19-10-2010, 11:32 AM
(This post was last modified: 19-12-2010, 11:12 AM by Darth Nico.)
DOSSIER #15
<!--sizec--><!--/sizec-->Maréchal passa au-dessus d'un jardin entre deux bâtiments. Il s'adressa à une secrétaire, assez jeune, sans charme mais pas désagréable.
- Vous avez rendez-vous ?
- Je crains que non, sourit Maréchal.
Il montra sa plaque de SÛRETÉ.
- Ah, je vois... Monsieur Zbarowski est en réunion en ce moment.
- Je crains de devoir le déranger.
- Attendez, je vais voir.
Elle alla frappa à la porte. Elle se fit crier dessus comme une moins que rien mais garda tout son calme. Elle murmura quelques mots à un homme, pas celui qui venait de lui crier dessus, puis referma la porte. Elle ne paraissait pas troublée de s'être fait recevoir si grossièrement.
La porte de la salle de réunion s'ouvrit. Un homme d'une trentaine d'années en sortit, honteux, puis soulagé. Il respira et dit à la secrétaire :
- Dis, heureusement que tu me sors de là ! Je te la revaudrai !
- Monsieur voudrait te parler.
- Bonjour, enchaîna Maréchal, comme on prend la balle au bond, SÛRETÉ. J'ai quelques questions et j'ai besoin d'un endroit au calme pour vous parler.
C'était vite et bien dit. Du coup, l'autre mit du temps à enregistrer ces ordres.
- Ton bureau est libre, dit la secrétaire en comptant des pages.
- Ah oui, bonne idée.
L'employé ouvrit une porte et fit entrer l'inspecteur :
- Voilà, installez-vous, hein...
Maréchal ne fit pas de cérémonie. Il s'appuya sur un bureau :
- Quel est ce service, ici ?
- Les dossiers de traitements de classifications des dossiers.
Maréchal ne fit pas de commentaire. Occuper les gens pour préserver la Concorde Sociale...
- Bien, vous êtes le citoyen Carno Zbarowski ?
- Oui, évidemment, mais que...
- Permettez... Vous avez appartenu, il y a cinq ans de cela, à un groupe, maintenant dissout, dont le chef a été accusé d'atteintes répétées à la pudeur.
L'autre accusa le coup. Il s'assit.
- Si je me doutais...
- Ce sont de mauvais souvenirs pour vous ?
- Pas qu'un peu ! Mais j'ai rompu avec...
- Nul n'en doute. J'enquête sur un autre membre de ce groupe. Un nommé Antiphon, le nom vous dit quelque chose ?
- Lui ? Ce n'était pas le second du gourou ?...
- Vous me l'apprenez.
Il s'épongea le front.
- Vous savez où il se trouve ?
- Bien sûr que non, j'ai rompu entièrement avec...
- Vous avez d'autres noms ?
- Franchement, non, non...
- Que pouvez-vous me dire sur cette secte ?
- J'y suis rentré au sortir de mes études... J'avais alors tout raté. Ils m'ont entraîné, m'ont extorqué le peu d'argent envoyé par mes parents.
Maréchal alluma une cigarette et lui en proposa une. Il refusa, accablé.
- Cette secte, elle "enseignait" quoi ?
Il le savait mais il ne voulait pas s'en souvenir, il avait trop peur.
- Je ne saurais pas vous expliquer... Vous devriez regarder dans le livre...
Il fermait les yeux, ne voulait plus s'en souvenir, de ce livre.
- Le livre des mille étoiles... C'est le nom... Des légendes, des histoires sur la Cité.
- Vous ne savez rien d'Antiphon ? Vous ne l'avais jamais revu ?
- Non, je vous le jure...
Il était à bout.
- Bon, je vais vous laisser retourner à votre réunion.
Zbarowski ne sut pas s'il devait le remercier. Retrouver son supérieur n'était pas plus agréable.
¤
Maréchal faisait le gros dos en ressortant. Il alla s'entasser avec la foule dans le tramway. Il repassa au bureau. Morand était revenu de Galippe. Il tapait son rapport. Il raconta leur discussion avec Trenko.
Maréchal tapota sur la table. Il hésitait.
- Vous pensez que cet indic est fiable ?
- Je crois que l'inspecteur Faivre le tient d'un collègue de la Brigade des Rues.
Ce n'était pas pour rassurer Maréchal.
- C'est une véritable loque, ajouta Morand.
Maréchal sourit. Ça, c'était peut-être bon signe.
Il resta plus tard au bureau. Il appela Nelly pour dire qu'il n'aurait pas le temps de la voir.
Turov et Faivre rentrèrent tard des Célestes :
- Vous dépensez l'argent du contribuable pour faire le tour des claques, félicitations...
- On a trouvé une grosse piste, dit Turov.
- Vous voulez parler de l'information donnée par cette épave de Trenko ?
Maréchal faisait exprès de les cueillir à froid.
- Ça ne coûte rien d'aller y voir à Rotor 32, dit Faivre. Avec un peu d'armement lourd...
- Vous croyez que la Brigade Spéciale dispose d'un mortier, inspecteur ?
- Je suis sûr que je peux emprunter quelques fusils à Lanvin.
- La question est de savoir pourquoi nous y allons.
- Rotor 32 est un quartier désaffecté, dit Faivre. Un repaire de subversifs... Une cachette parfaite pour Antiphon.
- Au moins, si nous ne trouvons rien, dit Maréchal, il n'y aura que des clochards pour rire de nous.
- Exactement.
Il était tard. Maréchal dit qu'on se retrouvait le lendemain dès 5 heures, sur le pied de guerre.
Ils eurent un court sommeil avant de revenir dans le bureau, comme s'ils ne l'avaient pas quitté.
- Bien, dit Maréchal en versant du café à tout le monde, voici les plans de Rotor 32...
Il ouvrit l'atlas général de la Cité. Ils regardèrent les accès et les rues.
- A mon avis, les arpenteurs de CADASTRE n'ont pas dû s'éterniser là-bas, dit Maréchal. On peut s'attendre à quelques changements par rapport au plan.
- Moi j'ai amené des fusils, dit Faivre en posant un gros sac de toile sur le bureau.
Il sortit des armes de fort calibre, utilisées pour les affrontements contre les bandes.
- Très peu pour moi, dit Maréchal, à qui ces armes rappelait l'armée. Je garde mon révolver de service.
Déçu, Faivre se tourna vers Turov, qui prit plaisir à soupeser les beaux produits de la manufacture générale d'armement. Il fit jouer le chien, le magasin, épaula et visa.
Il reposa le fusil sur la table, admiratif :
- Un bel engin.
- N'est-ce pas ? dit Faivre, content de trouver un amateur.
Morand avait l'air lui aussi de mépriser ces gros calibres.
Les quatre hommes de la Brigade mirent leurs manteaux. La secrétaire les regarda, assez admirative. Ils n'étaient plus de simples fonctionnaires de SÛRETÉ : ils étaient des protecteurs de l'ordre et de la justice dans la Cité ! Faivre et Turov bombaient le torse comme des officiers.
Maréchal ne voulait pas voir cela. Il sortit avant eux, suivi par Morand.
La Brigade se mit en route. Ils prirent un ballon-taxi, "parce qu'on ne part pas en guerre en tramway", dixit Faivre. Ils se posèrent devant la passerelle, où un Pandore faisait le planton.
Maréchal montra sa plaque :
- Police judiciaire...
- Très bien. Je tiens à vous signaler qu'il y a dans ce quartier des gens potentiellement dangereux...
- Comment se fait-il alors qu'ils n'aient pas encore été appréhendés ? dit Maréchal.
Faivre et Turov chargeaient leurs armes avec un air d'importance.
- Ecoutez, inspecteur, il n'est pas interdit de posséder une arme et ces gens...
- C'est ça, c'est ça... Nous, nous allons voir de quoi il retourne.
L'inspecteur chargea son revolver. Il passa le premier sur la plateforme. Pas besoin d'un fusil pour être courageux !
Un maigre vent soufflait sur des immeubles aux portes et fenêtres condamnées. Rien ne remuait.
Maréchal sortit une copie du plan de sa poche. Ils avaient mis leur cache-nez à cause du froid.
- Bien, séparons-nous. Morand avec moi, nous passons par les ruelles ici... Vous deux, vous passez par les rues entre ces bâtiments. Nous nous arrêtons avant cette palissade, qui délimite un terrain vague. Rendez-vous à ce coin, au bout de la rue principale.
Morand maniait nerveusement sa canne.
- Vous n'avez pris aucune arme ? dit soudain Maréchal.
- J'ai un pistolet traditionnel...
Il sortit de sa poche intérieure une élégante arme, fine et allongée.
- Nous ne sommes pas à l'académie, détective.
- C'est celle dont je me sers le mieux. Savez-vous que j'ai eu le troisième prix de tir de l'année 208 ?
- Aujourd'hui, Morand, il va falloir être à la hauteur du premier prix...
Ils avancèrent au milieu de gravats. Les restes d'un immeuble abattu par VOIRIE. Les travaux de destruction du quartier n'avaient pas été terminés. Ils marchèrent entre les pans de murs et les restes d'escaliers. Maréchal tendit l'oreille et fit silencieusement signe au Scientiste de se rapprocher de lui. Il lui désigna un amas de briques, puis cria :
- Allez, sors de là !
Morand ne voyait personne. Il sortit son arme et pointa vers l'amas.
- Tirez pas, tirez pas !...
Un enfant en guenilles sortit. Il serrait contre sa poitrine un sac élimé.
- Baissez votre arme, dit Maréchal, souriant. Je n'ai pas dit que nous avions affaire à un tueur sanguinaire.
Le gamin allait s'enfuir.
- Viens voir par là...
La silhouette spectrale de Morand lui fichait une trouille bleue.
- Ne t'inquiète pas, il n'est pas si méchant qu'il en a l'air.
Morand eut une grimace indignée : il n'étais pas d'accord !
Le gamin approcha, hésitant. Maréchal répéta son invitation, cette fois en parlant avec l'argot des rues. Cela mit le gamin en confiance. Pas Morand, qui eut un sursaut, les épaules jusqu'aux oreilles, révulsé d'entendre un inspecteur de police parler ce langage.
- Vous parlez, enfin, le...
Maréchal lui dit de se taire. Il offrit une cigarette au gamin, qui lui baragouina quelques informations. Morand devait se concentrer pour comprendre.
- Il faut l'emmener dans une institution spécialisée, nous ne pouvons pas...
- Allez, tire-toi, dit Maréchal sans écouter le détective. Et tu vas dire à ta bande de déguerpir...
Le gamin disparut dans les décombres.
Maréchal avança vers la grande rue entre les quelques immeubles encore debout.
- Suis-je en droit de savoir ce qu'il vous a dit ?
- Vous êtes, oui, en droit, dit Maréchal. Il y a des gens armés qui campent dans le terrain vague... Nous allons voir ce que les deux autres ont trouvé.
Ils arrivèrent sur la grande rue. Elle était déserte, poussiéreuse. Les fenêtres étaient bouchées. A deux pâtés du bout, se dressait un immeuble plus haut que les autres.
- Allons voir là-haut, dit l'inspecteur. Cinq étages, nous aurons une meilleure vue.
- Si les escaliers tiennent le coup, dit Morand.
De leur coté, Faivre et Turov avaient rencontré une autre bande de gamins. Comme ils ne parlaient pas leur argot, ils mirent plus de temps à comprendre.
- Et puis surtout, dit le plus grand des petits vagabonds, faut pas aller en haut de l'immeuble qui fait cinq étages ! C'est malsain là-haut !
Faivre et Turov les laissèrent partir et coururent dans la rue. Ils virent Morand et Maréchal entrer dans ledit immeuble !
¤
Maréchal soufflait dès le deuxième étage. "Voilà bien l'effet nocif de la cigarette sur le système respiratoire", songea Morand. Par politesse, il ne passa pas devant. Il vit quelque chose bouger au dernier étage. Il scruta plus attentivement : plus rien.
L'immeuble était décrépit. Il y avait certainement toutes sortes de bestioles, peut-être d'autres enfants, qui y avaient élu domicile.
- J'ai encore vu...
- Qu'est-ce que vous dites ? demanda Maréchal, qui reprenait son souffle sur le troisième palier.
- Par deux fois, j'ai vu quelque chose bouger là-haut...
- Tant mieux, nous y allons.
Ils entendirent du monde entrer : Turov et Faivre.
- Nous sommes là-haut, lança Morand.
- Attendons-les, décida Maréchal.
Ils étaient hauts ces étages !
- Vous n'avez rien vu de suspect ? demanda Turov.
- J'ai cru voir quelqu'un là-haut, dit le Scientiste.
Ils montèrent groupés. Le dernier palier était aussi poussiéreux que les autres. Du vilain papier se décollait des murs, le plafond était troué. Six portes battaient dans les courants d'air. Maréchal sortit son arme. Il rentra le premier dans la pièce la plus proche. Un ronronnement.
La pièce est nue. Au fond, se trouve une grosse armoire en fer. Il s'en dégage des vapeurs froides. Maréchal la braque. Turov ouvre : la lumière s'allume à l'intérieur.
- Un frigo, dit l'ancien marin. Un frigo industriel...
L'intérieur est vide. Divers branchements à ventouses pendent dedans.
- Vous connaissez ce matériel ? demande Faivre.
- Oui, dit Turov, c'est un frigo de bateau de pêche. Du tonnage moyen.
Morand se tourna brusquement vers la porte. Il prit son arme en mains :
- Quoi donc ? souffla Maréchal en ressortant son arme.
Le Scientiste dit qu'il y avait du monde dans le couloir.
Faivre ressortit en premier. Les cinq autres portes battaient toujours, certaines grinçaient. Ils ouvrirent chacun une porte. Turov et Maréchal trouvèrent un frigo chacun. Ils l'ouvrirent : ils étaient tout aussi vides.
- Là par là ! cria Morand.
Il braquait la fenêtre de sa pièce.
- Un homme vient de s'enfuir par là !
- Vous êtes certain ?
- Ah oui... Il avait une espèce de combinaison de mitier !
C'était la première fois qu'on voyait Morand sous le coup d'une émotion. Cela rassurait Faivre. Maréchal se pencha par la fenêtre.
- Personne... Mais ça vaut la peine d'aller voir. Faivre, vous m'accompagnez... Il faut trouver un accès. Il doit bien y en avoir un.
- Au bout du couloir, dit Turov, il y a une échelle de plafond.
La planche basculait en effet. Maréchal grimpa, l'arme au poing. Faivre le suivit.
Turov et Morand redescendirent par l'escalier.
Maréchal alluma son briquet pour avancer, accroupi, dans le grenier. Une brise soufflait par un carreau cassé.
- On y passe ? murmura Faivre.
- Tout juste...
Maréchal s'y engagea. Les épaules passèrent. Il s'adossa à la petite cheminée en-dessous de lui, pour aider Faivre à sortir. Ce dernier fit discrètement signe à Maréchal que la créature avançait sur le toit derrière eux.
Les deux policiers jaillirent de derrière la cheminée, descendirent sur le toit glissant et sautèrent sur l'immeuble d'à côté.
- Halte là ! SÛRETÉ ! La créature s'enfuit. Au bruit de ses pas, on devinait qu'elle portait de grosses bottes.
- Arrêtez-vous ! Dernière sommation !
La créature accéléra. Elle descendit de l'autre côté du toit et sauta dans une fenêtre. Maréchal visa et l'atteignit dans l'épaule. Elle roula dans le couloir. Maréchal et Faivre traversèrent le toit et sautèrent à leur. Ils se reçurent sans mal et arrivèrent en la braquant. Elle se tordait de douleur à terre.
Elle portait une combinaison caoutchouteuse. Par le trou de la balle se dégageait de la vapeur sous pression très froide. Les deux policiers se bouchèrent le nez car c'était un gaz pénible à respirer.
Faivre retourna la créature. Elle avait un masque sur le visage. La combinaison était intégrale. Elle était faite pour être parfaitement étanche.
La créature gémissait. Faivre ne savait que faire pour la sauver. Il enleva les protections sous pression de la combinaison, la déboutonna, enleva le masque de la créature. Soudain, de la vapeur glacée jaillit de partout. Faivre dut reculer, les yeux en larmes. La combinaison se dépressurisait par tous les membres.
Quand le gaz fut un peu dispersé, Faivre se plaqua un mouchoir sur le nez. Il approcha, finit d'enlever le masque. Il recula, inquiet. Il attendit que le gaz soit dissipé. Maréchal pleurait et toussait à la fenêtre.
Faivre put approcher. Le visage était humain, très atrophié, de la taille de celui d'un enfant, mais avec des traités âgés.
Le reste du corps était tout aussi rabougri.
Faivre resta interdit devant sa découverte.
- Venez, il ne va plus s'enfuir maintenant, dit Maréchal.
¤
Turov arrivait au quatrième étage, quand il vit quelqu'un s'enfuir à l'étage en-dessous.
- Halte !
Il lui courut après, Morand prit sa suite. Turov descendait les marches quatre par quatre. Il allait l'avoir : il agrippa la rambarde, sauta et gagna un demi-étage. Mais sous lui, il n'y avait plus l'escalier, il y avait le marécage étouffant d'Autrelles. Une explosion secoua l'immeuble, il fut jeté contre le mur, et tomba dans la vase à moitié gelée. Il se débattit, crut étouffer. Son char d'assaut s'enfonçait, l'eau boueuse lui coulait dessus.
Morand le prit par les épaules. Il l'aida à se relever.
Turov rouvrit les yeux. La créature arrivait au rez-de-chaussée.
- Vous allez bien ?
- Oui, ça va...
Turov ramassa son arme.
- J'ai eu les foies...
Les deux policiers sortirent dans la rue. La créature courait vers le terrain vague. Un avertissement retentit.
Turov et Morand écoutèrent : c'était les hommes qui occupaient le terrain vague. Trois coups de feu claquèrent. La créature s'effondra en pleine course.
Deux autres tirs. Morand et Turov coururent et se mirent à couvert.
- SÛRETÉ ! cria Turov.
- Allez vous faire mettre les cognes !
Maréchal et Faivre arrivaient. Ils se mirent derrière un mur de l'autre côté de la rue.
- Morand, dit l'inspecteur-chef, vous allez chercher des renforts ! Allez réveiller le planton et dites qu'ils lancent l'assaut avec ses camarades.
Le Scientiste partit en courant.
Maréchal sortit et avança vers la prochaine ruelle. Une balle siffla. Il se jeta derrière un mur. Il avait gagné trois mètres.
- SÛRETÉ !
- N'approchez pas ! On vous tire à vue !
Maréchal s'accroupit. Il y avait deux hommes sur le haut de la palissade ; l'un armé d'un fusil, l'autre avec un pistolet et une lampe.
Il y avait du remue-ménage dans le terrain derrière. Les autres décampaient dans l'urgence.
Un piétinement sourd arrivait de la passerelle. Les Pandores.
- Rendez-vous, dit Maréchal, le quartier est cerné !
Morand courait en tête de la troupe.
- Ils sont très mécontents qu'on les dérange, dit le Scientiste.
- Tant mieux, dit Turov. Ils vont passer ça sur ces bandits !
- Compagnie ! cria le sergent des Pandores.
L'homme à la lampe tira. Il toucha à l'épaule le sous-officier ! Maréchal, de sa ruelle, répliqua : il tira sur la lampe. Le choc déséquilibra son porteur. Il l'entendit tomber. Un Pandore ouvrit le feu et toucha l'homme au fusil.
Les Pandores lancèrent la charge. Les deux bandits s'enfuirent, juste avant que la porte ne soit enfoncée. Le sergent sifflait de toutes ses forces. La Brigade Spéciale s'engouffra dans la brèche à la suite des quinze Pandores en colère.
Deux des occupants du terrain furent ceinturés. Dix Pandores restèrent pour fouiller le terrain. Cinq continuèrent, accompagnés par Turov. Ce dernier, encore sous le choc de son hallucination, entra dans une rue tortueuse. Il vit au dernier moment qu'on le braquait depuis un balcon. Il recula, trop tard, le coup partit. Il tomba. La balle lui avait juste éraflé le bras. Les Pandores continuaient leur charge.
Devant l'entrée du terrain, Faivre trouva la créature dans sa combinaison, criblée de trois balles.
Au milieu du terrain, un cabanon où se logeaient la bande armée.
Maréchal vit Turov revenir :
- Ça va aller, sourit Turov d'un air contrit.
Maréchal rangeait son arme. La Brigade Spéciale venait de passer le balai dans Rotor 32.
¤
Les policiers de Névise accompagna les Pandores à leur poste. Faivre appela des hommes de la Morgue pour faire transporter les corps des deux créatures. Maréchal appela VOIRIE pour organiser le déménagement d'un des frigos dans les bureaux de Névise. Il avait fouillé la cabane qui servait de repaire aux occupants du terrain vague. Dedans, une caisse avec quelques grenades, des munitions, trois fusils et des tracts révolutionnaires.
La politique, ce n'était pas l'affaire de sa brigade.
Il passa en fin de journée à l'Urbaine déposer ce matériel :
- Des cadeaux pour vous, Lanvin.
L'inspecteur, comme tout policier, n'aimait pas qu'un collègue d'une autre brigade fasse le travail à sa place.
- On les surveille depuis un moment, ces agitateurs, dit Lanvin en regardant la caisse.
Un détective l'ouvrit, sortit une grenade, une liasse de tracts.
- Bon merci, Maréchal. Maintenant file avant que je te coffre pour distribution de papiers subversifs.