16-05-2005, 01:08 PM
(This post was last modified: 16-05-2005, 01:09 PM by Darth Nico.)
Paris, janvier 2006
VAMPIRE 2006
II - SHREKNET PARANOIA
Anatole ouvrit la porte verrouillé électroniquement de son repaire. Il s'aventura dans les couloirs humides et noirs des égoûts, et pénétra bientôt dans les couloirs du métropolitain. Une rame de la ligne 6, Etoile-Nation, passa non loin imprimant son tremblement mécanique à toutes les structures alentours. On entendait des gargouillis inquiétants et des plaintes lointaines. Le haut-parleur annonça que la station Montparnasse était désormais fermée.
A l'heure du dernier métro, le Nosferatu s'aventurait hors de son repaire douillet, pris par une irrésistible soif. Sa peau blafarde était éclairée en quelques endroits de loupiotes accrochées aux murs. Dans une station désaffectée, il vit un clodo qui dormait. L'odeur répugnante qui émanait de ses chairs mortes réveilla l'humain. Il voulait s'enfuir. Il commença à courir maladroitement, mais personne ne pouvait l'entendre hurler, là où il se trouvait.
Anatole attrapa le vagabond, lui enfonça ses crocs dans la gorge ; l'humain sentit une délicieuse volupté l'envahir. Il n'avait pas connu ça depuis des années, peut-être depuis qu'il avait fini de têter au sein de sa mère. Il s'endormit profondément, pendant qu'Anatole abosrbait une part de son sang, pour constituer à non-vivre, une nuit de plus.
- Asseyez-vous donc, Sire Loren.
Rudolf Vircenko, le délégué du Cercle Intérieur en Europe, avait, comme à son habitude, la tête préocuppée de celui sur qui pèsent des responsabilités très lourdes.
Il avait maintenant pris ses quartiers au Louvre : une grande suite pour lui seul, un service de sécurité arrivé avec lui, plusieurs domestiques exclusivement à son service. C'était de plus en plus lui qui faisait marcher les rouages de la machine de l'Elysium. Les courtisans murmuraient que le Prince Ibn-Azul devenait de plus en plus une fonction d'apparat, tandis que l'Eminence Grise Vircenko détenait le vrai pouvoir.
- Nos invités Cathéens sont maintenant à Paris depuis une dizaine de jours. Nous nous sommes assurés de leur installation parmi leur communauté, dans les Tours.
Les Tours, en langage caïnite, désignant le Bourg regroupant ce que les humains appellent les 12e,13e et 20e arrondissements
- Je suis content que leur réception se soit bien passée, Sire Loren... à l'exception d'un petit incident de parcours, m'a t-on rapporté.
- Oui, c'est exact. Rien de bien grave, cela dit. L'essentiel est que nos invités ne l'aient pas su, à ce moment.
- En effet. Toutefois, ce n'est pas pour cet incident que je vous ai fait venir.
Vircenko prit quelques papiers d'un tiroir, sembla les classer, les examiner rapidement, puis les rangea.
- Non, le véritable problème à l'heure actuelle est que les Cathéens se soient poliment plaints de ne pas avoir parmi nous d'interlocuteurs valides. Il est de fait que la plupart des Ventrue parisiens les plus respectables n'ont jamais dépassé le périphérique, quand ils savent qu'il existe. Nommément, Pierre-Emmanuel de Pompignan, et son infant, le général de la Roche Beaumont, pour ne citer qu'eux, n'ont jamais fréquenté de Cathéens, et les détestent cordialement.
Vircenko avait nommé les deux principaux rivaux de Loren. De Pompignan, l'un des puissants Bourgmestres de Paris, s'était toujours opposé aux réformes de la Régence et du pacte de Vienne. Son infant, le bouillant général de la Roche Beaumont, en était resté à l'époque des conquêtes napoléoniennes, tandis que lui, de Pompignan, n'avait pas dépassé les guerres louis-quatorziennes.
- Je suis inquiet, dit Vircenko, car les Cathéens pourraient se fâcher pour de bon. J'ai besoin de quelqu'un pour servir d'intermédiaire avec eux. Quelqu'un pour les approcher, les comprendre et les rassurer. J'ai pensé à vous, car vous avez voyagé au Moyen-Orient, il y a quelques années.
- C'est exact. Après la seconde guerre mondiale, j'ai séjourné au Moyen-Orient, avec mon Sire. Pourtant, je ne suis jamais allé en Asie.
- Peu importe. La péninsule arabique, c'est le plus loin que soit jamais allé bien des nôtres. Vous êtes donc le mieux désigné pour mener à bien cette mission.
- Entendu, je m'acquitterai de cette tâche, Sire Vircenko.
- Vous vous rendrez dans les Tours. Je vous ai réservé un immeuble, où vous pourrez aménager votre repaire. Vous serez l'adjoint de la Bourgmestre Satomé.
- Très bien.
- A propos d'elle, Satomé, vous devez savoir que c'est une Brujah aux penchants plutôt humanitaires. Elle perd son temps à protéger des nouveaux-nés, des Sang-Clairs, des Parias, des Caïtiffs, que sais-je encore... Ca doit cesser.
Cette dernière phrase tomba comme la guillotine.
- Il y a surpopulation dans les Tours, surtout avec l'arrivée des Cathéens. Vous parlerez à Satomé, et vous réduirez drastiquement toute cette population en surnombre.
- Entendu, Sire Vircenko.
- Pendant la durée de ce mandat, j'occuperai l'interim pour votre siège de Primogène. Ainsi, personne ne voudra se précipiter pour monter dessus à votre place. Je sais bien que pour vous, cela représente la descente d'une marche. Toutefois, vous êtes à la fois jeune -donc encore proche des humains- et bien introduit dans les manoeuvres du pouvoir.
- Je comprends, Sire. Je ferai selon vos ordres.
Loren salua poliment, et se rendit chez son Sire, le Prince de Paris. Celui-ci lui dit qu'il connaissait déjà la décision du délégué du Cercle Intérieur.
- Sire Vircenko a toute autorité pour faire appliquer la loi de la Camarilla, mon infant, dit Ibn-Azul. Il est plus vieux que moi, et en quelque sorte supérieur. Pour le moment, je n'ai pas d'autre choix que de lui obéir. Nous devons plier face à sa volonté. Bon courage, dans le 13e arrondissement. Tenez-moi souvent au courant de l'avancée de vos projets.
- Bien évidemement, Sire, je n'y manquerai pas.
A peine sorti du bureau du Prince, Loren vit venir à lui Brigitte Cellier, Ventrue, la Harpie la plus puissante de Paris. C'était une belle femme, brune, d'une trentaine d'années en âge apparent. Mégane la Toréador ressemblait nettement à une bourgeoise minaudante jamais sortie du 16e arrondissement ; Brigitte Cellier était plutôt une grande vamp' des Champs-Elysées, cosmopolitaine jusqu'aux bouts des ongles.
- Sire Loren ! quelle chance de vous croiser ici. J'avais justement entendu dire que vous aviez rendez-vous avec Sire Vircenko !... Je me demandais ce qu'il avait en tête. Pourquoi ne pas venir en parler dans mes appartements ? J'ai justement reçu des Calices délicieux, du couvent des Ursulines ! Un vrai régal pour vous !
Loren se laissa tenter, souriant d'une ironie sans méchanceté devant la curiosité féline de la Cellier. En devisant avec elle, il prit un malin plaisir à ne divulguer que le minimum d'information : Vircenko avait décidé d'améliorer les rapports avec les Cathéens, et à ce titre, avait chargé Loren de s'entretenir avec eux.
Voyant que le Primogène cachait son jeu, la Cellier n'insista pas, et remercia Loren de ces précieuses informations.
- Evidemment, ajouta Loren, ce que je vous ai dit n'est pas encore officiel.
- Comptez sur mon silence ! déclara Cellier avec emphase.
Loren était à peine sorti qu'elle décrochait son téléphone.
- Megane ? ici Brigitte, chuchotait-elle (comme si on pouvait l'entendre). Vous n'allez pas en croire vos oreilles de ce que je vais vous dire !... Mais que cela reste entre nous.
Graziella de Valori venait de rentrer chez elle, dans les souterrains du palais de Chaillot, quand sa servante s'approcha d'elle, le téléphone sur un plateau.
- Mademoiselle Mégane, murmura t-elle.
- Ici Graziella de Valori. Comment allez-vous, chère Mégane ?
- Graziella ? (la voix chuchotait à l'autre bout du sans-fil). Vous ne devinerez jamais ce que je vais vous dire. Il paraîtrait ! il paraîtrait que François Loren aurait été nommé... ambassadeur officiel du Primogène auprès de la Cour des Cathéens ! Il serait même sur le point de devenir Bourgmestre des Tours. Bien sûr, je ne vous ai rien dit, et je dois protéger mes sources d'information, tout comme vous.
- Evidemment, chère Mégane, sourit Graziella. Je comprends que vous risquez gros si on vous découvre. Je n'en parlerai à personne.
- Très bien, très bien, fit la Toreador d'une voix empressée. C'est toujours plus facile de partager un secret à deux.
- Tout à fait.
Anatole était de retour dans son repaire, assis dans son fauteil, face à huit écrans, cinq claviers, trois webcam et des kilomètres de câbles.
Son téléphone sonna.
- Lapin de Garenne ?... Ici Shrek.
- Oui, c'est moi-même, Shrek.
La voix du maître du réseau était nerveuse.
- Lapin de Garenne, j'ai peur d'être découvert bientôt. Je suis sur la sellette. Pour plus de sécurité, je vais disparaître un moment. Désormais, vous serez contacté par Garfield. Pour le contacter, vous passerez par Gros Matin. C'est compris ?
- Tout à fait.
- Vos instructions sont les suivantes : continuez à vous faire bien voir de François Loren, à travailler pour lui autant que possible. Poursuivez vos recherches sur Augustin, comme vous l'a demandé la Valori. Nous aurons besoin de lui dans peu de temps. A bientôt.
- A bientôt, Shrek, fit Anatole avec son mauvais sourire.
Il n'avait pas encore raccroché d'un deuxième appareil sonnait.
- Lapin de Garenne ? ici Über Gamer.
Antonin Lacomb, alias Ant pour les connaisseurs, alias Über Gamer pour les membres du Shreknet, était une vieille connaissance d'Anatole. Ils avaient déjà monté plusieurs (mauvais) coups ensemble.
- Dis donc, mon Lapin ? t'as appris la dernière ? Paraîtrait que le père Loren est nommé dans le 13e ! Ils veulent moderniser le réseau là-bas ! Ce serait l'occasion de se mettre dans le coup. T'es partant ?
- Et comment mon vieux !
- On se la fait à deux, comme au bon vieux temps.
- Ca marche, vieille fripouille !
- On va aller étendre le Shreknet partout là-bas !
Anatole raccrocha : les jours à venir s'avéraient fastes, si Loren acceptait de prendre à nouveau Anatole comme responsable informatique...
A suivre...
VAMPIRE 2006
II - SHREKNET PARANOIA
Anatole ouvrit la porte verrouillé électroniquement de son repaire. Il s'aventura dans les couloirs humides et noirs des égoûts, et pénétra bientôt dans les couloirs du métropolitain. Une rame de la ligne 6, Etoile-Nation, passa non loin imprimant son tremblement mécanique à toutes les structures alentours. On entendait des gargouillis inquiétants et des plaintes lointaines. Le haut-parleur annonça que la station Montparnasse était désormais fermée.
A l'heure du dernier métro, le Nosferatu s'aventurait hors de son repaire douillet, pris par une irrésistible soif. Sa peau blafarde était éclairée en quelques endroits de loupiotes accrochées aux murs. Dans une station désaffectée, il vit un clodo qui dormait. L'odeur répugnante qui émanait de ses chairs mortes réveilla l'humain. Il voulait s'enfuir. Il commença à courir maladroitement, mais personne ne pouvait l'entendre hurler, là où il se trouvait.
Anatole attrapa le vagabond, lui enfonça ses crocs dans la gorge ; l'humain sentit une délicieuse volupté l'envahir. Il n'avait pas connu ça depuis des années, peut-être depuis qu'il avait fini de têter au sein de sa mère. Il s'endormit profondément, pendant qu'Anatole abosrbait une part de son sang, pour constituer à non-vivre, une nuit de plus.

- Asseyez-vous donc, Sire Loren.
Rudolf Vircenko, le délégué du Cercle Intérieur en Europe, avait, comme à son habitude, la tête préocuppée de celui sur qui pèsent des responsabilités très lourdes.
Il avait maintenant pris ses quartiers au Louvre : une grande suite pour lui seul, un service de sécurité arrivé avec lui, plusieurs domestiques exclusivement à son service. C'était de plus en plus lui qui faisait marcher les rouages de la machine de l'Elysium. Les courtisans murmuraient que le Prince Ibn-Azul devenait de plus en plus une fonction d'apparat, tandis que l'Eminence Grise Vircenko détenait le vrai pouvoir.
- Nos invités Cathéens sont maintenant à Paris depuis une dizaine de jours. Nous nous sommes assurés de leur installation parmi leur communauté, dans les Tours.
Les Tours, en langage caïnite, désignant le Bourg regroupant ce que les humains appellent les 12e,13e et 20e arrondissements
- Je suis content que leur réception se soit bien passée, Sire Loren... à l'exception d'un petit incident de parcours, m'a t-on rapporté.
- Oui, c'est exact. Rien de bien grave, cela dit. L'essentiel est que nos invités ne l'aient pas su, à ce moment.
- En effet. Toutefois, ce n'est pas pour cet incident que je vous ai fait venir.
Vircenko prit quelques papiers d'un tiroir, sembla les classer, les examiner rapidement, puis les rangea.
- Non, le véritable problème à l'heure actuelle est que les Cathéens se soient poliment plaints de ne pas avoir parmi nous d'interlocuteurs valides. Il est de fait que la plupart des Ventrue parisiens les plus respectables n'ont jamais dépassé le périphérique, quand ils savent qu'il existe. Nommément, Pierre-Emmanuel de Pompignan, et son infant, le général de la Roche Beaumont, pour ne citer qu'eux, n'ont jamais fréquenté de Cathéens, et les détestent cordialement.
Vircenko avait nommé les deux principaux rivaux de Loren. De Pompignan, l'un des puissants Bourgmestres de Paris, s'était toujours opposé aux réformes de la Régence et du pacte de Vienne. Son infant, le bouillant général de la Roche Beaumont, en était resté à l'époque des conquêtes napoléoniennes, tandis que lui, de Pompignan, n'avait pas dépassé les guerres louis-quatorziennes.
- Je suis inquiet, dit Vircenko, car les Cathéens pourraient se fâcher pour de bon. J'ai besoin de quelqu'un pour servir d'intermédiaire avec eux. Quelqu'un pour les approcher, les comprendre et les rassurer. J'ai pensé à vous, car vous avez voyagé au Moyen-Orient, il y a quelques années.
- C'est exact. Après la seconde guerre mondiale, j'ai séjourné au Moyen-Orient, avec mon Sire. Pourtant, je ne suis jamais allé en Asie.
- Peu importe. La péninsule arabique, c'est le plus loin que soit jamais allé bien des nôtres. Vous êtes donc le mieux désigné pour mener à bien cette mission.
- Entendu, je m'acquitterai de cette tâche, Sire Vircenko.
- Vous vous rendrez dans les Tours. Je vous ai réservé un immeuble, où vous pourrez aménager votre repaire. Vous serez l'adjoint de la Bourgmestre Satomé.
- Très bien.
- A propos d'elle, Satomé, vous devez savoir que c'est une Brujah aux penchants plutôt humanitaires. Elle perd son temps à protéger des nouveaux-nés, des Sang-Clairs, des Parias, des Caïtiffs, que sais-je encore... Ca doit cesser.
Cette dernière phrase tomba comme la guillotine.
- Il y a surpopulation dans les Tours, surtout avec l'arrivée des Cathéens. Vous parlerez à Satomé, et vous réduirez drastiquement toute cette population en surnombre.
- Entendu, Sire Vircenko.
- Pendant la durée de ce mandat, j'occuperai l'interim pour votre siège de Primogène. Ainsi, personne ne voudra se précipiter pour monter dessus à votre place. Je sais bien que pour vous, cela représente la descente d'une marche. Toutefois, vous êtes à la fois jeune -donc encore proche des humains- et bien introduit dans les manoeuvres du pouvoir.
- Je comprends, Sire. Je ferai selon vos ordres.
Loren salua poliment, et se rendit chez son Sire, le Prince de Paris. Celui-ci lui dit qu'il connaissait déjà la décision du délégué du Cercle Intérieur.
- Sire Vircenko a toute autorité pour faire appliquer la loi de la Camarilla, mon infant, dit Ibn-Azul. Il est plus vieux que moi, et en quelque sorte supérieur. Pour le moment, je n'ai pas d'autre choix que de lui obéir. Nous devons plier face à sa volonté. Bon courage, dans le 13e arrondissement. Tenez-moi souvent au courant de l'avancée de vos projets.
- Bien évidemement, Sire, je n'y manquerai pas.
A peine sorti du bureau du Prince, Loren vit venir à lui Brigitte Cellier, Ventrue, la Harpie la plus puissante de Paris. C'était une belle femme, brune, d'une trentaine d'années en âge apparent. Mégane la Toréador ressemblait nettement à une bourgeoise minaudante jamais sortie du 16e arrondissement ; Brigitte Cellier était plutôt une grande vamp' des Champs-Elysées, cosmopolitaine jusqu'aux bouts des ongles.
- Sire Loren ! quelle chance de vous croiser ici. J'avais justement entendu dire que vous aviez rendez-vous avec Sire Vircenko !... Je me demandais ce qu'il avait en tête. Pourquoi ne pas venir en parler dans mes appartements ? J'ai justement reçu des Calices délicieux, du couvent des Ursulines ! Un vrai régal pour vous !
Loren se laissa tenter, souriant d'une ironie sans méchanceté devant la curiosité féline de la Cellier. En devisant avec elle, il prit un malin plaisir à ne divulguer que le minimum d'information : Vircenko avait décidé d'améliorer les rapports avec les Cathéens, et à ce titre, avait chargé Loren de s'entretenir avec eux.
Voyant que le Primogène cachait son jeu, la Cellier n'insista pas, et remercia Loren de ces précieuses informations.
- Evidemment, ajouta Loren, ce que je vous ai dit n'est pas encore officiel.
- Comptez sur mon silence ! déclara Cellier avec emphase.
Loren était à peine sorti qu'elle décrochait son téléphone.
- Megane ? ici Brigitte, chuchotait-elle (comme si on pouvait l'entendre). Vous n'allez pas en croire vos oreilles de ce que je vais vous dire !... Mais que cela reste entre nous.

Graziella de Valori venait de rentrer chez elle, dans les souterrains du palais de Chaillot, quand sa servante s'approcha d'elle, le téléphone sur un plateau.
- Mademoiselle Mégane, murmura t-elle.
- Ici Graziella de Valori. Comment allez-vous, chère Mégane ?
- Graziella ? (la voix chuchotait à l'autre bout du sans-fil). Vous ne devinerez jamais ce que je vais vous dire. Il paraîtrait ! il paraîtrait que François Loren aurait été nommé... ambassadeur officiel du Primogène auprès de la Cour des Cathéens ! Il serait même sur le point de devenir Bourgmestre des Tours. Bien sûr, je ne vous ai rien dit, et je dois protéger mes sources d'information, tout comme vous.
- Evidemment, chère Mégane, sourit Graziella. Je comprends que vous risquez gros si on vous découvre. Je n'en parlerai à personne.
- Très bien, très bien, fit la Toreador d'une voix empressée. C'est toujours plus facile de partager un secret à deux.
- Tout à fait.

Anatole était de retour dans son repaire, assis dans son fauteil, face à huit écrans, cinq claviers, trois webcam et des kilomètres de câbles.
Son téléphone sonna.
- Lapin de Garenne ?... Ici Shrek.
- Oui, c'est moi-même, Shrek.
La voix du maître du réseau était nerveuse.
- Lapin de Garenne, j'ai peur d'être découvert bientôt. Je suis sur la sellette. Pour plus de sécurité, je vais disparaître un moment. Désormais, vous serez contacté par Garfield. Pour le contacter, vous passerez par Gros Matin. C'est compris ?
- Tout à fait.
- Vos instructions sont les suivantes : continuez à vous faire bien voir de François Loren, à travailler pour lui autant que possible. Poursuivez vos recherches sur Augustin, comme vous l'a demandé la Valori. Nous aurons besoin de lui dans peu de temps. A bientôt.
- A bientôt, Shrek, fit Anatole avec son mauvais sourire.
Il n'avait pas encore raccroché d'un deuxième appareil sonnait.
- Lapin de Garenne ? ici Über Gamer.
Antonin Lacomb, alias Ant pour les connaisseurs, alias Über Gamer pour les membres du Shreknet, était une vieille connaissance d'Anatole. Ils avaient déjà monté plusieurs (mauvais) coups ensemble.
- Dis donc, mon Lapin ? t'as appris la dernière ? Paraîtrait que le père Loren est nommé dans le 13e ! Ils veulent moderniser le réseau là-bas ! Ce serait l'occasion de se mettre dans le coup. T'es partant ?
- Et comment mon vieux !
- On se la fait à deux, comme au bon vieux temps.
- Ca marche, vieille fripouille !
- On va aller étendre le Shreknet partout là-bas !
Anatole raccrocha : les jours à venir s'avéraient fastes, si Loren acceptait de prendre à nouveau Anatole comme responsable informatique...
A suivre...
