30-10-2007, 01:37 AM
(This post was last modified: 30-10-2007, 01:38 AM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
Riobe descendit de cheval, à la porte ouest de la Cité de la Forêt des Ombres. Des mouettes criaillaient, à l'heure où les pêcheurs rentraient. La place du marché était déjà noire de monde.
Le rônin finit à pied, et se fit annoncer au palais du gouverneur.
- Entre, lui dit-on, tu es attendu.
Riobe remercia poliment, humblement même, et passa la poterne. Il fut reçu par le premier magistrat de la ville, Shiba Tadamischi.
- Seigneur, dit-il en s'inclinant bien bas, je te remercie de me recevoir si promptement.
- J'ai reçu ta missive. Les hommes de l'armée de Toturi sont les bienvenus dans mon clan.
Le gouverneur évita de demander ce qu'un officier du Lion Noir faisait si loin de son armée.
- Voici la raison de ma venue, Tadamischi-sama. Je cherche un homme qui a vécu ici plusieurs années. Un certain Shosuro Emmon..
- Il a disparu récemment, rônin. Cependant, tu n'es pas le premier à le chercher. Alors j'ai ordonné des recherches. Des pisteurs me disent l'avoir aperçu au sortir de la Cité de l'Or Bleu, il y a quelques jours. Il n'est donc pas allé si loin.
- Mais toutefois, il est parti précipitamment ?
- Oui, certainement. Mais il y a déjà dix jours de cela, au moins.
Riobe, en s'inclinant encore, répondit :
- Je te remercie de ton aide, seigneur.
- Puis-je te demander, osa le Magistrat, pourquoi tu veux retrouver Emmon-san ?
Riobe, si doux avec Tadamischi-sama, durcit d'un coup le ton :
- Cet homme a fait un affront mortel à ma famille, seigneur. Il doit mourir.
Et il s'inclina de nouveau, humble et doux.
Riobe repartit sur l'heure de la Cité, et prit la route côtière vers le sud. Il arriva bientôt en vue de la cabane du pêcheur Gempachi, qui l'avait naguère hebergé avec Sotan.
Riobe se proposa de passer le voir, en souvenir du bon vieux temps, comme on dit. Il l'appela du dehors.
Pas de réponse. Peut-être était-il parti pêcher.
Riobe entra dans le petit jardin. Il fut saisi par l'infect odeur. Une odeur de mort.
Il entra, un mouchoir sur le nez. Des mouches vrombissaient. Il y avait un cadavre, déjà bien attaqué par les horribles nuées. Le rônin s'approcha. L'odeur était intenable.
C'était Gempachi. Mort depuis plusieurs jours. On lui avait soigneusement tailladé le visage, selon un motif précis.
- Par les tripes d'Akodo, qu'est-ce que cette horreur !
Riobe ressortit en vitesse. Il avait la nausée. Respirer le grand air lui fit du bien. Qui avait bien pu s'en prendre à un pauvre pêcheur isolé comme Gempachi ? Et pourquoi cette marque qui ressemblait à un rituel ? Qui avait pu signer son forfait ainsi ?
Le rônin se pressa de remonter en selle. Il serait temps, en arrivant à la prochaine étape, d'avertir les autorités, qui enverraient les etas.
Le soir tombait quand Riobe entra dans la Cité de l'Or Bleu. C'est alors que Riobe repensa que, dans la Cité des Mensonges, certaines victimes de la secte du Condor avaient eu le visage tailladé elle aussi ! Mais là, ce n'était pas l'insigne du Condor !
![[Image: condor.gif]](http://www.sdm-ftp.homelinux.com/L5R/condor.gif)
Riobe s'arrêta à l'auberge et se fit servir à dîner. Soucieux, il avala sa soupe et mangea le riz, puis monta se coucher. Il n'avait parlé à personne.
Il eut du mal à s'endormir. Le sommeil vint toutefois, tard dans la nuit. Riobe n'aimait pas déroger à la vieille sagesse d'Akodo le Borgne : "couche-toi tôt, ainsi, quand on t'attaquera au milieu de la nuit, tu seras reposé".
Peu après s'être endormi, Riobe entendit qu'on grattait à sa porte. Il attrapa aussitôt son sabre et alla à la porte. On grattait toujours.
- Qui est là ?
Pas de réponse. Il entendit des pas s'éloigner. Il ouvrit brusquement la porte. Il vit des silhouettes habillées de noir détaler.
- Hé vous là !
Un des hommes passa par la fenêtre. Riobe courut et en attrapa à la gorge. Il sentit qu'on voulait le saisir par derrière. Le rônin décocha un coup de coude dans son agresseur, se retourna, lui envoya son poing dans la figure. L'autre voulut s'enfuir. Riobe lui taillada le bras.
- Reste ici toi !
Le second, à terre, se releva d'un coup, poignard à la main. Riobe le renvoya à terre d'un coup de sabre : sa tête tomba la première, puis son corps.
Le combat avait fait du bruit. Le patron montait, avec un yoriki, une lanterne à la main.
- Donnez-moi ça, dit Riobe en lui prenant des mains.
Il éclaira sa porte de chambre : on avait commencé à tailler dans le bois le même sigle que celui pratiqué sur le visage de Gempachi !
A première vue, cela ressemblait à des méthodes de yakuzas. Mais pourquoi Riobe se serait-il mis à dos la petite pègre locale ?
Non, c'était plus grave que ça.

Un des agresseurs était encore en vie. Le patron et le yoriki avaient reconnu un soldat de Toturi. Ils n'osaient pas intervenir. Riobe releva l'espèce de ninja à la manque qui avait voulu s'en prendre à lui.
- Qui t'a engagé ?
- Un homme riche, non loin d'ici.
- Ah oui ? Alors tu vas m'y conduire ! Allons, en avant !
Riobe lui donna une claque sur la tête et lui pointa son sabre dans le dos.
- Patron, faites préparer mes affaires. Je pars sur le champ.
- En pleine nuit ?
- Oui, si je veux retrouver ses complices, je dois faire vite.
Riobe monta à cheval, ayant attaché son prisonnier à la selle.
- Allons, en avant ! Et presse le pas, sinon tu vas faire le voyage allongé !
Le rônin fit partir son cheval au trot, et le misérable eut du mal à suivre. Il tomba plusieurs fois, fut traîné dans la poussière, se releva, tomba encore. Riobe, estimant qu'il en avait assez fait, ralentit.
- Allons, dépêche-toi. D'où viens-tu ?
- D'une petite maison, au sortir de la ville ?
- Est-ce vous qui avez tué le pêcheur, sur la côte ? Parle, misérable, où je te taille les oreilles en pointe !
- Pitié, oui ! Oui, c'est nous !
La promenade nocturne dura une petite heure. A bout de forces, le "ninja" finit de conduire Riobe au coeur d'une petite forêt. S'y trouvait une masure, éclairée par un rayon de lune.
- L'endroit est idéal, dit Riobe, pour un repaire de bandits.
- J'ai accompli ma promesse de vous amener ici, gémit le "ninja".
- Tu as raison.
- Alors quoi ?
- Alors tu peux t'en aller.
- Vrai ?
- Mais oui.
Le malheureux tourna les talons. Riobe dégaina et lui trancha la tête.
- Il ne s'est pas senti partir...
Le rônin nettoya sa lame et approcha de la maison.
C'était trop facile, évidemment.
On avait envoyé trois tocards à l'auberge, pour l'attirer. Mais au fond, il ne demandait pas mieux que de suivre la piste des loups, emblème des rônins sans clan, pour mieux se jeter dans la gueule de l'animal !
Il approcha donc, le sabre en main. Par une fenêtre, il vit quelqu'un le viser, un arc bandé en mains. La flèche partit. Riobe ne se jeta pas sur le côté : il intercepta la flèche en vol d'un coup de sabre et la trancha. Une seconde partit ; dans un mouvement de retour, Riobe la coupa aussi sec.
Il se jeta en avant, et roula jusqu'à la porte. Il resta accroupi et écouta. Puis il enfonça la porte de vieux bois et entra dans la bâtisse. L'intérieur était humide, poussiéreux.
Riobe laissa ses yeux s'habituer à l'obscurité. Il crut entendre du bruit derrière lui. Un agresseur qui venait du dehors. Il se retourna. C'est alors que, dans son dos, tombèrent du plafond trois silhouettes vêtues de combinaisons noires.
- Laisse tomber ton arme, rônin ou tu es mort.
Riobe se figea, et sourit.
- Non, je ne crois pas, dit-il en se retournant et en tranchant à vif dans un premier opposant. Il esquiva les coups des autres, qui finirent eux aussi à terre, en deux ou trois morceaux.
Riobe aperçut leurs armes : des tonfas.
Il secoua la tête, dédaigneux, en poursuivant son chemin :
- Bande de barbares...
Il ouvrit un panneau coulissant et entra dans une grande pièce. Là, il reçut ce qui fut sans doute le choc de sa vie.
Sur un siège, aux côtés duquel étaient posées deux lanternes, était ligoté un vieil homme. Le crâne chauve, des cheveux longs tombant sur le côté, les moustaches fines et tombantes. La musculature aguerrie, les avant-bras tatoués de serpents.
- Akodo Kage-senseï...
... OMBRES, ET POUSSIÈRE... SAMURAÏ...<!--sizec--><!--/sizec-->