15-01-2009, 03:27 PM
(This post was last modified: 15-01-2009, 04:04 PM by Darth Nico.)
Lire la fin ci-dessus<!--sizec--><!--/sizec-->
Maya, Mamoru, Yatsume et Yojiro partirent par la route du sud-ouest, à travers la campagne que recouvrait une neige impénétrable. En cette saison, rares étaient ceux qui s'aventuraient sur ces routes. Même les bandits de grands chemins sortaient peu.
On arrivait dans l'ouest des terres du clan du Lion, non loin des anciens territoires du clan de la Licorne, avant que ce clan ne partent, voici quatre cent ans, en direction des Sables Brûlants.
C'était une région sauvage, peu contrôlée par les Lions. On pouvait déjà sentir les vents du grand ouest souffler. Plus au nord, c'était la Cité de la Grenouille Riche, et bientôt à l'ouest, le grand fleuve qui faisait la frontière avec les anciennes terres des Iuchi. Au sud, la forêt du clan du Renard.
Yojiro se demandait si c'était une bonne idée d'avoir emmené Maya. Car quoi ! si elle était bien une espionne, elle était capable d'aller donner à Otomo Jukeï, dès son retour, la localisation du quatrième repaire.
En avançant sur cette grande route solitaire, nos héros croisèrent plusieurs villages qui avaient été attaqués.
- Il y a des pillards dans la région ? demanda un soir Yojiro.
- Hélas, c'est bien pire que cela...
Les paysans étaient réticents à parler. D'une manière générale, ils ne parlaient pas trop aux étrangers, encore moins aux rônins.
Toutefois, quand ceux-ci offrirent une éventuelle protection si on leur en disait plus, les langues se délièrent. Après tout, les Matsu étaient loin. Ils ne sortiraient pas de leurs palais fortifiés pour venir en aide à leurs paysans. Pas en cette saison.
- Des bandits, non, hélas. En un sens, c'est bien pire. Nous sommes la proie d'une bande de moines...
- Des moines ?
- Oui, une secte.
- Que vous veulent-ils ?
- Ils nous rançonnent.
- Voyez-vous cela ! lança Yatsume. Drôle d'attitude pour des moines.
- Ce ne sont pas des saints, hélas non... Ce sont des guerriers. Ils s'entraînent comme des soldats, avec une dévotion fanatique. On dit qu'ils tuent ceux d'entre eux qui ne sont pas assez forts pour suivre leur entraînement. Ils sont très dangereux.
- On dirait bien. Ils ont un nom ?
- Ils se font appeler la secte du Lotus Blanc.
- Comment as-tu dit ? Le Lotus Blanc ?...
- Oui.
Nos héros se regardèrent.
- Il faut les trouver, dit Mamoru. Ils nous méneront forcément au Lotus Noir.
- Oui, ça ne peut pas être un hasard, dit Yatsume.
Maya opina du chef.
Au village suivant, qui venait lui aussi d'être la victime des moines, nos héros apprirent qu'ils étaient recherchés.
- Vous correspondez exactement à la définition qu'ils nous ont donnés, dit une vieille femme. C'est vous qu'ils veulent, en plus de nos provisions.
- Tant mieux s'ils sont après nous, dit Yojiro. Nous ne perdrons pas de temps à les chercher !
- Il y avait des samuraï avec eux, étrangers...
- Des samuraï ? Des samuraï comment ?
Il fallut insister pour que les gens parlent. Nos héros demandèrent quel mon portaient ces hommes. A la description qu'on leur en fit, ils comprirent qu'ils étaient de la famille Otomo !
Les regards se tournèrent vers Maya :
- On dirait que ton capitaine n'a pas perdu de temps !
Maya dit qu'elle n'y était pour rien. Elle était sincère mais elle voyait bien qu'on ne la croirait pas.
- Tant pis pour eux, dit Yojiro. Si les hommes de Jukeï nous cherchent, ils nous trouveront. Et en pleine campagne, il n'y aura pas de témoins !
- Il ne faut pas qu'ils trouvent le quatrième repaire, dit Yatsume.
- Ils ont été renseignés par le Lotus Blanc, dit Mamoru. Puisqu'ils étaient avec eux.
- C'est juste. Il faudra aller faire un sort à ces moines bien peu illuminés !
Nos héros continuèrent leur chemin, par la route principale. Si le plan fourni par Juro était juste, ils n'étaient plus loin du repaire du Loup.
- Soit nous nous hâtons de l'atteindre, dit Yojiro, mais dans ce cas, nous mettons en danger les rônins qui seront là-bas...
- Sans compter qu'ils nous prendront pour des traîtres au service du shinsen-gumi...
- Soit nous ne comptons pas sur leur aide et nous nous débrouillons pour rencontrer ces samuraï avant.
- Nous ne savons pas combien ils sont, dit Mamoru.
- Il y a une forêt bientôt. Le repaire est juste après. Il faudra profiter de ce terrain pour les surprendre. En pleine campagne, à découvert, ils peuvent nous tailler en pièce sans difficulté.

A la Cité du Cri Perdu, Katon recevait de nouvelles informations : le Lotus Noir était de retour en ville. Bien décidé à récupérer ses commerces et son influence dans le quartier marchand.
- Si c'est la guerre qu'ils veulent, assura Manji, ils l'auront.
- Des serviteurs du palais nous ont dit que le capitaine Jukeï aurait été contacté par le Lotus Noir. Ils lui ont vendu des informations sur nous, en échange de son soutien pour leur "reconquête" de la ville.
- Les fumiers, cracha Katon.
- Nous avons un accord avec le Gouverneur, dit Manji. Le capitaine ne peut pas s'asseoir dessus !
- Tu sais bien, dit Katon, que Jukeï est prêt à passer outre. S'il veut retrouver Sazen, il fera ce qui est en son pouvoir. Y compris s'associer au Lotus Noir. Y compris demander au Gouverneur d'oublier son accord avec nous.
- L'hiver va être agité pour notre Cité, conclut Manji.
L'émissaire se renseigna. L'auberge était presque vide.
- Nous devons en parler au clan, dit Manji. Il ne faut donner aucune chance au Lotus Noir. Cela veut dire qu'il faut frapper les premiers.
- Bien parlé, dit Katon. Je vais convoquer une réunion !
- Attention cependant. Nous sommes garants de l'ordre dans le quartier...
- Pour le moment.
- Nous ne pouvons pas rompre notre engagement auprès du Gouverneur ! Ce serait une trop belle occasion pour Jukeï de déclarer la loi martiale, et de nous chasser !... Ce qui signifie qu'il va falloir non seulement frapper les premiers, mais frapper vite et sans faire d'éclats !
- Je suis d'accord.
Le soir, Manji mit ses hommes au courant de la menace représentée par le retour du Lotus Noir, et son alliance avec Otomo Jukeï.
- Nous sommes en guerre, dit Manji. Souvenons-nous que nous avons juré de suivre le code du bushido. J'attends de chacun d'entre vous que vous soyez exemplaires ! Ne donnons aucune excuse au shinsen-gumi pour nous chasser de cette ville. Soyons fidèles au serment fait au Gouverneur !
- Bravo, bien dit ! Vive Manji, vive le clan du Loup !
Alors que l'aubergiste lançait une tournée de bières, qu'on buvait pour se donner du courage, Sazen dit à Manji :
- C'est moi que Jukeï est venu chercher. Je ne le laisserai pas mettre cette ville à feu et à sang à cause de moi. S'il le faut, je me rendrai.
- Je ne le permettrai pas, senseï. Nous ne céderons pas ! Je serai humilié que vous le fassiez. Ce serait un désaveu de la valeur de mes hommes.
- Nous ne sommes pas de taille face au shinsen-gumi. Jukeï n'a qu'à claquer des doigts pour obtenir le commandement des Lions. Donc, s'il le faut, je quitterai la ville... Il me semble que chaque membre du Loup est libre de suivre sa piste.
- C'est vrai. Je ne peux retenir personne contre son gré. Mais d'ici là, nous allons montrer au Lotus Noir ce qu'il en coûte de nous défier !... Dès demain, nous lancerons des recherches. Nous allons dénicher Horiu avant qu'il n'ait eu le temps de cligner des yeux.
- Et lorsqu'il clignera des yeux, ajouta Katon, les lames d'acier le rendront aveugle à jamais !

La forêt n'était plus très loin. Le matin, en sortant d'un village, nos héros avaient repéré un groupe de samuraï qui arrivait par la route.
En montant sur un promontoire rocheux, Yojiro avait reconnu les couleurs de la famille Otomo. Des samuraï à cheval étaient escortés par des moines en habits blancs, qui brandissaient une bannière et entonnaient des chants guerriers.
- Ce sont bien les hommes de Jukeï et ces dingues du Lotus Blanc !
- Pressons alors, dit Yatsume.
Nos héros coururent vers la forêt. On avait aménagé un étroit sentier au milieu des arbres figés dans la neige. On entendait les cavaliers approcher.
- Pressons, pressons, dit Yatsume.
Arrivés au milieu des bois, nos héros prirent des branches et de la corde qu'ils avaient emmenée avec eux. Ils se hâtèrent de se mettre à la sortie des bois, là où la route redevenait praticable pour les chevaux.
Mamoru collait son oreille au sol :
- Ils seront bientôt là...
- Le temps qu'ils traversent les bois, nous aurons le temps...
Les cavaliers de la famille Otomo passèrent au trot au milieu du bois mort.
- Voilà leurs traces ! Nous allons pouvoir les ramener à Jukeï-sama !
- Il n'a pas dit de tous les ramener !
- Il suffit qu'il y en ait un ou deux qui puisse encore parler !
- Méfiance, ils peuvent très bien nous surprendre dans ce bois !
- Je dirais plutôt qu'ils détalent comme des lapins.
Les Otomo descendirent de monture et avancèrent prudemment, en observant les sous-bois. Rien ne remuait, sinon une poule d'eau ou quelques maigres oiseaux.
Quand ils eurent passé les taillis les plus épais, les Otomo remontèrent en selle et battirent les flancs de leurs poneys.
- Allons ! Nous les aurons bientôt !
Les Otomo ne croyaient pas si bien dire !
Alors qu'ils repartaient au galop, confiants, ils virent soudain une corde se tendre devant eux, des rondins de bois rouler sur la route, devant et derrière eux !
Et les rônins surgir des taillis, lames au clair, en poussant des cris de guerre !
Yatsume était spécialiste du combat contre les cavaliers : dans son clan, elle avait appris des techniques pour désarçonner les cavaliers.
- Épargnez les montures, cria Yojiro.
Nos héros savaient que les Otomo pouvaient les battre au combat d'homme à homme. Il fallait donc les surprendre et attaquer de façon fulgurante !
Yatsume fit chuter les deux cavaliers qui étaient restés en selle, tandis que la BEC tranchait la gorge des deux autres. Le cinquième et dernier voulut s'enfuir mais Maya surgit des buissons et d'un coup de pied aérien, l'envoya rouler dans la neige. L'instant d'après, les sabres de la BEC mettaient fin à sa vie.
Essoufflé, Yojiro dit :
- Et maintenant, il faut cacher les corps... Maquiller toute trace de ça...
Ils venaient de s'attaquer à des membres d'une famille impériale. Ils méritaient l'exécution immédiate. Mais puisque Jukeï voulait la guerre contre les rônins, il allait l'avoir !

Dans la Cité, la résistance s'organisait. Manji et Katon étaient allés trouver Rintaro, pour le mettre au courant de la menace du Lotus Noir.
- Mais c'est catastrophique pour les affaires ça ! Une guerre commerciale en plein hiver !
- On ne te le fait pas dire, confirma Katon. C'est pourquoi nous devons agir vite. Et nous allons avoir besoin de toi.
- Comment ça ?
- Nous voudrions convoquer une assemblée des chefs marchands de la ville.
- Quoi ?
- Les réunir tous.
- Mais ça ne s'est jamais fait !
- Vous avez déjà eu une guerre contre le Lotus Noir qui vous menace ?
- Non, jamais...
Rintaro réfléchit un instant et dit qu'il contacterait ses concurrents.
- Nous faisons ça pour vous protéger, dit Manji. Nous devons mettre au point une stratégie commune de défense face au Lotus Noir.
- Et je dirais même : une stratégie d'attaque, ajouta Katon.
C'est ainsi qu'une réunion fut prévue pour le surlendemain, avec les dirigeants des principaux commerces de la ville.
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
Maya, Mamoru, Yatsume et Yojiro partirent par la route du sud-ouest, à travers la campagne que recouvrait une neige impénétrable. En cette saison, rares étaient ceux qui s'aventuraient sur ces routes. Même les bandits de grands chemins sortaient peu.
On arrivait dans l'ouest des terres du clan du Lion, non loin des anciens territoires du clan de la Licorne, avant que ce clan ne partent, voici quatre cent ans, en direction des Sables Brûlants.
C'était une région sauvage, peu contrôlée par les Lions. On pouvait déjà sentir les vents du grand ouest souffler. Plus au nord, c'était la Cité de la Grenouille Riche, et bientôt à l'ouest, le grand fleuve qui faisait la frontière avec les anciennes terres des Iuchi. Au sud, la forêt du clan du Renard.
Yojiro se demandait si c'était une bonne idée d'avoir emmené Maya. Car quoi ! si elle était bien une espionne, elle était capable d'aller donner à Otomo Jukeï, dès son retour, la localisation du quatrième repaire.
En avançant sur cette grande route solitaire, nos héros croisèrent plusieurs villages qui avaient été attaqués.
- Il y a des pillards dans la région ? demanda un soir Yojiro.
- Hélas, c'est bien pire que cela...
Les paysans étaient réticents à parler. D'une manière générale, ils ne parlaient pas trop aux étrangers, encore moins aux rônins.
Toutefois, quand ceux-ci offrirent une éventuelle protection si on leur en disait plus, les langues se délièrent. Après tout, les Matsu étaient loin. Ils ne sortiraient pas de leurs palais fortifiés pour venir en aide à leurs paysans. Pas en cette saison.
- Des bandits, non, hélas. En un sens, c'est bien pire. Nous sommes la proie d'une bande de moines...
- Des moines ?
- Oui, une secte.
- Que vous veulent-ils ?
- Ils nous rançonnent.
- Voyez-vous cela ! lança Yatsume. Drôle d'attitude pour des moines.
- Ce ne sont pas des saints, hélas non... Ce sont des guerriers. Ils s'entraînent comme des soldats, avec une dévotion fanatique. On dit qu'ils tuent ceux d'entre eux qui ne sont pas assez forts pour suivre leur entraînement. Ils sont très dangereux.
- On dirait bien. Ils ont un nom ?
- Ils se font appeler la secte du Lotus Blanc.
- Comment as-tu dit ? Le Lotus Blanc ?...
- Oui.
Nos héros se regardèrent.
- Il faut les trouver, dit Mamoru. Ils nous méneront forcément au Lotus Noir.
- Oui, ça ne peut pas être un hasard, dit Yatsume.
Maya opina du chef.
Au village suivant, qui venait lui aussi d'être la victime des moines, nos héros apprirent qu'ils étaient recherchés.
- Vous correspondez exactement à la définition qu'ils nous ont donnés, dit une vieille femme. C'est vous qu'ils veulent, en plus de nos provisions.
- Tant mieux s'ils sont après nous, dit Yojiro. Nous ne perdrons pas de temps à les chercher !
- Il y avait des samuraï avec eux, étrangers...
- Des samuraï ? Des samuraï comment ?
Il fallut insister pour que les gens parlent. Nos héros demandèrent quel mon portaient ces hommes. A la description qu'on leur en fit, ils comprirent qu'ils étaient de la famille Otomo !
Les regards se tournèrent vers Maya :
- On dirait que ton capitaine n'a pas perdu de temps !
Maya dit qu'elle n'y était pour rien. Elle était sincère mais elle voyait bien qu'on ne la croirait pas.
- Tant pis pour eux, dit Yojiro. Si les hommes de Jukeï nous cherchent, ils nous trouveront. Et en pleine campagne, il n'y aura pas de témoins !
- Il ne faut pas qu'ils trouvent le quatrième repaire, dit Yatsume.
- Ils ont été renseignés par le Lotus Blanc, dit Mamoru. Puisqu'ils étaient avec eux.
- C'est juste. Il faudra aller faire un sort à ces moines bien peu illuminés !
Nos héros continuèrent leur chemin, par la route principale. Si le plan fourni par Juro était juste, ils n'étaient plus loin du repaire du Loup.
- Soit nous nous hâtons de l'atteindre, dit Yojiro, mais dans ce cas, nous mettons en danger les rônins qui seront là-bas...
- Sans compter qu'ils nous prendront pour des traîtres au service du shinsen-gumi...
- Soit nous ne comptons pas sur leur aide et nous nous débrouillons pour rencontrer ces samuraï avant.
- Nous ne savons pas combien ils sont, dit Mamoru.
- Il y a une forêt bientôt. Le repaire est juste après. Il faudra profiter de ce terrain pour les surprendre. En pleine campagne, à découvert, ils peuvent nous tailler en pièce sans difficulté.

A la Cité du Cri Perdu, Katon recevait de nouvelles informations : le Lotus Noir était de retour en ville. Bien décidé à récupérer ses commerces et son influence dans le quartier marchand.
- Si c'est la guerre qu'ils veulent, assura Manji, ils l'auront.
- Des serviteurs du palais nous ont dit que le capitaine Jukeï aurait été contacté par le Lotus Noir. Ils lui ont vendu des informations sur nous, en échange de son soutien pour leur "reconquête" de la ville.
- Les fumiers, cracha Katon.
- Nous avons un accord avec le Gouverneur, dit Manji. Le capitaine ne peut pas s'asseoir dessus !
- Tu sais bien, dit Katon, que Jukeï est prêt à passer outre. S'il veut retrouver Sazen, il fera ce qui est en son pouvoir. Y compris s'associer au Lotus Noir. Y compris demander au Gouverneur d'oublier son accord avec nous.
- L'hiver va être agité pour notre Cité, conclut Manji.
L'émissaire se renseigna. L'auberge était presque vide.
- Nous devons en parler au clan, dit Manji. Il ne faut donner aucune chance au Lotus Noir. Cela veut dire qu'il faut frapper les premiers.
- Bien parlé, dit Katon. Je vais convoquer une réunion !
- Attention cependant. Nous sommes garants de l'ordre dans le quartier...
- Pour le moment.
- Nous ne pouvons pas rompre notre engagement auprès du Gouverneur ! Ce serait une trop belle occasion pour Jukeï de déclarer la loi martiale, et de nous chasser !... Ce qui signifie qu'il va falloir non seulement frapper les premiers, mais frapper vite et sans faire d'éclats !
- Je suis d'accord.
Le soir, Manji mit ses hommes au courant de la menace représentée par le retour du Lotus Noir, et son alliance avec Otomo Jukeï.
- Nous sommes en guerre, dit Manji. Souvenons-nous que nous avons juré de suivre le code du bushido. J'attends de chacun d'entre vous que vous soyez exemplaires ! Ne donnons aucune excuse au shinsen-gumi pour nous chasser de cette ville. Soyons fidèles au serment fait au Gouverneur !
- Bravo, bien dit ! Vive Manji, vive le clan du Loup !
Alors que l'aubergiste lançait une tournée de bières, qu'on buvait pour se donner du courage, Sazen dit à Manji :
- C'est moi que Jukeï est venu chercher. Je ne le laisserai pas mettre cette ville à feu et à sang à cause de moi. S'il le faut, je me rendrai.
- Je ne le permettrai pas, senseï. Nous ne céderons pas ! Je serai humilié que vous le fassiez. Ce serait un désaveu de la valeur de mes hommes.
- Nous ne sommes pas de taille face au shinsen-gumi. Jukeï n'a qu'à claquer des doigts pour obtenir le commandement des Lions. Donc, s'il le faut, je quitterai la ville... Il me semble que chaque membre du Loup est libre de suivre sa piste.
- C'est vrai. Je ne peux retenir personne contre son gré. Mais d'ici là, nous allons montrer au Lotus Noir ce qu'il en coûte de nous défier !... Dès demain, nous lancerons des recherches. Nous allons dénicher Horiu avant qu'il n'ait eu le temps de cligner des yeux.
- Et lorsqu'il clignera des yeux, ajouta Katon, les lames d'acier le rendront aveugle à jamais !

La forêt n'était plus très loin. Le matin, en sortant d'un village, nos héros avaient repéré un groupe de samuraï qui arrivait par la route.
En montant sur un promontoire rocheux, Yojiro avait reconnu les couleurs de la famille Otomo. Des samuraï à cheval étaient escortés par des moines en habits blancs, qui brandissaient une bannière et entonnaient des chants guerriers.
- Ce sont bien les hommes de Jukeï et ces dingues du Lotus Blanc !
- Pressons alors, dit Yatsume.
Nos héros coururent vers la forêt. On avait aménagé un étroit sentier au milieu des arbres figés dans la neige. On entendait les cavaliers approcher.
- Pressons, pressons, dit Yatsume.
Arrivés au milieu des bois, nos héros prirent des branches et de la corde qu'ils avaient emmenée avec eux. Ils se hâtèrent de se mettre à la sortie des bois, là où la route redevenait praticable pour les chevaux.
Mamoru collait son oreille au sol :
- Ils seront bientôt là...
- Le temps qu'ils traversent les bois, nous aurons le temps...
Les cavaliers de la famille Otomo passèrent au trot au milieu du bois mort.
- Voilà leurs traces ! Nous allons pouvoir les ramener à Jukeï-sama !
- Il n'a pas dit de tous les ramener !
- Il suffit qu'il y en ait un ou deux qui puisse encore parler !
- Méfiance, ils peuvent très bien nous surprendre dans ce bois !
- Je dirais plutôt qu'ils détalent comme des lapins.
Les Otomo descendirent de monture et avancèrent prudemment, en observant les sous-bois. Rien ne remuait, sinon une poule d'eau ou quelques maigres oiseaux.
Quand ils eurent passé les taillis les plus épais, les Otomo remontèrent en selle et battirent les flancs de leurs poneys.
- Allons ! Nous les aurons bientôt !
Les Otomo ne croyaient pas si bien dire !
Alors qu'ils repartaient au galop, confiants, ils virent soudain une corde se tendre devant eux, des rondins de bois rouler sur la route, devant et derrière eux !
Et les rônins surgir des taillis, lames au clair, en poussant des cris de guerre !
Yatsume était spécialiste du combat contre les cavaliers : dans son clan, elle avait appris des techniques pour désarçonner les cavaliers.
- Épargnez les montures, cria Yojiro.
Nos héros savaient que les Otomo pouvaient les battre au combat d'homme à homme. Il fallait donc les surprendre et attaquer de façon fulgurante !
Yatsume fit chuter les deux cavaliers qui étaient restés en selle, tandis que la BEC tranchait la gorge des deux autres. Le cinquième et dernier voulut s'enfuir mais Maya surgit des buissons et d'un coup de pied aérien, l'envoya rouler dans la neige. L'instant d'après, les sabres de la BEC mettaient fin à sa vie.
Essoufflé, Yojiro dit :
- Et maintenant, il faut cacher les corps... Maquiller toute trace de ça...
Ils venaient de s'attaquer à des membres d'une famille impériale. Ils méritaient l'exécution immédiate. Mais puisque Jukeï voulait la guerre contre les rônins, il allait l'avoir !

Dans la Cité, la résistance s'organisait. Manji et Katon étaient allés trouver Rintaro, pour le mettre au courant de la menace du Lotus Noir.
- Mais c'est catastrophique pour les affaires ça ! Une guerre commerciale en plein hiver !
- On ne te le fait pas dire, confirma Katon. C'est pourquoi nous devons agir vite. Et nous allons avoir besoin de toi.
- Comment ça ?
- Nous voudrions convoquer une assemblée des chefs marchands de la ville.
- Quoi ?
- Les réunir tous.
- Mais ça ne s'est jamais fait !
- Vous avez déjà eu une guerre contre le Lotus Noir qui vous menace ?
- Non, jamais...
Rintaro réfléchit un instant et dit qu'il contacterait ses concurrents.
- Nous faisons ça pour vous protéger, dit Manji. Nous devons mettre au point une stratégie commune de défense face au Lotus Noir.
- Et je dirais même : une stratégie d'attaque, ajouta Katon.
C'est ainsi qu'une réunion fut prévue pour le surlendemain, avec les dirigeants des principaux commerces de la ville.