28-10-2007, 01:09 PM
(This post was last modified: 28-10-2007, 02:57 PM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
Résumé : Ryu a retrouvé Kishidayu à Heibetsu. Celui-ci n'était autre que le garde du corps de sa mère et sa fille. Le Scorpion affirme que le traître est l'oncle de Ryu. Celle-ci hésite à le croire. Elle ordonne que Kishidayu soit placé sous surveillance. L'oncle reste introuvable.
Pendant ce temps, Hiruya, Ayame et Ikky se rendent chez le pêcheur Gempachi. Ils lui font avouer qu'il sert de passeur clandestin, et qu'il a transporté au moins deux fois Nahoko et la Grue Noire...
De retour de chez Gempachi, les Magistrats trouvèrent, à la Cité du Chêne Pâle, un message envoyé par Ryu, les informant de la situation : les révélations de Kishidayu, la fuite de son oncle. Nos Magistrats en restèrent quelque peu dubitatifs, mettant ces histoires sur le compte de la légendaire étrangeté Dragon. Hiruya fit toutefois son rapport à Miya Katsu, en signalant cette disparition de Mirumoto Osamu, l'oncle, et l'implication de Gempachi. Mais au service de qui était la Grue Noire, pour s'allier avec Nahoko, et avoir vbulu la destruction de la secte du Condor ?...
- Ces histoires sont bien complexes, fit Katsu qui, bien qu'habitué à ce genre d'affaires, n'avait jamais soulevé un pareil sac de noeuds. Toutefois, je vais devoir vous distraire de ces recherches, fit-il solennel.
Surpris, Hiruya écouta.
- Des mouvements de troupe nous ont été signalés, au nord de cette Cité, en votre absence. Je dis au nord, et même à la pointe nord, aux frontières de notre Empire. Vous savez que les pays yobanjin ne sont guère qu'à deux ou trois jours de montagne d'ici.
- Oui, Katsu-sama.
Hiruya se souvenait encore d'avoir vaillamment repoussé une attaque de ces brutes hirsutes de yobanjin, l'année passée.
- En tant que Magistrat d'Emeraude, il est de votre devoir d'aller à la rencontre de cette armée. Savoir qui ils sont.
- Les yobanjin menaceraient-ils nos frontières ?
- Les observateurs de la famille Shiba ne connaissent pas cette troupe. Ce ne sont donc pas ces barbares là. Peut-être bien d'autres, venus de plus loin encore, des profondeurs des Sables Brûlants, qui sait ? Quoi qu'il en soit, il faut prendre contact avec eux.
- Des troupes de l'Outremonde ?
- Non. Les shugenja n'ont pas senti approcher une telle présence maléfique. Sachez que le message nous est envoyé avec le paraphe du taisa Shinjo Morito.
- Les Licornes ?
- Oui, le clan de la Ki-Rin est venu en aide aux Phénix, depuis plusieurs mois. Ils ont repoussé ensemble des armées de l'Outremonde. Depuis, bien que les combats se fassent moins violents, les Licornes surveillent les frontières du Phénix. C'est ce Shinjo Morito qui est à la tête de la troupe qui a pris ses quartiers sur les frontières.
- Il faut bien être Licorne pour s'installer dans une telle région.
- Certes. Le fait est que même les Licornes ne savent pas bien qui sont ces étrangers.
- Alors ils doivent venir de loin. Nous allons vraiment au-devant de l'inconnu.
- Les samuraï de l'Empereur n'ont que des amis ou des ennemis. Il suffit de savoir de quel côté se situent ces inconnus.
- Nous partons en fin de journée, Katsu-sama.
Hiruya mit en branle sa troupe. Bagages, vivres, montures... Quand le Magistrat s'y mettait, il fallait remuer ciel et terre pour satisfaire ses quatre volontés. Les deux Phénix, fatiguées d'avance, soupirèrent à l'idée de repartir déjà. Voilà qu'on allait traîner les pieds dans les sables barbares ! Ayame se disait que le sort s'acharnait sur elle pour la distraire de ses vraies recherches essentielles !... Elle ne parvenait pas à reconstituer ses documents perdus. Et plus le temps passait, et plus ses souvenirs s'effaçaient, comme des signes dans le sable...

Ayame toussait. Une nouvelle rafale de vent venait de soulever de larges tourbillons de sable.
- Zakennayp, toussa Shigeru, que les kamis de l'Air nous viennent en aide, ou nous allons étouffer !
Depuis deux jours, tout le monde avait eu le temps de manger de la poussière.
Sur de hauts plateaux rocheux, une importante armée Licorne manoeuvrait. C'était les couleurs du capitaine Shinjo Morito. Ils avaient établi un camp sur ces régions désertes, comme si, partout où soufflait le vent, les Licornes pouvaient se considérer chez eux, eux les habitants du voyage.
La Magistrature d'Emeraude s'approcha. Le Crabe passa le premier.
- Au nom de Kakita Hiruya-sama, représentant de l'Empereur !...
Le taisa Licorne arriva à cheval, entouré de deux officiers :
- Mon nom est Shinjo Morito, serviteur du Maître des Quatre-Vents, Shinjo Yokatsu, champion des Licornes. Je suis honoré de votre arrivée, samuraï.
- Quelle est cette menace dont tu parles dans ton message, Morito-san ?...
- Voyez plutôt là-haut, samuraï !
Morito désignait le haut de la crête rocheuse, sous le soleil de midi. Des centaines de silhouettes de cavaliers s'y tenaient, noirs dans la lumière.
- L'Outremonde, ici ?...
- Non, je ne pense pas...
Shinjo Kohei et Bayushi Bokkai s'étaient portés à l'avant de la troupe. Le Licorne sortit sa lunette de visée :
- Teyandee, voilà bien d'étranges particuliers.
La troupe de cavaliers, forte d'une centaine de membres, resta sur la crète, elle aussi regardant les samuraï, puis disparut dans les terres gaijin.
- Etrange, fit Kohei, qui avait une petite idée sur la question...
Le Licorne rangea sa lunette et salua Shinjo Morito. Il connaissait ce capitaine de réputation. Il avait déjà eu une vie mouvementée. Né Otaku Morito, il enviait les femmes de son clan, les célèbres Vierges de Bataille, qui seules avaient droit de chevaucher sur les prestigieuses montures du clan. Un soir, Morito, malgré l'interdit formel faite aux hommes, s'approcha des écuries et tenta de monter sur un des chevaux. L'animal, rétif, s'agita, rua, s'énerva et s'affola pour de bon. Morito fut jeté à bas, et la pauvre bête, dans sa colère, se fit mal à la patte. Ses cris alertèrent le seigneur Otaku Kojiro, maître des étables de la famille. Morito était pris sur le fait : il avait bravé les lois de sa famille.
La jambe du cheval était cassée. Elle put éviter l'amputation, mais elle finirait sa vie à brouter dans un champ reculé, n'étant plus capable de supporter un cavalier.
Quant à Otaku Morito, il fut banni de son clan. Il vécut la vie des rônins, en compagnie de son frère Tokei, qui l'avait rejoint dans sa déchéance : au courant des projets de Morito, il n'avait su le faire renoncer. Les deux frères partirent sur les routes. Durant la guerre, il fut accepté à nouveau dans son clan, accueilli par la famille Shinjo. Le cas était relativement exceptionnel, mais n'aurait pu se produire que chez les Licornes, ceux-ci ayant une attitude moins stricte envers les rônins.
Quant à Tokei, il ne revint pas dans le clan. A la place, il devint disciple du célèbre Naka Kuro, le plus grand magicien que l'Empire ait jamais connu.
- Ton avis, Kohei ? demanda Hiruya.
- Sans nul doute des gaijins. Des gaijins un peu particuliers, ceci dit...
- Explique-toi.
- Je pense que Shinjo Morito partagera mon avis. Je dirai qu'il s'agit de lointains cousins à nous, qui ne vivent pas dans l'Empire, mais dans les Sables.
- Ce sont bien des gaijin alors.
- A moitié, Hiruya-san. A moitié seulement. Je les ai rencontrés, il y a longtemps de cela...
- Ah, je vois, dit le Magistrat. Lors de ce long voyage...
- Oui, c'est cela...
Kohei sentit une grande nostalgie l'envahir. Comme il y avait longtemps, déjà, qu'il était parti, avec son père et ses deux frères, vers la lointaine cité de Medinat Al'Salaam, la perle du désert...
Mais il n'eut pas le temps de se plonger dans ses souvenirs. Les vents du nord se mirent à tourbillonner de plus en plus fort sous le grand soleil jaune. Ils se précipitèrent en hurlant sur Isawa Ayame, et l'entourèrent comme un manteau. Le cheval de la shugenja se cabra, tandis que mille esprits venaient faire entendre leur voix, pour Ayame seule !
- Quel prodige, dit Shigeru.
Bokkai haussa les épaules : encore de la magie épatante des Phénix ! Trop visible ! De la poudre aux yeux !
- Ton devoir est accompli, disaient les voix innombrables qui circulaient autour d'Ayame. Tu as détruit la Chose qui rampe dans la nuit... Mais cela signifie... que ton destin ne t'appartient plus... Que serait un mortel sans devoir ?... Tu les dois les aider, eux... ces étrangers à ton monde... si semblables pourtant... Ils connaissent notre puissance, à nous les fils des grands vents... Vous saurez parler le même langage... Car eux aussi ont leur place dans la roue de l'Ordre Céleste... parmi les dix milles créatures... Il y a un homme qui a tout perdu... un homme de ta caste... qui partira à Otosan Uchi... il aura besoin de toi...
Sur le moment, Ayame ne comprit pas tout, mais elle savait qu'il en allait ainsi avec les esprits du vent ! Elle espérait que, contrairement à ce qui s'était passé à Heibetsu, des démons ne s'étaient pas glissés dans ces voix, pour la détourner du droit chemin. Mais avec la destruction de Nahoko, les kamikaze devaient avoir trouvé la pureté, car la Chose était morte dans Morikage Toshi...
- Par Shiba, impressionnant, s'exclama Ikky.
Les esprits se dispersèrent, et tout le monde regardait -pour une fois- Ayame avec une admiration certaine.

Isawa Ayame ne se fit pas prier. Avec les esprits du vent, qui restaient sa seule raison de vivre, on ne plaisantait pas ! Elle retransmit aussi fidélement que possible le message apporté par les cieux.
- Les esprits du Vent, dit Hiruya, nous encouragent donc à parler à ces cavaliers. Tant mieux, il s'agit de la mission confiée par Miya Katsu !
Si tout le monde dans l'Ordre Céleste, magistrats et divinités, étaient d'accord, on n'allait pas se plaindre.
Ayame parla ensuite du samuraï en route pour Otosan Uchi :
- Un homme de notre caste, mais déchu. Autrement dit, un rônin. Et nous ne connaissons pas deux rônins. Qu'est devenu Riobe ?
- Ma foi, dit Bokkai, alors que vous étiez parti sur la côte, il a décidé de poursuivre son chemin seul. Nous ayant aidé contre Nahoko, il a estimé ses devoirs envers nous remplis. Je ne pouvais pas le retenir.
- Non, surtout toi, dit Hiruya. Où est-il parti ?
- Vers la Cité de la Forêt des Ombres. Vous vous souvenez qu'il a tiqué au nom de Shosuro Emmon. Je sais qu'il veut le retrouver. Sans trop m'avancer, je dirais qu'il hait à mort cette personne.
- L'imprudent, dit Ikky. Il ne sait pas qui est cet Emmon. Il est dangereux.
- Personne ici ne dira le contraire, dit Bokkai. C'est un maître des intrigues, de la tromperie, du double-jeu... Bref, un vrai modèle pour tous les gens de mon clan !
- Nous avons une mission officielle, dit Hiruya. Il est regrettable que nous ne puissions avertir Riobe. Cependant, Bokkai, tu as dit qu'il était en route pour la Cité de la Forêt des Ombres...
- Oui, puisque c'est là-bas que réside, ou que résidait, Emmon-san...
- Mais il ne se rend pas à Otosan Uchi ?
- Apparemment, non.
- Donc peut-être que ce n'est pas à lui que les kamikaze faisaient référence...
- Mais qui alors ?
- Je l'ignore, dit Ayame. Mais chaque chose en son temps. Commençons par ces "barbares".
- Le soir tombe, dit Hiruya. Nous profiterons de l'hospitalité de Morito-san pour ce soir. Demain, Ayame, Ikky et Kohei viendront avec moi, à la recherche de cette troupe.
Tout le monde approuva.
A suivre...
