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Dossier #10 : Penthésilée 64-300 Exécution
#3
DOSSIER #10<!--/sizec-->


PENTHESILEE 64-300 EXECUTION<!--/sizec-->

SHC 9 - RUS 8 - IEI 4

Dans ses rêves, Maréchal entendait les passerelles aux abords du Halo gémir dans la pluie du matin. Il entendait aussi des montres tinter doucement, mille montres d'or, et la pluie tinter sur les passerelles.

A ses côtés, tante Myrtille s'était endormie.
Assise sur la maigre chaise d'hôpital, elle était penchée sur son sac, dans la petite chambre. Elle était dans ses propres rêves et respirer doucement. Parfois, elle avait un petit sursaut, se redressait sur la chaise et se rendormait.
Une infirmière la trouva là, la réveilla et lui proposa d'aller s'allonger sur un lit à côté.

Maréchal était branché à diverses mécaniques. Un masque sur le visage, des aiguilles dans les bras, avec des poches de substances diverses. Il était relié à un chromatographe qui enregistrait son rythme cardiaque et d'autres fluctuations de son corps. Il était connecté avec tout le réseau de l'hôpital et, par delà, avec le réseau complet de la Cité d'Acier.
Il respirait profondément ; des colonnes lumineuses montaient et descendaient sur l'écran du terminal. C'était ce qui lui restait de vie retranscrit dans le codage des intelligences-mécaniques.

Myrtille avait consenti à aller s'étendre. Elle avait dit, dans un hoquet de sanglots :
- Vous savez, à mon âge, c'est plutôt moi qu'on verrait allongée sur ce lit, et mon neveu à me veiller...
- Reposez-vous, madame...
Il n'était ni tôt ni tard. Le matin n'était pas encore là, la journée d'avant était déjà loin. On pouvait avoir le sentiment d'une nuit sans fin à venir, d'un temps interminable pour dormir, sans aucun souci à venir.

Myrtille s'endormit profondément, pendant que son neveu, dans la pièce d'à côté, rêvait de montres et de savants fous. Maréchal revivait son départ du foyer de sa troupe. Les Rats Magiques. C'était Nelly qui avait trouvé le nom. Antonin avait mis ce soir là sa casquette, avait pris son baluchon, serré ses godillots et il avait murmuré pardon à Nelly pour ce qu'il allait faire.
Quelques heures après, il entrait dans un grand halo lumineux. Il savait que plus personne ne pourrait se moquer de lui. Seulement, il ne savait pas s'il reverrait jamais quelqu'un ! Il se retrouvait devant un grand Scientiste inquiétant, qui l'attirait dans son repaire. Il lui donnait à manger, un gros bol de soupe, sur lequel Antonin s'était jeté. Puis il avait dormi dans une petite chambre. Et à son réveil, il était prisonnier. Il y avait des barreaux, c'était une cellule, dans une allée froide, comme une cave. Il y avait d'autres gamins en cellules.
Il y avait un gamin de la bande rivale, les Rats Noirs. Un gros dur en fait, de ceux qui se moquaient d'Antonin.
- Toi aussi, tu t'es fait prendre dans la rue...
- Non, moi je suis venu tout seul !
Antonin avait peur, et pourtant, il avait son orgueil !
- Alors, tu es encore plus stupide ! Pauvre idiot !... Tu as vraiment décidé de finir en chair à saucisses !
C'est à ce moment qu'on entendait un hurlement déchirant, d'un pièce éclairée, au fond du couloir. Quelques minutes plus tard, deux serviteurs bossus passaient, qui portaient un gros sac qu'ils allaient jeter dans un soupirail.
Et on entendait le bruit strident d'une scie mécanique, comme celles des ouvriers de la métallurgie. Terré dans le fond de sa cellule, Antonin n'osait plus bouger.
De la chair à saucisses !...
L'autre en face devenait fou !
- De la chair à saucisses !

*

Gérald passa en début de mâtinée. Il embrassa Myrtille, qui était repassée à son hôtel.
- Bonjour maman. Il va mieux ?...
Gérald avait enlevé son chapeau en rentrant dans la chambre.
Il le remit, gêné par le regard noir que lui lançait sa mère. Il ne rentrait quand même pas dans une chapelle funéraire ! Le solide et massif Gérald, qui à la force du poignet, pour ainsi dire, avait monté une des plus grosses affaires de bière de la Lune, qui avait cinq enfants, qui avait ses entrées dans plusieurs clubs de barons de l'industrie, hé bien, Gérald Maréchal se sentait ridiculement impuissant face à son maigre cousin, allongé dans son lit, branché et piqué au point de ressembler à une pieuvre mécanique.
- Qui lui a fait ça, maman ?
- On ne sait pas, mon fils, on ne sait pas...
Gérald aurait bien démoli une table pour se passer les nerfs. Ou bien engagé, sur ses fonds personnels, un tueur pour aller faire la peau au salopard qui... !
Il l'aurait fait noyer dans un tonneau de bière et l'aurait envoyé en l'état à SÛRETE !
Gérald alluma une cigarette et dit à sa mère d'aller se reposer un peu. Il était sûr qu'elle n'écouterait pas. On était comme ça dans la famille Maréchal : têtu !

Tante Myrtille alla faire la conversation aux infirmières et à de vieilles dames qui s'ennuyaient. Elle était comme la bonne âme des lieux, d'un coup. Très sérieuse, sous son chapeau sombre, elle discutait des malheurs de la vie avec les uns et les autres.
En fin de mâtinée, des fonctionnaires de police arrivèrent. Ils saluèrent Myrtille, puis restèrent un moment à discuter dans la chambre de Maréchal. Myrtille, intriguée, aurait voulu entendre. Elle était un peu vexée d'être laissée à la porte. Elle retourna discuter couture avec une petite dame qui avait le bras dans le plâtre et salua bien poliment les importants messieurs, chapeaux melons et gabardines épaisses, qui ressortaient de la chambre.
L'autre petite dame continuait à parler, mais Myrtille n'écoutait plus que d'une oreille. Au fond, il y avait un crime !
Elle n'avait envisagé la situation que sous l'angle personnel, familial : son neveu en danger de mort. Mais c'était vrai que la machine judiciaire allait se mettre en branle pour retrouver le coupable, qui finirait la tête décrochée du corps !
Oui, on travaillait dans le crime, là !
- Et moi, mes points de croix, je les fait toujours...
- Excusez-moi, dit Myrtille en se levant, voulez-vous que j'aille vous chercher une petite tisane ?
- Mais bien volontiers, dit son amie, un peu surprise, qui avait tout de la grand-maman gâteau.

En fin de mâtinée, alors que Myrtille avait repris sa position sur la chaise à côté de son neveu et s'occupait à son tricot, c'est le détective de Portzamparc qui arriva.
- Bonjour, madame...
- Comment allez-vous ?
- Pas trop mal. Et lui, comment va-t-il ?
Il était visible que Portzamparc avait mal dormi. La nuit avait été courte. Dans sa chambre d'hôtel, le détective avait soigné la grosse éraflure infligée par le tueur. Il avait ensuite mal dormi, et s'était réveillé dans le vilain quartier de Galippe, plein de colère et de dégoût. Encore une fois, il avait demandé à Corben de venir le chercher. Le pilote, qui voyait son meilleur client maussade, n'avait rien dit. Il sentait que ce n'était pas le jour.
- Avez-vous une idée, vous, de qui a fait ça ? On n'a rien voulu me dire...
- Non, je ne sais pas, fit Portzamparc, las et haineux à la fois. Seulement, je vais le trouver, ajouta-t-il à voix basse.
- Comment donc ?
- Non, rien... A propos, il y a du monde qui est passé ce matin ?
- Ma foi, Gérald, puis des collègues à vous.
- Qui ça ?
- Voyons, je ne me souviens plus... Ils se sont présentés rapidement...

Maréchal, lui s'en souvenait !
Il pouvait entendre ce qui se passait à côté de lui. Il avait entendu les policiers discuter à son chevet. Il avait reconnu la voix de Crimont et de Lanvin, et de deux détectives dont il ne connaissait pas les noms.
- La Scientifique a pu localiser le poste de tir, et l'arme. Un fusil de chasse. Un cas vraiment semblable à l'assassinat de l'Amiral... Vraisemblablement le même homme...
- Que faisait Maréchal chez lui ? Il n'était pas censé être en stage ? demandait Lanvin.
- Oui, c'était le cas, mais ADMINISTRATION n'a pas donné de précision, dit Crimont. "Détachement à durée indéterminée", c'est tout ce que je sais.
- Oui, la même chose que pour Portzamparc...
S'il avait pu, Maréchal aurait souri. Le commissaire Weid avait bien fait les choses !
- Portzamparc qui rendait hier visite à Maréchal, ajouta Lanvin.
- Ils étaient ensemble en formation ?
- On ne peut pas savoir. Il faudrait le trouver.
- Bizarre... Ce qui est sûr, c'est que cette histoire peut remonter très haut...
- Sûr qu'on va avoir l'inspection des services qui va s'en mêler !
Les policiers n'avaient pas noté, à ce moment, les colonnes lumineuses du chromatographe qui montaient plus haut que d'habitude !
L'inspection des services... autrement dit OBSIDIENNE !
Le sinistre service de surveillance de l'activité de SÛRETE !
Maréchal ignorait de quel poids étaient Weid et sa Brigade Spéciale face à ces gens-là.

Portzamparc regarda par la fenêtre, et regarda encore son collègue.
- Le docteur a dit que c'est un miracle s'il en a réchappé, renifla Myrtille.
- On n'abat pas si facilement l'un de nous, dit Portzamparc.
En disant cela, il repensait à l'explosion de la tête de l'amiral de Villers-Leclos, qui n'avait pas été aussi résistante que la gorge de Maréchal ! Il lui en revenait un sentiment mêlé de jubilation et de haine.
Parce que c'était la haine maintenant. La guerre à mort face au Somnambule, qui avait éventé le plan des policiers. D'ailleurs, à ce sujet, où avait pu passer le Perce-Pierres ? Est-ce qu'il avait déjà été retrouvé par la bande des Insomniaques ?
C'était la chasse à l'homme, à la mode de Forge. La traque, l'embuscade, la patience, et la curée...

Portzamparc entendit plusieurs hommes qui discutaient haut et fort. Lanvin et Crimont !
Il ne voulait pas être vu ici...
- Ha, détective, je crois entendre ces messieurs revenir...
- Oui, tout à fait, madame, fit Portzamparc, gêné.
Pas être vu ici !
Nerveux, le détective reprit son manteau et son chapeau. Il fallait se risquer. Jouer un coup.
- Ecoutez, madame...
- Quoi donc ?
- Je voulais vous demander... C'est un peu compliqué, mais j'aimerais autant ne pas être vu ici. Est-ce que vous pourriez aller voir ces hommes, et les retenir un instant ? Sous un prétexte quelconque...
Le sang de Myrtille ne fit qu'un tour. Elle était prise dans l'enquête ! Dans le mystère !
Elle fit un petit sourire complice à Portzamparc et sortit à la rencontre de Lanvin et Crimont.
- Messieurs, c'est affreux !... affreux !...
Les deux inspecteurs craignirent le pire. Et pendant que Myrtille jouait la veuve éplorée, cognait contre la poitrine des deux arrivants, Portzamparc s'éclipsait doucement.
- C'est affreux, je ne sais pas quand il se réveillera ! Venez voir ! Mais venez donc voir !
Et elle les empêchait d'avancer !

Portzamparc sortit de l'hôpital et rejoignit le premier bistrot venu, où il trouva Corben. Ils repartaient, et ce ne serait pas le dernier trajet de la journée.
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Dossier #10 : Penthésilée 64-300 Exécution - by Darth Nico - 08-03-2009, 04:33 PM

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