10-04-2008, 12:58 PM
(This post was last modified: 14-04-2008, 02:05 PM by Darth Nico.)
[GUARDIAN OF ETERNITY]
Jour II : Orbite basse de Satchidananda - Arc solaire diurne<!--/sizec-->
Le transport de Jaggath et Baelun descendit en vitesse réduite, puis traversa une couche d'épais nuages, et bientôt la terre or, ocre et amande de la planète apparut.
- Il y avait si longtemps que je n’étais pas venu, soupira Jaggath.
- C’est ici que devrait se dérouler cette opération « Sabre noir » ? demanda Baelun.
- Je ne sais pas. Lord Whispermoor n’en savait pas plus. Nous savons juste que les Hutts ont investi des milliards de crédits dans ce projet. J’ignore ce qu’ils ont pu faire pour ce prix-là. Le fait est que nous devrions en apprendre plus très bientôt…
-
On survolait maintenant la planète.
- Nous ne sommes pas seuls, dit Baelun. Revoilà le renifleur…
Cyrillis ralentit l’allure. Une grosse sonde descendit en piquée de l’espace et vint s’enclencher sur le haut de l’appareil. Elle se mit à clignoter.
- Je reçois ses informations…
Baelun regarda les images de la sonde sur l’ordinateur du cockpit : on vit plusieurs petits films holo des chasseurs lourds de la LEB.
- Ils nous ont suivis depuis chez Whispermoor, dit Cyrillis.
- Alors, maintenons le cap et faisons comme si de rien n’était…
- J’ai peut-être mieux, maître… Je suggère que nous marquions une pause.
Cyrillis poussa un bouton qui fit s’ouvrir une bonbonne située sur le dessus de l’appareil. Il s’en échappa une âcre fumée noire. Baelun ralentit encore l’appareil, fit plusieurs manœuvres maladroites, coupa plusieurs circuits auxiliaires, fit mine de remonter, puis de redescendre et se posa, en pleine nature, alors que l’appareil semblait vomir l’énorme traînée.
- C’est Katarn qui m’a montré ça, fit Baelun, pas mécontent de lui. De même que la sonde.
- Si les Jedi se mettent à utiliser des ruses de contrebandiers, fit Jaggath.
Cyrillis coupa les moteurs et libéra la sonde qui s’envola dans les nuages.
Peu après, on entendit passer les lourds chasseurs Barabel. Du cockpit, les deux Jedi purent suivre l’évolution de leur sonde renifleuse.
On la vit approcher l’un des chasseurs Barabels par son angle mort, à gauche à l’arrière, et se fixer sur lui. Puis activer ses caméras sur toute sa surface sphérique.
- Le rayon d’émission n’est pas très grand, dit Cyrillis, mais il devrait suffire.
L’ordinateur de bord enregistrait les précieuses données transmises par la sonde. Bientôt, l’émission se brouilla et se coupa complètement.
- Bon, ces données devraient suffire. Et je crois que notre avarie est miraculeusement réparée, sourit Baelun.
- Alors nous repartons.
L’appareil redécolla dans la minute. L’ordinateur de bord calculait la trajectoire d’après les images reçues.
Les deux chasseurs Barabels descendirent dans un canyon aussi immense que tortueux, sorte d’entaille profonde sur la surface de Satchidananda, et se posèrent sur une plateforme précaire, qui dépassait, fragile, de la roche.
Les deux pilotes Barabels en descendirent, grognons et retirèrent leurs casques. Ils traversèrent la plateforme au sol grillagé et passèrent la porte sécurisée nichée dans la falaise. Ils entrèrent dans un gros hangar où s’affairaient un grand nombre de leurs semblables. Pendant ce temps, des remorques étaient en train de tracter leurs appareils vers le stand technique.
- Messieurs, j’attends votre rapport de vol.
Les deux pilotes se retournèrent et firent face à l’officier qui s’adressait à eux : c’était un humain en uniforme du Soleil Noir.
La peau noire, les cheveux en brosse, deux pastilles blanches à la place des yeux, avec une large balafre à son menton qui laissait apparaître un circuit électronique.
- Commandant Kuti-La, grogna l’un des pilotes, nous ne sommes pas censés répondre devant vous, mais devant le seigneur Feron…
L’humain les toisa, bras croisés derrière le dos. Il ne dit rien et s’approcha des deux vaisseaux, sur lesquels plusieurs droïds commençaient à opérer. Calmement, l’humain observa les appareils. De petits droids arachnéens couraient sur la coque pour effectuer des soudures. Kuti-La en suivit un, qui s’acharnait contre une épaisse boule, fixée par des grappins sur la coque. Le droïd tirait dessus et lui infligeait des chocs, sans succès.
Kuti-La observait attentivement, tandis que les deux pilotes ne comprenaient pas mais commençaient à s'inquiéter. Le droïd parvint enfin à enlever la sphère. Il fut déséquilibré en l’arrachant et tomba au sol, écrasé par sa boule.
Pendant qu’il agonisait en gesticulant, Kuti-La s’approcha et examina la sphère.
Furieux, il se retourna sur les deux pilotes, ahuris, qui ne comprenaient rien.
- Un problème, commandant ? dit l’un des deux.
Il l’avait dit d’un air presque ironique, comme si cet humain allait pouvoir se permettre un commentaire sur les magnifiques vaisseaux des fiers pilotes Barabels !
Soudain, les deux avant-bras de Kuti-La se mirent à crépiter et des circuits chauffés à blanc apparurent sous sa peau. Coup sur coup, les deux pilotes reçurent le plus beau direct de leur vie en pleine mâchoire. Ils s’écroulèrent par terre, la bouche en sang, secoués de tics dus au choc électrique.
- Un problème, imbéciles…
Kuti-La les toisa avec mépris.
- Dites plutôt que nous pouvons plier bagage ! Les deux Jedi seront ici d’un moment à l’autre !
Kuti-La fit signe à un groupe de ses hommes d’évacuer le hangar. Les deux pilotes peinaient à se relever, penauds, déconfits…
- Soyez heureux, bande de primates, que ce soit à moi que vous deviez rendre des comptes, leur lança Kuti-La. Avec le capitaine Feron, vous seriez déjà morts !
Le commandant s’éloigna en hurlant l’ordre d’évacuation générale. Les sirènes se mirent à retentir dans toute la base.
![[Image: blade.jpg]](http://www.grand-donjon.com/images/blade.jpg)
Commandant Kuti-La, Soleil Noir
Alors que les Barabels et les hommes du Soleil Noir entraient en effervescence, le transport YT plongeait dans le canyon. Jaggath fermait les yeux en se pinçant le haut du nez.
- Je sens… plusieurs êtres vivants… plus bas, cette direction…
Cyrillis changea sa trajectoire et régla le senseur du vaisseau en recherche focalisée.
- Ca y est, une activité électronique…
- L’entrée doit être dissimulée…
- Pas si dissimulé que ça…
Deux chasseurs lourds étaient juste en train de décoller de la plateforme !
- Il ne fallait pas en attendre d’autre des Barabels, sourit Jaggath.
Mais quatre torpilles à protons partirent des chasseurs de la LEB ! En plein vers le cockpit du YT !
Baelun vira brusquement et le transport fit une embardée terrible, perdit son équilibre, plongea. Les torpilles allèrent s’écraser sur la falaise. D’énormes blocs s’en détachèrent, avec une pluie de roches, qui percutèrent la coque du transport des Jedi, qui plongeait à pic !
Cyrillis tirait le manche tant qu’il pouvait. Jaggath écarta les bras, tendit les muscles et fit appel à la Force, crispé. L’appareil commença à se redresser, évitant de peu un choc définitif avec le fond du ravin.
Les deux chasseurs Barabels avaient plongé à leur tour et ouvraient le feu. Jaggath s’était précipité aux commandes des boucliers et les cala à l’arrière, juste à temps. Les tirs percutèrent la membrane laser et s’y dispersèrent. Cyrillis avait rétabli l’appareil à l’horizontale et filait en rase-motte.
- Nous nous éloignons trop, dit-il. Ils vont avoir le temps de décamper !
Il amorça une remontée à la verticale. Le tout pour le tout ! Parce qu’il pouvait soit échouer à maintenir l’appareil en équilibre, soit aussi devenir une cible de choix pour les deux Barabels.
Mais ceux-ci avait fait des embardées dans le fond du canyon et eurent du mal à suivre. Le transport YT passa au-dessus du sommet des falaises et Cyrillis amorça un large demi-tour.
- Maintenant, trouver le moyen d’entrer avant que les deux affreux ne nous rattrapent…
- Il faut couper leur retraite aux occupants de la base.
- Entendu, fit Cyrillis, nerveux…
Il commença à enclencher des torpilles dans le tube que Katarn lui avait monté sur l’appareil.
- Arrêtez, dit Jaggath, je n’ai pas dit de tout détruire !
Cyrillis accéléra et replongea vers l’entrée de la base.
- Il va quand même nous falloir une ouverture !
Il expédia une torpille sur la falaise. Le Bothan ferma les yeux : il ne voulait pas voir le résultat !
La torpille percuta et, dans une abominable explosion, un pan de falaise s’effondra, en énormes blocs, révélant à nue la base de la LEB !
- La porte est ouverte ! fit Cyrillis.
Jaggath sortit du cockpit et alla au sas d’entrée. Il enleva son grand manteau (un des nombreux exemplaires de sa garde-robe), attacha ses manches très serrées aux poignets, son pantalon aux chevilles, puis sa ceinture. Il ouvrit le sas et reçut des rafales cinglantes d’air en pleine tête. Il s’accrocha à la porte : la plateforme, ou ce qu’il en restait, approchait à toute allure !
Au moment opportun, ou le moins inopportun, Jaggath se propulsa en l’air avec la Force, en un grand salto avant, et atterrit en roulade sur la plateforme. Entraîné par le mouvement, il était encore en train de rouler quand le comité d’accueil arriva : des droïds K5 armés de fusils mitrailleurs !
Le Bothan, en grand écart au sol, dégaina au dernier moment son grand sabre bleu et para les tirs. Il y avait quatre droïds face à lui, et deux autres qui arrivaient par le côté !
Les tirs se déchaînèrent. Jaggath bondit, et empala un droïd sur son sabre ; il rebondit sur sa tête et sauta derrière un appareil endommagé : les tirs ne purent le suivre jusque là.
Les droïds se réorganisèrent, et braquèrent leurs armes en direction de vaisseau. Puis ils se mirent à avancer lentement.
Le transport de Cyrillis et ceux des Barabels s’étaient éloignés. On entendit plus que le bourdonnement caractéristique du sabre-laser.
Les transports mirent en joue. Ils allaient se diviser en deux groupes de cinq, quand on vit le Bothan jaillir dans les airs et allumer la seconde lame de son sabre !
Le Jedi atterrit devant ses ennemis, et, dans un tourbillon de lames bleues, les attaqua et les découpa à vive allure !
C'est à ce moment que Cyrillis revint : il sauta de l’appareil, atterrit en allumant son sabre turquoise, et prit son lot de droïds !
En quelques secondes, il y en eut une quinzaine par terre.
Les deux Jedi s’approchèrent l’un de l’autre et se remirent en garde.
- Je pense qu’ils n’ont pas lésiné sur les moyens, dit Jaggath, son doublesabre en défense. Ce n’était que les gardes de l’extérieur.

Les deux Jedi coururent vers l’entrée, dans laquelle un Barabel venait de se précipiter. Une porte blindée se referma d’un coup sec devant eux.
Jaggath allait posément la découper au sabre quand Cyrillis eut une idée :
- Excusez-moi, maître…
Il y avait un gros blaster BLAF renversé, dont les Barabels n’avaient pas eu le temps de se servir. Avec la télékinésie, Cyrillis le remit sur pied ; Jaggath recula de trois pas, puis Cyrillis déclencha le tir sur la porte.
L’impact des deux lourds lasers la fit voler en éclats.
- Si l’artillerie lourde doit remplacer les sabres, soupira Jaggath en enjambant la porte éventrée.
Dans la base, on n’entendait plus d’alarme, mais on voyait des lumières rouges clignoter dans les couloirs.
Plus personne.
Ils arrivèrent dans la salle de surveillance, où ils activèrent en vitesse l’ensemble des écrans. Le spectacle en valait la peine. Cinq des écrans étaient consacrés au site principal de cette base secrète : dans un puits naturel, trois gros silos à missiles. Et on voyait des transports descendre lentement vers la surface.
Il n’y avait plus à se demander où aller !
- Ils seraient prêts à tout faire sauter, pour effacer les preuves, dit Cyrillis.
Kuti-La dirigeait la manœuvre d’évacuation sur le lieu des silos. Déjà, plusieurs barges décollaient et des droïds finissaient de miner les accès du site.
Soudain, un droïd fut projeté dans les airs, et un autre plaqué au sol. Sabres allumés en main, les deux Jedi entrèrent dans le puits.
- Malédiction, cracha Kuti-La.
Des droïds braquèrent les Jedi de leurs mitrailleuses.
- Vous savez bien que c’est inutile, dit Jaggath.
En rangs serrés, les droïds reculèrent devant les Jedi qui faisaient tourner leurs sabres lentement, très assurés.
Kuti-La se voyait perdu.
Il agrippa brusquement un droïd et sauta sur ses épaules ! Puis il activa le réacteur dorsal de sa monture improvisée, qui s’envola dans les airs avec lui ! Et qui se posa sur une plateforme, une dizaine de mètres au-dessus.
Kuti-La activa alors une commande. L’alarme retentit à nouveau dans le puits et les silos se mirent à trembler.
Les Jedi éteignirent leurs sabres et refluèrent vers l’entrée d’où ils venaient.
Brusquement, un bruit titanesque retentit, et un souffle de cauchemar secoua le puits. Tout fut soufflé et broyé d’un coup et on entendit un grondement semblable à celui du moteur d’un gros transport !
Jaggath jeta un coup d'œil et vit les deux silos décoller lentement !
Ils étaient montés sur réacteurs !
Au sol, tout avait été balayé ! Mais les silos rejoignaient l’air libre et un transport les attira à lui de son rayon tracteur, les arrima sous sa coque et s'envola !
- Non, dit Cyrillis, ils n’ont pas lésiné sur les moyens !
![[Image: jaggath.jpg]](http://altabtv.free.fr/images/jaggath.jpg)
"Quelques tenues de la garde-robe de Jaggath..."

Jour I : Niveaux médians de Gianthropy, Boz Pity - Arc solaire nocturne<!--/sizec-->
Sadim avançait toujours, mains sur la tête. L’Ugnaught ne le lâchait pas d’une semelle, dans les rues chaotiques de la cité. A se demander comme il pouvait s’y retrouver dans ce fouillis de quartiers agglutinés les uns aux autres, où il n’y avait pas deux rues semblables.
Ils traversèrent une grande passerelle, de laquelle Sadim aperçut les quartiers et les îles inondées. Enfin, au détour d’une tour de communication, on arriva devant un petit bâtiment gardé par deux Barabels à l’air patibulaire.
- Ptêtre bien qu’on est arrivés, grogna le Ugnaught.
- Ptêtre bien que je vais continuer seul, dit Sadim.
- M’étonnerait !
Il allait cracher, de satisfaction, quand il sentit son tromblon lui échapper des mains. Le temps de réaliser et il vit son supposé prisonnier qui le tenait dans les mains !
Et qui lui retournait un coup de crosse dans les gencives !
Le Ugnaught tomba sur le sol boueux, tandis que Sadim cassait l’arme sur sa cuisse.
- Fini de jouer avec des armes dangereuses, papi ! Faudra penser au blaster à bouchon, plutôt !... Merci quand même de m’avoir conduit ici.
Les Barabels avaient assisté à la scène, méfiants, et s’approchèrent, leurs gourdins de sécurité en main. Ils furent alors assez surpris d’entendre l’humanoïde en armure dorée leur lancer :
- Conduisez-moi à votre chef.
Le sergent Barabel ronflait tranquillement à son bureau, sous son ventilateur de plafond qui tournait au ralenti. Soudain, la porte s’ouvrit en coup de vent, et une rafale fit tout voler, lui y compris, avant qu’il ne retombe, les quatre fers en l’air, recouvert de ses papiers. Le sergent vit alors un humanoïde lui demander poliment :
- Où est votre chef ? Vous n’êtes sûrement pas le chef ici, je me trompe ?...
Le sergent grogna une vague injure.
L’humanoïde l’attrapa par le col et l’assit sur son bureau.
- J’ai posé une question, et je suis pressé, imbécile…
Sadim entendit arriver dans son dos deux gros Gamoréens, contents de pouvoir se défouler.
![[Image: sadim.jpg]](http://altabtv.free.fr/images/sadim.jpg)
"Conduisez-moi à votre chef."
Dans la rue, l’Ugnaught se relevait, la tête sonnant comme un diapason, avec des dizaines d’étoiles qui dansaient devant ses yeux.
Quand il allait raconter à sa femme qu’il avait essayé de jouer les apprentis chasseurs de primes !
C’est alors qu’un coup de vent, parti de l’intérieur du bâtiment, projeta à travers les fenêtres deux Gamoréens dodus, qui allèrent s’étaler dans la boue avec lui.
- J’attends, dit Sadim, en serrant le sergent un peu plus fort.
Dans son vilain dialecte, le Barabel grogna quelques renseignements. Sadim le relâcha :
- C’est tout ce que je voulais savoir.
Le Jedi ressortit tranquillement. Les Gamoréens étaient en train de se relever. Sadim leur fit un petit signe négatif. Les Gamoréens grognèrent puis se rallongèrent dans la boue. Ils firent semblant de s’y sentir à l’aise, d’y nager avec plaisir…

Le Jedi ne s’attarda pas dans ce quartier miteux. Un bloc de données pris aux Barabels lui indiqua le chemin à suivre pour se rendre à la grande station ferroviaire.
Son sac de voyage sur le dos, il arriva dans ce grand bâtiment de l’ère industrielle impériale, triomphe du style mastoc, démesuré, de l’ère Palpatine. Et il n’y avait presque personne dans cette gare bien trop grande, avec sa verrière et ses quais interminables. Un express était sur le départ. Sadim grimpa à bord au moment où les portes allaient se refermer.
L’express de nuit quitta la gare sur ses rails magnétiques. Sadim rejoignit le salon des premières, où des hommes d’affaire Arconiens étaient en train de boire en prisant du sel, produit qui est pour eux une drogue très forte.
La décoration du wagon, très belle époque républicaine, plut beaucoup à Sadim qui prit un siège et commanda à boire et un cigare. Il proposa un petit sabbacc aux Arconiens, pour passer le temps (« ces voyages sont si ennuyeux… »). Le Jedi, qui n’avait jamais été une flèche aux jeux de cartes, allaient faire exploser ses notes de frais !
- Décidément, messieurs, je joue de malchance…
Les Arconiens riaient de cet ahuri qui n’avait l’air d’être venu que pour se faire dépouiller en beauté !
Avec leurs yeux phosphorescents, ils étaient déjà plus ou moins sous l’effet du sel, et ils continuaient à en priser en jouant. Bientôt, ils furent abrutis pour de bon, et Sadim n’eut pas de mal à regagner ses mises.
Le contrôleur, un gros Cathar au poil ras, passa à ce moment.
- Dans combien de temps, demanda Sadim, passerons-nous le pont de Sanctifer ?
- Normalement, dit l’employé, dans trois minutes.
- Trois minutes ?
Sadim bondit de son siège, attrapa son sac au passage et se précipita à travers le wagon.
- Hé ! votre billet !
Le Cathar lui courut après, mais Sadim déplaça sur son passage tables et chaises, pour ralentir le contrôleur furieux. Il referma hermétiquement la porte de l’entre-wagon. Le Cathar se cogna dessus, força sur la poignet, donna des coups d’épaules, essaya encore et parvint à rouvrir la porte. Quand il entra enfin sur la plateforme, il entendit la sonnerie d’alarme retentir et le train ralentir brusquement. Il plongea en avant et se rattraper à la poignée de la porte. Il vit alors la porte du dehors grande ouverte sur le gouffre que traversait le pont de Sanctifer ! Le passager en armure dorée venait de faire le grand saut dans le vide !

Jour I : District de Gianthropy, Boz Pity - Arc solaire matutinal<!--/sizec-->
Sadim tomba à pic pendant d’interminables secondes. Sur l’écran interne de son masque apparaissaient diverses coordonnées, dont l’altitude, qui défilait à toute allure.
Sadim garda les bras le long du corps et les jambes bien allongés, alors que les vents hurlant le fouettaient sans relâche. L’altitude approcha dangereusement du zéro. A deux cent mètres au-dessus du sol, un signal bippa et son réacteur dorsal s’enclencha.
Il y eut un ralentissement puis ce fut le choc de la remontée. Enfin, après plusieurs soubresauts, le Jedi mit pied à terre, courut, et se délesta de son réacteur.
Le bruit de son arrivée était couvert par le grondement régulier d’usines installées dans une étroite vallée, entre deux parois abruptes rouge rocheux.
Le Jedi se posta derrière un rocher et prit ses macrojumelles. Il calma sa respiration et observa.
Les installations étaient bien plus grandes que ce qu’en avait dit le sergent Barabel. Il ne s’était pourtant pas trompé en affirmant que l’accès par Sanctifer était plus simple.
Dans les hauteurs, des Gamoréens postés sur des plateformés mobiles renforcées de blindages et d’artilleries. Des patrouilles d’air-speeder.
Au sol, des Barabels en armures lourdes surveillaient les points d’accès aux usines. Sadim se trouvait pourtant devant l’entrée la moins bien gardée.
A deux heures, des cohortes de droïds entraient et ressortaient, chargés de containers qu’ils emmenaient dans des transports Ghtroc banalisés. A dix heures, un corps de garde.
Trois Barabels approchèrent d’un des Ghtroc, d’où sortait un véhicule à chenilles portant plusieurs containers protégés par des cages transparentes. Les soldats s’approchèrent pour vérifier l’engin et son droïd, puis donnèrent l’autorisation d'avancer vers l’usine.
Un fort roulement se fit entendre. Les Barabels se retournèrent et virent un gros bloc se détacher de la falaise, rouler, prendre de la vitesse, entraîner de la caillasse avec lui et dégringoler sur un groupe de droïds manouvriers, puis s’écraser sur lui et ensevelir par la même occasion plusieurs containers ressortant de l’usine.
Six gardes coururent sur les lieux de l’accident sans voir que, dans leur dos, un humanoïde en armure dorée effectuait un énorme saut jusqu’au véhicule à chenilles.
Des droïds foreurs arrivèrent pour dégager les décombres pendant que Sadim s’accrochait sous le véhicule. Les Barabels reprirent leur garde. Le véhicule aux containers dangereux pénétra dans l’usine.
Sadim se laissa rouler à terre et alla s’agenouiller au pied d’un tapis roulant.
Il était en bas d’une dizaine d’étages de chaînes sur lesquels circulaient les containers hermétiquement clos. Il y avait, le long de ce vaste circuit, de nombreux postes de contrôle des containers. Des Barabels circulaient deux par deux, entre les étages, montés sur de petites plateformes.
Aux jumelles, Sadim observa les postes de contrôle : sur les holo-écrans apparaissaient les images aux rayons X des containers. Le Jedi enregistrait tout dans la mémoire de ses jumelles. Et cela constituerait un trésor pour les techniciens du Moustache Noire.
La question était maintenant de savoir comment remonter au sommet de la chaîne d’assemblage. Sadim vit alors que sur les côtés, à même les parois, des tubes ascenseurs avaient été fixés. Le Jedi rampa sous le tapis le plus près du sol et arriva au pied d'un des tubes et il appela la cabine.
Les Barabels continuaient d’évoluer sur leurs petits transports. Ils survolaient méthodiquement les tapis et envoyaient régulièrement des « RAS » dans leurs com’.
La cabine arriva au sol et s’ouvrit. Sadim monta dedans et appuya sur le bouton du dernier étage. La porte se referma et la cabine entama sa remontée dans le tube. Sachant qu’à tout moment les Barabels pouvaient jeter un œil sur la cabine, Sadim n’en perdit pas moins l’occasion de filmer la vue d’ensemble du système de montage. Plus il remontait, mieux il découvrait de quoi on remplissait ces containers qui étaient scellés en bas.
Aux niveaux supérieurs, ils passaient dans des tubes horizontaux qui se croisaient avec de gros tuyaux transparents où passait un liquide phosphorescent. Une fois arrivé presque en haut, Sadim vit que le liquide provenait d’une vaste cuve centrale, enfermée dans une cage en verre, cuve alimentée par des tubes verticaux, déversant divers minerais et liquides, qui étaient ensuite brassés. Des droïds s’activaient pour vérifier sans relâche les indicateurs de sécurité de la cuve.
Sadim zooma et prit des images aussi précise qu’il pût de ces installations. Il n’entendit pas le panneau derrière lui s’ouvrir en silence. Ce n’était pas encore la porte, puisqu’il n’était pas au dernier étage. C’était un compartiment secret aménagé dans la cabine, où se nichait une créature humanoïde musculeuse, en costume noir moulant, grande d’à peine plus d’un mètre vingt, avec un masque de tête de mort sur la face et de grandes griffes au bout de ses pattes antérieures.
Elle saisit Sadim par le torse en poussant un feulement aigu. Le Jedi suffoqua. l Il donna un coup de pied dans la vitre devant lui pour se projeter en arrière. La créature fut frappée contre la paroi. Déséquilibré, Sadim tenta de faire pencher son adversaire en avant, se débattit encore, repartit en arrière et cogna plusieurs fois la créature.
Les griffes commençaient à entailler son armure et allaient pénétrer dans sa peau. Le Jedi se débattait, le souffle court, mais l’emprise de son ennemi ne se desserrait pas. Sadim tournait et se balançait mais rien n’y faisait. Enfin, la cabine s’arrêta au dernier étage et les deux adversaires en sortirent : Sadim courut et tomba par terre, sur la coursive. Deux Barabels les aperçurent et firent remonter leur plateforme. Ils prévinrent les autres. L’alerte fut donnée. Les soldats braquèrent l’intrus de leurs fusils, mais comme la créature griffue restait agrippée à lui, il n’était pas possible de le viser sans risquer d’atteindre l’autre !
Sadim était à bout de souffle. A peine s'il avait pu respirer depuis qu’il avait été saisi. Il usa alors de la Force pour gonfler sa musculature et tomba sur le dos. La créature fut plaquée au sol et reçut donc Sadim en plein sur elle. Elle lâcha un moment prise. Le Jedi roula sur le côté, se releva et respira, haletant.
Les Barabels approchaient. Sadim s’accrocha aux barreaux du garde-fou et put s’appuyer dessus. Il allait saisir son sabre, quand la créature bondit sur lui. Sadim partit en arrière, la saleté de créature agrippée sur son torse, décidée à lui enfoncer ses griffes dans les omoplates. Les Barabels, bientôt à hauteur, ouvrirent le feu. Sadim roula en arrière et frappa la créature au visage. Il retrouvait ses réflexes d’Inquisiteur, du temps où on lui avait apprenis les techniques de combat à mains nues, au temple de Byss. Il asséna plusieurs manchettes, des deux mains, dans le cou de la créature. Celle-ci se décrocha. Sadim la repoussa d’un coup de pied et enchaîna d’un coup de pied sauté. Puis il la déséquilibra d’un coup de poing sur le plexus et lui attrapa le bras gauche, qu'il brisa d'un coup sec. La créature le frappa de son autre main griffue. Le Jedi attrapa alors son adversaire et le jeta par-dessus la rambarde !
[attachment=1:technobete_eversor.JPG]
"Une créature humanoïde, avec un masque à tête de mort et de grandes griffes..."
La créature disparut dans un hurlement. Elle heurta les chaînes de montage à plusieurs étages et finit par s’écraser au sol.
Les Barabels ouvrirent le feu, mais Sadim avait bondi sur la passerelle de l’étage d’en dessous et les tirs partirent dans le vide. L’instant d’après, le Jedi sautait sur l’un des transports et en vidait ses deux occupants. Il déclencha le tir d’artillerie sur la passerelle voisine et sauta hors de sa plateforme au moment où un autre groupe ouvrait le feu… pour atterrir sur une quatrième... vidée aussi sec des deux Barabels !... et bondit en salto avant sur une plateforme située au-dessus ! Il assura son équilibre et courut vers un sas de sécurité, où il rentra, juste avant qu’une pluie de tirs ne s’abatte sur lui !

Le cargo qui emmenait les silos arrivait déjà en orbite.
Les transports Barabels quittaient la base de Satchidananda en quatrième vitesse. Au sol, Jaggar Jaggath et Cyrillis Baelun rattrapèrent à la course deux Barabels qui allaient monter dans un air-speeder. Ils leur mirent le sabre sous la gorge et leur ordonnèrent de reculer.
Cyrillis prit les commandes du véhicule et décolla. Il prit en chasse le groupe d’appareils que commandait Kuti-La.
- Je ne sais pas très bien ce que nous faisons, maître, dit Baelun. Cet appareil n’est pas très bien armé et ils vont nous envoyer la chasse. Leurs canons peuvent nous réduire en miette du premier coup.
- Peut-être pas, dit Jaggath. Plonge vers le canyon, ils ne pourront pas facilement nous y suivre… Il y a plusieurs gorges étroites…
Le Bothan ne se trompait pas : deux chasseurs de la LEB se risquèrent derrière l’air-speeder et découvrit trop tard que certaines passes étaient trop petites pour eux et pas pour les deux Jedi : ils raclèrent les parois, perdirent leurs moteurs et allèrent s’écraser dans le lit de la rivière.
Après plusieurs acrobaties pour serpenter dans les ramifications du canyon, Cyrillis, qui frôlait le torrent, remonta en direction d’un grand temple érigé sur un plateau isolé d’où chutait une gigantesque cascade. C’est là que le groupe commandé par Kuti-La venait d’atterrir.
- Pour qu’ils viennent là au lieu de s’enfuir, il faut qu’ils aient une bonne raison, dit Jaggath.
- Ils nous attendent déjà !
Des tirs de fusils partirent des abords du temple mais n’eurent aucun effet sur le speeder. Cyrillis reprit de l’altitude et allait engager une approche musclée, quand une tourelle sortit du toit du temple et lui envoya une belle torpille à proton !
Cyrillis braqua à mort. Il évita la torpille de justesse mais perdit la maîtrise de l’air-speeder, qui partit en vrille et s’écrasa quelques secondes après sur la paroi.
Kuti-La et ses hommes regardèrent les débris enflammés de l’appareil pleuvoir jusqu’au fond du ravin.
- Rentrons, dit l’officier, le père Rendok nous attend pour la cérémonie.
Le soleil descendait derrière la ligne des montagnes de Satchidananda et il faisait déjà sombre dans le ravin. Les dernières lueurs qu’on y vit furent les cendres brûlantes de l’appareil qui avait transporté les deux Jedi.

FIN<!--/sizec-->
DE LA PREMIERE PARTIE
...