11-07-2005, 12:35 PM
(This post was last modified: 12-07-2005, 05:09 PM by Darth Nico.)
Vampire 2006 - #3
Le lendemain soir, Loren, Olaf et Clémentine se retrouvèrent devant le jardin des plantes. Graziella était aussi de la partie. Pour l'occasion, elle avait troqué ses tailleurs noirs pour des habits streetwear : collant, veste de jogging, baskets de femme d'affaires new-yorkaise, bandeau de tennis.
Elle surpassait la honte de sortir dans ces habits de gamine prépubère en se disant que nulle caméra, nul appareil photo ne garderait jamais de trace d'elle dans cette tenue ; pas plus que dans les autres du reste.
La veille, en prenant un five o'clock blood tea (la collation de cinq heures du matin), Graziella avait été invitée par Clémentine à participer à cette descente à Austerlitz.
- J'aime la chasse, disait la Brujah, son oeil pétillant d'une lueur de plaisir cruel. Certains ne la considèrent que comme une nécessité, un besoin, un moyen de réduire une surpopulation ou d'éliminer un criminel. Mais pourquoi se cacher que c'est pendant la traque même que nous prenons le plus de plaisir, et pas à nous voir récompensé pour avoir attrapé la proie ? J'aime humer la peur qui vient de la victime, et la sentir faiblir, puis céder pour de bon ; et l'écraser par la victoire. Mais vous, mademoiselle de Valori, sans doute ne connaissez-vous pas ce plaisir -encore que je sois sûr que vous en éprouvez pour d'autres choses ; vous êtes une infant de Caïn vous aussi, après tout...
- Vous avez raison, Clémentine. Mon terrain de chasse se situe plutôt dans les cours et les palais. Si vous voulez, puisque vous allez m'initier à la chasse, un jour je vous emménerai dans les palais du Louvre, et je vous montrerai comment on peut semer des rumeurs assassines et voir sa victime tomber à genou, desespérée.
Et les deux femmes s'étaient quittées sur cette impression, fugitive, d'être de grandes amies.
Loren vissa le silencieux sur son pistolet, tandis que Clémentine et Olaf, à quelques pas de distance, se toisaient du coin de l'oeil. Il y avait vraisemblablement une quinzaine de 14e ou 15e générations dans la gare ou sur les voies, autant dire que la compétition allait être serrée entre la Brujah et le Gangrel, et la traque d'autant plus impitoyable.
Quelques goules, habillées comme des policiers en civil (un uniforme comme un autre, plutôt reconnaissable), se postèrent aux entrées de la gare. Elles devaient expliquer aux gens qu'une petite opération de maintien de l'ordre allait avoir lieu, pour trouver un colis suspect et mettre la main sur quelques clandestins. L'autre but était d'empêcher tout Sang-Clair de ressortir.
Les quatre Camaristes se dirigèrent vers les voies, puis allèrent au bout d'un quai. Il faisait nuit, et les nuages couvraient la lune. Des trains hurlaient dans le lointain, et d'autres meuglaient en s'arrêtant, comme des bestiaux fatigués par un long voyage. Toutes les mécaniques grinçaient et grondaient, pendant que les derniers passagers de la nuit s'en repartaient chez eux ou vers un hôtel.
Clémentine et Olaf sautèrent sur les rails d'un bond prodigieux, puis se mirent à courir, à mi-chemin de l'homme et de l'animal. Loren suivit Olaf de loin, et Graziella, Clémentine.
Des premiers cris de terreur se firent entendre quand Olaf dénicha plusieurs petits "14e", cachés sous un wagon. Les Sang-Clairs virent le sourire carnassier du Gangrel, qui plongea les griffes les premières sous le wagon. Deux eurent la gorge déchiquetée aussitôt ; deux parvirent à s'échapper, mais Olaf bondit sur eux, et leur coupa la colonne vertébrale avant de les décapiter. De son côté, Clémentine avait flairé une autre niche, dans un hangar désaffecté. Elle se précipita à l'intérieur. Ses coups de feu claquèrent, étouffés par le silencieux. De petites formes s'écrasèrent au sol, en couinant de terreur, avant de recevoir plusieurs balles dans la tête.

Loren marchait dans cette zone incertaine, au milieu d'une dizaine de voies de chemins de fers et de rames à l'abandon. Il espérait dénicher quelques-uns de ces vampires au sang tellement dilué qu'ils étaient presque humains, et qu'ils devenaient une menace pour la Mascarade.
Son attention fut saisie par une forme noire, gélatineuse, qui passa à quelques mètres de lui, et disparut derrière un hangar d'ouvriers. Loren courut derrière, pistolet à la main. Il braqua son arme en tous sens, et vit la forme noire s'échapper de nouveau. Elle était maintenant plus épaisse, et plus brumeuse. Elle plongea sous une citerne.
- Halte là ! arrêtez-vous !
Loren tira deux coups de feu, puis contourna un wagon, pour surprendre la créature. Il vit l'épais brouillard filer plus vite que le vent, à trvars les voies ferrées, entre des usines en ruines. Le Ventrue courut ventre à terre à sa poursuite, accomplissant une véritable course d'obstacles, pistolet à la main, sur près de deux cent mètres. La chose obscure remonta brusquement un muret, puis le long d'un grillage et partit dans la rue, de l'autre côté. Loren perdit du temps à arracher le grillage. Sa course le mena dans un quartier résidentiel. Un couple de retraités avait eu le malheur de passer par là : madame était partie dans les pommes, soutenue par monsieur son époux. Il était blanc de peur.
Il vit arriver un homme habillé comme un policier de commando :
- Par là, monsieur l'agent ! un être horrible ! il a failli égorger ma femme !
Loren reprit sa course, et au bout de quelques rues, vit une silhouette vaguement humanoïde qui essayait de s'enfuit. La créature de l'obscurité fit face. Loren sortit aussitôt son couteau et se précipita sur son ennemi. La terrible lame, qui avait déjà saigné à blanc les lupins de la tour chinoise, trancha la gorge du monstre.
Il s'écroula à terre, et reprit sa forme d'origine : un Caïnite ayant l'apparence d'un humain de quarante ans, habillé d'un manteau en cuir et de grosses bottes renforcées. Loren se dépêcha de le trainer en contrebas d'un talus, près d'une voie ferrée envahie par les mauvaises herbes et les ronces.
- Qui es-tu, qui t'a envoyé ?
Loren tenait son couteau sur la gorge du type.
Il ne fit pas trop de difficultés à parler. Il appartenait au clan Lasombra, et avait été envoyé par Alfredo, "l'archévêque" d'Alsace, celui-là même que Loren avait rencontré à Lognes. Le Lasombra en question venait semer la terreur du côté de la gare d'Austerlitz. Les membres du Sabbat avait entendu parler de Shrek, et ne comprenaient pas qui était cette créature qui créait plus de panique qu'eux. Le Lasombra se vidait de son sang, et usa ses dernières forces à exhorter Loren à renoncer à l'hypocrisie de l'humanité : il était un vampire, il devait créer la terreur autour de lui pour asservir ses ennemis, et les humains en premier chef.
Loren, surpris, comprit que Shrek n'était certainement pas une créature du Sabbat. Il n'écouta pas plus les élucubrations du serviteur d'Alfredo. Graziella venait d'arriver ; elle avait entendu le plus important, et fit signe qu'elle ne voulait pas poser plus de questions.
Le Ventrue acheva le Lasombra d'un coup sec et précis. Peu après, les goules arrivaient pour s'occuper de faire disparaître le corps. Graziella avait croisé le couple de petits vieux, et les avait hypnotiquement convaincus qu'il s'agissait d'un tournage et que la créature n'était qu'un effet spécial.
La Mascarade avait encore eu chaud cette nuit-là.
Loren rangea son couteau et invita Graziella à profiter de sa voiture pour rentrer. La chasse avait été bonne : Clémentine et Olaf avaient abattu chacun quatre Sang-Clair.
- Ce n'est pas encore assez, dit l'adjoint à la sécurité des Tours, en montant dans la limousine. Nous organiserons une autre battue, et il en faudra alors le même nombre.
- Ce sera un plaisir, Sire Loren, dit Clémentine, encore brûlante de l'excitation du combat.
L'infant de Loren déposa Graziella quai de Bercy, puis rentra avec son maître dans leur repaire.
- James, vous allez me contacter dame Yvonne. Dites-lui que je dois lui parler, et que c'est extrêmement urgent, et dans son intérêt. Le temps que je me change, et nous partons la voir.
- Bien, Sire.
A suivre...
Le lendemain soir, Loren, Olaf et Clémentine se retrouvèrent devant le jardin des plantes. Graziella était aussi de la partie. Pour l'occasion, elle avait troqué ses tailleurs noirs pour des habits streetwear : collant, veste de jogging, baskets de femme d'affaires new-yorkaise, bandeau de tennis.


La veille, en prenant un five o'clock blood tea (la collation de cinq heures du matin), Graziella avait été invitée par Clémentine à participer à cette descente à Austerlitz.
- J'aime la chasse, disait la Brujah, son oeil pétillant d'une lueur de plaisir cruel. Certains ne la considèrent que comme une nécessité, un besoin, un moyen de réduire une surpopulation ou d'éliminer un criminel. Mais pourquoi se cacher que c'est pendant la traque même que nous prenons le plus de plaisir, et pas à nous voir récompensé pour avoir attrapé la proie ? J'aime humer la peur qui vient de la victime, et la sentir faiblir, puis céder pour de bon ; et l'écraser par la victoire. Mais vous, mademoiselle de Valori, sans doute ne connaissez-vous pas ce plaisir -encore que je sois sûr que vous en éprouvez pour d'autres choses ; vous êtes une infant de Caïn vous aussi, après tout...
- Vous avez raison, Clémentine. Mon terrain de chasse se situe plutôt dans les cours et les palais. Si vous voulez, puisque vous allez m'initier à la chasse, un jour je vous emménerai dans les palais du Louvre, et je vous montrerai comment on peut semer des rumeurs assassines et voir sa victime tomber à genou, desespérée.
Et les deux femmes s'étaient quittées sur cette impression, fugitive, d'être de grandes amies.

Loren vissa le silencieux sur son pistolet, tandis que Clémentine et Olaf, à quelques pas de distance, se toisaient du coin de l'oeil. Il y avait vraisemblablement une quinzaine de 14e ou 15e générations dans la gare ou sur les voies, autant dire que la compétition allait être serrée entre la Brujah et le Gangrel, et la traque d'autant plus impitoyable.
Quelques goules, habillées comme des policiers en civil (un uniforme comme un autre, plutôt reconnaissable), se postèrent aux entrées de la gare. Elles devaient expliquer aux gens qu'une petite opération de maintien de l'ordre allait avoir lieu, pour trouver un colis suspect et mettre la main sur quelques clandestins. L'autre but était d'empêcher tout Sang-Clair de ressortir.
Les quatre Camaristes se dirigèrent vers les voies, puis allèrent au bout d'un quai. Il faisait nuit, et les nuages couvraient la lune. Des trains hurlaient dans le lointain, et d'autres meuglaient en s'arrêtant, comme des bestiaux fatigués par un long voyage. Toutes les mécaniques grinçaient et grondaient, pendant que les derniers passagers de la nuit s'en repartaient chez eux ou vers un hôtel.
Clémentine et Olaf sautèrent sur les rails d'un bond prodigieux, puis se mirent à courir, à mi-chemin de l'homme et de l'animal. Loren suivit Olaf de loin, et Graziella, Clémentine.
Des premiers cris de terreur se firent entendre quand Olaf dénicha plusieurs petits "14e", cachés sous un wagon. Les Sang-Clairs virent le sourire carnassier du Gangrel, qui plongea les griffes les premières sous le wagon. Deux eurent la gorge déchiquetée aussitôt ; deux parvirent à s'échapper, mais Olaf bondit sur eux, et leur coupa la colonne vertébrale avant de les décapiter. De son côté, Clémentine avait flairé une autre niche, dans un hangar désaffecté. Elle se précipita à l'intérieur. Ses coups de feu claquèrent, étouffés par le silencieux. De petites formes s'écrasèrent au sol, en couinant de terreur, avant de recevoir plusieurs balles dans la tête.

Loren marchait dans cette zone incertaine, au milieu d'une dizaine de voies de chemins de fers et de rames à l'abandon. Il espérait dénicher quelques-uns de ces vampires au sang tellement dilué qu'ils étaient presque humains, et qu'ils devenaient une menace pour la Mascarade.
Son attention fut saisie par une forme noire, gélatineuse, qui passa à quelques mètres de lui, et disparut derrière un hangar d'ouvriers. Loren courut derrière, pistolet à la main. Il braqua son arme en tous sens, et vit la forme noire s'échapper de nouveau. Elle était maintenant plus épaisse, et plus brumeuse. Elle plongea sous une citerne.
- Halte là ! arrêtez-vous !
Loren tira deux coups de feu, puis contourna un wagon, pour surprendre la créature. Il vit l'épais brouillard filer plus vite que le vent, à trvars les voies ferrées, entre des usines en ruines. Le Ventrue courut ventre à terre à sa poursuite, accomplissant une véritable course d'obstacles, pistolet à la main, sur près de deux cent mètres. La chose obscure remonta brusquement un muret, puis le long d'un grillage et partit dans la rue, de l'autre côté. Loren perdit du temps à arracher le grillage. Sa course le mena dans un quartier résidentiel. Un couple de retraités avait eu le malheur de passer par là : madame était partie dans les pommes, soutenue par monsieur son époux. Il était blanc de peur.
Il vit arriver un homme habillé comme un policier de commando :
- Par là, monsieur l'agent ! un être horrible ! il a failli égorger ma femme !
Loren reprit sa course, et au bout de quelques rues, vit une silhouette vaguement humanoïde qui essayait de s'enfuit. La créature de l'obscurité fit face. Loren sortit aussitôt son couteau et se précipita sur son ennemi. La terrible lame, qui avait déjà saigné à blanc les lupins de la tour chinoise, trancha la gorge du monstre.
Il s'écroula à terre, et reprit sa forme d'origine : un Caïnite ayant l'apparence d'un humain de quarante ans, habillé d'un manteau en cuir et de grosses bottes renforcées. Loren se dépêcha de le trainer en contrebas d'un talus, près d'une voie ferrée envahie par les mauvaises herbes et les ronces.
- Qui es-tu, qui t'a envoyé ?
Loren tenait son couteau sur la gorge du type.
Il ne fit pas trop de difficultés à parler. Il appartenait au clan Lasombra, et avait été envoyé par Alfredo, "l'archévêque" d'Alsace, celui-là même que Loren avait rencontré à Lognes. Le Lasombra en question venait semer la terreur du côté de la gare d'Austerlitz. Les membres du Sabbat avait entendu parler de Shrek, et ne comprenaient pas qui était cette créature qui créait plus de panique qu'eux. Le Lasombra se vidait de son sang, et usa ses dernières forces à exhorter Loren à renoncer à l'hypocrisie de l'humanité : il était un vampire, il devait créer la terreur autour de lui pour asservir ses ennemis, et les humains en premier chef.
Loren, surpris, comprit que Shrek n'était certainement pas une créature du Sabbat. Il n'écouta pas plus les élucubrations du serviteur d'Alfredo. Graziella venait d'arriver ; elle avait entendu le plus important, et fit signe qu'elle ne voulait pas poser plus de questions.
Le Ventrue acheva le Lasombra d'un coup sec et précis. Peu après, les goules arrivaient pour s'occuper de faire disparaître le corps. Graziella avait croisé le couple de petits vieux, et les avait hypnotiquement convaincus qu'il s'agissait d'un tournage et que la créature n'était qu'un effet spécial.
La Mascarade avait encore eu chaud cette nuit-là.
Loren rangea son couteau et invita Graziella à profiter de sa voiture pour rentrer. La chasse avait été bonne : Clémentine et Olaf avaient abattu chacun quatre Sang-Clair.
- Ce n'est pas encore assez, dit l'adjoint à la sécurité des Tours, en montant dans la limousine. Nous organiserons une autre battue, et il en faudra alors le même nombre.
- Ce sera un plaisir, Sire Loren, dit Clémentine, encore brûlante de l'excitation du combat.
L'infant de Loren déposa Graziella quai de Bercy, puis rentra avec son maître dans leur repaire.
- James, vous allez me contacter dame Yvonne. Dites-lui que je dois lui parler, et que c'est extrêmement urgent, et dans son intérêt. Le temps que je me change, et nous partons la voir.
- Bien, Sire.
A suivre...
