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Dossier #4 : L'Inconnu dans le manoir
#10

DOSSIER #4<!--sizec--><!--/sizec-->

Portzamparc fit son rapport à Novembre en fin de journée.
- J’espère que la banque ne prépare pas une guerre financière contre les Whispermoor.
- Je crois que cette guerre est déjà engagée, dit Novembre. La Banque présentera un candidat aux prochaines élections municipales. Ils vont avoir besoin de lever des fonds pour financer leur campagne.
- Ils auront un candidat ?
- Pas officiellement. Mais cela revient au même. Et comme ils soutiennent aussi certains partis d’opposition, l’élection ne fera pas un pli…
Novembre alluma une cigarette, soucieux.

- Allons, je vais y aller. J’ai promis à ma femme de rentrer tôt ce soir.
- Je vais suivre votre exemple. Cela fera plaisir à la mienne !
Les deux policiers passèrent à la tisanerie, saluer Maréchal, qui restait encore jusqu’en milieu de soirée.
- Bonne nuit, vieux, dit Novembre.
- Messieurs…

*

Maréchal, sa tasse de café à la main, se rassit à son bureau, fit craquer ses doigts et s’attela à son chromatographe.
Deux heures d’affilée, il évacua des dossiers urgents de l’année dernière, qu’ADMINISTRATION réclamait régulièrement, car il était tout aussi urgent que ces dossiers allassent rejoindre les bureaux d’une certaine « sous-commission provisoire à la clarification des tâches déconcentrées ».
C’est donc fatigué, mais avec la conscience du devoir accompli, que l’inspecteur rentra chez lui.
Priscilla, la secrétaire, arrivait avec une nouvelle pile de dossier.
- Et les services du traitement de l’information disent que c’est « urgent urgent », inspecteur !
Maréchal considéra cette nouvelle pile de papier d’un œil expert :
- Mademoiselle, vous mettrez ces dossiers-ci sur le bureau du détective de Portzamparc !
- Ah, entendu…
- Et vous veillerez à respecter les normes de classement ! Un dossier rouge sur un jaune, et jamais un vert à la suite d’un jaune. Mais pas deux rouges sans un bleu entre les deux. Entendu ?
- Oui, oui…
L’inspecteur mit son chapeau et rentra chez lui. Priscilla en avait pour la nuit à réfléchir, et demain, ce cher « Jeff » aurait une bonne surprise pour commencer sa journée ! Rien que pour ça, Maréchal se dit qu’il n’avait pas perdu sa soirée.

Nerveux, inquiet, mais sans raison particulière, l’inspecteur eut besoin de quelques verres pour trouver l’envie de dormir.
Il partit alors dans un sommeil agité. Il avait le sentiment de ne dormir que d’un œil. Il gigotait dans son lit et s’énervait. Il s’endormit enfin à pas d’heure. Littéralement, à pas d’heure, au cœur de la nuit, quand on est au plus loin et de la veille et de la journée à venir.
Il partit dans des rêves noirs ; noirs comme un écran de chromatographe éteint.
Du fond de son rêve, il vit alors une, puis deux, puis cinq plumes bleues chuter.
Il se réveilla, avec cette vibration d’un bleu superbe sur la rétine.
Des plumes bleues… Il attrapa son réveil. Il avait passé le cœur de la nuit. Trop tard pour dormir. Trop tôt pour aller travailler. Il était perdu entre deux temps.
Il passa sous la douche et partit prendre l’air.
Un vent frisquet l’accueillit dehors. Il se mit à marcher, les mains dans les poches, engoncé dans son manteau. Une légère bruine lui piquetait le visage. Les hôtels meublés prenaient une allure fantomatique.

Des mitiers plongeaient dans la brume au bout de leurs fils. Des lampes grasses brûlaient, timides. Des passerelles rouillaient, dans l’air humide.

Maréchal avançait, agacé. Il se réchauffait en montant les escaliers qui menaient au quartier de la Jonction.
Par-dessus une cheminée, il vit alors nettement une créature bleue passer dans le ciel brumeux. Comme un éclair. Il courut en haut des marches et, dans la rue Mangevent, chercha cet être fantastique. Il était seul sur ce pavé mouillé de brume. Une passerelle grinçait, agressé par le vent. Il vit nettement une plume tomber dans la grisaille épaisse.
Ce n’était pas un oiseau qui était passé. C’était plus gros. Forme humanoïde. Il l’aurait juré ! Ce n’était pas l’alcool !
Il aperçut un mitier, accroché en rappel, qui rallumait un bec de gaz. Personne d’autre. Le monde était silencieux.
Par terre, il trouva une plume bleue. Il la toucha. Elle était bien réelle.

L’inspecteur repartit dans la rue Mangevent, jusqu’au croisement du passage Bouchecoeur. Perché en haut d’un réverbère, un gamin des rues, sa casquette vissée sur la tête, le sourire mauvais, un rat sur l’épaule, l’observait.
Que faisait-il là ?

*

Spontanément, Maréchal utilisa le langage des rues pour apostropher le gamin. C’était de l’Exiléen abâtardi, simplifié, parlé par ceux qui fréquentaient couramment la rue : aussi bien les mitiers, que les prostituées ou les gamins des rues. Ceux-ci vivaient en bande, généralement autour d’un chef. Farouches, ils se mêlaient assez peu à la société ordinaire, sinon pour chaparder, plus rarement pour tuer. C’était de vrais petits sauvages. Dans son enfance, Maréchal avait appris leur langue. Sans doute cela mit-il le gamin en confiance, car il se laissa glisser souplement en bas de son réverbère, et dit :
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Ecoute, petit, je recherche quelqu’un. Tu n’as pas vu passer une créature dans le ciel ?
Le gamin le regarda, amusé. Qui était donc cet adulte perdu dans la nuit, à traquer un mirage ?
- Rien vu passer. Désolé.
- Sais-tu à quel animal appartient ceci ?
Maréchal montra sa plume bleue.
- Je suis pas sûr de connaître de quoi tu me parles…
Le gamin était près à s’enfuir. Le contact direct avec un adulte civilisé devait être perturbant pour lui.
- Ecoute, je peux te payer un bon repas si tu me réponds.
- D’acc.
Le rat couina et disparut dans la gibecière du gamin.
- Allez, viens, je connais un petit restaurant pas loin d’ici.

Marcelin Lampreux tenait une petite gargotte ouverte presque en permanence. Son restaurant avait cinq tables, serrées dans une pièce minuscule. Il faisait toujours chaud chez Marcelin.
- Quelqu’un ? demanda Maréchal, alors que les clochettes de la porte tintaient.
Le gamin alla se réchauffer devant le maigre feu de cheminée. Derrière le comptoir, une trappe s’ouvrit.
- Un instant, j’arrive.
Marcelin remontait de sa cave.
- Tiens, l’inspecteur Maréchal !... Une petite faim à cette heure-ci ?
- Juste un verre pour moi. Mais j’amène un affamé.
Le gamin était maigrichon. Il faisait peine à voir. On l’attabla.
- Chez Marcelin, on mange proprement, gronda le patron. Alors, sois tu manges avec des couverts et une serviette sur toi, ou tu iras croûter ailleurs !
Le gamin ne savait pas se tenir. C’était comme l’enfermer, de l’obliger à se tenir à table. L’autorité de Lampreux dut prendre sur lui, ainsi que l’attrait de la bonne soupe, car il se calma. Et dès qu’il eut une cuillère en main et son assiette devant lui, il se jeta sur son plat.
- Regardez-moi ce petit cochon !
- Votre soupe au poisson a du succès !
Les deux hommes regardèrent le gosse laper le fond de son assiette et dévorer les derniers morceaux de pain.
- Bon, dit Maréchal en allumant une cigarette, il faut qu’on parle toi et moi.
Le gamin sortit lui aussi du tabac à rouler et du papier. Marcelin lui tapa sur la main :
- Tu veux me ranger ça ! Tu crois qu’à ton âge !...
- Ressers lui une soupe, dit l’inspecteur. Il en a bien besoin.
Le gamin fusilla Lampreux du regard, mais se radoucit quand il reçut sa deuxième assiette. Il se jeta dessus avec autant d’avidité.
- Regardez-moi s’il reprend des couleurs ! fit Lampreux.
Maréchal régla le repas et fit signe au patron qu’il pouvait retourner s’occuper de sa cave. Il sortit alors la plume.
- Alors, dis-moi, maintenant, que sais-tu sur ceci ?
- Je n’peux pas te parler comme ça. Faut que j’en parle à mon chef. C’est lui qui décidera si on peut te faire confiance.
- Tu vas le voir bientôt ton chef ?
- Ce soir.
Maréchal finit son verre. Il était bien obligé de faire confiance au gamin.
- D’accord. Parle-lui. Quand est-ce qu’on se revoit ?
- Très bientôt. Dès que tu repasseras dans le coin.
- Je n’ai pas envie d’attendre, je te préviens.
- Aucun problème, fit le gamin, fiérement, en remettant sa casquette.
Il partit sans dire merci. En entendant la porte tinter, Lampreux remonta. Il offrit un verre à l’inspecteur.
- Bientôt le début de journée…
- Oui, elle va être longue cette journée. Quoi de neuf dans le coin ?
- On dit que beaucoup de gens veulent retirer leur argent de la banque, inspecteur. Et les syndicats prépareraient la grève. Le gamin vous a dit ce que vous vouliez ?
- A peu près. Je vais le revoir.
- Si vous le revoyez, c’est qu’il vous a adopté !
L’inspecteur remercia, remit son chapeau et partit au commissariat. Il serait juste un peu en avance. Il chercha le sommeil, les pieds sur son bureau, mais ne le trouva pas. Il somnolait quand même au moment où Priscilla entra, avec un paquet pour lui. Il grommela de faux remerciements, pensant à un énième dossier. Il vit alors l’insigne de l’horloger sur le papier. Du coup, il se rassit et ouvrit le paquet, fébrile. A l’intérieur, sa montre, emballée dans plusieurs épaisseurs, bien protégée. Maréchal la toucha, tellement rassuré, presque ému, de la retrouver. Elle était en parfait état. Les aiguilles tiquaient normalement. Les trois cadrans étaient à leur place : SHC, RUS et IEI.
L’horloger avait joint la facture, et un petit mot. Il expliquait qu’en ouvrant le mécanisme, il avait constaté qu’il manquait une aiguille à chaque cadran, une roue dentelée tournant dans le vide. Il avait donc ajouté une aiguille rouge sur les trois cadrans. Elles pointaient à la verticale.

Maréchal traînait dans le bureau des détectives, encore désert, quand de Portzamparc arriva, suivi de Boncousin.
- Alors, détectives, ces richards ?
- Ma foi, dit de Portzamparc, j’ai l’impression que le manoir Whispermoor est calme. D’ailleurs, j’y retourne aujourd’hui.
- Vous allez essayer de capter l’héritage ?
- Pas encore !
Maréchal maugréa quelques paroles sur ces fainéants d’aristos, et alla retrouver la tiédeur de son bureau.

*

Théodule Corben but son premier coup de la journée, pendant que le détective s’installait à l’arrière. Le slourt frissonnait dans le vent du matin. Le pilote vérifiait ses engins de mesure :
- Pression normale, vent faible à peu agité, hygrométrie 60%... La journée va être bonne.
Le brûleur cracha sa flamme monstrueuse et les toiles se gonflèrent, puis les hélices démarrèrent et le gros insecte mécanique décolla.
- Encore personne à cette heure-ci, dit Corben, déçu de ne pas pouvoir gueuler contre les chauffards du ciel !
Dans le petit jour, le manoir Whispermoor dormait encore. Les volets étaient baissés. Le jardinier sortait de sa remise, son râteau à la main. Il y avait de la lumière à la cuisine. En allant vers l’entrée, de Portzamparc vit la porte s’ouvrir. C’était le docteur Jouvet.
- Tiens, détective, comment allez-vous ?
- Docteur… Quelqu’un est malade ici ?
- Le comte.
- C’est grave ?
- Non, il a eu du mal à dormir.
Norbert attendait sur le pas de la porte, pas réchauffé. Jouvet n’était pas disserte.
- Bonne journée, alors.
- Bonne journée.
De Portzamparc entra. Norbert l’emmena dans un petit salon et lui servit un café brûlant.
- Alors, comment se sent le comte, demanda de Portzamparc.
- Oh, monsieur, rien de grave, le docteur l’a dit !
Ils se parlaient presque comme si le policier était un habitué de la maison.
- Il a quand même fallu l’appeler, le docteur.
- Certes, certes… Monsieur a entendu, cette nuit, des bruits au grenier.
- Tiens donc…
- Oui, il s’est éveillé en sursaut, en hurlant. Je me suis précipité dans sa chambre, avec mademoiselle et monsieur Maximilien.
- Alors ?
- Alors, rien. Monsieur le comte a dû faire un mauvais rêve. Il est si préoccupé, ces derniers temps.
- Le grenier est au-dessus de sa chambre ?
- Oui, juste au-dessus.
- Vous y êtes allé voir ?
- Monsieur Bruneron y est allé. Le jardinier.
- J’ai vu qu’il était déjà debout. Vous voulez le faire venir ?
- Certainement.
De Portzamparc attendit en trempant les lèvres dans le liquide épais et brûlant. Norbert revint avec le jardinier. Ce dernier avait tout du rustre. Il était taillé pour les travaux pénibles. Il respirait fort, il avait le poil dru, la figure rougeaude. De grosses mains, une salopette tâchée, d’inusables godillots.
- Monsieur Bruneron ?
- Oui-da… Vous me heu demandions ?
Il avait un accent à tailler à la serpe !
- Vous êtes allé voir au grenier, cette nuit ?
- Oui, monsieur le comte avions entendu eun’ bruit bizarre…
- Et qu’avez-vous vu ?
- Heu rien.
Il en disait le moins possible. Il se méfiait. Il flairait en Portzamparc une menace.
- Vous m’accompagnez là-haut ? Je voudrais jeter un œil.
- Si vous heu voulions.
- Vous enlèverez vos chaussures avant de monter, demanda Norbert.
Bruneron s’exécuta. Ses grosses chaussettes, trouées, dégageaient un fumet aussi puissant qu’ancien.
Lui, Norbert et le policier montèrent les deux étages et montèrent à l’échelle.
- Monsieur le comte n’a jamais souhaité aménager ce grenier, dit le domestique. Quel dommage, il y a de la place ici. Mais il faut dire que le second est déjà bien peu occupé.
L’endroit était le repaire des araignées, de la poussière et des courants d’air. Des poutres au sol, de gros paquets de laine de verre. Des monceaux de vieux papiers, des caisses, une vague odeur de moisi. Norbert alluma une lampe.
- Vous heu l’voyons, a rin du tout ici…
Portzamparc fit signe qu’il n’en était pas si sûr. Il fureta dans les coins, et trouva de la boue, fraîche, dans un coin, derrière une poutre verticale. Il sortit de sa poche un petit sachet et l’y déposa avec un bout de papier.
- Vous heu trouvions queq’chose ?
- C’est bien possible, mon brave…
Au-dessus de cette boue, une tuile du toit était déplacée.
On entendit quelqu’un monter à l’échelle. C’était Maximilien.
- Tiens, vous tombez bien, dit de Portzamparc. Nous n’avons pas eu l’occasion de parler hier.
- Monsieur, vous n’êtes pas couvert, dit Norbert. Vous allez prendre froid !
- Je me demandais où vous étiez, c’est tout !
- Si monsieur le policier le permet, dit le domestique, nous allons descendre. Rosaline a dû préparer votre déjeuner, monsieur.
- Oui, allons-y, dit le détective.
- Je heu retournions ratisser l’jardin.
- Allez donc.
Portzamparc trouvait amusant d’assister au lever de la famille Whispermoor.

- Ma sœur n’est pas encore levée ? dit Maximilien, plein d’importance, en s’asseyant à la grande table.
Rosaline la cuisinière, apportait le lait, la confiture et le pain, pendant que Norbert nouait sa serviette au jeune comte.
- Elle se repose, dit le majordome.
- Elle a fait la bombe toute la nuit, oui !
- Monsieur !
- Allons, elle me l’a dit, hier soir, qu’elle comptait ressortir avec ses amis ! Elle rentrait juste quand papa a eu son cauchemar.
- Vous êtes allé voir votre père, à ce moment ? demanda de Portzamparc.
- Ah oui, et nous étions un peu inquiets ! Nous avons tapé à la porte, nous sommes entrés. J’avais l’impression qu’il étouffait !
- Il étouffait vraiment ?
- Il respirait très fort, dit Maximilien, du pain plein la bouche.
- Il était seul dans sa chambre ?
- Oui, bien sûr.
- Il n’y avait rien d’inhabituel dans la pièce ?
- Non, non. Papa avait ses couvertures, sa bassine au pied du lit pour ses besoins…
- Monsieur !
- Ecoutez, Norbert, je ne fais qu’être précis pour aider la police ! Tenez, détective, goûtez donc la confiture ! Faite maison, par Rosaline, la meilleur cuisinière du monde !
Portzamparc sourit et se servit dans la corbeille à pains. La cuisinière se précipita pour lui tartiner.
- Que vous a dit votre papa ?
- Mais rien de spécial. Il a dit qu’il s’était senti étouffer.
- Ce n’est pas rien.
- Il a alors dit que c’était un cauchemar. Un simple cauchemar…
- Vous avez quand même appelé le médecin ?
- Pas moi. Norbert. Moi je pensais que c’était inutile.
Ce gosse ne doutait de rien. Il prenait tout à la légère, avec ses airs de grand seigneur. Il était tantôt lucide, tantôt crédule.
- Votre père a déjà eu ce genre de « crises » ?
- Non, jamais. Mais vous savez, à son âge…
Norbert rougit. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait de mettre une claque à son jeune maître !
- Papa a eu beaucoup de fatigue, affirma Maximilien. A cause de la banque.
Il but son café, le petit doigt en l’air, très digne.
- La banque lui fait des misères ?
- C’est ce monsieur Radik. Il vient réclamer des sous.
Radik. L’homme qui avait offert le champagne à SÛRETÉ.
- Il vient souvent ?
- Au moins une fois par semaine. Voire plus. Il est tenace, dit le comte, entre deux bouchées.
- Comment ça, tenace ?
- Avant Radik, la Pham’Velker envoyait un autre agent. Mais il se faisait souffler dans les bronches par papa, et il repartait, la queue entre les jambes… Depuis que c’est Radik qui vient, les négociations sont plus serrées.
- Norbert, que vous a dit le docteur Jouvet ?
- Que monsieur le comte était fatigué. Qu’il devait se reposer.
- Oui, il faudra éviter, dans les jours à venir, que ce Radik prenne rendez-vous avec le comte, décida le policier.
- Dans ce cas, dit Maximilien, c’est ma sœur qui devra le recevoir.
Portzamparc, pour lui rabattre un peu le caquet, allait lui dire : « Et pourquoi pas vous ? Si votre père est malade, c’est vous l’homme de la maison. » Mais il s’abstint.
- J’essaierai de parler à votre père.
- Si vous réussissez, détective, nous vous vouerons une reconnaissance éternelle !
Et il ajouta une sentence en vieil exiléen, que Portzamparc ne comprit pas.
- Il ne s’agit pas de reconnaissance, mais de sécurité.

Lucie entrait quand le policier s’apprêtait à partir.
- Je peux vous parler une minute, mademoiselle ?
- Oui, si vous y tenez.
Elle était bien habillée, mais elle avait les traits tirés. Malgré le parfum et la toilette, on devinait qu’elle avait la bouche pâteuse. Ils avaient dû s’amuser, la nuit passée, les étudiants en droit des affaires !
- Ecoutez, il doit y avoir une bête qui loge là-haut, dans le grenier, dit le détective. Il ne faut pas attendre l’accord de votre père pour fouiller un peu ce grenier, et mieux surveiller le manoir.
- Entendu.
- Vous risquez de recevoir la visite de ce monsieur Radik. Il serait préférable de l’écarter. A défaut, ce sera à vous de le recevoir.
- Je comprends.
- Ces rencontres seront plus pénibles à passer que vos diplômes…
- Je vois…

Portzamparc salua et partit. Dans le ballon-taxi, il ne dit pas un mot, et Corben conduisit en silence, oubliant même de vitupérer contre les chauffards qui traversaient les nuages.

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Dossier #4 : L'Inconnu dans le manoir - by Guest - 10-10-2007, 11:13 AM
Dossier #4 : L'Inconnu dans le manoir - by Guest - 10-10-2007, 11:14 AM
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