06-06-2005, 11:56 PM
(This post was last modified: 07-06-2005, 12:25 PM by Darth Nico.)
SCUD WARS +DARK AGE+
#15 - Danse of the Salamanders
Yoko Kanno - Danse of the Curse
De grands oriflammes en forme de menaçante Salamandre flottaient au vent, au sommet des tours en aiguille d'un palais élancé vers la nuit. Le Croiseur du seigneur Sith Darth Treides apparaissait en orbite, suivi d'un déploiement de plusieurs vaisseaux de guerre archaïques, et de chasseurs aquilins, qui n'eurent aucun mal à pénétrer sur la planète Cona, absolument dépourvue de défense, pendant que Celenuir finissait par céder sous l'attaque Rebelle.
A l'intérieur du bâtiment, le maître des lieux semblait à mille lieues de se soucier de cela. Vêtu d'un costume aux couleurs de Salamandre, très grand, caressant une barbiche aux reflets bleus, la peau couleur cuivre, Hawat croisa les bras, et regarda celui qui était venu le défier au coeur même de son temple.
Ce dernier était vêtu lui aussi d'un habit aux couleurs de salamandre. Il avait de grands cheveux grisonnants, une barbe fine mais longue. Un sabre-laser à la ceinture. C'était El Daoud.
- Quelle folie, dit Hawat, en tournant lentement autour du Jedi, d'être venu m'affronter, mon cher élève. Tu crois donc que tu peux battre ton maître, après toutes ces années ?... Voilà déjà vingt ans. Qu'as-tu appris pendant ce temps ?
- J'ai définitivement rompu avec ce que vous m'avez appris, Hawat. Je suis devenu un Jedi, comme l'était les anciens défenseurs de la République. Je me suis dévoué au côté lumineux. Vous êtes un être maléfique, ténébreux. Je sais bien que vous ne pourrez jamais renoncer à l'obscurité : vous vivez dedans, corps et âme. C'est mon devoir de vous détruire.
En parlant, El Daoud avait pris son sabre, et sortit sa belle lame argentée. Il prit son arme à deux mains, et se mit en garde face à Hawat. Le maître de la Salamandre prit son propre sabre en main. Construit selon un procédé ancien, il avait l'élégance des choses antiques. Sa belle lame rouge avait des reflets bordeaux, qui lui donnait la teinte du sang frais qui commence à sêcher.
Hawat rit, puis s'avança vers son ancien élève, et frappa de toutes ses forces. Sur la défensive, El Daoud reçut le coup, qui lui fit trembler tout le bras. Darth Hawat prouva en quelques passes qu'il n'avait rien perdu de sa force avec le temps. Il abattait ses coups méthodiquements, son sinistre visage rougeoyant dans la lumière de sa lame. Il avançait avec assurance sur El Daoud, qui faisait d'habiles manoeuvres pour détourner les coups mais devait reculer de deux pas pour un pas qu'il faisait en avant. Les lames crépitaient, saturées d'énergie, prêtes à fusionner.
- Ridicule, mon pauvre élève ! est-ce donc ce que tu as appris en vingt ans ? à faire semblant de te battre ! Tu es moins bon que quand tu as trahi l'ordre de la Salamandre, et que tu as tué plusieurs de tes compagnons d'entraînement ! tu es une mauviette à présent !
El Daoud suait sous les attaques. Hawat connaissait tous ses coups. Il les prévoyait, il commençait déjà à s'en défendre avant même qu'ils soient portés. Tout son corps maigre, anguleux, était devenu une parfaite machine à se battre, aussi admirable qu'effrayante. Son sabre couleur sang venait frapper juste au bon endroit, et à chaque fois, El Daoud ne refermait sa garde qu'au dernier moment.
Hawat jouait avec son élève, comme le chat avec la souris. Ses coups, portés plutôt lentement, mais avec une précision mortelle, mettaient de plus en plus en difficulté El Daoud.
La danse très lente des sabres devenait une lente corrida, une patiente mise à mort dont Hawat voulait jouir.
- C'est donc cela, être un Jedi, ricanait le maître de la Salamandre, se rendre plus faible qu'on ne l'est, pratiquer la négation de soi et de ses passions ; ne tirer partie d'aucun avantage à portée de main. Quelle pitié !
El Daoud porta quelques attaques, qui vinrent se briser sur la défense paisible d'Hawat. Le Jedi recula de plusieurs pas, pendant que Hawat exécutait plusieurs moulinets agiles. El Daoud se remit posément en garde.
- Hé bien, El Daoud, que comptes-tu donc faire pour ne pas perdre la vie à la prochaine attaque que je porterai ?
Le Jedi respira profondément. Il essayait d'absorber en lui la Force qui baignait les lieux ; mais elle lui était hostile. Elle affluait vers Hawat.
- Maître, je vais devoir utiliser ce que vous m'avez appris.
Hawat sourit de toutes ses dents et se remit tranquillement en garde.
- Bien, El Daoud. Peut-être n'es-tu pas complétement perdu, et y a t-il moyen de faire quelque chose de toi... Montre-le moi !
El Daoud fit tourner son sabre, et changea complétement sa défense. Son sabre était maintenant férocement pointé vers l'avant, presque à l'horizontale, à hauteur des épaules, et il était prêt à bondir sur son adversaire.
Ce qu'il fit la seconde d'après, portant une attaque fulgurante, qui surprit agréablement Hawat. Le sabre couleur lune croisa celui couleur sang, et les deux hommes, le maître et l'élève, se retrouvèrent presque front contre front :
- Bien, dit Hawat. La peur et la colère sont encore fortes en toi. Réapprends donc à les utiliser ! c'est ainsi que tu as failli me tuer jadis !

La navette personnelle du seigneur Sith se posa sur le sol de Cona. Les Sardaukars se mirent en position au sol, cernant la zone, et protégeant tous les angles. Cette fois, ils étaient trois fois plus nombreux que sur Satos. Darth Revan descendit sans précipitation de sa navette, mit le pied sur le sol de la planète, puis attendit que ses soldats de mort se repositionnent et impulsa l'ordre d'avancer.
D'autres navettes se posaient, pendant que deux Corvettes patrouillaient en atmosphère, et que le Croiseur de Darth Treides attendait en orbite.
Au pas de course, les Sardaukars précédèrent Revan : mais en face, personne ne se montrait. Revan gravit les marches avec plus de précipitation : il sentait des adversaires approcher. A l'intérieur, les Sardaukars furent brusquement confrontés à une solide résistance de droïdekass, surgis de derrière les ombres, et qui activèrent dans l'obscurité leurs écrans déflecteurs bleutés. Les tirs rouges fusèrent des deux côtés. Revan restait en retrait, pendant que les Sardaukars ouvraient le chemin. Ils se séparaient pour occuper plusieurs branches du palais.
Il sortait des droïds des murs et du sol, mais les soldats Sith ne connaissaient pas la peur : leurs fusils lourds avaient tôt fait de détruire les opposants. L'écho amplifiait les rafales de tirs d'une façon formidable. Les sinistres Sardaukars se fondaient dans les ombres, jaillissaient des coins exigus pour frapper dans le dos les droïds, rendus impuissants sur leur propre territoire.
Revan avançait au milieu des cris de terreur des quelques humains croisés dans ce palais glacial et des ordres lancés par ses officiers à leurs soldats. Les ordres donnés par Treides résonnaient dans sa tête :
- Darth Hawat était des nôtres jadis. Il nous a trahis. Il a renoncé à conquérir la galaxie comme un vrai Sith. Il a préféré bâtir son propre petit Empire. Tant pis pour lui : il est maintenant un obstacle sur notre route ; il doit mourir. Va, ouvre la voie et je te rejoindrai pour exécuter ce traître.
Au milieu du combat furieux que menait ses soldats contre les droïds de combat, Revan vit s'allumer un sabre laser rouge. Celui qui le maniait exécuta un salto avant amplifié par la Force, vola au-dessus des combattants, et atterrit devant Revan. Celui-ci dégaina son sabre au moment de parer le coup que son ennemi tenta de lui porter en atterrissant. Il para de nouveau et le repoussa violemment. Puis il l'attendit, de pied ferme.
Son adversaire portait des tatouages noirs et oranges sur le visage, et une légère armure ; c'était un humain qui pouvait avoir l'âge de Revan. Mais ce dernier n'était pas dans le camp des perdants.
Les deux adversaires s'étaient jaugés pendant quelques secondes. Puis Revan lança le combat. Il exécuta quelques passes violemment offensives, comme le lui avait appris Konen. A chaque coup, Merwyn mourait un peu plus en lui, car le style de combat n'était plus que rage. Il fondait sur son adversaire comme le prédateur sur sa faible proie. Il sentait qu'il canalisait sa puissance parfaitement, et qu'à chaque coup, il la déclenchait un peu plus. Il n'hésitait pas à sacrifier sa défense pour déployer tous les effets de la forme de combat V, appelée aussi Shien, qui permettait d'atteindre à une puissance d'attaque bien supérieure à toutes les autres.
L'adversaire de Revan, qui utilisait aussi cette forme, fut dérouté sans difficulté : sa garde était pleine de trous, et il était encore trop malhabile. La supériorité de Revan fut impitoyable : il acheva le combat par un coup en travers du corps de sa victime, qui le scinda en deux au niveau du bassin.
Voyant cela, les Sardaukars reprirent de plus belle la bataille, galvanisés par cette domination infaillible de celui qui les guidait.
Presque tout le palais était à eux désormais. Les droïds étaient défaits les uns après les autres, réduits en morceaux de métal brûlants en quelques secondes. Les bataillons de Sardaukars, après s'être dispersés en plusieurs escouades, reformèrent une seule unité, qui avançait au pas, le BML pointé à l'horizontal, en ordre derrière Revan. Le pas lourd, cadencé, de l'armée des Sith dégageait une aura écrasante de pouvoir.
Revan sourit quand il vit d'autres droïds surgir, et surtout deux autres sabres venir à lui. Deux autres élèves venaient se confronter à sa rage. Notre Jedi déchu sortit à nouveau le sabre qu'il s'était fabriqué avec ce puissant cristal mauve, le plus puissant de l'univers sans doute. Il sentait le sabre répondre parfaitement à ce qu'il voulait, et tout son corps était dans le combat. Face à lui, un homme et une femme, avec leurs tatouages de Salamandre. L'un se battait en forme V, et l'autre en forme VI, la dérisoire technique jadis utilisée par les Jedi, et par Merwyn aussi. Revan se mit à peine en garde et courut vers ses deux ennemis. Sa lame allait de l'un à l'autre, et parait tous les coups qu'ils envoyaient. Revan éprouvait maintenant toute la puissance du côté obscur, cette puissance tant promise par Treides et Konen. Mais il s'apercevait qu'il n'avait pas été trompé.
Ses deux adversaires firent pâle figure : la colère de Revan, vibrante, brûlante comme son sabre, tomba comme la foudre sur les deux élèves de Hawat. Un coup bien placé trancha la main de l'homme, avant qu'un retour de lame ne le décapite proprement. Derrière son masque, Revan sourit, en voyant la peur qui venait d'agripper aux tripes la fille devant lui. Comme elle paraissait faible, à tenir son pauvre sabre. Elle ne méritait pas mieux que de mourir sans délai. Revan exécuta la sentence en quelques attaques simples, qui brisèrent la défense adverse, avant que sa lame ne vienne trancher à vif dans sa chair. Elle s'écroula à terre dans un bref mais déchirant cri de douleur.
Cette fois, la voie était libre jusqu'à chez Hawat. Les Sardaukars s'étaient arrêtés, et mit en garde, braquant tous les angles du grand couloir à colonnades qui allait les mener dans la dernière pièce du palais. Derrière eux, de nouveaux soldats en noir entrèrent. Ils étaient devancés par Darth Treides. Le seigneur du Sith s'approcha de son élève :
- Bien, Revan. Tu as prouvé que tu savais maintenant utiliser ta colère. Tu ne la crains plus. Tu t'en sers pour dominer tes ennemis. Marchons.

Les deux sabres d'El Daoud et Hawat s'entrechoquèrent. Le maître de la Salamandre avait paré de justesse le coup. Sans attendre, El Daoud relança ses attaques, de plus en plus précises, et surtout, sans aucune retenue de sa part. Il se surpassait dans cette forme qu'il n'avait pas utilisée depuis plus de vingt ans. Hawat n'en revenait pas que son élève ait en réalité tant progressé. Il devait reculer pas à pas devant les enchaînements de coups que construisait El Daoud. Il attendait pourtant que ce dernier se fatigue, ait juste un moment de faiblesse, laisse une ouverture dans sa garde. Ce moment ne vint pas. El Daoud frappa coup sur coup, avec rapidité et précision, comme s'il n'avait jamais cessé de pratiquer ce style depuis toutes ces années.
Les grandes portes s'ouvrirent, en battant à toutes volées. Treides et Revan firent leur entrée, suivis des commandos de Sardaukars. Les deux duellistes n'avaient peut-être même pas repéré leur présence. Hawat vit soudain une faiblesse dans la garde d'El Daoud : il feinta quelques coups par le bas, et contre-attaqua par le haut. Il fut très surpris de voir que c'était bien là que son élève l'attendait. Il croisa son regard, et sut qu'il allait mourir : El Daoud n'allait pas lui faire de cadeau. Le chevalier Jedi repoussa son maître, puis exécuta un ballet final, cadencé, de trois passes à la vitesse de l'éclair, qui submergèrent Hawat. Ce dernier fut ébloui par la lame argentée qui, dans un coup de pointe, vint lui percer la gorge. Il resta immobile, debout, avant qu'El Daoud ne produise une légère rotation, qui lui détacha la tête pour de bon.
Puis le chevalier se retourna, et regarda fixement, essoufflé, sabre à la main, les deux Sith qui venait de rentrer. Il semblait préparé à leur arrivée.
- Impressionnant, El Daoud, lança Treides. Voilà bien longtemps que je n'avais pas vu quelqu'un se battre avec la technique du Vaapad. Maître Windu aurait été fier de vous. J'ai toujours rêvé de me mesurer à quelqu'un maîtrisant la technique la plus mortelle du sabre-laser.
Treides sortit son sabre, et en fit jaillit la très longue lame blanche.
El Daoud éteignit son sabre, et se mit à genoux, le buste droit, les mains sur les cuisses.
- Je ne me battrai pas contre vous, Treides. Je ne céderai plus jamais au côté obscur.
- Tu n'es donc toi aussi qu'un faible !
- Ne te crois pas trop vite vainqueur, Treides. La côté lumineux peut te réserver des surprises.
Et en disant cela, il regardait fixement son ancien élève, Revan.
- Vous ne m'avez jamais appris cette technique quand vous étiez mon maître, lança notre Jedi déchu, plein d'amertume.
- C'est que tu étais loin d'être prêt à l'utiliser. D'ailleurs, moi-même, je n'aurais pas dû l'employer, mais je n'avais pas le choix.
- Bats-toi, ou je t'abats sur place, cria Treides.
El Daoud regarda Treides droit dans les yeux, d'un regard profond, plus assuré que jamais.
- La mort n'est pas la fin d'un Jedi, juste un passage. Vous pouvez m'abattre, mais je revivrai. La Force m'accueillera. Et je serai là quand les deux sources fusionneront, et que s'éveillera l'enfant des étoiles.
- Maudit faux prophète !
De rage, Treides abattit son sabre sur El Daoud. Mais celui-ci avait déjà fusionné avec la Force. Son beau manteau magique de Salamandre tomba à terre.
Treides rengaina son sabre.
- Voilà comment les faibles se justifient : par des paroles, et non des actes. Tu ne dois plus écouter ces misérables, Revan !
- El Daoud était faible. Il avait perdu, maître. J'ai tout renié de lui.
- Bien. Partons à présent. Hawat à mort. Nous n'avons plus rien à faire ici.
A suivre...
#15 - Danse of the Salamanders
Yoko Kanno - Danse of the Curse
De grands oriflammes en forme de menaçante Salamandre flottaient au vent, au sommet des tours en aiguille d'un palais élancé vers la nuit. Le Croiseur du seigneur Sith Darth Treides apparaissait en orbite, suivi d'un déploiement de plusieurs vaisseaux de guerre archaïques, et de chasseurs aquilins, qui n'eurent aucun mal à pénétrer sur la planète Cona, absolument dépourvue de défense, pendant que Celenuir finissait par céder sous l'attaque Rebelle.
A l'intérieur du bâtiment, le maître des lieux semblait à mille lieues de se soucier de cela. Vêtu d'un costume aux couleurs de Salamandre, très grand, caressant une barbiche aux reflets bleus, la peau couleur cuivre, Hawat croisa les bras, et regarda celui qui était venu le défier au coeur même de son temple.
Ce dernier était vêtu lui aussi d'un habit aux couleurs de salamandre. Il avait de grands cheveux grisonnants, une barbe fine mais longue. Un sabre-laser à la ceinture. C'était El Daoud.
- Quelle folie, dit Hawat, en tournant lentement autour du Jedi, d'être venu m'affronter, mon cher élève. Tu crois donc que tu peux battre ton maître, après toutes ces années ?... Voilà déjà vingt ans. Qu'as-tu appris pendant ce temps ?
- J'ai définitivement rompu avec ce que vous m'avez appris, Hawat. Je suis devenu un Jedi, comme l'était les anciens défenseurs de la République. Je me suis dévoué au côté lumineux. Vous êtes un être maléfique, ténébreux. Je sais bien que vous ne pourrez jamais renoncer à l'obscurité : vous vivez dedans, corps et âme. C'est mon devoir de vous détruire.
En parlant, El Daoud avait pris son sabre, et sortit sa belle lame argentée. Il prit son arme à deux mains, et se mit en garde face à Hawat. Le maître de la Salamandre prit son propre sabre en main. Construit selon un procédé ancien, il avait l'élégance des choses antiques. Sa belle lame rouge avait des reflets bordeaux, qui lui donnait la teinte du sang frais qui commence à sêcher.
Hawat rit, puis s'avança vers son ancien élève, et frappa de toutes ses forces. Sur la défensive, El Daoud reçut le coup, qui lui fit trembler tout le bras. Darth Hawat prouva en quelques passes qu'il n'avait rien perdu de sa force avec le temps. Il abattait ses coups méthodiquements, son sinistre visage rougeoyant dans la lumière de sa lame. Il avançait avec assurance sur El Daoud, qui faisait d'habiles manoeuvres pour détourner les coups mais devait reculer de deux pas pour un pas qu'il faisait en avant. Les lames crépitaient, saturées d'énergie, prêtes à fusionner.
- Ridicule, mon pauvre élève ! est-ce donc ce que tu as appris en vingt ans ? à faire semblant de te battre ! Tu es moins bon que quand tu as trahi l'ordre de la Salamandre, et que tu as tué plusieurs de tes compagnons d'entraînement ! tu es une mauviette à présent !
El Daoud suait sous les attaques. Hawat connaissait tous ses coups. Il les prévoyait, il commençait déjà à s'en défendre avant même qu'ils soient portés. Tout son corps maigre, anguleux, était devenu une parfaite machine à se battre, aussi admirable qu'effrayante. Son sabre couleur sang venait frapper juste au bon endroit, et à chaque fois, El Daoud ne refermait sa garde qu'au dernier moment.
Hawat jouait avec son élève, comme le chat avec la souris. Ses coups, portés plutôt lentement, mais avec une précision mortelle, mettaient de plus en plus en difficulté El Daoud.
La danse très lente des sabres devenait une lente corrida, une patiente mise à mort dont Hawat voulait jouir.
- C'est donc cela, être un Jedi, ricanait le maître de la Salamandre, se rendre plus faible qu'on ne l'est, pratiquer la négation de soi et de ses passions ; ne tirer partie d'aucun avantage à portée de main. Quelle pitié !
El Daoud porta quelques attaques, qui vinrent se briser sur la défense paisible d'Hawat. Le Jedi recula de plusieurs pas, pendant que Hawat exécutait plusieurs moulinets agiles. El Daoud se remit posément en garde.
- Hé bien, El Daoud, que comptes-tu donc faire pour ne pas perdre la vie à la prochaine attaque que je porterai ?
Le Jedi respira profondément. Il essayait d'absorber en lui la Force qui baignait les lieux ; mais elle lui était hostile. Elle affluait vers Hawat.
- Maître, je vais devoir utiliser ce que vous m'avez appris.
Hawat sourit de toutes ses dents et se remit tranquillement en garde.
- Bien, El Daoud. Peut-être n'es-tu pas complétement perdu, et y a t-il moyen de faire quelque chose de toi... Montre-le moi !
El Daoud fit tourner son sabre, et changea complétement sa défense. Son sabre était maintenant férocement pointé vers l'avant, presque à l'horizontale, à hauteur des épaules, et il était prêt à bondir sur son adversaire.
Ce qu'il fit la seconde d'après, portant une attaque fulgurante, qui surprit agréablement Hawat. Le sabre couleur lune croisa celui couleur sang, et les deux hommes, le maître et l'élève, se retrouvèrent presque front contre front :
- Bien, dit Hawat. La peur et la colère sont encore fortes en toi. Réapprends donc à les utiliser ! c'est ainsi que tu as failli me tuer jadis !

La navette personnelle du seigneur Sith se posa sur le sol de Cona. Les Sardaukars se mirent en position au sol, cernant la zone, et protégeant tous les angles. Cette fois, ils étaient trois fois plus nombreux que sur Satos. Darth Revan descendit sans précipitation de sa navette, mit le pied sur le sol de la planète, puis attendit que ses soldats de mort se repositionnent et impulsa l'ordre d'avancer.
D'autres navettes se posaient, pendant que deux Corvettes patrouillaient en atmosphère, et que le Croiseur de Darth Treides attendait en orbite.
Au pas de course, les Sardaukars précédèrent Revan : mais en face, personne ne se montrait. Revan gravit les marches avec plus de précipitation : il sentait des adversaires approcher. A l'intérieur, les Sardaukars furent brusquement confrontés à une solide résistance de droïdekass, surgis de derrière les ombres, et qui activèrent dans l'obscurité leurs écrans déflecteurs bleutés. Les tirs rouges fusèrent des deux côtés. Revan restait en retrait, pendant que les Sardaukars ouvraient le chemin. Ils se séparaient pour occuper plusieurs branches du palais.
Il sortait des droïds des murs et du sol, mais les soldats Sith ne connaissaient pas la peur : leurs fusils lourds avaient tôt fait de détruire les opposants. L'écho amplifiait les rafales de tirs d'une façon formidable. Les sinistres Sardaukars se fondaient dans les ombres, jaillissaient des coins exigus pour frapper dans le dos les droïds, rendus impuissants sur leur propre territoire.
Revan avançait au milieu des cris de terreur des quelques humains croisés dans ce palais glacial et des ordres lancés par ses officiers à leurs soldats. Les ordres donnés par Treides résonnaient dans sa tête :
- Darth Hawat était des nôtres jadis. Il nous a trahis. Il a renoncé à conquérir la galaxie comme un vrai Sith. Il a préféré bâtir son propre petit Empire. Tant pis pour lui : il est maintenant un obstacle sur notre route ; il doit mourir. Va, ouvre la voie et je te rejoindrai pour exécuter ce traître.
Au milieu du combat furieux que menait ses soldats contre les droïds de combat, Revan vit s'allumer un sabre laser rouge. Celui qui le maniait exécuta un salto avant amplifié par la Force, vola au-dessus des combattants, et atterrit devant Revan. Celui-ci dégaina son sabre au moment de parer le coup que son ennemi tenta de lui porter en atterrissant. Il para de nouveau et le repoussa violemment. Puis il l'attendit, de pied ferme.
Son adversaire portait des tatouages noirs et oranges sur le visage, et une légère armure ; c'était un humain qui pouvait avoir l'âge de Revan. Mais ce dernier n'était pas dans le camp des perdants.
Les deux adversaires s'étaient jaugés pendant quelques secondes. Puis Revan lança le combat. Il exécuta quelques passes violemment offensives, comme le lui avait appris Konen. A chaque coup, Merwyn mourait un peu plus en lui, car le style de combat n'était plus que rage. Il fondait sur son adversaire comme le prédateur sur sa faible proie. Il sentait qu'il canalisait sa puissance parfaitement, et qu'à chaque coup, il la déclenchait un peu plus. Il n'hésitait pas à sacrifier sa défense pour déployer tous les effets de la forme de combat V, appelée aussi Shien, qui permettait d'atteindre à une puissance d'attaque bien supérieure à toutes les autres.
L'adversaire de Revan, qui utilisait aussi cette forme, fut dérouté sans difficulté : sa garde était pleine de trous, et il était encore trop malhabile. La supériorité de Revan fut impitoyable : il acheva le combat par un coup en travers du corps de sa victime, qui le scinda en deux au niveau du bassin.
Voyant cela, les Sardaukars reprirent de plus belle la bataille, galvanisés par cette domination infaillible de celui qui les guidait.
Presque tout le palais était à eux désormais. Les droïds étaient défaits les uns après les autres, réduits en morceaux de métal brûlants en quelques secondes. Les bataillons de Sardaukars, après s'être dispersés en plusieurs escouades, reformèrent une seule unité, qui avançait au pas, le BML pointé à l'horizontal, en ordre derrière Revan. Le pas lourd, cadencé, de l'armée des Sith dégageait une aura écrasante de pouvoir.
Revan sourit quand il vit d'autres droïds surgir, et surtout deux autres sabres venir à lui. Deux autres élèves venaient se confronter à sa rage. Notre Jedi déchu sortit à nouveau le sabre qu'il s'était fabriqué avec ce puissant cristal mauve, le plus puissant de l'univers sans doute. Il sentait le sabre répondre parfaitement à ce qu'il voulait, et tout son corps était dans le combat. Face à lui, un homme et une femme, avec leurs tatouages de Salamandre. L'un se battait en forme V, et l'autre en forme VI, la dérisoire technique jadis utilisée par les Jedi, et par Merwyn aussi. Revan se mit à peine en garde et courut vers ses deux ennemis. Sa lame allait de l'un à l'autre, et parait tous les coups qu'ils envoyaient. Revan éprouvait maintenant toute la puissance du côté obscur, cette puissance tant promise par Treides et Konen. Mais il s'apercevait qu'il n'avait pas été trompé.
Ses deux adversaires firent pâle figure : la colère de Revan, vibrante, brûlante comme son sabre, tomba comme la foudre sur les deux élèves de Hawat. Un coup bien placé trancha la main de l'homme, avant qu'un retour de lame ne le décapite proprement. Derrière son masque, Revan sourit, en voyant la peur qui venait d'agripper aux tripes la fille devant lui. Comme elle paraissait faible, à tenir son pauvre sabre. Elle ne méritait pas mieux que de mourir sans délai. Revan exécuta la sentence en quelques attaques simples, qui brisèrent la défense adverse, avant que sa lame ne vienne trancher à vif dans sa chair. Elle s'écroula à terre dans un bref mais déchirant cri de douleur.
Cette fois, la voie était libre jusqu'à chez Hawat. Les Sardaukars s'étaient arrêtés, et mit en garde, braquant tous les angles du grand couloir à colonnades qui allait les mener dans la dernière pièce du palais. Derrière eux, de nouveaux soldats en noir entrèrent. Ils étaient devancés par Darth Treides. Le seigneur du Sith s'approcha de son élève :
- Bien, Revan. Tu as prouvé que tu savais maintenant utiliser ta colère. Tu ne la crains plus. Tu t'en sers pour dominer tes ennemis. Marchons.

Les deux sabres d'El Daoud et Hawat s'entrechoquèrent. Le maître de la Salamandre avait paré de justesse le coup. Sans attendre, El Daoud relança ses attaques, de plus en plus précises, et surtout, sans aucune retenue de sa part. Il se surpassait dans cette forme qu'il n'avait pas utilisée depuis plus de vingt ans. Hawat n'en revenait pas que son élève ait en réalité tant progressé. Il devait reculer pas à pas devant les enchaînements de coups que construisait El Daoud. Il attendait pourtant que ce dernier se fatigue, ait juste un moment de faiblesse, laisse une ouverture dans sa garde. Ce moment ne vint pas. El Daoud frappa coup sur coup, avec rapidité et précision, comme s'il n'avait jamais cessé de pratiquer ce style depuis toutes ces années.
Les grandes portes s'ouvrirent, en battant à toutes volées. Treides et Revan firent leur entrée, suivis des commandos de Sardaukars. Les deux duellistes n'avaient peut-être même pas repéré leur présence. Hawat vit soudain une faiblesse dans la garde d'El Daoud : il feinta quelques coups par le bas, et contre-attaqua par le haut. Il fut très surpris de voir que c'était bien là que son élève l'attendait. Il croisa son regard, et sut qu'il allait mourir : El Daoud n'allait pas lui faire de cadeau. Le chevalier Jedi repoussa son maître, puis exécuta un ballet final, cadencé, de trois passes à la vitesse de l'éclair, qui submergèrent Hawat. Ce dernier fut ébloui par la lame argentée qui, dans un coup de pointe, vint lui percer la gorge. Il resta immobile, debout, avant qu'El Daoud ne produise une légère rotation, qui lui détacha la tête pour de bon.
Puis le chevalier se retourna, et regarda fixement, essoufflé, sabre à la main, les deux Sith qui venait de rentrer. Il semblait préparé à leur arrivée.
- Impressionnant, El Daoud, lança Treides. Voilà bien longtemps que je n'avais pas vu quelqu'un se battre avec la technique du Vaapad. Maître Windu aurait été fier de vous. J'ai toujours rêvé de me mesurer à quelqu'un maîtrisant la technique la plus mortelle du sabre-laser.
Treides sortit son sabre, et en fit jaillit la très longue lame blanche.
El Daoud éteignit son sabre, et se mit à genoux, le buste droit, les mains sur les cuisses.
- Je ne me battrai pas contre vous, Treides. Je ne céderai plus jamais au côté obscur.
- Tu n'es donc toi aussi qu'un faible !
- Ne te crois pas trop vite vainqueur, Treides. La côté lumineux peut te réserver des surprises.
Et en disant cela, il regardait fixement son ancien élève, Revan.
- Vous ne m'avez jamais appris cette technique quand vous étiez mon maître, lança notre Jedi déchu, plein d'amertume.
- C'est que tu étais loin d'être prêt à l'utiliser. D'ailleurs, moi-même, je n'aurais pas dû l'employer, mais je n'avais pas le choix.
- Bats-toi, ou je t'abats sur place, cria Treides.
El Daoud regarda Treides droit dans les yeux, d'un regard profond, plus assuré que jamais.
- La mort n'est pas la fin d'un Jedi, juste un passage. Vous pouvez m'abattre, mais je revivrai. La Force m'accueillera. Et je serai là quand les deux sources fusionneront, et que s'éveillera l'enfant des étoiles.
- Maudit faux prophète !
De rage, Treides abattit son sabre sur El Daoud. Mais celui-ci avait déjà fusionné avec la Force. Son beau manteau magique de Salamandre tomba à terre.
Treides rengaina son sabre.
- Voilà comment les faibles se justifient : par des paroles, et non des actes. Tu ne dois plus écouter ces misérables, Revan !
- El Daoud était faible. Il avait perdu, maître. J'ai tout renié de lui.
- Bien. Partons à présent. Hawat à mort. Nous n'avons plus rien à faire ici.
A suivre...
