19-05-2007, 02:21 PM
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¤CRISTAL AGE¤
LA LEGENDE DE L'EPAVE DE LUMIERE
LA LEGENDE DE L'EPAVE DE LUMIERE
Une grande Cité en forme de pyramide circulaire se dressait sur Ossus.
C'est là que Sadim fut reçu. Les officiels étaient au courant de la venue de l'Inquisiteur. Leur roi s'apprêtait à l'accueillir dans son palais.
L'Empire faisait bien les choses, pour préparer la réception de ses dignitaires par les autochtones.
Accompagnée d'une Saa emmitoufflée dans un grand manteau, Sadim gravit la ville sous l'oeil curieux de la population, accompagné par le cortège des nobles et des notables de la Cité.
On arriva au sommet, au palais entouré de luxueux jardins. Sadim n'osait regarder si Saa appréciait les lieux. Il n'avait pas menti : le décor était superbe, la ville très riche et le domaine du palais enchanteur. Mais cela pourrait-elle la consoler d'avoir laissé son peuple sur Felucia ?
On fit entrer les deux invités dans les magnifiques jardins aux senteurs délicates et surprenantes, parmi des massifs de fleurs et des haies artistiquement taillées.
- Notre Roi s'apprête à vous recevoir, noble seigneur, dit le chef du protocole, mais il vous propose de vous promener dans les jardins, pour découvrir notre belle région.
Surpris, Sadim dit qu'il attendait impatiemment d'être reçu. C'était pourtant une belle occasion de passer un moment romantique avec la princesse, de recueillir ses premières impressions.
Mais dès qu'il eut mis le pied dans les jardins, Sadim sentit une menace peser sur lui. Le genre de choses qu'un Inquisiteur apprend à sentir -étant de ce point de vue sur un pied d'égalité avec les Rebelles, traqués en permanence.
Il serra la princesse plus fort contre lui. Ils arrivèrent sur une grande terrasse d'où on découvrait toute la vallée et les Cités éparpillées dans les montagnes sereines. Ils restèrent un moment à regarder le paysage et le grand lac où évoluaient quelques barques de nobles oisifs.
Sadim entendit alors des pas dans le gravier derrière lui.
Il se retourna et vit trois hommes portant l'uniforme de l'Empire. Avec des brassards l'Inquisition de Zegmor.
- Le reste du comité d'accueil, sourit Sadim.
La princesse trembla.
- Ne t'inquiète pas. Ces messieurs ont à me parler.
- Notre maître a entendu parler de toi, Sadim, dit l'un d'eux, un sinistre Trandoshéen. Il pense que quelque chose de louche se trame autour de toi. Sinon pourquoi t'aurait-on envoyé ici ? Nous souhaitons donc que tu reviennes avec nous sur Byss.
- Tu as d'ailleurs mis du temps à arriver ici, dit un second Inquisiteur. Où es-tu donc allé entre-temps ? Et où as-tu trouvé cette belle armure ? Et ce sabre ?
- Et enfin, il semble que tu aies avec toi une Neti. DarthZegmor sera intéressé de l'apprendre...
C'était la parole de trop.
Sadim s'avança, jetant son manteau à terre.
- Inutile de vous dire que vous pouvez retourner voir votre maitre pour lui d'aller se faire voir.
Il se mit en garde, la main sur le sabre.
Les autres reculèrent et dégainèrent leurs sabres.
- Je n'ai plus rien à vous dire, dit Sadim. Et maintenant que vous avez vu la princesse, vous êtes un danger pour moi.
Saa s'écarta.
Sadim fit craquer ses doigts et fixa les trois Inquisiteurs.
Le Trandoshéen ricana :
- Sadim se rebelle ! C'est vrai que tu passes pour un type posé. D'ailleurs, on ne t'a jamais vu te battre au sabre.
- Il n'a jamais passé pour une flèche au sabre-laser. C'est sans doute pour ça qu'on t'a toujours envoyé contre du menu fretin. Mais contre nous trois, tu n'as aucune chance.
- Allons avancez, dit Sadim, très calme, je ne vais pas vous dire de venir un par un...

Rayden se réveilla, courbaturé. La nuit n’avait pas été des plus confortables, à l’abri sous une fleur orangée géante, dans la jungle emplie de bruits inquiétants.
Sadim, déjà debout, scrutait le champ de plantes hautes de plus de quinze mètres qu’ils allaient devoir traverser.
- J’ai même préparé le repas, ajouta l’officier, pendant que Rayden se douchait en faisant tomber de l’eau accumulée sur une grande feuille de palmier.
Sadim avait mis à griller sur le feu des racines et divers baies.
- Mange pendant que c’est chaud.
Rayden tira les mets du feu, encore brûlants et en soufflant sur ses doigts, les avala en vitesse.
- C’est amer…
Il avait de la résine plein les doigts et continuait à souffler pour refroidir les aliments dans sa bouche.
- C’est plein de vitamines. Mais il faut savoir choisir les bons mets. Si on se trompe, on peut tomber sur des plantes mortelles. Et elles ressemblent de très près à celles qui sont comestibles.
Rayden faillit recracher.
Ils entamèrent leur marche à travers le dédale de plantes, dans un brouillard de plus en plus épais. Certaines plantes avaient un pistil fluorescent et ces lumières jaunâtres constituèrent bientôt les seuls points de repère dans cet espace flou, qui atténuait les sons et rendait les silhouettes plus menaçantes. C’était leur phare parmi les brumes de Felucia.
Rayden tenait son fusil à la main et scrutait ce monde grisâtre dans lequel le moindre bruit paraissait soudain proche, faute de pouvoir en estimer précisément la proximité.
Il fallut près d’une demi-journée pour passer cette plaine. Un grondement devenait de plus en plus distinct, de plus en plus sombre. La température fraîchissait. Après la montée raide une grande dune qui fermait la plaine, les deux soldats virent soudain devant eux une grande étendue d’eau incolore, noyée dans la brume, au point qu’on pouvait se demander si ce n’était pas un lac de nuages orageux.
- Nous ne sommes plus loin, maintenant, fit Sadim.
- Tant mieux.
- Il ne nous reste plus qu’à traverser cette mer.
- Quoi ?
- La mer polaire. L’île de Luleö est au large. Par beau temps, on l’apercevrait.
Rayden s’assit, découragé pendant que Sadim humait la brise marine. Dans la mer aussi poussaient les fleurs géantes, qui luisaient, phosphorescentes, s’agitant au rythme du lent ressac. Devant, une plage de sable noire, perpétuellement humide, une côte sauvage d’herbes folles. On entendait de gros mammifères marins s’ébrouer au bord de l’eau : toute une colonie alertée par l’arrivée des intrus.
Des oiseaux noir et blanc, aux ailes immenses, passaient au raz de l’eau, attrapaient un poisson puis retournaient sur leur nid, en haut des fleurs lumineuses.
Sadim descendit sur la plage, sous l’œil goguenard de Rayden, qui attendait de voir son supérieur engager une brasse coulée avec son armure. Mais le commandait, sans hésiter, avançait sur la plage et arrivait dans l’eau. Rayden entendit un clapotis et Sadim descendre peu à peu, en continuant à marcher, et s’enfoncer dans la purée de poix. Bientôt, il était devenu invisible.
- Merde, hé attendez !
Le caporal descendit la dune en courant, et la colonie de marsouins s’éloigna en glapissant, pendant que plusieurs oiseaux, dans un lourd battement d’ailes, décollaient. Rayden se retrouva seul, perdu entre la lande et la brume, sur cette plage noire.
- Oh, commandant !
Pas de réponse.
- Il ne s’est quand même pas noyé !
Rayden entra dans l’eau précipitamment, fusil en main. Il avança dans les éclaboussures, accéléra, appela encore le commandant, continua. Avec les gerbes qu’il soulevait, le brouillard, il ne savait jusqu’où l’eau lui montait vraiment !
Enfin, essoufflé, il s’arrêta. Il avait de l’eau jusqu’au ventre. Il avança encore.
Le terrain était relativement plat. Il avança d’une dizaine de mètres sans voir l’eau monter. Elle était peu profonde mais on y voyait goutte.
- Ho, commandant !
C’est comme si Rayden était soudain seul au monde. Le silence des lieux devenait sépulcral. Il avait beau crier, sa voix ne portait pas. Il continua sa marche, qui finit par lui rappeler les missions commando pour l’Empire : le sac tenu sur la tête, avec le fusil calé sur les bras, les macrojumelles sur le nez. Il y voyait vert, or, à gros points, l’amplificateur de lumière ne perçant qu’à peine la brume. Les silhouettes rouges des grands oiseaux et les silhouettes bleues des fleurs entre lesquels il évoluait.
- Ho, commandant !
Il le vit soudain, juste à côté de lui, agrippé en haut d’une des fleurs, scrutant l’horizon à la macrojumelle. Il se laissa descendre dans l’eau.
- De l’aventure, de l’action, de l’imprévu ! dit-il, c’est bien pour vivre ça que vous avez signé dans la Rébellion, caporal ?
- Je suis servi pour longtemps...
L’avancée continua, avec de l’eau au-dessus de la ceinture, dans l’eau tiède, dans le labyrinthe végétal. C’était plus qu’un marécage, mais moins qu’une mer. Des végétaux erraient à la surface des eaux et on se prenait facilement les pieds dans des taillis immergés. Pas un brin d’air, le calme plat, l’eau stagnante et la grisaille inquiétante, l’air tiède et des moustiques.
- Pour l’imprévu, on repassera ! Que de la saleté de jungle, sur terre et sur mer !
- Allons, c’est l’heure de la pause pique-nique. Choisissez-vous un perchoir parmi ceux-là. Vous pourrez cueillir des fruits comestibles.
- Je me ferais bien cuire un œuf de ces piafs-là… Même seulement m’en gober un !
- N’y pensez pas, caporal. Les arnoz-hiro de Felucia (c’est le nom des oiseaux) ont développé une relation de symbiose avec les felucia tropicalis marina (c’est le nom des plantes), de sorte que la plante vous attaquera si vous touchez aux nids.
- Une relation de symbiose ? comment ça ?... Ces plantes sont intelligentes ?
- Assez pour vous emprisonner dans une mâchoire dure comme l’acier, d’un coup et vous digérer lentement grâce à un acide des plus corrosifs.
- Saletés de nature en délire !
- Je pense que l’influence des Neti sur l’écosystème local n’est pas négligeable. Les Neti sont les spécialistes de la symbiose.
- Ils ont appris aux plantes à se défendre et à faire ami-ami avec vos piafs ?
- En quelque sorte. Du moins, ce n’était pas comme ça, il y a dix ans, quand j’ai accompagné les Neti au-delà de cette mer. Donc j'en déduis que les choses ont changé depuis.
- Saleté de mutations…
- C’est la Force, caporal. J’ajoute que les plantes peuvent émettre un gaz fluorescent, à l’odeur soufrée, des plus toxiques. Et si une plante s’y met, les autres seront solidaires. Donc en quelques minutes, c’est l’asphyxie assurée.
Les deux hommes avaient trouvé à s’asseoir en haut des fleurs. Rayden, pas rassuré pour ses fesses, s’était accroupi. Il avalait quelques fruits.
- Elles ne voient pas d’inconvénient à ce qu’on cueille sur elles, au moins ?
- Ne jetez pas vos déchets n’importe où…
- Saleté de niche écologique…
- Vous ai-je parler des poissons locaux, caporal ?
- Ils sont en symbiose avec les algues, je parie ?
- A peu près, oui.
- Je te mettrais tout ça au zoo municipal de Correlia, moi, tu verrais…
- Taisez-vous, les plantes vont finir par vous entendre.
Rayden s’allongea et s’adressa à sa plante :
- Ca va, tu veux bien de moi ? Tu te sens en symbiose là ?
- A mon avis non, sourit le commandant, mais elles ont appris à être tolérantes !
Le caporal fit un tour d’observation aux macros.
- Et la mer n’est pas plus profonde que ça ?
- Non, presque pas. Par contre, plus loin, les plantes ne poussent plus, donc pas d’étape possible.
Rayden soupira et trouva une position allongée à peu près confortable, appuyé sur les coudes. Sadim fit de même.
- On va attendre que la marée baisse un peu. On avancera d’autant plus facilement.
- Pas de refus…
La nuit allait être assez peu différente du jour, dans ces lieux voués à la grisaille et au flou.
- A propos, dit Rayden, comme si l'idée lui traversait la tête, la nuit dernière, vous en êtes resté au moment où les Inquisiteurs venaient vous reconduire sur Byss.
- Ah oui, dit Sadim, amusé que le caporal soit impatient de la suite. Ils étaient décidés à m’emmener.
- Qu’est-ce que vous avez fait ?
- Comme je vous ai raconté, caporal : j’ai refusé.
A suivre...
