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^Tales of the Scud^ - Episode III : K.O.A.N.E.
#29
^Tales of the Scud^

Une fois encore, Gondwana -toute de jungle, d'eau, de rivière, terres et mers mélangées, grasse comme une éponge, suintant ses tribus dont les tambours battaient d'un hémisphère à l'autre et répondait aux trépidations des courants sous-marins et des mers de laves qui grondaient sous la mince couche du manteau. S'enfoncer dans ses profondeurs, comme le faisaient maintenant Kyrian Tel et la Garde Républicaine, c'était pénétrer dans une des plus denses végétations de l'univers, dans le labyrinthe de la Nature -comme Coruscant était le labyrinthe de la Ville. Le couvert végétal frissonnait de vies intenses, contradictoires, invisibles et surprenantes, autant de mystères rôdant dans les ombres, quelque part entre les fleuves, les marais boueux, les étendues spongieuses, les villages lacustres et les vallées oubliées, continents perdus, forêts vierges impénétrables.

Les hommes de Bellerophon étaient assis dans les barges, résignés, interdits. Personne ne savait quoi dire ; eux qui furent les gloires de Coruscant étaient maintenant traqués, chassés, rejetés au bout de l'univers. El Daoud n'était plus là. Kyrian Tel l'avait laissé partir. Bellerophon ne faisait aucun commentaire à ce sujet, ni en bien ni en mal.
- C'est votre élève, Tel. A vous de choisir.
El Daoud, blessé sur Riemann, se tordait de douleur depuis deux jours -depuis le début du voyage hyperspatial. On avait craint sur sa vie, d'autant que les moyens de le soigner à bord étaient limités. Enfin, après 50h de souffrance, il avait appelé son Maître. Il suait abondamment :
- Maître, c'est la Salamandre... La blessure, j'en aurais déjà guéri... Mais la Salamandre m'appelle. Pour lui échapper, j'ai dû passer un pacte avec elle. Je dois revenir à elle, devenir son prisonnier, sans quoi elle me tuera pour de bon. Je dois partir, Maître.
- Quel bien cela t'apporterait de revenir à la Salamandre ?
Le ton de Kyrian avait été cassant. Le moment était-il arrivé où Farrell le Salamandre allait révéler sa traîtrise ? Mais non, ce n'était plus possible. Il était El Daoud le Jedi maintenant -il ne pouvait plus trahir ainsi. Et Kyrian s'en voulut d'avoir douté de son élève.
- Maître, maître...
Il suppliait, gémissait, il pleurait presque, déchiré de devoir demander.
- Je reviendrai. Je vous trouverai sur Gondwana. Je vous jure que je reviendrai, maître... Vous qui m'avez sauvé, vous qui m'avez appris à être chevalier... je reviendrai.
Personne, dans l'espace exigu de la barge, n'avait pu ignoré le drame qui se jouait. Le capitaine Bellerophon était venu voir, trouvant Kyrian Tel sombre, desespéré : sachant déjà bien la décision qu'il allait prendre, sans arriver encore à s'y résoudre. Le capitaine s'était tourné vers son second, le lieutenant Barkan, comme s'il avait à lui demander conseil. Mais Barkan n'avait pas de conseil à donner et avait pour ainsi dire signifié à Bellerophon qu'il ne pouvait rien ajouter à ce sujet...

On avait donné à El Daoud un chasseur contenu dans la soute. Il avait dit adieu. Il souffrait encore et n'éprouvait aucune joie à partir. Kyrian Tel se demanda même s'il arriverait vivant au temple de la Salamandre. Il rit ensuite d'avoir pensé cela, car au fond, il ne savait même pas lui, combien de temps il resterait encore en vie.

Pendant que la jungle de Gondwana apparaissait, dans la brume évanouissante du matin, Kyrian sentait une respiration continue, profonde, souffrante elle aussi : était-ce la jungle, ou bien son seigneur -Thembee ?
Le chevalier Sadubal avait ressenti la mort de son maître, c'était certain. Dans quel état pouvait-il être à présent ? L'inquiétude de Kyrian Tel redoublait. Dans ces profondeurs, dans cet enchevêtrement plein de traîtrise, on ne sait trop ni qui vit ni qui meurt...

- Nous allons pénétrer dans la jungle, c'est la seule manière d'échapper à nos probables poursuivants.
L'annonce de Bellerophon ne manquait pas de piquant : Kyrian Tel sentait que c'était le commandant McRye en personne qui approchait, pour donner la chasse. Les trois barges rasèrent au plus près les hauteurs des frondaisons, s'enfonçant étage par étage de végétation, dès qu'elles trouvaient une percée vers le sol. Kyrian les avait guidés au mieux pour qu'ils retrouvent Thembee au plus vite.
Ils étaient très loin du grand palais de la planète. Ils arrivaient dans une région dont le chevalier Sadubal n'avait jamais fait aucune référence. A ce moment-là, Kyrian savait déjà très clairement que Vosta Fangu s'était réveillé et qu'un malheur était arrivé. Il ne pouvait sûrement pas en être autrement.

Ils trouvèrent à se poser dans une clairière, au milieu des sombres épaisseurs humides de la forêt. Des milliers d'animaux devaient pouvoir les observer en ce moment, tapis dans les hauteurs. Le lieutenant Barkan se hâta d'organiser le camouflage des vaisseaux, pendant que Bellerophon et Kyrian Tel organisaient la suite de cette bien étrange expédition...

ayame

Les trois chasseurs ARC170 arrivèrent en vue de la planète de jungle du système Panga. Froid, méthodique, McRye transmit des ordres à ses subordonnées :
- Observation planétaire précise. Balayez d'abord toute la surface et faites un rapport toutes les dix minutes. Ensuite, recherche d'activités électroniques. Nous descendrons vers les couches hautes de l'atmosphère ensuite.
- Bien reçu, commandant. Commençons balayage radar.

Voilà que la Garde Républicaine et les Jedi se trouvaient dans cette enfer de jungle. Sans compter le chevalier Sadubal. Un de plus à prendre en compte. McRye savait que la partie n'allait pas être facile. La flotte pouvait être ici rapidement mais le commandant préférait pour le moment régler ça lui-même. En dernier recours, il pouvait passer la planète au défoliant, mais même alors, il n'était pas sûr de retrouver les Jedi...
Pendant plusieurs heures, les troopers passèrent au crible la surface de Gondwana, sans rien trouver de probant. McRye ignorait s'il devait s'en réjouir ou pas. Mais il avait des ordres à exécuter : les galons de commandant voulaient signifiaient cela, désormais.

ayame

Le périple des républicains dura plus d'une journée, à travers les épaisseurs infinies, entrelacées, vivantes, souples, spongieuses de la jungle. Marchaient-ils sur un îlot, une ile, près d'une rivière ou juste au-dessus d'un fleuve souterrain ? Etaient-ils bien à l'air libre ou s'étaient-ils enfoncés peu à peu, insensiblement, dans une nature sous la nature, dans une clairière sous les obscurités de la surface ? De clartés en ténèbres, ils sentaient miroiter le jour, à travers les épaisseurs pourrissantes et croissantes de Gondwana.
Le son des tambours se rapprocher. Après être ressorti encore une fois de grottes humides, au partage des eaux et des lentilles en suspension, ils arrivèrent au bord du village. Des huttes sur la rive, prolongées par un petit quai et une cité sur le fleuve. Au centre, une grande construction en bambous, admirée avec ferveur, répugnance et admiration par les jeunes du village.
Attaché à l'horizontale, des bambous taillés en biseau poussant sous lui, menaçant de l'empaler d'ici quelques heures -était Thembee. A peine vêtu, la barbe hirsute, une jambe vilainement blessée, inconscient, les muscles raidis. Son corps puissant, qui déjà faiblissait imperceptiblement, fascinait le village. On n'osait pas s'approcher d'un demi-dieu qui agonise...
Furieux, Kyrian fit jaillir son sabre et avança résolument, pendant que la Garde de Bellerophon se déployait autour du village. Sans cris ni fureurs, le village se trouva cerné. Les habitants étaient muets, de stupeur et d'admiration. Kyrian les surveillait du coin de l'oeil : aucun ne fit le geste de protester quand le Maître Jedi trancha les bambous biseautés, puis libéra le chevalier Sadubal. Aidé de deux soldats, Kyrian l'allongea à terre. Sa jambe droite empestait la gangrène. L'odeur de la jungle était naturellement déjà forte mais là, ça en devenait intenable. Il gémissait, était agité de soubresauts nerveux, plutôt de l'ordre du réflexe.
Le Major de la Garde s'approcha et ordonna qu'on emmène le chevalier dans une hutte, où il verrait ce qu'il était possible de faire pour le soigner.

ayame

Le Major avait ordonné qu'on le laisse seul mais il ne fit pas durer le suspens : il ressortit en hochant la tête.
- Il va devoir perdre sa jambe, ou la vie.
On entendit le blessé gémir, appeler Kyrian Tel.
- J'ai entendu, Kyrian... j'ai entendu. Ma jambe ou la vie...
Au dehors, les indigènes voulaient s'approcher, toucher un peu du demi-dieu sauvé miraculeusement, capter de la puissance qu'il dégageait, de cette souffrance accumulée par la torture.
- Ca va, Kyrian... Si tu es revenu ici, alors, fais-le pour moi.
Sadubal avait sorti son sabre et le tendait à Kyrian. Le Maître Jedi le prit, inspira en même temps que son ami et trancha d'un coup sec le membre gangréné. Sadubal avait hurlé et s'était évanoui.
En ressortant, dans l'air épais du soir, Kyrian vit les villageois reculer, de terreur. Cette homme à l'arme comme la foudre avait fait hurler d'une douleur abominable leur idole à tous. Ils étaient terrorisés : ces hommes venus des profondeurs de la jungle allaient-ils prendre en main le destin du village, quitte à ce que cela passe par leur sacrifice ?

- Le sabrelaser cautérise tout de suite la plaie, disait le Major. Mes hommes vont s'occuper de lui administrer du bacta, pour l'aider à supporter le choc. C'était la seule chose à faire, Maître Tel.
- Je le sais bien, je le sais bien...
- Il va lui falloir plusieurs jours pour se remettre. Même pour un Jedi, il a trop subi. Qui sait depuis combien de temps il était attaché là, avec ces stupides sauvages, qui s'imaginent que sa douleur est divine et qui auraient pu le détacher ! mais non ! ils l'observaient, en adoration devant un lieu sacré ! Où sommes-nous tombés ?
- Major, interrompit Bellerophon, calmez-vous. Nos nerfs sont à bout, mais nous allons prendre une bonne journée pour réfléchir à la suite. Nous avons besoin de repos, tous autant que nous sommes.
- Pas moi, lâcha Kyrian. Je repars dès la prochaine aube. J'ai une mission à accomplir. Je sais où je dois aller, qui je dois rencontrer là-bas.
- Où allez-vous ?
- Vers le grand volcan de Gondwana. J'y suis déjà venu. Je connais les lieux.

Bellerophon n'insista pas car le Maître Jedi était fermement résolu. Après une bien courte nuit, ils le regardèrent partir seul, la rage -et aussi inévitablement la peur -au ventre.
- Kyrian, Kyrian, avait murmuré Sadubal... Il s'est réveillé... Il n'était plus lui-même : il voulait me soumettre, faire de moi son élève. J'ai refusé. Maintenant, il vit sous le grand volcan...
Tel avait hoché la tête, sombre. Il comprenait trop bien. La planète qui aurait pu devenir un asile pour les Jedi devenait leur glissant purgatoire vers l'enfer du côté obscur...

A suivre... ayame
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^Tales of the Scud^ - Episode III : K.O.A.N.E. - by Darth Nico - 17-10-2005, 12:06 AM

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