Thread Rating:
  • 0 Vote(s) - 0 Average
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
26e Episode : Dharmic Blues
#12
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

C'était une belle fin d'après-midi, sur les jardins de la Cité du Repos Confiant, nimbés de la lumière déjà orangée du soleil. Les trois samuraï Grue marchaient, dans leurs kimonos aux couleurs argent et neige éclatantes.
- Je crois, disait Miya Katsu, que nous sommes bénis par les dieux pour cette journée, Toshimoko-sama, et que malgré la guerre, le soleil brille et brillera encore longtemps.
- Rien ne dure, répondit le Champion d'Emeraude, pas même les conflits. Et demain, l'Empire retrouvera sa gloire passée. Autrement, peut-être, mais l'Ordre Céleste perdurera.
Les trois hommes continuèrent leur promenade, en respirant les bosquets de fleurs que les jardiniers s'étaient hâtés de recomposer.
- Je crois, si je puis me permettre cette audace, avoir une suggestion à faire, dit Katsu-sama.
- Laquelle ? demanda le Champion.
- Elle concerne Kakita Hiruya. Depuis une bonne année, celui-ci a rejoint les rangs de la Magistrature d'Emeraude, et vous-mêmes, senseï, lui avez parlé le jour de son investiture.
- Je m'en souviens, oui...
- Il a fidélement servi l'Empereur, traquant sans relâche ses ennemis et défendant l'honneur partout où il en a eu l'occasion. Je crois que, plus que jamais, une telle droiture doit servir de modèle, à une époque où nos valeurs sont battues en brèche, et où certains sourient des contraintes de l'honneur, comme d'une chose du passé.
- Que suggérez-vous donc, Magistrat ?
- J'aimerais, s'il est possible, suggérer l'idée que Hiruya-san, étant donné ses talents de duelistes qui bientôt, j'en suis sûr, arriveront à la cheville des vôtres, que Hiruya-san, donc, puisse rejoindre cette école d'élite de la famille Kakita, famille qui, dans tout l'Empire...
- Vous voulez certainement parler de l'école Kenshinzen ?
- Oui, celle-ci même, senseï. Bien que je rougisse déjà de mon audace.
- L'école Kenshinzen, dit sentencieusement le Champion, est le groupe de samuraï d'élite auquel l'on apprend les techniques ultimes de duel au katana. Ces techniques sont réservées à la plus fine fleur des samuraï de l'Empire. Il y a autant de différence entre un Kenshinzen et un dueliste ordinaire qu'entre un dueliste Kakita et un samuraï ordinaire, Magistrat. Peut-être plus.
"Entrer parmi les Kenshinzen, c'est rejoindre un véritable mythe. Entrer dans la légende des plus grands bretteurs de mille ans d'histoire. Cet honneur n'est pas réservé seulement aux meilleurs manieurs de sabre. Elle est réservé aux hommes droits, nobles, assurés, dévoués, prêts à mourir, purs de sang et d'esprit. Pensez-vous que Kakita Hiruya fasse partie de ceux-là, Magistrat ? Et lui-même, le pense t-il ?...
Kakita Hiruya hésita, troublé.
- Je... je l'ignore, senseï, je...
- Hiruya-san, j'ose le dire, dit Miya Katsu, incarne l'excellence du samuraï. Il n'a pas reculé face aux Scorpions, alors même qu'il se trouvait dans leur Cité la mieux protégée. Il est dévoué au shintao. Il a combattu l'Outremonde sans l'ombre d'une hésitation. Il a su rendre justice, par des décisions éclairées et fermes. Il a su soutenir l'Ordre Céleste face à ceux qui s'en prenaient à lui.
- Quel panégyrique, sourit le Champion d'Emeraude. Kakita Hiruya se croit-il digne de lui ?
- Non, évidemment. Du moins, je n'ai pas à en juger.
- Vous connaissez les conditions d'admission dans l'école Kenshinzen, Hiruya-san ?
- Oui, senseï. Pour y être admis, il faut battre en duel au premier sang un autre membre de cette école.
- ... en sorte que pour y rentrer, continua Kakita Toshimoko-senseï, il faut être déjà meilleur que l'un de ses membres.
- Oui, senseï.
- Pourriez-vous relever ce défi ?
- Si on me l'ordonne, oui.
- Cela, je dois le dire avec humilité, me concerne aussi, ajouta Katsu-sama. Car je me fais vieux. Et je pense que Hiruya-san peut me succéder. Dans les temps difficiles qui s'annoncent, face à un Empire en proie au doute, à des samuraï corrompus, égoïstes, un Magistrat d'Emeraude de l'école Kenshinzen aurait non seulement la force d'âme mais, disons-le, l'art du sabre pour trancher les membres corrompus et ramener l'harmonie là où il trouvera désordre et anarchie.
- Certainement, dit le Champion d'Emeraude. Je vais donc examiner cette proposition, Katsu-san.
- Je vous suis infiniment reconnaissant de cette grâce que vous nous faites, senseï.
Katsu et Hiruya s'inclinèrent, tandis que la Grue Grise s'éloignait dans le couchant. Du coin de l'oeil, Katsu regarda Hiruya et lui sourit. C'était en bonne voie.

Samurai

Ikky força encore, et la porte, après un dernier coup d'épaule, s'ouvrit enfin.
Un courant d'air frais remonta du sous-sol, chargé d'humidité et d'une odeur de renfermé.
Ayame, suivie d'Ikky, descendit, lanterne en main. Ce n'était pas sans appréhension que la shugenja retournait dans ce souterrain secret, dont elle était peut-être la seule à connaître l'existence. C'est ici que Shosuro Emmon avait affronté le faux yojimbo du senseï Kanera. Là que se trouvait les rayons remplis de parchemins blanchis par l'Ombre... Ils n'avaient pas changé de place. Ils moisissaient, partaient en grosses miettes. L'usure du temps les amenait vers l'état de poussière. Ils s'effritaient entre les doigts de la shugenja.
- Même d'ici, il n'y a plus rien à tirer.
- Mauvaise idée de revenir dans ce lieu, maugré Ikky. Cette cave devait être condamnée, bouchée à jamais.
Songeuse, Ayame remonta. Elle se gratta la nuque et soupira. Elle tournait en rond. Elle se sentait un rien lasse de chercher, mais elle pensait quand même que d'autres secrets l'attendaient encore dans cette pièce. Elle dérangea au hasard quelques étagères, fureta, souleva de la poussière, reposa des piles de parchemins vieillis.
- C'est rageant, quand même...
Elle cherchait autant dans l'intérêt de Ryu que pour le sien. Elle repensait à cette affaire, des Dragons piégés par ce Kishidayu. Elle pensait à voix haute.
- C'est quand même absurde. Que des Scorpions surprennent des Dragons pour les empêcher de parler, rien de plus normal. Ce qui l'est moins, en revanche, c'est que des Dragons aient pu surprendre des Scorpions ! Ça, on ne me fera pas croire que le clan de Bayushi Shoju se soit fait surprendre lors de la préparation du coup d'Etat !
- A moins que, dit Ikky, à moins que les Scorpions n'aient voulu que les Dragons surprennent leurs plans !
- Exact, ce serait bien dans leur genre d'organiser une telle entourloupe. Cependant, faut-il encore comprendre en vue de quelles machinations tordues ils éventeraient une partie de leurs plans de coup d'Etat, pour mieux ensuite tuer les coupables. Car, quoique les Scorpions veuillent en laisser paraître, nous avons appris qu'ils ne sont pas méchants gratuitement. Ils ne sont impitoyables que dans des buts bien définis. Donc il y a quelque chose qui n'est évidemment pas clair dans cette histoire. Et ce n'est pas nécessairement l'attitude des Scorpions la plus incroyable.
- Entre la perfidie des Scorpions, et la logique incompréhensible des Dragons, dit Ikky, nous pouvons patauger longtemps...
- Non, non, ce ne doit pas être si compliqué que cela. Des hommes sont morts. On ne tue pas sans une bonne raison. Mais pas pour des raisons compliquées.
En parlant, Ayame continuait à parcourir distraitement des piles de papier. Soudain, son regard fut attiré par un sigle qui lui fit presque dresser les cheveux sur la tête : un signe aperçu dans la correspondance de Bayushi Tangen II !
[Image: cristal.GIF]

Un sigle qui ressemblait, dans sa stylisation, à celui utilisé par feue la secte du Condor !

[Image: condor.gif]

Que représentait ce nouveau dessin ?... Quel nom se cachait derrière ? La secte de quoi ? Maître qui ?...
Ayame serrait le poing, à la fois en colère et exultant à l'approche de la vérité... La vérité tant attendue... Elle sentait le tissu de mensonges et d'illusions craquer... Dans la bibliothèque interdite, avant l'attaque de Matsu Bashô, elle avait lu une partie de la correspondance de Bayushi Tangen II. Celui-ci se faisait appeler Maître Cristal. Maître Cristal, c'était bien cela !
Il y avait donc une secte du Cristal ! Peut-être bien la secte qui avait envoyé la Grue Noire assassiner Soshi Seiryoku, le dernier membre de la secte du Condor ! Seulement, cette secte devait exister depuis l'époque de Tangen II, depuis l'époque du Gozoku !
Or, ce vieux rusé de Yasuki Taka avait parlé de la secte du Condor... Il avait dit que l'autre nom qu'ils se donnaient, et que le peuple murmurait avec crainte, c'était celui-ci : Kolat...
Kolat... Mais selon, Taka-sama :

' Wrote:Le peuple sait des choses que les samuraï ignorent. En particulier, sur ces conspirateurs... le Kolat. Depuis plus de vingt ans, ils sont une plaie dans notre empire. On m'a dit qu'ils ont fomenté des révoltes populaires. Qu'ils veulent monter les heimin contre les samuraï, armer la paysannerie... Qu'ils usent des méthodes les plus cruelles pour cela. C'est une menace qui doit être éradiquée, et je veux vous y aider.

- Tu t'es trompé, Taka-sama, soupira Ayame. Ou plutôt, tu as compté trop juste, pour une fois. Ces conspirateurs sont là depuis bien plus longtemps ! Depuis des siècles et des siècles !...
Notre shugenja avait peine à y croire. Il fallait donc conclure que ce "Kolat" se composait au moins de deux sectes distinctes, celle du Cristal et celle du Condor. Celle du Condor, commandé par Daidoji Dajan, avait été presque éradiquée à la bataille des Cloches de la Mort. Il n'était pas impossible, au fond, que Soshi Seiryoku étant sur le point d'être découverte, le Cristal ait pris les devants pour la faire taire. En envoyant la Grue Noire... La même Grue Noire qui avait aidé à l'évasion d'Agasha Nahoko...
Ayame avait la tête qui tournait. Le Cristal serait derrière l'évasion de Nahoko... Mais pourquoi ?...
Et qui était, à l'heure actuelle, celui qui se cachait derrière le nom de Maître Cristal ?... Qui était le lointain successeur de Bayushi Tangen II, gouverneur de la Cité des Mensonges, conseiller du Gozoku, protecteur de la Novice puis l'instigateur de sa mort ?...
Ayame remuait ces questions dans sa tête, sentant se dessiner d'un coup, une trame sombre, presque inextricable. Mais pas complétement incompréhensible. Rien ne pouvait lui résister ! Elle était un foudre de guerre des batailles du savoir. Ces sectes rendraient gorge, elles aussi !

Le parchemin qui portait le sigle du Cristal décrivait la côte est de Rokugan, du côté des terres du Phénix. Et en particulier le sud de la Cité de la Forêt des Ombres.
- Ikky, viens voir. Regarde ce point sur la côte. Ce n'est pas loin d'une petite cité de pêcheurs, la Cité de l'Or Bleu. Mais le point indique un endroit sur la côte. Rappelle-moi qui habite là-bas. Souviens-toi, cela me dit quelque chose.
- Ah oui, voyons...
La yojimbo chercha :
- Si je sais, c'est ce pêcheur chez qui Riobe et Sotan avaient passé une partie de l'hiver, tandis que nous étions à la cour d'hiver.
- Oui, ce pêcheur qui était victime d'une malédiction ! Chez qui nous avons cru tuer Nahoko alors que ce n'était qu'un double ! Son nom...
- Il s'appelle... Gempachi !
- Oui, Gempachi !
Ayame jubilait.
- Ikky, nous partons lui rendre visite !
- Il faut avertir Hiruya-sama.
Hiruya ! Encore lui !
- Oui, bon, tu as raison... Ecrivons-lui... Que nous poursuivons notre enquête...
- Mais quel rapport avec l'histoire de Ryu ?... Ce Gempachi y serait mêlé ?
- Oui, peut-être, enfin, je ne sais pas bien, il faut s'en assurer.
Ryu ! encore elle !
Ayame se fichait bien de la samuraï Dragon, mais il pouvait la remercier car en enquêtant pour elle, Ayame retrouvait une piste pour une autre enquête qui l'intéressait largement plus !

Samurai

A la Cité du Repos Confiant, Ryu reçut une lettre venue des terres de son clan. Elle était de la main de sa mère, et elle l'avertissait qu'en réponse à sa demande, son oncle était parti de la cité de Heibetsu. C'était il y a cinq jours de cela.
- Il ne faut pas tant de jours pour arriver ici, songea Ryu, qui avait un mauvais pressentiment.
Elle partit trouver Hiruya, qui, depuis deux jours que le Champion d'Emeraude était reparti, flottait sur son petit nuage. Il se voyait déjà dans l'école Kenshinzen, couronné d'honneurs, marchant entre des rangs de cerisiers en fleurs, avant d'être accueilli par l'Empereur et sa cour et...
- Hiruya-sama...
Notre Magistrat revint à la réalité, brusquement.
- Qui y a t-il, Ryu-san ?
- J'ai peur que mon oncle ait eu une mauvaise rencontre. Il devrait déjà être arrivé. Je souhaiterais aller vers les terres de mon clan, à sa rencontre.
Hiruya avait quelque peu oublié cette affaire de Dragons...
- Va, va, dit-il, pressé de retourner dans ses rêves euphoriques.
- Merci, Hiruya-sama.

Mirumoto Ryu ordonna qu'on prépare sur l'heure son paquetage et en milieu d'après-midi, elle s'en alla sur les chemins. Elle poussa son cheval jusqu'en fin de journée, dormit le soir dans une auberge et repartit le lendemain à la première heure. Elle chevaucha encore toute la journée, remontant sur les hauts plateaux, par les petits sentiers qui, d'est en ouest, serpentaient des terres du Phénix aux montagnes éternelles du Dragon. Elle se renseignait à chaque village et s'inquiétait de plus en plus, à chaque village où nul ne lui donnait de nouvelles. Car cela signifiait que son oncle avait parcouru peu de chemins. Enfin, à une demi-journée de Heibetsu, un marchand itinérant dit que dans la bourgade précédente, il avait entendu parler d'un samuraï du clan, attaqué par des bandits de grand chemin.
Ni une ni deux, Ryu remonta en selle, monta sur les sentiers escarpés, finit par descendre de cheval et marcher en tenant celui-ci par les rênes, dans le grand vent frais des hauteurs, sur les chemins pierreux, au bord des rivières et des torrents. Enfin, elle arriva au village dit de la source de jouvence et là, vit qu'on lui faisait de grands signes. C'était les yorikis qui surveillaient la région.
- Samuraï, ô samuraï, c'est incroyable...
Ryu courut en haut de la dernière côte.
- Un noble samuraï...
- Il a été attaqué ? Où est-il ?...
Les deux soldats accompagnèrent Ryu dans la maison du chef du village. C'était bien l'oncle de Ryu, allongé, grièvement blessé à la poitrine.
- Mirumoto Osamu...
- Ryu, dit le blessé, geignard.
- Mon oncle, que s'est-il passé ?
- ... attaqué... un samuraï dangereux...
- J'ai sollicité ta venue, mon oncle, parce que je reprenais pour de bon l'affaire Kishidayu !
- ... sans doute lui qui m'a attaqué !...
Aussitôt, Ryu ordonna qu'on écrive à la Cité du Repos Confiant. Elle mettait Hiruya-sama au courant de cette attaque et demandait qu'on envoie un shugenja guérir son oncle. La vie de ce dernier n'était, semble t-il, pas en danger, mais elle ne pouvait pas faire moins pour lui.
Ryu ressortit de la chambre du malade, et regarda les montagnes, les côtes, les glaciers, le grand ciel bleu, les pierriers... Quelque part dans ce paysage spectaculaire, se cachait Bayushi Kishidayu, l'assassin de son mari !

Le soir, l'oncle put signer un témoignage écrit par Ryu, où il certifiait avoir été attaqué et où il racontait rapidement comment cela s'était passé. Il avançait à cheval, au trot sur une petite route escarpée, entre deux monticules, et soudain, son agresseur avait surgi, habillé d'une combinaison marron, poignard en main. Osamu-san avait été renversé de cheval, s'était débattu, avait réussi à se dégager du tueur, à l'envoyer rouler sur le chemin, avait dégaîné son sabre. Mais dans la lutte, il avait reçu un profond coup de lame. Le lâche, ne se sentant pas de taille face à un samuraï, avait alors pris la fuite. Blessé, Osamu-san n'avait pu engager la poursuite.
- Il s'y est pris... conclut Osamu, comme lorsqu'il a tué ton mari... Il a surgi de derrière une butte...
- Alors c'est bien lui, rugit notre Magistrate.

Samurai

Hiruya reçut le même jour les deux messages, celui de Ryu et celui d'Ayame. Il appela Iuchi Shizuka, shugenja affiliée à l'élément de l'eau, et lui ordonna de se rendre auprès de l'oncle de Ryu pour le soigner, et assister la magistrate dans son enquête, si nécessaire.
- Quant à moi, dit notre Grue, je vais me rendre à la Cité du Chêne Pâle. Il semble qu'Ayame ait du reprendre ses recherches, et je préfère me méfier. D'autant qu'elle semble avoir découvert des informations importantes.

A la cité de la source de jouvence, Ryu avait fait organiser des battues, et envoyer des messagers aux villages voisins, pour retrouver la piste de l'insaisissable Kishidayu !
On lui amena un poseur de collets, qui aurait aperçu un homme seul, cherchant à se dissimuler.
- Tu vas me mener à l'endroit où tu l'as aperçu, ordonna Ryu.
Notre Magistrate laissa son oncle, encore souffrant, et suivit l'homme, qui, dans son patois à couper au katana, lui indiqua l'orée d'un bois, perdu au beau milieu d'étendues sauvages.
- C'est là que tu l'as vu ?
- Oui, seigneur...
- C'est la route qui mène à Heibetsu, tu le sais.
- Pour sûr !
- Il partait par là ?
- J'crois ben !
- Tu peux aller.
Ryu se remit en selle et s'engagea sur le chemin. Kishidayu se dirigeait vers Heibetsu !

Notre Magistrate y arriva à la tombée du jour. Elle n'avait pas épargné son cheval, qui en aurait pour longtemps à se remettre de cette course dans les sentiers étroits !
- Ma fille...
Mirumoto Katsumi, comme chaque fois, remerciait les dieux de lui avoir ramené sa fille, pour laquelle elle se mourait d'inquiétude.
- Konnichiwa, mère. Je suis revenue en tant que Magistrate. Je viens accomplir une mission très importante.
- Par les Fortunes, que se passe t-il ? Un danger pèse sur nous ?
- Plus maintenant, je suis là.
Ryu salua sa fille, intimidée, qui reconnaissait à peine sa mère.
- Allons, embrasse ta maman, et remercie les Dragons élémentaires de l'avoir ramenée à nous.
- Ma fille, dit gravement Ryu, bientôt, je te jure que je serai là tout le temps. Mais avant, ajouta t-elle à l'intention de sa mère, il faut se confronter au passé.
Sa mère blêmit. Elle ne comprenait que trop. Ryu, en deux mots, lui expliqua ce qui était arrivé à son oncle. La pauvre Katsumi était au bord des larmes.
- N'aie crainte. Maintenant, rien ne peut arriver. Je vais dormir ici ce soir.
- Comme je suis heureuse que tu sois parmi nous. Je sais que ton bras nous protégera de tout danger.

Ryu entra dans sa chambre, là où elle avait dormi durant son enfance, avant de partir au dojo.
- A propos, dit-elle soudain, puisque je serai bientôt là pour vous protéger, il ne sera plus nécessaire de garder ce yojimbo. Il pourra considérer sa mission terminée.
- Oui, ma fille.
- Où est-il, d'ailleurs ?
- Ma foi, je crois qu'il est parti...
- Parti où ?...
Ryu, soudain, était morte d'inquiétude. Ce yojimbo osait laisser sa famille ne serait-ce qu'un instant sans surveillance ! Et c'est Katsumi-sama qui s'inquiéta aussi, en voyant sa fille pâle de fureur.
- Où est-il, mère ?
- Je crois qu'il est parti prier... Il en a bien le droit... Le pays est calme et...
- Parti prier ?... Mon oncle a failli être assassiné par l'assassin de mon mari, mère !
Mirumoto Katsumi s'effondra en sanglots.
Ryu repartit dans sa chambre, prendre son sabre. C'est alors qu'elle avisa, sur sa couche, un message qui avait été glissé au bord de la couverture. Notre Magistrate, méconnaissable d'énergie et de colère, se jeta dessus, agresssive comme un Crabe, impatiente comme Ayame. Elle lut, blême, les quelques mots qui s'y trouvaient :
"Ryu-san,
Nous avons tant à nous dire. Je t'attendrai aux temples de la Fortune des Deux Oiseaux.
K. "

Ryu se rua dehors et ordonna à un éclaireur, qui rentrait de mission, de lui céder son cheval. Il fallait le voir pour le croire, et la Magistrature d'Emeraude ne l'aurait pas cru, que Ryu puisse être si vive et si explosive comme de la poudre gaijin !
Le Temple des deux Oiseaux : celui où Nahoko et la Grue Noire s'étaient réfugiés. Il avait été reconstruit grâce aux braves villageois et aux bras du ronin Sotan... Et maintenant, c'est là que Ryu allait retrouver le samuraï qu'elle cherchait depuis plus de quatre ans, celui à cause duquel elle avait renoncé à une vie paisible de mère de famille pour devenir une guerrière !
Notre Magistrate chevaucha à brides abattues, sur le chemin de poussière. Le cheval, à bout de forces, crachait et ruait. Ryu descendit promptement de selle, flanqua une bonne fessée sur le derrière de la bête, qui s'en alla boire au ruisseau le plus proche.
La nuit était presque tombée. Les ombres étaient très longues, sur la terre rougeâtre. La fraîcheur du soir montait, et la pénombre envahissait la voûte céleste ; les grands vents soufflaient sur les hautes prairies d'herbe.
Ryu, elle aussi à bout de souffle, se tenait prêt à dégaîner.
- Où es-tu ? cria t-elle, et son cri se perdit dans le lointain.
Elle ne se maîtrisait plus. Elle était hors de ses gonds.

Elle se retourna et vit qu'un samuraï s'était approché, la main sur son sabre. Il venait de derrière une butte.
- Kishidayu, murmura Ryu, d'une voix chargée de quatre années d'amertume, de desespoir, de douleur et d'attente.
C'était bien le yojimbo de sa mère et de sa fille.


A suivre...Samurai
Reply


Messages In This Thread
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 28-04-2007, 04:33 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 28-04-2007, 10:30 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 01-05-2007, 08:10 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 01-05-2007, 08:17 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 01-05-2007, 08:21 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 01-05-2007, 08:24 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by Gaeriel - 02-05-2007, 11:31 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 14-07-2007, 06:37 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 15-07-2007, 04:18 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 16-07-2007, 01:08 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 16-07-2007, 01:16 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 22-07-2007, 04:19 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 23-07-2007, 12:28 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by Gaeriel - 23-07-2007, 11:34 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 24-07-2007, 12:28 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 24-07-2007, 12:46 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 25-07-2007, 06:29 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 28-10-2007, 01:09 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 29-10-2007, 10:58 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 29-10-2007, 04:05 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 29-10-2007, 10:14 PM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 30-10-2007, 12:52 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 30-10-2007, 12:57 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 30-10-2007, 01:07 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by Darth Nico - 30-10-2007, 01:37 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by sdm - 31-10-2007, 02:46 AM
26e Episode : Dharmic Blues - by Gaeriel - 31-10-2007, 09:57 AM

Forum Jump:


Users browsing this thread: 1 Guest(s)