03-06-2005, 12:30 AM
(This post was last modified: 03-06-2005, 01:12 AM by Darth Nico.)
Vampire 2006 - #2
La prestation aussi inattendue que fracassante du soi-disant Eric le Brujah déclencha une tempête parmi les limiers de la Mascarade.
Cette fois, le petit malin qui en voulait à dame Yvonne se moquait du monde ! Sergio jura de le crucifier personnellement. Le clan Brujah se hâta de clamer haut et fort que personne parmi eux ne s'était appelé Eric depuis près d'un siècle. Le Préfet ordonna que l'on finisse par trouver des coupables, afin de calmer les hautes instances de la Camarilla. Le Fléau, Sarmont Brujah, ordonna des châtiments exemplaires.
Le pauvre Manu le Malkav' était sur la brêche. Il allait peut être permettre de trouver un terroriste inconscient, mais il s'était rendu objectivement complice de la diffusion de ce message.
En un sens, dame Yvonne respirait : il y avait bien une conspiration après elle ! elle ne l'inventait pas !
Inutile de dire que dans le monde des humains, on se mit à déblatérer sans fin sur l'identité de cette Main Noire et de cette dame Yvonne. On cherchait à quelle personnalité politique cela pouvait correspondre. D'autres rapprochaient la Main Noire de l'Illuminati, la célèbre conspiration mondiale toute-puissante qui vous ment depuis le début. Heureusement, pour les humains, les informations de cet Eric passèrent parmi un flot d'informations aussi incongrues.
Choisissant de jouer le culot à tous prix, Anatole rencontra le lendemain Graziella de Valori, à la demande de celle-ci. La veille, après l'incident radiophonique, notre signora -outre le coup de fil de Lucinius- avait reçu un appel de Cosimo Santi, consterné. De Valori avait tenté de s'expliquer, mais elle ne pouvait qu'avouer son désarroi.
- Bon, nous verrons cela, avait tranché Santi. En revanche, j'ai plus important. Je n'ai toujours pas de nouvelle de Shrek. Et je sais que la police Brujah est sur ses traces. Je me demande ce qu'il prépare. Par un autre de mes agents, j'ai appris qu'un certain Nosferatu de vos connaissances traîne parmi un réseau secret qui parle de Sire Montaigu...
- Vous voulez parler du Lapin de Garenne, Sire ?
- Oui. Ce fouineur essaye peut-être de se renseigner sur "Montaigu". Il va falloir surveiller cela de près.
Graziella précisa que ce Lapin était également le chef de la sécurité de François Loren, et celui qu'elle avait chargé de retrouver Augustin.
- Il est au centre de tout, ce gros Lapin, dit Santi. C'est potentiellement très embêtant. Pour le moment, tâchez de le presser pour qu'il nous retrouve Augustin. Et obtenez la liste des membres de ce réseau.
- Ce sera fait, Sire Santi.
Anatole ne se fit guère prier poru fournir les informations demandées par la Lasombra. Peut-être voulait-il montrer que cela n'était pas très important, ou qu'il était bien coopératif. Il promit également d'accélérer les recherches sur Augustin. Après le départ du Nosferatu, que Graziella congédia sans attendre (car il était déjà en train de fouiner dans tous ses appartements), notre belle Italienne consulta la liste :
- Vaneighem, courtisan Nosferatu.
- Emmanuel, Malkavien
- Francis, chroniqueur Toreador de la vie mondaine
Pour commencer, notre héroïne tiqua évidemment sur le nom d'Emmanuel. Il devait bien s'agir de ce présentateur radio... Etait-ce l'un des deux autres qui avait appelé pour dénoncer dame Yvonne et faire cette farce grotesque sur elle ?
Graziella décida de commencer par le chroniqueur Toreador. C'était encore le plus fréquentable des trois. Elle l'avait déjà croisé dans un des salons du Louvre.
Elle le rencontra dans son pied-à-terre de Neuilly. Il était égal à lui-même : snob, aimable, superficiel.
- La Main Noire ? les conspirations ? mais vous savez, très chère signora, que c'est exactement ce que le public adore de nos jours ! les gens aiment lire des révélations sur les gens qui tirent les ficelles dans l'ombre. Ils se disent ainsi qu'ils le savaient depuis le début, qu'on leur ment ! Moi, je fréquente ce groupe uniquement pour l'inspiration. Les paranoiaques ne manquent pas d'imagination vous savez. Et après, moi, je n'ai plus qu'à retranscrire cela, et c'est le succès assuré au Louvre.
Ce Francis avait l'air sincère. Graziella n'insista et le remercia. Elle n'avait guère envie de rencontrer les deux autres, mais elle se promit de se forcer à faire cette démarche.
Loren apprit par le dévoué James l'incident de l'émission de radio. Dans une période moins "tendue", il aurait pu trouver ça drôle. Mais dans cette situation, il se demandait pourquoi le nom de Graziella avait été choisi par ce prétendu Eric Brujah. Evidemment, ce dérangé avait pu choisir un nom au hasard parmi les courtisans ou les Harpies, mais la coïncidence était troublante. Contactée au téléphone, Graziella jura ses grands dieux ne rien savoir de cet Eric !
Pendant que Loren était au téléphone, Anatole passait derrière lui pour tendre des câbles téléphoniques. Il riait sous cape du foin qu'il déclenchait avec cette farce énorme !
A peine son portable raccroché, Loren l'entendit sonner de nouveau :
- Sire Loren ? ici Sergio. J'ai quelques nouvelles. La traque de Shrek se resserre. On pense que ce salopard est dans votre Bourg, probablement dans le quartier chinois. Vous inquiétez pas : on l'aura bientôt. Dès qu'on l'a localisé, je vous contacte.
- Avec plaisir, Sergio.
- C'est pas tout : on a localisé d'où a été lancé l'appel de ce Eric le Brujah. Ca venait de la Cité Universitaire, du pavillon de la Norvège. Le type a dû s'introduire là-bas et s'enfuir aussitôt son canular lancé. On mène une enquête de terrain auprès des étudiants. Mais personne n'a rien vu, pour le moment. Salauds de Norvégiens de bouffeurs de baleine !
- Vous croyez franchement qu'ils sont dans le coup, sourit Loren.
- On ne sait jamais ! ne négliger aucune piste ! jamais !

En fin de nuit, après avoir bien avancé l'installation informatique du Ventrue, Anatole tira sa révérence et retourna aux Invalides, pour parler avec Vaneighem.
Celui-ci le reçut, trépignant d'impatience.
- Mon cher Anatole ! j'ai écouté votre prestation hier à la radio ! fantastique ! si avec ça vous ne créez pas une onde de choc formidable ! les réactions ne se feront pas attendre !
- Mais ?... de quoi voulez-vous parler ?...
Anatole mima l'incompréhension la plus complète.
- Mais enfin, je veux parler de votre intervention chez Manu le Malkav' ! "Eric le Brujah", quelle trouvaille ! et cet accent de banlieue : impayable !
- Ah mais je vous arrête tout de suite ! ce n'était pas moi cet Eric le Brujah ! bien sûr j'ai écouté l'émission, et je pensais intervenir, mais ce n'était pas moi je vous assure !
- Allons allons ! vous vous moquez, cher Anatole !
- Absolument pas ! j'ignore complétement qui est cet individu ! ah mais vraiment !
- Ca alors, c'est étonnant !...
La voix de Vaneighem avait pris une tonalité inquiète. Il commençait à se demander à qui il avait affaire, et s'il n'était pas allé un peu loin en jouant à la conspiration avec cet obsédé du mensonge. Il balbutia quelques mots d'incompréhension et pria Anatole de patienter un instant, le temps qu'il informe qu'il réponde à une invitation informatique des membres de son réseau.
A ce moment, le téléphone d'Anatole sonna :
- Lapin de Garenne ? ici Garfield. J'ai besoin de vous parler sans être entendu.
Anatole s'éloigna de quelques pas, en s'excusant auprès de Vaneighem, qui lui fit signe que c'était bien naturel.
- Lapin de Garenne, écoutez-moi. J'ai pris le contrôle de l'ordinateur de ce Nosferatu chez qui vous êtes. Je peux vous voir par sa webcam. Ecoutez-moi, visiblement ce type commence à trop réfléchir. J'ignore pourquoi vous avez inventé cette histoire d'Eric, et pourquoi vous lui mentez, mais ce Vaneighem ne va pas tarder à vous dénoncer. Alors, tant pis pour vous, cher Lapin. Il ne reste plus qu'une solution : éliminez-le !
- A vos ordres, Garfield.
Anatole raccrocha, et s'approcha doucement de Vaneighem, les mains dans le dos. Des griffes commencèrent à lui pousser. Vaneighem pressentit le danger, et tapota plus rapidement sur son clavier. A ce moment, les griffes de fauve d'Anatole lui tranchèrent vigoureusement la gorge. Il fut achevé vite et bien. Le petit oeil rouge lumineux de la caméra avait vu toute la scène.
![[Image: hal9000.jpg]](http://www.thoro.de/webcam/hal9000.jpg)
Le téléphone sonna de nouveau :
- Ici Garfield. Très bien. Maintenant, assurez-vous d'effacer les choses compromettantes de son ordinateur. Et mettez le feu à son repaire. Il faut bien réparer vos gaffes !
Anatole ne se fit pas prier : il effaça plusieurs disques, saccagea les lieux, tua la goule, et mit le feu à tout, avant de s'enfuir, pendant que les flammes commençaient à ravager tout le repaire.

Le lendemain soir, la nouvelle de la mort du courtisan Vaneighem fit grand bruit. C'était certes un pitre d'entre les pitres, un dérisoire et grotesque personnage, mais on s'paercevait que ses sorties et ses éclats nihilistes allaient manquer à la non-vie de l'Elysium parisien. Sergio, furieux de cette multiplication d'atteintes à la Mascarade, fut sur les lieux dès le début de la nuit, toujours épaulé par Bud et Terence. Le clan Nosferatu le pressa de trouver rapidement le coupable. Personne ne voulait croire au suicide.
Ca plus l'arrestation de Shrek, plus l'enquête sur Eric le Brujah, plus le procès de Bertrand : l'agenda de notre inspecteur Harry local devenait chargé !
Il s'impatientait de partir à la chasse au Sang-Clair : les choses seraient plus simples !
Loren apprit la nouvelle sans trop s'en préocupper. Il se demanda si cela avait un rapport avec l'acharnement contre dame Yvonne. Mais Vaneighem n'était pas particulièrement proche d'elle. C'était pourtant un sale coup porté au clan Nosferatu. Mais en quoi dame Yvonne en serait-elle responsable ?
Quant Graziella l'apprit, elle fut en revanche bien plus inquiète. Elle savait que Vaneighem faisait partie de ce réseau qui parlait de la Main Noire. Etait-ce cette conspiration qui l'avait réduit au silence ?
Ce soir-là, les choses se précipitèrent.
Anatole reçut un appel déterminant :
- Ici Garfield. Ecoutez-moi bien, Lapin de Garenne. J'ai des instructions de Shrek. Nous savons que vous avez été chargé de trouver Augustin par la Valori. Il se trouve au 158, rue de Tolbiac. Prévenez l'interessée, rendez-vous là-bas et aidez-la à ramener Augustin au Louvre.
- Entendu.
Sans attendre, Anatole appela Graziella et lui donna l'adresse convenue. Graziella enfila un manteau, prit un pistolet, et son katana, emballé dans du papier. Mieux valait sortir couverte.
Elle se fit déposer dans la rue de Tolbiac, à proximité du 158.
Anatole était arrivé sur les lieux avant elle. En planque, il avait repéré deux autres personnes qui surveillaient la porte cochère du 158 : un vampire asiatique, qui devait être un des Cathéens, et une vieille connaissance à lui, Clémentine. "L'assistante sociale" Satomé était en planque, le pistolet à silencieux à la main. Celle-ci le repéra aussi. Son téléphone sonna :
- Alors, mon gros Lapin, qu'est-ce tu fais là ?
- Et toi Clémentine ? moi je suis là pour sortir un pote de cet endroit.
- Et moi je planque ici, et j'ai l'impression qu'on m'a engagée pour couvrir tes arrières. Tu le connais, le chinetoque en faction ?
- Non, pas du tout. Et toi ?
- Jamais vu. Je me demande pourquoi il est là.
- J'en sais rien. Je te laisse, j'ai une amie à moi qui arrive.
Bien qu'elle se déplaça en coulant d'ombre en ombre, Graziella finit par se dévoiler. Clémentine resta dissimulée, tandis qu'Anatole rejoignit la signora. Il restèrent un moment contre la porte, à étudier les alentours. Le Cathéen était toujours là, à peine caché : croyait-il vraiment qu'on ne l'avait pas repéré ?
Graziella et Anatole rentrèrent dans l'immeuble et allèrent vers les caves. La porte était verrouillée par un code électronique. Anatole commença à s'en occuper. Pendant un moment, la protection ne voulut rien savoir, puis finit par céder. Anatole resta à faire le guet dans le hall, pendant que Graziella descendait la volée de marches en pierre. Elle arriva dans les caves des appartements de l'immeuble. Elle alla au numéro indiqué par Anatole. A l'intérieur, sous un tas de décombre, elle trouva un cercueil. Elle l'ouvrit : un Nosferatu en torpeur, desséché, les traits émaciés, reposait là. Graziella s'en voulut de ne pas, dans sa précipitation, avoir pensé à apporter des poches de sang. Elle allait devoir y aller du sien... C'est alors qu'elle entendit des pas dans le couloir derrière elle. Ce ne pouvait pas être Anatole, qui avait promis de veiller en haut.
Elle dégaina son katana, au moment où une épaisse forme obscure gélatineuse lui sauta dessus : un Lasombra ! Il était accompagné d'un complice armée d'une batte en fer. Graziella fit sortir des abysses de l'ombre des tentacules vivantes. Celles-ci s'en prirent aux attaquants.
Dans le hall d'entrée, Anatole vit entrer le Cathéen. Sans attendre, le Nosferatu sortit les griffes. Le Cathéen recula d'un pas, se mit en position de défense, et sortit ses propres griffes ! Il avait semblé surpris de l'hostilité d'Anatole. Celui-ci n'hésita pas à lui sauter dessus. Mais le Cathéen bloqua les griffes de son ennemi avec les siennes. Il commença alors à lui parler dans une langue asiatique : il avait tout l'air de l'engueuler sévèrement. A ce moment, un autre vampire entra dans le hall, brandissant une batte en acier !
![[Image: bat2.jpg]](http://www.fausty.com/images/other/bat2.jpg)
Il allait l'abattre quand, brusquement, à la manière d'un ressort, le cou du Cathéen s'allongea d'un bon mètre de longueur, dans un bruit de déchirement de peau et de tendons, et sa tête monstrueuse vint croquer à pleines dents dans le cou de l'agresseur. Tous les muscles étaient à vif, et le Cathéen n'avait pas desserré sa défense de griffes. Le vampire à la batte s'écroula à terre, dans le flot de sang jaillissant de la carotide. Deux formes humanoïdes, noires comme des ombres, firent leur entrée dans le hall. Le Cathéen et Anatole se séparèrent et, toutes griffes dehors, firent face. Un rapide combat s'engagea : les griffes frappèrent dans l'obscurité, et des giclées de sang vinrent tâcher les murs.
Au sous-sol, Graziella se battait contre ses assaillants à coups de tentacules et de katana, mais ceux-ci évitaient la plupart de ses coups. En difficulté, acculée contre le cercueil d'Augustin, elle vit soudain, à la manière d'un tigre, un homme bondir sur l'un de ses assaillants : c'était le Cathéen. Le moment d'après, Anatole arrivait en renfort. Le Cathéen enserrait son ennemi, et le lacérait impitoyablement. Le Nosferatu fit de même, égorgeant le type à la batte.
Le Cathéen lança quelques mots, puis remonta dans le hall. Sans chercher à comprendre, Anatole et Graziella versèrent du sang des victimes dans la bouche d'Augustin. Quand il en eut avalé une bonne rasade, il commença à bouger, puis se leva d'un coup, affolé. Il voulut boire encore plus de sang. On lui en donna tant qu'il voulait, jusqu'à ce qu'il se calme.
Augustin reprit un peu ses esprits. Il était habillé comme s'il revenait de Woodstock : jean délavé, t-shirt Che Guevara authentique, bottines, médaillon Peace&Love. Il aurait fait un malheur chez tous les branchés de la capitale.
- Où sommes-nous ?
- Nous sommes à Paris, rue de Tolbiac, dit Graziella, aussi posément qu'elle put.
- Quelle année ?
- 2006.
- 2006 ! ah la salope ! elle m'a foutu en torpeur en 1972 ! 2006 ! ah la salope !...
- Est-ce que vous pouvez marcher, Augustin. Nous devons vous emmener au Louvre maintenant.
- Euh oui, je crois. Attendez ! Est-ce que les Rolling Stones sont toujours ensemble ?
- Oui, oui.
- Ah bon, tant mieux !
Rassuré, il consentit à suivre ses deux sauveurs.
Pendant ce temps, Loren s'était mis en route vers la dalle des Olympiades, au pied des grandes tours d'habitation du quartier chinois. Il avait reçu un coup de fil de Sergio lui indiquant qu'on y avait localisé un suspect qui pouvait être Shrek.
A suivre...
La prestation aussi inattendue que fracassante du soi-disant Eric le Brujah déclencha une tempête parmi les limiers de la Mascarade.
Cette fois, le petit malin qui en voulait à dame Yvonne se moquait du monde ! Sergio jura de le crucifier personnellement. Le clan Brujah se hâta de clamer haut et fort que personne parmi eux ne s'était appelé Eric depuis près d'un siècle. Le Préfet ordonna que l'on finisse par trouver des coupables, afin de calmer les hautes instances de la Camarilla. Le Fléau, Sarmont Brujah, ordonna des châtiments exemplaires.
Le pauvre Manu le Malkav' était sur la brêche. Il allait peut être permettre de trouver un terroriste inconscient, mais il s'était rendu objectivement complice de la diffusion de ce message.
En un sens, dame Yvonne respirait : il y avait bien une conspiration après elle ! elle ne l'inventait pas !
Inutile de dire que dans le monde des humains, on se mit à déblatérer sans fin sur l'identité de cette Main Noire et de cette dame Yvonne. On cherchait à quelle personnalité politique cela pouvait correspondre. D'autres rapprochaient la Main Noire de l'Illuminati, la célèbre conspiration mondiale toute-puissante qui vous ment depuis le début. Heureusement, pour les humains, les informations de cet Eric passèrent parmi un flot d'informations aussi incongrues.
Choisissant de jouer le culot à tous prix, Anatole rencontra le lendemain Graziella de Valori, à la demande de celle-ci. La veille, après l'incident radiophonique, notre signora -outre le coup de fil de Lucinius- avait reçu un appel de Cosimo Santi, consterné. De Valori avait tenté de s'expliquer, mais elle ne pouvait qu'avouer son désarroi.
- Bon, nous verrons cela, avait tranché Santi. En revanche, j'ai plus important. Je n'ai toujours pas de nouvelle de Shrek. Et je sais que la police Brujah est sur ses traces. Je me demande ce qu'il prépare. Par un autre de mes agents, j'ai appris qu'un certain Nosferatu de vos connaissances traîne parmi un réseau secret qui parle de Sire Montaigu...
- Vous voulez parler du Lapin de Garenne, Sire ?
- Oui. Ce fouineur essaye peut-être de se renseigner sur "Montaigu". Il va falloir surveiller cela de près.
Graziella précisa que ce Lapin était également le chef de la sécurité de François Loren, et celui qu'elle avait chargé de retrouver Augustin.
- Il est au centre de tout, ce gros Lapin, dit Santi. C'est potentiellement très embêtant. Pour le moment, tâchez de le presser pour qu'il nous retrouve Augustin. Et obtenez la liste des membres de ce réseau.
- Ce sera fait, Sire Santi.
Anatole ne se fit guère prier poru fournir les informations demandées par la Lasombra. Peut-être voulait-il montrer que cela n'était pas très important, ou qu'il était bien coopératif. Il promit également d'accélérer les recherches sur Augustin. Après le départ du Nosferatu, que Graziella congédia sans attendre (car il était déjà en train de fouiner dans tous ses appartements), notre belle Italienne consulta la liste :
- Vaneighem, courtisan Nosferatu.
- Emmanuel, Malkavien
- Francis, chroniqueur Toreador de la vie mondaine
Pour commencer, notre héroïne tiqua évidemment sur le nom d'Emmanuel. Il devait bien s'agir de ce présentateur radio... Etait-ce l'un des deux autres qui avait appelé pour dénoncer dame Yvonne et faire cette farce grotesque sur elle ?
Graziella décida de commencer par le chroniqueur Toreador. C'était encore le plus fréquentable des trois. Elle l'avait déjà croisé dans un des salons du Louvre.
Elle le rencontra dans son pied-à-terre de Neuilly. Il était égal à lui-même : snob, aimable, superficiel.
- La Main Noire ? les conspirations ? mais vous savez, très chère signora, que c'est exactement ce que le public adore de nos jours ! les gens aiment lire des révélations sur les gens qui tirent les ficelles dans l'ombre. Ils se disent ainsi qu'ils le savaient depuis le début, qu'on leur ment ! Moi, je fréquente ce groupe uniquement pour l'inspiration. Les paranoiaques ne manquent pas d'imagination vous savez. Et après, moi, je n'ai plus qu'à retranscrire cela, et c'est le succès assuré au Louvre.
Ce Francis avait l'air sincère. Graziella n'insista et le remercia. Elle n'avait guère envie de rencontrer les deux autres, mais elle se promit de se forcer à faire cette démarche.
Loren apprit par le dévoué James l'incident de l'émission de radio. Dans une période moins "tendue", il aurait pu trouver ça drôle. Mais dans cette situation, il se demandait pourquoi le nom de Graziella avait été choisi par ce prétendu Eric Brujah. Evidemment, ce dérangé avait pu choisir un nom au hasard parmi les courtisans ou les Harpies, mais la coïncidence était troublante. Contactée au téléphone, Graziella jura ses grands dieux ne rien savoir de cet Eric !
Pendant que Loren était au téléphone, Anatole passait derrière lui pour tendre des câbles téléphoniques. Il riait sous cape du foin qu'il déclenchait avec cette farce énorme !
A peine son portable raccroché, Loren l'entendit sonner de nouveau :
- Sire Loren ? ici Sergio. J'ai quelques nouvelles. La traque de Shrek se resserre. On pense que ce salopard est dans votre Bourg, probablement dans le quartier chinois. Vous inquiétez pas : on l'aura bientôt. Dès qu'on l'a localisé, je vous contacte.
- Avec plaisir, Sergio.
- C'est pas tout : on a localisé d'où a été lancé l'appel de ce Eric le Brujah. Ca venait de la Cité Universitaire, du pavillon de la Norvège. Le type a dû s'introduire là-bas et s'enfuir aussitôt son canular lancé. On mène une enquête de terrain auprès des étudiants. Mais personne n'a rien vu, pour le moment. Salauds de Norvégiens de bouffeurs de baleine !
- Vous croyez franchement qu'ils sont dans le coup, sourit Loren.
- On ne sait jamais ! ne négliger aucune piste ! jamais !

En fin de nuit, après avoir bien avancé l'installation informatique du Ventrue, Anatole tira sa révérence et retourna aux Invalides, pour parler avec Vaneighem.
Celui-ci le reçut, trépignant d'impatience.
- Mon cher Anatole ! j'ai écouté votre prestation hier à la radio ! fantastique ! si avec ça vous ne créez pas une onde de choc formidable ! les réactions ne se feront pas attendre !
- Mais ?... de quoi voulez-vous parler ?...
Anatole mima l'incompréhension la plus complète.
- Mais enfin, je veux parler de votre intervention chez Manu le Malkav' ! "Eric le Brujah", quelle trouvaille ! et cet accent de banlieue : impayable !
- Ah mais je vous arrête tout de suite ! ce n'était pas moi cet Eric le Brujah ! bien sûr j'ai écouté l'émission, et je pensais intervenir, mais ce n'était pas moi je vous assure !
- Allons allons ! vous vous moquez, cher Anatole !
- Absolument pas ! j'ignore complétement qui est cet individu ! ah mais vraiment !
- Ca alors, c'est étonnant !...
La voix de Vaneighem avait pris une tonalité inquiète. Il commençait à se demander à qui il avait affaire, et s'il n'était pas allé un peu loin en jouant à la conspiration avec cet obsédé du mensonge. Il balbutia quelques mots d'incompréhension et pria Anatole de patienter un instant, le temps qu'il informe qu'il réponde à une invitation informatique des membres de son réseau.
A ce moment, le téléphone d'Anatole sonna :
- Lapin de Garenne ? ici Garfield. J'ai besoin de vous parler sans être entendu.
Anatole s'éloigna de quelques pas, en s'excusant auprès de Vaneighem, qui lui fit signe que c'était bien naturel.
- Lapin de Garenne, écoutez-moi. J'ai pris le contrôle de l'ordinateur de ce Nosferatu chez qui vous êtes. Je peux vous voir par sa webcam. Ecoutez-moi, visiblement ce type commence à trop réfléchir. J'ignore pourquoi vous avez inventé cette histoire d'Eric, et pourquoi vous lui mentez, mais ce Vaneighem ne va pas tarder à vous dénoncer. Alors, tant pis pour vous, cher Lapin. Il ne reste plus qu'une solution : éliminez-le !
- A vos ordres, Garfield.
Anatole raccrocha, et s'approcha doucement de Vaneighem, les mains dans le dos. Des griffes commencèrent à lui pousser. Vaneighem pressentit le danger, et tapota plus rapidement sur son clavier. A ce moment, les griffes de fauve d'Anatole lui tranchèrent vigoureusement la gorge. Il fut achevé vite et bien. Le petit oeil rouge lumineux de la caméra avait vu toute la scène.
![[Image: hal9000.jpg]](http://www.thoro.de/webcam/hal9000.jpg)
Le téléphone sonna de nouveau :
- Ici Garfield. Très bien. Maintenant, assurez-vous d'effacer les choses compromettantes de son ordinateur. Et mettez le feu à son repaire. Il faut bien réparer vos gaffes !
Anatole ne se fit pas prier : il effaça plusieurs disques, saccagea les lieux, tua la goule, et mit le feu à tout, avant de s'enfuir, pendant que les flammes commençaient à ravager tout le repaire.

Le lendemain soir, la nouvelle de la mort du courtisan Vaneighem fit grand bruit. C'était certes un pitre d'entre les pitres, un dérisoire et grotesque personnage, mais on s'paercevait que ses sorties et ses éclats nihilistes allaient manquer à la non-vie de l'Elysium parisien. Sergio, furieux de cette multiplication d'atteintes à la Mascarade, fut sur les lieux dès le début de la nuit, toujours épaulé par Bud et Terence. Le clan Nosferatu le pressa de trouver rapidement le coupable. Personne ne voulait croire au suicide.
Ca plus l'arrestation de Shrek, plus l'enquête sur Eric le Brujah, plus le procès de Bertrand : l'agenda de notre inspecteur Harry local devenait chargé !
Il s'impatientait de partir à la chasse au Sang-Clair : les choses seraient plus simples !
Loren apprit la nouvelle sans trop s'en préocupper. Il se demanda si cela avait un rapport avec l'acharnement contre dame Yvonne. Mais Vaneighem n'était pas particulièrement proche d'elle. C'était pourtant un sale coup porté au clan Nosferatu. Mais en quoi dame Yvonne en serait-elle responsable ?
Quant Graziella l'apprit, elle fut en revanche bien plus inquiète. Elle savait que Vaneighem faisait partie de ce réseau qui parlait de la Main Noire. Etait-ce cette conspiration qui l'avait réduit au silence ?

Ce soir-là, les choses se précipitèrent.
Anatole reçut un appel déterminant :
- Ici Garfield. Ecoutez-moi bien, Lapin de Garenne. J'ai des instructions de Shrek. Nous savons que vous avez été chargé de trouver Augustin par la Valori. Il se trouve au 158, rue de Tolbiac. Prévenez l'interessée, rendez-vous là-bas et aidez-la à ramener Augustin au Louvre.
- Entendu.
Sans attendre, Anatole appela Graziella et lui donna l'adresse convenue. Graziella enfila un manteau, prit un pistolet, et son katana, emballé dans du papier. Mieux valait sortir couverte.
Elle se fit déposer dans la rue de Tolbiac, à proximité du 158.
Anatole était arrivé sur les lieux avant elle. En planque, il avait repéré deux autres personnes qui surveillaient la porte cochère du 158 : un vampire asiatique, qui devait être un des Cathéens, et une vieille connaissance à lui, Clémentine. "L'assistante sociale" Satomé était en planque, le pistolet à silencieux à la main. Celle-ci le repéra aussi. Son téléphone sonna :
- Alors, mon gros Lapin, qu'est-ce tu fais là ?
- Et toi Clémentine ? moi je suis là pour sortir un pote de cet endroit.
- Et moi je planque ici, et j'ai l'impression qu'on m'a engagée pour couvrir tes arrières. Tu le connais, le chinetoque en faction ?
- Non, pas du tout. Et toi ?
- Jamais vu. Je me demande pourquoi il est là.
- J'en sais rien. Je te laisse, j'ai une amie à moi qui arrive.
Bien qu'elle se déplaça en coulant d'ombre en ombre, Graziella finit par se dévoiler. Clémentine resta dissimulée, tandis qu'Anatole rejoignit la signora. Il restèrent un moment contre la porte, à étudier les alentours. Le Cathéen était toujours là, à peine caché : croyait-il vraiment qu'on ne l'avait pas repéré ?
Graziella et Anatole rentrèrent dans l'immeuble et allèrent vers les caves. La porte était verrouillée par un code électronique. Anatole commença à s'en occuper. Pendant un moment, la protection ne voulut rien savoir, puis finit par céder. Anatole resta à faire le guet dans le hall, pendant que Graziella descendait la volée de marches en pierre. Elle arriva dans les caves des appartements de l'immeuble. Elle alla au numéro indiqué par Anatole. A l'intérieur, sous un tas de décombre, elle trouva un cercueil. Elle l'ouvrit : un Nosferatu en torpeur, desséché, les traits émaciés, reposait là. Graziella s'en voulut de ne pas, dans sa précipitation, avoir pensé à apporter des poches de sang. Elle allait devoir y aller du sien... C'est alors qu'elle entendit des pas dans le couloir derrière elle. Ce ne pouvait pas être Anatole, qui avait promis de veiller en haut.
Elle dégaina son katana, au moment où une épaisse forme obscure gélatineuse lui sauta dessus : un Lasombra ! Il était accompagné d'un complice armée d'une batte en fer. Graziella fit sortir des abysses de l'ombre des tentacules vivantes. Celles-ci s'en prirent aux attaquants.
Dans le hall d'entrée, Anatole vit entrer le Cathéen. Sans attendre, le Nosferatu sortit les griffes. Le Cathéen recula d'un pas, se mit en position de défense, et sortit ses propres griffes ! Il avait semblé surpris de l'hostilité d'Anatole. Celui-ci n'hésita pas à lui sauter dessus. Mais le Cathéen bloqua les griffes de son ennemi avec les siennes. Il commença alors à lui parler dans une langue asiatique : il avait tout l'air de l'engueuler sévèrement. A ce moment, un autre vampire entra dans le hall, brandissant une batte en acier !
![[Image: bat2.jpg]](http://www.fausty.com/images/other/bat2.jpg)
Il allait l'abattre quand, brusquement, à la manière d'un ressort, le cou du Cathéen s'allongea d'un bon mètre de longueur, dans un bruit de déchirement de peau et de tendons, et sa tête monstrueuse vint croquer à pleines dents dans le cou de l'agresseur. Tous les muscles étaient à vif, et le Cathéen n'avait pas desserré sa défense de griffes. Le vampire à la batte s'écroula à terre, dans le flot de sang jaillissant de la carotide. Deux formes humanoïdes, noires comme des ombres, firent leur entrée dans le hall. Le Cathéen et Anatole se séparèrent et, toutes griffes dehors, firent face. Un rapide combat s'engagea : les griffes frappèrent dans l'obscurité, et des giclées de sang vinrent tâcher les murs.
Au sous-sol, Graziella se battait contre ses assaillants à coups de tentacules et de katana, mais ceux-ci évitaient la plupart de ses coups. En difficulté, acculée contre le cercueil d'Augustin, elle vit soudain, à la manière d'un tigre, un homme bondir sur l'un de ses assaillants : c'était le Cathéen. Le moment d'après, Anatole arrivait en renfort. Le Cathéen enserrait son ennemi, et le lacérait impitoyablement. Le Nosferatu fit de même, égorgeant le type à la batte.
Le Cathéen lança quelques mots, puis remonta dans le hall. Sans chercher à comprendre, Anatole et Graziella versèrent du sang des victimes dans la bouche d'Augustin. Quand il en eut avalé une bonne rasade, il commença à bouger, puis se leva d'un coup, affolé. Il voulut boire encore plus de sang. On lui en donna tant qu'il voulait, jusqu'à ce qu'il se calme.
Augustin reprit un peu ses esprits. Il était habillé comme s'il revenait de Woodstock : jean délavé, t-shirt Che Guevara authentique, bottines, médaillon Peace&Love. Il aurait fait un malheur chez tous les branchés de la capitale.
- Où sommes-nous ?
- Nous sommes à Paris, rue de Tolbiac, dit Graziella, aussi posément qu'elle put.
- Quelle année ?
- 2006.
- 2006 ! ah la salope ! elle m'a foutu en torpeur en 1972 ! 2006 ! ah la salope !...
- Est-ce que vous pouvez marcher, Augustin. Nous devons vous emmener au Louvre maintenant.
- Euh oui, je crois. Attendez ! Est-ce que les Rolling Stones sont toujours ensemble ?
- Oui, oui.
- Ah bon, tant mieux !
Rassuré, il consentit à suivre ses deux sauveurs.
Pendant ce temps, Loren s'était mis en route vers la dalle des Olympiades, au pied des grandes tours d'habitation du quartier chinois. Il avait reçu un coup de fil de Sergio lui indiquant qu'on y avait localisé un suspect qui pouvait être Shrek.
A suivre...
