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Dossier #4 : L'Inconnu dans le manoir
#14

DOSSIER #4<!--sizec--><!--/sizec-->

Novembre reçut de Portzamparc dans son bureau.
- Il se passe quelque chose de pas clair dans ce manoir. Et ils n’ont pas l’air de réaliser !
- Les enfants Whispermoor sont de braves gamins, mais ils vivent dans un milieu protégé. Que la banque s’en prenne à leur père, cela leur paraît à peine imaginable. Il va falloir qu’ils grandissent, et vite.
- La moindre emmerde là-haut, dit Portzamparc, et l’effet s’en fera sentir sur tout le quartier.
- Cette affaire te tient à cœur, on dirait. Mais pour le moment, il n’y a rien de précis.
- J’ai juste une piste à vérifier.
- Fais donc.

Le détective se rendit dans le bureau de Rainier, de la Scientifique.
- Bonjour. J’aurais un échantillon à faire analyser.
- Que cherchez-vous ?
- Je ne sais pas bien. C’est de la boue.
Rainier prit le sachet et l’examina à la lumière.
- A première vue, je dirais que l’assassin est blond, gaucher et qu’il souffre de migraines chroniques. Mais avec des analyses plus poussées…
- Tenez-moi au courant dès que vous avez du nouveau.

Portzamparc alla à son bureau, prendre quelques notes sur la matinée. Il ne fit même pas attention aux dossiers empilés par Priscilla. Il mangea en vitesse, le midi, toujours à sa table. Ses collègues notèrent combien il était absorbé dans son travail. On n’osa pas le déranger.
En début d’après-midi, il sortit enfin la tête de ses papiers. Il avait l’air soucieux. Il entendit Maréchal lui souhaitait une bonne fin de journée. Mais cette voix était lointaine. Ce n’est qu’après le départ de son collègue qu’il réalisa que ce dernier partait plus tôt que d’habitude.
- Il a accumulé tellement d’heures supplémentaires, expliqua Rampoix, que Novembre lui a donné son après-midi.
Portzamparc regarda l’horloge murale. Il en avait encore jusqu’au soir. Il lui tardait de repartir au manoir. Mais il avait des affaires courantes à expédier ici.

*

Maréchal se trouva quelque peu désorienté d’avoir sa fin de journée. Il y avait si longtemps ! Mais il avait quand même sa petite idée… Il repassa chez lui se changer. Il regardait régulièrement sa montre, comme on surveille un petit enfant qui dort. Oui, elle était encore bien là. Elle allait bien.
Il nota que l’aiguille rouge du cadran SHC était passée sur 4. Et ce, après être restée immobile des heures. Il appela, au parlophone de la concierge, les renseignements téléphoniques, et attendit qu’on le rappelle. Il fallut attendre une heure.
- Monsieur Maréchal ?
- Lui-même.
- Le renseignement que vous avez demandé, répondait la voix de l’hôtesse, est arrivée.
- Je note.
- 452, avenue Belastre, quartier des Oublies. Parlophone 23-64.
- Je vous remercie.
Ce n’était pas si loin de chez lui. Il attrapa le tramway E et s’assit dans la rame, déserte à cette heure. Le temps était dégagé. Il y avait un beau clair de Forge, qui nimbait les bâtiments d’acier d’un halo blanc. Il descendit aux Oublies, place du Commandant Respire, et finit à pied. Il passa près des serres appartenant au ministère des Affaires Forgiennes. Puis il trouva, dans la petite avenue Belastre, le jardin d’acclimatation agronomique, et sa galerie du vivant. L’endroit était presque vide. Un groupe d’étudiants en biologie sortaient des laboratoires en riant. Dans l’amphithéâtre, un professeur rangeait ses affaires. A côté, dans la galerie, on voyait, par la vitre opaque, le conservateur achever la visite par la présentation d’un squelette de Mucosaure géant. On se sentait dans un monde un peu à part, dédié uniquement au grand sérieux de la science et de l’étude du passé de la lune. Il régnait une certaine solennité.
Maréchal entra dans la galerie. Dans un coin, sur son siège, un guide somnolait. Un balayeur sifflotait en ramassant les mégots des derniers visiteurs.
- … et c’est ainsi que s’achève notre visite qui, je l’espère, vous aura permis d’avoir un aperçu de cette fabuleuse histoire qui…
On applaudissait le conservateur, un homme dans la force de l’âge, avec une grosse barbe et des favoris broussailleux, pénétré de la dignité de son sujet.
Maréchal s’avança :
- Monsieur le conservateur ?
- Oui, monsieur ?
- J’aurais aimé avoir une conversation avec vous.
L’inspecteur montra sa plaque. Il n’était pas trop fier d’en user : sa démarche était-elle bien avec sa mission de policier ?...
Surpris, mais sans broncher, le conservateur l’amena à son bureau.
Au départ, il devait être grand. Mais entre les meubles, les étagères de bibliothèque, les vitrines d’os et de pierres, et les piles de gros volumes, il ne restait presque plus d’espace pour circuler. Le conservateur alluma une grosse pipe et mit en route son poêle.
- Que pourrais-je donc faire pour vous ?
- Voilà, ma démarche est un peu spéciale… Je suis venu vous demander un avis d’expert.
- Je vous écoute.
- J’aimerais savoir de quel animal peut venir ceci…
Hésitant, Maréchal sortit de la poche de son imper une serviette, l’ouvrit, et en sortit la plume bleue, emballée dans du papier. Il la déposa précautionneusement sur le bureau. Le conservateur déposa sa pipe dans un cendrier sur le rebord de la fenêtre, chaussa ses lunettes et examina la trouvaille du policier. Il observa attentivement, sans rien dire. Maréchal était dans ses petits souliers.
- Intéressant, finit-il par dire.
Il alla vers sa bibliothèque et, sans hésitation, parmi des dizaines de volumes d’histoire naturelle, aux tranches identiques, sortit le bon et le posa sur son bureau. Cela fit un beau dégagement de poussière. Et autant quand il ouvrit les grosses pages, couvertes de textes et de planches illustrées.
- Voyons cela…
Il prit sa loupe pour examiner encore la plume, puis comparer avec les illustrations. Maréchal jetait discrètement un œil : il cherchait du côté des grands rapaces. Puis des races disparues. Contrarié, surpris, le conservateur reprit sa pipe, la ralluma, feuilleta encore. Rangea son volume et en sortit un autre.
- Il me semblait pourtant avoir vu cela…
Les recherches n’aboutirent pas plus.
- Très intéressant…
Maréchal attendait en fumant. Maintenant que la machine était lancée…
- Vraiment intrigant…
Il n’y eut, sur de longues minutes, que le bruit des pages qui se tournent, de la pipe qu’on fume, des remarques à mi-voix du conservateur.
- Puis-je vous demander où vous avez trouvé cette plume, inspecteur ?
- Dans le quartier de la Jointure.
- Vous pensez que c’est une vraie ?
- J’ai cru voir la créature d’où elle est tombée.
- Vraiment ?
Les yeux du scientifique s’ouvrirent plus grand. Sa surprise était sincère.
- Et à quoi ressemblait-elle ?
- Pas tellement à un oiseau. Plus grande… J’ai juste vu une traînée bleue…
Le conservateur sourit, d’un air malin, et alla reposer son gros volume. Il n’en avait plus besoin.
Il alla dans un autre rayonnage, coincé entre un placard et le mur, et y prit un petit volume noir aux liserés dorés.
- Peut-être aurons-nous la réponse dans ceci.
Maréchal lut : « Encyclopédie de l’occultisme. Abrégé de mystique et d’étrangetés. »
Dubitatif, le policier laissa son interlocuteur chercher.
- Nous y voici, sourit le conservateur.
Il avait perdu son air de savant plein d’assurance. Il avait pris une mine de conspirateur.
- Est-ce que cette créature ressemblait à ceci ?
Maréchal observa la double page : au fusin, des croquis, schémas, études anatomiques d’une créature humanoïde pourvue de larges ailes dans le dos. Un individu mâle et une femelle étaient représentés.
- Ma foi… Oui, peut-être bien… Je l’ai à peine aperçue, à vrai dire, cette créature…
- Mais cela pourrait être elle !
- Oui, pourquoi pas…
- Oh, bien sûr, la véracité scientifique de ses dessins n’est pas prouvée…
Maréchal l’aurait compris seul…
- Cependant, il est parfois bon de recourir à ces ouvrages… marginaux, mais parfois fort instructifs…
- Vous pensez que de telles créatures vivent en Exil ?
- Ce n’est pas impossible, inspecteur. Pas impossible du tout…
Maréchal crut qu’on se moquait un peu de lui…
- Ces observations datent d’une vingtaine d’années. Mais on dit que ces hommes ailés ne se montrent qu’aux… marginaux, justement, de notre Lune. Les vagabonds, certaines sectes, les enfants des rues…
- Bien…
L’inspecteur ne se sentait pas très avancé.
- Je vous remercie pour votre temps, monsieur.
- Si j’ai pu vous être d’une quelconque utilité…
- Je l’espère.
- Tenez-moi au courant de vos découvertes.

*

Maréchal repartit chez lui, par le chemin des écoliers. En rentrant, il reçut un appel du commissariat :
- Antonin ? Excuse-moi de te déranger.
C’était Novembre.
- Juste pour te dire que je voudrais que tu ailles, demain, au manoir Whispermoor, avec de Portzamparc.
- Entendu, chef.
Maréchal monta chez lui. Il s’assit, songeur, et finit par réaliser qu’il était immobile, sur le bord de son lit, alors qu’il avait entrepris, au départ, de se déchausser.
Il jeta un œil à sa montre : SHC était sur 3.
Cela l’intriguait trop. Il se mit à son chromatographe. Il passa une partie de la soirée à pianoter et à régler le commutateur, pour trouver quelques informations potables. Les aiguilles de l’écran s’agitèrent fébrilement, de longues heures durant. Mais il ne trouva pas d’information sur les initiales SHC, ni sur les autres.
C’était rageant.

Et il n’avait pas envie de dormir. Nerveux, il tourna en rond chez lui, s’affaire à du ménage, du rangement. Il lui semblait que la nuit, bleu foncé, vivait et l’appelait. Il y avait quelque chose d’obsédant, de lumineux, dans les ténèbres brumeuses d’Exil. Il faisait clair comme jamais sur la lune.
Maréchal enfila son manteau et se mit à marcher.
Ses déambulations nocturnes le menèrent, prisonnier d’une extrême solitude, vers le quartier de la Jointure. Il n’y avait plus rien à voir dans l’impasse de Vilnius.
Il attendit, sous le réverbère de l’autre soir ; il fuma une cigarette, dont la fumée alla danser dans le halo humide au-dessus de lui. Il attendit, et vit une silhouette se déplacer, sur le toit d’en face. Il vit un rat descendre, crisser, et le gamin apparaître à son tour, au coin de la rue.
- Mon chef accepte de te voir, fit le farouche enfant.
- Très bien, je te suis.
Ils traversèrent les rues marchandes à proximité, puis bifurquèrent vers une terrasse où poussait un arbre qu’on disait millénaire, qui enfonçait ses puissantes racines, qui soulevaient les pavés, et dont les branches tanguaient dans le vent au-dessus du vide. Une passerelle tremblotait fragile. Le gamin prit un escalier en fer, très raide, qui servait de chemin d’accès pour les mitiers.
- Tu suis toujours ? dit le gamin, d’un air de défi.
Maréchal ne répondit rien : il suivait.
L’escalier descendait en zig-zag, de la terrasse vers un énorme tuyau ronronnant, graisseux. L’enfant se reçut souplement et continua son chemin, vers un enchevêtrement d’aussi lourds tuyaux coudés, reliés ici et là par de petites échelles.
Commença une longue descente, périlleuse, par des chemins interminables. Quels liquides pouvaient bien passer sous les pieds de Maréchal ?
Régulièrement, on voyait des insignes des services de VOIRIE, avec des repères à trois coordonnées. A mesure qu’on descendait, les bornes se faisaient de plus en plus rares. On croisa alors des panneaux interdisant d’aller plus loin, annonçant un chemin glissant, ou des voies sans issue.
En regardant au-dessus de lui, Maréchal ne voyait qu’un dédale écrasant, et en dessous de lui, un dédale semblable.

On marcha ensuite le long d’un tuyau horizontal, pendant longtemps, dans une noirceur de plus en plus complète. Le gamin trouva alors un sas d’accès, qu’on actionnait avec une lourde manivelle. Il la fit tourner, et elle grinça affreusement. Il souleva la coque et descendit à l’échelle, au cœur de l’imposant boyau. L’endroit exhalait une odeur d’égout. Les eaux usées qui circulaient provoquaient un écho continuel. La rigole était heureusement encadrée par deux passages à sec.
Malgré un sens de l’orientation inné, Maréchal se sentait perdu.
Le tunnel déboucha sur une sorte de clairière, où poussaient quelques maigres arbres. Une lumière lointaine pénétrait en ces lieux. Il y avait un large pan de falaise, où étaient creusés des abris troglodytes.

Maréchal avait repéré d’autres gamins, qui épiaient depuis leurs niches. Peu à peu, ils descendaient, dans le dos du policier, et se mettaient à la queue leu leu, sifflotant ou marmottant. On était arrivé au cœur du repaire de cette bande. Leur chef était là, sur la grande place de cette étrange colonie, coincée au cœur de la cité d’Acier. C’était un adolescent, plus robuste que les autres, portant des breloques et pendentifs nombreux. Il avait devant lui une marmite sur le feu, dégageant des vapeurs âcres.
Le guide de Maréchal s’agenouilla devant son maître, et lui glissa quelques mots à l’oreille, tandis que le chef ne perdait pas cet adulte des yeux. Les autres gamins, dont certains étaient armés de lances ou de révolvers, fixaient aussi leur invité. Il y avait là une vraie petite armée. Et pour peu que ces gamins sussent se battre, ils étaient, potentiellement, un vrai danger.
- Montre ce que tu es venu montrer, dit l’enfant guide.
Le policier sortit la plume bleue de sa poche. Il sentit un frémissement dans l’assistance.
- C’est un signe, dit le chef, avec un accent des rues très prononcé. Un signe que nos alliés les Anges t’ont choisi… ou au contraire…
Maréchal ne répondit rien.
- Bien sûr, toi, Adulte, tu ne crois pas ce que je te dis. Parce que tu vis dans la Cité des Hommes, au royaume de la foudre domestiquée… Tu sais que tu es le premier depuis longtemps à être admis dans notre communauté.
Le prédécesseur avait-il fini à la marmite ? A voir la tête sauvage et rustre de certains, on était tenté de le croire.
- Tes chefs, Adulte, ne t’ont pas dit de croire à nos récits. D’ailleurs, vous ne voyez, d’entre nous, que les plus « civilisés », comme celui qui t’a conduit ici. Ceux qui peuvent presque se fondre dans le paysage.
C’était étrange. Il parlait avec un accent rude, qui passe pour grossier dans Exil. Mais il parlait avec tant de convictions, avec un vocabulaire si inattendu pour cette langue, que son discours devenait intrigant. Et qu’il était impossible de ne pas le prendre au sérieux.
- J’aurais besoin de savoir, dit Maréchal, si un humain recherche les Anges… Pouvez-vous me tenir au courant ?
Il avait parlé leur langue. Les gamins y furent sensibles. Ils furent étonnés. Cet Adulte avait-il été des leurs ?...
- Nous verrons, fit le Chef, qui n’attendait pas cette question.
Maréchal n’avait pu s’empêcher de faire le rapprochement entre ces « Anges » et la menace évoquée à propos du manoir Whispermoor.
- Connaissez-vous le sens du sigle SHC ?
- Peut-être bien, fit le Chef.
- Merci de votre aide.
- Tu vas repartir par où tu es venu. Peut-être t’inviterons-nous à revenir.

*

Le chef se retira, et sa troupe avec lui. Seul resta le guide, qui fit signe au policier de le suivre.
Le chemin de retour fut pénible. Il fallait tout remonter maintenant !
Le gamin n’accompagna pas Maréchal tout du long. Après avoir parcouru une bonne partie du labyrinthe de tuyauterie, il donna des indications à « l’Adulte », qui dit qu’il s’en sortirait. Le gamin disparut lestement, en se laissant descendre le long d’une échelle.
Maréchal se retrouvait seul, absolument seul, dans le paysage gigantesque des égouts aériens. Un instinct sûr lui indiquait la route, comme une boussole. Mais ce n’était pas le tour de savoir par où aller… Il commençait à fatiguer. Il s’égara une ou deux fois, et sentit un affreux sentiment de panique le guetter.
- Tant que je monte, se dit-il…

Et il monta.
Arrivé en haut, au pied du grand arbre, il était épuisé. Il s’était accroché le pantalon et la veste plusieurs fois. Il était tâché de graisse des pieds à la tête. Il tremblait de froid. Il avait faim. Il avalait l’air tant qu’il pouvait.
Son apparence valait bien celle des gamins des rues !

Il ne comprit pas comment il trouva la force de rentrer chez lui. S’il avait croisé un Pandore, il se serait fait embarquer pour vagabondage ! Le chemin lui parut interminable. L’enseigne du Charivari clignotait encore, à cette heure avancée. Des filles entraient et sortaient ; on échangeait de la marchandise.
Maréchal passa aux frontières de ce monde interlope, comme un fantôme. Il entra dans son immeuble, et se jeta sur son lit, après avoir enlevé en vitesse ses habits dégoûtants et puants ! Il attrapa à tâtons sa solide amie, la bouteille de « douze ans d’âge ».

Il en avala une copieuse rasade, respira, et en rebut. Il s’alluma une cigarette, halluciné, et s’écouta respirer. Il regarda la fumée monter au plafond, dansait et s’évanouir. Sa tête lui tournait, il se sentait tomber en arrière. Ses muscles, en se refroidissant après l’effort, lui tiraient douloureusement. Il eut plusieurs soubresauts nerveux, et finit par tomber dans le sommeil.

Il se réveilla le lendemain, avec la gueule de bois et des crampes partout. Il toussait, avait besoin de cracher. Il se traîna au lavabo, se racla la gorge, cracha, et passa sous une douche brûlante. Le monde, de vapeur, d’eau, de carrelage, était gris. Il se sentait misérable, sous le jet d’eau lui rougissait la peau.
Il entendit la concierge, qui commençait l’escalier. Il lui cria qu’il ne se sentait pas bien, qu’elle appelle Jouvet !
- Entendu, monsieur Maréchal !

Elle redescendit en bougonnant, comme à son habitude. Maréchal s’allongea et se hâta de boire à sa bouteille, avant que le médecin ne lui interdise l’alcool !
On frappa plus tard. Sûr qu’il n’irait pas au travail aujourd’hui !
Jouvet entra, sa mallette à la main. Il commençait sa tournée. Il alla tout de suite ouvrir la fenêtre, pendant que la concierge arrivait avec de l’eau chaude. Il l’avait recrutée ! Maréchal avait horreur de la voir entrer chez lui. Elle n’attendait qu’une occasion pour ça.
Comme bien des locataires ne restaient pas longtemps, et qu’elle passait souvent après eux faire le ménage en attendant les prochains, elle se sentait chez elle presque partout dans l’immeuble.
Le docteur remercia la concierge, qui repartit, en bougonnant, nettoyer le palier au-dessus.
- Alors, inspecteur, vous avez fait des folies de votre corps ?
- Ne m’en parlez pas…
- Voyons cela…
Jouvet mit son stéthoscope, prit la tension de son patient en comptant à sa grosse montre de poignet. Maréchal avait la nausée. Il aurait bien voulu pouvoir dire à quelqu’un : « Ces gamins m’ont épuisé cette nuit ! Leur repaire est vraiment difficile à atteindre !... » Mais il aurait préféré que ce soit un délire alcoolique. Hélas…
- Vous me faites de la tension, inspecteur. Et, sauf votre respect, vous sentez la boisson…
Il le palpa ensuite, sur les bras, la poitrine, le ventre… Maréchal toussa, s’agita.
- Arrêtez, docteur, ordonna-t-il, ou moi, je vous arrête !
- Non, c’est moi qui vous arrête, fit calmement Jouvet en rangeant son stéthoscope. Oui, je vous arrête pour deux jours au moins. Dans votre état, vous seriez la risée des truands de Mägott Platz.
Maréchal soupira.
Tant pis pour son aide à Portzamparc : le détective irait seul au manoir !


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Dossier #4 : L'Inconnu dans le manoir - by Guest - 10-10-2007, 11:13 AM
Dossier #4 : L'Inconnu dans le manoir - by Guest - 10-10-2007, 11:14 AM
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Dossier #4 : L'Inconnu dans le manoir - by Guest - 03-11-2007, 05:39 PM
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