Thread Rating:
  • 0 Vote(s) - 0 Average
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
15e Episode : Les créatures secrètes (2)
#2
Suite au-dessussmile<!--sizec--><!--/sizec-->

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE

Mamoru accompagna Maya dans la grotte, toujours en faisant mine de découvrir en même temps qu'elle. Ils arrivèrent dans la petite pièce de la statue de la femme en larmes. Mamoru craignit à ce moment de voir son pacte rompu. Il n'y eut aucun bruit, rien. Maya tournait, furetait, comme un chat traquant une souris... Elle finit par se décourager et consentit à remonter.
La remontée fut plus difficile que la descente. La falaise abrupte plongeait dans des nappes impénétrables de brume et le vent giflait la paroi. Sasuke et Mitsurugi aidèrent les deux acrobates à remonter.
- C'était bien la peine de prendre le risque de vous casser le coup pour une grotte inaccessible...
- Il y a une statue... dit Maya.
- Rien d'autre ?
- Non...

Le rônin et l'Ize-Zumi prirent le temps de souffler, puis le groupe se remit en route, par la grande route qui partait en direction opposée de la ville. Mamoru savait ce qu'ils allaient trouver : la grande plaine puis la plage avec le navire au large.
Quand ils traversèrent la grande étendue couverte d'herbes hautes, ils aperçurent les corps d'une armée défaite. Des squelettes entièrement décharnés, dans leurs armures barbares. Des gaijin, d'une nation inconnue à nos héros, dans de lourdes armures bleues aux liserés blancs, avec de gros glaives et de lourds boucliers rectangulaires.

Nos héros ne s'arrêtèrent pas devant ces vestiges de quelque sombre et antique bataille. Ils entendirent le vent claquer et siffler dans les armures et les casques des squelettes, et ces chocs donnait l'impression que les morts frémissaient encore de vie par delà la mort.

Ils laissèrent derrière eux cette plaine transformée en cimetière et ils arrivèrent bientôt sur la plage, battue par un grand vent. Il y avait une vraie mer, une mer soulevée par de puissants courants sous-marins et un vent cinglant dans le ciel sombre, avec de lourdes vagues d'acier qui roulaient et s'écrasaient violemment sur le rivage. Au loin, on voyait un navire danser sur les vagues. Nos héros l'observèrent, la main sur le front car un soleil éblouissant perçait au travers des nuages lourds et épais comme du charbon.
- Voilà un capitaine qui ne craint rien ! dit Mitsurugi.

Nos héros avancèrent sur la plage. Au loin, en direction du temple d'Ojime, on apercevait un tourbillon qui dansait entre la mer et la plage, bouchant la vue, brouillant tout, eau, air et sable, en une vrille mortelle.
- Dans quel monde sommes-nous ? soupira Sasuke.
Alors que nos héros continuaient à regarder l'horizon, fascinés par le navire qui défiait la tempête, disparaissait derrière une vague et réapparaissait, vainqueur de l'adversité, ils entendirent la voix d'un Rokugani qui chantonnait une vieille comptine... "Il était un petit navire ! Il était un petit navire... qui n'avait ja-ja-jamais navigué, ohé ohé..."

Ils virent deux pieds dépasser d'une vieille barque à moitié ensablée, et remarquèrent aussi un fil de canne à pêche qui trainait dans l'eau. "C'est un fameux trois-mâts fin comme un oiseau ! Hissez haut, Asano !"
Ils approchèrent et découvrirent, avec stupeur, un être d'aspect repoussant. Il était vaguement humain, mais sa peau était pleine de tâches verdâtres gluantes et de ventouses. Des algues poussaient même en plusieurs endroits ! Et ses articulations étaient couvertes d'une carapace semblable à celle des crustacés ! Son visage était rongé, comme un vieux bois usé par l'eau, et il avait de gros yeux globuleux de poisson.
Mitsurugi et Mamoru mirent instinctivement leur main sur leur sabre.
Le pêcheur gluant, surpris, se leva d'un bond :
- Ola, bonnes gens ! En voilà une surprise ! Et en voilà des manières à l'égard d'un brave homme comme moi !
- Qui es-tu, gueux ?
- Hotoro, pour vous servir ! dit-il en battant de son chapeau de paille par terre. Troisième marmiton, et présentement de corvée de pêche !
- Cuisinier de qui ?
- Cuisinier pour son excellence Ropoji, qui a lui-même l'honneur de servir le grand et noble capitaine Masasue !
- De quel clan ?
- Voyons, mais quel clan n'a aucune crainte d'affronter l'océan des Limbes ? Le clan de la Mante voyons !

Nos héros savaient que les clans mineurs comme celui de la Mante avaient moins d'honneur que les grands clans ; ils ne se souvenaient pas, en revanche, que cela donnait des maladies de peau aussi repoussantes que celle de ce Hotoro. La cuisine de son chef ne devait pas être de première fraîcheur !
- Le capitaine Masasue, dis-tu ?... Bien, mon nom est Matsu Mitsurugi, ambassadeur du clan du Lion auprès de la famille Hida, du clan du Crabe ! Je désire rencontrer ton maître !

Hotoro se plia plus bas que terre, et fit grincer ses morceaux de carapace :
- Seigneur, si j'avais su à qui j'avais affaire... Mon maître sera honoré d'accueillir à son bord un personnage tel que vous...
Il n'avait pas l'air de jouer la comédie. Il était laid, mais il avait encore le respect des grandeurs !
- Si vous désirez monter dans ma modeste barque...
Nos héros hésitèrent un peu à monter dans cette coquille de noix pour affronter la grosse mer. C'était néanmoins leur seule chance de rencontrer âme qui vive...
Ils consentirent à suivre Hotoro. Mamoru se mit aux râmes avec le marmiton, et, malgré des vagues impressionnantes, ils arrivèrent en entier près de la coque du navire, qui était un bâtiment admirable, un véritable palais flottant -mais un palais décrépit, bien loin du temps de sa gloire - 'où l'on lança de grosses cordes, que le ronin et le cuisinier arrimèrent à la barque, de sorte que celle-ci, avec un palan, fut hissé à bord du puissant navire.
Un équipage assez singulier d'êtres repoussants regarda ces arrivants avec leurs yeux écarquillés de merlans frits.

Captain

Le navire grinçait lentement sur l'eau, des cordages aux lattes du pont, et les voiles claquaient dans la brise du large. La mer était plus calme maintenant qu'on était plus au large des côtes.
Les marins étaient tous des hommes rendus difformes, ayant subi des métamorphoses diverses les rapprochant de plantes ou d'animaux marins, des abysses et des profondeurs du bout du monde.
Même sur le navire poussaient de partout diverses algues qui envahissaient le pont, les mâts et plongeaient vers les cales. Une rumeur arrivait de la poupe et tous les hommes, massés près de nos héros, s'écartaient peu à peu, et on entendait crier : "Attention, voilà le capitaine ! Poussez-vous !"
Les hommes refluaient, comme pour éviter un courant dangereux et on entendait un pas lourd, qui martelait le pont, accompagné d'un fort claquement de pinces.
- Mille millions de mille tonnerres d'Osano-Wo, que se passe-t-il à bord de ce rafiot ?Captain
Le capitaine Masasue apparut, le légendaire Masasue qui s'était acquis une réputation de requin des sept mers (le titre le plus prestigieux parmi la noblesse marine de toutes les nations du globe). Masasue était d'une taille et d'une carrure impressionnantes, comme Mamoru. Il avait une longue barbe de tentacules et d'algues, une peau couleur de seiche, de longs cheveux ; une de ses mains était une redoutable pince couleur cuivre.
Il enleva son chapeau à plume gaijin de sa bonne main et salua ses invités :
- Je suis le capitaine de ce navire, l'Enragé ! déclama le fantasque personnage. C'est moi qui ai l'honneur de commander à ce ramassis de canailles ! Sur terre, ils ne vaudraient pas la corde pour les pendre mais qui, sur mer, sont les plus enragés prédateurs qu'on puisse trouver !
L'équipage poussa un énorme "Hourrah !"
- Nous avons navigué sur les sept mers, et nous avons fini par en trouver une huitième !
- Hourrah pour Masasue !
- Nous avons croisé vingt nations, récolté cent trésors, défié les dieux des antipodes, et comme cela ne nous suffisait pas, nous avons fâché une divinité barbare qui nous a plongés corps et biens dans les limbes !
- Hourrah pour Masasue ! Vive l'Enragé !
- Je vous souhaite la bienvenue à bord de mon navire ! Qui êtes-vous donc ?
Puisque l'humeur était à la fanfaronnade, Mitsurugi s'avança :
- Je suis Matsu Mitsurugi, ambassadeur du clan du Lion auprès de la famille Hida ! J'ai combattu et vaincu pour mon clan à la Cité des Apparences ! J'ai combattu sur la Muraille et j'ai traversé l'Outremonde !
- Excellent ! Et on dirait que, dernièrement tu es devenu ambassadeur des Limbes !
L'équipage partit d'un gros rire.
- Allons, suivez-moi ! Je vous offre le verre de bienvenue !

Captain

Nos héros eurent les larmes aux yeux. Il était costaud, le verre de bienvenue de Masasue, même pour des fêtards endurcis comme Mitsurugi et Sasuke !
- C'est de l'alcool de whisky de la lointaine nation de Merenae... J'en ai plusieurs bouteilles. Ils appellent cela du rhum.
Ils étaient assis à la table du capitaine, dans la petite cabine envahie par les algues et par les coffres, des cartes, et toutes sortes de babioles exotiques.
- Qu'avez-vous donc fait aux dieux, dit Masasue, d'une voix grave et posée, mais sans affectation, pour vous retrouver dans cet endroit misérable ?...
- Nous sommes venus volontairement, dit Mitsurugi. Nous traquons un démon échappé de l'Outremonde, qui s'est réfugié ici...
- Ah, je comprend ce qui s'est passé, fit le capitaine, la tête basse en contemplant son verre... Vous avez sûrement vu les corps de ces barbares de Yodataï...
- L'armée de squelettes décomposés ? dit Mitsurugi, moqueur.
- Oui. Les Yodataï vivent dans un pays glacé, très loin au nord-est de Rokugan.
Nos héros détournèrent la tête : il était connu que le nord-est était la direction porte-malheur. Alors des barbares vivant dans cette direction...
- Ce sont malgré tout de formidables guerriers, parfaitement organisés... Nous les avons combattus plusieurs fois, afin de pouvoir nous installer à terre. Ils étaient bien plus nombreux et nous ont repoussés. Et eux ont voulu prendre d'assaut mon navire quand il était sur la côte, pour s'échapper d'ici, mais nous les avons rejetés à terre à chaque fois ! Et nous avions beau les tuer jusqu'au dernier, ils finissaient par revenir à la vie, frais comme l'œil !... C'était rageant, sourit Masasue.
"Cela aurait pu durer une éternité... s'il n'y avait pas eu cette armée monstrueuse, qui est arrivée et a piétiné pour de bon les Yodataï. Je n'avais pas vu les horreurs de l'Outremonde depuis bien longtemps, et je peux vous dire que cela a achevé de glacer notre sang-froid de poissons !
Masasue ricana, vida un autre verre et resservit nos héros.
- 'm'étonnerait bien que nos amis Yodataï se relèvent de sitôt d'un pareil massacre !... Heureusement, ces démons n'ont pas pu traverser la mer et donner l'assaut à mon navire... La mer était trop grosse, même eux auraient été noyés.
- Où sont-ils partis ?
- Je l'ignore... Enfin, si... Ils ont continué le long de la rive, et ont disparu dans la tempête...
- Alors c'est là-bas qu'il faut aller, dit Maya en cognant du poing sur la table.
Avait-elle bu un verre de trop ? Cette abstinente forcenée ne devait pas tenir l'alcool d'hommes de Masasue !
- Dans la tempête ! s'exclama Masasue. Tu as perdu l'esprit, ma jolie !... Oh, mais je vois tes tatouages ! Tu es un de ces moines du clan du Dragon, n'est-ce pas ?... Décidément, il y a trop de monde dans ces Limbes ! On n'est plus chez soi !
- C'est dans cette tempête qu'il faut aller, répéta Maya, obstinée.
Mitsurugi avait rempli le verre du capitaine.
- Masasue, les visions de Maya sont rares mais souvent exactes ! Un capitaine de ta trempe reculerait-il devant cette épreuve !
- Qu'oses-tu dire ? tonna Masasue.
- Je dis que nous devons affronter ce tourbillon pour retrouver le démon que nous pourchassons, au nom de l'Empereur !
Le capitaine s'essuya les tentacules de la barbe, jura et se leva :
- Bien, tu as gagné, ambassadeur ! On ne dira pas que le capitaine Masasue, le vainqueur de l'Hydre de Thrane, de l'Araignée géante de l'île mouvante et des buveurs de sang de la rivière de feu, se laissera intimidé par un simple petit tourbillon !
Masasue se leva et alla gueuler ses ordres à son équipage, qui fut réuni en deux temps trois mouvements sur le point principal, d'où il les harangua, avant que Mitsurugi n'y aille de son petit discours au nom de l'Empereur sur la nécessité impérieuse de détruire ce démon !
- Hissez les voiles !
C'est ainsi que le plus terrible navire du monde connu, l'Enragé, se mit en marche pour plonger dans un vortex qui pouvait le déchirer comme un fétu de paille !

A suivre...Captain
Reply


Messages In This Thread
15e Episode : Les créatures secrètes (2) - by Darth Nico - 21-12-2009, 11:37 PM

Forum Jump:


Users browsing this thread: 1 Guest(s)