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12e Episode : "Plus jamais ça..."
#4
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE

Mamoru et Yojiro trouvèrent Maya dans la discrète bicoque où elle résidait. En tant que samuraï, elle aurait eu droit de demander une résidence dans un palais, mais elle était trop à l'écart pour être acceptée. Elle menait donc une existence marginale, ni femme du peuple, ni de la noblesse. Elle était peu connue, elle ne rencontrait personne et semblait la plupart du temps indifférente au monde autour d'elle.
Et pourtant, que d'évènements depuis le début de son voyage !

Au juste, que s'était-il passé depuis qu'elle avait quitté les montagnes éternelles ?
La confrontation avec l'Empire l'avait changée. Elle avait connu plusieurs hommes ; elle avait connu la guerre, la faim, les routes, et la misère encore plus que la gloire. Shinseï ne disait-il pas qu'on doit voyager pour découvrir la sagesse ?...
Est-ce qu'un jour elle retournerait dans son temple ?... Allait-elle finir sa vie dans sa chambre grande d'à peine quatre tatamis ?

Les deux rônins entrèrent.
- Nous avons du travail pour toi, dit Mamoru.
- Pourquoi pas, dit placidement Maya.
Les deux rônins s'assirent.
- Nous nous attaquons au Lotus, dit Yojiro.
Maya écoutait.

- Comme tu n'es pas connue, tu pourrais t'infiltrer parmi eux. Ils ont plusieurs boutiques en ville à leur service. J'en ai entendu parler plusieurs fois. Trouvons une taverne où tu pourrais travailler et surprendre des conversations.
- D'accord.
- J'ai quelques pistes...

C'est ainsi que les deux rônins et l'Ize-Zumi se mirent en campagne : ils passèrent l'après-midi et le début de soirée à écumer les établissements de 3e ordre de la Cité, dans les quartiers où jamais un samuraï ne mettait les pieds. Des quartiers tortueux, grouillants de vie et de couleurs, qui semblaient dans un autre monde que les belles rues du centre de la Cité.
A eux trois, ils payèrent une quinzaine de coups pour soutirer des informations. Quand ils se retrouvèrent, à la nuit tombée, autour d'un bol de riz dans un restaurant très quelconque, ils avaient repéré une maison de thé : Le chemin magnifique, qui servait de lieu de réunion aux conspirateurs.
- Tu te sens prête à y aller ? demanda Yojiro.
- Oui, pas de problème.
Elle était décidément désarmante ! Est-ce qu'elle se rendait bien compte des dangers qu'elle encourait ? Elle répondait gentiment "oui" comme si on ne lui demandait que d'aider à confectionner des bouquets de fleurs !

Le lendemain midi, nos trois conspirateurs en herbe se retrouvèrent au même restaurant, Le tatami de papier. Les deux rônins proposèrent à Maya un petit vin du pays pour lui donner du cœur à l'ouvrage, mais celle-ci déclina poliment. Sa "religion" devait lui interdire de boire -mais devait être bien plus tolérante sur d'autres vices !

Mamoru accompagna l'Ize-Zumi, grimée avec des habits de pauvre bonne femme. Le rônin s'arrêta à quelques rues de la maison de thé et souhaita bon courage à Maya. Celle-ci partit sans hésiter, comme si elle avait fait ça toute sa vie ! (Ou dans une autre vie ?)
Mamoru repartit mais se perdit ; il arriva dans un quartier de prostitution, avec des lanternes rouges partout aux devantures des maisons, des relents d'opium, des clients honteux, des gémissements et des injures, des gueules malsaines...
Le rônin se sentit suivi et, en bifurquant dans une rue, vit deux malfrats armés approcher, et deux derrière lui.
- Alors mon grand ? On ne trouve pas son chemin ?
L'un d'eux jouait avec un couteau. Les autres ricanaient. Celui au couteau s'approcha :
- Alors, tu ne dis rien ?
Il lui tapota sur la joue. Mamoru voulut réagir mais l'autre fut plus rapide et lui envoya son poing sur le nez. Mamoru recula ; ceux de derrière allaient lui sauter dessus mais notre rônin, plus grand qu'eux d'une bonne tête, les envoya par-dessus lui s'aplatir sur leurs camarades. Une brève bagarre s'ensuivit, confuse, brutale, où l'on entendit les cris étouffés, des os craquer, des mentons et des nez se tordre.
Mamoru ressortit de la ruelle en sueur, les quatre yakuzas par terre.

Yojiro l'attendait au Tatami de papier et le vit arriver, épuisé. Mamoru se fit servir un bon verre. Il mouchait rouge !
- Alors, tu l'as accompagnée ?
- Oui, elle y est.
- On la retrouvera demain matin. Espérons que ça se passe bien aujourd'hui.

Samurai

- Tu travaillais où avant ?
- Oh, je viens de loin...

Le patron du Chemin magnifique regardait avec méfiance cette petite femme. Elle avait l'air sot. Elle était habillée comme une souillon. Il lui dit d'enlever un peu ses vêtements. Elle révéla des formes plus appétissantes. Le patron comprit qu'elle ne tombait pas de la dernière pluie et se dit qu'elle avait dû faire son temps dans une maison de passe, peut-être dans une autre ville. Elle avait dû s'enfuir et maintenant elle se cherchait une situation.
- C'est un établissement respectable ici, hein !
- Oui bien sûr, je suis très vigilante.
Respectable -étant donné qu'on était dans le quartier des gros marchands, mais pas chez les nobles Yasuki - signifiait qu'on ne faisait pas plus que pincer gentiment les fesses des servantes et se rincer l'œil grâce à leurs tenues dénudées.

- Tu sais servir du thé ?
- Je sers plein de choses...
- Mouais, tu n'es pas trop vilaine, et c'est déjà bien. Je vais te prendre à l'essai et on verra bien ensuite. J'ai une chambre au grenier, si tu veux un toit.
- Je vous remercie.
Maya s'inclina.
- Bon, va te changer, hein ! Tu commences dès maintenant ! Allez !...

Nouvelle expérience, nouvelle voie de sagesse !
Le patron bourra une pipe et regarda sa recrue s'agiter. Il lui mettait une petite fessée, à elle et aux autres, de temps en temps, pour maintenir le contact !
- Affolez-vous, les filles ! La table de la fenêtre n'a toujours pas sa commande !
Il passait dans la salle, saluait les bons clients et faisait quelques recommandations. Et il ne perdait pas de vue Maya, qui s'en sortait honorablement. Il la trouvait vraiment désirable et il vit que les clients n'y étaient pas indifférents. La plupart devait déjà fantasmer de se retrouver le nez entre ses deux seins !
- Excellent cela, grommela le patron, satisfait.
C'était un homme qui ne manquait pas d'embonpoint. Robuste, de grosses mains de travailleur. Une barbe mal taillée, les cheveux ramenés en natte en arrière. Une cicatrice sur le menton et la joue où les poils ne poussaient pas. Des habits coûteux qui ne lui allaient pas bien.
- Oui, pas mal du tout...
Elle avait des tatouages sur la peau, ce qui lui donnait un côté exotique pas désagréable. De beaux tatouages. Elle avait dû être une sacrée catin de luxe dans un établissement pour samuraï !

Le patron ferma sa boutique à la tombée de la nuit et fit venir Maya dans son bureau :
- Bon, c'est bien, je te prends !
- Ho, merci, merci beaucoup...
Maya jouait la parfaite greluche. Le patron aimait bien cela, les clients fantasmaient sur les petites servantes niaises et dociles.
- Ne joue pas à te rendre trop bête devant moi, gamine... J'en ai vu d'autres des comme toi. Je ne sais pas d'où tu viens, mais tu as dû enrichir ta patronne, hein ! Alors, garde tes airs de mijaurée pour les clients !
Maya s'inclina et dit qu'elle voulait bien voir la chambre au grenier. Puis, quand elle l'eut visité, elle se ravisa et dit qu'elle dormirait chez elle.
- Sois là demain avant l'aube, hein ! On commence tôt !

Notre héroïne s'en alla pendant que le patron passait à table avec sa famille.
En fait, quand elle eut passé quelques rues, Maya fit demi-tour et revint à la maison de thé par un chemin détourné. Elle avait repéré un accès à la chambre au grenier, par une bicoque abandonnée à côté puis une échelle, qui la menait à la lucarne.
Dans la journée, elle avait surpris le patron murmurer qu'il allait libérer une pièce le soir pour une réunion. Maya se glissa dans le grenier, et se glissa dans une vieille couverture. Il y avait un trou dans le plancher qu'elle agrandit au couteau. En-dessous, une arrière-salle, réservée aux meilleurs clients.
Pendant longtemps, il n'y eut aucun bruit. Maya faillit s'assoupir, mais entendit du bruit en-dessous. Quelqu'un allumait des bougies et installait des tatami rouges. Maya ne décolla plus l'œil du trou. Enroulée dans sa couverture, elle ne remuait presque pas. Les seuls grincements qu'elle faisait, on aurait pu les attribuer au vent, qui sifflait par la lucarne.

Le patron finissait d'installer une table et des verres. On frappa à la porte et un personnage en grande robe, masqué, fit son entrée. Le patron s'inclinait devant lui. L'homme masqué s'assit en bout de tables, et cinq autres conjurés, portant le signe du Lotus sur leur robe, s'installèrent.
Le patron versa à boire à tout le monde et sortit.
Maya n'osait plus déglutir.

- Mes frères, dit celui en bout de table, nous pouvons commencer notre réunion.
Les conjurés récitèrent en chœur une phrase rituelle :
"Observe et interroge-toi. Connais la voie de ton adversaire et prends le sentier étroit qui te mènera à la victoire."
Puis ils s'inclinèrent brièvement devant leur voisin d'en face.
- Bien, dit leur chef, il y a du nouveau, mes frères. Nous savons que nous avons des adversaires résolus dans cette ville. Ils sont au palais d'Ivoire.
- Les Lions ?
- Oui, les Lions. Pour le moment, nous les observons.
- Pourquoi attendre pour frapper ?
- Trop dangereux. Ils sont puissants, et bien vus par la famille Hida... Non, nous avons plus urgent.
- Quoi donc ?
- Le clan du Serpent, dit le chef.
- Oui, c'est à leur propos que je suis venu, dit celui qui était assis à l'autre bout de la table. Maître Nuage est persuadé que les Serpents en ont appris sur lui. Et en ont appris trop.
Maya écoutait attentivement. Le début de la prophétie dictée par la vieille liseuse de runes ne mentait pas :
"Quand le nuage et la cendre couvriront le serpent,
Il pleuvra des regrets"


- Que prévoyons-nous de faire alors ? Faut-il surveiller le temple des Phénix ?
C'était dans ce temple qu'étaient hébergés les Serpents résidant à la Cité.
- Le problème dépasse largement les quelques Chuda qui habitent chez nous. C'est le daimyo lui-même qui est devenu une menace.
Or ce daimyo, Maya était bien placée pour le savoir, résidait à l'autre bout de l'Empire, entre chez les Dragons et les Phénix. Alors que les verres s'entrechoquaient, Maya prit le risque de changer de position. Le parquet grinça, mais personne ne parut s'en apercevoir.

- Ce dont nous pouvons être certains, frères, c'est qu'ils sont corrompus. Leur lignée est empoisonnée à jamais.
- Tout le clan ?
- Suffisamment de membres du clan...
- Bien, dit celui du bout de table, alors j'irai en avertir nos camarades. Si je n'ai plus rien d'urgent à apprendre ici, je vais partir immédiatement, car nous nous réunissons à la maison de la colline.
- Tu peux partir, frère. Ce sera tout sur les Serpents.

Maya savait que c'était une occasion inespérée. Elle attendit le départ du conjuré et se glissa par la lucarne. Elle courut jusqu'au Tatami de papier, où Mamoru et Yojiro passaient le temps en jouant aux dés.
- Buffle - mouton - chevreuil, j'ai gagné.
Maya entra essoufflée et raconta ce qu'elle avait entendu.
Les deux rônins se levèrent et attachèrent leurs daishos à la ceinture.
- La maison sur la colline, je crois savoir de laquelle il s'agit, dit Yojiro. Va te reposer Maya. On va prendre la suite !

Les deux rônins partirent en courant. Ils sortirent de la Cité par le quartier des etas et prirent un sentier boueux puis un champ de hautes herbes. Il faisait déjà nuit noire et ils ne pouvaient pas porter de lanterne. Le ciel était heureusement dégagé. Ils firent la course d'obstacles dans la nature, dans la boue bien grasse, sous l'immense voûte constellée.
Les bêtes de nuits crissaient et le vent soufflait dans les arbres noires.

Ils approchèrent d'une bicoque isolée, bâtie sur un aplomb rocheux. L'intérieur était éclairé.
Yojiro continua tout droit en s'approchant comme le font les éclaireurs Hiruma, pendant que Mamoru prenait un chemin détourné.
Yojiro se mit sous la fenêtre, pendant que Mamoru restait dans les herbes et surveillait.
Yojiro entendait des bruits de verre, des rires, des couverts qui s'entrechoquent. Il prit le risque de creuser près du mur : il fit un trou qui lui permit d'entendre plus nettement. Il se colla l'oreille au sol, pendant que Mamoru surveillait ses arrières.
- Allons, mes frères, nous pouvons commencer !
Le silence se fit et le rônin entendit la formule rituelle : "Observe et interroge-toi. Connais la voie de ton adversaire et prends le sentier étroit qui te mènera à la victoire."
- Notre frère revient de la Cité, et il a des choses à nous apprendre.
- Oui, il y a du nouveau. Maître Nuage est maintenant certain que le clan du Serpent en sait trop sur lui. Et lui sait que le clan du Serpent est corrompu.
- Frère, dit le chef de l'assemblée, ce que tu dis va nous obliger à agir vite. Je comprends maintenant pourquoi Maître Cristal nous a fait prévenu qu'il envoyait son homme.
Yojiro sentit son cœur battre la chamade. De qui parlaient-ils ? Qui était ce Cristal maintenant ?... Et son homme ?

- "Il" est en ville ? dit le conjuré qui revenait de la Cité.
- Depuis peu, oui. Quant à nous, nous avons surveillé les Serpents depuis plusieurs jours. Hélas, ce n'est guère facile à cause du voisinage des Phénix.
- Si j'avais su, je n'aurais pas fait ce détour pour vous voir. Je serais allé directement allé voir la Grue Noire.
- C'est ce que tu devrais faire, dit le conjuré. Il vaut mieux coordonner nos efforts avec lui. Quant à nous, nous allons prévenir nos autres frères de ce qui se passe.
"Par l'Enfer, mais combien sont-ils, dans cette conjuration ?" se demanda Yojiro.

Le conjuré qui venait de la maison de thé sortit de la bicoque, toujours masqué. Yojiro fit signe à Mamoru qu'ils allaient le suivre.

- Pas moyen de le perdre pour le moment, il va en ville et il n'y a qu'un seul chemin...

L'homme rentra dans le quartier des etas, sans savoir qu'il avait deux rônins sur les talons. Il entra dans une petite maison, où l'attendait quelqu'un. A pas de loups, Yojiro s'approcha et tendit l'oreille. Il tressaillit en entendant la voix de l'autre homme : c'était la Grue Noire !
Il en était sur !
L'assassin légendaire dans la ville ! Le tueur qui avait failli l'expédier chez les Ancêtres, le soir de l'enlèvement !

Samurai

Yojiro rejoignit Mamoru qui l'attendait au coin de la rue.

- La Grue Noire ? Tu es sûr !
- Oui, j'ai reconnu sa voix ! On n'a pas le choix, il faut y aller !
En disant ça, Yojiro était conscient du danger qu'ils couraient face à un tueur de cette envergure ! Le danger de finir en brochettes pour le prochain repas du Lotus !
- Il faut le surprendre tout de suite ! C'est l'endroit idéal !
Ils étaient chez les etas, en pleine nuit.
- Allons-y, dit Mamoru.
Les deux rônins firent une prière aux Ancêtres et firent craquer leurs articulations. Ils se tinrent aux aguets. Ils attendirent de longues minutes avant de voir ressortir le conjuré. Ils le laissèrent s'éloigner et tirèrent leurs sabres.
Ils coururent sur la maison, défoncèrent la porte et se jetèrent à bras raccourcis sur la Grue Noire, qui était assis et qui eut juste le temps de dégainer son sabre !
Et c'est là, comme le voulait le dicton de la Muraille, que les gobelins se gobèrent, que les onis se honnirent et que les bushis s'embouchèrent !

Mamoru frappa le premier mais rata son ennemi, la Grue Noire le frappa en pleine poitrine, Yojiro entailla ce dernier au bras mais subit une contre-attaque fulgurante dans le torse !

Les deux rônins tombèrent, du sang giclant de leurs plaies. La Grue Noire levait son sabre pour les achever mais on entendit alors des pas précipités, des cris, des ordres ! Une patrouille de nuit !
La Grue Noire regarda dehors et se jeta par la fenêtre.

Yojiro se releva et souleva Mamoru :
- Debout, vite, debout...
Les deux rônins serrèrent les dents et partirent en courant avant que la douleur ne devienne insupportable et que les Yasuki n'arrivent !
Ils trébuchèrent plusieurs fois, s'arrêtèrent, à bout de souffle, haletants, alors que la lune abattait ses traits blafards sur la Cité.
- Il faut aller prévenir Matsu Sasuke, gémit Yojiro. On en a beaucoup appris ! Heureusement pour nous, parce que dans l'état où on va arriver, il va se moquer de nous !

Clopin-clopant, nos deux héros se traînèrent dans la ville et arrivèrent au palais d'Ivoire. Le garde les reconnut et les fit entrer. Ils allèrent aux cuisines et s'assirent en poussant un soupir de soulagement. Ils défirent leurs hauts.
Leurs blessures n'étaient pas belles à voir. Des serviteurs apportèrent de l'eau et des serviettes. Ils nettoyèrent la plaie, et manquèrent de défaillir. Le chirurgien du palais fut tiré du lit pour venir les recoudre.
C'était la deuxième fois qu'il soignait Yojiro !
- Vous avez le cuir dur mes gaillards !

Sasuke fut tiré du lit à son tour. C'était heureusement un soir où il n'était pas de sortie !
- J'espère que vous me réveillez pour une bonne raison !... Mamoru et Yojiro ?... Que me veulent-ils ?
Il s'habilla et se fit servir du thé dans son bureau.
Il vit entrer les deux rônins, blancs comme des linges, qui pouvaient à peine faire un pas devant l'autre.
- Vous voilà bien arrangés, vous deux ! Asseyez-vous et dites-moi ce qui vous arrive !

A suivre...Samurai
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12e Episode : "Plus jamais ça..." - by Darth Nico - 16-09-2009, 03:52 PM

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