10-07-2005, 12:55 PM
(This post was last modified: 10-07-2005, 02:38 PM by Darth Nico.)
Paris, janvier 2006
VAMPIRE 2006
III - SHAKE ONE'S BLACK HAND
Il pleuvait, alors que la nuit tombait de nouveau sur Paris.
Quand Graziella se réveilla, elle fut conduite au salon par un des serviteurs. Sire Santi était assis, en bras de chemises. Il s'était entaillé les veines, et laissait couler le sang dans des coupes. Agenouillés à ses pieds, ses goules trépignaient d'impatience de pouvoir porter les lèvres au précieux liquide. Ses humains qui menaient le reste du temps une vie ordinaire et anonyme devenaient de petits chiens serviles devant le maître des Vrais Lasombra.
Quand les coupes furent remplies, Santi serra les poings : ses entailles se refermèrent rapidement, et il n'en resta bientôt plus de traces. Pendant ce temps, les goules avalaient goûlument tout ce sang encore chaud. Graziella avait bu sa coupe de sang sans mot dire. Elle avait laissé en réserve des poches de sang à ses propres serviteurs.
Santi se fit reboutonner ses manches de chemise, remit son col droit, et passa une veste. Il resta songeur un moment, puis dit à Graziella, qu'un serveur finissait de peigner :
- Camille s'est occupé de "raccompagner" notre invité Augustin chez lui... en plusieurs fois. Dame Yvonne, après cette délicieuse soirée, est rentrée bien sagement dans ses pénates. Pour l'heure, Graziella, allez au Louvre prendre des informations sur ce qui s'est passé la nuit dernière.
- Bien Sire.
Quand elle fut prête, la signora de Valori se fit conduire à l'Elysium. Dans les salons des sous-sols du musée régnait une agitation fébrile. Il y avait là l'habituel parterre de courtisans, agglutinés comme des mouches, mais aussi des têtes peu habituées à fréquenter les ors des salons. Des corps grotesques, déguisés, maquillés, dont les parures transformaient leur laideur en une laideur différente, plus travaillée, plus acceptable, car donnant l'illusion d'être assumée.
Certaines conversations étaient des plus animées. Il y avait là plusieurs grands de la Camarilla, de ces personnages qu'on ne voyait que quelques fois par an à la cour.
Graziella avisa la présence de François Loren. Mais Mégane vint la première parler à Graziella :
- Mademoiselle de Valori, comment allez-vous ?
Les deux femmes échangèrent quelques nouvelles, avant que Mégane ne mette la Lasombra au courant de l'arrestation ratée de Shrek, dans les tours du 13e arrondissement. Mégane aligna également quelques considérations hautaines sur son petit personnel domestique, dont elle avait à se plaindre, et Graziella accepta bien volontiers d'abonder en son sens : on ne pouvait plus se fier à personne !
En parlant ensuite à Loren, Graziella apprit que ce dernier était aux premières loges, avec la police Brujah, pour l'arrestation de Shrek. On parlait d'hallucinations subies par les adversaires de ce Shrek. Loren confirma à demi-mot que ce genre de phénomènes lui rappelait ce qu'ils avaient subis, Lucinius, Graziella et lui, à Prague, chez le comte Arloff. Il fallait que Shrek soit redoutablement puissant pour avoir déclenché pareille panique chez les limiers de Sergio !
Mégane alla se joindre à d'autres conversations, et un personnage que nos héros n'avaient pas vu depuis longtemps s'approcha d'eux : le Tremere Merlin.
- Mademoiselle de Valori, Sire Loren, comment vous portez-vous ?
- La situation pourrait être meilleure, à vrai dire, soupira le Ventrue. Vous avez certainement entendu parler de ce Shrek...
- Oui, bien sûr. Je suis de retour à Paris depuis peu, après avoir séjourné dans nos fiefs de Reims et Vienne. Mon élève Morgane est restée en Autriche, elle y poursuit ses études.
- Très bien... Puisque vous avez entendu parler de la conspiration de Shrek, plaisanta Loren, je suppose que vous pouvez me confirmer qu'aucun Tremere n'en fait partie ?
- Oh non, je ne crois pas !
- Alors, dans ce cas, nous sommes sûrs que ce complot échouera !
- Très certainement, sourit Merlin. Si j'en crois ce que vous me dites, les hallucinations dont vous avez été victimes sont certainement causés par un Malkavien. Vous savez, ils font ressurgir nos peurs les mieux enfouis. J'ai rencontré tout à l'heure Bud et Terence, les limiers de Sergio. Ils sont dans un sale état. Mentalement, il leur faudra du temps pour s'en remettre. Si je pouvais vous donner un conseil, ce serait de renforcer la sécurité aérienne des Tours. Nous savons que ce Bourg est le plus démuni en Gargouilles, surtout depuis que les nobles du centre-ville ont demandé à voir leur sécurité renforcée. C'est notre Primogène précédente, Elisabeth d'Orval, qui a la responsabilité des Gargouilles. Elle est très jalouse de ce privilège.
Merlin ajouta qu'il se ferait un plaisir d'aider Loren à rencontrer dame d'Orval. Sur ce, Loren vit s'approcher un des laquais de sire Vircenko. Graziella comprit que le Ventrue avait rendez-vous avec les grosses huiles de Paris, et lui souhaita bonne nuit.

Quelque peu tendu, Loren entra dans le grand bureau où l'attendaient rien moins que Jérémie Ventrue le Préfet (le garant du respect de la loi), raide et droit comme sa fonction, avec ses petites lunettes de soleil et ses cheveux plaqués sur le crâne, Sarmont Brujah le Fléau (alias le Dératisateur), assis d'une fesse sur le bureau et Sire Vircenko (le Prince officieux de Paris), debout, au centre derrière le bureau.
Assis devant eux, il y avait déjà Sergio, qui n'en menait pas large. Loren fut invité à s'asseoir à côté du chef de la police.
- Sire Loren, dit Vircenko, en le toisant de son regard d'acier, vous savez pourquoi vous êtes là. Nous attendons votre témoignage quant aux évènements de la nuit dernière. L'opinion s'émeut de la fuite de Shrek, au dernier moment. Il est temps de donner la version officielle des faits.
En quelques mots, Loren narra ce qui s'était passé : la panique soudaine de Bud et Terence, le couloir en feu, puis l'arrivée de Sergio, qui avait dissipé ces illusions, avant que les deux hommes n'entrent chez Shrek, pour tomber nez à nez avec un épouvantail, et voir toutes les données de l'ordinateur se télécharger vers ailleurs.
- Situation embarassante, pour la Camarilla, et pour notre Famille aussi, dit Jérémie le Préfet, en essuyant ses petites lunettes. Puisque Shrek a choisi de frapper dans le 13e arrondissement, vous devez, Sire Loren, prendre comme un affront personnel cet attaque, puisque vous êtes chargé de la sécurité dans les Tours.
- Tout à fait, monsieur le Préfet.
- Nous savons également, dit Sarmont le Fléau, que la population est en surnombre dans les Tours. On nous signale la présence de Sang-Clairs. Il est temps de nous débarrasser de ces êtres surnuméraires.
- Ce sera fait, monsieur le Fléau. Il faut bien que certains s'occupent de ce genre de tâches.
- La grandeur de la Camarilla, et de nos traditions, intervint Sire Vircenko, a besoin de ceux qui exécutent les plus humbles tâches aussi. Il n'y a nulle honte à en éprouver, pourvu que le devoir soit bien accompli. Je vous rappelle pour ma part, Sire Loren, que nous aimerions entrer plus en contact avec nos invités d'Extrême-Orient. A cause de ce terroriste de Shrek, nous ne pouvons décemment les recevoir au Louvre. Il faut donc que dans les Tours, nous apprenions à les connaître. C'est votre mission également.
- Bien, Sire, je comprends.
- Nous connaissons tous, reprit Sire Vircenko, les opinions de la Bourgmestre Satomé, ses penchants "humanitaires", ses sentiments... Par respect des traditions, nous ne pouvons lui demander de partir. Elle garde le titre dans les Tours, mais vous savez bien, Sire Loren, que c'est à vous d'assurer ses fonctions.
- Je le comprends parfaitement, Sire.
- C'est parfait. Sachez que nous sommes bien conscients du poids des tâches qui vous incombent. Nous savons aussi que les Tours sont le Bourg le plus excentré de la capitale, le plus exposé aux menaces de l'extérieur. A vous de faire en sorte qu'il ne tombe pas aux mains d'influences étrangères.
Loren s'inclina, puis sortit en même temps que Sergio. Jérémie continuait de nettoyer ses verres de lunettes, et Sarmont machouillait un reste de chewing-gum, en fixant Sergio et Loren.

Dans les salons, Graziella discutait, parmi les ilôts de courtisans. On parlait beaucoup de l'attaque dans la tour chinoise, mais peu des incidents du 158, rue de Tolbiac. Deux Nosferatus et leurs goules avaient été pris à partie par des membres reconnus du Sabbat, et une fusillade s'en était suivie. Notre héroïne constata que son groupe n'avait pas du tout été repéré On s'étonnait que les Cathéens, résidant pourtant à proximité, n'aient déposé aucune plainte en début de nuit.
Les conversations s'arrêtèrent, quand Sire Vircenko, Jérémie le Préfet et Sarmont le Fléau, le Cerbère de la loi, firent leur entrée. Tout le monde se sentit aussitôt muet de terreur face à eux. Vircenko fit une brève déclaration sur le terroriste Shrek :
- Nous mettons dès maintenant en oeuvre tous nos moyens pour contrer cette menace. Que les sujets de la Camarilla se rassurent, et vaquent en paix à leurs occupations, car ils n'ont rien à craindre de ce Shrek, qui très bientôt, devra répondre de ses crimes.
Sans plus rien ajouter, les trois dirigeants se retirèrent. Tout le monde sortit de sa transe de stupéfaction, puis les conversations reprirent, plus animées. On commenta à voix basse l'absence remarquable du Prince Ibn-Azul. De plus en plus, Rudolf Vircenko prenait la place du successeur de François Villon. Délégue du Cercle Intérieur de la Camarilla, et envoyé des hautes instances du clan Ventrue, cette double carte de visite lui assurait l'obéissance de la plupart des plus puissants Caïnites encore en activité. Personne ne pouvait se mettre en travers de son chemin. Du reste, nombreux étaient ceux qui lui faisaient confiance, car il passait pour quelqu'un d'énergique. Derrière son air guindé, froid, ses cheveux gris à la Beethoven, il savait tenir d'une main ferme les rênes du pouvoir -tandis qu'Ibn-Azul passait pour un guerrier nomade, habile à la guerre, mais beaucoup moins pour diriger Paris.

En sortant de leur face-à-face avec Vircenko, Sergio et Loren se tinrent au courant des nouvelles de la nuit :
- Cette petite pute de Shrek nous a bel et bien filé entre les doigts !
Le Brujah était d'une humeur massacrante.
- C'est un désaveu pour moi, et le Fléau m'a passé un sacré savon avant votre arrivée ! Bud et Terence sont KO, le cerveau complétement disjoncté : la peur les a réduits à l'état de loques en un rien de temps. Vous-mêmes, vous étiez en train d'halluciner dans votre couloir. Putain, si j'attrape ce terroriste, je le raterai pas !
- Vous êtes toujours partant pour la chasse au Sang-Clair dans les Tours ?
- Croyez-moi que j'aimerais bien, Loren, mais là, les nobles me requièrent dans le centre-ville, pour surveiller leurs palais. Impossible de vous aider. Va falloir vous débrouiller sans moi ! Vous pouvez être sûr que c'est pas l'envie qui me manque, hein ! mais sans mes deux hommes, ça va déjà être coton pour me farcir tout le boulot !
- Alors bon courage pour cajoler les Ancêtres de la Cour !
- C'est ça, monsieur l'adjoint à la sécurité. Laissez-m'en quelqu'uns, de vos nouveaux-nés, que j'ai de quoi m'amuser !
Les deux hommes se quittèrent. Loren retourna discuter dans les salons. Il vit que Graziella discutait avec Lucinius et Jim Jarrell, le Primogène Gangrel. Le Sénéchal racontait son rendez-vous avec dame Yvonne :
- La pauvre vieille ! j'avais rendez-vous avec elle depuis longtemps, et comme par hasard, la nuit d'avant, c'est Beyrouth à Paris. Elle était si fière d'avoir contribué à localiser Shrek dans les Tours. Du coup, elle s'est jurée d'avoir ce terroriste à tout prix. Deux de ses hommes ont essuyé une courte fusillade, rue de Tolbiac, mais elle va devoir abandonner cette piste, pour se concentrer uniquement sur les Tours !
Loren salua le Gangrel et son ami le Sénéchal, puis raconta en quelques mots ce qui s'était passé dans la cage d'escalier du grand immeuble.
Puis tout le monde déclara plus ou moins de concert qu'il avait des choses à faire, et que l'heure avançait. Lucinius songea qu'il était l'heure de son petit récital privé avec la cantatrice Sophie, Jim Jarrell qu'il avait rendez-vous à Thoiry avec Menace, Loren qu'il avait des tas de dossiers à traiter dans son repaire et Graziella qu'il fallait rendre compte auprès de son clan, et trouver un prétexte pour dire du mal de Loren. :ahah:
A suivre...
VAMPIRE 2006
III - SHAKE ONE'S BLACK HAND
Jacques Brel Wrote:La ville s'endormait, j'en oublie le nom. Sur le fleuve en amont, un coin de ciel brûlait...
Il pleuvait, alors que la nuit tombait de nouveau sur Paris.
Quand Graziella se réveilla, elle fut conduite au salon par un des serviteurs. Sire Santi était assis, en bras de chemises. Il s'était entaillé les veines, et laissait couler le sang dans des coupes. Agenouillés à ses pieds, ses goules trépignaient d'impatience de pouvoir porter les lèvres au précieux liquide. Ses humains qui menaient le reste du temps une vie ordinaire et anonyme devenaient de petits chiens serviles devant le maître des Vrais Lasombra.
Quand les coupes furent remplies, Santi serra les poings : ses entailles se refermèrent rapidement, et il n'en resta bientôt plus de traces. Pendant ce temps, les goules avalaient goûlument tout ce sang encore chaud. Graziella avait bu sa coupe de sang sans mot dire. Elle avait laissé en réserve des poches de sang à ses propres serviteurs.
Santi se fit reboutonner ses manches de chemise, remit son col droit, et passa une veste. Il resta songeur un moment, puis dit à Graziella, qu'un serveur finissait de peigner :
- Camille s'est occupé de "raccompagner" notre invité Augustin chez lui... en plusieurs fois. Dame Yvonne, après cette délicieuse soirée, est rentrée bien sagement dans ses pénates. Pour l'heure, Graziella, allez au Louvre prendre des informations sur ce qui s'est passé la nuit dernière.
- Bien Sire.
Quand elle fut prête, la signora de Valori se fit conduire à l'Elysium. Dans les salons des sous-sols du musée régnait une agitation fébrile. Il y avait là l'habituel parterre de courtisans, agglutinés comme des mouches, mais aussi des têtes peu habituées à fréquenter les ors des salons. Des corps grotesques, déguisés, maquillés, dont les parures transformaient leur laideur en une laideur différente, plus travaillée, plus acceptable, car donnant l'illusion d'être assumée.
Certaines conversations étaient des plus animées. Il y avait là plusieurs grands de la Camarilla, de ces personnages qu'on ne voyait que quelques fois par an à la cour.
Graziella avisa la présence de François Loren. Mais Mégane vint la première parler à Graziella :
- Mademoiselle de Valori, comment allez-vous ?
Les deux femmes échangèrent quelques nouvelles, avant que Mégane ne mette la Lasombra au courant de l'arrestation ratée de Shrek, dans les tours du 13e arrondissement. Mégane aligna également quelques considérations hautaines sur son petit personnel domestique, dont elle avait à se plaindre, et Graziella accepta bien volontiers d'abonder en son sens : on ne pouvait plus se fier à personne !
En parlant ensuite à Loren, Graziella apprit que ce dernier était aux premières loges, avec la police Brujah, pour l'arrestation de Shrek. On parlait d'hallucinations subies par les adversaires de ce Shrek. Loren confirma à demi-mot que ce genre de phénomènes lui rappelait ce qu'ils avaient subis, Lucinius, Graziella et lui, à Prague, chez le comte Arloff. Il fallait que Shrek soit redoutablement puissant pour avoir déclenché pareille panique chez les limiers de Sergio !
Mégane alla se joindre à d'autres conversations, et un personnage que nos héros n'avaient pas vu depuis longtemps s'approcha d'eux : le Tremere Merlin.
- Mademoiselle de Valori, Sire Loren, comment vous portez-vous ?
- La situation pourrait être meilleure, à vrai dire, soupira le Ventrue. Vous avez certainement entendu parler de ce Shrek...
- Oui, bien sûr. Je suis de retour à Paris depuis peu, après avoir séjourné dans nos fiefs de Reims et Vienne. Mon élève Morgane est restée en Autriche, elle y poursuit ses études.
- Très bien... Puisque vous avez entendu parler de la conspiration de Shrek, plaisanta Loren, je suppose que vous pouvez me confirmer qu'aucun Tremere n'en fait partie ?
- Oh non, je ne crois pas !
- Alors, dans ce cas, nous sommes sûrs que ce complot échouera !
- Très certainement, sourit Merlin. Si j'en crois ce que vous me dites, les hallucinations dont vous avez été victimes sont certainement causés par un Malkavien. Vous savez, ils font ressurgir nos peurs les mieux enfouis. J'ai rencontré tout à l'heure Bud et Terence, les limiers de Sergio. Ils sont dans un sale état. Mentalement, il leur faudra du temps pour s'en remettre. Si je pouvais vous donner un conseil, ce serait de renforcer la sécurité aérienne des Tours. Nous savons que ce Bourg est le plus démuni en Gargouilles, surtout depuis que les nobles du centre-ville ont demandé à voir leur sécurité renforcée. C'est notre Primogène précédente, Elisabeth d'Orval, qui a la responsabilité des Gargouilles. Elle est très jalouse de ce privilège.
Merlin ajouta qu'il se ferait un plaisir d'aider Loren à rencontrer dame d'Orval. Sur ce, Loren vit s'approcher un des laquais de sire Vircenko. Graziella comprit que le Ventrue avait rendez-vous avec les grosses huiles de Paris, et lui souhaita bonne nuit.

Quelque peu tendu, Loren entra dans le grand bureau où l'attendaient rien moins que Jérémie Ventrue le Préfet (le garant du respect de la loi), raide et droit comme sa fonction, avec ses petites lunettes de soleil et ses cheveux plaqués sur le crâne, Sarmont Brujah le Fléau (alias le Dératisateur), assis d'une fesse sur le bureau et Sire Vircenko (le Prince officieux de Paris), debout, au centre derrière le bureau.
Assis devant eux, il y avait déjà Sergio, qui n'en menait pas large. Loren fut invité à s'asseoir à côté du chef de la police.
- Sire Loren, dit Vircenko, en le toisant de son regard d'acier, vous savez pourquoi vous êtes là. Nous attendons votre témoignage quant aux évènements de la nuit dernière. L'opinion s'émeut de la fuite de Shrek, au dernier moment. Il est temps de donner la version officielle des faits.
En quelques mots, Loren narra ce qui s'était passé : la panique soudaine de Bud et Terence, le couloir en feu, puis l'arrivée de Sergio, qui avait dissipé ces illusions, avant que les deux hommes n'entrent chez Shrek, pour tomber nez à nez avec un épouvantail, et voir toutes les données de l'ordinateur se télécharger vers ailleurs.
- Situation embarassante, pour la Camarilla, et pour notre Famille aussi, dit Jérémie le Préfet, en essuyant ses petites lunettes. Puisque Shrek a choisi de frapper dans le 13e arrondissement, vous devez, Sire Loren, prendre comme un affront personnel cet attaque, puisque vous êtes chargé de la sécurité dans les Tours.
- Tout à fait, monsieur le Préfet.
- Nous savons également, dit Sarmont le Fléau, que la population est en surnombre dans les Tours. On nous signale la présence de Sang-Clairs. Il est temps de nous débarrasser de ces êtres surnuméraires.
- Ce sera fait, monsieur le Fléau. Il faut bien que certains s'occupent de ce genre de tâches.
- La grandeur de la Camarilla, et de nos traditions, intervint Sire Vircenko, a besoin de ceux qui exécutent les plus humbles tâches aussi. Il n'y a nulle honte à en éprouver, pourvu que le devoir soit bien accompli. Je vous rappelle pour ma part, Sire Loren, que nous aimerions entrer plus en contact avec nos invités d'Extrême-Orient. A cause de ce terroriste de Shrek, nous ne pouvons décemment les recevoir au Louvre. Il faut donc que dans les Tours, nous apprenions à les connaître. C'est votre mission également.
- Bien, Sire, je comprends.
- Nous connaissons tous, reprit Sire Vircenko, les opinions de la Bourgmestre Satomé, ses penchants "humanitaires", ses sentiments... Par respect des traditions, nous ne pouvons lui demander de partir. Elle garde le titre dans les Tours, mais vous savez bien, Sire Loren, que c'est à vous d'assurer ses fonctions.
- Je le comprends parfaitement, Sire.
- C'est parfait. Sachez que nous sommes bien conscients du poids des tâches qui vous incombent. Nous savons aussi que les Tours sont le Bourg le plus excentré de la capitale, le plus exposé aux menaces de l'extérieur. A vous de faire en sorte qu'il ne tombe pas aux mains d'influences étrangères.
Loren s'inclina, puis sortit en même temps que Sergio. Jérémie continuait de nettoyer ses verres de lunettes, et Sarmont machouillait un reste de chewing-gum, en fixant Sergio et Loren.

Dans les salons, Graziella discutait, parmi les ilôts de courtisans. On parlait beaucoup de l'attaque dans la tour chinoise, mais peu des incidents du 158, rue de Tolbiac. Deux Nosferatus et leurs goules avaient été pris à partie par des membres reconnus du Sabbat, et une fusillade s'en était suivie. Notre héroïne constata que son groupe n'avait pas du tout été repéré On s'étonnait que les Cathéens, résidant pourtant à proximité, n'aient déposé aucune plainte en début de nuit.
Les conversations s'arrêtèrent, quand Sire Vircenko, Jérémie le Préfet et Sarmont le Fléau, le Cerbère de la loi, firent leur entrée. Tout le monde se sentit aussitôt muet de terreur face à eux. Vircenko fit une brève déclaration sur le terroriste Shrek :
- Nous mettons dès maintenant en oeuvre tous nos moyens pour contrer cette menace. Que les sujets de la Camarilla se rassurent, et vaquent en paix à leurs occupations, car ils n'ont rien à craindre de ce Shrek, qui très bientôt, devra répondre de ses crimes.

Sans plus rien ajouter, les trois dirigeants se retirèrent. Tout le monde sortit de sa transe de stupéfaction, puis les conversations reprirent, plus animées. On commenta à voix basse l'absence remarquable du Prince Ibn-Azul. De plus en plus, Rudolf Vircenko prenait la place du successeur de François Villon. Délégue du Cercle Intérieur de la Camarilla, et envoyé des hautes instances du clan Ventrue, cette double carte de visite lui assurait l'obéissance de la plupart des plus puissants Caïnites encore en activité. Personne ne pouvait se mettre en travers de son chemin. Du reste, nombreux étaient ceux qui lui faisaient confiance, car il passait pour quelqu'un d'énergique. Derrière son air guindé, froid, ses cheveux gris à la Beethoven, il savait tenir d'une main ferme les rênes du pouvoir -tandis qu'Ibn-Azul passait pour un guerrier nomade, habile à la guerre, mais beaucoup moins pour diriger Paris.

En sortant de leur face-à-face avec Vircenko, Sergio et Loren se tinrent au courant des nouvelles de la nuit :
- Cette petite pute de Shrek nous a bel et bien filé entre les doigts !
Le Brujah était d'une humeur massacrante.
- C'est un désaveu pour moi, et le Fléau m'a passé un sacré savon avant votre arrivée ! Bud et Terence sont KO, le cerveau complétement disjoncté : la peur les a réduits à l'état de loques en un rien de temps. Vous-mêmes, vous étiez en train d'halluciner dans votre couloir. Putain, si j'attrape ce terroriste, je le raterai pas !
- Vous êtes toujours partant pour la chasse au Sang-Clair dans les Tours ?
- Croyez-moi que j'aimerais bien, Loren, mais là, les nobles me requièrent dans le centre-ville, pour surveiller leurs palais. Impossible de vous aider. Va falloir vous débrouiller sans moi ! Vous pouvez être sûr que c'est pas l'envie qui me manque, hein ! mais sans mes deux hommes, ça va déjà être coton pour me farcir tout le boulot !

- Alors bon courage pour cajoler les Ancêtres de la Cour !
- C'est ça, monsieur l'adjoint à la sécurité. Laissez-m'en quelqu'uns, de vos nouveaux-nés, que j'ai de quoi m'amuser !
Les deux hommes se quittèrent. Loren retourna discuter dans les salons. Il vit que Graziella discutait avec Lucinius et Jim Jarrell, le Primogène Gangrel. Le Sénéchal racontait son rendez-vous avec dame Yvonne :
- La pauvre vieille ! j'avais rendez-vous avec elle depuis longtemps, et comme par hasard, la nuit d'avant, c'est Beyrouth à Paris. Elle était si fière d'avoir contribué à localiser Shrek dans les Tours. Du coup, elle s'est jurée d'avoir ce terroriste à tout prix. Deux de ses hommes ont essuyé une courte fusillade, rue de Tolbiac, mais elle va devoir abandonner cette piste, pour se concentrer uniquement sur les Tours !
Loren salua le Gangrel et son ami le Sénéchal, puis raconta en quelques mots ce qui s'était passé dans la cage d'escalier du grand immeuble.
Puis tout le monde déclara plus ou moins de concert qu'il avait des choses à faire, et que l'heure avançait. Lucinius songea qu'il était l'heure de son petit récital privé avec la cantatrice Sophie, Jim Jarrell qu'il avait rendez-vous à Thoiry avec Menace, Loren qu'il avait des tas de dossiers à traiter dans son repaire et Graziella qu'il fallait rendre compte auprès de son clan, et trouver un prétexte pour dire du mal de Loren. :ahah:
A suivre...
