19-01-2011, 12:17 AM
<span style="font-family:Century Gothic">Grégoire de Valombre - Le Dandy<!--sizec--></span><!--/sizec-->
Grégoire De Valombre naît le 18 aout 1754 dans la ville de Blois; issu de l'union du comte de Valombre, géneral de l'armée de sa majesté Louis XV et de la baronne de Malicorne. Très vite il emboîte le pas de son père et entre à l'école militaire de Paris nouvellement ouverte. Élève studieux et appliqué, il excelle dans les arts de la guerre et s'intéresse tout particulièrement aux nouvelles technologies et aux sciences.
Toutefois, son manque d'intérêt pour les jeux de pouvoir de la cour, lui coûte bon nombre de promotion ; au détriment de jeunes officiers moins bons stratèges mais meilleurs politiciens - au grand dam de son père.
Grégoire écrira plus tard à un cousin:
"Je ne peux pas supporter toutes ces bêtises. Tous ces nobliaux s'affirmant commandant ou général alors qu'ils ne savent commander qu'à eux-mêmes. Je ne peux imaginer une armée de dépravés, de petits chefs sans imagination, n'ayant pour but que la pavane et le prestige.
Dis-le à Père je t'en prie. Dis-lui que l'armée du Roi n'est plus que mesquinerie. Dis-lui Jacques, que le temps des casaques bleues est révolu. Peut-être, avec l'aide de Dieu, t'entendra t-il. Peut-être comprendra t-il mon comportement."
Il sort de l'école le 19 juin 1771 avec le grade de lieutenant et entre au service de Sa Majesté dans le 3ème régiment d'infanterie coloniale des maisons du Roi. Après un bref service en métropole, il part pour la Louisiane française le 3 septembre 1772.
Il y restera 6 ans.
Le 10 mai 1774, Louis XVI succède à son grand père Louis XV alors atteint de septicémie et devient roi de France et de Navarre.
Quatre ans plus tard, fort des renseignements concernant la situation des insurgés américains, il décide, le 6 février, de signer avec Benjamin Franklin un traité d'amitié et d'alliance officielle avec les Provinces-Unies d'Amérique.
Grégoire de Valombre est, comme beaucoup d'autres, réaffecté et envoyé en Virginie sous les ordres du général la Fayette, pour lutter contre l'ennemi britannique quatre fois supérieur en nombre. Il découvre alors l'horreur des conflits armés de grande envergure et est confronté à la stupidité de ses supérieurs plus intéressés par leur prestige que par leurs troupes. Les nombreuses remarques qu'il fait sur les améliorations potentielles des tactiques de guérilla, alors plus économes en pertes humaines et plus efficace militairement parlant, font de Grégoire de Valombre la cible à abattre ; le commandant de Saint Lucq, son supérieur du moment le prend en grippe et fait de lui l'officier dissident qui explique l'absence de résultat des troupes françaises en Virginie.
"
J'étais submergé par mon propre malaise, par le goût de l'eau qui gâtait celui du thé comme celui de la nourriture, par la fumée noire des brasiers et des bûchers, par les routes boueuses et les champs inondés, par les corps, par les morts et les vivants.(...) Ici, tout le monde souffre. Ici c'est l'enfer.
Les officiers supérieurs ne voient la réalité du terrain qu'au travers des cartes. Même leurs esprits semblent pris dans la gangue. Immobiles et putréfiés. Je ne les supporte plus. Saint Lucq considère ses hommes comme du bétail. Vide de sens. Ses regard assassins se font de plus en plus insistants, de plus en plus lourds. Pour le régiment je ne suis qu'un individualiste qu'il faut mater.
..."
De retour en Louisiane, lors d'une permission, Grégoire de Valombre rencontre, lors d'une réception donnée par l'ex-gouverneur de Louisiane Jean-Jacques Blaise d'Abbadie. une native américaine - esclave du maitre des lieux.
Le coup de foudre fût immédiat et réciproque. Valombre se mit à fréquenter le cercle d'Abbadie, développant des merveilles de pretexte pour voir la jeune femme. Dès que les moments se présentaient, le jeune couple exultait; et plus ils concrétisaient, plus dur était la séparation. Valombre supportait de moins en moins le comportement de l'ex gouverneur vis a vis de son aimé.
La situation devint très vite intenable.
Il écrira dans son journal :
" Jamais je n'avais éprouvé un tel bonheur. Seigneur, tout en elle n'est que douceur et violence melées. Je brule d'amour pour elle, comme je brule de haine pour Abbadie. Je ne puis imaginer de vie sans elle et pourtant je ne puis me résigner à faire se qu'il faut pour nous sortir de là. Suis-je donc maudit? Est-ce là donc la punition divine dont mère me parlait? "
Les choses étant ce qu'elles étaient, elles finirent par exploser au grand jour. L'ex gouverneur les surpris et fît éclater toute sa colère. Saint Lucq fût convoqué et tira un trait définitif sur le cas Valombre.
Bien qu'aucune mention de cet incident n'est présent dans les archives du régiments, on en retrouve des traces dans les écrits du grenadier Eugène Leprat - 3eme Régiment d'infanterie Coloniale.
"Les événements que je m'apprête à décrire ici ressortent comme un ilot de clarté au milieu d'un tumulte de souvenirs flou et obscures. Bien que j'ai mal à les situer dans le temps, ils m'apparaissent proches, comme inaltérables, Souvenir immobile dans une mémoire vieillissante . Le soleil était timide en ce jour là. La brune diffuse et haute dispersait la lumière jaune orange dans l'air. Le temps semblait comme suspendu.
Un silence de plomb était tombé dans la résidence du gouverneur. Même la nature alentour, d'habitude si bruyante et si insolente retenait son souffle.
J'avais reçu l'ordre de garder une pièce de la maison. Les ordres étaient formels, personne ne devait pouvoir y entrer ... ou bien d'en sortir. Et c'est bien de sortie dont il fût question. Aujourd'hui encore, les pleurs et les suppliques de la jeune femme qui s'y trouvait hantent mes nuits, que Dieu me pardonne.
Ce n'est que lorsque j'ai vu le commandant arriver que j'ai su que c'était grave.