03-03-2011, 06:24 PM
[GUARDIAN OF ETERNITY]
Ligety n'était qu'à un petit saut d'Onderon, presque sur la route commerciale hydienne. La planète était d'une taille minuscule, plus petite que certaines lunes, et à peine peuplée. Occupée plutôt par quelques marchands interlopes qui faisaient du marché noir entre Coruscant, Onderon et Corellia.
L'hôpital psychiatrique se situait dans la seule vallée vraiment accueillante. Terraformée intensivement, elle ressemblait à un oasis de fraîcheur, de nature, de bien-être, entouré d'un monde noir et désert. C'était comme si on avait réussi à retrouver quelque chose de la sérénité des plaines d'Alderande et du confort luxueux de Naboo, en miniature.
Cyrillis posa son chasseur sur un plateau et dut descendre par un téléphérique au bâtiment principal, au bord d'un grand lac. On lui apprit que Nello était logé sur un des îlots. Intrigué, le Jedi prit une barque, le seul moyen d'accès, avec un passeur qui sifflotait en maniant sa grande rame sur l'eau opaque et brillante.
- Comment se porte-t-il ?
- Oh, vous verrez vous-même...
Il ne le disait pas d'un ton sinistre, mais plutôt badin.
Cyrillis mit le pied sur l'île. Le passeur lui indiqua par où aller.
Un vent tiède agitait les arbres, quelques animaux couraient dans des sous-bois idylliques. Une cabane au pied d'une petite chute d'eau, qui ressemblait davantage à une maison de poupée qu'à une chambre pour patient avait la porte ouverte. Cyrillis entra et vit Nello endormi sur un lit rudimentaire. Il avait une épaisse barbe et les cheveux très longs. En s'approchant, Cyrillis comprit qu'il s'était mis en transe cataleptique. Il claque des doigts, ce qui ne fit rien. Il souleva sa main, qui retomba inerte. On entendait sa respiration, très lente, quelques fois par minute.
Nello sentait confusément la présence à côté de lui, et sentait que ce n'était pas un infirmier. Il flottait encore dans un monde de rêve immense et flou, dans une apesanteur euphorique ; puis il sentit un bourdonnement et d'un coup, retomba dans la réalité. Il était perclus de crampes. Il s'agita, se recroquevilla et gémit. Il avait la tête lourde, comme si son esprit répugnait à échapper aux songes dans lesquelles il était plongé.
Il se mit à transpirer abondamment et ouvrit les yeux. Il fixait le plafond, respirait fort. Cyrillis n'osait pas s'approcher. Il crut voir des larmes aux yeux de Nello. Celui-ci reprit son souffle et dit :
- J'ai dormi des semaines... Mes rêves n'avaient plus de fin.
Il s'assit péniblement.
- J'étais dans un autre monde... Quelque part, au bout de la galaxie, dans un pays merveilleux... Et toi, tu arrives...
- Je viens t'emmener loin, dit Cyrillis, mais pas dans un paradis...
Nello voulut se lever. Cyrillis dut l'aider.
- Là où j'étais, je flottais... J'ai revu toute ma vie...
Il soupira et alla s'asperger le visage d'eau.
- Tout repassait comme dans un rêve.
- Tu rêvais, non ?
- Je ne sais pas. C'était trop réel pour être un rêve. J'ai vu Merwyn.... En fait, je devais être dans un cauchemar de Merwyn !
Baelun sourit. Nello s'aspergea encore d'eau.
Il sortit respirer.
- Dans un beau rêve...
Ils allèrent marcher sur la rive.
- Ce lac minuscule, ce n'est rien par rapport au monde où j'étais. J'avais un océan immense pour moi seul.
Baelun ne disait rien. Il savait que Nello voulait goûter encore un peu ses rêves, qu'il en avait le droit. Il le regarda jeter des cailloux dans l'eau, faire des ricochets, regarder la pierre partir très loin et passer discrètement sous l'eau.
Il s'assit sur un rocher et dit enfin :
- Dis-moi donc pourquoi tu es là ?
- Tu es ici depuis combien de temps ?
- Je ne sais, presque deux mois...
- Tu as entendu parler de la chute de Konen ?
- Oui, je crois.
- Et du départ de Merwyn et Gaeriel ?
- Je ne sais plus bien. Où sont-ils partis ?
- Je ne sais pas, mais très loin.
Nello regarda le lac avec un début de tristesse, presque de nostalgie devant tout ce temps perdu, envolé en rêve !
- Il vaudrait mieux que je te raconte ce qui se passe.
- Pourquoi venir me chercher ? Il faut que ce soit vraiment grave...
- Ecoute, Nello, j'ai des nouvelles pénibles à t'apprendre, je suis obligé de te parler sans détour.
- Je t'écoute.
- Ixxos et Jaggath ont été tués. Kyle et Luke sont très affaiblis.
Nello lança encore un caillou, bien plat celui-là, qui n'en finit plus de rebondir et ne disparut que quand il fut presque hors de vue.
- En sorte qu'il ne reste plus que toi et moi...
- C'est cela, dit Baelun. Et quelques apprentis.
- Qui est en face de nous cette fois ? D'autres Sith ?
- En quelque sorte. Cela va être un peu long.
- Qu'attends-tu de moi ?
- Si nous n'agissons pas, la République enverra une armée affronter cette menace. Des dizaines de milliers de soldats, peut-être plus. Et rien ne dit qu'ils en sortiront vainqueurs...
- Tandis que si nous mettons nos deux vies dans la balance...
- C'est notre devoir, Nello. "Ils" ont des moyens terrifiants, des pouvoirs millénaires, des technologies futuristes, des effectifs pléthoriques... Mais si nous frappons à la tête, nous pouvons mettre un terme à ce danger.
- Au pire nous ne seront que deux à y laisser la vie... Si toutefois je te compte dedans...
- Je viendrai, bien sûr.
- Qui te dit que je suis à la hauteur ?
- L'amiral McRye le pense. Et nous savons que tu es le plus doué de nous tous. Tu n'as peur de rien...
- Sauf de moi-même...
- Je suis au courant de ce que tu as appris, mais comme les autres, je pense qu'il n'y a qu'un seul Nello. Cela se saurait si le Soleil Noir avait décidé de ton destin...
- Je ne veux plus être un Jedi, Cyrillis... C'est trop dangereux pour moi, et pour la galaxie -pardon pour l'orgueil mais c'est vrai. Je suis bien trop instable. Si je rechute dans le côté obscur... Et si je retourne me battre, c'est bien ce qui risque de se passer... Passer des semaines à rêver ne m'a pas refait une virginité. La bête gronde encore.
- Tu as le pouvoir de dépasser cela, de te transcender.
- Allons, pas de grands mots. On n'échappe pas à ce que l'on est. Je ne sais que me battre... Merwyn valait mieux que cela, par exemple... Sadim et Jaggath aussi... Moi, je ne suis qu'un porte-sabre.
- Tu es un guerrier oui, mais il faudra être bien plus qu'un guerrier pour détruire l'Empire des Rakata.
- Alors tu as tort de compter sur moi, qui que soient ces Rakata.
- Tu n'as pas le droit de te sous-estimer, dit Cyrillis. L'époque n'est pas à la fausse modestie. C'est sur toi que doit reposer le sort de cette guerre.
- Je n'ai jamais roulé que pour moi... Depuis quand est-ce que je me dévoue à des grandes causes ?
- Depuis le jour où tu as sorti Merwyn du côté obscur par exemple.
- En le battant au sabre ? Tu veux aussi parler de la fois où, tous les deux, nous avons tué Darth Orcus ? Encore au sabre ! Je ne suis qu'un habile bretteur, Cyrillis ! Je peux vous accompagner, mais je ne peux pas mener une guerre tout seul.
- Ce n'est pas une guerre, dit Cyrillis, c'est une attaque de guérilla. Nous devons frapper vite et fort, pour éviter un conflit long et sanglant.
- Cela me va déjà mieux. Qui avons-nous en face ?
- Tu te souviens du capitaine Feron ?
- Oui, il nous a cassé les pieds sur Nar Shaddaa, Katarn et moi. Qui a tué Ixxos et Jaggath ?
- C'est plus long à expliquer. Tu connais Sirius Ranfeust ?
- Hmm, Ixxos m'avait parlé de lui.
Nello alla dans sa cabane, ouvrit un coffre d'où il sortit sa ceinture, avec un blaster le sabre-laser de Quinlan Vos.
- Tu n'auras pas été long à me convaincre, hein...
- Nous n'avons pas beaucoup de temps, dit Baelun.
- Quand j'en aurai fini avec ce Ranfeust, dit Nello, je te jure que je décroche pour de bon... J'ai l'intention de me marier...
- Toi, te marier ? dit Baelun, ahuri.
- Je t'en reparlerai.
Nello emmena Cyrillis de l'autre côté de l'île, où son vaisseau, le Reiterpallasch était en bordure de plage. Des oiseaux avaient fait leur nid un peu partout sur le toit, et des plantes grimpantes s'y accrochaient déjà.
A suivre...:sayen: