21-11-2005, 11:53 PM
(This post was last modified: 22-11-2005, 12:34 AM by Darth Nico.)
Vampire 2006 - #6
Derrière le parc des Buttes-Chaumont se trouvaient les demeures de vieilles familles aristocratiques, qui n'avaient rien à prouver à personne et tenaient à leur petit quant à soi, loin des vulgarités de l'agitation festive parisienne.
C'est le long de ces demeures que François Loren passait. Arrivé à la grille du manoir de Pompignan, il sonna. Une goule vint lui ouvrir, après l'avoir dûment reconnu.
Lui qui avait commencé comme reporter après guerre, au Moyen Orient, avant d'être étreint par Sire Ibn-Azul, sentait le métèque, pour ce monde-là qui avait bâti une partie de sa fortune en faisant "suer le burnous". Il sentait le sable du désert et maintenant, il ajoutait à ça ses fréquentations des Kuei-Jin. Bref, François Loren était un Arabe, un Chinois, un aventurier, usurpateur de la place de Primogène, relégué à maintenir l'ordre dans le Bourg le plus mal civilisé de Paris ; il n'arrangeait rien, au contraire, en n'étant classé dans aucune des trois branches (Parvenus - Protestants - Laurentides) de la Famille. Par dessus le marché, il avait pris une part décisive à la période la Régence, période détestée par les coteries Légitimistes, dont le maître à penser était de Pompignan. Enfin, on le jalousait mortellement d'être dauphin de Paris -l'infant du premier Prince de Paris depuis six siècles, un Arabe !
Et c'est donc ce Caïnite trois ou quatre, ou cinq fois !, détestable qui passait la grille de la très respectable demeure. L'hiver blanchissait les toits et gelait les pelouses. Le temps était suspendu, encore plus qu'à l'habitude, figé dans une image hors du temps -toutes des vieilles pierres recouvertes de lierre qui abritent de grands seigneurs méprisants, aux portes de la Cour.
En entrant dans le manoir, sur le sol carrelé, au pied du grand escalier en marbre gris, qui se séparait en deux branches après un palier, Loren ne put s'empêcher d'être frappé par la puissance qui se dégageait des lieux. Rien de commun entre ce monde et celui du béton, de la spéculation immobilière des Tours.
Il fut accueilli par Viviane de Pompignan, une descendante de Pierre-Emmanuel. Etreinte à l'âge de quarante ans, elle gardait l'air guindé qu'elle avait acquis lors de ses études aux Oiseaux, puis pendant ses années d'enseignement, rue Saint-Guillaume.
Loren jubilait intérieurement. Quel plaisir d'arriver en mettant les pieds dans le plat !
- Bonjour, dame Viviane. Je me permets de vous déranger car je suis à la recherche d'une personne importante. Si je ne me trompe pas, elle doit se trouver ici. Je veux parler de Béatrice l'Angou.
Viviane se rengorgea.
- Oui, je vois... Cependant, dame l'Angou n'est pas disponible pour le moment. Je vais devoir vous faire attendre.
- Ca ne fait rien, j'ai tout mon temps.
Loren fut introduit dans un petit salon bibliothèque. Viviane le fit asseoir et le laissa là, une coupe de sang à la main, parmi les meubles et les livres.
Le Ventrue était dans la place. Maintenant qu'il s'était incrusté, il allait être difficile de le faire partir. Il contacta James, qui attendait au dehors dans la limousine, pour le mettre au courant de la situation.
Il reçut un appel de Clémentine Brujah, assistante au maintien de l'ordre de Satomé.
- Bonsoir sire Loren. Je tenais à vous signaler que la Patronne m'a également mis sur la piste de Béatrice l'Angou.
- Je l'aurai sans doute bientôt trouver.
- Tant mieux. En ce moment, croyez-moi que Satomé est à cran : cette infraction dans l'hôtel de Bagnolet l'a mis dans une fureur pas croyable. Sergio est venu m'interroger : il a embarqué Moncrieff, pas très content que je ne lui en est rien dit. Je ne sais pas ce qu'il en est de Nathalie, qui a dormi chez de Valori.
- Sergio est suractif en ce moment. Il a dû recevoir des ordres de très haut.
- A part ça, l'attaque des gars du Sabbat a fait le ménage dans les Tours : ne vous préoccupez plus de problèmes de surpopulation dûe aux Sang-Clairs. Ils ont été vidés par nos amis Tzymisce. On va pouvoir respirer plus tranquillement à Paris.
- C'est un mal pour un bien, oui...
Loren n'arrivait pas à se faire à la propension malsaine de Clémentine à se réjouir dans le macabre. Lui voyait les choses de façon pragmatique : si le Sabbat avait réglé le compte des Sang-Clair, tant mieux, mais on allait pas non plus s'en réjouir.
Remise de ses émotions, Graziella décida de repartir du bon pied :
- Ne perdons plus de temps, Camille. Nous devons trouver l'Angou avant le lever du soleil.
Elle décida d'oublier pour le moment Camille le Kyasid et faire comme si elle avait affaire, comme à l'habitude, à Camille le Lasombra. Ce dernier prit le volant, démarra et dit :
- Où allons-nous ?
Silence. Graziella ne savait pas par où commencer.
- Il faut que je vous dise, toussota Camille, que je sais deux ou trois choses personnelles sur Béatrice.
- Tiens donc, je suis certaine que ceci va nous aider.
- Hé bien, Béatrice a une personnalité compliquée, voire même conflictuelle. C'est d'abord une personne très pieuse. Si, je vous assure. Ne riez pas. Elle est même dévote, à ses heures. Elle appartient à une sorte de culte dérivé du catholicisme, très exigeant. Elle prie beaucoup la Sainte-Vierge. A côté de cela, elle fréquente des cercles du Sabbat à Montréal, il ne faut pas se le cacher. Bon, mais le vrai problème vient d'ailleurs...
- Vous ne pensez pas que fréquenter le Sabbat est en soi un problème ?
- Si, si, évidemment...
- Dès fois, je me demande de quel côté vous êtes, Camille.
- Je n'ai jamais fréquenté le Sabbat, Graziella ! Quand j'habitais à Strasbourg, j'avoue que l'Angou a essayé de m'entraîner dans ses soirées ; elle a voulu me faire rencontrer l'Archeveque Alfredo. J'ai refusé tout net. D'ailleurs, même elle a choisi le parti de la Camarilla en nous prévenant de l'attaque du Sabbat.
- Oui...
Graziella n'était pas convaincue.
- Quel est le problème alors ?
- Le problème, toussota Camille, c'est que malgré (ou à cause de) sa dévotion, elle a des crises de... eh bien oui de nymphomanie, appelons un chat un chat. Elle... elle... a besoin...
- Oui, je vois, soupira Graziella. Et vous pensez qu'à l'heure actuelle ?....
- Ce genre de crise survient après un choc émotionnel violent, expliqua doctement Camille. Et à vrai dire, une attaque du Sabbat peut constituer-
- Où se trouve t-elle ?
- Ma foi, là où elle peut rencontrer des gens pour des passes d'une nuit ou moins...
- Entendu. Alors allons à Pigalle.
Graziella repensa à une de ses répliques, la veille quand le gros Sergio la cuisinait. Il l'interrogeait sur son entourage :
- Quelles sont vos relations avec Clémentine Brujah ?
- Purement sexuelles.
Le flic avait encaissé en grognant puis était passé à la question suivante.
Et maintenant, Graziella allait courir après une nymphomane... Elle avait peine à croire que l'Angou soit si catholique. De Valori pour sa part, gardait un attachement à l'Eglise de Rome
et bien que Béatrice eût le mérite d'être plutôt du côté de la Camarilla, son comportement était indigne d'une Lasombra catholique.
Camille essayait bien de lui faire croire qu'elle se repentait de ses travers mais manifestement, elle essayait plutôt de mener une double vie de pécheresse volontaire et de pseudo-repentie.
A suivre...
Derrière le parc des Buttes-Chaumont se trouvaient les demeures de vieilles familles aristocratiques, qui n'avaient rien à prouver à personne et tenaient à leur petit quant à soi, loin des vulgarités de l'agitation festive parisienne.

C'est le long de ces demeures que François Loren passait. Arrivé à la grille du manoir de Pompignan, il sonna. Une goule vint lui ouvrir, après l'avoir dûment reconnu.
Lui qui avait commencé comme reporter après guerre, au Moyen Orient, avant d'être étreint par Sire Ibn-Azul, sentait le métèque, pour ce monde-là qui avait bâti une partie de sa fortune en faisant "suer le burnous". Il sentait le sable du désert et maintenant, il ajoutait à ça ses fréquentations des Kuei-Jin. Bref, François Loren était un Arabe, un Chinois, un aventurier, usurpateur de la place de Primogène, relégué à maintenir l'ordre dans le Bourg le plus mal civilisé de Paris ; il n'arrangeait rien, au contraire, en n'étant classé dans aucune des trois branches (Parvenus - Protestants - Laurentides) de la Famille. Par dessus le marché, il avait pris une part décisive à la période la Régence, période détestée par les coteries Légitimistes, dont le maître à penser était de Pompignan. Enfin, on le jalousait mortellement d'être dauphin de Paris -l'infant du premier Prince de Paris depuis six siècles, un Arabe !
Et c'est donc ce Caïnite trois ou quatre, ou cinq fois !, détestable qui passait la grille de la très respectable demeure. L'hiver blanchissait les toits et gelait les pelouses. Le temps était suspendu, encore plus qu'à l'habitude, figé dans une image hors du temps -toutes des vieilles pierres recouvertes de lierre qui abritent de grands seigneurs méprisants, aux portes de la Cour.
En entrant dans le manoir, sur le sol carrelé, au pied du grand escalier en marbre gris, qui se séparait en deux branches après un palier, Loren ne put s'empêcher d'être frappé par la puissance qui se dégageait des lieux. Rien de commun entre ce monde et celui du béton, de la spéculation immobilière des Tours.
Il fut accueilli par Viviane de Pompignan, une descendante de Pierre-Emmanuel. Etreinte à l'âge de quarante ans, elle gardait l'air guindé qu'elle avait acquis lors de ses études aux Oiseaux, puis pendant ses années d'enseignement, rue Saint-Guillaume.
Loren jubilait intérieurement. Quel plaisir d'arriver en mettant les pieds dans le plat !

- Bonjour, dame Viviane. Je me permets de vous déranger car je suis à la recherche d'une personne importante. Si je ne me trompe pas, elle doit se trouver ici. Je veux parler de Béatrice l'Angou.
Viviane se rengorgea.
- Oui, je vois... Cependant, dame l'Angou n'est pas disponible pour le moment. Je vais devoir vous faire attendre.
- Ca ne fait rien, j'ai tout mon temps.
Loren fut introduit dans un petit salon bibliothèque. Viviane le fit asseoir et le laissa là, une coupe de sang à la main, parmi les meubles et les livres.
Le Ventrue était dans la place. Maintenant qu'il s'était incrusté, il allait être difficile de le faire partir. Il contacta James, qui attendait au dehors dans la limousine, pour le mettre au courant de la situation.
Il reçut un appel de Clémentine Brujah, assistante au maintien de l'ordre de Satomé.

- Bonsoir sire Loren. Je tenais à vous signaler que la Patronne m'a également mis sur la piste de Béatrice l'Angou.
- Je l'aurai sans doute bientôt trouver.
- Tant mieux. En ce moment, croyez-moi que Satomé est à cran : cette infraction dans l'hôtel de Bagnolet l'a mis dans une fureur pas croyable. Sergio est venu m'interroger : il a embarqué Moncrieff, pas très content que je ne lui en est rien dit. Je ne sais pas ce qu'il en est de Nathalie, qui a dormi chez de Valori.
- Sergio est suractif en ce moment. Il a dû recevoir des ordres de très haut.
- A part ça, l'attaque des gars du Sabbat a fait le ménage dans les Tours : ne vous préoccupez plus de problèmes de surpopulation dûe aux Sang-Clairs. Ils ont été vidés par nos amis Tzymisce. On va pouvoir respirer plus tranquillement à Paris.
- C'est un mal pour un bien, oui...
Loren n'arrivait pas à se faire à la propension malsaine de Clémentine à se réjouir dans le macabre. Lui voyait les choses de façon pragmatique : si le Sabbat avait réglé le compte des Sang-Clair, tant mieux, mais on allait pas non plus s'en réjouir.

Remise de ses émotions, Graziella décida de repartir du bon pied :
- Ne perdons plus de temps, Camille. Nous devons trouver l'Angou avant le lever du soleil.
Elle décida d'oublier pour le moment Camille le Kyasid et faire comme si elle avait affaire, comme à l'habitude, à Camille le Lasombra. Ce dernier prit le volant, démarra et dit :
- Où allons-nous ?
Silence. Graziella ne savait pas par où commencer.
- Il faut que je vous dise, toussota Camille, que je sais deux ou trois choses personnelles sur Béatrice.
- Tiens donc, je suis certaine que ceci va nous aider.
- Hé bien, Béatrice a une personnalité compliquée, voire même conflictuelle. C'est d'abord une personne très pieuse. Si, je vous assure. Ne riez pas. Elle est même dévote, à ses heures. Elle appartient à une sorte de culte dérivé du catholicisme, très exigeant. Elle prie beaucoup la Sainte-Vierge. A côté de cela, elle fréquente des cercles du Sabbat à Montréal, il ne faut pas se le cacher. Bon, mais le vrai problème vient d'ailleurs...
- Vous ne pensez pas que fréquenter le Sabbat est en soi un problème ?
- Si, si, évidemment...
- Dès fois, je me demande de quel côté vous êtes, Camille.
- Je n'ai jamais fréquenté le Sabbat, Graziella ! Quand j'habitais à Strasbourg, j'avoue que l'Angou a essayé de m'entraîner dans ses soirées ; elle a voulu me faire rencontrer l'Archeveque Alfredo. J'ai refusé tout net. D'ailleurs, même elle a choisi le parti de la Camarilla en nous prévenant de l'attaque du Sabbat.
- Oui...
Graziella n'était pas convaincue.
- Quel est le problème alors ?
- Le problème, toussota Camille, c'est que malgré (ou à cause de) sa dévotion, elle a des crises de... eh bien oui de nymphomanie, appelons un chat un chat. Elle... elle... a besoin...
- Oui, je vois, soupira Graziella. Et vous pensez qu'à l'heure actuelle ?....
- Ce genre de crise survient après un choc émotionnel violent, expliqua doctement Camille. Et à vrai dire, une attaque du Sabbat peut constituer-
- Où se trouve t-elle ?
- Ma foi, là où elle peut rencontrer des gens pour des passes d'une nuit ou moins...
- Entendu. Alors allons à Pigalle.
Graziella repensa à une de ses répliques, la veille quand le gros Sergio la cuisinait. Il l'interrogeait sur son entourage :
- Quelles sont vos relations avec Clémentine Brujah ?
- Purement sexuelles.
Le flic avait encaissé en grognant puis était passé à la question suivante.



A suivre...
