23-09-2007, 07:27 PM
(This post was last modified: 23-09-2007, 07:44 PM by Darth Nico.)
DOSSIER #3<!--sizec--><!--/sizec-->
La quatrième manche fut chaudement disputée, et des paris étaient pris. Ils montèrent très haut, car, six coups avant la fin de la rencontre, nul ne pouvait en prévoir l’issue.
Grinbert clignait des yeux, Porzamparc avait les mains moites. Il y eut plusieurs coups échangés rapidement. Personne ne vit venir le mouvement fatidique : le policier opéra une feinte. Son adversaire « mordit » dedans : deux coups après, Portzamparc jouait le coup de la victoire.
De vifs applaudissements retentirent et Grinbert, épuisé, serra la main de son adversaire.
- Je n’avais jamais joué une partie comme celle-ci.
- Et moi donc !
Le policier, beau joueur, offrit à boire à Grinbert et à l’arbitre. Sa femme, émue, ne put résister à l’envie de le prendre dans ses bras et de nouveaux applaudissements partirent. Portzamparc avait glissé le pion dans sa poche. Il ne voulait même pas savoir à combien étaient monté les paris sur lui !
Maréchal se releva, la cheville endolorie, alors que Horo atteignait la sortie. L’inspecteur entendit claquer un coup de feu. Horo chancela. Deux autres coups partirent et le tueur s’écroula. Maréchal arriva à côté de lui : il était bien mort.
Quatre hommes de la PJ sortirent de leur abri.
- On l’a eu !
Maréchal ne dit rien, éberlué comme Vilnius, et rangea son arme.
- C’est terminé. Appelez le médecin légiste.
C’est à peine si on faisait attention à l’inspecteur de Magött-Platz.
- Allons, finit-on par lui dire avec une tape sur l’épaule, vous nous avez bien aidé. C’est le genre de choses qu’on oublie pas.
Les hommes du Quai avaient déjà tourné les talons quand Maréchal tenta de protester.
Sur le chemin du retour, il subit de plein fouet le contrecoup de ces derniers jours : trop peu de sommeil, et trop de café, trop de violence... La pression constante, l‘obligation de retrouver un tueur. Puis cette poursuite, la vision du passe-muraille, et ce dernier face à face à mort.
Maréchal monta chez la petite vieille : les menottes pendaient à la rambardes.
- Des gens sont venus… pour le petit monsieur chauve…
L’inspecteur, au bout du rouleau, n’écoutait plus. Il fut saisi d’une dernière idée : la consigne !
Il repartit par le tram C, avec l’énergie du désespoir. Il descendit à la gare et courut aux consignes. Malheur : la 43 était ouverte ! Maréchal, haletant, tâta l’intérieur. Rien… « Ils » l’avaient vidée !
Si ! Collée au plafond, invisible, une enveloppe !
Maréchal la décrocha et plongea la main dedans : une montre à gousset, avec une chaîne en or. Trois cadrans, avec les mêmes inscriptions qu’à ceux de l’atelier : SHC - RUS - IEI. Maréchal glissa l’enveloppe sous son manteau, et partit comme un voleur.
Après quelques verres, Portzamparc sentit la fatigue lui tomber dessus.
- Allons, rentrons dans notre chambre, dit-il à sa femme.
On le félicita encore. On l’attendait avec impatience pour le lendemain, face à Prso.
En sortant, le policier aperçut le petit gros, que la police judiciaire venait d’interroger :
- Détective de Portzamparc ! Comment vous remercier ! Sans vous, je ne sais pas ce qui me serait arrivé !
- Allons, ce n’est rien, dit le policier avec un large sourire, dont sa femme crut qu’il était celui du vainqueur à la Manigance.
Les deux hommes échangèrent une franche poignée de main et le couple Portzamparc s’en alla, heureux.
Jean-François se sentait léger : mission accomplie !
*
Maréchal chez lui, accablé de fatigue. Il passa la fin d’après-midi à dormir. Puis se réveilla en début de soirée, ensuqué. Il passa sous la douche, et cela ne lui fit aucun bien.
A cette heure, Portzamparc avait certainement appris la mort de Horo, trop dangereux pour que la PJ l’arrête. La soirée continua pour Maréchal. Il se rendormit, fit un cauchemar où il revit le tueur passer à travers le mur. Il se réveilla, trempé. Il repassa sous la douche, se recoucha et se rendormit. Il fit plusieurs rêves délirants, remplis de rengaines obsessives. « Le plus beau métier du monde, c’était le sien… »
Plusieurs choses restaient confuses dans cette affaire.
Dans le tram E, quand Maréchal l’avait vu pour la première fois, Herbert, amnésique, avait répété la dernière phrase prononcée devant Horo venu se venger de lui : « Tu ne vas quand même pas m’assassiner ici !« Mais comment Herbert avait-il échappé à Horo ? Où avait-il eu ces faux papiers mal fichus ?
Ensuite, pourquoi Horo avait-il tué la femme Lisander ? Pourquoi s’en était-il pris à l’autre type, sauvé par de Portzamparc ?
Maréchal sentit qu’il n’aurait peut-être jamais la réponse à ces questions. Il serrait la montre dans sa main, son dernier lien avec cette affaire. Il avait retenu la combinaison qui ouvrait le passage de l’atelier. Il la refit sur la montre, mais cela n’eut pas d’effet. L’inspecteur préféra se rendormir.
En début de journée, il s’éveilla, la tête lourde, la bouche sèche. Il réussit à manger un morceau. Il eut une pensée pour Jean-François, qui jouait sa finale. Ce n’est que plus tard, dans la journée, qu’il apprit que le détective avait perdu avec les honneurs face à Prso.
La concierge vint lui crier par la porte qu’il y avait le parlophone, que c’était ses collègues. « Que veulent-ils ? » Il était invité chez les Portzamparc à dîner, avec Novembre et les autres.
Antonin Maréchal déclina l’invitation ; la tête lourde, il partit s’allonger et continua, seul dans sa chambre, son long voyage immobile.
FIN DU DOCUMENT