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16e Episode : L'ennemi de mon ennemi
#14
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE

Sasuke ne dit rien de cette rencontre à Mitsurugi qui, le lendemain, avait déjà oublié.
La première réception officielle de l’Empereur venait dans trois jours. Le Fils du Ciel était arrivé la veille à Kyuden Hida et avait vu en petit comité les chefs du Gozoku et le daimyo des Crabes. En revanche, dans trois jours, n’importe quel homme portant le titre de samuraï serait autorisé à le voir (pour la plupart d’entre eux, ce serait la seule fois de leur vie) et à s’incliner devant lui.
Autant dire que ce fut le seul sujet de préoccupation des courtisans et que les tailleurs et couturiers eurent du pain sur la planche pour préparer les costumes les plus magnifiques qui soient.


Samurai


Les portes du palais Hida furent ouvertes au lever du soleil pour les plus grands nobles de l’Empire : une centaine de seigneurs bien loin au-dessus du commun des samuraï, qui touchaient les sommets de l’Ordre Céleste. Une heure après, on laissait entrer la noblesse moyenne, puis dans l’après-midi, quiconque pourvu d’un petit titre de noblesse.

Nos héros, qui ne tenaient pas à se faire remarquer, entrèrent avec le gros de la foule dans les salons extérieurs. La famille Seppun, qui se chargeait de la sécurité et du confort de l’Empereur, avait fait aménagé le palais de manière à ce qu’il faille passer plusieurs pièces pour arriver au Fils du Ciel. Un système compliqué d’entrées et de sorties s’était mis en place, avec les habituelles luttes pour obtenir des passe-droits, le lot des déçus qui devaient sans cesse laisser passer d’autres plus hauts qu’eux ; et dans la foule compacte, les potins, les rumeurs.
Sur le visage de la plupart des courtisans, un sentiment de malaise de se trouver dans cette région hostile, et la volonté de faire illusion, de jouer la comédie des cours d’hiver comme si on était dans les jardins resplendissants de la côte des Kakita.

Nos héros étaient décidés à attendre leur tour patiemment, sans faire de vagues. Mitsurugi savait qu’il pourrait compter sur le capitaine Koga, qui aurait glissé un mot pour lui aux soldats Seppun. Le général Kokatsu revenait justement de sa révérence, salua un dignitaire de la garde impériale et fit signe à son vassal d’approcher. L’ambassadeur arriva, empressé, s’inclina devant ceux qui lui faisaient cette faveur et passa deux portes, sans faire montre d’une fierté excessive. Il était trop dangereux de commettre le moindre faux un jour pareil !

Pendant que Mitsurugi approchait de la salle au carrelage de marbre, au bout de laquelle, séparé de dix mètres de tout homme, se tenait l’Empereur et sa femme sur leur trône. C’était la première fois que notre héros le voyait. Il était jeune et regardait devant lui, immobile ; on ne savait s’il prêtait attention à ces dizaines et dizaines d’hommes et de femmes qui défilaient devant lui en espérant le moindre petit signe de sa part. Mitsurugi attendit son tour, avança d’un pas dans la partie interdite, comme le lui indiquait un soldat, s’inclina, recula et disparut dans la foule. D’autres nobles plus importants avaient droit à trois ou quatre pas. Peu osaient en faire autant.


Samurai


Sasuke arrivait à son tour, précédé d’Isawa Masaakira. Nul n’osa faire le moindre commentaire, mais cela fit jaser intérieurement bien des Scorpions, qui échangèrent des regards entendus. Le tensaï fit son pas, s’inclina et repartit.
C’était une impression étrange d’avoir plié l’échine devant un dieu sur terre. Nos héros ne parvenaient pas bien à décrire ce sentiment. Matsu Kokatsu les attendait, paternel, comme on accueille deux fils qui reviennent du service militaire. Lui, le général, n’en était pas à sa première révérence et il souriait de l’attitude flottante de nos deux héros, par laquelle passe généralement tout samuraï lors de cette première fois.
- Allons, venez, nous sommes attendus par l’ambassadeur de la famille Yasuki.
Nos héros se réjouissaient de ce repas.

Arriva alors Maya !
Maya dont on avait oublié depuis longtemps qu’elle était aussi une femme noble !... Un peu de sang divin coulait dans ses veines ! Elle avait droit à sa révérence. Kokatsu eut un petit sourire, fit un clin d’œil à ses deux hommes et resta là pour regarder. Mitsurugi et Sasuke ne pouvaient décemment pas partir mais il retinrent une grimace. Ils savaient assez la capacité de Maya à faire des gaffes, et préférait ne pas se trouver dans les parages –un peu comme on évite d’approcher du cratère d’un volcan qui gronde. (Mauvais exemple : nos héros l'avaient déjà fait…)

Ils virent alors que Maya marchait aux côtés d’Otomo Jukeï ! Le froid et terrible percepteur avait encore assez de chair humaine pour céder à la beauté sensuelle de l’Ize-Zumi…

Combien de femmes ont été la perte de combien d’hommes ?... Double question que Jukeï eut le loisir de se poser les jours qui suivirent… Il était évident qu’il l’acceptait ce jour-là comme sa favorite, cette si dangereuse Maya. Ce n’était pas si scandaleux, même pour un homme marié, car il était loin d’être le seul dans ce cas –et de plus le Gozoku tendait à l’indulgence quant à ces comportements. Se montrer en société avec une femme outrageusement maquillée, et vêtue si court que ses habits ne faisaient que la rendre plus aguicheuse que si elle était nue, ce n’était plus si grave depuis quelques années…
Seulement, même dans une période de relâchement des mœurs, il existe encore des limites à ne pas franchir.
Comme ne pas rater sa révérence à l’Empereur…Hehe

Or, Jukeï passa le premier, avança de deux pas et recula pour laisser place à Maya. Celle-ci avait tout de même remit correctement son kimono, ses fleurs dans les cheveux et entreprit de s’incliner avec des mouvements de danseuse de kabuki. Personne n’avait manqué de la remarquer. Quand on vit qu’elle commençait à exécuter des mouvements si compliqués, tout le monde porta la main à sa bouche, comme si une météorite allait s’abattre sur le palais.

On entendit une semelle ripper sur le parquet.

Il y eut alors plusieurs cris effrayés, un grand ahurissement collectif. Maya venait de se casser la figure ! Elle finissait cul-par-dessus tête, étalée sur le marbre !...
L'Empire venait de se renverser avec elle, l'océan se vidait dans le ciel, les buffles partaient dans les nuages !...

Elle commença à se relever, étourdie, dévorée par les des centaines de paires d’yeux écarquillés ; on recula devant cette pauvre fille pestiférée. Maya n’eut pas le temps de se remettre sur ses pieds que deux gardes, sur un claquement de doigts de leur supérieur, l’attrapèrent par les coudes et la jetèrent hors de la salle comme un paquet de linge sale. Elle allait protester mais on lui fermait la bouche dans une poigne impitoyable. Elle ne fut pas conduite dans une autre salle mais vers une sortie pour les domestiques, et elle finit le nez dans le gravier froid de l’arrière-cour.
- Dégage, souillon ! Ta place est dans un tas de fumier !...

Dans la salle, Jukeï était rouge de honte. Il voulut s’en aller ; quelqu’un dans son dos le bouscula, encore une autre personne... Trois courtisans l'avaient heurté du dos, sans faire exprès... Les regards convergèrent sur lui. Il était l’amant de cette fille ! Lui l’impitoyable chasseur de rônins et de mauvais payeurs !
Jukeï quitta la salle, affolé, perdu dans cette mer agitée de courtisans qui semblaient lui boucher le passage. Il y eut un petit signe d’un Seppun, et le chemin se dégagea.
De meme, les Dragons présents dans la salle se raidirent et d’un mouvement commun, sans concertation, s’en allèrent à leur tour, humiliés. Les tatouages d’épaules de Maya, si caractéristiques de la famille Togashi, n’avaient pas non plus échappé aux yeux des plus attentifs, et les Dragons préférèrent anticiper.
Le tout avait duré moins d’une minute. C’est comme si une douche glacée venait de s’abattre sur le palais, auparavant animé de la routine mécanique des discussions et salutations.

Kokatsu tapa sur l’épaule de Mitsurugi, et nos héros partirent boire un verre. Ils ne dirent rien devant l’ambassadeur Yasuki, car personne ne voulait évoquer cet incident si honteux, mais le soir, ils burent à ce camouflet cuisant infligé à leur ennemi. Il faudrait des années avant que Jukeï puisse reparaître à une cour ! Ils venaient de se faire retirer une épine ardente du pied, et ça grâce à Maya ! Sa maladresse magnifique signait la mort sociale de Jukeï ! Quel Ancêtre était donc venu faire un croche-pied providentielle à Maya ? Il était urgent de lui élever un temple !

C’est par Ikoma Noyuki que Mitsurugi apprit ce qui était arrivé à Jukeï :
- On lui a fait comprendre que puisqu’il avait tant à cœur de chasser les rônins, il devait partir sur l’heure. Il a l’hiver devant lui ! Avec la neige qu’il tombe dans les vallées voisines, ce sera une vraie partie de plaisir !


A suivre...Samurai
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