19-04-2008, 04:27 PM
(This post was last modified: 20-04-2008, 02:41 PM by Darth Nico.)
[GUARDIAN OF ETERNITY]
Jour II : Noyau Galactique - Orbite de Byss<!--/sizec-->
L’avant-garde de la flotte de Zsinj se mettait en approche de Byss. La sombre planète avait pour satellite la forteresse de l’Inquisition, station spatiale aux trois cents tours noirs et pointues, taillée dans des roches de l’époque des grandes guerres Sith.
La navette Lambda de l’amiral y atterrissait déjà pendant que son armée prenait ses positions en orbite planétaire.
Des élèves de l’Inquisiteur étaient à la descente de l’appareil pour accueillir Zsinj : cinq Umbariens dans leurs épais et longs manteaux en fourrure couleur bleu ciel. Ils fixaient l’amiral de leurs grands yeux violets, pupilles inquiétantes au milieu de leurs visages pâles. Ils s’inclinèrent et montrèrent le chemin à leur invité qui était escorté de ses deux gardes du corps Khommites, dont les yeux restaient fermés en permanence.
Zsinj caressait nerveusement ses moustaches, guère à l’aise dans le décor, gothique torturé, de cette cathédrale galactique bleu nuit.
- Comment se porte ce cher Inquisiteur ?
- Tout à fait bien, répondit un des élèves, d’une voix impersonnelle et glaciale, qui résonnait dans les couloirs sépulcraux que le groupe traversait.
![[Image: 250px-Umbaran_NEGAS.jpg]](http://images4.wikia.nocookie.net/starwars/images/thumb/a/a7/Umbaran_NEGAS.jpg/250px-Umbaran_NEGAS.jpg)
"Cinq Umbariens dans leurs épais et longs manteaux en fourrure couleur bleu ciel..."
Les espaces par où l’on passait étaient de vastes pièces traversées de passerelles aériennes, aux murs couverts de livres, sur des dizaines d’étages et des centaines de rayonnage. Des bougies, disposées très loin les unes des autres, offrant une lueur grisâtre, étaient les seuls éclairages. Chacune laissait deviner un petit pan de mur et de mystère sur papier. Quelques humanoïdes se déplaçaient avec des torches lumineuses dont l’intensité était réglée au minimum.
- Ça en fait, de la lecture, tout ça, hum ?...
L’élève qui guidait le groupe s’arrêta et fixa l’Amiral dans les yeux :
- Vous désirez nous emprunter un ouvrage ?
- Moi, non, non, hum hum…
Les doigts de Zsinj se crispèrent dans son dos. Quand il commençait à dire « hum hum » à chaque phrase, c’était signe de nervosité !
- Nous ne demandons qu’à vous instruire, lança une voix caverneuse, un rien amusée, depuis passerelle au-dessus, à peine visible dans la pénombre.
Une silhouette s’y tenait debout, accoudée à la rambarde.
- Comment vous portez-vous, Amiral ?
Une plateforme circulaire volante vint se poser devant le groupe de Zsinj. Le disque s’éleva jusqu’aux derniers étages et atterrit devant le grand Inquisiteur Bartok.
- Vous désiriez me voir, Amiral ?
- Oui, ma foi, hum hum…
- Passons dans mon office.
L’Inquisiteur était un humanoïde âgé. Malsain, les traits anguleux, des tatouages au front. Lourds sourcils, cernes creusées, lèvre rigide.
Il fit un signe de la main devant l’épaisse porte ouvragée qui s’ouvrit en grinçant et se referma derrière l’amiral et ses deux gardes du corps.
L’office de Bartok était taillée dans des murs aux formes courbes, torturées. A peine si on devinait les lieux, car une seule fragile chandelle brûlait et sa lumière était à peine plus que de la fumée.
- Hum, je n’étais jamais venu ici…
Les deux Khommites s’agenouillèrent devant la porte d’entrée. L’Inquisiteur alla s’asseoir à son bureau.
Les yeux de Zsinj s’habituaient à l’obscurité. Au-dessus de lui, dans son dos, un vitrail couleur argent entrelacé de motifs complexes.
Quatre escaliers en colimaçon donnaient accès aux étages au-dessus ou en-dessous.
- Vous vivez toujours dans cette obscurité ?
- Obscurité, amirale ?... Quelle obscurité ? Ce qui est obscur pour vous peut être très coloré pour nous autres, voire même… éblouissant. Mais vous autres humains ne voyez pas dans le spectre supérieur de la lumière, celui que vous nommez « ultra-violet ». Spectre où nous discernons nous, des couleurs comme le berl, le crynor, le nusp ou l'onsible...
- Tant pis pour nous, toussota l’Impérial. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas venu parler de cela.
- De quoi donc alors ?
Un serviteur, que Zsinj vit arriver au dernier moment, s’était approché de l’Inquisiteur et lui versait une boisson brûlante, épaisse et visqueuse. L’Amiral voyait surtout de Bartok ses yeux pupilles violettes et le crâne chauve luisant.
- J’ai été en communication avec le général Konen, hum, récemment… Il m’a informé d’une visite que vous comptiez lui rendre… Et me demandait si je pourrais servir d’escorte.
- Qu’avez-vous répondu ?
- Je me demandais déjà si vous aviez effectivement l’intention d’aller le rejoindre…
- Nous ne tarderons pas à nous diriger vers Barab I, c’est vrai.
- C’est un, hum, long voyage.
- C’est pourquoi nous nous sentirions plus en sécurité avec votre flotte autour de nous, Amiral…
- On peut dire, hum, que Barab I est à l’autre bout de la Galaxie, dans une des branches les plus éloignées de notre Noyau… Nous sommes, comment dire, au chaud, ici… Vous voulez vraiment braver tous les dangers d’un voyage ? La Nouvelle République… les Jedi…
- Vous m’inquiétez, général… Il y a peu, la Galaxie n’était-elle pas un endroit sûr ?
- Il y a peu encore, ça oui… Mais les choses ont un peu changé.
- L’Empire ne pourrait-il pas assurer une telle escorte ?
- Bien sûr que si ! Ce n’était pas le sens de ce que je disais, naturellement... C’est juste que je tenais à vous mettre au courant, pour que nous prenions les dispositions nécessaires…
- Vous parlez comme un bureaucrate, Amiral…
Zsinj sentait que depuis le début de cet entretien, Bartok se moquait doucement de lui !
Quelle idée il avait eu de venir ! Puisque c’était l’Inquisiteur qui avait besoin d’escorte, c’est lui qui aurait dû se déplacer !
Zsinj se souvint alors de ce qu’il avait entendu sur les Umbariens, et ce fut comme s’il sortait d’un rêve ! Ce peuple était réputé pour leur capacité à subtilement influencer l’esprit des autres ! A l’instant même, Bartok, après lui avoir insinué à distance l’envie de venir depuis Khomm, était peut-être en train de lire dans ses pensées comme dans un livre ouvert !
- Bien, alors quand partons-nous, Inquisiteur ?
- Dès que vous serez prêt, ma foi, Amiral…
- Très bien, je vais faire préparer ma flotte.
- Je suis sûr que le général Konen vous saura gré de votre zèle.
- Ça alors, voilà qui m’étonnerait bien, hum ! D’abord, depuis quand les Barabels auraient-ils de la reconnaissance ! Surtout le général Konen !
L’Amiral se leva, pressé de partir. Retrouver le bon vieux pont de son destroyer stellaire et souffler dans les bronches de quelques subordonnées au hasard !
L’Inquisiteur le raccompagna à la porte :
- Entre nous, Amiral, il n’est pas mauvais que vous veniez… Pour les dangers du voyage, sans doute, mais aussi pour rencontrer le général Konen… Vous et moi, à vrai dire, savons bien quoi penser de lui, n’est-ce pas ?
- Que voulez-vous dire ?
- Allons, Amiral, ne faisons pas les innocents. Croyez-vous le général apte à diriger autre chose que quelques tribus de Barabels ? Que croyez-vous qu’il représente, au-delà de sa ligue, dans son recoin d’espace ?
- Pas grand’chose, c’est sûr !
- De lui, je dirais que c’est un bon serviteur, mais un mauvais maître…
- Je serais assez d’accord sur cette formule, mon cher Bartok.
- Alors, « mon cher Zsinj », nous nous entendons. Les Barabels et autres Gamoréens sont des bras armés. Les Hutts une manne financière. Mais si nous voulons en tirer quelque chose, et combattre la chienlit républicaine, il faudra notre intelligence, Amiral.
- Et mes troupes !
- Et vos troupes…
- Nous sommes d’accord.
- D’autant que nous aurons à reparler de ce projet Sabre Noir, Amiral…
- Ah, parce que vous êtes au courant ?...
- N’oubliez pas que l’Inquisition était les yeux et les oreilles de l’Empereur… Nous écoutons les murmures qui s'entendent de par la galaxie…
- Rien ne vous échappe.
- Songez, Amiral, qu’il y a suffisamment, dans la Ligue d’Expansion Barabel, de quoi faire repartir le combat contre les Rebelles. Une vraie poudrière, qu’il nous faut allumer… Le général Konen en première ligne, et nous derrière pour lui indiquer quoi faire…
- Oui, je vois où vous voulez en venir…
- Songez que l’Empire attend un militaire d’une carrure, d’une poigne assez forte pour se reconstituer… Les partisans de l’Impératrice le comprendront bien assez tôt. Vous, amiral, avez su prendre vos distances avec ce régime fantoche qui s’est laissé voler la capitale… Nous, nous sommes restés fidèles à l’esprit de l’Empereur… Vous me comprenez ?
- Parfaitement oui, parfaitement…
- Alors c’est entendu. Nous aurons le trajet pour y réfléchir…
Zsinj fit un salut martial, la poitrine bombée et sortit de l’office, suivi de ses deux Khommites.

Jour IV : Orbite de Nar Shaddaa - Arc solaire nocturne<!--/sizec-->
Une frégate aux couleurs de la Nouvelle République, escortée de trois transports armés, s'était positionnée en approche de la lune criminelle des mondes Hutts.
Le capitaine du vaisseau, Benjass Costykian, regardait la planète verdâtre depuis la baie de son poste de commandement. En hologramme se trouvait à ses côtés Nello Dewelden.
- Ils n’ont pas dû voir de vaisseau diplomatique depuis des lustres, remarqua le Jedi.
- Grâce à vous, nous avons l’occasion de rappeler à ces Hutts que la Nouvelle République a rétabli l’ordre et la justice dans la Galaxie. Nous arborons un pavillon diplomatique, donc ils n’ont nulle raison de nous agresser. Et s’ils s’y essayent, ils verront bien les représailles.
- Je vais tâcher d’être rapide.
- Nous ne sommes pas pressés. L’Ambassadeur Coldbacca a donné l’ordre de vous escorter jusqu'à Libria. Nous vous escorterons.
- J’en ai pour quelques heures, tout au plus, capitaine. Quelques courses à faire.
- Alors bonnes courses, dit l’officier.
Nello coupa la communication et se rendit au cockpit de son appareil. L3-E7 s’était mis aux commandes et manœuvrait pour le décollage.
Le Reiterpallasch sortit de la frégate diplomatique et descendit sur la lune verte.
- J’aime beaucoup cette planète, ricana le droïd.
- Je me serais bien passé d’y revenir, mais c’est le moment ou jamais…
Le transport se posa sur la plateforme d’un astroport privé, gardé et dirigé exclusivement par des droïds.
L3-E7 descendit le premier et salua ses congénères, tous armés jusqu’aux dents... et au-delà. Leur chef était un modèle K6 qui s’était customisé au fil des années et qui ressemblait maintenant à un arsenal ambulant, avec des plaques de tank pour renforcer sa coque et, aux épaules, des crânes plantés sur des piques pour faire joli. Il avait une démarche balourde, en perpétuel déséquilibre, mais la présence de plusieurs lance-torpilles sur ses épaules dissuadait de lui faire remarquer…. Derrière lui, une solide escorte de six IG.
- Salut à toi, K8-UM, heureux de te revoir…
- Je n’en dirais pas autant, gronda le droïd, espèce de sordide petit tueur à gages à la manque…
- Tu me flattes, grand K8-UM ! C’est trop d’honneur que je puisse garer ma poubelle galactique sur ton rutilant astroport !
- Cesse tes jérémiades, gibier de décharge, et aligne plutôt la fraîche.
L3-E7 tendit un tube de crédits.
- J’ai ajouté un petit supplément, pour les bonnes œuvres de ton secteur.
K8-UM les enfourna dans sa coque et gronda à L3-E7 et « son humain » qu’ils pouvaient passer.
Nello fit une petite révérence polie, juste hypocrite comme il faut, devant la grinçante carcasse bardée de canons.
A la sortie de l’astroport, le Jedi et son droïd s’arrêtèrent boire un verre dans une cantina qui servait surtout de salon de beauté pour droïds : les plus honorables mercenaires et tueurs en ferraille venaient prendre un bon bain d’huile dans cet établissement et discuter des derniers engins de mort à acheter pour être dans le coup.
- Tu vois ça, disait un IG-88, c’est un blaster de chez Merr-sonn tout ce qu’il y a de plus standard, hé bien regarde comment je l’ai modifié…
- Impressionnant, disait son camarade, droïd médecin modifié avec une respectable collection de scalpels et d’engins de dissection attachée aux bras.
L3-E7 loua une cuve et s’y plongea avec délice. Il n’y avait plus que sa tête qui dépassait.
- Ne reste pas trois heures dans ton bain, lui dit Nello. Nous sommes quand même attendus, hein…
- Pas longtemps, promis, ronronna le droïd.
- Tâche de trouver les pièces qui nous manquent encore.
- Ne t’inquiète pas, j’ai une adresse infaillible.
Nello laissa son pilote se lubrifier les jointures et partit de son côté. Il entra dans l’un des quartiers les plus mal famés de Nar Shaddaa, la Ville d’Etain aux Yeux Glauques.

La Ville d'Etain aux Yeux Glauques échappait à cette règle qui voulait que Nar Shaddaa soit une cité verticale. Dans ces quartiers, on pouvait plutôt parler de ville horizontale et même de décombres. Des décombres envahis par des marécages qui étaient aussi bien des rejets d'égouts... Il poussait là des arbres maigres et noirs, parmi des ruines et des routes effondrées, entre des carcasses métalliques.
Au cœur de cette ville en décomposition se trouvait des restes d'astroport. Nello y entra, la main près de son sabre. Il avança sur le tarmac défoncé, le long de hangars croulants.
Le Jedi vit alors un point laser rouge se déplacer sur sa poitrine le long de son coeur. Il ne fit plus un mouvement. Son communicateur se mit à bipper. Lentement, il le prit à sa ceinture et l'alluma :
- On s'est perdu, monsieur le Jedi ?...
- Non, je t'ai trouvé...
Le point rouge tremblait légérement. Nello aperçut la silhouette allongée en haut du toit, fusil à longue portée bien en mains.
- On peut se parler ? demanda Nello.
- Si je ne t'avais pas reconnu, je t'aurais déjà tué, réflexes de Jedi ou pas. Je n'aime pas les intrus chez moi.
Le laser s'éteignit. La silhouette avait quitté le toit.
Nello avança en direction du hangar. La silhouette l'attendait à l'entrée.
- On se connait bien, dit Nello. Tu utilises les mêmes droïds de surveillance que moi... et tu as le goût des repaires bien cachés...
Plusieurs droïds sphériques flottaient dans l'air et dans les coins se tenaient des K5. La silhouette s'avança : c'était un des clones de Nello.
- Preston VIII, je ne me trompe pas ?
- C'est Kristall Bane maintenant. Le projet Preston est terminé. Surtout depuis que tu t'en es mêlé.
- Le Soleil Noir ne t'a pas recontacté ?
- Après un petit séjour forcé chez les Rebelles, grâce à toi et Captinson, j'ai fini par retrouver ma liberté. Quand ils ont vu que je n'avais rien de sensationnel à leur apprendre sur l'Organisation... Ensuite, je me suis fait un petit chez-moi dans ce coin...
- A ta place, sourit Nello, j'aurais fait pareil.
- Tu viens faire quoi ? Me donner des conseils de décoration ? Si j'étais à ta place, c'est pour ça que je viendrais t'embêter.
- J'ai un service à te demander.
Bane ramassa le sac de son fusil et le mit en bandoulière et il fit signe à son "jumeau" de le suivre, pendant que les droïds se remettaient en surveillance.
![[Image: ReignofFire-photo_01.jpg]](http://images.rottentomatoes.com/images/movie/gallery/1114678/ReignofFire-photo_01.jpg)
"Preston VIII, alias Kristall Bane"

Les circuits de L3-E7 ronronnaient doucement pendant qu'une sympathique hôtesse protocolaire C3 lui huilaient à la pipette les articulations.
- Là c'est bien... encore un peu plus à droite... oui, à gauche...
"Ailetroi Eucète" lisait en même une revue pour adultes, Playdroïds, que lui avez prêté le droïd du Moustache Noire, Bender.
- Toi tu es une sacrée coquine, hein... bavait-il en feuilletant les pages.
Il regardait en détail les circuits électroniques d'une machine agricole dernier modèle de Tatooine.
- Il est quelle heure ma jolie ?
- Il est déjà 28h30, monsieur Eucète, minauda l'hôtesse.
- 28h30 !
Le droïd faillit s'enrayer les transmissions.
- Il faut que j'y aille.
Il était resté plus d'une heure à mariner dans l'huile !
Il se fit aider pour s'extraire de son bain et se sécha, puis s'admira dans le miroir, tout rutilant.
- Vous êtes... ma-gni-fi-que, monsieur Eucète !
- Je sais ma jolie...
Le droïd roula des mécaniques jusqu'au comptoir, paya, s'alluma un cigare et sortit du bar en récupérant son arsenal de fusils et de grenades auprès du vigile.
Il sifflota en chemin, pendant qu'il descendait à son tour vers des quartiers mal famés. Il entra, insouciant, chez un garagiste T'Surr de ses connaissances. Le gros humanoïde bleu travaillait sur un air-speeder.
- Que le ciel me tombe sur la tête, voilà cette crapule de Ailetroi Eucète !
- Hé oui, c'est moi, ricana le droïd.
Par une amusante coïncidence comme la vie en réserve, le garagiste n'était autre que le cousin de Chef-Chef, le célèbre gangster du pénitencier de Vostromo.
- Pourquoi viens-tu rouiller par ici, sale petit fouineur ? dit le garagiste, sympathique, en s'essuyant les mains.
- J'ai besoin de pièces pour assembler un sabre, mon gros.
- Ah, je vois... Tu tombes bien, je viens justement de récupérer des bricoles qui peuvent t'intéresser.
- T'es sûr, mon gros T'surr ?...
Il y eut un petit blanc.
Une sorte de vague de solitude qui traversa la lune entière.
Puis le garagiste alla voir dans sa réserve. Il fouilla dans une caisse qui débordait d'un innommable bordel. Il revint et tendit divers composants à Ailetroi.
- Ça te va ?
- C'est parfait mon gros.
Le droïd prit les pièces et les rangea dans le casier de sa poitrine.
- Tu crois que c'est gratuit, peut-être ? grogna le T'surr.
- Remercie-moi de te débarrasser de pièces inutilisables !
- C'est moi qui vais te réduire en pièces inutilisables !
- J'attends de voir ça !
- En attendant, ça fera cent crédits.
- Tu n'as aucun cœur, vieux lait bleu.
- Toi non plus, espèce d'azimuté de la gâchette.
- Ça se payera dans ta prochaine vie.
Le T'surr mit l'argent dans sa poche :
- Je ne te retiens pas. Quelqu'un d'important comme toi doit avoir des tas d'affaires plus urgentes à régler que de bavarder pendant des heures avec un imbécile de garagiste comme moi !
- C'est ça, cieux cléments !
"Le garagiste n'était autre que le cousin de Chef-Chef, le célèbre gangster du pénitencier de Vostromo."
Eucète se retourna. Il vit une dizaine de droïds dans la rue, massés devant le garage, qui sortaient chacun deux ou trois flingues de calibre illégal !
Le garagiste se jeta derrière une pile de débris de moteurs tandis qu'Eucète effectuait un bon gigantesque et s'accrochait à une poutre au plafond. Une énorme rafale de tirs partit, fit voler en éclats la vitre du garage et transperça ses murs.
Les fusils encore fumant, les droïds s'approchèrent du bâtiment.
Lentement, lentement, Eucète, accroché à la poutre, avançait pour passer dans la pièce d'à côté. Le premier droïd qui entra projeta sa tige lumineuse sur l'atelier. Le garagiste surgit de derrière son tas de ferraille et tira au gros fusil sur l'intrus ! Le tir frappa le droïd en pleine tête, qui s'écroula. Le T'Surr se précipita dans la pièce à côté alors que le reste du groupe entrait précédé d'une nouvelle rafale de tirs !
Eucète continuait à ramper au plafond en prenant garde de ne pas grincer. Il s'adossa à moitié au mur et tenta d'atteindre un clapet situé dans son dos. C'était aussi difficile que de se gratter les omoplates !
Dans la pièce, les droïds avançaient lentement. Eucète les reconnut : les soldats de K8-UM ! L'un d'eux tenait l'affiche impérial qui mettait à prix la tête de Nello et de son droïd !
- Les sales traîtres, pensa le droïd dans ses circuits cérébraux.
Il atteignait presque l'ouverture du clapet. Il sentait qu'il allait pouvoir le tourner. Il ferma les yeux et serra les dents. Il tourna. On entendit un léger "clic". Les droïds en-dessous balayèrent de leurs lumières la pièce.
Eucète ouvrit le panneau de contrôle.
Il y avait cinq niveaux de réglage de son niveau de violence. Et il était calé pour le moment sur le plus pacifique. C'était une idée de Nello, après que le Jedi ait eu à subir les conséquences de ses déchaînements de pulsions blasterisantes !
Le système de contrôle était calé pour le moment sur le niveau le plus pacifique.
Je suis trop jeune pour mourir.

Ho, pas trop fort.
Cogne-moi comme un sourd.
Extrême violence.
Cauchemar !
Dans ces conditions, impossible pour Eucète d'ouvrir le feu !
Il avait ouvert le panneau, mais il ne voyait pas les boutons. A peine s'il pouvait les toucher ! Généralement, c'était Nello qui s'occupait de régler son niveau de violence !
Le clapet ouvert tapa alors contre le mur. Aussitôt, une forêt de fusils se leva vers le droïd !
Il poussa un hurlement et passa par la fenêtre, une seconde avant de recevoir un déluge de laser !
Il atterrit dans la rue et se mit à courir ventre à terre, en poussant les pires jurons de sa carrière !
Il tourna au coin de la rue, poursuivi par la bande de droïds qui eux, n'avaient pas de régulateur de violence !

Jour III : Canyons de Satchidananda - Arc solaire matinal<!--sizec--><!--/sizec-->
Devant le temple perché sur la montagne s'étendait un plateau rocheux où les hommes de la Ligue d'Expansion Barabel s'étaient repliés à la suite de l'attaque des deux Jedi.
Une plateforme holo aux pattes arachnéennes vint se poster devant le commandant Kuti-La, qui s'occupait de coordonner l'évacuation prochaine de la planète.
En hologramme apparut Sirius Ranfeust.
- Capitaine, je viens prendre de vos nouvelles.
- Seigneur, dit l'humain en s'inclinant, nous avons été attaqués par deux Jedi. J'ai pris la responsabilité de faire partir les silos.
- Vous avez bien fait. Mais où sont les Jedi maintenant ?
- Nous les avons abattus dans leur appareil, qui s'est écrasé au fond du ravin.
- Voilà une bonne chose de faite. Vous allez faire hâter le départ de Satchidananda, commandant. De mon côté, j'abandonne Boz Pity. Nous allons donc regrouper les différents composants du projet Sabre-Noir vers sa base principale.
- Bien, Seigneur.
- Pour l'heure, confiez aux Barabel l'évacuation de la base. Vous, commandant, allez partir sur l'heure à Libria. Je vous y retrouverai avec le seigneur Antékriphe.
- A vos ordres...
Ranfeust disparut. Kuti-La entra dans le temple, où ses Barabels s'affairaient à démonter des installations de surveillance spatiale. Il entra dans des quartiers gardés par des religieux en robes oranges. Un petit homme âgé, que Kuti-La ne voyait que de dos, se préparait face à sa glace, avec des assistantes qui le maquillaient et apprêtait sa robe.
- Je dois partir, mon père... Je viens de recevoir des ordres.
- Entendu, commandant...
- Vous avez la responsabilité de protéger "Sabre-noir" jusqu'à son arrivée à la base principale.
- Nous y veillerons, n'ayez crainte. Le seigneur Sirius pourra dormir tranquille.
Kuti-La ressortit et se dirigea vers son appareil personnel, un transport Kazellis bleu acier, que les droïds achevaient de vérifier. En vitesse, le commandant transmit ses dernières instructions. Il s'apprêtait à refermer le sas quand, de ses prothèses d'yeux, il vit deux silhouettes intruses qui arrivaient de la falaise : les deux Jedi !
- Alerte !
Les Barabels se retournèrent et, dans un beau désordre, épaulèrent leurs fusils puis tirèrent !
Les tirs de laser furent aisément par déviés par Cyrillis et Jaggath, qui coururent vers Kuti-La !
Celui-ci referma le sas et fit décoller son appareil. Cyrillis ne parvint qu'à l'érafler de la pointe du sabre ! Le Jedi dut reculer pour éviter le souffle du moteur.
Jaggath s'était mis en défense avec son double-sabre.
Du temple sortirent plusieurs droïds de sécurité, pendant que les Barabels accéléraient le mouvement des droïds qui chargeaient les vaisseaux.
- Ne nous occupons pas d'eux, dit Jaggath, pendant qu'il renvoyait quelques dizaines de tirs, il faut aller vers le temple directement !
- Entendu !
Cyrillis envoya quelques Vagues de Force pour disperser les assaillants. Jaggath avança et vit arriver une nouvelle troupe de droïds de surveillance.
- Nous n'en finirons jamais !
Il prit son sabre comme un discobole son projectile et envoya son arme, les deux lames allumées, tourbillonner dans les jambes des droïds ! Le grand disque laser bleu fit un ravage dans les rangs ennemis, les découpant proprement, efficacement, avant de revenir vers son propriétaire.
Cyrillis avait couru sur des Barabels et les avait désarmés en quelques coups de lames. Les Jedi regardèrent le plateau, contents d'eux. Les droïds étaient tous cassés, les Barabels mains sur la tête...
- On dirait que nous sommes maîtres du terrain, dit Jaggath.
Sans plus attendre, les deux Jedi entrèrent dans le temple, maintenant bien silencieux depuis que tout le monde était sorti pour évacuer sur le plateau.
Ils avancèrent d'un pas pressé dans les couloirs. On entendait de la musique et des récitations collectives en écho.
Les deux Jedi jettent un œil au coin du mur. Il y avait une grande salle collective, avec des fidèles en robes oranges assis sur des coussins rouges, qui secouaient en rythme des maracas tout en marmottant leurs prières.
Un prêtre, petit, vilain était en train d'haranguer ce groupe d'humanoïdes :
- La fin des temps approche, mes frères, la fin des temps accourt ! Nous devons nous prémunir contre la destruction et le chaos... Il nous faut quitter Satchidananda, vouée à la déréliction, et partir vers les étoiles !
Soudain, un pan de mur s'écroula derrière le prêtre et du matériel de guerre se répandit dans la pièce. Cyrillis venait de faire tomber à distance l'autel derrière le prêtre !
Les fidèles virent rouler à leurs pieds grenades, BML, cartouches blasters et explosifs divers...
Les deux Jedi entrèrent à ce moment. La foule s'écarta, effrayée.
- Ça c'est de l'équipement pour accélérer la fin des temps, constata Cyrillis...
- Maudits soyez-vous, cracha le prêtre.
- Tu n'es pas content de voir tes vieux amis, dit Jaggath...
- Misérable Jedi ! Je ne pensais plus te revoir un jour
- Comme le temps passe, Rendok...
- Déjà presque dix ans !
Les deux Jedi allumèrent leurs sabres.
- Vous allez nous suivre, père Rendok, ordonna Jaggath, pour répondre de vos activités de terrorisme contre la Nouvelle République !
- Et pour nous expliquer en quoi consiste le projet Sabre-noir...
- Vous pouvez toujours rêver, mes amis...
Rendok sortit des plis de sa robe un sabre-laser et l'alluma. Il pointa la lame rouge vers les deux Jedi :
- Vous ne pouvez rien contre nous !
- Est-il dangereux, demanda Cyrillis par télépathie à Jaggath.
- Il y a dix ans, quand je l'ai connu, pas tellement, mais entretemps, il a pu faire son chemin.
- Je vais m'occuper de lui, dit Cyrillis, à voix haute.
Jaggath hésita un instant, puis dit :
- Entendu, je reviens dans une minute... Je sens un danger à l'extérieur...
Rendok bondit avec la Force et attaqua Baelun. Celui-ci ne se laissa pas surprendre, sabre turquoise en main.
Jaggath ressortit du temple, et vit que son intuition ne l'avait pas trompé. D'abord, plusieurs Barabels avaient pu évacuer la planète, mais surtout, le Kazellis de Kuti-La revenait vers le temple ! Et il envoya deux torpilles vers le bâtiment !
Le Bothan envoya un message télépathique à Cyrillis. Celui-ci, qui croisait les sabres avec un Rendok aigri et méchant, bondit brusquement en arrière.
La torpille percuta le temple. Rendok se jeta sur le côté. La seconde torpille atteignit son objectif et détruisit la façade de l'antique monument.
Les murs de pierre allaient s'écrouler. Cyrillis avisa une ouverture dans le toit et y bondit par la Force. Rendok bondit à sa suite. Cyrillis pointa son sabre vers lui et hurla :
- Votre allié vous trahit, Rendok ! Rendez-vous et nous assurerons votre sécurité !
- Jamais !
Le Kazellis de Kuti-La fit un passage en rase-motte et lança un tir de barrage sur le Jedi et Rendok !
Chacun des deux sauta au bas du temple de son côté. Jaggath courut vers Rendok, sabres à la main :
- Rendez-vous !
Pour toute réponse, le prêtre l'attaqua de plus belle :
- Vous êtes devenu encore plus cinglé en dix ans, Rendok !
Rendok attaquait encore et encore.
Le temple s'effondrait lentement pendant que les appareils de la LEB décollaient dans le désordre. Kuti-La effectuait une remontée en chandelle dans le ciel, et le hurlement de ses moteurs emplissait l'espace.
- Il va refaire un passage, dit Cyrillis.

Le sabre du père Rendok se fusionna dans celui de Jaggath :
- Ce n'est plus la secte de Thembee, dit le Bothan, c'est quoi maintenant ? La secte de Konen ?...
- Tu ne connais pas la puissance du Sabre-noir, pauvre Jedi !
- Tu vas venir en parler à la République !
Jaggath dégagea son sabre.
Kuti-La approchait, et armait deux nouvelles torpilles.
Cyrillis prit son souffle et courut à toute bombe vers le Kazellis qui approchait.
- Que crois-tu faire ? se demanda Kuti-La depuis son cockpit.
Le Jedi serrait les dents et courant au maximum de ses moyens. Il sauta sur une rampe d'accès d'air-speeder, qui lui servit de tremplin pour se propulser dans les airs. Il y resta suspendu, un court instant, et lança son sabre sur le Kazellis, retomba ; son sabre percuta l'appareil, dont les torpilles partirent vers le canyon, qui perdit brusquement de l'altitude, racla par terre, redécolla, racla encore et remonta juste avant de percuter le temple qui finissait de s'écrouler !
Kuti-La avait repris le contrôle juste à temps.
Cyrillis se recevait à terre et reprenait son sabre.
Furieux, Kuti-La se dirigea vers un plateau en surplomb de celui du temple. Il y posa en vitesse son appareil fumant, et sortit du cockpit, un lourd fusil en main. Il mit un genou à terre et activa ses prothèses oculaires, qui lui servirent de macrojumelles.
Il voyait Jaggath et Rendok se battre, et Cyrillis courir vers eux.
- Allez-y, regroupez-vous...
Cyrillis engagea le combat aux côtés du Bothan. Kuti-La tira : une sphère métallique fut propulsée vers la plateforme ; Jaggath, en plein duel, la vit arriver et la trancha d'un coup de sabre, et para le coup que Rendok allait lui donner !
Kuti-La enclencha une nouvelle sphère dans le canon de son arme, tira et en envoya une seconde juste après. Jaggath put en détruire une, mais la seconde explosa à terre : elle produisit une onde sismique qui jeta les trois combattants à terre, et fissura le sol rocheux.
Assourdis, tremblants, les deux Jedi se relevèrent, et virent que Rendok était évanoui.
Kuti-La rechargeait et visait. Il se situait à plusieurs kilomètres des Jedi mais il pouvait les viser avec une précision inégalable !
Cyrillis ramassa Rendok, qui était à moitié conscient.
- Où sont partis les silos, demanda le Jedi, vite !
La bouche en sang, le vieux prêtre balbutia quelques mots incompréhensibles. Ils furent jetés à terre par une nouvelle décharge sismique de Kuti-La !
Cette fois, le plateau allait se fissurer et partir en blocs dans la falaise !
- Nereides ! cria Rendok. Nereides !
Il criait comme un sourd !
Cyrillis n'entendait presque rien. Jaggath l'aida à porter le moribond, lui aussi assourdi. Le sol devenait instable. Les Jedi trouvèrent un air-speeder et y montèrent, puis s'envolèrent au moment où le plateau s'écroulait.
Kuti-La rangea son fusil et remonta dans son appareil. Il quitta le sol de Satchidananda et mit le cap vers Libria.
Cyrillis se posa au fond des gorges. Rendok avait d'urgence besoin d'être soigné.
- A son âge, il ne peut plus résister à un tel traitement de choc, dit Jaggath.
- Nereides, Nereides... répétait le vieil homme...
- Ne vous agitez pas, dit Cyrillis, en sortant une trousse de secours de l'appareil. Je suis médecin, je vais vous soigner.
Rendok ouvrit les yeux : il avait comme un voile, qui rendait le monde flou.
- Dix ans déjà, hein, Jaggath... Dix ans...
- Vieux fou, dit le Bothan, vous ne savez donc que monter des sectes, pour admirer les autres comme des divinités...
- Thembee est puissant, dit Rendok, Thembee est vivant... Je n'ai jamais cessé de l'admirer... Lui aurait voulu le Sabre-Noir...
- C'est le général Konen qui a lancé le projet Sabre-Noir ?...
- Konen n'est pas seul, murmura Rendok, de plus en plus faible.
Cyrillis allait lui injecter un medpack mais Jaggath lui fit signe d'attendre.
- Nereides, c'est une planète ? une entité ?
- Système Nereides, Sabre-Noir, gémit Rendok.
Il ferma les yeux et s'évanouit pour de bon. Il se crispa à l'extrême, et rendit l'âme.
- Le vieux salopard, murmura Jaggath...
Oui, dix ans déjà ! Depuis que le Bothan avait trouvé refuge sur Satchidananda pour échapper à la traque des Impériaux ! Qu'il avait connu le Crotale, Limbo, Loloth puis Merwyn et Gaeriel !...
La journée était déjà bien avancée quand les deux Jedi finirent d'enterrer Rendok, près des rivières folles qui couraient au fond des gorges spectaculaires de Satchidananda.
- Je connais une ville pas loin d'ici, dit le Bothan, allons-y et nous y prendrons un transport spatial. Nous rentrons sur Ruusan.
L'air-speeder décolla et partit dans les chemins tortueux des ravins.
A suivre...
