13-08-2007, 09:00 PM
L'histoire d'un des PJ du 27e Episode...
« La jeune fille se baignait seule, par cette belle soirée d’été, dans le jardin de ses parents. Elle entendait le bruissement des insectes de nuit, et elle voyait les étoiles se baigner avec elle dans l’eau.
Demain, elle abandonnerait son prénom de fillette. Elle réciterait les prières ancestrales de l’école Isawa, se verrait remettre des parchemins précieux et se couperait une mèche de cheveux, qui rejoindraient, dans une boîte laquée, les mèches des autres nouveaux shugenjas. La boîte serait alors bénite par les senseï. Ainsi les samuraï passant leur gempukku seraient tous liés aux autres membres du clan et aux Ancêtres.
Kaori sortit de l’eau, sereine. Elle entendit un remous dans l’eau, derrière elle. Elle crut qu’une feuille venait de tomber. Elle frissonna quand un coup de vent passa. Elle se hâta de rentrer, impatiente de rejoindre la couche que sa servante lui avait préparée.
« Kaori prit le chemin de pierre, à travers le petit bois. Elle marcha, et ne vit pas la maison. Elle était encore dans le bois. Elle pressa le pas et voyait les arbres se multiplier autour d’elle. Elle se mit à courir, alors que l’air devenait de plus en plus froid. Elle tenait maladroitement sa serviette autour d’elle et entendait le bruit de ses socques résonner. Il lui semblait que les arbres s’étaient pétrifiés et que sur les troncs des visages torturés apparaissaient.
« A bout de souffle, elle s’arrêta, et entendit soudain un petit ricanement derrière elle. Elle lâcha un cri de terreur. Les arbres bougeaient autour d’elle, et les étoiles s’étaient enfuies, comme prises de panique. Le ciel était noir. Une mince fumée blanche rampait au sol, glaçant les chevilles de Kaori. Elle sentait un lourd sanglot monter dans sa gorge, ses jambes prêtes à se dérober sous elle.
- Avance, à présent, murmura une voix inquiétante, venue des fourrées.
Kaori se mit à pleurer.
- Avance ! Petite sotte… Si tu n’obéis pas, tu mourras de froid…
Kaori sentait des formes évoluer dans le sous-bois autour d’elle. Elle serra les dents, alors que les larmes coulaient à flot de ses yeux. Elle sentit qu’elle se mettait à marcher.
- Bien, avance encore…
« Les fourrées s’écartaient devant elle à mesure qu’elle progressait, et ils se refermaient derrière. Elle entra dans une clairière, où se tenait assise une femme qui avait perdu le bras gauche. Elle avait de longs cheveux et baissait la tête. Kaori pouvait à peine voir son visage.
- Tu es une jeune fille pure, Kaori… Comment te nommeras-tu demain ?
- Kimiko…
La jeune fille avait répondu d’une voix blanche.
- Bien, écoute, Kimiko. J’aime la pureté, car le dieu de la lune, mon maître, lui aussi est pur. Il est blanc comme les habits de deuil…
Kaori sentit que ses jambes allaient la lâcher. Elle s’assit, fascinée par cette apparition.
- Vois-tu, le monde rejette les gens purs, car la vérité est sale. Mais cacher la vérité est plus sale encore que de la montrer. Moi, j’ai voulu la montrer aux hommes, et ils m’ont rejetée pour cela… Veux-tu œuvrer pour la vérité ?… Toi qui es si belle, si charmante, peut-être qu’ils te croiront…
« Kaori cligna des yeux, avala, et quand elle rouvrit, elle se trouvait juste devant la femme. Elle voulut crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle vit alors sortir, de la manche gauche de la femme, un bras fait d’une sorte de liquide noir comme de l’ombre… Le bras s’approcha d’elle, approcha son doigt de son visage. Kaori voulut reculer, mais un tronc d’arbre venait d’apparaître derrière elle.
« Elle voulut se débattre, mais le doigt approchait d’elle inexorablement. Soudain, elle sentit l’ongle toucher son œil.
« Elle rouvrit les yeux. Elle était devant sa maison, encore dégoulinante d’eau. Elle respirait.
- Kaori-sama, venez vite, criait sa servante, vous allez prendre froid ! Ce n’est pas le moment !
Kaori fit un pas, puis deux.
Elle toucha son œil, et recueillit sur son doigt une petite larme, noire comme l’ombre. Elle ne se retourna pas vers le bois et courut dans sa chambre, où elle se mit vite au lit.
Sa servante la salua, impatiente pour la jeune fille, et tellement fière d’elle. Longtemps, Kaori resta sans dormir, son regard devenu dur comme l’acier, ses grands yeux noirs fixant l’obscurité. Et elle devinait la présence fantomatique de la femme du bois, debout derrière elle.
- Tu apprendras que dans ce monde, Kimiko, c’est la pureté qui est considérée comme une souillure.
La jeune fille hocha la tête d’approbation.
- Souviens-toi : c’est moi, la première, qui t’ai fait passer ton gempukku…

HISTOIRE DE KAORI<!--sizec--><!--/sizec-->
« La jeune fille se baignait seule, par cette belle soirée d’été, dans le jardin de ses parents. Elle entendait le bruissement des insectes de nuit, et elle voyait les étoiles se baigner avec elle dans l’eau.
Demain, elle abandonnerait son prénom de fillette. Elle réciterait les prières ancestrales de l’école Isawa, se verrait remettre des parchemins précieux et se couperait une mèche de cheveux, qui rejoindraient, dans une boîte laquée, les mèches des autres nouveaux shugenjas. La boîte serait alors bénite par les senseï. Ainsi les samuraï passant leur gempukku seraient tous liés aux autres membres du clan et aux Ancêtres.
Kaori sortit de l’eau, sereine. Elle entendit un remous dans l’eau, derrière elle. Elle crut qu’une feuille venait de tomber. Elle frissonna quand un coup de vent passa. Elle se hâta de rentrer, impatiente de rejoindre la couche que sa servante lui avait préparée.
« Kaori prit le chemin de pierre, à travers le petit bois. Elle marcha, et ne vit pas la maison. Elle était encore dans le bois. Elle pressa le pas et voyait les arbres se multiplier autour d’elle. Elle se mit à courir, alors que l’air devenait de plus en plus froid. Elle tenait maladroitement sa serviette autour d’elle et entendait le bruit de ses socques résonner. Il lui semblait que les arbres s’étaient pétrifiés et que sur les troncs des visages torturés apparaissaient.
« A bout de souffle, elle s’arrêta, et entendit soudain un petit ricanement derrière elle. Elle lâcha un cri de terreur. Les arbres bougeaient autour d’elle, et les étoiles s’étaient enfuies, comme prises de panique. Le ciel était noir. Une mince fumée blanche rampait au sol, glaçant les chevilles de Kaori. Elle sentait un lourd sanglot monter dans sa gorge, ses jambes prêtes à se dérober sous elle.
- Avance, à présent, murmura une voix inquiétante, venue des fourrées.
Kaori se mit à pleurer.
- Avance ! Petite sotte… Si tu n’obéis pas, tu mourras de froid…
Kaori sentait des formes évoluer dans le sous-bois autour d’elle. Elle serra les dents, alors que les larmes coulaient à flot de ses yeux. Elle sentit qu’elle se mettait à marcher.
- Bien, avance encore…
« Les fourrées s’écartaient devant elle à mesure qu’elle progressait, et ils se refermaient derrière. Elle entra dans une clairière, où se tenait assise une femme qui avait perdu le bras gauche. Elle avait de longs cheveux et baissait la tête. Kaori pouvait à peine voir son visage.
- Tu es une jeune fille pure, Kaori… Comment te nommeras-tu demain ?
- Kimiko…
La jeune fille avait répondu d’une voix blanche.
- Bien, écoute, Kimiko. J’aime la pureté, car le dieu de la lune, mon maître, lui aussi est pur. Il est blanc comme les habits de deuil…
Kaori sentit que ses jambes allaient la lâcher. Elle s’assit, fascinée par cette apparition.
- Vois-tu, le monde rejette les gens purs, car la vérité est sale. Mais cacher la vérité est plus sale encore que de la montrer. Moi, j’ai voulu la montrer aux hommes, et ils m’ont rejetée pour cela… Veux-tu œuvrer pour la vérité ?… Toi qui es si belle, si charmante, peut-être qu’ils te croiront…
« Kaori cligna des yeux, avala, et quand elle rouvrit, elle se trouvait juste devant la femme. Elle voulut crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle vit alors sortir, de la manche gauche de la femme, un bras fait d’une sorte de liquide noir comme de l’ombre… Le bras s’approcha d’elle, approcha son doigt de son visage. Kaori voulut reculer, mais un tronc d’arbre venait d’apparaître derrière elle.
« Elle voulut se débattre, mais le doigt approchait d’elle inexorablement. Soudain, elle sentit l’ongle toucher son œil.
« Elle rouvrit les yeux. Elle était devant sa maison, encore dégoulinante d’eau. Elle respirait.
- Kaori-sama, venez vite, criait sa servante, vous allez prendre froid ! Ce n’est pas le moment !
Kaori fit un pas, puis deux.
Elle toucha son œil, et recueillit sur son doigt une petite larme, noire comme l’ombre. Elle ne se retourna pas vers le bois et courut dans sa chambre, où elle se mit vite au lit.
Sa servante la salua, impatiente pour la jeune fille, et tellement fière d’elle. Longtemps, Kaori resta sans dormir, son regard devenu dur comme l’acier, ses grands yeux noirs fixant l’obscurité. Et elle devinait la présence fantomatique de la femme du bois, debout derrière elle.
- Tu apprendras que dans ce monde, Kimiko, c’est la pureté qui est considérée comme une souillure.
La jeune fille hocha la tête d’approbation.
- Souviens-toi : c’est moi, la première, qui t’ai fait passer ton gempukku…
