02-01-2009, 01:22 PM
(This post was last modified: 16-01-2009, 11:19 AM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
<span style="color:orange">Les 5 Rônins : 5ème Episode</span><!--/sizec-->
Rat et Boeuf 401
Le cinquième repaire<!--/sizec-->

<span style="color:orange">Les 5 Rônins : 5ème Episode</span><!--/sizec-->
Rat et Boeuf 401
Le cinquième repaire<!--/sizec-->

Les premières neiges constellaient les rues de la Cité du Cri Perdu. C'était des perles blanches qui disparaissaient d'un coup de vent ou qui se changeaient en pluie en touchant le sol.
Les deux soldats qui gardaient la porte du palais du gouverneur Ikoma Mondô, décroisèrent leurs naginatas pour laisser ressortir deux rônins.
- Ma foi, dit Katon, on dirait que les dieux ont décidé de nous sourire !
- J'ai l'impression, dit Manji. Mais je ne sais pas s'ils sourient autant à nos amis...
Les deux amis retournèrent dans le quartier des marchands et s'installèrent à l'auberge. Ils étaient revenus la veille de leur périple à la Cité des Mensonges. Ils étaient venus le matin remettre au gouverneur le colis qu'ils rapportaient de chez les Scorpions. Leur aventure à travers les montagnes leur avait appris, lors d'une nuit dans un temple, que le chef du Lotus Noir, l'organisation criminelle occulte de la ville, n'était autre que Horiu, le rival de Rintaro, celui-là même pour qui Mamoru et Yojiro avaient travaillé !
Katon et Manji trinquèrent à la santé de leurs amis, dont ils n'avaient aucune nouvelle. Ils ne soupçonnaient pas à quel point ils étaient égarés dans les montagnes du toit du monde.
- Espérons qu'ils soient bientôt de retour.
- Oui, que les dieux les protègent...
Les deux rônins ressortirent de l'auberge et allèrent voir leur patron-san adoré !
- Ah vous revoilà, vous deux !...
- Nous sommes honorés d'être de retour pour vous servir !
- Alors, quelles nouvelles ?
- Hélas, dit Katon, pas forcément de bonnes nouvelles.
- Quoi donc ?
- Nous en avons appris davantage sur le Lotus Noir...
- Sur ces criminels, et alors ?
- Nous savons qui est leur chef... C'est Horiu !
- Quoi !
- Oui, Horiu...
- Ce misérable, ce traître, ce !...
Rintaro s'étouffait de rage.
- Nous allons de ce pas lui rendre visite, dit Manji. Nous avons tué deux de ses complices en route. Le traître ne doit pas s'attendre à nous voir arriver...
- Bonne idée !... D'autant que je l'ai encore croisé, tout à l'heure ; il sortait d'un de ses débiteurs avec ses hommes de mains...
Rintaro s'en frottait les mains : avec son principal concurrent sorti du jeu, il n'aurait plus de rival de sa taille dans son quartier.
Manji et Katon partirent à la maison de Horiu. Ils ne trouvèrent personne devant la porte. A l'intérieur, personne non plus. La maison avait été abandonnée, brusquement.
Les deux rônins firent le tour des pièces : même les serviteurs avaient disparu.
- C'est insensé ! Comment aurait-il pu savoir que nous venions !
- Personne n'était au courant, dit Manji. Personne n'a pu le prévenir. Nous venons juste d'en parler à Patron-san.
- Nous voyant revenir des montagnes, Horiu a pu prendre ses jambes à son cou avant que nous ne le dénoncions...
- Il serait parti hier, à notre retour, ou ce matin. Mais Rintaro l'a vu ce matin. Là, on voit qu'il a déménagé brusquement...
- Alors rentrons, dit Katon, frustré.
- Oui, le travail nous attend !
Manji ne se trompait pas : Rintaro n'allait pas laisser ses deux meilleurs hommes sans rien faire !
Il les assigna à la surveillance de sa maison de jeux flambant neuf, la Divine chance. Nos deux héros s'assirent donc à l'entrée de l'établissement. Le trou dans le toit était enfin réparé.
Les clients venaient nombreux ce jour-là. Ils regrettaient l'absence de Maya.
- Elle sera bientôt de retour, disait Patron-san, bientôt, bientôt...
Pour compenser, Rintaro avait fait les choses en grand : il avait redécoré les murs, engagé de nouvelles "hôtesses" et fait venir de nouveaux jeux de hasard. Lui-même s'habillait de couleurs pimpantes et surveillait son établissement comme une lionne surveille ses petits.
Le soir, les deux gardiens voyaient arriver le rônin borgne et manchot, Sazen, qu'ils avaient croisé lorsqu'ils recherchaient le "pot d'un million de kokus". Le vieillard avait fait des affaires grâce à nos héros, en se faisant racheter cette précieuse jarre et aujourd'hui, il venait jouer son argent.
Manifestement, malgré son âge et ses blessures, il prenait la vie du bon côté ; il alla à la table de jeu, paya une tournée générale et fit venir des filles autour de lui. Rintaro était évidemment content d'avoir un bon client ; il avait eu peur au début que ce vieux débris fasse fuir la clientèle, mais ce vieillard faisait hurler de rire l'assistance. Il pinçait les seins des filles et leur tapait sur les fesses, il resservait lui-même les gens, comme si c'était ses vieux amis. Il fut la vedette de la soirée et ne partit que très tard en laissant encore de généreux pourboires aux serveurs.
- Sacré polichinelle, bailla Rintaro, qui tombait de sommeil.
Le surlendemain, dans la journée, Sazen était de retour. Manji et Katon étaient toujours à leur poste.
Le vieil estropié venait de rentrer dans la maison de jeux, quand trois rônins s'approchèrent de l'entrée, la main sur le katana. Aussitôt, nos deux samuraï se levèrent :
- Oh là ! dit Manji. Que voulez-vous ?
- Nous voulons parler à ce vieillard qui vient de rentrer...
- J'ai bien peur, dit Katon, qu'il vous faudra attendre qu'il sorte.
- C'est une affaire d'honneur. Nous voulons juste qu'il sorte.
L'un des rônins cria :
- Sazen ! Sors de là !
Manji mit la main sur son sabre :
- Suffit maintenant ! Partez !... Vous n'avez pas à déranger nos clients !
Le rideau s'ouvrit alors et Sazen apparut sur le seuil.
- Que se passe-t-il ?
- Rentrez, je vous en prie, dit Manji. Nous allons faire partir ces gêneurs.
- Mon nom est Juro, dit le plus grand et le plus âgé des trois rônins. Nous avons été engagés pour te faire sortir de cette ville.
- Qui vous a engagé ? demanda Sazen.
- Tu le sais bien ! Allons, ne fais pas tant d'histoires.
- Je refuse de vous suivre.
- Tu nous ne laisses pas le choix ! Bats-toi !
Les rônins reculèrent d'un pas. Manji et Katon s'étaient interposés.
- C'est bon, je suis à votre disposition, soupira Sazen.
- Hors de question, fit Manji. Vous êtes chez Rintaro et nous ne laisserons pas ces soudards vous gêner. Je prendrai votre place !
- Cet homme, Juro, est un vétéran dans l'art du sabre, dit Sazen.
- Je sais aussi tenir une arme, vénérable vieillard.
- Vous êtes au service de Rintaro, pas du mien.
- Cela revient au même : je ne serai pas gardien de cette maison si je laissais ces mercenaires se battre contre vous.
- Vous êtes un homme de coeur, Manji-san. J'accepte.
- Bien !
Juro se mit au milieu de la rue et ses deux acolytes s'écartèrent.
Manji respira et se prépara mentalement au combat. Sazen se tenait prêt de lui. Manji se retourna pour faire un signe à Katon : il vit alors que ce dernier n'avait pas perdu de temps ! Il était en train de prendre des paris ! Il y avait du monde qui ressortait de l'établissement et des passants qui s'agglutinaient derrière le shugenja !
Manji fit de son mieux pour garder son calme !
- Nous y sommes ? lança Juro.
- Oui...
Les deux duellistes se mirent face à face. Sazen recula.
La tension montait lentement entre les deux opposants. Le vieux rônin regardait, inquiet, de même que Katon. Sazen savait que Juro n'en était pas à son premier affrontement d'homme à homme, et qu'il connaissait quelques bottes secrètes.
Manji approchait la main de son pommeau, sans quitter du regard Juro, qui le dépassait d'une demi-tête.
Les deux hommes dégainèrent, soudains et précis comme l'éclair. Mais Juro avait réagi un peu plus vite, et il devança Manji : il lui fit une nette entaille à l'épaule, qui arrêta le coup du champion de Sazen.
Manji recula, et se retint de gémir.
Sazen s'approcha, inquiet.
- Tout va bien, honorable vieillard...
Juro soupira et rangea son arme. Il regarda Sazen et Manji, indécis. Il les toisait de haut et pourtant, il ne les méprisait pas.
- Allons, dit le rônin, tout ceci est ridicule...
- Je suis à ta disposition pour me battre, lança Sazen.
Juro haussa les épaules et fit signe à ses deux suiveurs qu'ils partaient.
- Il n'y a pas de honte à perdre contre lui, dit Sazen. Juro en a vu d'autres. A ton âge, il avait déjà mené plusieurs duels... C'est pour ça qu'il a été engagé contre moi...
- Pourquoi n'a-t-il pas voulu se battre directement contre vous ?
- Je ne sais pas...
Sazen avait un mauvais pressentiment.
Derrière, la foule se dispersait. Katon avait fini d'empocher les paris. Il ne perdait pas son entrain, lui !
- Tu as au moins réussi à faire de l'argent sur cette histoire... Je suppose que tu as l'argent des gens qui pariaient sur moi...
- Pas du tout ! J'ai parié que tu perdrais ! Ce n'est pas moi qui centralisait les paris ! J'ai juste joué avec plusieurs gens !
Manji soupira encore : trahi par son seul ami !...
A suivre...
