ambassadeur Ide Tadaji, lui aussi à la cour d'hiver d'Isawa Masanaga qui avait aidé nos héros à obtenir ce poste.
L'idée de Katsu-sama et Tadaji-sama était de constituer une équipe de samurai représentant tous les clans, afin de symboliser plus que jamais l'union de l'Empire, en ces temps incertains. Seul le clan du Lion avait refusé de jouer le jeu.
Après avoir expliqué à nos héros l'ampleur de leurs nouvelles responsabilités, Miya Katsu leur assigna leur première mission : débarrasser un lointain village d'une bande de dangereux pillards.
C'est ainsi que nos huit samurai quittèrent Otosan Uchi ce matin-là, après avoir dit au revoir à leurs proches, et partirent sur les grandes routes impériales, le mon d'Emeraude maintenant cousu sur leurs kimonos.

Chemin faisant à travers la riante campagne, nos samurai entreprirent un voyage qui les mena immédiatement au sud de la Chaîne du Toit du Monde, au pied des immenses montagnes.
Des nouvelles circulaient dans l'Empire que Toturi avait regroupé chez les Dragons une importante armée, et se dirigeaient vers le col de Beiden, où nos héros passèrent sans y trouver âme qui vive. On disait que les Crabes au sud étaient de plus en plus agités, et avaient commencé à prendre sous leur "protection" plusieurs territoires au nord des terres des marchands Yasuki. A la cour impériale, l'Alliance Tripartite (Moineau-Renard-Guêpe) avait protesté contre l'avancée piétinante des Crabes, et la menace qu'ils représentaient. Mais les diplomates Hida assuraient sur leur honneur que le Grand Ours n'avait nulle intention belliqueuse en tête, sinon contre les horreurs de l'Outremonde.
Leur destination était le village appelé Mimura, situé à une demi-journée de cheval au sud du château de la famille Miya, les diplomates et porte-paroles de l'Empereur (les Seppun étant les gardes du corps, les Otomo les garants de son honneur).
Nos samurai, à cheval, étaient suivis d'un important convoi, comme il sied à un magistrat impérial en déplacement. Toutefois, Kakita Hiruya avait insisté pour emmener avec lui le minimum d'escorte. Il ne venait pas en visite de prestige, mais pour découvrir et détruire des ennemis du trône d'Emeraude.
Sur son grand destrier de l'Ouest, Shinjo Kohei s'arrêtait parfois pour observer le paysage. Il avait reçu, lors de son retour printanier au dojo Shinjo, un magnifique objet venu des lointaines terres gaijin : c'était cette longue-vue qu'il avait utilisée pour observer la foule des heimin, à Otosan Uchi. Il pouvait ainsi voir au loin.
Isawa Ayame demanda si c'était magique, et Riobe dit qu'en tous cas, cela avait un grand intérêt stratégique pendant une bataille, pour observer l'ennemi.
- Nous ne devrions plus être loin de Mimura, dit Bayushi Bokkai, dont les terres de son clan n'étaient pas loin.
- Voyons cela, dit Kohei en regardant dans sa lunette.
Il observa la campagne vallonnée, sous le soleil d'été, qui ondulait devant lui.
- Ca alors... dit-il soudain. Incroyable !
- Qui y a t-il, Kohei-san, demanda Hiruya.
- Regarde plutôt ! c'est incroyable vraiment !
Le magistrat prit l'artefact, et observa à son tour.
- Ah oui ! incroyable !
Il tendit la lunette à Bokkai, qui se dit aussi stupéfait après avoir regardé ; Bokkai la passa à Shigeru, qui la donna à Ikky ; Ryu l'eut ensuite, puis Riobe.
Tous s'exclamaient pareillement : "Oh oui ! incroyable ! mais qu'est-ce que c'est que ça ?!!


Seule Ayame boudait : on avait oublié de lui passer la lunette.

Ce qu'elle vit -elle qui en avait pourtant vu d'autres, et des pas mûres !- la stupéfia aussi :
Au sommet d'une colline, marchant à grands pas, allégrement, presque comme s'il dansait, avançait un gros panda habillé en samurai !


- Il se dirige vers le village, dit Ayame.
- Nous aurons donc l'occasion de parler à cette créature, dit Hiruya. En avant !
A suivre...
