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Dossier #3 : Hôtel Manigance - Dépôt Labyrinthe
#6
DOSSIER #3<!--sizec--><!--/sizec-->


Portzamparc commença par le rez-de-chaussée. Il salua quelques joueurs, mais à présent il n’était plus un de leurs concurrents : il venait en tant que policier. Comme lui avait glissé Maréchal, moqueur : « Si tu as besoin, fais-moi signe, je convoquerai ton concurrent au commissariat ! »
L’inspecteur de la brigade des jeux continuait ses tours de surveillance, rasant certaines tables de jeux où il reconnaissait des habitués.
- Comment vont les mises ? disait-il à tel joueur invétéré.
- Bien, monsieur l’inspecteur, soupirait l’intéressé. On essaie de faire aller.
Et le joueur perdait quelques tours, le temps que l’inspecteur s’en aille. Portzamparc prit quelques nouvelles auprès de son collègue, puis quitta la pièce bruyante. Il descendit à la cave. Il entendait une femme de ménage siffloter. Dans leur salle, quelques vigiles buvaient un coup en tapant le carton. Des ouvriers réparaient des machines à sous.
C’est sous la porte du fond d’un couloir que le détective découvrit une flaque de sang. Il se plaqua contre le mur, sortit son arme et ordonna à un des vigiles d’aller chercher le Pandore en faction dans la rue.
Celui-ci arriva en courant.
- Ouvrez cette porte, dit Portzamparc.
Le Pandore obéit et le détective se jeta dans la pièce, pistolet braqué devant lui.
C’était une réserve de lingerie. Des piles de beaux draps blancs, sur des étagères. Dans un coin, mal caché sous un tas de vieilles serpillières, derrière une poubelle, le cadavre d’un chien.
Portzamparc se pencha :
- Poignardé, dans la nuque… Et c’est tout frais.
On vint alors avertir Portzamparc qu’on avait trouvé un vigile assommé, au deuxième. Le détective le retrouva au bar. Il arrivait, soutenu par deux camarades. Il avait pris un rude coup sur la tête.
- Alors, que s’est-il passé ?
Portzamparc ne put s’empêcher de prendre un air supérieur, devant la déconfiture du pauvre vigile.
- Je faisais ma ronde au second. Soudain, il me semble que mon chien s’est mis à aboyer.
- Vous n’en êtes pas sûr ?
- J’ai perdu connaissance d’un coup. J’ai reçu un coup très fort.
- Et votre chien ?
- Je ne comprends pas. On m’a dit ce qui lui était arrivé. Quel gâchis ! Je travaillais avec lui depuis cinq ans. C’est moi qui l’avais dressé.
- Vous n’avez rien eu le temps de voir ?
- Mais non…
Le docteur Jouvet avait été appelé, pour la seconde fois.
- Bon, vous me fouillez le deuxième étage, dit Portzamparc, et vous interrogez les éventuels voisins qui auraient pu entendre.
Le sergent des vigiles signala qu’à cette heure-ci, la plupart des chambres étaient vides.

Au commissariat, Novembre faisait le point. L’enquête sur la mort de Marthe Lisander n’avançait pas. Si c’était bien Horo le coupable, elle était pour ainsi dire finie, à l’exception du motif. Qui pouvait bien en vouloir à cette femme anonyme ?
Portzamparc appela à ce moment. Maréchal prit le combiné et mit le haut-parleur. Le détective raconta la découverte du chien et l’agression contre le vigile.
- Nous avons fouillé la chambre à côté de laquelle il a été retrouvé. Pas de traces de sang. Cependant, nous avons la certitude que l’agresseur était là. En effet, il y a une ouverture, dans un recoin de la salle de bains. Elle est fermée à clef par une porte, généralement. Mais nous avons trouvé cette porte entr’ouverte. La porte donne sur un conduit de chauffage. Des tuyaux d’eau chaude. Sur ces tuyaux, des traces de sang. Et ce conduit mène jusqu’à la cave, dans une petite pièce, à côté d’où j’ai découvert le chien. L’animal a bien été jeté par là.
“L’agresseur est ensuite descendu en vitesse à la cave, récupérer l’animal. Et je viens d’apprendre qu’un marmiton a été retrouvé assommé, à côté des poubelles. Nous savons par où notre homme s’est enfui.
- Un moment, j’ai cru que le chien était parti jouer à la Manigance, ricana Novembre. Bon, c’est un début, Portzamparc. Repose-toi, maintenant. Laisse un peu faire les Pandores.
- J’ignore, ajouta le détective, si c’est la même personne qui a voulu s’attaquer au petit chauve, au 4e. Si ce sont deux personnes différentes, je ne comprends pas comment la deuxième ne s’est pas enfuie après l’attaque au 4e.
- Allons, bon courage pour demain.

Novembre alluma une cigarette, ronchon. Les cellules étaient pleines avec la bande à Gino et quelques autres truands occasionnels. De même, la pièce fermé par des vitres opaques, où attendaient les témoins.
- On va manger un bout, Maréchal ?
L’inspecteur acquiesça, mais il savait ce que cette invitation signifiait : la nuit serait longue.
Novembre enfila son manteau, en regardant le représentant de commerce, le chauve et deux autres petites bonnes femmes, qui se demandaient pour combien de temps ils en avaient à mariner.
- Ouais, dit Novembre, on a une belle brochette de ploucs, dans cet aquarium !

*
Les deux policiers mangèrent du poisson frit aux pommes de serre, chacun plongé dans ses pensées.
- Je me demande bien, fit Novembre, pourquoi le petit chauve a eu l’envie de monter au 4e.
- Oui, c’est bizarre. Il déambulait au hasard. Et comme par hasard, il monte à l’étage où on peut lui sauter dessus dans le dos.
- Son agresseur devait le suivre, comme moi. Il a dû monter par l’escalier.
- Ouais… dit Novembre, pas convaincu.

Sampieri lançait une tournée de café quand les deux inspecteurs revinrent à la « maison ». Novembre mit le chauffage à fond, car une nappe de brouillard envahissait Magött Platz.
Maréchal s’installa dans son bureau, et y fit venir Kaupang Vilnius.
- Asseyez-vous.
- Dites, je suis ici comme témoin ou comme suspect ?
- Ce sont vos papiers, qui sont suspects, tiens… Dire que je n’ai pas pris le temps de les vérifier, la première fois… Mais avec ce tueur qui rôde.
- Oui, les gens sont à cran. Si ça se trouve, c’est lui qui a voulu m’agresser à l’hôtel !…
Il ouvrait grand les yeux, soudain effrayé.
- Bon, vos papiers là, dit l’inspecteur, quel service d’ADMINISTRATION vous les a fournis ?
- Je ne sais plus… Sans doute le service habilité à…
- Habilité à la copie grossière ?… Vous les avez regardés, vos papiers ? Un gamin s’y prendrait mieux.
- Je ne sais pas, alors.
- Bon, question suivante : pourquoi êtes-vous allé au quatrième étage ?
- A l’hôtel ? Je ne sais pas… Quelque chose m’y appelait…
- Vous y « appelait » ?…
- Et alors j’ai entendu des pas derrière moi. La personne courait.
- A quoi ressemblait votre agresseur ?
- Grand, chauve… Je ne l’ai pas bien vu…
Le petit et le grand chauve, songea Maréchal.
- Bon, écoutez, monsieur « Vilnius », je vais faire venir un spécialiste du portrait-robot, à qui vous allez dire ce que vous savez.
- Alors j’en ai pour un moment à rester ici.
- Vous avez un autre toit pour dormir cette nuit ?
- Non, bien sûr…
- Alors !

Maréchal laissa Vilnius dans son bureau avec « l’artiste » du commissariat. Novembre baîllait à s’en décrocher la mâchoire, en refaisant du café.
- Il faudrait peut-être appeler un médecin ? Savoir combien de temps va durer son amnésie…
- Je m’en occupe, patron. Mais Jouvet ne suffira pas.
- Vois avec l’hôpital du Gros Clepsydre, ils doivent avoir un spécialiste.

Maréchal revint à son bureau. Le portrait-robot n’avançait pas trop.
- Je vous ai dit ce que je savais : grand, chauve… Je n’ai eu qu’un instant pour le voir, ensuite il a détalé.
L’inspecteur dit au dessinateur qu’il pouvait y aller. Pris d’impatience, il lança :
- Bon, vous ne vous souvenez de rien, Vilnius ? Que savez-vous faire dans la vie ? Mitier ? Vous savez manier un grapin et un harnais ?
- Non, je ne crois pas…
- Vous parlez Forgien ? Vous savez graisser un circuit ? Ramoner une cheminée ? Monter un mur ?
Vilnius hochait la tête, accablé par l’avalanche de questions.
Maréchal le ramena à la salle des témoins.
- Tiens, si vous voulez dormir, vous pouvez vous allonger là.
C’était une cellule.
- On ne fermera pas à clef.
Maréchal alla dans la pièce d’à côté, le « dortoir », et s’allongea dans un hamac. Il était bientôt deux heures matin, l’heure où le corps accuse la fatigue. L’inspecteur s’assoupit. Il se réveilla quand Sampieri entra :
- Inspecteur, j’ai trouvé quelque chose.
Maréchal, bougon, descendit de son filet et alla se passer de l’eau sur le visage.
- Dites-moi tout…
- Regardez sur cette carte. C’est le plan du Vieux Soupirail, un quartier à deux pas d’ici. Vous voyez le nom de ces deux rues perpendiculaires ?
Maréchal y jeta un œil :
- « Rue Kaupang » et « impasse Vilnius » ?
- Tout à fait.
- C’est étrange…
Maréchal jeta un coup d’œil au petit chauve, qui s’était recroquevillé sur sa couche, tant bien que mal. L’inspecteur, hésitant, but une tasse de café.
- A deux pas d’ici, hein…
- Oui.
Maréchal avala le liquide amer et trop fort.
Il alla taper aux barreaux de la cellule :
- Debout là-dedans, nous partons en promenade !
- Quoi ?…
Il était presque trois heures du matin.
- Fini d’être nourri et logé aux frais de l’ADMINISTRATION, monsieur « Vilnius ». Sampieri, prête-lui un manteau épais, car il y a encore du brouillard dehors.

- J’ai peut-être une piste, glissa Maréchal par la porte du bureau de Novembre, qui en finissait avec un braqueur.
L’inspecteur enfila une écharpe. Quand il sortit dans la rue, l’horloge frappait trois coups solennels, dans le brouillard silencieux, teinté des lueurs iodées de l’éclairage urbain.


A suivre...

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Dossier #3 : Hôtel Manigance - Dépôt Labyrinthe - by Guest - 18-08-2007, 12:54 PM
Dossier #3 : Hôtel Manigance - Dépôt Labyrinthe - by Guest - 18-08-2007, 12:56 PM
Dossier #3 : Hôtel Manigance - Dépôt Labyrinthe - by Guest - 18-08-2007, 12:56 PM
Dossier #3 : Hôtel Manigance - Dépôt Labyrinthe - by Guest - 23-08-2007, 04:26 PM
Dossier #3 : Hôtel Manigance - Dépôt Labyrinthe - by Guest - 25-08-2007, 05:58 PM
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Dossier #3 : Hôtel Manigance - Dépôt Labyrinthe - by Guest - 23-09-2007, 07:27 PM

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